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Henry Faÿ

24/06/2007
12:34
La prochaine fois, je vous le chanterai

Philippe Meyer a inauguré une nouvelle formule de son émission la prochaine fois je vous le chanterai dans laquelle l'invité est un invité collectif, une classe de lycée, cette fois-ci, c'était le lycée Saint-Joseph de Bruz en Ille et Vilaine. Les élèves de cette classe ont donc été invités à commenter une chanson texte de Jean-Roger Caussimon, mise en musique de Léo Ferré Monsieur William.

Je fais un cop'coll des paroles de cette chanson:

C'était vraiment un employé modèle
Monsieur William
Toujours exact et toujours plein de zèle
Monsieur William
Il arriva jusqu'à la quarantaine
Sans fredaine
Sans le moindre petit drame...
Mais un beau soir du mois d'août
Il faisait si bon, il faisait si doux
Que Monsieur William s'en alla
Flâner droit
devant lui
au hasard
et voilà !...

-Monsieur William ! Vous manquez de tenue !
Qu'alliez-vous fair' dans la treizième av'nue ?...

Il a trouvé une fill' bien jeunette
Monsieur William
Il lui a payé un bouquet de violettes
Monsieur William
Il l'a suivie à l'hôtel de la Pègre
Mais un nègre
A voulu prendre la femme...
Monsieur William, hors de lui
Lui a donné des coups de parapluie
Si bien que l'autre, dans le noir
Lui a coupé le cou
en deux coups
de rasoir...

-Monsieur William ! Vous manquez de tenue !
Qu'alliez-vous fair' dans la treizième av'nue ?...

Il a senti que c'est irrémédiable
Monsieur William
Il entendit déjà crier le Diable
-Monsieur William !
Mais ce n'était que le chant monotone
D'un trombone
Chantant la peine des âmes
Un aveugle, en gémissant
Sans le savoir, a marché dans le sang
Et dans la nuit, a disparu...
C'était p't-êtr'
le Destin
qui marchait
dans les rues...

-Monsieur William ! Vous manquez de tenue !
Vous êtes mort... dans la treizième av'nue !...

À peine croyable la platitude, le conformisme moralisant, la faiblesse des commentaires de ces élèves. Ils n'y ont rien compris. comme si c'était un fait divers réel. Que c'est triste, ont-ils dit, cette histoire un homme de quarante ans qui est un employé modèle qui cherche à voir une prostituée et qui...
Ce qu'ils n'ont pas compris: le côté satirique très daté de la société américaine, années cinquante probablement où un employé se devait d'être convenable..."Monsieur William, vous manquez de tenue"
le côté poétique, fantastique de ce court texte, avec une vision du diable qui n'est qu'un trombone, un aveugle qui représente le destin...

 
Monsieur William

24/06/2007
20:10
monsieur henry vous manquez de tenue...

...qu'alliez-vous faire
en dehors de Fance-Cu ?
 
Henry Faÿ

24/06/2007
20:41
c'est pas d'ma faute

C'est pas d'ma faute s'il faut jongler avec les fréquences pour avoir Philippe Meyer de 10h10 à midi tous les dimanche matin.

 
AArgh !!!

25/06/2007
12:37
re : La prochaine fois, je vous le chanterai

Je me suis fait la même remarque à plusieurs reprises, Henry. Et je me suis demandé en outre quel était le rôle du prof dans cette histoire, juste là pour arbitrer des débats bidons ? Il aurait pu leur expliquer le contexte et le sens, l'aspect ludique de la chanson, avec son sautillement, et les références à la complainte, ça nous aurait évité bien des sottises. Et l'emploi erroné de termes comme "péjoratif" que Meyer a corrigé l'air de rien en "pessimiste" (il me semble), hyper caractéristique de cette langue trissotino-béante que parlent et écrivent les candidats au bac à lauréat (sic...). J'espère que les prochains invités (je n'avais entendu que c'était une nouvelle formule) seront des gens qui manient une langue savoureuse...

 
Henry Faÿ

26/06/2007
17:06
les lycéens et la chanson des années cinquante

Je suis allé réécouter l'émission.

Voici en gros ce que les lycées de la première L du lycée Saint Joseph de Bruz ont dit:

<<Une histoire consternante, pitoyable. Caussimon, il s'en moque du type. Un homme qui travaille, ça ne donne pas le moral.
On n'était pas d'accord, ça c'est clair.
Il a cherché à briser sa solitude, il n'a même pas réussi avec une prostituée
un gars pitoyable, avec bedaine (ils ont confondu bedaine et fredaine).
C'est mieux d'aller voir une prostituée que de violer une petite fille. Comme si le thème de cette chanson était des avantages et des inconvénients de la prostitution!
Un type: après avoir entendu ça, j'ai envie de me laver les mains. C'est gluant. Coups de rasoir, c'est quelque chose d'extrêmement malsain.

Philippe Meyer: oui, il y a l'histoire mais il y a la manière dont c'est raconté...
réponse évidemment, c'est très tythmé, très martelé. Le piano donne toute l'intensité, toute la violence.

Voilà!!!!!! Ils sont passés à côté de presque tout, tout leur a échappé. L'ambiance fantastique, le côté humour noir, la satire sociale, la charge contre le "cauchemar climatisé", une société pour qui une employé modèle est un employé qui n'a jamais eu de fredaine, mais fredaine est un mot qu'ils connaissent si mal qu'ils entendent bedaine, l'enfermement dans une vie trop bien rangée à l'horizon limité par les gratte-ciels. Ils absolument n'ont pas perçu la tendresse de Jean-Roger Caussimon pour son héros, l'ironie du "vous manquez de tenue". Quelque peu consternant, pour reprendre leur mot. Et les temps changent. Il y a quelques décennies, ils auraient été intarissables sur l'horreur de la vie américaine et du capitalisme aliénant.
Ce qui est marrant c'est qu'avec beaucoup de hauteur, ils avaient juste avant présenté la chanson de Brassens dont le sujet était "les cons", un sujet universel, ont-ils dit.
Ils ont quand même évité le piège de dire, peut-être le temps leur a-t-il manqué de dire que c'était une chanson raciste.

 
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