Un auditeur
de France Culture mis en examen ! |
![]() le dessin controversé. |
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Du côté de chez Fun Culture Parallèlement à la disparition des cinq ou six documentaires quotidiens que France Culture proposait encore il y a quelques années, le niveau d'exigence intellectuelle s'est considérablement amenuisé à l'antenne. L'auditeur doit subir d'innombrables bavardages mondains, centrés sur l'actualité ou la compassion, le plus souvent improvisés en direct pour faire des économies. Quant au langage employé, sous prétexte de jeunisme, il flirte souvent avec la sous culture télévisuelle. Ainsi l'ex-directrice de la chaîne, qui a conservé un créneau lucratif dans la grille des programmes, évoquait dans l'émission A voix nue du 19 mai des comédies "lourdes et vulgos". [*] Vulgos, c'est joli et ça fait chic, ou plutôt chicos. Pour être précis, il faudrait dire qu'on a entendu le mot "vu-vulgos" car il y a un bégaiement qui n'a pas été coupé au montage. Choix esthétique ou travail bâclé ? Comme définition du travail radiophonique soigné, il est intéressant de méditer cette remarque du tout premier directeur de la chaîne, Henry Barraud. C'est lui qui a initié avec Jean Amrouche en 1949 les entretiens qui se transformèrent plus tard en À voix nue : << ...Gide ne savait pas parler. [...] J'ai assisté à presque toutes les séances d'enregistrement. Gide bégayait, toussait, crachait. reniflait... C'était ahurissant. Finalement le monteur sortait vingt minutes d'entretiens de deux heures d'enregistrement, à coup de ciseaux. Après ça, Gide venait entendre la bande. II était tout étonné de voir ce que ça donnait. Bref, on y est arrivé, et ensuite ça a marché comme sur des roulettes. >> (Cahiers d'histoire de la radiodiffusion n°43 - Décembre 1994 - entretien de 1982). Voilà comment on réalisait des documents radiophoniques qui s'écoutent encore 50 ans plus tard. Pour tout dire, France Culture est devenue une sorte de parc d'attractions, avec des bateleurs culturels oeuvrant matin et soir pour attirer le gogo, ou plutôt le bobo, cible de toutes les attentions car le bobo a un fort pouvoir d'achat culturel. Certains journaux et une pléthore de chroniqueurs à la mode ont leur stand attitré sur France Culture. Que ce soit pour casser la radio publique, l'école républicaine ou la sidérurgie lorraine, il semble donc que le démantèlement d'un secteur par les élites PS-UMP s'accompagne souvent de son remplacement par un parc à Schtroumpfs. Constat qui ouvre des perspectives vertigineuses à l'électeur ! Dans la grille, deux émissions ont été confiées au groupe privé Le Monde SA et globalement la station a perdu son identité, pour d'une part se soumettre à l'actualité et d'autre part véhiculer l'idéologie culturelle Télérama-Inrocks-Le Monde, sorte de tarte à la crème accablante qu'on pourrait résumer par "tout est culture pourvu que cela ne demande d'efforts ni à l'auditeur, ni à la station". Une conception certes séduisante mais, si tout est culture, alors ce n'est plus utile de subventionner une radio culturelle En septembre, l'animateur tonitruant du 7-9 va enfin partir sur France Inter, preuve s'il en est que les associations d'auditeurs avaient parfaitement raison de dénoncer la "france-interisation" de la chaîne. A ce jour, on ignore s'il va être remplacé par le retour du documentaire matinal de 8h ou 8h30 qui a fait les grandes heures de France Culture. Le nouveau directeur de France Culture, David Kessler, est un administratif qui pour l'instant a fortement déçu les auditeurs exigeants par sa méconnaissance des spécificités de la chaîne et sa vision très grand public de la culture. Par ailleurs, il faut signaler qu'il était conseiller pour la culture et la communication auprès de Lionel Jospin au moment de la reprise en main musclée de la chaîne en 1997 (direction Gélinet) et 1999 (direction Adler).. Le président du RACCFC, Antoine Lubrina, attend avec optimisme ce procès. Ce sera l'occasion de rendre publique la question de la dégradation accélérée de France Culture. En effet, si la dégradation de l'école publique commence tout juste à être connue par de nombreux livres et témoignages, la dégradation de France Culture reste encore peu médiatisée, si l'on excepte la parution en 2005 du livre La destruction de la culture aux éditions Delga. DDFC, 7 juin 2006 Adresse de l'article : ddfc.free.fr/proces.htm |
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