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Big Bang n°38 (France 1-2001) La découverte du quatrième
album du multi-instrumentiste parisien a de quoi rendre sceptique d'un
prime abord. Alors que la participation d'autres musiciens (batteur, saxophoniste,
chanteuse soprano, section classique) sur Mont St Michel avait permis à
Patrick Broguière un déploiement enfin éclatant des
virtualités pressenties depuis Brocéliande, Châteaux
de la Loire (une promenade musicale dans la Loire du XVIème siècle)
renoue avec une approche plus solitaire de l'interprétation. Ce
constat formel effectué, une réflexion nous taraude l'esprit
: notre homme aurait-il rebroussé chemin ? Reprenant le 'gimmick' qui lui avait
si bien réussi avec, entre autre, 'Brocéliande' et 'Mont
St-Michel', Patrick BROGUIERE continue ses cours de géographie française
en explorant les châteaux de la Loire sur des thèmes progressifs
récurrents. Le procédé n'a rien de honteux sur le
fond, on imagine assez bien des profs agrémentant leurs cours des
visions musicales du parisien, de plus les styles collent plutôt
bien à l'image que nos contemporains, petits et grands, se font
des joyaux architecturaux qui font la fierté de notre pays ! Amboise,
Chenonceau, Chambord, Blois, Azay-le-Rideau sont visités avec l'élégance
et le romantisme qui leur sied. Les dessins d'Hervé Thibon agrémentent
un livret de toute beauté de leurs transcriptions picturales particulièrement
réussies. Le voyage peut commencer… Dans un style hésitant
entre Oldfield pour les thèmes les plus modernes et A. Philips pour
les 'menuets' au charme désuet, BROGUIERE devient ainsi le spécialiste
français d'un style progressif en nette récession chez nos
compatriotes. Pourtant, on retrouve ici toute la tentation d'une audacieuse
assimilation tentée autrefois par des groupes n'ayant cure de la
mode, même celle du progressif symphonique en vigueur ! A coups de
violon, viole de gambe, flûte, crumhorn et woodsaw, BROGUIERE s'évertue
à reconstituer un parcours qui chevauche temps passé et Loire
dans un élan de reconstitution imbriqué dans les pierres
de ces châteaux de légende. On retrouve un chanteur isolé
du groupe qui l'a révélé, Pierre-Yves Theurillat poussant
la complainte dans une " Ballade du balafré " semblant
surgi d'un siècle révolu. Après Caféine, l'ex-conteur
suisse de Galaad, promène son timbre de voix caractéristique
au cœur des pierres angulaires de l'architecture progressive française
avec un égal bonheur… Heureuse initiative qui colle bien au style
de BROGUIERE, surtout quand on songe au second album de Galaad, fusion
décriée qui fit voler les petits suisses en éclat
aussi sûrement qu'à la cantine des maternelles ! ! Dommage
que P.Y. ne nous propose pas un nouvel album entouré de sbires convaincants
! Pour revenir à Patrick BROGUIERE, celui-ci nous propose son quatrième
album et l'œuvre se veut convaincante, un " Chambord, l'escalier féerique
" par exemple, est une pure merveille de mélancolie dont les
plages soyeuses épousent soigneusement les degrés de l'œuvre
d'art. EN fermant les yeux, on arpente des paysages apaisants et une musique
aussi pimpante et majestueuse que le cours lent et large de la Loire, un
fleuve qui peut se montrer gentiment colérique en débordant
de son lit tout comme la musique de BROGUIERE mais jamais en électricité
brouillonne, plutôt avec la force tranquille d'un artiste sur de
lui et de ses choix. Tout comme la Loire, BROGUIERE sait où il va,
traçant une œuvre remarquable, associant le ludique et l'éducatif
dans un égal bonheur. Le jeu de guitare du parisien n'ayant rien
à envier à celui de Mike Oldfield, c'est plus flagrant ici
encore que sur 'Mont Saint-Michel', on déguste certaines envolées
s'élançant conjointement à des synthés imitant
à s'en tromper, clavecins et orgues de poche dans une élégiaque
orgie intimiste de sons passéistes qui devraient trouver un certain
écho auprès des publics japonais et italiens, férus
en la matière !… La force de BROGUIERE, c'est de prendre son temps
pour nous pondre des chefs d'œuvre de chambre, passant d'un monument moyenâgeux
et religieux aux premiers châteaux n'ayant pour but que les réceptions
et l'amour tout en délaissant l'aspect guerrier, il arrive à
rester crédible, composant au cœur d'un Paris déshumanisé
et surpeuplé, des odes enchanteresses à ce qui fait la beauté
de ce pays ! Remontant le cours de l'histoire aussi bien que celui de la
Loire, l'ami Patrick devient le peintre officiel des charmes romanesques
de la France éternelle… PATRICK BROGUIERE poursuit avec ce
nouvel opus la démarche entreprise avec MONT SAINT MICHEL, à
savoir mettre en musique l'évocation de monuments du patrimoine
artistique et culturel hexagonal. Cette démarche ambitieuse et exigeante
ne fut pas toujours comprise, ni soutenue avec l'enthousiasme nécessaire
par les deux labels précédents du musicien, et c'est chez
GIMMICK PRODUCTIONS que nous revient aujourd'hui PATRICK BROGUIERE. Premier
contact, l'aspect visuel : une vue panoramique du château de Chambord,
imposant et magnifique édifice qui d'une part situe l'ambition du
propos, d'autre part le décalage spatio-temporel des préoccupations
du musicien... PATRICK BROGUIERE se veut volontiers homme de défis,
pour cela il entend se donner les moyens de ses ambitions. Levons de suite
le voile : tout dans ce disque est superbe, de la première à
la dernière note, et rien n'est laissé au hasard. L'historique
méticuleux de l'époque et du contexte nous est conté
tout au long du somptueux livret de 24 pages qui habille l'œuvre, et surtout,
la musique est au diapason. La dimension "Renaissance" est ici
magnifiquement recréée. Des bruits de scie, des marteaux
frappant l'enclume, l'ambiance du chantier gigantesque des Chateaux de
la Loire en construction est suggérée, comme par magie ("Pavane
des bâtisseurs"). La trame musicale, naturellement dominée
par les claviers s'avère puissamment évocatrice et fonctionne
au delà de toute espérance ("Saltarelle"). Un moment
fort de l'album est l'intervention lumineuse de PIERRE YVES THEURILLAT
(remember GALAAD), interprète idéal de "La ballade du
bafafré", narrant l'assassinat du Duc de Guise commandité
par le Roi de France. Quelle beauté, quelle majesté dans
le thème de "Chambord, l'escalier féerique" interprété
par des claviers à l'ampleur solennelle. Le classicisme de l'inspiration
n'a d'égal que la puissance évocatrice du thème, l'effet
vaguement tournoyant du thème suggérant à la perfection
le vertige suscité par la vision plongeante d'un escalier monumental...
Avec "Gaillarde", changement d'instrumentation avec l'introduction
de sonorités de luth enjouées, précédant le
rythme léger, évoquant la fête et les festivités
de "Une fête à Chenonceau". Exquis mélange
de claviers, le thème est bientôt repris et prolongé
par une guitare électrique au puissant feeling oldfieldien, servant
à ravir une musique aux accents celtique, à cet instant.
Plus bucolique est l'inspiration de "Azay-le-Rideau, rêverie
sur l'Indre", superbe broderie interprétée à
la guitare classique, discrètement soulignée par le crumhom
et la flûte, 2 instruments insufflant une note celtique. Pour le
final, surgissent des sonorités de clavier évanescentes qui
habillent magnifiquement le morceau en lui conférant une plus grande
ampleur. "La Dame de Montsoreau" est une composition encore exécutée
sur un tempo lent, avec accompagnement de guitare acoustique (ou de luth).
"Les jardins de Villandry" aux consonances plus synthétiques
(au niveau du rythme) tranchent un peu avec l'ensemble de l'album, tout
en bénéficiant d'un enrobage de claviers aux consonances
parfois plus classiques. Le morceau évolue dans sa partie centrale
de manière plus surprenante, offrant un tempo plus enlevé,
l'instrumentation s'étoffe, on distingue du clavecin, du piano,
le rythme devient presque... dansant. La conclusion, encore un brin synthétique
évoquerait parfois à s'y méprendre l'inspiration d'un
JEAN MICHEL JARRE, si l'utilisation salutaire d'une guitare acoustique
aux sonorités évocatrices de MIKE OLDFIELD, puis l'entrée
en scène des flûtes et des crumhoms n'agrémentait pas
sensiblement la trame sonore. La construction du morceau, avec des instruments
se rajoutant sans cesse aux précédents, puis s'y substituant,
avant de laisser place à de nouveaux n'est pas sans évoquer
l'agencement du célèbre TUBULAR BELLS. A l'arrivée,
une œuvre superbe, sensible et inspirée, de bout en bout confondante
d'originalité. Laissez vos préjugés sur le seuil.
Oubliez vos repères. Abandonnez vous à l'audition d'une œuvre
sincère et originale. PATRICK BROGUIERE est l'un des grands de notre
temps. Il serait temps que cela soit connu du plus grand nombre. (****)
Après le Mont St Michel, Patrick
Broguière s'est donc "attaqué' à un autre haut-lieu
historique et architectural français : les châteaux de la
Loire. Cette formule lui réussit peut-être mieux commercialement,
la référence étant immédiatement identifiable
par le grand public et plus facilement estampillée 'culturel'. Patrick
n'a pas changé le trio gagnant de 'Mont St Michel' et a donc à
nouveau réuni autour de lui Hervé Thibon pour l'iconographie
et Nathalie Hureau pour les textes d'un livret que l'on nous promet luxueux
(20 pages !). Un bref aperçu sur le site web officiel laisse penser
qu'Hervé Thibon a encore fourni un travail d'orfèvre. Musicalement,
Patrick Broguière évolue en territoire connu, basant son
travail de composition sur les musiques traditionnelles ou, pour être
plus précis, la musique de la Renaissance. Mes connaissances musicologiques
dans ce domaine étant très faibles et stéréotypées,
je suis incapable de distinguer des spécificité par rapport
à ce qu'on appelle généralement la musique médiévale.
Cet album doit-il alors encore être chronique dans une publication
centrée sur le rock progressif ? On peut se poser la question mais
après tout, on retrouve ces influences dans divers groupes affiliés
au genre. Minimum Vital et sa déclinaison Vital Duo ont largement
puisé dans ce type de répertoire. Sur ce CD, Patrick joue
de tous les instruments. Cela aurait pu être un album 100% solo si
le compositeur n'avait invité Pierre-Yves Theurillat pour chanter
sur un morceau, idée somme toute logique vu l'importance du thème
médiéval au début de la carrière de Galaad.
Patrick se partage donc entre une flopée d'instruments acoustiques
traditionnels, les guitares et les claviers. On reconnaît même
un son de mellotron, instrument qui est presque devenu 'traditionnel' à
part entière. L'album a donc une grande richesse sonore. Il est
vrai que l'on trouvera plus de différences dans l'instrumentation
des morceaux qu'une véritable variété thématique.
L'album ne se rapproche du progressif que par touches, au détour
de quelques suites d'accords ("la conjuration d'Amboise 1"),
la majorité de la musique étant une réorchestration
de schémas mélodiques traditionnels. On reconnaît néanmoins
l'influence Mike Oldfield, incontournable chez Patrick, présente
sur "saltarelle", "la conjuration d'Amboise 2", "la
ballade du balafré" ou "les jardins de Villandry".
"Chambord" est aussi un joli morceau aux tons pastels, tout en
accords de synthé. Parfois, certains partis pris de production sont
plus discutables comme ce wah wah incongru qui vient casser l'atmosphère
du refrain de la "ballade du balafré" chanté par
PiWhy, le solo de guitare acoustique pas franchement inspiré à
la fin du "balafré" ou la rythmique gnangnan de "une
fête à Chenonceau". Bien que Patrick maîtrise généralement
parfaitement son sujet, l'interaction avec un vrai groupe apporterait peut-être
un peu plus de dynamisme à son travail ainsi qu'un "regard
extérieur". Pour un prochain album, il sera peut-être
temps de renouveler l'inspiration (il y avait déjà eu quelques
tentatives sur "Icônes") en trouvant un thème qui
permette de puiser dans un répertoire contemporain moins 'facile'
et moins implanté dans la culture musicale collective du public.
Quarto album in studio per il multistrumentista
parigino, forse il più bello di tutti. Dopo le icone, la foresta
di Broceliande ed il Mont St. Michel (quest'ultimo uscito per la nostrana
Mellow Records) sono arrivati i Castelli della Loira; altro album a tema,
che letteralmente sprofonda nella musica corrigiana e medioevale, con pochissime
concessioni al rock: strumenti antichi che si affiancano a tastiere e chitarre,
in un piacevole connubio che non lascia spazio a molta immaginazione: la
copertina è lì, a ricordarci quanto ancora sono affascinanti
Chenonceau e Chambord, la musica pure, tra pavane e salterelli, con qualche
escursione già ricordata nel rock romantico, e lancinanti assoli
di chitarra elettrica. Après avoir évoqué
le Mont St-Michel, Patrick BROGUIÉRE continue son tour de Gaule
en nous promenant dans le cadre enchanteur des Châteaux de la Loire.
Cependant, toujours surprenant, notre homme a abandonné les collaborations
du précédent opus pour se retrouver à nouveau seul
(avec une exception notable) aux commandes.
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