Discussions annexes, bavardages politiques, hors-sujet divers... (archives 3003-2008)

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Laurent Nadot

01/06/2005
02:25
L'intervention d'Emmanuel Todd

Ci-dessous un résumé de l’intervention d’Emmanuel Todd au micro de Jean Lebrun avant hier. Ces notes mixent, le plus souvent sans distinction, la synthèse des propos de l’invité, avec des extraits transcrits aussi exactement que possible, sachant que son style oral assez savoureux regorge de ruptures. L’ensemble reflète évidemment ce que j’ai entendu, plus que ce qui a été dit. De plus je ne suis pas d’accord avec tout ce qui a été dit, sans compter tout ce que je n’ai pas compris. Mais enfin j’espère qu’il n’y a aucun contresens important. Comme on n’est pas obligé de me faire confiance aveuglément, le lecteur (vt ou guy par exemple) est cordialement invité à corriger mes erreurs. Il suffit d’écouter l’émission. Ca me semble un fonctionnement sain entre gens capables de débat.
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/ travaux/fiche.php?diffusion_id=31895

Pendant l’émission la discussion est plutôt enjouée, certes parce que Lebrun fait le clown et glisse des peaux de bananes dans la conversation. Mais aussi parce que l’invité accepte le jeu, et surtout ne dramatise jamais la situation. Il se présente en intellectuel visiblement détaché de l’idéologie, pas au point d’afficher une neutralité, puisqu’il affiche et assume ses choix politiques, mais radicalement étranger aux hystéries courantes sous nos latitudes dès que ça cause politique (suffit de lire DDFC).

Exemple de choix politique assumé : Todd qui fut jadis un farouche adversaire du traité de Maastricht, était cette fois partisan du TCE. Il regrette le rejet du traité, mais il jubile de voir que le peuple français est capable de dire non à sa classe dirigeante. Il s’insurge même après un nième micro-trottoir (vers la 40ème minute) qui nous fait entendre un militant comique et caricatural. Il insiste sur le fait que les 80% d’ouvriers et d’employés qui se trouvent parmi les votants du Non ont fait preuve d’une attitude rationnelle, contre le libre-échange. Certes ils sont mal dirigés par les élites du Non, mais économiquement raisonnables. Todd rappelle qu’il n’a jamais nié la légitimité du vote Non.

.../...

 
Laurent NAdot

01/06/2005
02:28
E. Todd (suite)

On trouve dans son analyse deux critiques assez dures :

- L’une d’entrée de jeu, contre ce qu’il appelle un délire collectif : le texte du TCE est composé de 3 parties, dont une est neuve et les deux autres étaient reprises à des traités initiaux. Sur la première il n’y a pas eu débat. La troisième a suscité une levée de boucliers. Et finalement le TCE a été rejeté à cause de parties qui étaient déjà en vigueur et restent en application, tandis que le vrai objet du vote a été passé sous silence. C’est donc un délire collectif

- L’autre, récurrente, contre la mouvance Attac-Alter-Diplo, mouvance avec laquelle il se dit soulagé d’avoir pris ses distances. Il les qualifie d’anti-américains structurels, sortes de pendules arrêtées qui marquent l’heure juste deux fois par jour. A un moment il dire «- Fabius a le mérite de ne rien proposer, tandis qu’Attac nous propose l’économie yougoslave comme modèle ». Ou encore « les textes d’Attac sont des borborygmes dépourvus de toute cohérence économique ». Il parle de « ce genre d’élites du Non , si on peut dire ». Il diagnostique chez les « anti-impérialisme en peau de lapin » un inconscient attachement aux USA.

Dans les contribs suivantes, on trouvera résumées l’analyse économique et l’analyse idéologique du référendum, puis des considérations sur la gaffe tactique que constitue le vote Non.

.../...
 
LN

01/06/2005
02:30
Analyse économique d'E. Todd

L’analyse économique :

- La thématique du Non de gauche était la dénonciation du libre échange. C’est vrai que ce dernier est la source de la plupart de nos maux (montée des inégalités, pression sur les salaires, au niveau mondial une insuffisance de la demande).

- Le problème c’est que le Non de gauche est aussi réaliste qu’une danse de la pluie, car il n’offre aucune perspective. Les seules actions possibles à mener en matière de protectionnisme sont à l’échelle continentale. Todd plaide donc pour une Europe très élargie à l’Est. L’erreur des leaders du Non de gauche est d’avoir pratiqué une dénonciation maladroite du libre-échange à l’intérieur de la communauté. Ce faisant, ils ont stoppé net l’appareil de coopération européen interétatique qui aurait permis d’agir en créant un espace économique protégé, et assez vaste et varié pour être viable. Les leaders du Non de gauche ont ainsi amené la classe ouvrière à se tirer une balle dans le pied. On avait prévu un après-référendum difficile pour les partisans du Oui, mais maintenant que vont dire les gens du Non qui ont cassé un élément de régulation et n’ont rien à proposer ?

Ici Todd ajoute : « Je n’aimerais pas être à leur place ». (erm perso : grand moment de l'émission, qui explique peut-être la hargne de Nazdeb et sa disparition provisoire)

- Les leaders du Non ont renforcé la perception ultra-libérale de l’Europe en imprimant dans l’esprit des gens l’idée que des textes dérivés du traité de Rome rendent l’action impossible. Ce faisant ils ont été les complices objectifs des Néo-Libéraux avec leur critique des articles 314, 315, qui viennent du traité de Rome.

- Ils ont réussi à faire oublier que le principe de l’Europe c’est celui d’une Union douanière. Ce qu’on trouve dans les traités et même dans le TCE, c’est une distinction très précise entre marché intérieur et marché extérieur. Ils ont brouillé les cartes, cassé la possibilité d’un accord institutionnel, et foutu dans la tête des gens qu’on ne pourrait rien faire avec les textes qui existent. Bel exercice de démotivation.

- La construction européenne consiste à définir un espace douanier unique dans lequel des complémentarités s’établissent, avec des tensions internes, mais qui définit un espace d’efficacité et de solidarité vis-à-vis du reste du monde. Mais la mise en question du libre échange a conduit à une confusion qui est inquiétante.

.../...
 
LN

01/06/2005
02:31
L'analyse idéologique d'E. Todd

L’analyse idéologique :

- « Je ne parle pas de libéralisme. Je n’aime pas les qualificatifs qui sortent, les gens qui se définissent comme « anti-libéral » et qui ne voient plus la différence entre libéralisme (politique, économique), doctrine raisonnable qui ne nie pas l’existence des nations ni la possibilité des régulations, et le néo-libéralisme, ou l’ultra-libéralisme, qui est une idéologie folle, une sorte d’inversion du communisme dans le délire […]. Fondamentalement dangereux, perversion de l’individualisme, il nourrit une sorte d’anxiété sociale qui mène les individus au délire (cf le mélange de nationalisme et de religiosité dans la société américaine en est un exemple) »

- La vision d’extrême gauche mélange tout, toutes les modalités du capitalisme, tous les impérialismes. Les intellectuels du Non oublient qu’il y a un modèle social européen.

Dans la dernière contrib : la bétise tactique et la balle dans le pied :
 
LN

01/06/2005
02:33
La bétise tactique et la balle dans le pied

La bêtise tactique et la balle dans le pied :

- le vote du Non fait l’affaire des USA, en affaiblissant l’Euro. L’émergence d’une Euro puissance inquiétait les USA ;

- C’est très ironique de penser que les « anti-américains structurels » (il cite Attac, le Diplo) viennent de contribuer puissamment à la stabilisation du système américain.

- Il rappelle son avertissement aux Chevènementistes avant le scrutin : « Ne vous faites aucune illusion : vous célèbrerez votre victoire, mais il y aura plus content que vous, ce sera Washington ! » . Et c’est ce qui arrive aujourd’hui, dit-il (Lebrun vient de citer la presse américaine, triomphale).

« C’est un vrai sujet de débat sociologique, de comprendre pourquoi des gens qui se définissent comme fondamentalement hostiles à l’imperium américain, anti-capitalistes etc, se mettent dans une situation de paralyser le seul adversaire économique réaliste du système américain ». La réponse sociologique selon Todd, est que les véritables conflits en France sont les conflits à l’intérieur des classes moyennes : la classe moyenne inférieure est moins hostile envers les USA qu’envers la classe moyenne supérieure parasitaire (effectivement insupportable dit Todd)

.../...
 
LRDB

01/06/2005
02:43
dernières impressions

Voila. J'ai bien aimé cette intervention dans Travaux Publics. En partie parce que j'ai du me laisser convaincre et mettre de l'eau dans mon vin : notamment l'invité est toujours très respectueux du peuple, en tous cas bien plus que la Reine des belges, quoique sans tomber dans le populisme gaucho-neuneu, comme euh ... qui vous savez.

Mais j'ai bien aimé cette intervention surtout parce que j'y retrouve certaiens de mes propres impressions :
- le véritable délire des gens engagés, qui disjonctent littéralement et perdent le sens des réalités
- l'impression que les votants sont guidés par des leaders et des élites dont l'action est pernicieuse
- le verdict d'incompétence crasse porté sur la mouvance alter-diplo-attac et sur les "anti-américains structurels"
- l'idée qu'en votant Non, les français ont voté contre leur propre intérêt, aveuglés par l'idologie, par les leaders du non, par les erreurs d'analyse que rend possible la complexité du texte du TCE etc etc.

L'image de la balle dans le pied, déjà très judicieuse pour la loi des 35h, est ici reprise avec profit.

Cette campagne référendaire aura été un grand festival de "marche sur la tête". Pour reprendre l'expression de Prouvé, il faudrait "remettre la politique à l'endroit".

J'attends vos réponse, même par copié-collés puisque certains ici ne savent s'exprimer que comme ça (ça vaut mieux que d'écrire des bétises, au moins en cela Guy est plus lucide que VileToque ; quant à Josué il fait les deux erreurs...). Mais dans ce cas, merci de citer vos sources.

Votre ami :

Laurent Nadot. Ni dieu ni maitre
 
vile toque

01/06/2005
08:05
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Par manque d'honnêteté intellectuelle, certains se raccrochent à qq phrases de d'Emmanuel Todd et en dissimulent d'autres, faute d'avoir une pensée personnelle très originale.

Todd a rendu un bel hommage indirect au Diplo, attac et les alter en reconnaissant que Bush et le neoliberalisme constituaient un regime "delirant" (sic). Cette simple phrase est un camouflet aux idées moisies de LRDB et de la plupart des medias sur l'Amerique actuelle..

Todd a egalement dit que les ouvriers avaient eu raison de voter non. Comment mieux dire que dans le projet neoliberal de l'Europe les emplois productifs non qualifiés sont condamnés à disparaitre ou à s'aligner sur les esclaves de la dictature chinoise.

Quant à l'idée de la balle dans le pied, il s'agit d'une remarque vraiment simpliste. On pourrait appeler ça tout simplement action et réaction. Dans l'histoire de l'humanité il suffit souvent de se révolter pour que la répression devienne encore plus féroce (cf toutes les courageuses révoltes d'esclaves). Evidemment on ne s'etonnera pas trop que LRDB ricane devant les maladresses des révoltes d'esclaves et préfère lècher le cul des maîtres.
 
LRDB

01/06/2005
09:59
Vile toque se tire une balle dans le pied

Je me demande bien d'où sort une telle agressivité...(problèmes de santé peut-être)

Cher VT citez donc les extraits manquants sitiplit. Par exemple la minute de l'enregistrement realplayer où Todd règle son compte à la folie Bushiste

En attendant je maintiens que la mouvance Attac-Alter-Diplo est copieusement étrillée dans cette émission réjouissante. DOmmage que tout le monde ne trouve pas ça aussi tonique que ma pomme mais enfin la vie et l'univers sont remplis de ronchons, donc un de plus un de moins...

Laurent Nadot - Ni dieu ni maitre (donc pas de cul de maitre à lécher, quelle tristesse...)
 
Henry Faÿ

01/06/2005
12:16
des enjeux qui ont été ignorés


<< Quant à l'idée de la balle dans le pied, il s'agit d'une remarque vraiment simpliste.>>

Ça n'a rien de simpliste. C'est une manière de dire que les enjeux de la consultation n'ont pas été pris en compte et que, répondant à côté de la question, ceux qui ont voté non n'ont pas défendu leurs intérêts politiques les plus essentiels, ce qu'explique Emmanuel Todd. Tout cela révèle une absence dramatique de sens politique chez les électeurs qui ont voté non (je vais me faire engueuler), et je crois que de jour en jour, cela apparaîtra de plus en plus clairement et que ceux qui ont voté non auront de plus en plus de mal à ne pas penser qu'ils ont fait une énorme carabistouille.


 
Laurent nadot

01/06/2005
12:49
Chasse pèche : traditions prolétariennes

Oui Henry tu va te faire engueuler par l'hystéro de service. Puis par Nazdeb quand il sera revenu du stage de reconditionnement ake les pieds réparés. Mais Todd va beaucoup plus loin, dans les permières minutes il parle de délire collectif. Il fait l'apologie de la démocratie dans son principe, mais montre que dans son application elle a encore des progrès à faire.

Je crois que nous sommes des inconscients de parler ici de balle dans le pied alors que VT ne cesse de se truffer les arpions ake sa propre chevrotine la preuve

Quant à Emmanuel Todd il a bien signalé que les leaders et les maitre-à-penser du Non se retrouvaient maintenant sans cartouches. Normal, puisque tout le plomb est passé dans les grolles des prolos...

A part ça j'ai fait un enregistrement de l'émission pour Guy. Si quelqu'un veut le lui faire passer, je l'envoie par la poste. Me contacter par mail laurent.nadot@free.fr
 
prof

01/06/2005
13:08
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

j'ai vote non et mes pieds semblent intazcts. si je recois une balle j'en deduirai que les ouiistes me tirent dessus et refusent d'ecouter mon vote
 
Henry Faÿ

01/06/2005
15:09
ils peuvent toujours faire joujou


<< Quant à Emmanuel Todd il a bien signalé que les leaders et les maitre-à-penser du Non se retrouvaient maintenant sans cartouches.>>
C'est pas grave ils ont tous les smileys du forum à leur disposition pour faire joujou.



 
LRDB

11/06/2005
20:05
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Je fais remonter ce fil pour faire contrepoids aux critiques que nous écrivons sur l'autre forum contre la rumeur du monde.
 
Henry Faÿ

11/06/2005
22:47
dernières cartouches


J'en ai même lu un qui disait que ceux qui prétendent que la grande bénéficiaire de la victoire du non est la Grande Bretagne de Tony Blair étaient pris de boisson. Imagine-t-on les ravages de l'alcoolisme?

 
Henry Faÿ

11/06/2005
23:50
interviou d'Emmanuel Todd dans le nouvel obs


J'avais manqué l'interviou d'Emmanuel Todd par Jean Lebrun et j'ai lu celle qui se trouve dans le nouvel obs et je dois dire que j'ai été plus que séduit par cette argumentation pleine de finesse, de compréhension et de pénétration.

Je ne résiste pas au plaisir de vous en recopier un petit bout:

<< L'analyse du traité rend encore plus fou ce vote. La partie I du traité est un réaménagement institutionnel. Cet embryon d'organisation européenne, de dépassement de l'Etat-nation est d'ailleurs plutôt bien fait (tiens, ça on ne l'avait pas beaucoup entendu). Or personne n'en a discuté. C'est la troisième partie, qui contient tous les articles économiques, qui a été surinterprétée comme une soumission à l'ultralibéralisme. Le traité est rejeté et résultat: la partie I, qui n'a pas été critiquée n'est pas appliquée et la partie III, très critiquée, reste valide puisqu'elle est déjà dans les textes.>>
Et toc!

 
guydufau

12/06/2005
10:05
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

J'ai écrit sur le fil "La rumeur du monde :
"Des bavardages parvenus depuis la rumeur du monde nous entendons :
-que le NON français comprenait 50% de voix de droite et 50% de voix de gauche
-que Tony Blair, après le référendum du 29 mai, sort grandi sur le plan intérieur, il va garder le pouvoir deux ans de plus
- et sur le plan extérieur "il va conduire l'Europe à sa guise"
Il faut avoir bu pour croire tout ça."

et Henry a compris:
J'en ai même lu un qui disait que ceux qui prétendent que la grande bénéficiaire de la victoire du non est la Grande Bretagne de Tony Blair étaient pris de boisson. Imagine-t-on les ravages de l'alcoolisme?

Ravages de l'alcoolisme ou difficulté d'entendement ?
 
Laurent Nadot

12/06/2005
13:30
Guy tais-toi et écoute, au lieu de baver

L'intervention de Todd est encore disponible par Real Player :
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/ travaux/fiche.php?diffusion_id=31895

(Début de Travaux public un peu après 10', car ce jour là l'émission dure seulement 50').


Il semble que nombre d'émissions quotidiennes dépassent mainteannt le délai d'une semaine de dispo : mains, feuilleton, travaux publics... Est-ce que cet élargissement a été annoncé, ou est ce l'effet d'un bienheureux laxisme ?

LN
 
audreymalran

12/06/2005
13:41
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Elle était très étrange cette émission de la "Rumeur du Monde", ça discutait entre soi, et, comme dans un prolongement de la campagne, le OUI était qualifié de toutes les vertus et le NON rendu responsable de toutes les horreurs.
En soi ce n'est pas plus gênant que ça venant de l'équipe d'un journal ayant fortement exprimé son opinion pour le OUI durant la campagne.
Ce qui est gênant c'est que France culture se prète à faire chambre de résonnance à l'attitude revancharde de cette équipe (pour ne pas dire clique). Sur l'attitude revancharde, lire l'édito de Colombani aux lendemains du referendum.
C'est toujours triste d'entendre sur France culture des gens qui sont davantage dans le déni et le tirage de couverture à soi que dans l'élévation du débat…
Un festival de déni du réel et d'autosatisfaction pour l'équipe du Monde, voilà comment j'ai perçu cette émission, certes une fois encore écoutée d'une oreille distraite (je vas quand même pas acorder le meilleur de ma concentration auditive au blabla politiquement correct…).

 
Nazdeb

13/06/2005
13:44
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

En fait je n'étais pas parti en stage de reconditionnement, je me suis tout simplement lassé du débat sur la constitution.

Toute la campagne aura été exceptionnellement riche. Mais le vote passé, et le moment venu de faire le bilan, médias et partisans du traité se lavent les mains de tout principe d'équité et c'est reparti pour une tournée de monologues, de harangues plus unilatéralistes que jamais et sans aucune contradiction. C'est ce dont semble avoir bénéficié Todd (je n'ai pas écouté l'émission, je n'écoute plus du tout le Jeannot).

Conséquence : autant dans les deux camp les arguments étaient riches, complexes, les motivations étaient diverses, et les opinions oui/non sacrément plus protéiformes que cela, autant les monologuistes d'aujourd'hui reprennent du camp du non des énoncés contractés jusqu'au simplisme (ne pas vouloir en France des normes du droit du travail polonais à propos de Bolkestein = haïr le plombier polonais = xénophobie... un peu comme si être hostile à la peine de mort était anti-américain ou raciste envers les Africains etc.). En attribuant au camp d'en face, redevenu inaudible dans les médias, les choses qu’ils veulent lui faire dire ce sont les partisans du traité qui réécrivent réarrangent et caricaturent à leur goût le discours du non.

Todd identifie de manière caricaturale le non de gauche au traité au seul discours d’extrême gauche, anticapitaliste, anti-américain, etc. De plus il part du principe mille fois rejeté que les opposants de gauche ne voudraient pas d’une autre constitution alors que dans bien de leurs discours la réponse est claire : ils en veulent une. Il fait comme si la question posée le 29 mai était « Voulez-vous d’une Europe politique oui ou non » alors que la vraie question était « Voulez-vous ce traité-là oui ou non ».

A mon sens, et à vue de nez, la plupart voire chacun des arguments énumérés par pourrait être contesté ou renversé par maintes choses déjà dites dans le forum :

- le chantage au pouvoir des USA : outre que cela ne concerne pas la question posée (nombre de partisans du non sont tout à fait favorables à un texte qui donne du pouvoir à l’Europe, histoire notamment de faire un challenger à Washington, et ont rejeté celui-ci pour son contenu), il y avait la fameuse épine de la « compatibilité » avec l’Otan ;

- paradoxe et balle dans le pied des gens qu’on voit comme hostiles au pouvoir américain et qui paralysent son seul adversaire potentiel : la leçon la plus évidente à tirer de cela serait de reconnaître que les altermondialistes ne se sont pas conduit conformément à leur stéréotype. Cela voudrait dire que contrairement au portrait qu’on leur fait les altermondialistes raisonneraient parfois non pas de manière impulsive (« tout contre les USA »), mais en réfléchissant aux contenus des projets en jeu, et en rangeant plus bas dans leur hiérarchie idéologique l’hostilité à l’oncle Sam. Todd pourrait prendre cela comme un bon signe, mais il lui est plus facile de manier les clichés. Il faut dire qu'avec un Lebrun en face...

- la réalisation d’un ensemble protectionniste comme le souhaitaient les nonistes de gauche : cela est bien beau, sauf que d’une part, le texte proposé prônait des principes contraires à ce protectionnisme (la constitution exige d’œuvrer à la disparition des obstacles au commerce dans le monde entier), d’autre part il n’y avait aucune possibilité d’harmonisations fiscale et sociale ni, semble-t-il, de mener des politiques industrielles ;

- refuser le texte pour sa partie III c’est se tirer une balle dans le pied puisque ses dispositions seraient les seules appelées à rester en vigueur en cas de rejet : ceci est un chantage démocratique que bien des partisans du non ont à bon droit refusé (lire préambule et article 1 du protocole 2 de la Constitution du non)
http://www.broguiere.com/culture/forum2/index.php3?lecture=7 31&debut=0&page=1

- jouons le petit jeu des sources : à propos des affreux alter, quelles sources Todd a-t-il citées pour affirmer qu’Attac propose l’économie yougoslave pour modèle ?

- etc.

Le camp de la constitution jouit actuellement de toutes les tribunes possibles et dont il a encore en travers de la gorge d'avoir concédé une fraction au non pendant la campagne référendaire : il se rattrape. On n'a pas fini d'entrendre parler de cette constitution. Peut-être espérent-ils légitimer une future adoption par le parlement ?



 
Henry Faÿ

13/06/2005
15:44
les calendes grecques


<< Todd identifie de manière caricaturale le non de gauche au traité au seul discours d’extrême gauche, anticapitaliste, anti-américain, etc. De plus il part du principe mille fois rejeté que les opposants de gauche ne voudraient pas d’une autre constitution alors que dans bien de leurs discours la réponse est claire : ils en veulent une. Il fait comme si la question posée le 29 mai était « Voulez-vous d’une Europe politique oui ou non » alors que la vraie question était « Voulez-vous ce traité-là oui ou non ».

Si on considère le parcours fait par le texte soumis à l'approbation, approuvé par les vingt-cinq gouvernements, ratifié par neuf pays et aux délais à prévoir pour l'élaboration d'un nouveau texte, dire nous ne voulons pas de ce traité mais nous en accepterions un autre renvoyait à une période si lointaine et de manière si aléatoire que, sans qu'il soit question de chantage mais de prise en compte des faits, ça voulait bien dire: "adieu l'Europe politique". C'est ce qu'on appelle les calendes grecques.

Voici ce que dans son interviou au Nouvel Obs Emmanuel Todd dit des partisans du non de gauche:

<< Dans le non au gauche au libre-échange, j'ai été horrifié de constater que les électeurs entendaient le libre-échange comme une menace des pays de l'Est, nouveaux venus dans la Communauté! La dénonciation du libre-échange va rendre encore plus difficile la réalisation d'une Europe protectrice de ses populations ouvrières. Certains du camp du non rêvent d'un retour au couple allemand (franco-allemand?) du temps de l'Europe de l'Ouest et d'un repli sur le bloc des riches, qui ne veut pas partager. Mais c'est impossible pour l'Allemagne, qui est une puissance industrielle formidable. L'un des problèmes actuels des Français est de ne pas avoir une vision réaliste de la structure de l'écoonomie européenne. Le coeur industriel de l'Europe, c'est l'industrie allemande et l'Allemagne est traditionnellement libre-échangiste à sa manière. Elle souffre du chômage, comme nous et les Allemands vont finir par en avoir assez, eux qui sont les premiers exportateurs mondiaux, de s'entendre dire par les pays anglo-saxons, qui sont tous en déficit commercial, qu'ils sont inefficaces et qu'ils doivent s'adapter. Les pays de l'Est sont cruciaux pour le développement économique de l'Allemagne. Pour elle, l'Europe de l'Ouest, c'est trop petit. En France, le thème du plombier polonais a fait des ravages. C'est pourquoi la dénonciation du libre-échange faite par Fabius ou par Attac est malsaine. Ces gens qui prétendent dénoncer le libéralisme et le capitalisme fous sans être capables de proposer la moindre solution technique raisonnable ont pris le risque de désigner un bouc émissaire. L'ultralibéralisme produit un sentiment d'atomisation, d'isolement des individus, de peur, d'anxiété, de rage contre les inégalités. Face à lui, il faut choisir entre la préférence communautaire protectrice et le bouc émissaire. J'ai peur que le non de gauche ait enclenché une logique inquiétante.
...
La crise ne fait que commencer. Les gens de gauche, ceux du non, ont une sorte de gueule de bois car il ne se passe rien. C'est le retour à une vieille tradition française de gauche absurde: parler pour parler, parler pour dénoncer. La gauche ne pourra retrouver le peuple durablement que si elle renonce à confondre ultralibéralisme et économie de marché.
...
On est en train de vivre le triomphe de Bourdieu, la petite bourgeoisie d'Etat, une pensée qui ne comprend pas l'économie. J'ai peur qu'on soit sur le point de s'enfermer dans un affrontement, faux et pervers, avec une hystérisation de la doctrine du service public et qui provoquera une contre-hystérisation du libéralisme et une volonté de destruction de l'appareil d'Etat. La seule façon d'en sortir, c'est d'élargir et d'admettre l'existence d'un espace de solidarité européen.
...
Tout le monde considère que les Français sont des révoltés merveilleux... Mais personne ne sera impressionné par le débat entre ultralibéralisme et service-publisme. C'est un débat du passé...>>


 
guydufau

13/06/2005
19:09
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Je ne vois pas de concordance entre ce qu'a écrit Emmanuel Todd et ce qu'il a dit interrogé par Jean Lebrun le 30 mai.
Todd, ce jour-la signale que les nonistes ont jugé inaceptable la partie III de ce TCE, et comme elle reste applicable, il y a un psychodrame. il est possible qu'elle reste applicable, mais avec le OUI elle devient obligatoire. Notre anthropologue ne voit-il pas une différence ?
D'autre part il se réjouit de la constance du peuple français qui, depuis 1789, est capable de dire NON à ses dirigeants "je vis un rêve véritable" ajoute-t-il.
Après avoir revendiquer, pour lui, de ne pas avoir une opinion sur tout, voila qu'il accuse ATTAC de "borborisme dépourvu de toute cohérence économique. Les économistes ne manquent pas dans cette association et Emmanuel Todd ne veut pas être qualifié d'économiste.
Il affirme que le NON a " cassé un instrument de régulation". Où a-t-il vu un instrument de régulation quand le TCE proclame une "concurrence libre et non faussée, hautement compétitive ?
Plus loin, après avoir condamné le néo-libéralisme qui est "une idée folle,un délire où la société n'existe pas, une antithèse du communisme, une perversion de l'individualisme", il indique une seule réponse possible à opposer au libéralisme : un contrôle avec une solution technique pour un protectionnisme mesuré à l'échelle européenne...les gens du OUI ont refusé de dire : nous allons faire quelquechose contre le libre-échange..."
Mais comment Emmanuel Todd ne voit-il pas que dans ce cas-la ils entraient en contradiction avec le texte du TCE ?

Entre le Todd du 30 mai et celui interviewé par l'Obs où sont les concordances ?

PS.Le bouc émissaire dont parle le Todd de l'obs, si j'ai bien compris l'analyse d'Henry, c'est le libéralisme, tandis que le Todd du 30 mai, dit que c'est Le Pen qui oppose au libéralisme un bouc émissaire.
 
Henry Faÿ

14/06/2005
08:50
encore et encore


<< Où a-t-il vu un instrument de régulation quand le TCE proclame une "concurrence libre et non faussée, hautement compétitive ?>>

Il a été abondamment souligné, par moi en particulier, que le traité prévoyait en fait tous les garde-fous possibles, tous les moyens de fausser cette concurrence, pour les meilleures raisons du monde. Il est donc juste ou du moins pas faux de voir dans le traité constitutionnel un instrument de régulation. Cela a été dit et redit des dizaines de fois sur ce forum et c'est comme si on avait... pissé dans un violon (j'espère qu'Alain Finkielkraut ne nous lit pas).

 
Henry Faÿ

14/06/2005
08:57
smiley351


<< Les économistes ne manquent pas dans cette association>>





 
guydufau

14/06/2005
12:20
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Il y en a [Henry] qui voient dans "concurrence libre et non faussée, hautement compétitive" un instrument de régulation et d'autre, tout le contraire : une dérégulation.
Pour les premiers, soummettre les services publics à la concurrence c'est une opération de régulation. De même vouloir harmoniser,(combattre le dumping fiscal et social), c'est fausser la concurrence et donc maintenir ces dumpings c'est utiliser un instrument de régulation.
D'autre part, ce TCE défunt, ne manquait pas de déclarations de principes, d'incantations gratuites pour faire oublier la précision d'articles à caractère autoritaire et définitif.
Et inversement des avancées sont annulées par des protocoles et des annexes. C'est ainsi qu'a été dénoncé, en son temps, que la charte des droits fondamentaux a une portée clairement restreinte : "Elle ne crée aucune compétence ni aucune nouvelle tâche pour l'Union" (Article II-111).
Durant la campagne n'a pas été souligné que l'article II-62 :
"toute personne à droit à la vie.
Nul ne peut être condamné à la peine de mort, ni exécuté" comprend des dérogations dans un protocole additionnel D12 où est mentionné :
"la peine de mort n'est pas considérée comme infligée en violation de cet article dans les cas où elle résulterait d'un recours à la force rendu absolument nécessaire :
a)- pour assurer la défense de toute personne contre la violence illégale
b)- pour effectuer une arrestation régulière ou pour empécher l'évasion d'une personne régulièrement détenue
c)- pour réprimer, conformément à la loi, une émeute ou une insurection.
http://www.up.univ-mrs.fr/cgi-veronis/concord-tce

Bien entendu, tout cela est écrit "pour les meilleures raisons du monde".
 
Nazdeb

14/06/2005
12:29
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Henry, on a suffisamment répondu à tes arguments sur les garde-fous à la concurrence libre et non faussée. En deux mots :
- le texte de la constitution inverse les rôles que tu perçois : la concurrence libre et non faussée ne se voit pas flanquée de garde-fous comme tu dis mais, au contraire, est elle-même une sorte de garde-fou érigé de manière systématique auprès de nombreuses dispositions (sociales, en matière de services, etc.)
- un texte dont seuls les juristes décideront à l'avenir de la façon dont on doit l'interpréter est une anomalie dans un Etat de droit démocratique : compter aveuglément dans le seul pragmatisme et le prétendu bon sens des gouvernants et des technocrates pour tirer du texte ce qu'ils voudront en tirer, ce serait accepter un régime où le fait du prince fait loi, ça n'aurait plus rien de démocratique

On sait que le texte t'importe peu, étant donné que la question à laquelle tu as répondu le 29 mai est "l'Europe oui ou non" (alors que la vraie question était "ce traité-là oui ou non"), c'est ton droit, seulement cela te fait préjuger de manière un peu leste et biaisée ce qu'il contient réellement.



 
LN

08/11/2005
00:12
Le destin des immigrés

Voici une note de presse de 1995 (après les émeutes urbaines dont Le Noiraud conteste le caractère récurrent)
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Emmanuel Todd Seuil, 390 pages, 145 francs. Voici un essai qui tombe à pic. Il éclaire d'une lumière singulière plusieurs grands débats de cette fin de siècle, en France, en Europe et aux Etats-Unis. De la querelle sur le foulard islamique au débat sur les valeurs françaises, des polémiques sur l'existence d'une identité européenne aux attentats antiturcs en Allemagne, de la dérive des banlieues françaises à la recrudescence des émeutes raciales aux Etats-Unis, la magistrale démonstration d'Emmanuel Todd sur l'assimilation et la ségrégation dans les sociétés occidentales ruine de nombreuses idées reçues. L'historien délaisse le champ de l'idéologie pure et démonte, en bon anthropologue, les structures sociales de quatre sociétés témoins : les Etats-Unis, l'Angleterre, l'Allemagne et la France. Il fait voler en éclats le mythe d'une convergence culturelle inéluctable sous le coup du progrès technologique, des médias et de la mondialisation de l'économie. Bien au contraire, dans son comportement à l'égard des populations immigrées, chaque société possède sa propre matrice, héritée d'un passé lointain. L'analyse des structures familiales, des mécanismes d'héritage, de la pratique des mariages mixtes et des systèmes de croyance permet de distinguer deux types de sociétés : les différentialistes, telles l'américaine, l'allemande, l'anglaise ou la japonaise, et les universalistes, comme la française, l'espagnole ou la chinoise. Exemple : les enfants ne sont pas égaux en matière d'héritage dans les premières, le partage est égalitaire dans les secondes. Cette dichotomie détermine les attitudes à l'égard des populations immigrées. La société allemande cultive ainsi à l'égard des Turcs une ségrégation qui va jouer un rôle fondamental dans l'islamisation très forte de cette communauté.

La société américaine s'est construite sur une ségrégation à l'égard des Noirs qui, effet paradoxal, va favoriser l'assimilation de tous les autres peuples, dès lors perçus comme blancs.

Le cas de la France est plus singulier encore. La force du vote d'extrême droite, signe d'intolérance, masque le niveau rapidement élevé des taux d'exogamie, signe anthropologique de tolérance, écrit Todd, pour qui jamais le processus d'assimilation n'a été aussi rapide qu'aujourd'hui. Certes, une telle grille de lecture ne peut prétendre tout trancher, l'éloge brutal de l'assimilation trouvera sans nulle doute de solides contradicteurs. Mais l'analyse, étayée de cartes, de tableaux et de graphiques, fait de ce livre un ouvrage de référence.

Vincent Giret
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Cet ouvrage de Todd fera ronchonner ceux qui croient que la sociologie n'est que vaticination sans étayage par les faits.

"Le destin des immigrés" est disponible en coll. Point-Seuil. N°345

 
LN

08/11/2005
00:19
Allez, soyons scandaleux...

Ce qui me donne à penser que nous faisons partiellement fausse route, y compris sur ce forum ... Jospin ce matin aux matins, signale (dans la 6ème minute) que ces explosions sont ponctuelles. Nombreuses mais ponctuelles.

J'attends donc ces jours-ci une contre-analyse qui sans nier l'aspect dramatique des événements de ces derniers jours, rappellerait que les explosions actuelles, loin d'être de l'ordre de la guerre civile, concernent quelle proportion de la population banlieusarde pauvre et musulmane ou issue de l'immigration ? Eh bien une minorité de cette minorité. Tout simplement. Et qui, sans minimiser la gravité (fait quantitativement inédit), la ramènerait à sa juste mesure.

Alors, la surenchère médiatique serait coupable de transformer le plus gros massacre de bagnoles de l'histoire des banlieues (génocide de 4500 bagnoles) en guerre civile ?
(ce que dit derechef Jospin à la 17ème minute, avec la dérision en moins of course)

Laurent Nadot
 
Xz

08/11/2005
01:25
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

J'ai entendu que les quartiers difficiles englobent 8% de la population française. Dans ces quartier seule une minorité est violente. Cela dit, les guerres civiles sont-elles déclenchées par des majorité (c'est une vraie question, pas de la rhétorique) ? Les émeutiers ne se recrutent-ils que dans ces quartiers ?
 
LN

08/11/2005
01:52
questions

Sacrées questions qui font écho à celles de 00h19.
Réponse : nie znaiou...
(dire qu'on ne sait pas : attitude scandaleuse sur DDFC).

Que dire :
- Que les révolutions sont le fait de minorités. Oui. Mais, les guerres civiles ?
- Et qu'est-ce qu'une minorité ? A partir de quelle proportion ou de quel pouvoir d'action devient-on une minorité puissante ? Ergo : si la minorité est très minoritaire, l'insurrection est promise à l'écrasement.

Que dire :
- Que les minorités actives provoquent des changements par leur force de conviction. Mais par la violence ?
- Peut-on appeler guerre les actions de vandalisme doublées des attaques contre les symboles de l'autorité ?

Que dire :
- Que la guerre consiste à s'emparer du pouvoir au moins sur une partie de territoire. Mais les émeutiers veulent-ils du territoire, ou bien veulent-ils une impunité sur celui qu'ils habitent ?
- Veulent-ils rejoindre le grand jeu social français, ou bien veulent-ils continuer leur petit jeu local perso ?

Et pour retourner aux débuts:
- Ces questions ont-elles un sens autre que typique ?
- Quelle variété de motivations et de comportements, combien de types de réaction différentes (la haine, le grand jeu, le désespoir -seigneur quel cliché-, l'envie, le suicide social) peuvent contribuer à expliquer, chacune pour partie, les troubles auxquels nous assistons ?

Et tant qu'on y est : à qui profite ce merdier ?

Et enfin : l'image de l'Intifada, terriblement outrée, n'aurait-elle pas ici quelque vérité ?

Nous n'avons donc ici que des questions.
Sur DDFC, voila qui nous met à la fois en minorité et en danger de stigmatisation...
 
guydufau

08/11/2005
11:20
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Cet échantillon (08/11 01:52) venant de LRDB est un raccourci saisissant d'un futile verbiage pour se faire valoir, et comme il ne pose que des questions, sa conclusion est NOUS n'avons ici [sur ce forum] que des questions : grotesque accaparement !
 
La reine

08/11/2005
11:45
L'intervention de Guy Du Faux

Ben mon 'ieux, la réponse con, annoncée, n'a pas trop tardé... Une fois de plus notre chère vieille fripouille climatérique sort de son formol pour, encore et toujours, ne rien dire de sensé.

Mon pauvre Guy, ce "nous" était au contraire un discrrt clin d'oeil à certains ici qui, comme moi, ont plus de questions que de réponses. Ils sont toujours plus près de la vérité que celui qui n'a que des réponses ou pire, des cop-coll idiots.

A part ça, merci de nous dire quel gout ca a, le formol des bocaux de l'Institut qui te sert de chambre d'hôtel depuis que tu t'es grillé tes vieux poils ake ton UUnivac...

Ta reine
 
LN

13/11/2005
15:45
Todd cette semaine ?

Ce matin à l’esprit public, les débatteurs ont voqué un commentaire d’Emmanuel Todd sur les troubles en banlieue. Mais je n’ai saisi aucune référence, ni media, ni date. Il semblerait que ça soit apssé cette semaine, mais ou ? Quelqu’un a-t-il cette ref ?

LN

 
lionel

13/11/2005
15:55
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3226,50- 709613,0.html


 
LN

13/11/2005
16:11
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

thanx a loth
 
paul

31/12/2005
07:47
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Je suis Toddiste depuis qu'il écrit, ce qui fait un bail. Mais depuis ce matin, je le suis plus que jamais. Ceux qui se lèvent tôt peuvent écouter sur la 5 les ITW de notre petit Demorand avec les illustres de l'époque. Ce matin c'était justement Todd, et je n'ai pas eu grand chose à redire à la thèse du déclin de l'Amérique qu'il développe avec toute la compétence, la modération et la distance nécessaire à un tel sujet.

Le plus intéressant, qui rejoint ce que j'écris sur mon site depuis plus de dix ans, c'est le fait que les Européens n'ont pas conscience de leur puissance et encore moins de la faiblesse économique grandissante des EU. Je n'ai pas lu son livre sur le Déclin en question, mais je vais de ce pas faire le sacrifice qu'il faut pour me le procurer, même si c'est pour lire ce que je sais déjà.

Je suis cependant en désaccord sur les perspectives évoquées par Todd, encore qu'il est resté discret sur ce sujet. J'en reste à la solution militaire, disons à la pulsion classique qui pousse un pays en faillite à s'en dégager par le moyen de la guerre. Todd considère l'épisode irakien comme un épiphénomène comparable aux "gesticulations" classiques des grandes puissances. Je pense au contraire qu'il s'agit du début de la solution militaire destinée à progresser en direction de l'Extrême-Orient. Enfin vous connaissez mes thèses là-dessus, l'Europe engagée dans la course pour la neutralité etc... Cela dit, il faut d'abord que je lise le texte in extenso, avant de me prononcer. Je remarque qu'entre des gens comme Stiglitz, Soros et Todd, s'unifie une théorie qui tient la route. On pourrait les classer sous le label des "nouveaux keynésiens", ça nous changera des nouveaux philosophes.

Si vous le permettez, je vous fais une proposition qui vaut ce qu'elle vaudra : que chacun lise l'ouvrage de Todd et en fasse sa rescension personnelle. On pourrait ouvrir une véritable discussion à partir des analyses de chacun ?...
Enfin ce n'est qu'une idée en passant.
pk
 
Tocqueville

31/12/2005
13:16
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

la thèse du "déclin américain" est développée au mépris de toute analyse de la réalité. Rien dans le domaine de la recherche (médicale, technologique, etc.), dans le domaine de l'innovation industrielle (voir les entreprises de services sur internet: 4 sur 5 sont américaines), dans le domaine de la création artistique même n'annonce le moindre début de "déclin".
La simple analyse des déficits courants, chère à Todd, n'est pas un indice très pertinent pour observer la santé d'une économique.
Sur la France, Todd est brillant et souvent inattendu. Ses analyses sur les EU sont en revanche bien plates et motivées sans doute par l'obsession de prendre le contre-pied des analyses majoritaires. Cette stratégie ne marche pas à tous les coups.
 
paul

01/01/2006
12:15
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

"la thèse du "déclin américain" est développée au mépris de toute analyse de la réalité."
Un peu frivole et sommaire comme critique, si tu as bien écouté l'émission (????) ou lu ses ouvrages (???). Les domaines que tu cites sont très difficiles à juger. Comment comparer nos avancées aérospatiales et notre avionique avec bilan de Boeing ou de la Nasa ? Et la création artistique, Tu connais bien le dossier ? Ce qui se fait à Berlin par exemple ? et tout ce qui s'est construit depuis Mitterrand partout en Europe ? Mais soit, il reste encore deux faits incontournables : la Dette colossale et surtout les Bons du Trésor américain qui dorment dans les coffres nippons et chinois. Encore une fois (qu'est-ce qu'on se répète ici), si ces deux grandes puissances venaient à réclamer leur dû, Wall Street et la FED pourrait fermer leurs portes. A ce niveau on n'est plus dans les centaines de milliards, mais dans les Dizaines de milliers de milliards (voir les articles de fond du Financial Times.
Salut et Bonne année
pk
 
Laurent Nadot

01/01/2006
16:35
retour sur une prédiction

La dette américaine, c'est un peu comme notre trou de la Sécu : un chiffre colossal qui ne correspond qu'à une toute petite période d'activité.

Quand au Japon et à la Chine, on les voit mal se ruiner d'un seul coup en réclamant leurs avoirs, qui ne sont un potentiel qu'à la condition d'en user avec beaucoup de mesure : au mieux ces deux pays peuvent attacher un boulet aux pieds de leur débiteur. Un boulet pas trop gros. Mais durable...

J'aurais une plus grande confiance dans les indicateurs démographiques qu'utilise Todd, à ceci près qu'ils ont fait leur preuve dans les années 70 pour anticiper l'évolution d'un système fermé. Or les USA sont un système des plus ouverts...

L.
 
paul

03/01/2006
06:59
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Tiens tiens, Laurent, à propos d'une " toute petite période d'activité", je me souviens d'en avoir fait la remarque pour la dette française, mais, bien sûr dans ce cas l'argument ne vaut pas...; la mauvaise foi a la vie dure. C'est en tout cas la raison pour laquelle j'ai mis l'accent sur la dépendance virtuelle de Washington des avoirs nippons et chinois. Il est bien évident que seule une hostilité déclarée pourrait entraîner des conséquences dangereuses, mais la dépendance est bien là et bien réelle, avec ses conséquences quotidiennes (toutes les faiblesses de la diplomatie américaine envers la Chine).
Mais je me prononcerai lorsque j'aurai lu Todd que j'avais un temps confondu avec son (père?) Olivier au bon temps de l'Express et de France-Obs. J'attends l'ouvrage aujourd'hui même et vous en promets une rescension rapide.
salut et je te souhaite une année 2006 bien révolutionnaire (comme ce mot est vidé de sa substance, 2006 peut être révolutionnaire même pour le pire des conservateurs)
salut
pk
 
guydufau

05/01/2006
22:39
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

De mémoire, car j'ai prété le livre "Après l'empire", Emmanuel Todd explique que les USA n'ont plus les moyens d'être les gendarmes du monde : un budget militaire énorme, des armes non adaptées pour combattre l'ennemi [le terrorisme], de trop nombreux soldats à entretenir déssiminés sur la planète, un déficit commercial en constante augmentation, une paupérisation interne grandissante...
Depuis la sortie du livre tout les arguments développés par Emmanuel Todd se sont trouvés consolidés et sur le continent américain des alliances anti-USA surgissent...
Que vivent les nouveaux Zapata !
 
krank

05/01/2006
23:03
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Sauf, que les Zapata veulent etre payés en dollars americains.
C'est toi qui finance en payant le baril plus cher, et ton etat ne peut que se coucher puisqu'il a bati ses rentes sur les taxes petrolieres.
Quant au deficit commercial, c'est risible ton commentaire le Japon etant a des taux d'imposition qui lui permet de trouver les ressousrces neccessaires, idem pour les states et toi, tu fais quoi avec tes impositions cadencées au pas de l'oie de tes syndicats ? tu subis et tu raques.
allez Zapata d'operette prend ton seau ta pelle et va jouer sur la plage, essaie de vider la mer avec une cuillere tu trouvera l'effet pipallon au moment du beaujolais nouveau.
un balais de beaujolon ?
 
guydufau

06/01/2006
10:46
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

"Sauf, que les Zapata veulent etre payés en dollars americains."
Erreur : Chavez veut vendre son pétrole en euros et préfère l'utiliser pour aider les latino-américains plutôt que de le vendre aux ricains.
"Quand au....beaujolon?", c'est trop con !Et trop reconnaissable !
 
guydufau

14/01/2006
12:04
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Polo, as-tu oublié ton engagement du 3 janvier?
En attendant, est-ce qu'Emmanuel Todd avait développé cet argument :
Cela fait 9 ans que le salaire minimum USA est bloqué, il est à son plus bas niveau depuis 1955 : 8840 euros par an, très inférieur au seuil de pauvreté fixé à 16000 euros pour une famille de trois personnes. Le salaire minimum a été créé par Roosevelt en 1938 et fait partie de l'héritage social de la grande dépression.
Le nombre élevé des travailleurs pauvres est un signe de décadence des USA, bien évidemment.
 
paul

07/02/2006
08:54
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Pardonne-moi, mais je suis très occupé en ce moment, de quel engagement parle-tu ?
bien à toi
p
 
guydufau

07/02/2006
11:07
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Celui-ci, Polo :
"Mais je me prononcerai lorsque j'aurai lu Todd que j'avais un temps confondu avec son (père?) Olivier au bon temps de l'Express et de France-Obs. J'attends l'ouvrage aujourd'hui même et vous en promets une rescension rapide."
le 03/01/2006 à 6h59 sur ce fil.

Le livre d'Emmunuel Todd écrit paru en janvier 2004 est plus actuel que jamais.
Ciao, polo.
 
LN

07/02/2006
11:16
re : L'intervention du vampire aux canines velues

Ne peux-tu donc rappeler le titre ma Guytounette : étant donné que ni Emmanuel Todd ni Howard Zinn n'ont écrit de livre en 2004, Polo ne sait plus ce qu'il doit faire.

Il s'agit de la recension de "Après l'empire", paru en 2002.

L.


 
guydufau

16/02/2006
09:46
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

Ce fil va-t-il rester en rade,et rejoindre le Clem à Brest?Emmanuel Todd, dans son essai "Après l'empire" commence ainsi : en démographe, se basant sur des chiffres, il annonce la fin de l'anaphalbétisme vers 2030. Parallèlement suit un plus grand contrôle des naissances. Ces deux évolutions ont pour conséquence un progrès de la démocratie, c'est à dire l'inverse de ce que pensent les dirigeants actuels des Etats-Unis d'Amérique.

Pour poursuivre la lecture de l'essai d'Emmanuel Todd, je passe le relais à Polo, s'il le veut bien.
 
LN

17/09/2007
04:33
Automne 2007 - Nouvelle intervention d'E. Todd

Eh non ce fil ne reste pas en rade.

Depuis une semaine est disponible en librairie un nouvel essai d'Emmanuel Todd. "Le rendez-vous des civilisations", accueilli par un silence radio total, vu l'actualité obligée (rentrée etc). Mais ça ne saurait durer, car le livre est diffusé dans une collection à grand tirage et qui bénéficie de ses entrées dans les media qui compte (et surtout à France Culbute). Et puis l'homme étant un brin chéri des media, et le livre étant excellent, je pense qu'il faut prevoir une "vague médiatique Todd" dans les jours à venir.

Pour le moment, à ma connaissance une seule critique est parue : celle de Jean Birnbaum dans le Monde, qui salue la thèse tout en s'emmêlant les crayons dans les niveaux de causalité, et en taxant l'auteur sinon d'optimisme béat du moins d'un ethnocentrisme occidentaliste.

De mon point de vue le texte de Todd & Courbage est asolument excellent, malgré les zones d'ombre assez nombreuses et des raccourcis insatisfaisants. On y retrouve les deux types de raisonnement qui lui avaient permis de prévoir l'effondrement de l'URSS (cf à "la chute finale") et d'expliquer des disparités régionales (cf "l'invention de la France").

On y reconnait aussi le style intellectuel d'un homme qui n'a pas été formé en France mais à Cambridge : il place au premier plan les mécanismes fondamentaux, prend soin de hiérachiser ses variables, il replace les phénomènes d'abord dans le rythme lent de l'histoire et ensuite dans leur contexte multiforme (anthropologique, religieux, économique, politique) afin d'expliquer les divergences de l'histoire.

Ce livre et ses auteurs vont probablement recevoir quelques bastonnades modérées mais dans l'ensemble, et malgré de probables réfutations partielles, je crois que la thèse globale est juste.

Pour la Vague TOdd, accrochons-nous au palmier et attendons : m'est avis que ça va souffler...

LN
 
LN

17/09/2007
04:36
Critique du livre

Ah voici le lien de la critique de Birnbaum :

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3260,36-951789@51- 946828,0.html

 
Zx

18/09/2007
11:03
re : L'intervention d'Emmanuel Todd

A noter : Todd chez Bourmeau ce matin.
 
Senga

18/09/2007
11:30
DLA du mardi

Qui parle :

"Ben Laden est responsable de milliers de morts, mais George Bush en Irak est responsable de centaines de milliers de morts"

?

Qui parle, et de qui :


« le penseur européen qui a anticipé la chute de l’Union Soviétique (…) Il vous serait bénéfique de lire ce qu’il a écrit au sujet de ce qui advient après l’empire, pour ce qui concerne les Etats-Unis d’Amérique »

??
 
LRDB

18/09/2007
14:17
avant d'ecouter La Suite dans les idees

Ah, merci d'avoir signalé cette émission, que j'aurais certainement loupée, fort occupé que je suis à boycotter les vocalises de Bourmeau.

Concernant les thèses un peu lourdement économiques de ses deux livres de la période 98-2002, à savoir "L'illusion économique" et "Après l'empire", il est encore un peu tôt pour les avaliser, et hélas l'auteur s'y aventure sur un terrain qu'il déclare ne pas connaitre : l'économie. Cela dit, on peut débarquer en néophyte et devenir un orfèvre. C'est ce que fit, dans un autre domaine, notre cher Jean-Marie Borzeix quand, parachuté à la tête de France-Culture par Jean Noel Jeanneney, sa première déclaration fut qu'il ne connaissait rien à la radio. La suite de l'affaire a montré que des néophytes font parfois du bon travail. Quelques successeurs plus tard, on peut aussi remarquer qu'un autre néophyte ne renouvelle pas l'exploit de Borzeix. Tout ceci pour désamorcer d'avance les jugements niaisement systématiques qui, je pense, pourraient bien fleurir dans ce fil fait pour accueillir aussi bien les militants que les gens qui réfléchissent.

Réfléchissons, donc. D'abord sur le parcours de l'auteur/chercheur. Une dizaine de livres en 30 ans. Il y a un Todd scientifique, expert de l'histoire des mentalités, qui s'aventure dans la prévision avec des bonheurs divers. Et il y a un Todd qui souscrit à la tentation satirique : les premiers chapitres de "Après l'empire" sont à ce titre une assez belle réussite, au ton savoureusement pamphlétaire, et une lecture tonique. De mon point de vue, les prises de position de Todd contre Bush avaient surtout l'intelligence de ne pas être niaisement anti-américaines. De façon générale, le livre n'a pas trop été récupéré par des imbéciles ne sachant pas lire, car les thèses de Todd sont tout aussi acides contre les Altermondialistes que contre les partisans de Bush. C'était une sorte de réaction anti-droite, comme le sont ses actuelles prises de position anti-sarkozy. Je ne suis pas certain, cela dit, d'apprécier sa façon de liquider les forces politiques françaises qu'il n'aime pas : son mépris arrogant pour tout le mouvement alter, son anti-sarkozysme un peu primaire (alors que lui-même aborde rarement la politique française sans tomber dans les travers même qu'il dénonce, à savoir désigner des coupables), enfin ses prises de position contre le FN n'ont pas été des plus heureuses : dans ses interventions à la télé lors des législatives de 1985, il prévoit que le FN ne durera pas. Beau plantage.

Mais passons. Une fois saluée sa veine satirique, savoureuse et tonique, on peut aussi préférer la part strictement scientifique de son travail. Il n'y a pas une once de pamphlet dans "L'invention de la France", ni dans "Le destin des immigrés", et pas plus dans son analyse des mutations du système politique français ("La nouvelle France", livre injustement oublié selon moi). Le livre qui vient de paraitre appartient à cette veine : les raisonnements sont à la fois simples, inhabituels, perspicaces, et solidement étayés. Ils donnent prise à la discussion scientifique et à ce titre, ils devraient échapper à la polémique enflammée qui empoisonne habituellement les discussions politiques entre tenants des divers camps. Je pense que le préchi-précha de l'esprit militant qui pourrit tant de discussions en France, ne pourra pas grand chose contre "le rendez-vous des civilisations", auquel on peut prévoir une assez belle carrière, peut-être même à titre d'exemple : comment développer un propos utile et éclairant sur les bouleversements du monde actuel, sans tomber dans les errements de la guéguerre des "idées" (finalement je mets le mot entre guillemets, c'est plus sûr).

LRDB
 
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