Discussions annexes, bavardages politiques, hors-sujet divers... (archives 3003-2008)

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paddy

13/12/2005
21:58
Devinette V

Une petite devinette pour la route, avec des indices et sans piège :

<< Cette conversation devenait assommante, lourde à mouvoir comme un rocher. Lui aussi, visiblement, pensait à autre chose ; en attendant il ne se décidait pas. Timide en fin de compte? **** trembla intérieurement. Pour elle, un homme encore timide à vingt cinq ans passés était un crétin incurable. Rien ne l'exasperait plus que ces visages de mouton qui vous disent, avec un sourire complaisant: "Je suis timide vous savez", comme ils diraient: "Je suis pakistanais, ou allemand."
Tout en donnant une nouvelle petite poussée au rocher, elle examina les traits du présumé mouton. Non, ce n'en était pas un. Le soupçon lui vint de l'avoir interprété à contresens : peut-être ne voulait-il nullement l'inviter à déjeuner, ayant son travail, ses criminels à traquer, et ne savait-il comment se débarrasser d'elle sans discourtoisie. Il était le professionnel tourmenté par la dilettante, l'écrivain aux prises avec la poétesse du dimanche. **** se sentit mal à l'aise.>>
 
guydufau

14/12/2005
09:20
re : Devinette V

"ayant son travail, ses criminels à traquer"
Un policier ?
 
paddy

14/12/2005
09:23
re : Devinette V

Un policier? oui
 
dom

14/12/2005
09:40
re : Devinette V

c'est pas San Antonio,**** se sentit mal à l'aise, je vois mal Beru, alias 4 asteriques se sentir mal a l'aise.
 
w

14/12/2005
10:25
re : Devinette V

Ouaiche, sûr que c'est pas du Dard !
Je sens le texte un poil moins contemporain.
Qui parle encore de courtoisie/discourtoisie ?
«un homme encore timide à vingt cinq ans passés était un crétin» ça fait pas trop daté, par contre.
Quoique ce dernier argument soit finalement limite oiseux, mais faut bien avancer...
 
w

14/12/2005
10:31
re : Devinette V

Aucun dialogue relaté, pourtant on sait leur conversation aussi pesante qu'un rocher (de Sisyphe ?), «assommante, lourde à mouvoir... mal à l'aise».

Bref, c'est plombé de chez plombé !

 
Nazdeb

14/12/2005
10:36
re : Devinette V

La narration est du côté du personnage féminin, il y a une vague recherche d'expressions plus ou moins percutantes balancée par une certaine préciosité (discourtoisie, dilettante), et il y a ce questionnement quant à la psychologie de l'interlocuteur. Ce serait un roman policier qui voudrait donner une consistance sensible au background des personnages, tout en frayant avec des poncifs (le stéréotype du flic et ses criminels), sans éventuellement échapper à un certain simplisme ou une naïveté peu immersive à l'égard du monde que l'histoire veut décrire, notamment celui du crime.
Bref ça pourrait me faire penser à du Fred Vargas.



 
paddy

14/12/2005
10:42
re : Devinette V

Ce n'est pas Fred Vargas. Mais c'est un polar de 530 pages plus litteraire que San Antonio
 
la reine

14/12/2005
11:25
rue du rocher

Si nous arrivons à déterminer la nature du rocher nous progresserons :
- si c'est un rocher au sens minéral du terme, alors il peut s'agir d'un polar motnagnard
- si c'est un débris mortuaire I mean l'os temporal d'une victime, en ce cas la scène se passe devant un cadavre au crâne défoncé et la protagoniste **** est le médecin chargée de l'autopsie
- mais peut-être est-ce un rocher au chocolat (slurpe), auquel cas ça peut se passer dans n'importe quel salon de thé, même celui d'Olivier Germain-Thomas
 
Marceldudu

14/12/2005
14:33
re : Devinette V

Lui, est un flic chevronné; elle peut être une jeune journaliste (il ne devait pas y avoir de femmes inspecteurs à cette époque).
Que signifie cette histoire de "petite poussée au rocher, de même que cette conversation, "lourde à mouvoir "comme un rocher"? Bizarre!
Personne n'a évoqué Simenon. Serait-ce idiot?
 
w

14/12/2005
14:53
Quiproquo Suchard

Mmmh mmmh...
J'avais d'abord interprété le deuxième rocher comme le premier : la conversation chiante.
Donc lorsque le personnage féminin déclare donner «une nouvelle petite poussée au rocher», s'agit-il d'un vrai roc, ou bien veut-ce dire qu'elle tente de tenir le crachoir à l'écrivain aux criminels à traquer ?

Et comme tu es un grand pervers à ce truc, j'ai une question : c'est tiré plutôt d'un livre de poche ou de la bibliothèque verte ? Plutôt Enid Blython ou Léo Mallet ?
Je m'attends à tout...

 
paddy

14/12/2005
14:55
re : Devinette V

Ce n'est pas Simenon. Cette histoire de rocher est bizarre : c'est d'abord une métaphore dans la première phrase, ensuite l'héroïne pousse du pied la métaphore ce qui constitue une figure de style dont j'ignore le nom
 
paddy

14/12/2005
14:58
re : Devinette V

Reponse à W.
- c'est un livre de poche, pas une BVerte ou BRose
- ce n'est pas Leo Mallet (mais c'est une tres bonne suggestion)
- je connais un(e) papouphile qui l'a lu
 
w

14/12/2005
15:05
Noir c'est noir

Bon évidement, c'est pas Blython ou Chaulet.
Pakistanais ou allemand, c'est vraiment un indice, ça ?
Well le personnage masculin écrit des polars, mais j'ai pas vraiment l'impression d'avoir avancé.
 
shhh

14/12/2005
15:08
re : Devinette V

La langue un peu recherchée, parfois maladroite, assez littéraire pour un polar (le présumé mouton), le personnage du flic préoccupé, l'expression "lourde à mouvoir comme un rocher" ne serait-ce point Yasmina Khadra ?
 
paddy

14/12/2005
15:15
re : Devinette V

Ce n'est pas Yasmina Khadra

La phrase "Il était le professionnel tourmenté par la dilettante, l'écrivain aux prises avec la poétesse du dimanche." est trompeuse. Ce sont seulement deux comparaisons imaginées par la femme mais qui n'indiquent pas que l'homme soit écrivain
 
w

14/12/2005
15:47
re : Devinette V

Mallet, une très bonne suggestion ? Chouette !
Ce serait donc un ecrivain français ?



 
w

14/12/2005
15:49
re : Devinette V

Mais «ses criminels à traquer», c'est réél ou aussi imaginé par la pousseuse de rocher ?

(apprentie laborieuse)
 
paddy

14/12/2005
15:50
re : Devinette V

"Ce serait donc un ecrivain français?" non
Le point commun avec Leo Mallet c'est le côté polar avec de l'humour et assez litteraire
 
shhh

14/12/2005
15:55
re : Devinette V

Traduit du suédois peut-être ?
 
paddy

14/12/2005
15:57
re : Devinette V

suédois : non !
 
Clopine

14/12/2005
16:02
re : Devinette V

J'ai l'impression, comma ça à première vue, que c'est écrit par un homme. Vous me direz que ce texte décrit comme le monologue intérieur d'une femme, qui converse avec un homme. Oui, mais justement, il me semble que c'est un homme qui projette ainsi dans un personnage féminin des réflexions pour le moins distanciées. Cette femme, en dix lignes, présuppose chez son interlocuteur tout un tas de tratis de caractère, tous plus négatifs les uns que les autres. Et, en meme temps, elle a peur de lui etre importune !

Nous sommes bien évidemment orientés vers un policier à cause du métier de l'homme, "traqueur de criminels". L'héroine serait-elle elle-meme une crminelle, ce qui expliquerait son horreur de la faiblesse et en meme temps son intéret pour l'homme ? Chercherait-elle à le séduire, pour mieux le circonvenir ?

Paddy nous dit que l'hypothèse Léo Malet est judicieuse...

Ce ne peut pourtant pas etre Conan Doyle, parce qu'il ne s'embarrasserait pas de dix lignes décrivant ce qu'une simple femme pense !

Bon, renversons notre hyptohèse, si c'est une femme qui écrit cela, pourquoi pas Agatha Chrisite ? Après tout, l'ironie des pensées du personnage féminin ont quelque chose du "sens of humour" britannique, non ? Et la grande Agatha melait psychologie et énigme policière ?

Bon, Paddy, un autre indice, please ?

Clopine T


 
paddy

14/12/2005
16:11
re : Devinette V

indice : roman publié dans les années 70
 
pascale

14/12/2005
17:01
re : Devinette V

La narration prend le point de vue de la femme au rocher, qui ne doit pas être une vierge timide. Est-ce que Manchette n'a pas écrit ce genre de personnage dans les années 70 ? Ou peut-être Fajardie ?
 
pascale

14/12/2005
17:02
re : Devinette V

n'a pas décrit, plutôt
 
paddy

14/12/2005
17:41
re : Devinette V

Ni Manchette, ni Fajardie...
 
Pascale

14/12/2005
18:32
re : Devinette V

Tant pis si ça n'est pas très littéraire,je cherche les indices :
"Je connais une papouphile qui l'a lu" me fait penser à Agnès et Agnès à Westlake
"suédois, non !" : pourrait bien vouloir dire que c'est traduit d'une autre langue : l'anglo-américain ?

 
paddy

14/12/2005
20:43
re : Devinette V

Ce n'est pas Westlake, ce n'est pas anglo-américain.
Quel genre d'indice voulez-vous que j'ajoute?
 
pascale

14/12/2005
21:08
re : Devinette V

le genre évidemment :??
 
la même

14/12/2005
21:15
re : Devinette V

le genre de l'auteur ; et puis, pourquoi serait-il pakistanais ou allemand ?
 
la même

14/12/2005
21:22
re : Devinette V

ou plutôt, pourquoi l'homme au visage de mouton serait-il pakistanais ou allemand ?
 
paddy

14/12/2005
21:40
re : Devinette V

le genre est masculin
l'homme et la femme du roman sont européens

 
yess

14/12/2005
21:49
re : Devinette V

vouias vouais voauis, un flic intello ? pas vraiment, un type tripote le caillou durant une discution lourde et ininterressante,affalée devant lui memere dans toute sa splendeur un brin ringarde a la face de mouton,le genre pub pour playtex, visiblement memere l'interresse, sans plus, bien plus pour l'hygienne que pour la timidité, faute de grive, va falloir peut etre se taper le mouton, finalement la faim a raison de tout, et il pense davantage a casse crouter, memere semble faire dans le chiant evoquant la stabilité du rocher des dernieres vacances chez nenesse a st Trop, la fille est une pete burnes de premiere. il a du taf en retard et ne sais plus comment conclure, le metier l'interressant plus que le cul plissé et affadi de memere.
 
la même

14/12/2005
21:53
re : Devinette V

Merci ! mais pourquoi pousse-t-elle ce rocher d'enfer ?
 
paddy

14/12/2005
22:05
re : Devinette V

C'est une figure de style hardie : elle pousse le rocher = elle poursuit la conversation malgré sa lourdeur. Voici un autre extrait situé une page plus loin, bourré d'indices. C'est un quiproquo sur le lieu du déjeuner:

=========================================
"Pourquoi ne mangeriez-vous pas quelque chose avec moi, si personne ne vous attend?"
Rien moins que timide. Le type l'invitait pratiquement dans son lit en plein corso Belgio. Dommage. Elle ne l'avait pas cru du genre à tabler sur la facilité des femmes du Nord. Vraiment dommage, sympathique comme il l'était. En outre, elle avait assez faim, et la perspective de manger un oeuf dur chez un célibataire ne l'attirait pas le moins du monde: ce serait trop triste. Elle lui manigança un sourire lumineux et se préparait à couper court, quand il dit en se grattant la tête:
"Le fait est que j'aimerais bien rester ici encore un peu avec vous"
Une simplicité angélique. Le style Jean XXIII.

=========================================
 
pascale

14/12/2005
22:20
grazie

Corso Belgio ? Forse a Torino ? Diavolo ! ma chi sarà ?
 
yess

14/12/2005
22:25
re : Devinette V

La femme ne voit jamais ce que l'on fait pour elle; elle ne voit que ce qu'on ne fait pas.
voila ce qui me vient a l'esprit
 
pascale

14/12/2005
22:56
re : Devinette V

Bourré d'indices ? un policier (?)italien (?) et une femme du Nord : allemande, anglaise, française , suissesse ? suédoise ?... se rencontrent sur le Corso Belgio pour vivre une aventure policière de 530 pages...par Fruttero et Lucentini ?

 
paddy

14/12/2005
23:00
re : Devinette V

Je dois donc rectifier. Au moins deux papouphiles ont lu le livre...
 
Pascale

14/12/2005
23:04
re : Devinette V


 
Agnès

14/12/2005
23:43
re : Devinette V

Anna Carla! Italienne ! du nord.http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=17 043&debut=0&page=1



Avec tout ça, le fil liseron est passé en page 2, et je n'ai pas le temps de taper un compte-rendu de la saga d'Herbjorg Wassmo, bonne lecture pour un entre-deux fêtes.
 
yeti

20/12/2005
15:55
re : Devinette V

Comme je suppose que la devinette précédente a été découverte je vous en propose une autre :

" Malgré les longues stations au jardin, et bien qu'on ait peine à détacher la pensée des objets sur lesquels elle est fixée, nous avons continué à beaucoup lire. Je n'ai pas quitté Goethe, et j'ai repris Montaigne. Nous avons coupé la République par la lecture d'un livre excellent et savoureux du vieux Faguet : Pour qu'on lise Platon, que m'avait envoyé récemment de la part de mon ami . Nous nous sommes beaucoup attachés à un autre livre, compris dans le même envoi et dont tu connais peut-être l'auteur, Maurice Blanchot: il doit être à peu près de ton âge; il est en tout cas de ta génération. Pour moi, je ne le connaissais pas même de nom, pas plus d'ailleurs que la plupart des écrivains auquel le livre est consacré -car c'est un recueil d'articles critiques- , ce qui me fait m'ébaudir et me désoler une fois de plus sur mon ignorance. Le livre est de première valeur, de cela je suis sûr, mais comme les cloisons sont étanches entre les générations, et qu'elles ont du mal à se pénétrer l'une l'autre !... Ce Blanchot me le fait sentir un peu péniblement sur le plan littéraire, et bientôt sans doute m'en apercevrai-je -sans la moindre peine- sur d'autres terrains."
 
yeti

20/12/2005
16:00
re : Devinette V

Tiens, curieux : les blancs que j'avais laissés n'apparaissent pas !!! Il faut les placer ici :

"..Pour qu'on lise Platon, que (blanc) m'avait envoyé récemment..."

et là :

"..de la part de mon ami (blanc). Ns ns sommes beaucoup..."

Désolé...
 
Agnès

21/12/2005
11:04
re : Devinette V

Joli texte, Yéti.
Ecrit par un personnage vieillissant (un homme?) mais ouvert au monde. Nourri de culture classique, et attentif aux évolutions. Français. Dans une période difficile de l'Histoire, à cause de la première phrase : "bien qu'on ait peine à détacher la pensée des objets sur lesquels elle est fixée, nous avons continué à beaucoup lire". Pendant la guerre de 40?

 
shhh

21/12/2005
11:30
re : Devinette V

Il parle de "nous", il associe un membre de sa famille (sa femme ?)à ses appétits de lecture. Mari et femme écrivains chacun ?
 
Clopine

21/12/2005
11:50
re : Devinette V

L'auteur est plus âgé que son correspondant, qui lui appartient à la génération de Maurice Blanchot. Et c'est sans doute une lettre écrite au début de la guerre 39-40. Je verrais assez bien, comme ça à la première lecture, un couple genre Beauvoir-Sartre écrivant à quelqu'un comme Reggiani, ou à un autre commensal des deux susdits. Mais Beauvoir/Sartre étant eux aussi de la génération de Blanchot, ça ne colle pas trop. "m'ébaudir et me désoler", ce n'est pas non plus sartrien, on verrait plus un Gide écrire comme cela.

En tout cas, milieu littéraire, que dis-je ? lettré, oui ! de la mi-vingtième siècle

Clopine






 
shhh

21/12/2005
12:26
re : Devinette V

Un autre couple possible: Willy Colette ?
 
yeti

21/12/2005
12:28
re : Devinette V

Agnès : oui en tout.

shhh : "nous" correspond bien à lui et sa femme.Ils se sont mariés 8 mois plus tôt.

Clopine : "L'auteur est plus âgé que son correspondant, qui lui appartient à la génération de Maurice Blanchot". Exact.

Indice : 1944, mai, c'est la date exacte de la lettre.

Autre indice : le premier blanc = "Renée"

 
yeti

21/12/2005
12:29
re : Devinette V

Willy/Colette : non.
 
Clopine

21/12/2005
13:57
re : Devinette V

Les Leiris écrivant à Camus ?


 
yeti

21/12/2005
15:13
re : Devinette V

Pas davantage
 
yeti

21/12/2005
15:25
re : Devinette V

Vous étiez plus proche lorsque vous écriviez : "on verrait plus un Gide écrire comme cela."...
 
Clopine

21/12/2005
15:40
re : Devinette V

C'est-à-dire que le "nous" de l'extrait me fait pencher du côté des couples célèbres. je pensais aussi à Aragon/Triolet, mais quand donc se sont-ils épousés, ces deux-là, et l'ont-ils seulement fait, d'abord ?

Une autre petite citation du même, peut-être ?

Clopine T
 
yeti

21/12/2005
16:27
re : Devinette V

Couple célèbre = mauvais plan (la dame n'est pas connue, enfin je crois...)


 
Clopine

21/12/2005
16:32
re : Devinette V

ah ah, voilà qui relance l'énigme !

Montherlant ou Gide sont trop imbus d'eux-mêmes, je trouve, pour avoir la bonhomie de l'auteur qui "s'ébaudit et se désole" de lui-même et de son ignorance, ce qui me le rend vraiment sympathique.

Il faudrait un autre passage...

Clopine

 
yeti

21/12/2005
16:34
re : Devinette V

"Une autre petite citation du même, peut-être ?"

Tout de suite :

"Quant à Molière, que je goûtais si peu à 30 ans -te souviens-tu que Gide m'en fait un dédaigneux reproche-, je l'ai aimé de plus en plus vivement à mesure que je vieillissais...c'est dire si je l'aime aujourd'hui!"
 
yeti

21/12/2005
16:44
re : Devinette V

Autre passage :

"A peine sorti de Molière, je me suis jeté dans Racine , que je n'avais pas relu d'ensemble depuis nombre d'années, et pour qui, contrairement à mes contemporains les plus illustres, je n'éprouve pas une admiration de première grandeur. De Racine, je suis passé aux Liaisons dangereuses, par une transition qui n'a rien de surprenant, car tu sais que j'aime ce livre souvent méconnu, et que le personnage entier de Madame de Tournel me paraît ce qu'il y a de plus racinien dans notre littérature depuis Racine."
 
Clo

21/12/2005
17:05
re : Devinette V

Mauriac ?
 
yeti

21/12/2005
17:13
re : Devinette V

Non
 
Clopine

21/12/2005
17:29
re : Devinette V

oh, j'ai cette impression agaçante de "bout de la langue", zut, quoi, quand je saurais qui c'est je vais encore m'écrier "bon sang mais c'est bien sûr", en me meurtrissant la paume gauche avec mon poing droit ! C'est que je vais finir couverte de bleus, moi, avec ce jeu auquel je me laisse sans arrêt prendre !

Il me semble pourtant .... une correspondance... un auteur sans complaisance vis-à-vis de lui-même, qui sait se distancier...un appétit littéraire bien en place... un pote à Gide et un mariage en 1940... de l'humour.... Si je secoue le shaker avec tout ça, qu'est-ce qu'il en sort ?

Une Clopine qui sèche, lamentablement, merdalors !!
 
yeti

21/12/2005
17:36
re : Devinette V

"un mariage en 1940.." ???

(relire 12h28)
 
ange

21/12/2005
18:20
re : Devinette V

Malraux?
NOn, pas assez vieux en 1944, ça ne doit pas être ça...
 
Agnès

22/12/2005
00:00
scrgngn!

La terrifiante impression de l'avoir déjà lu... dans quelle correspondance? (le passage sur Molière en particulier, qui fait résonner une lointaine cloche...)
Et guère le temps de réfléchir ce soir, encore moins demain sans doute. C'est Gide qui me tarabuste, pasque je ne le fréquente guère. Paulhan? que je 'ai jamais lu.
Et cette Renée?
Ces deux-là se sont donc mariés en octobre 43. Et plus tout jeunes, lui en tout cas. ça ne fait guère avancer le propos, c'est juste histoire de clarifier qqch.




 
yeti

22/12/2005
00:15
re : Devinette V

Dommage...

Mariés en septembre 43

Le second blanc est "Desrousseaux"
 
pascale

22/12/2005
08:58
re : Devinette V

Humaniste âgé dans les années 40, "nourri de culture classique" comme on disait, très NRF... j'ai pensé à Gide moi aussi - Chardonne ?
 
Clopine

22/12/2005
11:49
re : Devinette V

En fait, que l'auteur soit un pote de Gide ne nous avance pas beaucoup, vu que Gide avait vraiment tout plein de potes, et qu'il passait son temps à en parler !

Et pourquoi pas Emmanuel Bove ? Il y a cette simplicité qui lui ressemble pas mal, dans cette énumération de livres lus, et puis aussi la tendresse du "nous".

De toute manière, quelqu'il soit, cet auteur me plaît bien. Les "cloisons étanches entre les générations", c'est hélas exact et j'en ai souffert aussi. Sa bibliothèque me convient parfaitement , et j'aime itou les "liaisons dangereuses", pratiquement pour les mêmes raisons que lui (au cinéma, la version Frears avec Glenn Close et Malkovitch m'a ravie. Surout la scène du début : Merteuil s'harnachant pour le combat du jour. )

Je suis sûre qu'Agnès va me comprendre : je ne sais pas son nom, à cet inconnu, et pourtant j'ai l'impression de le (re)connnaître.

Vivement que quelqu'un trouve, tiens.


Clopine, alléchée
 
Pascale

22/12/2005
16:59
re : Devinette V

Un vieil ami de Gide : pourquoi pas Martin du Gard ? oui je verrais bien ça en 1944 : une correspondance littéraire entre deux vieux copains séparés par la guerre !
 
yeti

22/12/2005
17:48
re : Devinette V

Autre extrait :

"Ce fond de cruauté que nous avons vu remonter dans un peuple depuis 5 ans, ou depuis 10 ans, ou depuis plus longtemps si l'on veut, et qui bat aujourd'hui le monde comme une marée, je suis convaincu qu'il existe à l'état latent chez tous les hommes, et bien peu de chose suffit pour qu'il recouvre de sa boue sanglante les bases acquises de la civilisation. Je ne crois pas plus aux races de brutes ou de maîtres qu'aux races de déchus ou de damnés. Je récuse la condamnation raciale pour les Allemands aussi bien que pour les Juifs." (31/7/44)


 
pascale

22/12/2005
18:03
re : Devinette V

Récuser la condamnation "raciale" pour les Allemands : Drieu la Rochelle ?
 
ange

22/12/2005
21:30
re : Devinette V

Alain? L'onction de la phrase, comme l'intérêt pour les plus jeunes,me fait penser à ce philosophe... Mais je ne l'imagine pas trop marié...
 
shh

22/12/2005
23:15
re : Devinette V

C'est pas un écrivain.
Un politique, n'est-ce pas ? une réflexion post exercice politique.
 
yeti

24/12/2005
14:25
re : Devinette V

Il manque un "qu'" à la première ligne

Quant à la seconde la réponse est : oui

En guise de cadeau : 1/ces lettres sont adressées à son fils et, attention là ça va être la ruée, cet autre indice, qui fait suite à la citation précédente :

"Je ressens cruellement, je te le jure, ce qui s'est passé et se passe chaque jour. Mais je me rappelle aussi qu'un matin de printemps j'ai failli être lyn,ché à coups de talons de botte, au bord d'un trottoir, par une foule bien française. Je me rappelle l'atroce spectacle de Vichy en juillet 1940."
 
shh

24/12/2005
16:57
re : Devinette V

Il manque un "qu'" ? où ça ?
Ce doit être Léon Blum.
 
Clopine

24/12/2005
17:02
re : Devinette V

Je commence la ruée vers Laure par Charles De Gaulle, dont le nom se marie bien avec le scintillemnet du cadeau enrubanné de Papy, sous le sapin, et l'odeur de l'eau de toilette de Mamy, qui se mélange onctueusement avec le fumet des cailles aux raisins et du foie gras du Gers que nous allons déguster tout à l'heure, après la messe de minuit.

(C'est vous dire si ce forum, malgré tous ses défauts, m'est absolument nécessaire. Tiens, grace à vous, et sous le fallacieux prétexte d'aller voir si j'avais reçu des e-mails, je viens tout juste d'échapper à une partie de scrabble. Sachant qu'en 2006, Sarkozy va se placer sous le signe du mot compte triple, lettres comptes double pour le "k" et ke "z", et compte triple pour l'"y", ça vous laisse à penser sur mes noels familiaux autant que français. je sais pas les votres, notez !)

Si pas De Gaulle, Malraux, mais j'y crois pas.


Clopine, toute noelifiée.
 
pascale

24/12/2005
18:49
re : Devinette V

Tant pis, je donne au chat le nom que j'ai pourtant sur la langue !
Ecrivain, homme politique, pas vraiment maréchaliste, humaniste âgé en 1944 et nourri de culture classique, et en plus ami de Gide,et se trouvant à Vichy en juillet 1940 ? Et le lynchage : parce que juif, ou parce que manifestant?
Pour Clopine : la ruée vers Laure, ah non pas ça !
 
ange

25/12/2005
17:50
re : Devinette V

guéhenno?
 
ange

25/12/2005
21:26
re : Devinette V

Zut, je n'avais pas tenu compte du dernier message de Yéti. Georges Mandel?
 
pascale

26/12/2005
09:21
re : Devinette V

Autre idée : un homme de théâtre, d'après ses relectures de Molière et Racine ? un homme de théâtre engagé politiquement ? et Renée pourrait être une actrice - quelqu'un comme Copeau ou Dullin, retirés à la campagne en 1944 ?
 
shhh

26/12/2005
09:26
re : Devinette V

Il est surtout question de Goethe dans le premier extrait, cité comme étant constant dans la vie de l'auteur.
A un titre ou un autre, il faut l'attacher à Goethe.
Pour une fois que quelqu'un parle de Goethe plutôt que de Victor Hugo, faut pas l'occulter.
 
yeti

26/12/2005
12:20
re : Devinette V

Il s'agissait bien de Leon Blum (bravo à shh, 24/12 16h57, qut au "qu'" manquant ça concernait la phrase "c'est pas 1 écrivain"...)

Les citations sont extraites de : "Léon Blum, Lettres de Buchenwald", lettres à son fils Robert lui-même en captivité à Lubeck

Quelqu'un saurait-il à quel livre de Blanchot il est fait référence dans le premier extrait?
 
shhh

26/12/2005
12:35
re : Devinette V

Je voudrais aussi soumettre un texte. Je peux ?
 
yeti

26/12/2005
14:25
re : Devinette V

Il serait, à l'avenir, plus honnête d'accepter Google parce que, si certains jouent le jeu, d'autres ne se privent pas d'y avoir recours, ce qui pénalise ceux qui respectent la régle du jeu.

On ne pourra pas empêcher la triche, mieux vaut donc la prévenir et vérifier, avant, que ce qu'on cite est introuvable dans Google. Pour mon extrait de Blum, par exemple, la solution fut par hasard trouvée dés que j'ai mis un passage figurant dans Google...
 
pascale

26/12/2005
15:14
re : Devinette V

En tout cas le texte était bien trouvé : les longues lectures au jardin faisaient penser à tout, sauf à Buchenwald !
 
shhh

26/12/2005
15:30
re : Devinette V

Alors voici le texte, dont je vous propose de trouver l'auteur:

Ce que les colons ont confusément ressenti durant un siècle, il faudra en fait attendre le génie de Lawrence pour lui donner forme. Avant lui, divers écrivains fameux visitèrent l’Australie, mais leur passage n’a guère fourni d’aliment qu’à la petite histoire littéraire. Trollope est venu ici en 1872 ; il a écrit un livre – ennuyeux, pour une fois – sur ses impressions de voyage ; il y préconisait placidement le génocide des aborigènes, mais en recommandant d’effectuer cette opération sans cruautés inutiles (les honnêtes gens ont de ces délicatesses….)
 
pascale

26/12/2005
19:22
re : Devinette V

Quel joli texte, cruel et élégant. Ce serait vraiment dommage qu'il se trouve sur Google... Une histoire de la colonisation donc. D'après son humour, l'auteur serait-il-forcément- britannique ?
Moi aussi, même si j'ai eu recours à Google pour essayer de vérifier des hypothèses, j'en ai marre des tricheurs : il faudrait au moins qu'ils justifient leurs trouvailles par des ARGUMENTS LITTERAIRES !
 
shhh

26/12/2005
19:31
re : Devinette V

Il ne sera pas sur google.
Non l'auteur n'est pas britannique.
 
shhh

26/12/2005
20:18
re : Devinette V

Je ne résiste pas à vous donner un autre extrait de cette oeuvre, pour le plaisir davantage que pour vous donner de nouveaux indices.

Souvent, pour que la vérité d’une ville ou d’une terre nous touche en profondeur, il faut d’abord qu’elle ait été inventée par un poète. Le Pékin de Segalen, la Province de Mauriac, l’Equateur de Michaux, l’Australie de D.H Lawrence en sont de bonnes illustrations. Considérons ici le dernier de ces exemples.
Lawrence est arrivé en Australie presque par hasard ; il n’y a séjourné que trois mois ; il n’a guère fréquenté que quelques arpents d’un continent grand comme l’Europe. Le plus clair de ce bref séjour, il l’a passé entre une informe petite bourgade coincée entre un océan vide et le vide de la brousse ; là, claquemuré dans un bungalow banlieusard, il est resté à écrire, sans voir rien ni personne. On peut vraiment dire qu’il fut tellement occupé à imaginer l’Australie qu’il n’eut jamais le temps de la regarder.

 
Clopinz

26/12/2005
22:49
re : Devinette V

C'est donc une biographie (par un français ? ) de DH Lawrence.

Mais si c'en est une, c'en est une bonne. Il y a ici une élégance dans le style, qui sent son homme passionné, au tout au moins très appliqué !

Sinon, je remercie Yeti pour sa dernière énigme, parce que du coup, je vais me renseigner sur le bonhomme, je veux dire Blum, dont je ne sais presque rien. Vous pourriez me dire que peut-etre, une radio nationale mais néanmoins culturelle va venir combler mon ignorance ? Hélas, mes pauvres coauditeurs, vous revez tout debout, là.

Enfin, moi je ne suis pas d'accord pour le recours à Google. Voir les dégats que cela a fait sur l'émission de la gracieuse Françoise Treussard.

Clopine T
 
LN

26/12/2005
23:25
re : Devinette V

PLutôt qu'une biographie comme le suggère Clopine, je flaire soit un traité savant sur l'Australie, ou mieux encore un traité sur le voyage ...


 
shhh

27/12/2005
07:24
re : Devinette V

Non, ce n'est pas un traité savant. Mais oui, ça tient de la biographie, d'une narration poétique, un peu tout ça, par quelqu'un qui a lui même beaucoup voyagé, ou plutot séjourné ailleurs.
 
Clopine Trouillefou

27/12/2005
21:29
re : Devinette V

Il me semble qu'un "grand" écrivain-voyageur comme Bouvier pourrait, ainsi, "narrer poétiqement" DHL.

"imaginer (un endroit) plutot que le regarder", ça me va parfaitement ! Encore un auteur sympathique !!

Clopine T
 
shhh

28/12/2005
05:38
re : Devinette V

On ne peut pas vraiment le qualifier d'écrivain voyageur, ou du moins pas au sens géographique. Un peu comme Rimbaud, on ne peut pas vraiment dire qu'il fut un voyageur.


 
shhh

28/12/2005
05:55
re : Devinette V

Un autre extrait, du même livre bien sûr, à propos de Malraux :

Son étonnant magnétisme, fondé à l’origine sur d’impudents mensonges, puis nourri d’une mythomanie chronique et irrépressible, s’épanchait avec une éloquence d’histrion. Et pourtant son numéro devenait presque convaincant, et même respectable, car il était soutenu par une bravoure qui n’était nullement feinte. Quand il s’était aventuré avec sa jeune femme dans la jungle cambodgienne pour y dévaliser d’antiques temples de leurs sculptures monumentales, ou qu’il se faisait piloter au dessus des déserts du Yemen à la recherche de la mythique capitale de la reine de Saba, sans cartes ni réserves suffisantes de carburant, les aventures dans lesquelles il se lançait étaient tout à la fois louches, romanesques et lunatiques - n’empêche, ces entreprises exigeaient une considérable dose de courage physique. Il prit constamment d’énormes risques ; il vécut une existence fiévreuse et dramatique dans une époque de violence et de tragédie.
 
pascale

28/12/2005
14:34
re : Devinette V

Un Français qui a séjourné en Australie ?
 
shhh

28/12/2005
16:36
re : Devinette V

Peut-être un peu en Australie, mais surtout dans un pays dont on parle beaucoup actuellement.
Il est francophone, mais pas français.
Si vous avez besoin d'un autre indice, je vous livrerai un autre passage du livre.
J'y aurai beaucoup de plaisir.
 
pascale

28/12/2005
16:42
re : Devinette V

Mais bien sûr !
 
pascale

28/12/2005
16:46
re : Devinette V

En fait j'ai une petite idée...mais merci pour un autre indice - tout le plaisir est pour moi !
 
shhh

28/12/2005
17:46
re : Devinette V

si je pouvais, je vous recopierais bien tout le livre, enfin voilà un autre extrait:

Comme la peinture (qui, née d’un même pinceau, est sa cadette plutôt que sa sœur jumelle), la calligraphie chinoise s’adresse à l’œil et est un art de l’espace. Comme la musique, elle se déroule dans le temps. Comme la danse, elle enchaîne une séquence dynamique de gestes animés d’une pulsion rythmique. C’est un art qui rayonne d’une telle puissance sensuelle, qu’il défie presque la reproduction photographique. A certains moments, son exécution frise la performance athlétique et, cependant, son caractère abstrait et érudit en fait le passe-temps favori des intellectuels et des savants. C’est le plus aristocratique de tous les arts – l fut pratiqué par des empereurs, des hommes d’Etat, des esthètes des moines et des poètes – mais c’est aussi l’un des plus populaires. Ses instruments – pinceau, encre, papier – souvents luxueux et raffinés, peuvent être simples et bon marché, à la portée des plus humbles amateurs : écoliers, femmes, obscurs dilettantes, bohèmes, ivrognes, ermites…
 
pascale

28/12/2005
17:53
re : Devinette V

Super, merci shhh, je crois bien que j'ai trouvé l'auteur - disons qu'il a longtemps séjourné en Chine ?

 
shhh

28/12/2005
18:22
re : Devinette V

Oui Pascale, absolument.
 
pascale

28/12/2005
18:43
re : Devinette V

Alors on laisse les autres joueurs, s'il en vient, chercher encore un peu ?
 
Agnès

28/12/2005
19:10
re : Devinette V

J'aime beaucoup le passage sur Malraux. Mais je sèche complètement!

 
shhh

28/12/2005
19:22
re : Devinette V

Bien sûr.

Alors voici pour Agnès un passage sur Simenon:

En revanche, dès que Simenon cesse d’écrire des romans, c’est comme s’il cessait d’exister : il n’a plus rien à dire, ou, s’il ouvre la bouche, les platitudes le disputent à une certaine goujaterie qu’il étale avec une froide inconscience. Qu’importe ! Aurait-on l’idée de demander à un acrobate qui vient de traverser les chutes du Niagara sur une corde raide ce qu’il sait faire d’autre, à part ça ? Même si au repos, Simenon déconcerte ses admirateurs, on ne voit pas comment cette décevante impression pourrait jamais affecter les souverains pouvoirs de son art. Ouvrez n’importe lequel de ses romans majeurs – d’emblée, la magie opère : dès le premier paragraphe, vous êtes happé par la mâchoire d’un piège qui ne vous relâchera pas avant le point final de la dernière page : et même alors, le livre refermé, vous restez étourdi et pantelant tandis que vous tentez de reprendre pied dans votre petit monde familier dont, le temps d’une lecture, vous avez soudain entrevu de vertigineux envers.
 
shhh

28/12/2005
19:30
re : Devinette V

Mais voici le passage qui devrait définitivement vous éclairer:

Pour prendre un seul exemple éloquent (que j'ai eu personnellement l'occasion d'observer d'assez près), rappelez-vous, il n'y a guère, la grandiose faillite de nos spécialistes universitaires de l'Union Soviétique et de la Chine maoïste: ils avaient rassemblé avec diligence une montagne de documents sur ces régimes, mals la plupart d'entre eux demeurèrent incapables jusqu'au bout de simplement concevoir la nature de la bête qu'ils avaient passé une vie entière à disséquer.
Pouquoi échouèrent-ils de façon aussi spectaculaire ? Certainement ce ne fut pas faute d'information. Il se peut que la lâcheté et l'opportunisme aient joué un rôle dans leurs silences et leurs évasions diplomatiques: mais en tout cas, ce qui est absolument évident, c'est que leur échec a été d'abord et avant tout le résultat d'un manque d'imagination.
 
pascale

28/12/2005
21:13
re : Devinette V

Bon, les voilà tous "rhabillés de neuf" pour l'hiver...
 
LN

28/12/2005
21:15
re : Devinette V

Le flingueur : serait-ce Simon Leÿs ?
 
pascale

28/12/2005
21:30
re : Devinette V

LN, là je crois qu'on peut vous demander fermement de nous proposer une devinette : pas sur Google (c'est la moindre des choses) ; piégeuse (mais pas exagérément) ; et d'un auteur connu !
 
shhh

28/12/2005
21:43
re : Devinette V

Bon, j'ai eu peur.
C'est bien, je suis rassurée. C'est bien Simon Leys.
Le livre c'est "l'ange et le cachalot" dans la collection essais de chez Points.
Quand l'autre folle va y sévir, elle interdira sûrement cet auteur. Trop subtil et trop intelligent.
 
pascale

28/12/2005
21:50
re : Devinette V

Mais pourquoi avoir eu peur, shhh ? et être rassurée ??
Pour les Points : elle va quand même pas pouvoir les virer tous et les remplacer par la collection complète des oeuvres de Christine Angot - enfin, je ne crois pas...

 
LN

28/12/2005
22:27
Noter l'humour d'Angelo

"Pendant ce temps dans la salle des tortures on oblige le Cardinal à verser son propre sang dans un calice et à la consacrer non pas à Dieu, mais à Satan. Ensuite, ils lui coupent le gros orteil ; ils le lui font tenir comme une hostie et il doit dire "Ceci est mon corps". Le spirituel Angelo fait remarquer que c'est bien la première fois en 50 ans que ce fieffé menteur dit la vérité."

De qui est-ce donc ?
 
shh

28/12/2005
22:33
re : Devinette V

Oh, je dirais bien que c'est Sade, peut-être les 120 jours de Sodome ?
 
shhh

28/12/2005
22:36
re : Devinette V

Quoiqu'il en soit, c'est un très très très beau texte.


 
shhh

28/12/2005
22:38
re : Devinette V

Quoique dans Sade, le Cardinal aurait plutôt été bourreau, vieux comme il est.
Enfin nous avons d'autres candidats possibles, n'est-ce pas ?
 
Albéric

28/12/2005
22:41
Et on n'a pas encore tout vu

Ah j'ai du abuser du vin rhénan : je vois deux shhh (dont l'une a bu à la source de Wotan car elle y a laissé un "h").


 
shhh

28/12/2005
22:43
re : Devinette V

Apollinaire aussi aurait pu écrire ce genre de choses.
 
LN

28/12/2005
22:53
Les drames du Palais Faggio

Nous sommes très très loin de Sade.
L'extrait de 22h27 est un peu court, aussi pour compléter ce premier étage de l'énigme (qui plaira aux papouphiles par l'esprit, mais par rien d'autre car c'est un univers complètement différent), je livre un autre extrait du drame qui se déroule dans le palais Faggio :

<< Quant à l'acte, il s'achève sur la tentative pour voir le duc et trahir son meilleur ami, puisque le naïf Niccolo lui a confié son secret. Le Duc, naturellement, est dans son appartement en train de tirer son coup, et Domenico doit se contenter de raconter son affaire à un conseiller qui n'est autre que ce même Ercole qui, jadis, sauva la vie du jeune Niccolo et l'aida à s'enfuir de Faggio. ce qu'il confie à Domenico, non sans avoir réussi auparavant à décider l'autre à fourrer bêtement sa tête dans une curieuse boîte noire sous le prétexte futile de lui faire voir un diorama pornographique. Un ressort d'acier se referme sur la tête du misérable Domenico, dont les hurlements se trouvent ainsi étouffés. Ensuite, ercole lui attache les mains et les pieds avec des liens de soie écarlate. Il lui dit à qui il s'est heurté, avant d'arracher à l'aide d'une paire de tenailles la langue de Domenico, ensuite il le transperce de plusieurs coups d'épée, il verse une pleine coupe d'aqua regia dans la boîte, énumère la liste des divertissements divers, sans oublier la castration, qu'il va lui faire subir, avant de le laisser mourir. Tout cela accompagné des hurlements étouffés de l'autre qui, sans langue, s'efforce de supplier son bourreau. Ercole empale la langue toute sanglante sur sa rapière, il court vers une torche accrochée au mur, et il enflamme cette langue qu'il va, comme un possédé, agiter jusqu'à la fin de l'acte tout en rugissant les vers qui suivent " Impitoyable Ercole dans cette Pentecôte / je suis du saint esprit le fervent émissaire / l'émasculation devenant nécessaire ".
La dessus les lumières s'éteignent, et quelqu'un de l'autre côté de la scène, dit "Ick", très distinctement >>

 
LN

28/12/2005
22:57
Des infos désinformantes

Donc résumons : ni Apollinaire ni Sade n'ont écrit les sanglantes aventures du Palais Faggio.

Comme ça ne vous servirra à rien (j'ai vérifié par Google) je livre le nom des autres personnages : le Duc de Squamuglia (en fait c'est Angelo), Gennaro, Vittorio, Francesca, et Pasquale (!).
 
shhh

28/12/2005
22:59
re : Devinette V

Oui, là c'est un texte beaucoup plus proche de nous, parodique, gore époque Allais ou postérieur ? Le diorama ça date de quand ?
 
shhh

28/12/2005
23:00
re : Devinette V

L'auteur est italien ?
 
shhh

28/12/2005
23:03
re : Devinette V

On dirait des directives pour une mise en scène.
 
LN

28/12/2005
23:06
Les nouilles de machiavel

Non.
Ni le supposé auteur de la tragédie.
Ni l'auteur du roman.
Ni la personne qui prononce la formule éclairante "Ick".
Ni l'héroine qui assiste à la représentation de "Courrier's tragedy".


 
shhh

28/12/2005
23:18
re : Devinette V

Ick ? encore un terme que je ne connais pas.
Hic, ou Ich mais Ick, je trouverai pas.
 
pascale

29/12/2005
08:29
re : Devinette V

"Ick", c'est éclairant ? je veux bien...Mais il y a quelque chose dans toute cette mise en scène qui me fait penser à Roussel, et puis l'allusion de LN aux papouphiles.
 
Agnès

29/12/2005
09:24
re : Devinette V

C'est bizarre, ce texte, on dirait un résumé de scénario. Gorissime, en effet.
Ick et Ha?

 
shhh

29/12/2005
11:16
re : Devinette V

J'imagine le plaisir pervers qu'a du prendre LN pour recopier son texte...
Ou alors un auteur prolixe, payé à la pige, qui à un moment de son histoire en a marre et décide de massacrer tous ses personnages, dans un magnifique feu d'artifice.
 
shh

29/12/2005
12:47
re : Devinette V

J'aime bien la coupe d'aqua regia dans la boîte. Très raffiné.
 
LRDB

29/12/2005
15:01
fermons la parenthese Niccolo. retour au roman,

Si ce roman avait été écrit par un feuilletoniste, on pourrait imaginer qu'il a inséré une note de lecture ou bien un compte-rendu de représentation théâtrale totalement inutile, histoire de gagner une semaine et un peu de pognon en tirant à la ligne.

D'ailleurs c'est presque ça. Passons donc sur la pièce, et voyons ce qu'on trouve ailleurs dans le roman :
(dans cet extrait, O. est l’héroïne, et M. est un comparse localement utile)
<< Elle (ndlrdb : il s’agit de O.) commit l’erreur de se regarder dans la glace, en fait une psyché. On aurait dit un ballon de plage avec des pieds. Elle éclata de rire, ce qui la fit basculer. Dans sa chute elle entraîna une bombe de laque pour les cheveux. La bombe vint violemment heurter le sol, et voila toute cette saloperie qui envahit la pièce, tandis que la bombe décrit des zigzags. M. se précipite, il tombe sur O. qui tente de retrouver son équilibre au milieu de l’atmosphère irrespirable. [...] La bombe avec un sifflement méchant, rebondit sur le coin de la cuvette des wc, frôle comme une fusée l’oreille droite de M., elle passe à peut-être un demi-centimètre. M. s’allonge par terre et, serré tout contre O., il voit la bombe qui continue sa voltige à haute vitesse ; dans l’autre pièce jaillit comme les grandes orgues le grondement des canons de marine, les mitrailleuses, les obusiers, les armes automatiques, et les râles de l’infanterie.
Elle regarda vers le plafonnier, remarquant au passage que M. avait les yeux fermés. La bombe continuait sa course folle. La pression du gaz semblait inépuisable. O. avait très peur mais cela ne la dégrisait pas. Il lui sembla que la bombe savait où elle allait, mais peut-être que Dieu ou quelque chose de très rapide, un ordinateur par exemple, calculait d’avance sa trajectoire compliquée. Quant à elle, tout ce qu’elle savait, c’est que ça allait leur tomber dessus à 160 à l’heure. Elle dit son nom « M. » d’une voix mourante et lui planta les dents dans le bras au travers de l’étoffe de son costume d’été. L’odeur de laque avait envahi l’air. La bombe heurta violemment une glace et rebondi ; le verre étoilé autour de l’impact resta suspendu une seconde avant de se fracasser dans le lavabo. La bombe poursuivit sa course en direction de la douche, détruisant sur son passage la porte de verre cathédrale ; elle rebondit sur les trois parois revêtues de carreaux de faïence, fila au plafond, ratant de peu le plafonnier, puis plongea sur les deux corps prostrés ; on entendait en bruit de fond le grondement lointain du poste de télévision. Cela semblait ne jamais devoir finir ; mais soudain, la bombe stoppa en plein vol et s’abattit sur le sol, à peut-être trente centimètres du nez d’O. Le champ de bataille était calme.
- Ouf ! dit quelqu’un.
O. sortit ses dents de M., jeta un coup d’oeil autour d’elle, et dans l’embrasure de la porte elle vit... >>

(une autre fois je vous dirai ce qu’elle voit)

LRDB

 
Nazdeb

29/12/2005
15:06
re : Devinette V

Une Italienne disparue il y a une dizaine d'années redécouverte depuis peu ?



 
pascale

29/12/2005
15:28
re : Devinette V

Les scènes de torture, c'est un roman dans le roman ?
 
LRDB

29/12/2005
16:05
re : Devinette V

Les scènes de torture n'ont en effet aucun rapport avec le reste du livre. Et d'ailleurs la pièce elle-même qui leur sert de cadre, n'est qu'un moyen parmi d'autres de broder sur le thème central du livre (que nous n'avons pas encore abordé dans ce jeu). L'auteur du roman, homme qui sait brouiller les pistes, a inséré cette parodie un peu comme Houellebecq a inséré des fictions animalières dans "Extension du domaine de la lutte" : ça rehausse le plat et ça n'est pas sans rapport, mais enfin c'est un tout petit peu greffé sur l'oeuvre.

Nazdeb fait allusion à quelque chose mais je ne sais pas à quoi. Je n'ai pas d'Italienne en magsin, sauf l'ouverture aux échecs bien sur (celle de Badminton, à chaque fois il espère me surprendre le pauvre)
 
shhh

29/12/2005
16:14
re : Devinette V

Les deux passages ont en commun d'être très visuels.
Parfois on tombe sur un auteur américain, de polars par exemple, qui écrivent un peu comme ça.
En français ( si c'est un français) je verrais à la rigueur Boris Vian. Je suis sûrement loin du compte, sauf l'époque peut-être.
 
w

29/12/2005
16:23
re : Devinette V

Très visuel... des didascalies ? Ces scènes décrites sont-elles ou non contemporaines du reste de l'ouvrage ?

 
pascale

29/12/2005
17:58
re : Devinette V

Le mystère est loin de s'éclaircir...
 
shhh

29/12/2005
18:06
re : Devinette V

Pas Boris Vian, il est question d'ordinateur.
Donc un roman récent. Bon, ben on sait pas grand chose, si on résume. On ne sait même pas si l'auteur est français ( je dirais oui) ou pas. On sait qu'il sait faire des parodies, c'est un homme je pense, c'est sûr que c'est pas Mazarine Pingeot, ni Mame Angot, ni Mame Duras ni Mame Sarraute. Un p'tit indice siouplait ?
 
LRDB

29/12/2005
18:57
L'homme qui se cache

Quelques mots sur l'auteur :
- ses premiers écrits datent de la fin des années 50
- ce roman est un des premiers à avoir été publié
- ses autres livres publiés se comptent sur les doigts d'une seule main

Le record de lenteur d'Albert Cohen est donc largement enfoncé, et à ma connaissance il n'y a pas de prix de l'académie française à prévoir.

Sinon c'est auteur très Libé-Libé càd cultifié par la critique littéraire de ce quotidien pro-Sarkozy.

LRDB
 
pascale

29/12/2005
19:13
re : Devinette V

Et que voit cette dame dans l'embrasure de la porte, quand elle sort ses dents de M. ?
 
shhh

29/12/2005
19:36
re : Devinette V

Albéric: sachez que j'ai annexé tous les "h" de mon clavier,
vous n'avez pas (encore) bu trop de vin rhénan, je fais des sh des shh des shhh etc.., le s est à gauche, le h bien au milieu du clavier, sa fréquence dépend donc d'un appui plus ou moins prolongé, lié à un état de fatigue plus ou moins prononcée.
Quand même que le vin rhénan est très dur le lendemain matin. Il titre combien ?

 
yeti

29/12/2005
20:29
re : Devinette V

Bayon ?
 
LRDB

29/12/2005
20:54
Juste avant le prochain extrait

Réponse à Pasquale : eh bien elle voit 4 jeunes gamins quasi-sosies (air ahuri, cheveux en bol, veste rouge) qui ont formé un groupe rock dont je dirai le nom en dernier indice.

Yéti : je pense en effet que Bayon a du pâlir d'envie quand il est tombé sur ce bouquin, et se disant mais bordel c'est MOI qui devait écrire un truc pareil ... !
 
Albér-ick

29/12/2005
21:42
Encore un personnage secondaire du roman

Il faut dire qu'il y en a tant...
Voici un extrait des p 130, 131, 132 : histoire d'un cadre qui s'est fait jeter de sa boîte et conséquemment plaquer par sa femme :

<< ... notre cadre songea naturellement au suicide. Mais sa formation antérieure l'emporta : avant de se suicider il lui fallait impérativement l'avis d'une commission.
[...] (ndlrdb : il organise par p.a. une consultation de suicidés qui se sont loupés)
Il alla au garage siphonner tout ce qui lui restait d'essence dans son réservoir, il enfila son costume vert sans oublier le gilet, fourra toutes les lettres des suicidés qui s'étaient ratés dans la poche de sa veste, puis il alla dans la cuisine s'asseoir sur le carrelage, ensuite il s'arrosa consciencieusement d'essence. Il allait, pour un adieu définitif, faire jouer une dernière fois la molette du dfidèle briquet Zippo qui ne l'avait pas quitté depuis les premières haies de Normandie, à travers les Ardennes, l'Allemagne, jusque dans l'Amérique d'après guerre, quand il entendit une clé tourner dans la serrure de la porte d'entrée, et un bruit de voix.
C'était sa femme avec un type en qui il erconnut bientôt l'expert en organisation qui l'avait fait remplacer par un IBM7094. Frappé par l'ironie de la situation, il resta assis dans la cuisine à les écouter, avec sa cravate qui trempait toujours dans l'essence, comme une sorte de mèche. D'après ce qu'il entendait, l'expert souhaitait vivement avoir avec la dame des relations sexuelles sur le tapis marocain du living-room. Elle ne disait pas non. Noter cadre entendit des rires lascifs, des fermetures Eclair, des bruits de pas sourds, des respirations haletantes, et des gémissements. Il retira sa cravate de l'essence et se mit à ricaner. Il referma son Zippo. "J'entends comme un rire, dit alors la femme. - Ca sent l'essence" dit l'expert. La main dans la main et complètement à poil, ils se dirigèrent vers la cuisine. "J'allais me faire le truc des bonzes, expliqua le cadre à l'expert. - Il lui aura fallu trois semaines pour se décider, répliqua ce dernier. Vous savez combien il aurait fallu à l'IBM7094 ? 12 microsecondes. Pas étonnant qu'on vous aie viré".
Rejetant la tête en arrière, le cadr" éclata d'un rire énorme qui dura bien 10 minutes. Au bout de 5 minutes la femme et l'amant, plutôt inquiets, étaient allés se rhabiller et chercher la police. >>

 
w

30/12/2005
10:37
re : Devinette V

Saperlotte ! Bayon ça paraissait fichtrement bien trouvé !
Je vois mal comment ça pourrait être Arto Paasilinna, mais au point où j'en suis...

 
w

30/12/2005
10:44
re : Devinette V

Finalement je doute moins -> Paasilinna
alors ?
 
pascale

30/12/2005
10:55
re : Devinette V

Mais Paasilinna n'a pas commencé à écrire à la fin des années 50 ?
Au fait, il est français l'auteur ?
 
lrdb

30/12/2005
13:47
re : Devinette V

Ce n'est pas ce Paasilinna (que je vais m'empresser de découvrir).
 
Nazdeb

30/12/2005
14:05
re : Devinette V

Juste un mot pour vous dire au revoir et à l'année prochaine, je pars quelques jours en vacance loin de toute commodité numérique.
Cela dit c'est qui Bayon ? Je ne connais pas et trouve pas grand-chose sur lui...



 
LRDB

30/12/2005
14:35
un extrait lyrique

Voici un extrait assez détonant sur l’ensemble car plutôt lyrique.

<< Quelque part dans la bande sonore de cette nuit, elle se dit soudain qu’elle ne risquait rien, que quelque chose (peut-être seulement son ivresse qui se dissipait lentement) la protègeait. La ville était à elle, comme, ville maquillée et plâtrée de mots et d’images conventionnelles (cosmopolite, la culture, les tramways), elle ne l’avait jamais été : O. bénéficiait d’un sauf-conduit pour s’enfoncer au plus profond des capillaires de la cité, même les plus minuscules où l’on pouvait juste risquer un oeil, même les vaisseaux écrasés en bâtiments municipaux, à fleur de peau, à la vue de tout le monde, sauf des touristes. Rien dans cette nuit ne pouvait la blesser, et d’ailleurs rien ne la blessa. La répétition des symboles devait suffire, sans choc plus profond pour l’atténuer ou même l’arracher à sa mémoire. Son rôle était qu’elle s’en souvint. Elle contemplait cette possibilité comme elle l’aurait fait pour une rue (qui, vue d’un balcon, aurait l’air d’un jouet), un tour de montagnes russes, ou à l’heure de la nourriture des bêtes au zoo – le genre d’instinct morbide qu’il suffit du moindre geste pour consommer. Elle effleurait la lisière d’un monde voluptueux, elle savait qu’il serait délicieux de s’y abandonner ; que rien, ni la force de la gravitation, ni les lois de la balistique, ni la voracité des bêtes sauvages, ne promettait plus de délices. Elle réfléchit à cette hypothèse en frissonnant : je suis sensée me rappeler. Tous les indices qui me parviennent sont sensés posséder une clarté propre, une chance d’éternité. Elle se demanda alors si ces indices, comme des pierres précieuses, n’étaient pas simplement une forme de compensation pour la consoler d’avoir perdu la Parole directe, épileptique, le cri qui pourrait abolir la nuit >>
 
LRDB

30/12/2005
14:45
O. cherche des signes (et elle en voit partout)

Et de quels indices s’agit-il dans cet extrait ?
Eh bien l’héroïne mène une enquête d’abord testamentaire, puis initiatique. Déviant sa mission d’exécuteur testamentaire, elle cherche à percer le mystère d’une société secrète de paumés ayant établi un réseau de courrier parallèle. Mais c’est le réseau qui est parallèle, les courriers eux n’ont aucun intérêt. Des messages sans intérêt ? Mais ça préfigure l’internet et le téléphone portable me direz vous... Eh oui, avec une bonne trentaine d’années d’avance... Le roman, publié en 1965, est sorti en France 20 ans plus tard avec des coups de clairon de Libé. Le traducteur est un brin influencé par le polar sardonique et on le lui a reproché récemment, mais ça participe de la séduction de ce texte paranoiaque.

Car notre héroïne est plus que guettée par la paranoia, comme la plupart des personnages, mais pas comme l’auteur : lui il y a belle lurette que la paranoia l’a rattrapé... Il tiendrait très honorablement sa place dans une anthologie de la paranoia, aux côtés de Phil K. Dick et quelques siècles après Thomas de Quincey.

D'ailleurs l'orchestre des 4 jeunes gommeux dans le vent s'appelle "Les Paranoïds". De toutes façons les personnages sont presque tous cinglés je crois qu'il n'y en a pas un pour rattraper l'autre...
 
w

30/12/2005
14:51
re : Devinette V

Excellente vacance à toi et aux tiens, Nazdeb
Les vacances, c'est bien pour se trouver loin de plein de commodités, comme les télés quand on en a, oublier son cellulaire, tout ça.
A l'année prochaine, donc.
 
w

30/12/2005
15:47
Slices de life façon Clopine

Des fois c'est un peu étrange comme les messages s'intercalent en dépit de la montre.
Bah, ça m'aura rappelé des after du marché à l'Auberge (y a à manger les jours de marché), où je croise rarement un gars dont j'ai eu peine à retenir le prénom mais ça y est, j'ai cru comprendre qu'il a un groupe de rock or so, mais on s'en fout, on s'est trouvé un tropisme pour causer littérature et cinoche, chacun repart avec de nouvelles références.
On avait justement révisé «petits suicides entre amis» la semaine dernière, mais forcément on est loin du compte.

PKD, c'était avec un autre, zutre, je sais plus son prénom, avé des rouflaquètes lycantropiques, sa femme c'est Geneviève, mais lui chépu.

Salopiaud de Queenie, comment tu nous as ammené ça...
Je rame dans mon incompétence.


 
yeti

30/12/2005
16:23
re : Devinette V

J.D. Salinger ?
 
la vandale

30/12/2005
16:35
re : Devinette V

Rah j'y crois pas, à part la proximité des dates.
Bonne yétie fin de journée.
 
shhh

30/12/2005
17:04
re : Devinette V

Dans le genre, étudiant comme ça des réseaux, il y avait Stanislas Lem. Entre autres un roman où un groupe de savants essayait de déchiffrer des messages venant de l'univers, avec toutes les méthodes existantes, sans jamais arriver à prouver leur existence, ni leur inexistence.
 
LRDB

30/12/2005
18:07
Le club des dingos

Ah oui Shhhhhh vous faites allusion à La voix du maître, non ? Mais ça n'est pas Lem...

Ni Salinger, Yéti, bien essayé.
On peut même dire que notre auteur a réussi à se cacher beaucoup mieux que Salinger puisque sa dernière photo connue doit remonter à ses années à l'Université. Remarquez, c'est plus facile de rester planqué quand on n'a pas commencé par du best-seller ou de la publication remarquée en revue grand public.

Notre auteur est devenu un tel mythe qu'il y a des sites internet exclusivement consacrés à essayer de le choper on a même vu en décembre 2003 sur Arte une heure de docu montrant quelques uns de ces dingues dont le spécialiste des spécialistes alors lui vraiment gratiné et même pour couronner le tout un bout de film ake un mec à l'air ahuri dans une foule on veut nous faire croire que c'est notre homme apparemment il y a des dingueries contagieuses en attendant c'est pas ça qui va arranger sa parano arf'

LRDB
 
pascale

30/12/2005
18:18
re : Devinette V

Pas de publication en revue grand public, mais dans des revues de SF peut-être?
 
CA

30/12/2005
18:23
re : Devinette V

Ouuups...

"V" ? Thomas Pynchon ? Je me suis perdue dans ce roman, lu à sa sortie en France, tellement, que je serais incapable d'en parler. ça y ressemblerait bien, tiens.

C.
 
pascale

30/12/2005
18:41
re : Devinette V

J'aurais bien vu P.K.Dick, dans le genre déjanté - ou encore Norman Spinrad, mais ça ne colle pas tellement avec la scène de torture italienne... alors oui, Pynchon ?
 
LRDB

30/12/2005
19:28
cette fois je crois que c'est cuit

Voici l'incipit :

<< Un après midi d'été, Mrs Oedipa Maas rentra d'une réunion Tupperware où l'hôtesse avait peut-être mis trop de kirsch dans sa fondue, pour découvrir qu'elle, Oedipa, venait d'être nommée exécuteur testamentaire ou plutôt exécutrice, se dit-elle, d'un certain Pierce Inverarity, magnat californien de l'immobilier qui avait jadis perdu entre autres et d'un coup deux millions de dolalrs, mais qui laissait une succession suffisamment vaste et embrouillée pour que la mission de trier tout cela n'eut rien d'honorable. >>

(Non mais vzavez vu ça une seule phrase quel contrat pour une partie de Parodia ...)

 
LRDB

30/12/2005
19:29
C'est bien Thomas Pynchon

Et voici la dernière phrase (ah comment on dit : excipit, confecit ?)
<< Oedipa se cala confortablement et attendit la vente à la criée du lot 49 >>
 
yeti

30/12/2005
19:34
re : Devinette V


 
LRDB

30/12/2005
19:51
The crying of lot 49

C'est bien "La vente à la criée du lot 49" de Thomas Pynchon, traduit par Michel DOury (on lui a un peu reproché le style déconnant)

Le roman est touffu, un rien embrouillé, tout est bon pour faire fantasmer le lecteur sur les systèmes de courrier clandestin et comme d'habitude avec Pynchon on remonte environ au XIIIème siècle même sans quitter la Californie de 1965. La pauvre Oedipa va de signe en signes et de révélation en révélations. Elle seule connaitra le visage de l'acquéreur du lot de faux timbres car le roman s'achève juste avant la vente aux enchères, à moins que les dernières pages ne contiennent un indice décisif mais je ne m'en souviens plus et en le relisant now 20 ans après je n'en suis qu'à la page 179 mais voyons souvenez vous la secte des Scurvhamites.

Les noms de ces personnages :
- Wendell "Mucho" Maas (le mari)
- Phil Metzger (amant occasionel d'Oedipa ; ancien enfant-star sous le pseudonyme de Baby Igor)
- Pierce Inverarity (le mort)
- Galactronics Division of Yoyodyne, Inc (lieu de la première révélation)
- Mike Fallopian (le fondé de pouvoir de la Peter Pinguid Society)
- Manny DI presso (l'ami-avocat)
- Antony Giunghierrace (alias Tony Jaguar)
- Gengis Cohen (l'expert en timbres)
- Dr Hilarius (le psychiatre qui mète les plombs)
- Le souvenir de Richard Wharfinger (auteur de "Courrier's tragedy" ou les horreurs du Palais Faggio)
- Randolph Driblette (le metteur en scène de Courrier's tragedy")
- Zapf (le bouquiniste)
- Arnold Sarb (pseudonyme d'Oedipa)
- Stanley Koteks (un employé de chez Yoyodyne)
- Jesus Arrabal (une bulle du passé comumn de Pierce & Oedipa))
- John Nefastis (l'inventeur de la machine au démon de maxwell)
- Miles, Dean, Serge & Leonard (Les paranoids)
- Trystero (la clé de l'énigme)
etc
etc
etc...
 
CA

30/12/2005
19:58
Explicit

Merci, merci...

... Mais c'est vraiment de la devinette pure (plus que du DLA), car seuls les derniers indices m'ont conduite vers le personnage, plus que vers le roman. Est-ce que relire Thomas Pynchon, et Vol à la criée du lot 49, que je viens de ressortir pour l'occasion vaut la peine ? Je n'ai rien retenu ni de Vol à la criée, ni de V (ou peu), ni de L'homme qui apprenait lentement, ce genre de littérature c'est comme un aspirateur qui passerait dans ma tête. Je ne sais pas ce que valent les derniers romans du mystérieux Pynchon. Mais il y a des spécialistes ici, en premier lieu le satanique poseur de devinettes.

CA

C'est pas tout ça : qu'est-ce qu'on gagne ?




 
CA

30/12/2005
19:59
re : Devinette V

Messages croised. Sorry.
C
 
Herbert Stencil

30/12/2005
20:06
Nous sommes dans le fil "Devinette V"

N'oublions pas de féliciter C.A. qui ne travaille pas chez Yoyodyne Inc.

Et pour tous ceux qui veulent en savoir moins :
http://www.themodernword.com/pynchon/pynchon_intro.html< br />
Herbert S.
 
yeti

30/12/2005
20:15
re : Devinette V

Pynchon's voice ??? http://www.u-blog.net/bartlebooth/note/57359
 
CA

30/12/2005
21:19
Restons cachés

Un article sur des écrivains qui mettent, ou ont mis, un soin maniaque à se dérober aux médias et à s'occulter, Blanchot, Salinger, Pynchon. Ce ne sont ni Beigbeder, ni Angot, ça c'est sûr (mais ces derniers, sont-ce des écrivains ? ).

http://www.lire.fr/enquete.asp/idC=43701&idTC=15&idR =200&idG=

Curieuse la voix supposée de TP, un rien banale et vulgos, c'est peut-être le "rôle" qui veut ça ?

C
 
CA

30/12/2005
21:22
re : Devinette V

N'importe quoi, "vol à la criée..." ! "Vente" bien sûr, lapsus.
C
 
shh

30/12/2005
22:47
re : Devinette V

Toutes mes félicitations, CA.
Un auteur que je ne connaissais absolument pas.
 
Agnès

31/12/2005
08:25
re : Devinette V

A propos de Paasilina http://hphiver.free.fr/deslettres11.htm, pas le temps de faire l'éloge de ce fort délectable inventeur d'odyssées loufoques. Pas d'accord avec l'auteur de l'article, La Cavale du géomètre,c'est TRES drôle, ne serait-ce que pour la cohabitation en pleine forêt entre les joyeux drilles en goguette et une bande de jeunes femmes végétariennes quasi anorexiques venues faire un stage de survie... Bonne découverte à ceux qui ne le connaissent pas!

Quant à Pynchon, que j'avais trouvé en trichant, mais que je n'ai pas lu, ça donne le sentiment d'une littérature torrentielle, tellement propulsée en avant par une inventivité délirante et inépuisable que l'auteur prend à peine le temps de "l'écrire". Il y a Mason et Dyxon à la maison, j'y jetterai un oeil!

C'est le dernier jour de l'année. A l'an que ven!

 
AArgh!!!

31/12/2005
08:29
re : Devinette V

Le lien nen marche pas, why?
http://hphiver.free.fr/index.html
 
AA.

31/12/2005
08:31
re : Devinette V

MMMM, bizarre, ce site, et pas très frais, semble-t-il.
 
pascale

31/12/2005
14:04
re : Devinette V

Ce qu'on gagne, à ce jeu, c'est l'envie de faire des découvertes : pour moi, Pynchon et Paasillina !
 
CA

31/12/2005
14:26
Le faux appât du gain

Voui voui, Pascale, c'était juste pour rigoler ! Moi aussi j'apprends des tas de choses, et découvre des auteurs que je ne connaissais pas en vous lisant !

Bonne année à tous !

Christine
 
Clopine T

03/01/2006
11:56
re : Devinette V

Itou, des noms inconnus me sont dévoilés ici. Mais du coup, je ne suis pas assez savante pour jouer, ce qui est un peu décevant.

Allez, une petite énigme pour commencer l'année, d'accord ?

"Nous vivons à une bien étrange époque et constatons avec surprise que le progrès s'allie à la barbarie. En Russie soviétique, on a entrepris d'assurer à un peuple d'environ cent millions d'âmes, maintenu dans l'oppression, de meilleures conditions d'existence. Les autorités furent assez audacieuses pour le sevrer du narcotique de la religion et assez sages pour lui accorder une dose raisonnable de liberté sexuelle. En même temps, cependant, on le soumettait à la plus cruelle des contraintes en lui enlevant toute liberté de penser librement. C'est avec une brutalité analogue qu'on a inculqué aux Italiens le goût de l'ordre et le sens du devoir. On se sent réellement soulagé quand on constate que, pour le peuple allemand, la régression vers une barbarie presque préhistorique peut se faire indépendamment de toute idée de progrès. Quoi qu'il en soit, nous constatons aujourd'hui que les démocraties conservatrices sont devenues les gardiennes du progrès de la civilisation et, chose curieuse, que l'Eglise catholique oppose au péril une forte résistance, elle qui avait été jusqu'ici l'ennemie implacable de la liberté de pensée et des progrès de la connaissance !"

Clopine
 
Est-ce Fred ?

03/01/2006
13:26
re : Devinette V

Texte apparemment des années 30.

Auteur à la fois sensible à la liberté sexuelle et conscient du "narcotique de la religion"

Sans doute allemand (le "on" et "pour le peuple allemand" )

"..les démocraties conservatrices sont devenues les gardiennes du progrès de la civilisation..."

Le conscient...La civilisation...conscient qu'il y a comme un malaise dans...

Bon dieu mais c'est bien sûr : c'est ..CA !!!
 
guydufau

05/01/2006
20:10
re : Devinette V

Clopine, voila un texte qui n'est pas issu d'un roman, tant mieux. Il a été écrit après 1933.
Les cibles visées sont Staline, Mussolini, Hitler, l'Eglise catholique est censée s'opposer à ces périls. Concernant Mussolini et Hitler ce jugement est sujet à caution.
On peut penser à Stephan Zweig, Romain Rolland ...et
d'autres peuvent être cités.
 
Clopine

09/01/2006
14:15
re : Devinette V

OUps, j'avais pas vu... que mon énigme avait été d'un seul coup déflorée !

C'est bien Freud, dans "Moise et le Monothéisme". Bravo est-ce Fred !

Mais je ne m'avoue pas battue, et comme le vilain client dans Palace (et la pub MAP), "j'vous aurais un jour... je vous aurais..."

Clopine Trouillefou

 
guydufau

09/01/2006
15:18
re : Devinette V

Celle-là est fastoche :
La haine de l'intelligence et du savoir, l'invitation à obéir plutôt qu'à réfléchir, le fonctionnement du double couple licite-illicite/pur-impur pour générer obéissance et soumission en lieu et place du libre usage de soi, tout cela se trouve codifié dans des livres. Le monothéisme passe pour la religion du livre -mais il paraît bien plutôt celle des trois livres qui ne se supportent guère. Les pauliniens n'aiment pas beaucoup la Thorah, les musulmans ne prisent pas vraiment le Talmud ni les Evangiles, les amateurs du Pentateuque prennent le Nouveau Testament et le Coran pour autant d'impostures...Bien sûr, tous enseignent l'amour du prochain. Dur, déjà, d'être irréprochable avec les frères des religions abrahamiques!
La confection de ces livres dits saints relève des lois les plus élémentaires de l'histoire. On devrait aborder tout ce corpus avec l'oeil philologique, historique, philosophique, symbolique, allégorique, et tout autre qualificatif qui dispense de croire ces textes inspirés et produits sous la dictée de Dieu. Aucun de ces livres n'est révélé. Par qui d'ailleurs? Pas plus que les fables persanes ou les sagas islandaises ces pages ne descendent du ciel.
 
yeti

09/01/2006
20:31
re : Devinette V

Onfray ?
 
guydufau

09/01/2006
22:18
re : Devinette V

Oui yeti, c'est l'hôte du mois d'août sur FC
Pour le plaisir :
La définition du Paradis? L'antimonde, le contraire du réel. Les musulmans respectent scrupuleusement les rites, communient dans une logique rigoureuse du licite et de l'illicite, obéissant aux lois drastiques qui règlent la partition des choses en pures et impures. Au Paradis, tout cela cesse, plus d'obligations, plus de rites, plus de prières. Au banquet céleste, on boit du vin (LXXXIII,25) etXLVII,15), on consomme du porc (LII,22), on chante, on porte del'or (XVIII,31)-interdit de son vivant- on mange et boit dans des plats et vases en métal précieux _illicite sur terre- on porte de la soie - répugnant dans ce monde, le fil est une déjection de larve-,on lutine les houris (XLIV,54), on dispose de vierges éternelles (LV,70) ou d'éphèbes (LVI,17) sur des couches de pierres précieuses- sous la tente du désert, c'est un tapis et les femmes légitimes, trois maxi...: en fait tout ce qui a été interdit devient libre d'accès, ad libitum...
Dans le campement la vaisselle est en terre cuite ; au Paradis, en pierres et métaux précieux; sous la tente, assis sur des tapis en poils rudes, on partage une modeste pitance pas facile à trouver tous les jours, lait de chamelle, viande de mouton, thé à la menthe : au Ciel, mets et boissons regorgent en quantités astronomiques, disposés sur des tissus de satin vert, de brocart; sous le vélum tribal, les odeurs sont rudes, fortes, puissantes -sueur, crasse, cuirs, poils d'animaux, fumées, suif, suint : en compagnie de Mahomet, seulement des fragances magnifiques : camphre, musc, cannelle,cinnamome, lédanon; autour du feu, si d'aventure on boit de l'alcool l'ébriété menace : dans lesempyrées musulmans, on ignore l'ivresse (XXXVII,47) et, chose appréciable, le mal de tête (LVI,19), de plus la consommation sans modération est sans risque de générer le péché!
Toujours dans la logique du Paradis comme anti-monde désirable pour faire accepter le monde réel, souvent indésirable : l'Islam est originellement une religion du désert au climat brutal, chaud et violent; au paradis règne un éternel printemps, ni soleil, ni lune, une éternelle clarté, jamais de jour, jamais de nuit; le sirocco tanne la peau, l'harmattan calcine les chairs? Au Ciel islamique, le vent embaumé de musc se charge de douceur aux fleuves de lait, de miel, de vin et d'eau, puis distribue généreusement sa douceur; la cueillette est souvent hasardeuse, on trouve, on ne trouve pas, baies ridicules, dattes à l'unité, figues rares? Chez Mahomet existent des raisins si gros qu'un corbeau voulant tourner autour de la grappe a besoin de plus d'un mois pour effectuer son péricle ! Dans l'immense étendue de sable des déserts, la fraîcheur de l'ombre est rarissime, bienvenue? A l'hôtel des Idées musulmanes un cheval met cent ans pour sortir de l'ombre d'un bananier. Les caravanes sont longues dans les dunes, les progressions lentes, les kilomètres interminables dans le sable? L'écurie du Prophète possède des chevaux ailés, créés de rubis rouge, affranchis des contraintes matérielles, ils évoluent à des vitesses sidérales...
Même remarque, enfin, avec le corps. Partenaire pénible qui, sans relâche, demande sa ration d'eau, sa quantité de nourriture, sa satisfaction libidinale, autant d'occasion de s'éloigner du Prophète et de la prière, autant de raison de servitude à l'endroit des nécessités naturelles, le corps en Paradis rayonne de son immatérialité : plus de repas, sauf pour le pur plaisir. Dans le cas d'une injection, la digestion n'encombre pas- Jésus déjà qui mange du pain, du vin et du poisson n'excrète jamais...: ni flatulences, ni gaz d'échappement, car ces fumées pestentielles sur terre deviennent au ciel des éructations musquées exhalées du corps en moiteur!
On n'est plus soumis au besoin de procréer pour assurer une descendance; on ne se mouche plus ni ne crache; on ignore les maladies jusqu'à la fin des temps; on raye de son vocabulaire le chagrin, la peur et l'humiliation, si souvent impérieux sur terre; on ne désire plus -le désir est douleur et manque, dit la tradition platonicienne...-, il lui suffit d'apparaître pour se transformer illico en plaisir : regarder un fruit avec envie suffit pour sentir son goût, sa texture et son parfum en bouche...

Traité d'athéologie, Michel Onfray, Grasset


 
Higgs

09/01/2006
22:38
re : Devinette V

té,doué le Onfray, l'a reussi a ecrire ca tout seul ou ils se sont mis a plusieurs, reflechir a quoi ? à l'évidence?
Les reunions tuperwares en cabinet restreints.
electron libre
 
Tu peux r'voireuh

09/01/2006
22:45
reunion

Je vais pas en ajouter sur «Onfray mieux...» et tutti cuanti. Baste.

 
bien ou mal

10/01/2006
23:26
va savoir

plaine.mp3


http://www.lucasarts.com/products/forcecommander/Imperial_Ma rch_Rage_Mix.mp3
TM


 
l

10/01/2006
23:27
re : Devinette V

http://granderussie.free.fr/plaine.mp3
 
dom

12/01/2006
00:13
re : Devinette V

http://www.nasa.gov/images/content/133291main_DustRing-brows e.jpg
 
guydufau

12/01/2006
17:45
re : Devinette V

Après trois impasses, la première : du bastringue, la seconde : du silence, la troisième : une flaque, voici recentré ce fil : de qui est-ce ?
Tous les hommes riches considèrent la richesse comme une qualité personnelle. Tous les pauvres de même. Tout le monde en est tacitement convaincu. La logique seule fait quelque difficulté à l'admettre en affirmant que la possession de l'argent peut à la rigueur donner certaines qualités, mais jamais devenir une qualité humaine en elle-même. Le mensonge saute aux yeux. Il n'est pas un nez d'homme qui ne flaire immédiatement, immanquablement, le subtil parfum d'indépendance, d'habitude de commander, d'habitude de choisir partout ce qu'il y a de mieux, de légère philanthropie, de responsabilité consciente, qui n'exhale d'un revenu solide et considérable. A sa seule apparence, on devine le riche alimenté et quotidiennement renouvelé par un choix des meilleures substances cosmiques. L'argent circule sous sa peau comme la sève dans une fleur; il n'y a ni qualités empruntées, ni habitudes acquises, rien qui ne soit indirect ou de seconde main : supprimez compte en banque et crédit, et l'homme riche non seulement n'a plus d'argent, mais n'est plus, du jour où il l'a compris, qu'une fleur fanée. Aussi frappante qu'auparavant la qualité de richesse, apparaît maintenant en lui l'indescriptible qualité du néant, avec l'odeur de roussi de l'insécurité, de la caducité, de l'inactivité et de la misère. La richesse est donc une qualité simple, personnelle, qu'on ne peut analyser sans la détruire.
....Les gens riches affirment aussi, en toute oiccasion, avec une sorte de prédilection, que l'argent ne fait rien à la valeur de l'homme; ils veulent dire par là que, même ruinés, ils garderaient leur valeur, et sont toujours offensés que l'autre le comprenne mal. Par malheur, cela leur arrive assez souvent, et précisément dans leurs rapports avec les intellectuels. Chose curieuse, il est fréquent que ces derniers n'aient pas d'argent, seulement des projets et des dons; ils n'en sentent pas leur valeur amoindrie pour autant et jugent tout naturel de demander à quelque ami riche, pour lequel l'argent ne joue aucun rôle, de les aider de son superflu dans quelque noble entreprise. Ils ne comprennent pas que l'homme riche aimerait les aider de ses idées, de ses capacités, de sa séduction personnelle. D'autre part, on l'oblige ainsi à entrer en contradiction avec la nature même de l'argent, qui est de multiplier, comme celle de l'animal est de continuer l'espèce. On peut faire de mauvais placements d'argent : celui-ci périt alors au champ d'honneur de l'argent...Mais le dispenser secrètement pour des causes où des hommes qui ne lui servent à rien ne peut se comparer qu'à un assassinat d'argent. Il se peut que ces causes soient bonnes et ces hommes incomparables; il faut alors les encourager par tous les moyens, excepté les moyens financiers.

 
shhh

12/01/2006
20:06
re : Devinette V

Guydufau, je viens de me farcir le truc de Jean Lebrun, et je suis déjà excédée, alors je vous le dis maintenant, vous m'emmerdez, avec vos citations bêlantes, votre militantisme des pires curés du début du siècle, vos commentaires repiqués, ça et là, et faux tout le temps.
Vous m'emmerdez, tout ce qui passe par vos propos est suspect, et je me prends de sympathie pour des gens au seul motif que vous les critiquez de façon tellement idiote qu'on se dit que la vérité est à l'opposé.
Non sérieusement, et pour la dernière fois, parce qu'après quand je verrai votre pseudo je zapperai, vous M'EMMERDEZ.
 
guydufau

12/01/2006
21:28
re : Devinette V

shhh suis tout content de vous emmerder et surtout de faire sans pseudo faire shhh-ier un [une] pseudo !
 
dom

12/01/2006
22:22
re : Devinette V

impasse?
la premiere c'est Darth Vador version remasterisée, face aux plaines vides de ce qui fut, tu as vu trois il n'y a que deux.(regle ton univac de maniere a pouvoir ecouter les MP3)
la seconde est ce que ton oeil ne vois plus, la il fallait voir trois ( tres allegorique comme interpretation), tu ne vois qu'une flaque cela demontre un bon test de Rorshart, et ne raconte pas maitenant que le papillon veux se niquer la coccinelle personne ne te croira,

 
Howard Zinn

12/01/2006
22:37
re : Devinette V

Ce n'eye pas mwa qui aye eckwi le text recopied par le old crouton.
I swear it.
 
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