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laurent nadot

13/03/2006
19:58
L'intervention de Bernard Brunhes

A la demande de plusieurs connectés, voici un nouveau fil sur une intervention aux matins (en complément du fil "effets pervers du CDI")

C’était le mercredi 8 mars.
Je n’ai écouté que les 20 premières minutes.
C’est encore dispo par real player :
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/ matins/fiche.php?diffusion_id=39434

(Je passe sur les commentaires proprement radiophoniques, qu’on trouvera dans le fil « Les Matins » :
http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=20 870&debut=0&page=1

./...

 
LN

13/03/2006
19:58
Bernard Brunhes - 1

- La mobilisation faible, ratée, de la période pré-vacances, a laissé la place à une mobilisation réussie, ce qui est en soi surprenant. Pour autant, hormis les étudiants, BB signale que ceux qui se mobilisent ce sont les salariés des services publics, qui bénificient de statuts protecteurs ou de conventions collectives protectrices, et donc ne sont pas concernés, sauf peut-être indirectement. Le paradoxe français est donc que le secteur privé est immobile, mais que le secteur public exprime un désaccord, s’auto-missionne.

- L’affaire est différente de la précédente, celle du Smic jeunes de Balladur. En effet, cette mesure dévalorisait le travail des jeunes. Le CPE en revanche ne dévalorise rien, ne change pas grand chose si on le compare au CDD. En outre le CPE n’est pas véritablement défendu par le gouvernement. Et la presse s’est positionnée presque unanimement contre. Le rejet pourrait donc venir de cette absence de débat public, et de débat parlementaire, absence de présentation concertée. Car si le réforme a peu d’importance, le sujet est sensible, et surtout elle annonce la suite de l’action gouvernementale.

- Mais sur le fond : il existe un immense problème d’emploi des jeunes, et non de flexibilité. Ressortit à la qualification, à l’orientation, aux relations entreprises-université, au service public de l’emploi. La tribune a titré « tout ça pour ça » : le coup de pied dans le code du travail est souhaitable, dit Brunhes, mais en l’occurrence et sur le sujet visé (l’emploi des jeunes), l’action semble inopérante

./...
 
LN

13/03/2006
20:04
Bernard Brunhes - 2

- Sur le dialogue social : présenté comme une évidente nécessité par Demorand. Oui, mais c’est aussi toute la représentation syndicale qui est malade, souffre de division et de désaffection, d’une absence de ligne claire du MEDEF, et d’une usure des autres instances (comités d’entreprise). Pour Brunhes, la cause en est à chercher dans le Code du travail qui a très mal vieilli, est devenu pléthorique et ne fonctionne plus. C’est une des institutions qui, dans ce pays, ne fonctionne pas. Or il en va de même du dialogue social... Demorand ayant réagi, Brunhes répond instantanément et sans sécheresse que le code ne fonctionne pour personne, qu’il ne protège personne ou alors très mal. Le licenciement économique n’est pas empêché, mais il est long et coûteux pour l’entreprise (rp : ici Brunhes se contredit : si le licenciement est freiné, alors le salarié est protégé, au moins en tendance...). Reste que le CDI est de moins en moins protecteur, presque moins que le CDD ? et en tous cas largement moins que les statuts. Demorand défend la ligne protectrice : la solution aux dysfonctionnements du Code du Travail, est-ce le démantèlement de ce dernier ? L’autre répond, une fois de plus du tac au tac, qu’il s’agit non de le démanteler mais de le changer. ND insiste. L’autre reformule et réfute l’expression, qu’il juge excessive. Le contrat unique serait probablement meilleur : construit de telle sorte que la protection gagne dans le temps et aussi dans les débuts. Mais il faut assumer la mobilité, la flexibilité : on ne restera pas toute sa vie dans al même entreprise. Si tout le monde doit passer par le marché de l’emploi, alors il faut que ce dernier fonctionne de façon efficace. Il faut réinventer cette mobilité (orientation, reclassement, formation) et non rêver d’une stabilité.

- Slama, sans trop se fatiguer, récuse le mythe de l’effet d’aubaine : les employeurs ont pour souci d’avoir un personnel compétent, et non de le liquider. L’opinion, qui était perplexe, s’est retournée sous l’effet non de la presse, dit-il, mais des mouvements sociaux. Slama défend également le droit à l’expérimentation en politique. Le pays, dit-il, ne pourra pas se moderniser si la majorité recule systématiquement devant l’expression de la rue. Le cocktail égalité+sécurité, typique de la France. Le cocktail démocratique libéral est plus difficile à mettre en oeuvre mais il est le plus souhaitable.

- Brunhes dit ne pas être gêné par les effets d’aubaine (il parle en général, dit-il, mais ne se prononce pas nettement sur l’argument de Slama). Il signale surtout l’effet pervers aux limites : avec des mesures comme les exonérations de charges selon l’âge des salariés, on rend plus improbable l’embauche des personnes au voisinage de cet âge.
 
LN

13/03/2006
20:09
commentaire d'Henry dans un autre fil

Je n'ai pas écouté la deuxième partie des Matins.
Demorand me démoralise, je dois l'avouer.

Il me semble que cette intervention de Brunhes répond en partie aux remarques de Shhh dans le fil "effets pervers du CDI". Il ne s'agit pas de déréglementer totalement, ni de ne plus protéger, mais de protéger efficacement et sans causer de préjudice à personne.

Voici le commentaire d'Henry dans un fil du forum rouge, puis dans le fil CDI :
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Le petit Nicolas a joué les vierges effarouchées quand il a entendu son interlocuteur insinuer que la réglementation du travail n'était peut-être pas sans effets pervers sur la situation de l'emploi: "vous n'allez quand même pas dire que c'est le droit du travail qui est un obstacle à l'emploi". a-t-il dit, outragé et cherchant à se faire plus combatif qu'il l'est vraiment. Bernard Brunhes a louvoyé ce qui étant donné sa position de représentant plus ou moins officieux du gouvernement se comprend. S'il avait osé être un peu plus direct et franc il aurait clairement expliqué que tous les obstacles à la cessation des contrats sont des obstacles à la formation des contrats, donc nuisibles à l'emploi et c'est bien confirmé par le fait que les pays qui pratiquent largement la souplesse (flexibilité) sont des pays qui n'ont guère de problème de chômage ou qui ont des problèmes de manque de main d'oeuvre. Il aurait aussi pu ajouter que la meilleure protection contre la précarité, ce n'est pas les réglementations en tous genres mais le plein emploi (il l'a quand même un peu dit).
Allez faire comprendre ça au petit Nicolas, vous aurez du mal, je ne m'y risquerai pas.
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guydufau

13/03/2006
21:48
re : L'intervention de Bernard Brunhes

"BB signale que ceux qui se mobilisent ce sont les salariés des services publics, qui bénificient de statuts protecteurs ou de conventions collectives protectrices, et donc ne sont pas concernés, sauf peut-être indirectement. Le paradoxe français est donc que le secteur privé est immobile, mais que le secteur public exprime un désaccord, s’auto-missionne".

Cela est-il si étonnant et n'y a-t-il pas une explication? Où est le paradoxe?
Il y a 950.000 CDD, 650.000 intérimaires, 230.000 apprentis, 800.000 saisonniers, 3,6 millions de temps partiels (dont 85% de femmes et 80% de non-qualifiés, des travailleurs pauvres...et plus de 3 millions de chômeurs qui frappent à la porte, sans compter les "fins de droit", les "découragés" exclus, les RMI et maintenant les RMA réemployés à bas prix après avoir été chassés de tout (1)
Ainsi est la précarité.
Dans cet univers précaire tout syndicaliste potentiel ou déclaré y est pourchassé, il lui est mené une guerre impossible, jusqu'à ce qu'il craque, parte ou qu'on le fasse partir.
Dans ces conditions est-il si surprenant que ceux qui sont protégés de la précarité "s'auto-missionnent", agissent par procuration comme en 1995.
Seuls les jobastres, les jocrisses, les casuistes, les fourbes, en un mot les tartuffes peuvent en être étonnés.

(1)On achève bien... les inspecteurs du travail, Gérard Filoche, Jean-Claude Gawsewitch éditeur.


 
LN

14/03/2006
11:08
immobilisme

Je ne suis pas certain de bien comprendre ce qu'a voulu dire Brunhes, mais je pense que le mouvement actuel est sans rapport réel avec la réforme CPE. Le seul rapport, c'est qu'il y a une nouvelle occasion saisie pour manifester un mécontentement. On peut s'interoger sur la rationalité dudit mécontentement, et aussi du mouvement en général.

Ce sont des populations non concernées, qui expriment non leur point de vue sur le sujet, mais leur aversion pour le chef du gouvernement. A l'instar de la polémique qui prolifère sur DDCF, on confond le sujet et le bonhomme.

Les conclusions qu'on peut en tirer, c'est que le pays est ingouvernable. Certaines catégories semblent se prononcer systématiquement contre toute réforme. Si cela n'est pas une définition de l'immobilisme, alors qu'est-ce ?
 
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