Discussions annexes, bavardages politiques, hors-sujet divers... (archives 3003-2008)

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Henry Faÿ

19/03/2007
23:36
Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???


Comme j'aime bien que ça ne soit pas trop le foutoir sur ce forum, je crée un fil où je place un cop'coll de la discussion assez chaude sur Friedrich Nietzsche, qui au premier degré est absolument infréquentable, au deuxième encore plus, au troisième pas moins, et ainsi de suite mais pour ceux qui auront le courage de lire ce fil, on verra que les avis sont partagés.

****************************************************
Henry Faÿ 17/03/2007
14:12 antilibéral défenseur du capitalisme

Un jour ou l'autre, mais je ne suis pas trop pressé de le faire, j'irai faire un tour sur le blog du philosophe hédoniste, en attendant, j'avais lu il y a un mois et demi une discussion de lui avec Philippe Raynaud publiée dans le Nouvel Obs. Cela m'avait inspiré le message suivant, envoyé dans le fil José Bové candidat et daté du Ier février que je reprends:

Michel Onfray, dans un débat avec Philippe Raynaud publié dans le nouvel obs du 25 janvier (couverture abbé Pierre) dit qu'il est pour le capitalisme et contre le libéralisme
Voici la citation exacte:
<<Cette extrême gauche plurielle confond capitalisme et libéralisme. Or le capitalisme est un mode de production des richesses par la propriété privée et le libéralisme une modalité des leurs répartition par le marché libre. On peut donc (?) être, ce qui est mon cas, antilibéral et défenseur du capitalisme.>>

Ciel! Du capitalisme sans libéralisme, c'est comme un oiseau à qui on aurait coupé les ailes. Rien de plus ringard, rien de plus antiéconomique, rien deplus régressif. Il suggère que les capitalistes n'auraient pas accès au profit qu'ils ont dégagé, quel bon moyen de les inciter à prendre des risques! Il veut dire que le capitalisme pourrait être autant qu'on voudrait corseté par des réglementations étatiques et corporatistes. Il ne se rend pas compte que c'est à peu près la doctrine des fascistes italiens, des partisans du régime de Vichy et du général Franco et sans doute aussi celle des Chinois actuellement au pouvoir. Quand on se dit de gauche, ça ne tient pas la route. Ce n'est pas la seule contradiction du philosophe hédoniste. Déjà, hier dans l'émission de Brice et Julie, ils avaient bien dit qu'être nietzschéen et de gauche, c'était quand même assez curieux, même si ça s'est beaucoup fait, quand on sait tout ce que Nietzsche a dit contre le peuple, contre les faibles et les malades qu'il faut éliminer parce qu'ils font de l'ombre aux vrais aristocrates etc. etc. Cette émission perturbée par l'absence de Jean-Pierre Faye mériterait d'être commentée.


shhh 17/03/2007
17:14 re : Onfray
"...quand on sait tout ce que Nietzsche a dit contre le peuple, contre les faibles et les malades qu'il faut éliminer parce qu'ils font de l'ombre aux vrais aristocrates etc. etc."

Encore un pré-digéré de philosophie qui a frappé. Et sans doute pas le plus éclairé.
Ce que dit Nietsche, c'est juste l'inverse. Il entre dans le destin de tout homme d'être tel un aristocrate, ou du moins dans ce qu'on prête de grandeur à un aristocrate. Tout est dans le désir, et non dans la catégorie. Rien ne permet d'assimiler à la notion moderne et méprisante de "peuple", l'objet de la critique de Nietsche. Il y a au contraire un amour réel et très profond pour l'homme, au point d'attendre de lui de se surpasser, parce qu'il lui prête ce potentiel.
Une fois de plus on confond Nietsche avec les caricatures qu'ont pu en donner des politiques, de même qu'on confond Marx avec les idéologies qui s'en sont recommandées.
C'est ce que moi, j'appelle de la propagande au pire, de la demi, ou même du quart, de vérité au mieux.

Henry Faÿ 17/03/2007

18:54 lisez le un peu et vous verrez
Je n'avais pas l'intention de me donner trop de mal pour trouver une citation qui contredise les affirmation qui précèdent, je n'ai eu qu'à ouvrir mon livre au hasard et voici ce que j'ai trouvé:

par delà le bien et le mal
**************************
neuvième partie qu'est-ce qui est noble?
chapitre 264
<<Il est impossible qu'un homme, même en dépit des apparences, n'ait pas dans son corps les qualités et les préférences de ses parents et de ses ancêtres. C'est le problème de la race. (...) Il est permis d'en tirer des conclusions sur l'enfant: une écoeurante impuissance à se maîtriser, une jalousie sournoise, une façon grossière de se donner toujours raison - ces trois particularités réunies ont de tout temps caractérisé le véritable type plébéien - doivent se transmettre à l'enfant aussi inévitablement qu'un sang vicié...
(...)
À notre époque très populaire, je veux dire populacière, l'éducation et la culture doivent être nécessairement et essentiellement l'art de faire illusion, de dissimuler aux regards l'origine roturière, la populace qu'on a héritée dans son corps et dans son âme... etc etc.

chapitre 265
Au risque de choquer des oreilles innocentes, je pose en fait que l'égoïsme fait partie de l'essence de l'âme noble, j'entends cette croyance inébranlable qu'il faut qu'à un être "tel que nous", d'autres soient nécessairement soumis par nature, et qu'ils doivent se sacrifier à nous. L'âme noble accepte son égoïsme comme un fait sans se poser aucune question (...) elle l'accepte comme une particularité qui doit sans doute avoir sa raison dans la loi primordiale des choses. Si elle cherchait à lui donner un nom, elle dirait que "c'est la justice même".>>
etc etc etc des centaines de pages



shhh 17/03/2007
19:03 re : Onfray
Ouais, tout dépend quelle intention on a en lisant ces phrases. Mais le 1er degré peut difficilement permettre une lecture de Nietsche. Sauf si on en décide ainsi pour des raisons orientées.
On peut entendre aussi, et c'est comme ça que je le perçois, une critique extrêmement virulente envers le goût, somme toute vulgaire, de faire dans la culture, le patrimoine, et en général toutes les formes mortes de l'art et de la vie.
Mais je me doute bien que vous ne perceviez pas ça de la même façon, et c'est bien pourquoi je vous disais un jour que je ne parlerai jamais d'art avec vous, tant les évocations que vous en faites ont un goût de chair morte.

Henry Faÿ 17/03/2007

20:14 sans commentaire

Je n'ai aucune intention particulière. Je l'entends comme c'est écrit, je n'ai fait que recopier ce texte très clair et n'ai pas ajouté de commentaires. Je ne sais pas à quel degré on peut échapper au sens de ce texte dont il ressort que le type plébéien est comme un "sang vicié" c'est-à-dire héréditaire, qu'à ceux qui ont "l'âme noble", les autres sont "soumis par nature" et "qu'il n'y a même pas de question à se poser". Si vous avez une grille de lecture qui fait apparaître un autre sens, dites la moi.



shhh 17/03/2007
21:04 re : Onfray

Et ce que vous ne semblez ou ne voulez pas comprendre du tout, c'est :
1. Nietsche est un poète plus qu'un philosophe
2. ce qu'il tente de poser, comme le titre l'indique, c'est une société qui va au delà du bien et du mal, qui veut placer l'homme au centre du monde, et que les relations qui en découlent soient d'homme à homme, et plus de soumission réciproque. Il commence par faire ce fameux travail du négatif, déjà cher à Hegel, qui consiste à détruire par la critique toutes ces valeurs portées aux nues alors même que les raisons qui les avaient fondées ont disparu. Il refuse lui plus que tout autre cette fameuse moraline tant dénoncée sur ce forum. Il parle de la condition dont nous devons sortir. Celle de l’enfant qui n’est qu’instinct, celle de la plèbe, qui n’est que veulerie. Celle d’une morale de soumission dont nous avons été nourris.
Il parle de l’état auquel nous pourrions parvenir. Je ne vois pas parler du peuple, mais de la populace dont vous comme n’importe qui, comme lui, comme moi, a de la peine à s’extirper. La populace, c'est une façon d’être, à laquelle il oppose l’élan de qui veut dépasser sa misérable condition.
Ce patrimoine culturel bien rangé dans son petit musée, et dans lequel tout l’élan de la vie a disparu, voilà ce qu’il dénonce déjà.
On ne peut pas lire Nietsche en donnant au mot race tel qu’il l’entend (la race humaine) le sens qui lui est donné actuellement.
Nietche c’est au contraire l’affirmation que la révolte est possible, avec pour but ce qu’il appelle « l’âme noble » même si tout, héritage judéo-chrétien, dominations de toutes sortes, impératifs proclamé, pragmatisme comme vous dites, semble l’interdire.
Mais pour parler de ce devenir, il faut bien parler de l’étant, non ?
Votre façon de saucissonner les textes, comme quand vous répondez à quelqu’un sur ce forum, est sans doute la pire façon de lire Nietsche. Quand un écrivain écrit un roman, un essai, et surtout en allemand d’ailleurs, l’œuvre ne prend son sens que quand tout est bouclé. C’est seulement là que l’esprit y souffle. Et l'esprit ne se perçoit pas au moyen d'une grille de lecture.


Clopine Trouillefou 17/03/2007
21:49 re : Onfray

et l'étant t'accule, sans aucun doute, shh...

Henry Faÿ 17/03/2007
23:15 le texte

Mais vous tordez un texte qui n'en demande pas tant. Moi je respecte les textes et ne leur fais pas dire ce qu'ils ne disent pas parce que ça m'arrange. Pas de moraline, c'est effectivement le moins qu'on puisse dire mais une morale qui se veut celle des aristocrates. Il y a en quelques lignes une telle accumulation de mots péjoratifs pour le populaire qu'on ne peut avoir aucun doute: populaire, populacière, origine roturière qu'il faut dissimuler(là, c'est vraiment clair, il ne s'agit pas d'une métaphore) mais surtout "sang vicié" (!). Et puis cette idée que la vraie morale de ceux qui ont "l'âme noble", ceux qui sont "tels que nous" est, "même si ça doit choquer" de pratiquer sans état d'âme l'égoïsme et de soumettre ceux qui n'ont pas cette âme noble, ceci devant se sacrifier car telle est la loi primordiale des choses, c'est "la justice même".



shhh 18/03/2007
07:38 re : Onfray

Je ne tors rien du tout. Nietsche parle de l'âme, ou de l'esprit, il ne fait pas de sociologie. Quand au "sang vicié", traduit comme vous par les nazis, je ne l'entends pas ainsi. Tant d'expressions utilisent le sang pour parler du courage, ou de la lâcheté, surtout à cette époque. Quand on parle actuellement d'un grand coeur, j'imagine quand même qu'on ne veut pas dire que le poids en g du coeur soit un critère de générosité. C’est bien l’idéologie nazie qui a donné à l’expression son sens catastrophique, et c’est cette compréhension là que vous voulez retenir.
Vous prônez tout au long des fils la liberté d'entreprendre au motif que la somme des égoïsmes des entrepreneurs aboutit à une société plus riche. Vous multipliez les raisons qu'on doit avoir à se soumettre aux lois du marché. Certes vous n'utilisez pas les mots populace, mais vos incitations à obéir à une soi disant réalité intangible, sont bien plus injurieuses que l'utilisation du mot populace sous la plume de Nietsche, qui lui, ne fige pas l'être des gens à leur position sociale, au travail qu’ils doivent fournir, et ne mesure pas la valeur d’un homme à sa productivité ou à son niveau d’études.
Nietsche, qui n'était pas un économiste, prône l'égoïsme comme on un amour de soi même qui incite à s'élever, non dans la société, mais dans son âme. Il désigne la soumission comme une honte, et sur ce point on ne saurait lui donner tort.
Il y a une hypocrisie qui consiste à aimer le peuple sous réserve qu'il reste le peuple, c'est à dire bien obéissant. Voilà ce qu'il dénonce, en disant, si c'est comme ça que le peuple se voit, qu'il reste donc ce troupeau passif dont on peut tout obtenir.


Henry Faÿ 18/03/2007
08:57 si les mots ont un sens

Reprenons ce texte:

<<Il est impossible qu'un homme, même en dépit des apparences, n'ait pas dans son corps les qualités et les préférences de ses parents et de ses ancêtres. C'est le problème de la race. (...) Il est permis d'en tirer des conclusions sur l'enfant: une écoeurante impuissance à se maîtriser, une jalousie sournoise, une façon grossière de se donner toujours raison - ces trois particularités réunies ont de tout temps caractérisé le véritable type plébéien - doivent se transmettre à l'enfant aussi inévitablement qu'un sang vicié.>>

Je lis bien que la transmission héréditaire des caractéristiques est inéluctable et que c'est ce qui définit la race qui repose sur cette transmission. "Transmettre à l'enfant". Ou bien je ne sais pas lire, ou bien il s'agit de transmission héréditaire, la transmission à l'enfant, c'est la transmission héréditaire, dans ce contexte, selon lui l'éducation n'est qu'un masque pour faire illusion et pour enfoncer le clou le philosophe emploie le terme "sang vicié" qui est bien une métaphore, ce n'est pas le liquide qui coule dans les veines et les artères, c'est la métaphore de la transmission héréditaire, métaphore très courante que tout le monde comprend. Sang vicié, ça veut dire mauvaise hérédité.

<<À notre époque très populaire, je veux dire populacière, l'éducation et la culture doivent être nécessairement et essentiellement l'art de faire illusion, de dissimuler aux regards l'origine roturière, la populace qu'on a héritée dans son corps et dans son âme.>>

Origine roturière c'est écrit, je n'y peux rien, une nouvelle fois, ce texte est d'une clarté totale, aucune ambiguité ne peut être invoquée, c'est bien de la transmission qu'il s'agit. Si j'ai une origine roturière, c'est le cas, ça veut dire que mes parents, mes grands parents etc etc étaient des roturiers et non des nobles.

<<Au risque de choquer des oreilles innocentes, je pose en fait que l'égoïsme fait partie de l'essence de l'âme noble, j'entends cette croyance inébranlable qu'il faut qu'à un être "tel que nous", d'autres soient nécessairement soumis par nature, et qu'ils doivent se sacrifier à nous. L'âme noble accepte son égoïsme comme un fait sans se poser aucune question (...) elle l'accepte comme une particularité qui doit sans doute avoir sa raison dans la loi primordiale des choses. Si elle cherchait à lui donner un nom, elle dirait que "c'est la justice même".>>

Moi, je dirais que c'est l'altruisme qui fait partie de l'âme noble si on veut bien donner un sens à ce terme et l'égoïsme qui caractérise l'âme "ignoble". Je ne vois pas si on n'est pas dans un système de valeur imprégné d'idéologie aristocratiste extrémiste comment on peut défendre que ceux qui n'ont pas l'âme noble peuvent avoir à se soumettre et à se sacrifier à d'autres qui ont pour eux le plus écrasant mépris. Une nouvelle fois, vous me direz que je ne sais pas lire, pourtant, les mots ont un sens. Notez que Nietzsche écrit soumis par nature, et non par inclination, par choix personnel, ce qui serait une manifestation de la liberté mais la liberté dans ce court texte semble niée par cette notion qu'il faudrait approfondir de "loi primordiale des choses".
On peut toujours s'en prendre à la traduction. Le traducteur est Henri Albert, traduction révisée par Jean Lacoste. Collection Bouquins.


shhh 18/03/2007
09:39 re : Onfray

Je persiste à prétendre que Nietsche met en avant la volonté de se surpasser opposée au lourd passif dont nous héritons. Que celui ci tienne à l'éducation ou à une hérédité physiologique, il met tout ça dans le même panier, et je crois qu'actuellement encore c'est le cas, et on n'en sait pas beaucoup plus qu'à son époque sur l'hérédité.

Il veut opérer un retournement, en chassant les valeurs communément prônées par toutes les morales, et en plaçant au centre la volonté et le désir. L'altruisme auquel il s'oppose est le pis aller imposé pour supporter l'injustice de nos sociétés. C'est pour ça qu'il espère refonder à partir de l'égoïsme, une sorte de rencontre au sommet, qui se substituerait à la peur de l'autre. A mon sens il n'évoque pas une "idéologie aristocratique extrémiste" qui me semble plutôt anachronique comme concept, mais un état de liberté et de dépassement qu'à tort ou à raison on attribuait à l'aristocratie; celle-ci affranchie des contraintes sociales par son absolue impunité ne pouvait poursuivre comme but que le dépassement de soi-même. C'est une aristocratie rêvée (c'est pour ça aussi que je dis que Nietsche est plus un poète qu'un philosophe), mais ce sont ces valeurs là qu'il veut avancer, le préambule étant qu'à l'opposé il y a la roture et la populace, tous dans la merde en somme, et sortons de là, il n'y a rien d'inéluctable face à la volonté et au désir.
Evidemment pour qui veut faire une lecture au mot à mot, la dérive est terrifiante. Mais pour qui va écouter l'anneau des Niebelungen, et le prendrait au mot à mot, sa lecture serait tout aussi terrifiante.

shh 18/03/2007
09:50 re : Onfray

Affranchir les hommes de la morale à laquelle ils n'ont fait que se soumettre, c'était un beau projet. C'était une preuve de confiance en ce qui pourrait fonder notre humanité, fort éloignée de nos peintures en grisé, qui disent qu'il y a du bon et du mauvais en chacun de nous, et qu'il faut faire avec. Ce qui est quand même très affligeant.C'est peut-être même paradoxalement sur cette triste constatation que nous voyons renaître toutes les religions et tous les sectarismes. Et que notre altruisme est toujours limité par l'idée qu'on ne peut pas accueillir tout le monde, on n'a pas les moyens, etc...
Enfin ça, c'est un autre développement, plutôt une réflexion personnelle.

Henry Faÿ 18/03/2007
12:26 dérisoire et terrifiant


<<Je persiste à prétendre que Nietsche met en avant la volonté de se surpasser opposée au lourd passif dont nous héritons. Que celui ci tienne à l'éducation ou à une hérédité physiologique, il met tout ça dans le même panier, et je crois qu'actuellement encore c'est le cas, et on n'en sait pas beaucoup plus qu'à son époque sur l'hérédité.>>

C'est possible il faudrait citer les pages, en attendant, il exprime un mépris écrasant à l'égard de ces plébiens qui n'ont pas eu la chance d'avoir une bonne hérédité, qui ont un "sang vicié", comme il dit gentiment.

<<Il veut opérer un retournement, en chassant les valeurs communément prônées par toutes les morales, et en plaçant au centre la volonté et le désir.>>

Chasser les valeurs prônées par toutes les morales, vous avez bien dit toutes les morales, ça va loin et placer au centre la volonté et le désir, oh la la, quel programme chère amie, à la fois dérisoire et terrifiant! Dérisoire si ce ne sont que des mots, terrifiant si on le met en pratique. Qu'il rencontre quelques échos à notre époque un peu folle n'est pas pour m'étonner. Avez-vous quelque estime pour les gens qui mettent en avant leur désir (leur petite queue pour les hommes) ou bien leurs ambitions et leur goût du pouvoir au détriment de la morale? N'est-ce pas la position bien théorisée par Donatien de Sade? Sans en arriver aux extrémités du divin marquis, la mise en avant du désir, c'est l'hédonisme ravageur de notre époque que défend si vaillement Michel Onfray non sans ambiguités, j'en ai parlé dans ce forum, car il mélange allègrement plaisir et bonheur, je pourrais ressortir le fil en cas de besoin.


<< L'altruisme auquel il s'oppose est le pis aller imposé pour supporter l'injustice de nos sociétés. C'est pour ça qu'il espère refonder à partir de l'égoïsme, une sorte de rencontre au sommet, qui se substituerait à la peur de l'autre.>>

Mais c'est une erreur totale de perspective! Imaginer qu'une société pourrait être assez juste pour que l'altruisme devienne inutile est une illusion très naïve. Il est juste de critiquer l'altruisme en s'appuyant sur le fait qu'il n'est jamais très difficile de démontrer que l'altruisme n'est jamais si altruiste que ça, que les gestes altruistes ont toujours, ou presque, des motivations égoïstes, oui car les gestes altruisme flattent le moi. Personnellement, je connais des gens qui pratiquent l'altruisme, c'est peu dire que je les estime, plus croyez le que Michel Onfray et ceux qui l'applaudissent dans les amphis, je considère que ceux qui pratiquent l'altruisme font un travail extraordinaire et que sans eux, la société serait parfaitement invivable. Critiquer l'altruisme, ça se défend, faire l'éloge de l'égoïsme est proprement scandaleux, philosophiquement une impasse totale. L'égoïsme est de toutes façons quelque chose de haïssable. L'égoïsme fait beaucoup de mal. L'égoïsme doit être combattu, dans la vie courante comme en philosophie. On m'opposera peut-être le non agir des orientaux mais ce n'est pas ma philosophie et ce n'est pas à proprement parler de l'égoïsme, le non-agir ayant selon ces philosophies une force plus grande que l'action.


<<A mon sens il n'évoque pas une "idéologie aristocratique extrémiste" qui me semble plutôt anachronique comme concept, mais un état de liberté et de dépassement qu'à tort ou à raison on attribuait à l'aristocratie; celle-ci affranchie des contraintes sociales par son absolue impunité ne pouvait poursuivre comme but que le dépassement de soi-même. C'est une aristocratie rêvée (c'est pour ça aussi que je dis que Nietsche est plus un poète qu'un philosophe), mais ce sont ces valeurs là qu'il veut avancer, le préambule étant qu'à l'opposé il y a la roture et la populace, tous dans la merde en somme, et sortons de là, il n'y a rien d'inéluctable face à la volonté et au désir.>>


Une "idéologie aristocratique extrémiste" n'était pas si anachronique que ça à l'époque où Nietzsche écrivait, tous les pays d'Europe étaient alors des monarchies et il pourrait y avoir chez le philosophe une nostalgie de l'ancien régime, les spécialistes le confirmeront ou pas. Une aristocratie rêvée, c'est bien suspect. Il écrit bien dans son chapitre 265 de par delà le bien et le mal que ceux qui n'ont pas l'âme noble doivent soumission et sacrifice à ceux qui ont cette noblesse. Je me demande quelle soumission et quel sacrifice on doit à qui que ce soit, à moins que ça ne soit un choix personnel, ce dont il n'est pas question dans ce texte, sur ce point avez-vous une idée? L'aristocratie on peut en rêver mais c'est la classe qui jadis était dépositaire des valeurs guerrières (Michel Onfray n'y est pas si étranger car un jour il a regretté que le duel soit tombé en désuétude) et se trouve dispensée de travailler tout en accaparant le plus de richesses. Tout ça est très à gauche, comme vous voyez.


<<Evidemment pour qui veut faire une lecture au mot à mot, la dérive est terrifiante.>>

Lire, c'est lire mot à mot, si on ne lit pas mot à mot, on ne lit pas.

<< Mais pour qui va écouter l'anneau des Niebelungen, et le prendrait au mot à mot, sa lecture serait tout aussi terrifiante.>>

L'anneau des Niebelung, c'est une fiction, mais aussi un véritable cours de morale tout à fait traditionnelle, qui ne prône pas l'égoïsme bien au contraire mais le sacrifice; les héros sont des héros, les traîtres sont des traîtres, ils sont châtiés. L'amour est exalté. Nietzsche et Wagner... Quel immense sujet! Merci d'avoir écrit "jamais d'art avec vous, tant les évocations que vous en faites ont un goût de chair morte". Sur Nietzsche et Wagner, je pourrais vous faire mentir. Cette semaine, dans les vendredi de la philosophie, ils ont évoqué la mémoire de Philippe Lacoue-Labarthe, récemment disparu. L'émission était ennuyeuse, ou bien je ne l'ai pas bien écoutée. Ils auraient mieux fait de repasser la série d'émissions sur Nietzsche et Wagner dont Philippe Lacoue-Labarthe était l'auteur. On n'est pas si loin que ça de notre discussion. Nietzsche a dit: "Wagner nous avait promis de ressusciter la tragédie grecque, et qu'est-ce qu'il nous fait? La messe!"



shhh 18/03/2007
16:23 re : Onfray

Cher ami, dès que je serai un peu moins bourrée je ne manquerai pas de répondre point par point à tous vos arguments. Comme je n'hésitais pas en classe à faire des dissertations pour avoir de bonnes notes.(En fait je vais vous dire, je faisais semblant et ça suffisait au prof).

Mais quand même, quand même, on ne peut vraiment pas suspecter Nietsche de nostalgie pour l'ancien régime. On peut lui en vouloir d'avoir permis que ce qu'il disait soit par la suite détourné, mais n'est ce pas, ça ne nous dispense pas de faire l'effort d'entrevoir ce qu'il voulait réellement dire ? Et surtout convenir de ce mérite d'avoir tenté de une pensée à rebours des propos lénifiants dont regorgent la littérature et la philosophie bien pensantes.

Juste un mot, si effectivement on ne doit soumission à personne, pourquoi allons nous voter ? et déléguer ainsi ce qui nous reste de sens politique à des professionnels qui ne nous représentent pas.
Et puis quand même un autre mot encore, quel rapport a cette discussion, ou Nietsche plus précisément, avec un étiquetage présumé obligatoire entre droite et gauche ?

A plus.

shhh 18/03/2007
18:48 re : Onfray

Reprenons.

"Chasser les valeurs prônées par toutes les morales, vous avez bien dit toutes les morales, ça va loin et placer au centre la volonté et le désir, oh la la, quel programme chère amie, à la fois dérisoire et terrifiant!"

Mon propos n'est pas de dire de Nietsche si le chemin qu'il suit est le bon ou non. Mais il veut en tout cas affranchir l'homme de la morale. Dérisoire ou effrayant, ça, c'est à chacun de faire son choix. Quoiqu'il en soit ce n'est certainement pas une philosophie hédoniste, au sens où vous l'entendez, car elle met en avant l'effort. Le désir qu'il évoque n'est pas celui qui est commun, ce n'est pas le plaisir du pouvoir ou du cul, c'est encore une fois, celui du dépassement de soi. J'aurais du parler de volonté, et non de désir, pour éviter la confusion. Sa critique de l'altruisme concerne l'acception courante du mot. Donner une piécette, accepter la misère en la subventionnant juste assez pour qu'elle perdure. Et l'égoïsme doit être entendu comme la fierté de soi-même, indispensable pour aimer l'autre.
J'ignore si Nietsche a jamais indiqué s'il était de droite ou de gauche, comme peut le faire Onfray, mais ça me surprendrait qu'il y ait même jamais songé.

"Lire, c'est lire mot à mot, si on ne lit pas mot à mot, on ne lit pas."

Oui, enfin c'est l'apprentissage de la lecture. L'analyse, la compréhension, elle, ne peut se contenter du mot à mot. (Et je ne parle même pas de la traduction qui forcément altère un texte). Je crois que pour ce qui concerne Nietsche, il faut vraiment envisager toute son oeuvre, qui place les Grecs au centre de sa réflexion. Le panthéon grec est la représentation des hommes, partagés entre raison et passion. Peut-on et doit-on résoudre ce dilemme, voilà ce qu'il pose. Et l'aristocratie, ne saurait être sous sa plume autre chose qu'une idée de l'aristocratie. Fils de pasteur, ça m'étonnerait qu'il se soit intéressé à l'aristocratie autrement qu'a travers des valeurs qu'il voulait lui prêter, et sans regard à sa véritable nature.

Je connaissais son jugement au sujet du Ring. Je croyais pouvoir me dispenser de rappeler l'usage qui a été fait de Wagner chez les nazis. Au moins autant que Nietzsche. et peut-être avec plus de raisons. D'autant que les descendants de Wagner ont adhéré au nazisme. Les héros, les traîtres etc.. c'est bien aussi un vocabulaire aristocratique, mâtiné de religiosité, ce qu'évidemment Nietzsche ne pouvait tolérer.

Encore une fois, Nietzsche ne faisait pas de sociologie, ni de critique politique, "sang vicié" 'roture" etc.. ne peuvent s'entendre que comme des affects de l'âme, une espèce de lâcheté dont se rendent responsables les hommes.

On dit que Nietsche est mort fou de la syphillis, mais je me demande s'il n'est pas mort fou du travail entrepris. Car la révolte est un travail souvent démesuré, tant on peut se retrouver seul.


badminton 18/03/2007
18:51 ploudal' gueule de bois

dites donc vous dessaoulez vachement vite vous, vzavez un truc ?

shhh 18/03/2007
18:53 re : Onfray

Ouaips, le corenwyn, découverte récente. Alcool de grain, très chouette.

shhh 18/03/2007
18:55 corenwyn
La version néerlandaise du genièvre, alcool qui ne rend pas malade. Jamais.

dom 18/03/2007
21:34 re : Onfray

vouais, la philo mélangée aux contes nordiques il n'y a guere de raison, que des passions,mais shh fait une remarque sur l'altruisme qui consite en gros a acheter sa morale en donnant une piecette, c'est vrai que cela releve plus d'un exorcisme contre ce qu'on ne veut pas qu'il nous arrive que d'un acte altruiste.
Ce qui est genant chez les professionnels de la philo c'est qu'il ne font que ça, se déconnectant chaque jour un peu plus de la réalité, analyser le comportement des autres par rapport a soi c'est deja faux, car il y a forcement une induction préétablie, même si on doit pouvoir s'en approcher avec les meilleures éducations réçues, la philo est instable est devrait etre inscrite sur le tableau de Mandeleiv comme élémént instable, radioactif et contaminant.


Henry Faÿ 18/03/2007
23:42 ce que Nietzsche reproche à la religion chréti

À cause de vous, chère amie, grâce à vous plutôt, cherchant à préparer ma réponse, je parcours ce gros bouquin de 1750 pages <<Friedrich Nietzsche Oeuvres>> pour retrouver une citation où le philosophe dit très joliment que l'Eglise a sali la sexualité. C'est le côté de Nietzsche que j'aime, s'il n'y avait que ça, je serais nietzschéen. Et en parcourant ce livre, je tombe sur des citations qui pourraient faire tomber à la renverse tous ceux chez qui il reste une once d'humanisme:

<<Par delà le bien et le mal
l'être religieux chapitre 62
les religions souveraines sont, tout compte fait, une des causes principales qui ont maintenu le type "homme" à un niveau inférieur car elles ont maintenu en vie trop d'êtres qui devaient mourir.
(!!!)
On leur (aux clercs de la religions chrétienne) doit des bienfaits inappréciables (...)
S'ils ont attiré loin de la société, dans des cloîtres et des prisons spirituelles ceux qui n'étaient plus intérieurement que ruines et que déchaînement, - que ne durent-ils faire aussi pour la paix de leur conscience en s'évertuant à conserver tout ce qui était malade et souffrant (!), c'est-à-dire, en fait et en vérité, en travaillant à la détérioration de la race européenne!
(!!!)
Mettre sens dessus dessous toutes les valeurs, voilà ce qu'il leur a fallu faire! Fracasser les forts, infecter les grandes espérances, rendre suspect le bonheur et la beauté, briser toute fière indépendance, tout ce qu'il y a de viril, (!) de conquérant (!!), de dominateur (!!!), tous les instincts qui sont le propre du type humain le plus élevé et le plus réussi, en y introduisant l'incertitude, la détresse de la conscience et le suicide, transformer l'attachement à la terre et à la domination en haine contre la terre et les choses terrestres...>>

Ca y est, j'ai retrouvé la citation que je cherchais:
par delà le bien et le mal
maximes et interludes 168
<<Le christianisme a fait boire du poison à Eros. Il n'en est pas mort mais il est devenu vicieux.>>


shhh 19/03/2007
13:02 re : Onfray

Extrait de Wikipedia, dans l'article sur Nietzsche, qui tente assez honnêtement d'approcher son oeuvre, et la difficulté à la qualifier:

"La doctrine de Nietzsche critique l'idée d'un asservissement de l'individu d'exception à la masse. À coté d'un réel mépris pour les systèmes démocratiques (aspect exploité par le régime nazi) dans la mesure où l'égalitarisme prétend s'imposer en tout domaine, il existe chez Nietzsche un mépris au moins équivalent pour les systèmes totalitaires, qui épuisent les peuples et les dépossèdent de leur avenir en détruisant les germes de la culture. Nietzsche exprima également son mépris des idéologies raciales (il parle ainsi de « fumisterie des races »), et dénonce sans ambiguïté les affabulations du mythe aryen (« balourdise aryenne » qui n'existe que par une falsification de l'histoire). Il existe ainsi de nombreux aphorismes dans lesquelles Nietzsche dénonce les différents aspects de ce qui allait devenir le fascisme italien et le nazisme : l'État fort, l'antisémitisme, le racisme, le nationalisme, le militarisme, le populisme, etc."

Alors qu'en conclure ?

Lili Forster-N. 19/03/2007
13:47 C'est moi la tuteuze

Après tout le boulot que j'ai fait, c'est vraiment un coup bas !


dom 19/03/2007
16:09 re : Onfray

Friedrich Nietzsche
Né à Roecken le 15 octobre 1844
Décédé à Weimar le 25 août 1900

la je ne comprends pas ""je parcours ce gros bouquin de 1750 pages <<Friedrich Nietzsche Oeuvres>> ""


Henry Faÿ 19/03/2007
16:18 ne croyez personne!

<<Alors qu'en conclure ?>>

Qu'il ne faut croire aucun commentateur, surtout wikipédia qui est absolument n'importe quoi, et [(u[aller_tout_droit_ au_texte]u)]_ comme si on n'avait jamais entendu parler de l'auteur.


Henry Faÿ

19/03/2007
16:20 je recommence
aller_tout_droit_au_texte


shhh 19/03/2007
16:20 re : Onfray

Oualà. Et faut faire gaffe aux traducteurs, et à Lili Forster ci-dessus intervenante. Et à tout le monde d'ailleurs.

dom 19/03/2007
16:21 re : Onfray

ouf je suis fatigué! scusez la confusion j'ai oublié de lire le mot page, bon je vais me coucher, la j'ai pas fait fort excuse moi Henry merci SSH

 
shhh

20/03/2007
06:04
rappel des citations:

<<Par delà le bien et le mal
l'être religieux chapitre 62
les religions souveraines sont, tout compte fait, une des causes principales qui ont maintenu le type "homme" à un niveau inférieur car elles ont maintenu en vie trop d'êtres qui devaient mourir.
(!!!)
On leur (aux clercs de la religions chrétienne) doit des bienfaits inappréciables (...)
S'ils ont attiré loin de la société, dans des cloîtres et des prisons spirituelles ceux qui n'étaient plus intérieurement que ruines et que déchaînement, - que ne durent-ils faire aussi pour la paix de leur conscience en s'évertuant à conserver tout ce qui était malade et souffrant (!), c'est-à-dire, en fait et en vérité, en travaillant à la détérioration de la race européenne!
(!!!)
Mettre sens dessus dessous toutes les valeurs, voilà ce qu'il leur a fallu faire! Fracasser les forts, infecter les grandes espérances, rendre suspect le bonheur et la beauté, briser toute fière indépendance, tout ce qu'il y a de viril, (!) de conquérant (!!), de dominateur (!!!), tous les instincts qui sont le propre du type humain le plus élevé et le plus réussi, en y introduisant l'incertitude, la détresse de la conscience et le suicide, transformer l'attachement à la terre et à la domination en haine contre la terre et les choses terrestres...>>


 
shhh

20/03/2007
06:05
et comment je les comprends:

Et je vois que les citations en question ne prouvent rien.
Dans la première, les « êtres » qui devaient mourir, peuvent aussi bien faire référence à des individus, comme vous voulez le croire, qu’à des caractéristiques haïssables de l’être. On peut entendre : les religions souveraines ont voulu conserver les êtres malades et souffrants, en tant que malades, plutôt que de chercher à vaincre la maladie elle-même.

Cette interprétation est confirmée par la deuxième citation, dans laquelle il dit « …en s’évertuant à conserver tout ce qui était malade et souffrant … » Il utilise « tout » comme une généralité, et ne dit pas « tous ceux qui étaient malades et souffrants » . Encore une fois, on peut comprendre : tout ce qui dans l’homme est la maladie et la souffrance doit être annihilé.

La troisième citation a trait au renversement des valeurs, opéré par la religion, dont il dit qu’elle a encouragé l’attitude d’autodépréciation, pour en faire son fond de commerce, ou plus exactement l’instrument de sa domination. La religion contre l’homme, voilà ce qu’il dit.

J’ajoute que la « race européenne » est définie quelque part par Nietsche( je peux tenter de retrouver l’extrait, que j’ai trouvé sur internet), non comme la « race caucasienne » mais comme le résultat espéré des échanges du nomadisme et du métissage.

 
shhh

20/03/2007
06:07
et puis tant qu'à faire:

« Quand l’Anarchiste, en tant que porte-parole de couches décadentes de la société, exige avec une belle indignation le « Droit », la « Justice », l’ « Egalité des Droits », il n’agit que sous la pression de son inculture, qui ne sait comprendre pourquoi il souffre au fond, et de quoi il est pauvre, c’est-à-dire de vie… C’est l’instinct de causalité qui l’emporte chez lui : s’il se sent mal, il faut quelqu’un soit en soit cause… De même, sa « généreuse indignation » lui fait déjà du bien. C’est pour tous les pauvres diables un vrai plaisir que de pouvoir proférer des injures – cela donne une petite ivresse de puissance. Les plaintes, déjà, et le simple fait de se plaindre, suffisent à donner à la vie assez de charme pour qu’elle soit supportable. Il y a dans toute plainte une subtile dose de vengeance : à ceux qui sont faits autrement, on reproche son mal-être, ou, le cas échéant, sa bassesse, comme une injustice, comme s’ils jouissaient d’un privilège illicite. « Si je suis une canaille, tu devrais aussi en être une. ». » (…). Les doléances ne valent jamais rien, elles sont dictées par la faiblesse. Que l’on attribue son mal-être aux autres ou à soi-même, (le premier cas est celui du socialiste, le second par exemple celui du chrétien), cela revient pratiquement au même. Ce qu’il y a de commun, et, disons-le, d’indigne dans les deux cas, c’est qu’il y faut à tout prix attribuer à quelqu’un la faute de ce que l’on souffre, bref que celui qui souffre se prescrive à lui-même, contre sa souffrance, le miel de la vengeance. »[1]


 
shhh

20/03/2007
06:12
le jeu imbécile des citations:

lettre à Theodor Fritsch, le 29 mars 1887 :

Croyez-moi : cette invasion répugnante de dilettantes rébarbatifs qui prétendent avoir leur mot à dire sur la "valeur" des hommes et des races, cette soumission à des "autorités" que toutes les personnes sensées condamnent d'un froid mépris ("autorités" comme Eugen Dühring, Richard Wagner, Ebrard, Wahrmund, Paul de Lagarde - lequel d'entre eux est le moins autorisé et le plus injuste dans les questions de morale et d'histoire ?), ces continuelles et absurdes falsifications et distorsions de concepts aussi vagues que "germanique", "sémitique", "aryen", "chrétien", "allemand" - tout ceci pourrait finir par me mettre vraiment en colère et me faire perdre la bonhomie ironique, avec laquelle j'ai assisté jusqu'à présent aux velléités virtuoses et aux pharisaïsmes des Allemands d'aujourd'hui. - Et, pour conclure, que croyez-vous que je puisse éprouver quand des antisémites se permettent de prononcer le nom de Zarathoustra ?

 
shhh

20/03/2007
06:14
Qui est .. fréquentable???

NE FRÉQUENTER PERSONNE QUI SOIT IMPLIQUÉ DANS CETTE FUMISTERIE EFFRONTÉE DES RACES ! *


* Oeuvres posthumes, trad. Bolle, éd. du Mercure de France, 1934, §858, p. 309.

 
shhh

20/03/2007
06:35
Où est votre "histoire de la philosophie"

Au moins, votre histoire de la philosophie (pléiade, 1974), comporte à partir de la page 307 du volume III une approche de Nietzsche un peu moins sommaire que le message que vous cherchez à faire passer en préambule à ce fil.


 
Henry Faÿ

20/03/2007
08:46
ne lisez pas ceux qui ont lu ceux qui ont lu

Mon petit préambule ne prétend pas épuiser la question comme je prends la peine de le signaler, il est vrai que puisque je ne peux pas tout lire, l'histoire de la philosophie de la Pléiade m'est d'un grand secours et m'apporte un bonheur de lecture sans égal mais je ne l'ai jamais considérée comme parole d'Evangile. Je me souviens de temps en temps de ce que disait mon prof en terminale, Jean Lecarme pour ceux qui par hasard l'auraient connu: "ne lisez pas ceux qui ont lu ceux qui ont lu ceux qui ont lu". En ces temps anciens, wikipédia n'existait pas.

 
shhh

20/03/2007
08:57
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Je dis juste que l'introduction que vous faites dans ce fil, est une incitation à ne pas lire Nietzsche sur une condamnation aussi lapidaire que mal fondée. Et je trouve ça honteux, vis à vis d'une pensée complexe, riche, pleine d'incertitudes et de doute manifestés, et d'un extrême courage. A ce jour, personne n'a réellement réussi à qualifier Nietzsche, sauf apparemment vous qui le liquidez en une ligne.
 
Henry Faÿ

20/03/2007
09:33
un langage très clair, il n'y a qu'à lire


<<Et je vois que les citations en question ne prouvent rien.
Dans la première, les « êtres » qui devaient mourir, peuvent aussi bien faire référence à des individus, comme vous voulez le croire, qu’à des caractéristiques haïssables de l’être. On peut entendre : les religions souveraines ont voulu conserver les êtres malades et souffrants, en tant que malades, plutôt que de chercher à vaincre la maladie elle-même.>>

Non, ça ne colle pas. Trop d'êtres qui devaient mourir, ce sont bien des personnes qui doivent mourir, c'est le pluriel qui l'indique de manière très claire. S'il y a un mérite qu'on doit reconnaître à Friedrich Nietzsche, c'est bien la clarté et l'excellence de son style. Quand il a quelque chose à dire, il ne dit, il ne se cache pas derrière un langage obscur et allusif. Avez vous, chère shh pris la mesure du caractère criminel de cette proposition implicitement contenue dans ce passage de laisser mourir ceux qui doivent mourir, à une époque où l'acharnement thérapeutique n'existait pas.


<<Cette interprétation est confirmée par la deuxième citation, dans laquelle il dit « …en s’évertuant à conserver tout ce qui était malade et souffrant … » Il utilise « tout » comme une généralité, et ne dit pas « tous ceux qui étaient malades et souffrants » . Encore une fois, on peut comprendre : tout ce qui dans l’homme est la maladie et la souffrance doit être annihilé.>>

Annihiler tout ce qui dans l'homme est la maladie et la souffrance, je sais que certaines doctrines en ont le projet, c'est le cas du bouddhisme et de certaines formes de yoga. Je respecte ces doctrines même si je n'y adhère pas, elle demandent une discipline incroyable, que Friedrich Nietzsche n'approuverait pas. Je ne vois pas, au niveau d'information qui est le mien, que Friedrich Nietzsche ait clairement proposé d'annihiler la maladie et la souffrance.

<<La troisième citation a trait au renversement des valeurs, opéré par la religion, dont il dit qu’elle a encouragé l’attitude d’autodépréciation, pour en faire son fond de commerce, ou plus exactement l’instrument de sa domination. La religion contre l’homme, voilà ce qu’il dit.>>

Cette critique virulente et radicale de la religion ne me dérange pas du tout, je la trouve excellente, en tout cas comme hypothèse.

<<J’ajoute que la « race européenne » est définie quelque part par Nietsche( je peux tenter de retrouver l’extrait, que j’ai trouvé sur internet), non comme la « race caucasienne » mais comme le résultat espéré des échanges du nomadisme et du métissage.>>

Caucasien, pas caucasien, ce sont des choses dont je ne me soucie guère.



 
Henry Faÿ

20/03/2007
09:49
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

<<« Quand l’Anarchiste, en tant que porte-parole de couches décadentes de la société, exige avec une belle indignation le « Droit », la « Justice », l’ « Egalité des Droits », il n’agit que sous la pression de son inculture, qui ne sait comprendre pourquoi il souffre au fond, et de quoi il est pauvre, c’est-à-dire de vie…>>

Là, on est au coeur de la pensée extravagante de Nietzsche, pour qui l'égalité des droits est de nature à brimer les êtres les plus forts et les plus "nobles" dans leur élan, donc est facteur d'irrémédiable décadence. Comme 99,99% de nos concitoyen, j'estime que c'est le non respect de l'égalité des droits qui signe la décadence d'une société.

<< C’est l’instinct de causalité qui l’emporte chez lui : s’il se sent mal, il faut quelqu’un soit en soit cause… De même, sa « généreuse indignation » lui fait déjà du bien. C’est pour tous les pauvres diables un vrai plaisir que de pouvoir proférer des injures – cela donne une petite ivresse de puissance. Les plaintes, déjà, et le simple fait de se plaindre, suffisent à donner à la vie assez de charme pour qu’elle soit supportable. Il y a dans toute plainte une subtile dose de vengeance : à ceux qui sont faits autrement, on reproche son mal-être, ou, le cas échéant, sa bassesse, comme une injustice, comme s’ils jouissaient d’un privilège illicite. « Si je suis une canaille, tu devrais aussi en être une. ». » (…). Les doléances ne valent jamais rien, elles sont dictées par la faiblesse. Que l’on attribue son mal-être aux autres ou à soi-même, (le premier cas est celui du socialiste, le second par exemple celui du chrétien), cela revient pratiquement au même. Ce qu’il y a de commun, et, disons-le, d’indigne dans les deux cas, c’est qu’il y faut à tout prix attribuer à quelqu’un la faute de ce que l’on souffre, bref que celui qui souffre se prescrive à lui-même, contre sa souffrance, le miel de la vengeance. »>>

Vous voulez savoir ce que j'en pense? Je trouve ça magnifique. C'est dans la ligne du stoïcisme, je crois.



 
Henry Faÿ

20/03/2007
09:59
des polémiques qui ne sont plus guère d'actua

<<lettre à Theodor Fritsch, le 29 mars 1887 :

Croyez-moi : cette invasion répugnante de dilettantes rébarbatifs qui prétendent avoir leur mot à dire sur la "valeur" des hommes et des races, cette soumission à des "autorités" que toutes les personnes sensées condamnent d'un froid mépris ("autorités" comme Eugen Dühring, Richard Wagner, Ebrard, Wahrmund, Paul de Lagarde - lequel d'entre eux est le moins autorisé et le plus injuste dans les questions de morale et d'histoire ?), ces continuelles et absurdes falsifications et distorsions de concepts aussi vagues que "germanique", "sémitique", "aryen", "chrétien", "allemand" - tout ceci pourrait finir par me mettre vraiment en colère et me faire perdre la bonhomie ironique, avec laquelle j'ai assisté jusqu'à présent aux velléités virtuoses et aux pharisaïsmes des Allemands d'aujourd'hui. - Et, pour conclure, que croyez-vous que je puisse éprouver quand des antisémites se permettent de prononcer le nom de Zarathoustra ?>>

Eugen Dühring, Ebrard, Wahrmund, Paul de Lagarde , on ne sait plus trop qui sont ces gens; Richard Wagner, pas d'accord.


 
shhh

20/03/2007
10:00
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

De mémoire il me semble d'ailleurs que Nietzsche s'était intéressé aux religions orientales. En tout cas, il devait un peu connaître à travers la philologie.

Nietzsche n'a jamais cautionné, (il s'y est même vigoureusement opposé) les doctrines politiques qui pouvaient aboutir à une liquidation physique d'une catégorie quelconque d'individus. Les malades ou les souffrants dont il parle, où a-t-il permis de les définir autrement que par une idée, qui désigne-t-il ? il n'est pas médecin ni psychologue; impossible de déterminer qui est malade ou souffrant au point d'être éliminé. Lui-même était-il un de ces malades à éliminer ? absurde. Sa diatribe porte sur des concepts, vous la transposez en termes de réalisation politique, ce que Nietzsche n'aurait jamais admis.
La critique de la religiosité, sur ce point précis est clairement: les religions non seulement admettent la souffrance, mais l'entretiennent et la cautionnent au nom d'un christ ou tout autre martyr, qui serait sensé servir d'exemple à suivre. Et je ne le trouve pas allusif en disant ça.
 
shhh

20/03/2007
10:10
est-il fréquentable ? plus que FQ en tout cas.

Pour résumer mes assez pauvres interventions: je trouve assez lamentable que des clarinuches ou des couturier se permettent des jugements aussi péremptoires à la radio, pour servir je ne sais quoi qui n'a rien à voir avec leur sujet.
Et c'est pas la première fois que le dénigrement constitue leur matériau priviligié, à défaut de connaissances.
 
dom

21/03/2007
00:20
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

sans vouloir flatter qui que ce soit c'est vous qu'on devrit mettre dans le poste!

 
Lili Forster-N.

21/03/2007
00:50
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Mais puisque j'vous dis que mon frère était un facho !
C'est bien la peine que je me sois échinée à corrompre ses oeuvres !
 
Henry Faÿ

21/03/2007
08:16
le nietzschéisme de gauche en question

<<Pour résumer mes assez pauvres interventions: je trouve assez lamentable que des clarinuches ou des couturier se permettent des jugements aussi péremptoires à la radio, pour servir je ne sais quoi qui n'a rien à voir avec leur sujet.
Et c'est pas la première fois que le dénigrement constitue leur matériau priviligié, à défaut de connaissances.>>

Qu'ont-ils dit? Quels sont ces jugements péremptoires, ces dénigrements? J'avais écouté l'émission, mais elle n'est pas restée gravée dans ma mémoire. Je me souviens qu'un philosophe connu devait défendre la cause, non pas de Nietzsche mais de cette position paradoxale qu'est le nietzschéisme de gauche, celui-ci n'était pas venu, il s'était trompé de date, il a été remplacé au pied levé par Raphaël Enthoven, qui était fort mal à l'aise mais je ne rappelle pas précisément ce qu'il a dit. Quand on dit nietzschéisme de gauche, on peut penser, parmi d'autres à Michel Onfray, qui n'a pas daigné participer à l'émission, j'aimerais bien lui mettre sous le nez quelques citations du philosophe allemand et lui demander ce qu'il en pense. Avec un peu de chance, je retrouverai la cassette de cette émission, enfin, rien n'est moins sûr.


 
Henry Faÿ

21/03/2007
09:37
l'éloge involontaire de Nietzsche aux religions


revenons sur ce passage:
***************************
<<les religions souveraines sont, tout compte fait, une des causes principales qui ont maintenu le type "homme" à un niveau inférieur car elles ont maintenu en vie trop d'êtres qui devaient mourir.

On leur (aux clercs de la religions chrétienne) doit des bienfaits inappréciables (...)
S'ils ont attiré loin de la société, dans des cloîtres et des prisons spirituelles ceux qui n'étaient plus intérieurement que ruines et que déchaînement, - que ne durent-ils faire aussi pour la paix de leur conscience en s'évertuant à conserver tout ce qui était malade et souffrant, c'est-à-dire, en fait et en vérité, en travaillant à la détérioration de la race européenne!>>


Ca a un nom: c'est l'eugénisme cette forme d'eugénisme qui vise à supprimer, en l'occurence de manière passive, en ne laissant pas vivre, ceux dont on pense que leur état de santé défaillant risquerait d'abaisser, de détériorer comme dit le philosophe le niveau d'un groupe humain, en l'occurence la race européenne (qui n'est pas caucasienne, attention!) ou de l'espèce humaine. Or ce type d'eugénisme est une forme de barbarie, la loi française le considère comme un crime. Il ne faut pas trop s'étonner de voir des prises de position eugéniques à cette époque où les théories de Darwin avaient fait l'effet d'un coup de tonnerre (de l'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle date de 1859), de ces théories, certains ont assez rapidement tiré la conclusion qu'il était de la plus grande importance que la société accomplisse le travail de sélection que la bonne nature ne faisait plus, du fait des protections apportées par la société. C'est le neveu de Darwin, Francis Galton qui a popularisé ces idées, Darwin lui a pris ses distances.

Ce qui m'intéresse prodigieusement dans ce passage, c'est l'éloge involontaire que le philosophe allemand fait des religions "souveraines" comme il dit. Quand il a l'audace et l'imprudence de leur reprocher de laisser vivre "les êtres qui devaient mourir", il affirme de la manière la plus éclatante que ces religions qu'il exécre ont agi comme un rempart contre la barbarie.

 
Lejeune

21/03/2007
13:29
caryotype

Forts du caryotype des cellules amniotiques qui nous permet un eugénisme scientifique donc respectable, il nous appartient de juger impitoyablement l'eugénisme amateur du bon Friedrich et de condamner dans la foulée sa personne et toute son oeuvre.

 
Henry Faÿ

21/03/2007
15:21
l'eugénisme des origines à nos jours

Je ne vois pas matière à plaisanter
 
shhh

21/03/2007
15:25
et je maintiens...

<<les religions souveraines sont, tout compte fait, une des causes principales qui ont maintenu le type "homme" à un niveau inférieur car elles ont maintenu en vie trop d'êtres qui devaient mourir. »
On parle du type « homme », autrement dit l’humanité. Les êtres qui devaient mourir, c’est ce qui fragilise l’humanité, et qui désigne les états de la maladie et de la souffrance. Si vous parlez du type homme, alors vous parlez aussi du « type » malade et du « type » souffrance et pas du mec qu’est malade et du mec qu’est souffrant, sans quoi il n’y a plus de cohérence dans votre propos. Le mot être en allemand ne peut pas être compris comme un simple substantif du verbe être, il est à lui tout seul l’objet philosophique lui-même (je vois au loin arriver Paul au grand galop). On devrait comprendre « l’étant ». (cf œuvres philosophiques allemandes dans leur quasi-totalité). D’autre part, la généralité utilisée est tellement vague qu’on ne peut pas du tout désigner qui serait le « trop » d’êtres malades et souffrants. Qui comment et où ne rentrent pas dans le jugement exprimé.
L’objet sur lequel il se prononce c’est l’humanité non comme un ensemble d’individus mais comme l’essence même de l’homme qui doit en finir avec l’acceptation de la maladie et de la souffrance. On n’est pas dans la physiologie, comme l’est l’eugénisme, on est dans une perspective d’émergence d’une humanité qui aurait brisé ses liens avec une nature souffrante prônée par les religions.
En vous homme, je me dois de tuer ce qui vous interdit de vous élever. Rien à voir avec l’eugénisme, doctrine scientiste, dont Nietzsche n’avait rien à faire.
Sa « barbarie » c’est le retour à ce qui pour lui était la mythologie Grecque, un élan sans entraves, des forces qui se libèrent et n’ont pas d’égard pour toutes la misère de l’homme.
Tant qu’il pensait qu’il y avait entre Richard Wagner une communauté de vues sur cette volonté il a aimé sa musique. Quand Wagner a commencé à écrire ses réflexions sur les juifs, donc a fait une interprétation raciste (et donc politique) des idées qui les liaient, il l’a honni.
Rien dans ce qu’écrit Nietzsche ne saurait fonder une société politique, ni à travers votre lecture, ni à travers la mienne. Et il s’est toujours élevé contre l’usage qui a pu être fait de ses écrits.


"en s'évertuant à conserver tout ce qui était malade et souffrant"
Faudrait revenir au texte allemand, mais je vois écrit "tout ce qui etc.." et non "tous ceux qui ..."

 
shhh

21/03/2007
15:30
des fautes, des fautes, zut et rezut

Vous voudrez bien excuser toutes les fautes (de grammaire d'orthographe, plus des mots qui manquent) que j'ai faites.
Un fois cliqué, y a plus rien à faire.
 
Henry Faÿ

21/03/2007
23:55
les objets philosophiques ont-ils une âme?


Nietzsche :<<les religions souveraines sont, tout compte fait, une des causes principales qui ont maintenu le type "homme" à un niveau inférieur car elles ont maintenu en vie trop d'êtres qui devaient mourir. »
On parle du type « homme », autrement dit l’humanité. Les êtres qui devaient mourir, c’est ce qui fragilise l’humanité, et qui désigne les états de la maladie et de la souffrance.>>


Shhh<<Si vous parlez du type homme, alors vous parlez aussi du « type » malade et du « type » souffrance et pas du mec qu’est malade et du mec qu’est souffrant, sans quoi il n’y a plus de cohérence dans votre propos. Le mot être en allemand ne peut pas être compris comme un simple substantif du verbe être, il est à lui tout seul l’objet philosophique lui-même (je vois au loin arriver Paul au grand galop). On devrait comprendre « l’étant ». (cf œuvres philosophiques allemandes dans leur quasi-totalité). D’autre part, la généralité utilisée est tellement vague qu’on ne peut pas du tout désigner qui serait le « trop » d’êtres malades et souffrants. Qui comment et où ne rentrent pas dans le jugement exprimé.
L’objet sur lequel il se prononce c’est l’humanité non comme un ensemble d’individus mais comme l’essence même de l’homme qui doit en finir avec l’acceptation de la maladie et de la souffrance. On n’est pas dans la physiologie, comme l’est l’eugénisme, on est dans une perspective d’émergence d’une humanité qui aurait brisé ses liens avec une nature souffrante prônée par les religions.
En vous homme, je me dois de tuer ce qui vous interdit de vous élever. Rien à voir avec l’eugénisme, doctrine scientiste, dont Nietzsche n’avait rien à faire. >>


hf : Alors, voyons ce que ça donne dans le texte; être égale « l’objet philosophique lui-même » et je remplace.

<<les religions souveraines sont, tout compte fait, une des causes principales qui ont maintenu le type "homme" à un niveau inférieur car elles ont maintenu en vie trop_d'objets_philosophiques_eux-mêmes qui devaient mourir.

On leur (aux clercs de la religions chrétienne) doit des bienfaits inappréciables (...)
S'ils ont attiré loin de la société, dans des cloîtres et des prisons spirituelles ceux qui n'étaient plus intérieurement que ruines et que déchaînement, - que ne durent-ils faire aussi pour la paix de leur conscience en s'évertuant à conserver tout ce qui était malade et souffrant, c'est-à-dire, en fait et en vérité, en travaillant à la détérioration de la race européenne!>>

Vous trouvez que ça donne du sens à la phrase ?
Vous connaissez beaucoup d’objets philosophiques qui souffrent, qui sont malades et qui finalement meurent ?
Mais non, [(u[ça_n’a_pas_de_sens]u)]_, pour que cette phrase ait un sens, il faut bien évidemment comprendre que ces êtres sont des personnes.

Il faut donc comprendre que Nietzsche qui n’est pas un enfant de chœur reproche aux religions "souveraines", c’est-à-dire aux églises catholique et protestantes de laisser en vie des personnes malades qui par leur état de santé déficient détériorent la race européenne, c’est de l’eugénisme ou je ne sais pas lire, mais c’est la deuxième hypothèse que vous retiendrez. Vous en penserez ce que vous voudrez mais j’en appelle à ceux qui ont le courage de nous lire dans ce fil, il faut bien admettre nolens volens que Nietzsche a dans ce passage critiqué les églises pour leur trop grande sollicitude à l’égard des malades condamnés à mourir.

Il se trouve que je sais assez d’allemand pour déchiffrer un texte, je veux bien aller au texte allemand, si vous le retrouvez n’hésitez pas, je fais quand même confiance au traducteur de ne pas avoir laissé dans un texte une telle ambiguïté.

<<Sa « barbarie » c’est le retour à ce qui pour lui était la mythologie Grecque, un élan sans entraves, des forces qui se libèrent et n’ont pas d’égard pour toutes la misère de l’homme.>>

Est-on vraiment libéré quand on n’a pas d’égard pour toutes les misères de l’homme. On retrouve cet éloge de l’égoïsme que j’ai critiqué dans un message précédent et qui selon lui caractérise "l'âme noble" (!) un aspect si détestable de cette philosophie.

<<Tant qu’il pensait qu’il y avait entre Richard Wagner une communauté de vues sur cette volonté il a aimé sa musique. Quand Wagner a commencé à écrire ses réflexions sur les juifs, donc a fait une interprétation raciste (et donc politique) des idées qui les liaient, il l’a honni.>>

Ce n’est pas ça du tout.
Richard Wagner a écrit son pamphlet antisémite, le judaïsme dans la musique en 1850, la brouille entre les deux hommes a eu lieu en 1878, ils ont dû se fréquenter dans les années soixante-dix. Nietzsche était donc parfaitement bien informé de l'antisémitisme du musicien auquel il portait une grande admiration.
Dans l’opuscule de trente pages le cas Wagner, texte étonnant s’il en est, parmi les raisons invoquées de la désaffection à l’égard du Maître l’antisémitisme ne figure pas; les raisons invoquées sont confuses, on ne sait pas au juste si ce texte est une critique élogieuse ou un éloge critique, il comporte quelques traits fulgurants et beaucoup d'absurdités majeures, par moment apparaissent des accents philistins lorsqu’il reproche à l’œuvre de Wagner d’être trop exigeante artistiquement et lui préférant Carmen de Bizet, on s’est longtemps demandé si ce n’était pas une galéjade .

Quelques citations, glanées ça et là dans le texte :
****************************************************
<<Il me fallait prendre le parti contre tout ce qu’il y avait de malade en moi, y compris Wagner, y compris Schopenhauer, y compris toute la moderne attitude d’« humanité ».

Wagner est-il vraiment un homme ? N’est-il pas plutôt une maladie ? Il rend malade tout ce qu’il touche, - il a rendu la musique malade.
Wagner doit être parent de toute cette décadence européenne.

…l’infini continu mais sans mélodie.

Et voici la définition de la passion. La passion – ou gymnastique du laid sur la corde de l’enharmonique. Osons, mes amis, être laids ! Wagner l’a osé ! Remuons devant nous le limon des harmonies les plus répugnantes !

Faisant parler Wagner : « courir à la recherche des basses séductions des sens, à la recherche de la prétendue beauté, a énervé les italiens, demeurons allemands ! N’accordons jamais que la musique « serve de délassement », qu’elle « égaye », qu’elle « fasse plaisir ». Ne nous faisons jamais plaisir – nous sommes perdus si l’on revient à une conception hédoniste de l’art...
Et choisissons l’heure à laquelle il convient de voir tout en noir, de soupirer en public, de soupirer chrétiennement, d’afficher la grande pitié chrétienne ».

Même dans l’esquisse de l’action, Wagner est surtout un cabotin.

J’ai établi la place de Wagner, - il n’appartient pas à l’histoire de la musique. Qu’exprime-t-il cependant dans cette histoire ? l’avènement du cabotinage en musique.

Le théâtre est une émeute de masse, un plébiscite contre le bon goût… Le cas Wagner l’a bien démontré : il a gagné la foule, - il a perverti le goût, il a même perverti notre goût pour l’opéra !

C’est l’obscurantisme le plus noir qu’il dissimule sous l’enveloppe lumineuse de l’idéal. Il flatte tous les instincts nihilistes (-bouddhistes) et les costumes en musique, il flatte toute forme de christianisme, toute expression religieuse de la décadence. Ouvrons nos oreilles : tout ce qui a jamais poussé sur le sol de la vie appauvrie, tout le faux-monnayage de la transcendance et de l’au-delà a trouvé son plus sublime apôtre en Wagner.

À propos de Parsifal :
Le raffinement de l’alliance entre la beauté et la maladie y est porté à un tel degré qu’il projette pour ainsi dire une ombre sur l’art antérieur de Wagner.

Le besoin de rédemption, quintessence de tous les besoins chrétiens, n’a rien à faire de pareils bouffons (Wagner et Liszt qu’il vient d’évoquer) : c’est la plus loyale expression de la décadence, son affirmation la plus convaincue et la plus douloureuse au moyen de symboles et de pratiques sublimes. Le chrétien veut se débarrasser de lui-même. « Le moi est toujours haïssable ». La morale aristocratique, la morale des seigneurs, a au contraire ses racines dans une triomphante approbation de soi, - c’est une affirmation de la vie par elle-même, une glorification de la vie par elle-même, elle a également besoin de symboles et de pratiques sublimes, mais seulement « parce que son cœur déborde ».

 
Henry Faÿ

21/03/2007
23:57
où donc est l'erreur?

ça_n'a_pas_de_sens

 
shhh

22/03/2007
06:48
pourvu que ça ne dépasse pas la page

Vous voulez à tout prix interpréter la citation extraite dans le sens de votre préjugé initial. J’aurais préféré qu’on la comprenne à travers l’œuvre de Nietzsche, qui, bien que labyrinthique a une cohérence.
Ou alors vous voulez le dernier mot pour des raisons qui tiennent plus au combat de coqs qu’à l’objectivité. En témoignent les digressions sur l’eugénisme, Darwin ou Parsival, qui n’ont rien à voir ici.
La traduction n’est pas si absurde que ça à la relecture, même en ne retenant comme vous le faites que le dernier terme, le plus général et donc le plus flou de mon explication. Et oui, je connais pas mal d’objets philosophiques qui sont morts. Dieu, l’homme machine, la maladie comme le châtiment suprême, le géocentrisme de la terre, et de façon générale tous les objets qui ont ripé de la philosophie vers la science. Pour prendre un exemple concret, je n’attends pas de mon médecin qu’il haïsse ma maladie, mais qu’il la soigne de la façon la plus technique possible. Je n’y mets pas d’intention philosophique, je n’y mets qu’un pragmatisme élémentaire.
Quand je décris ce que vous appelez « barbarie » comme ce qui pourrait être un retour vers une reconnaissance de la vitalité sauvage qui nous pousse à perdurer, vous vous exclamez que par là on néglige les malades, et oh mon dieu comme c’est pas bien. Autrement dit vous critiquez l’idée avec un autre système de références, vivre ensemble au quotidien, sécurité sociale et comment qu’on va payer nos retraites.
On peut à la fois reconnaître à l’église son rôle fondateur dans l’organisation sociale, et la critiquer sévèrement pour les moyens et les buts qu’elle poursuivait. Il ne s’agit pas chez Nietzsche de tempérer un jugement en mettant en balance des éléments positifs, mais au contraire d’aller jusqu’au bout d’une critique, de suivre le fil et de démolir de l’intérieur. De dévoiler ce qui devait rester caché, la grande chape de plomb qui pèse sur l’humanité à travers une religion qui ne veut pas disparaître, alors que dieu lui-même est mort.

Les citations que vous donnez à propos de Wagner, à vrai dire, outre qu’elles ont dans la droite ligne de ce que Nietzsche pensait, malgré le style excessivement romantique, je n’y vois pas grand’chose à redire.

Quand à l’antisémitisme de Wagner, ce n’est pas mon propos, mais on peut supposer quand même que Nietzsche a pensé qu’il découlait des errances de Wagner déjà entrevues avant ses déclarations. A vrai dire je n’en sais rien, si ça se trouve il était fâché pour une histoire de cul, et je m’en fous, vu que c’est pas de ça qu’on parle.

 
lionel

22/03/2007
07:08
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

J'arrive à saisir à peu près la lecture de Shhhh pour tous les extraits sauf un que je trouve problématique (à moins qu'il soit trop isolé de son contexte) :

<< je pose en fait que l'égoïsme fait partie de l'essence de l'âme noble, j'entends cette croyance inébranlable qu'il faut qu'à un être "tel que nous", d'autres soient nécessairement soumis par nature, et qu'ils doivent se sacrifier à nous.>>

Ce qui me gène n'est pas l'éloge de l'égoïsme mais cette définition de l'égoïsme des uns par la soumission et le sacrifice des autres


 
shhh

22/03/2007
07:37
le plus problématique

Celui-là est peut-être plus problématique, et sur celui ci je ne me risquerais pas trop.
Je tiens quand même que rien de ce qu'il dit ne saurait être concrétisé.
On peut toutefois esquisser qu'il retourne une situation: toi qui me fait valoir tes valeurs d'altruisme (bonne conscience, morale du partage, misérabilisme en somme), soumets toi, car tes intentions sont trop misérables pour que moi, homme accompli qui vise de plus hauts desseins, je te reconnaisse comme mon égal. Tu vas te sacrifier car j'entraîne l'homme vers plus d'humanité, bien au delà de ton manque d'ambition pour toi-même.
On est peut-être à nouveau dans cette aristocratie rêvée dont on parlait.


 
Henry Faÿ

22/03/2007
11:09
ne tordez pas les textes, s'il vous plaît


<<Vous voulez à tout prix interpréter la citation extraite dans le sens de votre préjugé initial. J’aurais préféré qu’on la comprenne à travers l’œuvre de Nietzsche, qui, bien que labyrinthique a une cohérence.>>


Merci pour "préjugé", mais cette façon de tordre un texte dans le sens qui vous arrange, justement en fonction de ce que je sens être quelque chose comme un préjugé, je dois dire, m'agace, pour ne pas dire plus. Quand vous avez côte à côte dans quelques lignes maladie, souffrance, mort, vous pensez davantage à un personne en chair et en os qu'à un objet philosophique. Un objet philosophique peut mourir, c'est entendu, mais être malade ça devient très métaphorique et souffrir encore beaucoup plus problématique. Si "être" renvoyait à un objet philosophique, il serait difficilement au pluriel il faudrait alors préciser de quoi il s'agit et le texte serait alors tellement obscur que le traducteur, qui dans cette édition est très consciencieux aurait eu la bonne idée pour guider le lecteur de mettre une note. Je récuse votre interprétation, elle n'est pas fondée.


<<Quand je décris ce que vous appelez « barbarie » comme ce qui pourrait être un retour vers une reconnaissance de la vitalité sauvage qui nous pousse à perdurer, vous vous exclamez que par là on néglige les malades, et oh mon dieu comme c’est pas bien.>>

Il ne faut pas dans cette discussion jouer avec une possible polysémie du mot "barbarie". La vitalité sauvage, les grandes fêtes orgiaques, l'adoration de Dionysos, dieu de la vigne du délire extatique et des mystères religieux, je suis pour. L'élimination des malades parce qu'ils portent atteinte au capital génétique de la "race européenne", je la considère comme criminelle.


<<On peut à la fois reconnaître à l’église son rôle fondateur dans l’organisation sociale, et la critiquer sévèrement pour les moyens et les buts qu’elle poursuivait. Il ne s’agit pas chez Nietzsche de tempérer un jugement en mettant en balance des éléments positifs, mais au contraire d’aller jusqu’au bout d’une critique, de suivre le fil et de démolir de l’intérieur. De dévoiler ce qui devait rester caché, la grande chape de plomb qui pèse sur l’humanité à travers une religion qui ne veut pas disparaître, alors que dieu lui-même est mort.>>

Je répète que cette mise en cause radicale de la religion qui interdit la joie et étouffe les élans vitaux, thèse discutable, bien évidemment, est un aspect de la philosophie de Nietzsche que fondamentalement je respecte.
Ce qui est inacceptable, et tant pis, je vais me répéter d'avoir emboité le pas à l'eugénisme ambiant de son époque, eugénisme qui je le signale est présent dans tout l'oeuvre du philosophe, c'est qu'au lieu de féliciter les religions d'avoir protégé les plus faibles, il le leur reproche, ce qu'il faut bien lire dans le texte que j'ai cité et plusieurs fois recopié.

J'ai quand même réussi à vous convaincre que l'antisémitisme n'était pas à l'origine de la brouille entre Wagner et Nietzsche.


 
shhh

22/03/2007
18:21
problème de rangement de bibliothèque

Il n'y a pas d'eugénisme dans l'oeuvre de Nietzsche.
Les malades et les faibles dont ils parlent sont la part malade et faible de tout homme, y compris lui-même, dont il dit qu'il a expérimenté tout ce dont il parle(" il n'y a pas une ligne de mon oeuvre que je n'aie écrite avec mon sang"). On ne saurait en douter à voir sa biographie.
La volonté vers la puissance à laquelle il s'attache est une désir de dépassement d'homme et non celui d'une organisation sociale possible. On voit mal en effet quelle bonne pratique pourrait en découler.
Et je vois encore plus mal qu'une telle diatribe contre la religion pourrait s'accompagner de félicitations pour avoir créé des hopitaux, alors qu'il l'accuse d'avoir encouragé la maladie et la faiblesse et cherché à écraser l"élan de la vie".
Si l'on ne situe pas ses aphorismes dans son discours poético-philosophique, on se risque à une interprétation vulgaire et fausse.
Nietzsche était bien trop en colère contre son époque pour céder un tant soit peu à ce qui pouvait être dans l'air du temps, comme l'eugénisme, ou l'évolutionnisme ou autre. Pas même le stoïcisme ne peut se revendiquer de lui. Il est un des rares philosophes qui ne peut se comprendre à travers une historicité de son oeuvre.
Il a, comme d'autres, privilégié la forme de l'aphorisme, pour égarer le lecteur en livrant sa réflexion comme un bouillonnement d'idées. Et ça a plutôt bien marché puisqu'il a rendu pratiquement impossible d'élaborer une doctrine à partir de ses écrits.
Ce qui n'a pas marché du tout, et qu'il avait envisagé avec hargne, c'est qu'à cause de ce bouillonnement on se servirait de lui en Allemagne comme inspiration des pires exactions, sachant très bien qu'il ne serait pas compris de ses contemporains.

Quitte à ranger Nietzsche dans votre placard à idées, ouvrez lui plutôt un tiroir spécial.



 
shhh

22/03/2007
18:25
Brouille avec Richard

Je conviens que j'ignore totalement les raisons de la brouille avec Richard Wagner. Par contre je ne peux pas ignorer parmi les accusations formulées contre lui, celle d'antisémitisme et de religiosité. C'est de l'eugénisme ça ? Vous trouvez que c'était dans l'air du temps ?
 
dom

22/03/2007
18:27
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

simple question


la compassion entraine l'esprit a autre chose que la reflexion dégagée de toute inclination, est elle biaisée par la prise en compte des faibles ?

PS, cher Henry a l'occase explique moi ce morceaux de musique http://www.johann-sebastian-bach.org/bwv565/fugue-bwv565-sam ple.mp3
 
shhh

22/03/2007
19:02
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Je ne suis pas certaine de comprendre la question.
Bizarrement je crois que la compassion est aussi dans l'oeuvre de Nietzsche, poussée à un point qu'il déteste les malades, (dont il est), dans un déchirement entre son aspiration et la honte? le frein ? que la maladie représente pour lui. Il ne veut pas qu'on soit malade, parce que la maladie ne lui est pas étrangère, il la connait trop bien.
En plus il était fou, ce qui est plutôt terrifiant.
Il était tellement faible que sa salope de soeur a du s'en occuper toute sa vie.
On s'interroge encore sur le baiser qu'il a fait à un cheval de fiacre battu par son maître, juste avant de définitivement sombrer.
Si j'étais sûre de comprendre je dirais que nous hommes, ne pouvons pas nous dispenser de compassion sans y perdre notre qualité d'humain, et nous haïssons les malades qui sont la représentation de nous même dans un état de misère, celui qui nous empêche d'aller plus loin.

 
dom

22/03/2007
21:24
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

justement c'est de se detacher de tout sentiments qu'il s'agit pour arriver a une reflexion pure, ou une observation synthetique de ce qui est, si il parle de sa maladie et de son experience personnelle cela n'a aucun interet sinon celui d'un cas particulier, dans ce cas ce n'est pas de la philo mais un roman, mais bon je suis assez mauvais dans ce type de reflexion, c'est vraiment dans l'esprit de participer a ce fil
 
Zx

22/03/2007
21:42
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

"Nietzsche était bien trop en colère contre son époque pour céder un tant soit peu à ce qui pouvait être dans l'air du temps, comme l'eugénisme, ou l'évolutionnisme ou autre. Pas même le stoïcisme ne peut se revendiquer de lui. Il est un des rares philosophes qui ne peut se comprendre à travers une historicité de son oeuvre."

Pas d'accord avec ça. Malheureusement. On croit souvent que la philosophie au XIXes c'est Fichte, Shelling, Hegel, les jeunes hégéliens (de droite et de gauche - dont Feuerbach), Kierkegaard, Marx, Engels, Schopenhauer, Nietzsche. Or c'est poser un regard rétrospectif sur les choses. La réflexion, à cette époque, s'incarne dans moultes figures aujourd'hui oubliées, qui expriment une réaction à l'égard de la philosophie, laquelle est soumise à une forme généralisée de défiance à l'heure de la science triomphante. Or, Nietzsche est autant une personnalité singulière que l'enfant d'une époque dominée par des figure de nous oubliées (d'où cette impression qu'il vient de nulle part). A cela s'ajoute son propre génie, et, franchement, dire quelle est la part de l'époque, et quelle est la part qui revient au solitaire de Sils Maria, est une tâche qui dépasse de loin (et dépassera toujours, sans doute), mes compétences.


Je cite un passage de Leo Freuler tiré d'un bouquin que j'ai déjà cité, La crise de la philosophie allemande au XIXes :

"On sait Nietzsche ne se privera pas d'interpréter à sa manière cette confiance scientifique dans "l'intelligibilité parfaite du monde", d'estimer que ce désir de certitude, "qui éclate aujourd'hui dans les masses, sous la forme scientifico-positiviste, ce désir de vouloir posséder quelque chose absolument stable", que tout cela "témoigne encore du besoin d'un appui, d'un soutien, bref, de cet instinct de faiblesse qui, il est vrai, ne conserve pas, mais conserve les religions, les métaphysiques, les convictions de toutes sortes". Si Nietzsche a raison de relever ce trait de la pensée "scientifico-positive", même s'il n'a pas forcément raison de l'interpréter comme il le fait, il ne pourrait cependant pas se vanter d'avoir lui-même échappé à la naturwissenschaftiche Weltanschauung. Qui connaît son oeuvre, et surtout les tendances de la seconde moitié du XIXes voit sans peine qu'elle en est pétrie, notamment, parce que, comme Faraday ou Zöllner, il interprète le monde comme un "centre des forces", parce que, comme les matérialistes, il réduit la conscience et la raison à des épiphénomènes organiques, parce que, après Auguste Blanqui ou Carl von Nägeli, il spécule dur la possibilité d'un retour des mêmes choses."

Sur l'accusation de religiosité, oui, elle était bien dans l'air du temps :

"L'oeuvre de Nietzsche est également un produit caractéristique de son époque matérialiste par sa négation d'un Dieu transcendant, donc par son athéisme. De l'athéisme, ou du moins, de l'attitude antithéologique, on n'en trouve pas seulement chez Feuerbach, Comte ou Schopenhauer mais également et surtout dans la naturwissenschaftiche Weltanschauung."

"C'est l'époque à laquelle la philosophie contracte le grand réflexe antichrétien qu'elle transmettra à Nietzsche, à Russell, à Heidegger ou à Sartre, et qui imposera des limites à ceux-là mêmes qui n'ont pas renoncé à la foi."

Sur la morale et le "matérialisme vulgaire" :

"L'une des conséquences les plus spectaculaires de cette négation presque totale de la liberté ou des "actes volontaires", c'est évidemment un remise en question des concepts de responsabilité et de de culpabilité. Si tous les actes découlent de nécessités internes ou externes sur lesquelles l'homme n'a aucune prise, on ne peut plus lui imputer des actes susceptibles d'être jugés, d'être récompensés ou sanctionnés. Si la nature est responsable de tout, l'homme est corrélativement irresponsable de tout. Le voleur vole et l'assassin assassine non par suite d'un libre choix, mais parce qu'ils y sont déterminés par des causes naturelles, et il serait injuste de leur imputer leurs actes comme à des êtres responsables et de les traîner devant un tribunal, car ce serait y traîner la nature elle-même.
Ce genre de conséquences, on le voit, n'a pas pu manquer de provoquer l'indignation et de faciliter le travail des adversaires du matérialisme. L'accusation d'immoralisme, constate Büchner lui-même, est portée "avec une amertume plus grande que jamais". Le matérialisme, accusent ses adversaires, sape les fondements de la morale, le ciment de la vie sociale, il efface la distinction du bien et du mal et de la vertu. Certains de ses représentants ne recommandent-ils pas la pratique des vices, dans le but de combattre "l'ancienne façon de penser"? Ne conseillent-ils pas de "s'en tenir aux mauvaises passions des hommes telles que l'égoïsme, l'intérêt personnel, la jalousie, l'envie, la luxure, le goût des plaisirs, la paresse"? Ne préconisent-ils pas d'exciter les mauvaises passions pour aiguillonner l'insactisfaction, de monter les pauvres contre les riches, les soumis contre les maîtres [NdZx : sic], d'imposer une nouvelle législation du mariage en expliquant à l'homme que s'il l'accepte, il pourra mieux satisfaire son avarice et se séparer de sa femme veille et malade ? Ne déclarent-ils pas qu'il faut bannir tout sentiment de honte, persister dans ses péchés pour ne pas devoir se repentir de ses péchés devant Dieu, qu'on a le droit de tuer les hommes de l'ancienne façon de penser, et qu'on sera "honnête" lorsqu'on prendra la propriété d'autrui, "voleur" lorsqu'on défendra sa propriété ?
Tout cela, on le suggère dans le manifeste anonyme de la nouvelle pensée, et tout cela ramène à sa juste proportion le futur immoralisme de Nietzsche qui est moins un acte de subvertion héroïque qu'une des nombreuses expressions de "l'immoralisme" qui sévit dans la seconde moitié du XIXes".



Je ne dis pas - loin de là - que cette lecture donne le fin mot de l'interprétation de la pensée de Nietzsche. Simplement, il s'agit d'une pièce, méconnue (c'est pour cette raison que je la mentionne), à porter au dossier. S'est-il élevé sur ce terreau pour le transcender totalement (ensuite ?) ? Peut-être. Question difficile.
 
Zx

22/03/2007
21:49
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

dom, tu poses une réelle question (même si je ne crois pas qu'il puisse y avoir en soi de réflexion "pure" - aussi, en nourrir l'illusion peut sans doute constituer un motif de recherche désintéressé pour qui vise à apréhender "ce qui est" comme tu le dis, tout comme cela peut également constituer un obstacle sur cette même voie).
Bon, cela dit, je n'y réponds pas car je ne m'exprime pas sur Niezsche tant je le crois difficile.
 
Zx

22/03/2007
21:50
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

désintéressée
 
dom

22/03/2007
22:24
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

merci de me conforter dans mes doutes ZX, le sujet m'interresse, je participe parce que l'echange est d'un grand interet, ecrit simplement et accessible a qui veut bien s'en donner la peine, loin de moi l'idée de flatter qui que ce soit.

je n'en rajoute pas ce n'est pas l'envie qui manque, mais laissons les reflexions monter.....
 
Henry Faÿ

23/03/2007
09:42
avez-vous lu la totalité de l'oeuvre?


<<Il n'y a pas d'eugénisme dans l'oeuvre de Nietzsche.>>

Avez-vous lu tout l'oeuvre de Nietzsche pour affirmer une chose pareille?

Il y a de l'eugénisme caractérisé au moins dans Par delà le bien et le mal, l'être religieux chapitre 62. Pour plus de clarté et au risque de lasser, je remets une nième fois l'extrait:

<<les religions souveraines sont, tout compte fait, une des causes principales qui ont maintenu le type "homme" à un niveau inférieur car elles ont maintenu en vie trop d'êtres qui devaient mourir.

On leur (aux clercs de la religions chrétienne) doit des bienfaits inappréciables (...)
S'ils ont attiré loin de la société, dans des cloîtres et des prisons spirituelles ceux qui n'étaient plus intérieurement que ruines et que déchaînement, - que ne durent-ils faire aussi pour la paix de leur conscience en s'évertuant à conserver tout ce qui était malade et souffrant, c'est-à-dire, en fait et en vérité, en travaillant à la détérioration de la race européenne!


Autre expression de l'eugénisme: Volonté de puissance, IV, § 144

<<« L'objectif sera donc le suivant : constituer à l'échelle de l'humanité, les conditions qui ont permis l'apparition des Grands Hommes ; ne plus compter sur le « hasard », sur le fait que des « mémoires » spéciales, raffinées, sélectionnées de générations en générations, se sont « miraculeusement » condensées sur un seul ; tout au contraire, accumuler les forces, méthodiquement scientifiquement pour créer une autre « race » [...] Tout d'abord il ne faut pas craindre de se conduire comme l'évolution s'est elle-même conduite, c'est-à-dire tout essayer, tout tenter, produire des sortes de « prototypes » qu'on n'hésitera pas à jeter au rebut. L'évolution, dit-on, « bricole », et il ne faut pas hésiter à « bricoler » ; ou mieux encore on procèdera à la manière de l'artiste qui ne cesse de tâtonner, qui dessine ébauche sur ébauche avant de parvenir à une forme convenable. On essaiera donc de modeler l'homme en divers sens, pour tirer de lui ses diverses virtualités, le briser dès qu'un certain type a atteint son apogée, de travailler ainsi à construire et à détruire.>>

 
Henry Faÿ

23/03/2007
10:25
pourquoi Nietszche a-t-il des groupies?


<<"L'une des conséquences les plus spectaculaires de cette négation presque totale de la liberté ou des "actes volontaires", c'est évidemment un remise en question des concepts de responsabilité et de de culpabilité. Si tous les actes découlent de nécessités internes ou externes sur lesquelles l'homme n'a aucune prise, on ne peut plus lui imputer des actes susceptibles d'être jugés, d'être récompensés ou sanctionnés. Si la nature est responsable de tout, l'homme est corrélativement irresponsable de tout. Le voleur vole et l'assassin assassine non par suite d'un libre choix, mais parce qu'ils y sont déterminés par des causes naturelles, et il serait injuste de leur imputer leurs actes comme à des êtres responsables et de les traîner devant un tribunal, car ce serait y traîner la nature elle-même.>>


En tout cas, Nietzsche est loin de ce matérialisme vulgaire qui normalement devrait conduire à une grande indifférence face à tous les comportements délicteux et criminels. Nietzsche, ce n'est pas ça, Nietzsche est très moraliste, il est dans le jugement de valeur permanent, en fait, il ne cesse d'invoquer une morale aristocratique, il dit même, en se référant aux légendes islandaises qui ont inspiré Wagner
une_morale_de_seigneurs en reprochant au compositeur de l'avoir finalement trahie au profit de celle de l'Evangile des humbles(!!!). Qui sont ces aristocrates? Non pas des personnes qui ont des châteaux et des particules, mais des êtres qui pratiquent les vertus guerrières, qui sont capables de soumettre de conquérir et d'exiger le sacrifice des autres! En fait, il reprend les stéréotypes de l'aristocratie de l'ancien régime.
Les nietzschéens et plus particulièrement les nietzschéen de gauche ont-ils lu Nietzsche? Je n'arrive pas à comprendre pourquoi Nietzsche a ses groupies en dehors de l'extrême extrême droite. Quand on lit Nietzsche, ça vous tombe des mains, c'est irrespirable, il ne cesse d'exprimer un mépris_écrasant pour la "plèbe", sa morale d'esclaves issue du christianisme et son ressentiment dirigé contre ceux qui ont l'âme noble! Le grand succès de Nietzsche ne viendrait-il pas de ses attaques très talentueuses à l'égard de la religion? Possible en ces temps où les combats d'arrière garde font toujours recette, cf les succès de Michel Onfray.

PS: comme je n'ai pas des heures et des heures pour faire des recherches, pour illustrer mon propos, je fais une copie de l'extrait que j'avais cité au début du fil, il est gratiné mais on pourrait en trouver des dizaines d'autres.

par delà le bien et le mal
**************************
neuvième partie qu'est-ce qui est noble?
chapitre 264
<<Il est impossible qu'un homme, même en dépit des apparences, n'ait pas dans son corps les qualités et les préférences de ses parents et de ses ancêtres. C'est le problème de la race. (...) Il est permis d'en tirer des conclusions sur l'enfant: une écoeurante impuissance à se maîtriser, une jalousie sournoise, une façon grossière de se donner toujours raison - ces trois particularités réunies ont de tout temps caractérisé le véritable type plébéien - doivent se transmettre à l'enfant aussi inévitablement qu'un sang vicié...
(...)
À notre époque très populaire, je veux dire populacière, l'éducation et la culture doivent être nécessairement et essentiellement l'art de faire illusion, de dissimuler aux regards l'origine roturière, la populace qu'on a héritée dans son corps et dans son âme... etc etc.

chapitre 265
Au risque de choquer des oreilles innocentes, je pose en fait que l'égoïsme fait partie de l'essence de l'âme noble, j'entends cette croyance inébranlable qu'il faut qu'à un être "tel que nous", d'autres soient nécessairement soumis par nature, et qu'ils doivent se sacrifier à nous. L'âme noble accepte son égoïsme comme un fait sans se poser aucune question (...) elle l'accepte comme une particularité qui doit sans doute avoir sa raison dans la loi primordiale des choses. Si elle cherchait à lui donner un nom, elle dirait que "c'est la justice même".>>
etc etc

 
shhh

23/03/2007
11:07
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Toute cette discussion devient bien tristouillarde. Vous voulez trouver de l'eugénisme chez Nietzsche, et vous en trouvez. Et vous revenez irrémédiablement à votre animosité contre Onfray, la gauche etc.
Je croyais qu'on parlait de Nietzsche, mais visiblement on parle d'autre chose. On parle du Nietzsche tel que vous le voulez, tel que vous l'avez jugé, sans égard à rien d'autre que votre condamnation initiale. Tant pis pour lui il n'avait qu'à être plus clair. Tant pis pour vous aussi, qui ne pouvez percevoir l'esprit d'une oeuvre et vous attachez à ce déchiffrage scolaire martelé tout aux long de vos interventions. Votre lecture linéaire, corsetée, ne permet pas c'est vrai, d'appréhender un tel travail. Il y faudrait un peu moins d'idées a priori, de catégories figées, de mots en isme, et un peu plus d'innocence.
En ce qui me concerne je ne vais pas continuer à discuter pour savoir si Nietzsche voulait pratiquer l'eugénisme, l'extermination des faibles, s'il était de gauche de droite, d'extrême droite ou d'extrême gauche, hédoniste épicurien stoïcien manichéen prosélyte moraliste etc.. Quand j'entame un bricolage je prends si possible les outils adaptés, et pas la dernière turbine du catalogue de l'homme moderne.
Remettez le livre dans vos casiers, mettez l'étiquette eugénisme+infréquentable et basta.
 
Henry Faÿ

23/03/2007
14:41
lire...


<<Toute cette discussion devient bien tristouillarde. Vous voulez trouver de l'eugénisme chez Nietzsche, et vous en trouvez.>>

J'en trouve parce qu'il y en a, c'est vous qui affirmiez qu'il n'y en avait pas, qu'en saviez-vous?

<< Et vous revenez irrémédiablement à votre animosité contre Onfray,>>

Et alors? N'est-il pas comme nietzschéen de gauche au coeur de la discussion. N'est-il pas un éminent représentant de tendances de notre époque? N'est-il pas très lu? J'ai bien le droit de dire ce que je pense de ce qu'il affirme. C'est lui qui n'a pas accepté l'invitation de Brice Couturier et Julie Clarini.

<<la gauche etc.>>

Je n'ai pas d'animosité contre la gauche, je me demande ce que la gauche a à voir avec un philosophe qui parle de manière très positive de morale aristocratique, de morale des seigneurs, de manière très négative de plèbe, de son sang vicié, de populace populacière, etc. Si un jour je rencontre un nietzschéen de gauche, je lui poserai la question.

<<Je croyais qu'on parlait de Nietzsche, mais visiblement on parle d'autre chose. On parle du Nietzsche tel que vous le voulez, tel que vous l'avez jugé, sans égard à rien d'autre que votre condamnation initiale.>>

Comment ça? De quoi d'autre parle-t-on? Je n'ai fait que m'appuyer sur des textes de Nietzsche. Aucune condamnation initiale, je n'ai pas voulu quoi que ce soit à propos de qui que ce soit, je n'ai rien jugé a priori, j'ai pris le livre et j'en ai lu des passages.

<<Tant pis pour lui il n'avait qu'à être plus clair.>>

Clair, il l'est tout à fait, dans l'ensemble.

<< Tant pis pour vous aussi, qui ne pouvez percevoir l'esprit d'une oeuvre et vous attachez à ce déchiffrage scolaire martelé tout aux long de vos interventions.>>

J'attends avec intérêt qu'on me montre que je n'ai pas d'une certaine manière et en rapport avec le temps que j'y ai passé perçu l'esprit de l'oeuvre. Déchiffrage scolaire, je suppose qu'on fait ça aussi à l'université.

<< Votre lecture linéaire, corsetée, ne permet pas c'est vrai, d'appréhender un tel travail. Il y faudrait un peu moins d'idées a priori, de catégories figées, de mots en isme, et un peu plus d'innocence.>>

Ma lecture linéaire, c'est sans doute que quand je lis un mot je ne cherche pas à le remplacer par un autre pour que le texte prenne un sens qui m'arrange. Je trouve incroyable cette idée qu'on pourrait parler d'un auteur en faisant abstraction de ce qu'il a écrit et qu'on critique ceux qui lisent avec attention. Comme disait mon prof, Jean Lecarme, ne lisez pas ceux qui ont lu ceux qui ont lu ceux qui ont lu... Je n'ai pas d'idées a priori, je lis avec mon petit carnet et mon stylo, de préférence dans un café.

<<En ce qui me concerne je ne vais pas continuer à discuter pour savoir si Nietzsche voulait pratiquer l'eugénisme, l'extermination des faibles, s'il était de gauche de droite, d'extrême droite ou d'extrême gauche, hédoniste épicurien stoïcien manichéen prosélyte moraliste etc.. Quand j'entame un bricolage je prends si possible les outils adaptés,et pas la dernière turbine du catalogue de l'homme moderne.>>

Quel meilleur outil que le texte lui-même?


<<Remettez le livre dans vos casiers, mettez l'étiquette eugénisme+infréquentable et basta.>>

Eventuellement jusqu'à la prochaine occasion.


 
shhh

23/03/2007
15:32
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Vous n'avez pour appuyer étayer vos dires que des extraits, isolés du contexte qui est l'ensemble de la réflexion de Nietzsche. Quiconque l'aurait abordée sans parti pris, ne se serait certainement pas permis de prétendre que Nietzsche est un eugéniste, et aurait eu un peu plus de retenue que de commencer un fil en disant:
"Friedrich Nietzsche, qui au premier degré est absolument infréquentable, au deuxième encore plus, au troisième pas moins, et ainsi de suite"
Parce que vous savez pertinemment qu'avec le jeu des citations sans contexte on peut tranquillement descendre qui on veut, y compris la quasi totalité de vos artistes préférés. C'est d'ailleurs assez souvent votre manière.
Je n'apprécie guère d'ailleurs que vous parliez "du texte" pour les quelques aphorismes cités que je persiste à dire incompris de vous.

 
Daniel

23/03/2007
16:31
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Oui bon bin ok, alors, le contexte, c'est quoi ?

On veut des arguments, des pointeurs vers les textes, des urls, de la matière brute à broyer (et pas du grain à moudre, non merci, pfft), le tout enroulé dans une bobine que notre attirail intellectuel bardé de cultures hétérogènes puisse appréhender.

Même s'il faut vous répéter et recopier vos propos (parce que ça commence à faire long pour tout relire), ce qu'Henry ne se gêne pas de faire, soit dit en passant !

Du nerf nom d'un poulpe !


 
Nazdeb

23/03/2007
17:07
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Le langage n'est décidément pas une donnée stable et encore moins une donnée qui puisse donner accès direct à la pensée, c'est ce qu'explique shhh avec persévérance, de façon assez remarquable. On peut juger l'attitude d'un penseur au moyen de quelques phrases isolées, ce ne sera jamais aussi éclairant qu'en étant attentif à toute son expression et au notions de son époque (je ne dis pas système, peut-être n’y en a-t-il pas chez Nietzsche...), chose qui demande un effort certes. C'est cette complexité que fossoie avec humour et beaucoup de facilité l'interrogation qui précède. "Défaite de la pensée", disait l'autre (qui a parfois du mal à penser lui aussi, faut dire...)



 
Daniel

23/03/2007
17:50
Nietzsche est nécessaire.

Je ne suis pas sur le ring, mais dans la salle, et j'essaie de relever un des antagonistes, assomé par les coups répétés de son adversaire.
Ais-je laissé entendre que je soutenais la position d'Henry ?

 
shhhh

23/03/2007
18:18
morale ? chais pas.

"En tout cas, Nietzsche est loin de ce matérialisme vulgaire qui normalement devrait conduire à une grande indifférence face à tous les comportements délicteux et criminels. Nietzsche, ce n'est pas ça, Nietzsche est très moraliste, il est dans le jugement de valeur permanent, en fait, il ne cesse d'invoquer une morale aristocratique, il dit même, en se référant aux légendes islandaises qui ont inspiré Wagner
une_morale_de_seigneurs en reprochant au compositeur de l'avoir finalement trahie au profit de celle de l'Evangile des humbles(!!!)."
C'est que justement Nietzsche dit que Dieu est mort. Dieu par lequel la morale s'est construite, c'est à dire qu'en quelque sorte la vérité de cette morale est morte avec lui. Avec lui est morte aussi la perception classique de la nature, et Zx a raison, ce n'est pas tant la subversion qui le guide qu'une douloureuse connaissance que l'homme est seul et n'a d'autre choix que de devenir ce qu'il a tué, Dieu lui-même. (Et là encore, je ne donne pas ça comme une certitude).
Certains commentateurs le détachent du courant post hegelien, d'autres au contraire le rattachent à lui, à cause de l'achèvement de la philosophie que Hegel a prononcé. Hegel qui dit aussi que Dieu est mort, mais avec une autre tonalité.
"Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ? Ce que le monde a possédé jusqu'à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous notre couteau. — Qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d'inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux simplement — ne fût-ce que pour paraître dignes d'eux ? »
Cette citation là me semble assez illustrer un aspect parmi d'autres.
Pour ce qui est des références, url etc.. je crois que ça ne manque pas quand on tape Nietzsche sur le gougueule.
 
shh

23/03/2007
18:22
mince, il manque la référence:

Le Gai Savoir, Livre troisième, 125.
 
Henry Faÿ

23/03/2007
18:27
faudrait-il que je fisse preuve de + de retenue?


<<Vous n'avez pour appuyer étayer vos dires que des extraits, isolés du contexte qui est l'ensemble de la réflexion de Nietzsche.>>

"Que des extraits", mais qu'y a-t-il de mieux que ces extraits qui font bien partie du texte et qui corroborent un contexte que, quand même je connais un peu.

<< Quiconque l'aurait abordée sans parti pris, ne se serait certainement pas permis de prétendre que Nietzsche est un eugéniste,>>

Que Nietzsche ait été favorable à l'eugénisme, je suis désolé, il le dit lui-même très clairement et à cette époque surtout pour un philosophe athée, rien d'extraordinaire et il n'est absolument pas le seul.

<< et aurait eu un peu plus de retenue que de commencer un fil en disant:
"Friedrich Nietzsche, qui au premier degré est absolument infréquentable, au deuxième encore plus, au troisième pas moins, et ainsi de suite">>

Quand on sait la virulence presque folle avec laquelle Nietzsche s'en prend à ses ennemis, l'injustice de ses jugements, par exemple à l'égard de Wagner, le caractère très destroy de ses propos par exemple à l'égard de la "plèbe", je ne vois pas où est le mal d'être un peu virulent à son égard.

<<Parce que vous savez pertinemment qu'avec le jeu des citations sans contexte on peut tranquillement descendre qui on veut, y compris la quasi totalité de vos artistes préférés. C'est d'ailleurs assez souvent votre manière.
Je n'apprécie guère d'ailleurs que vous parliez "du texte" pour les quelques aphorismes cités que je persiste à dire incompris de vous.>>

Je répète que ne pouvant pas m'amuser à recopier les 1750 pages des oeuvres publiées par Laffont, les extraits que j'ai pris la peine de reprendre sont parfaitement représentatives de ce qu'on peut lire presque toutes les pages. Entre comprendre et ne pas comprendre, il n'y a pas frontière bien établie. Il est vrai que je ne suis pas un spécialiste de cet auteur mais l'intérêt des forums c'est que d'autres peuvent en parler, s'ils en savent plus que moi, et ce n'est pas très difficile, je leur cède très volontiers le pas.

 
dom

23/03/2007
18:36
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

"et au notions de son époque", avec la faute lol, voila qui est bien dit, la photographie philosopique que nous envoie Nietzshe est peut etre valable pour un instant "t"
aurait il dit la même chose en 1918 et en 1945, peut on accomoder un texte du 19eme au 21eme, il n'a ni la vision du microscope electronique ni celle de Hubble.
y a t il des équations qui peuvent mettre en évidence ses dires ou les contredire.

shh, la lecture dans ce cas la, et cela n'engage que moi, ce sont des faits et non des suppositions, dans l'immediat je ne constate aucune verité absolue,si nietzsh avait eu l'architecture cerebale construite a la maniere d'un Condorcet, il serait irrefutable et encore, mais de toute évidence un texte qui prete a confusion c'est qu'il est mal traduit ou mal ecrit.
 
shhh

23/03/2007
18:43
une référence parmi d'autres:

Pour satisfaire Daniel une url parmi des milliers d'autres (en toutes les langues).

http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&am p;pg=4885



 
dom

23/03/2007
19:00
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

d'ajouter "Dieu est mort !" faudrait il deja qu'il ait exister et que ce soit prouvé partant de ce principe la suite qui en decoule n'est que pure fiction, ce qui permet a l'auteur de se taper un délire provocateur, maintenant si c'est encore une de ces paraboles a la con dont se servent les vendeurs de mystique a pas cher, c'est encore autre chose du simple buisness
 
Daniel

23/03/2007
19:01
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

dom :
Certes. Mais, ce qui est reproché à Henry, c'est de lire N. avec un outillage conceptuel et moral en quelque sorte déjà constitué, ou teinté. Quiconque a passé un peu de temps à lire Henry en sera convaincu (je ne critique pas les positions d'Henry en écrivant ceci).

De plus, et ça c'est plus mon expérience de la lecture de N. qui me le fait écrire, picorer tel ou tel de ses aphorismes est un exercice fatal. Fatal car il mène inéluctablement à l'erreur d'appréciation.
Je le répète, je n'ai que mon expérience personnelle de sa lecture.
J'en ai retenu que sa lecture tient d'un exercice dialectique. N. nous exorthe de nous libérer des inhibitions morales que les religions nous ont enchaîné aux pieds.
C'est une lecture folle que cette entreprise. L'eugénisme ? Bah, on l'a bien entendu tout en nous, c'est hypocrysie que de le nier. N. nous dit invite à embrasser le flot de son raisonnement. Faut-il en faire une doctrine politique ? Autant que La République platonicienne qui n'a pas à rougir sur ce point-là ? Ah mais oui, c'est douloureux de brises ces chaines-là. Pourquoi se faire tant de mal à les briser alors qu'on pourrait très bien rester assis (etc. vous connaissez le refrain).

Et même si N. aurait finalement arrêté son raisonnement sur une position franchement eugéniste (faites venir les experts), devons-nous, nous lecteur nous y arrêter aussi ? Après avoir lu et vu tout ce qui s'est passé au vingtième siècle (de mémoire vivante ou institutionalisée) ?

Bon, c'est un peu brouillon, mais vous voyez peut-être l'idée. Plus tard quand j'aurai écris des tonnes de trucs, j'écrirai un bouquin et vlan.
 
shhh

23/03/2007
19:08
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Ben oui, brouillon quand on parle de Nietzsche, ça je comprends bien.
 
Daniel

23/03/2007
19:23
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

"
Où que tu sois, creuse profondément.
A tes pieds se trouve la source!
Laisse crier les obscurantistes :
« En bas est toujours - l'enfer! »
"
Le gai savoir - 3

 
Nazdeb

23/03/2007
20:12
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Dont acte Daniel, je t'ai pris un peu lestement pour un gros flemmard (ce que je suis) et un plaisantin. Ecris ton bouquin, évite les implicites et sous-entendus (je suis un peu bêta), et je serai un lecteur...



 
shhh

23/03/2007
20:28
voui

Moi aussi je lirai.

 
Henry Faÿ

24/03/2007
06:30
des questions sans réponse


<<Pour satisfaire Daniel une url parmi des milliers d'autres (en toutes les langues).>>

C'est quoi un url? J'ai lu cet article. Il ne dit rien de ce autour de quoi nous tournons, de cette fascination de Nietzsche pour la morale aristocratique et de qu'il entend par là, l'égoïsme et non la générosité en étant un élément constitutif, de ce mépris écrasant qu'il ne cesse obsessionnellement de proclamer sur des pages et des pages pour la "plèbe", pour la "morale d'esclaves" empreinte de ressentiment que véhiculent selon lui judaïsme et christianisme, et du peu d'estime qu'il a pour l'humanisme moderne. Cet article n'explique pas pourquoi la transmutation des valeurs, l'affranchissement des valeurs établies, une belle idée en apparence aboutit à des choix éthiques qui en fait nous renvoient aux valeurs d'époques où on pouvait exiger soumission, sacrifices.

 
Henry Faÿ

24/03/2007
06:32
que dois-je comprendre?

<<Mais, ce qui est reproché à Henry, c'est de lire N. avec un outillage conceptuel et moral en quelque sorte déjà constitué, ou teinté.>>

Mais encore?

 
Henry Faÿ

24/03/2007
06:38
les aphorismes

<<picorer tel ou tel de ses aphorismes est un exercice fatal. Fatal car il mène inéluctablement à l'erreur d'appréciation.>>

À ce moment là, pourquoi s'exprimer par aphorisme?

 
Henry Faÿ

24/03/2007
07:28
il est contre les hospices et les Hôtel-Dieu!


<<C'est une lecture folle que cette entreprise.>>
Ou l'inverse mais dans cette forme ce n'est pas mal ou même mieux.
<< L'eugénisme ? Bah, on l'a bien entendu tout en nous, c'est hypocrysie que de le nier.>>

Certes, certes et j'ai été mal compris, sans doute me suis-je mal expliqué. Personne dans ce forum n'a pensé à me faire remarquer que les pratiques eugéniques sont de toutes les époques, qu'elles sont plus que jamais d'actualité, que toutes les formes d'eugénisme ne sont pas criminelles, que les réflexions sur l'eugénisme sont justifiées, que les théories de Darwin dont on pouvait déduire la nécessité de pratiquer l'eugénisme ne pouvaient pas dans la deuxième partie du XIXe siècle manquer de frapper les esprits et susciter des interrogations, que les préoccupations sur l'eugénisme entrent en résonance avec le thème récurrent qu'est chez Nietzsche la décadence. Ce que j'ai trouvé insupportable c'est quand il dit que ce qu'il ne pardonne pas aux religions "souveraines", à qui il reconnaît bien des mérites c'est pas d'avoir maintenu en vie des êtres (oui, des personnes, pas des concepts) qui devaient périr, travaillant ainsi à la, tenez vous bien, détérioration de la race européenne (qui comme nous l'a rappelé shhh n'est pas caucasienne). Il reproche donc aux églises d'avoir fondé des hospices! Tous ces Hôtel-Dieu aux centres des villes, il les réprouverait. Non mais il est vraiment complètement fou! C'est quand même un peu fort de café! On dit l'hommage du vice à la vertu, ici c'est vice eugéniste qui jette son fiel sur la charité chrétienne, c'est insupportable.
En écrivant ce message, je relis le chapitre 62 de par delà le bien et le mal, troisième partie, l'être religieux. Tant pis, une partie de mon samedi matin va y passer, je vais recopier une grande partie de ce chapitre et vous verrez, c'est gratiné!


 
shhh

24/03/2007
08:09
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Dans ce cas, et pour être complet, faudra aussi relire Zarathoustra, le gai savoir, sa correspondance, ecce homo, la naissance de la tragédie, etc... Bien tenir compte de la forme d'écriture employée (aphorismes). Puis faudra aussi, puisque vous instruisez un procès à charge, ne pas oublier d'écouter les avocats de la défense, éventuellement réunir un grand jury, et après vous pourrez donner le verdict. Quoique vous l'ayez déjà donné, ce qui fait qu'on peut encore et malgré tout douter de l'honnêteté du procès.
Et quand vous aurez conclu que Nietzsche est un monstre qui veut détruire les hôpitaux vous risquez quand même de faire rire pas mal de monde.
Le thème récurrent chez Nietzche qui serait la décadence !!!, faudrait quand même tâcher de rester crédible.
Au fait le texte complet de par delà le bien et le mal, en vo, vous le trouverez là:
http://www.nietzsche.tv/jenseits-von-gut-und-boese.html
 
shhh

24/03/2007
08:11
url (technologie)

Une url c'est l'acronyme de "uniform ressource locator"
C'est la convention de nom qui affecte une adresse unique à un nom de site web (http://...)
 
shhh

24/03/2007
08:20
aphorisme

"À ce moment là, pourquoi s'exprimer par aphorisme?"

C'est une forme assez souvent utilisée par des auteurs, censée exprimer une pensée labyrinthique et très touffue opposée au développement rigoureux d'une démonstration sur un seul thème, qui peut être une machinerie, ou un "système". On peut supposer qu'il voulait ainsi se démarquer de la forme classique de la philosophie allemande.
Je suis sûre que vous le saviez.
 
shh

24/03/2007
08:44
aphorisme 2

Il en est question là:

http://hei.unige.ch/ri/R%E9sum%E9s/Notes127.pdf

 
Daniel

24/03/2007
09:03
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Pour éviter de se tuer à la tâche et recopier par clavier, on peut copier-coller depuis ici :
http://zarathoustra.info/index.php?title=Le_Gai_Savoir
Ce n'est pas la traduction révisée par Jean Lacoste.
 
shhh

24/03/2007
09:04
aphorisme 3 et 4

"La question de l’emploi de l’aphorisme chez Nietzsche, comme celle aussi du langage soulèvent diverses interrogations. De fait, “ sans comprendre la philosophie du langage de Nietzsche, nous ne pouvons pas comprendre son expérimentation philosophique. Il ne s’agit pas seulement de rechercher une autre compréhension du langage mais, simultanément et
inséparablement, de chercher une nouvelle manière de lire ” Et se retrouve de fait le lien avec les Présocratiques, en empruntant la logique des “ contradictions ”."

Raïssa Mezieres (Notes de lecture, Univ 1 Paris)

"Ainsi, Nietzsche, dès son traité Humain, trop humain, a adopté l’aphorisme qu’il incombe au lecteur de déchiffrer en pratiquant une « lecture lente », ou ce qu’il appelle « une rumination ».

Dictionnaire international des termes littéraires.




 
Daniel

24/03/2007
09:05
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Le gras de ma dernière phrase n'était pas intentionnel, n'y voyez aucune aggressivité.
 
Henry Faÿ

24/03/2007
10:45
le chapitre 62 de par-delà le bien et le mal

Merci Daniel, je n'ai pas trouvé en ligne par-delà le bien et le mal, j'ai donc comme prévu recopié le chapitre 62, j'ai fait ça en écoutant distraitement l'émission d'Alain Finkielkraut.
Je soumets ce texte à la méditation de tous ceux qui lisent ce fil:




<<En conclusion, pour faire aussi entrer dans le bilan des religions leurs méfaits, et pour mettre à jour ce qu’elles ont d’inquiétant et de dangereux : cela se paie toujours cher, et terriblement cher, quand les religions ne sont pas des moyens d’éducation et d’amélioration de l’espèce entre les mains des philosophes, mais règnent indépendantes et souveraines quand elles veulent être des fins suprêmes et non des moyens parmi d’autres. L’espèce humaine compte, comme tout autre espèce animale, un excédent de ratés, de malades, de dégénérés, d’infirmes, d’êtres condamnés à la souffrance ; chez l’homme (comme chez l’animal) les réussites sont toujours l’exception, et même, du fait que l’homme est l’animal dont_le_caractère_propre_ne_s.est_pas_encore fixé , la très rare exception. Pis encore : plus le type que représente un homme est d’une nature supérieure, moins il a de chances de réussite : le hasard et la loi de l’absurde qui président à l’ensemble de l’économie humaine se manifestent de la plus effroyable façon dans leur action destructive sur les hommes supérieurs, dont les conditions de vie sont délicates, complexes et difficiles à calculer. Or comment les deux plus grandes religions, le bouddhisme et le christianisme, se comportent-elles à l’égard de cet excédent d’échecs ? Elles cherchent à conserver, à maintenir en vie tout ce qui est possible de garder, elles prennent même parti pour ces déchets, en tant que religions qui s’adressent à_ceux_qui_souffrent elles donnent raison à tous ceux qui souffrent de la vie comme d’une maladie, et elles voudraient obliger à tenir pour faux tout autre sentiment de la vie et le rendre impossible. Si haut que l’on puisse estimer ces ménagements et cette sollicitude conservatrice, dans la mesure où, au même titre que tous les autres, en a profité et en profite le type d’homme le plus élevé, et qui fut presque toujours jusqu’ici le plus souffrant, - les religions souveraines sont, tout compte fait, une des causes principales qui ont maintenu le type « homme » à un niveau inférieur car elles ont maintenu en vie trop d’être qui_devaient_périr On leur doit des bienfaits inappréciables, et qui donc est assez riche en reconnaissance pour ne pas se trouver pauvre en face de tout ce que, par exemple, les « clercs » de la religion chrétienne ont fait pour l’Europe ? Pourtant, s’ils ont apporté la consolation à ceux qui souffraient, le courage aux opprimés et aux désespérés, un bâton et un soutien à ceux qui ne pouvaient aller seuls, s’ils ont attiré loin de la société, dans des cloîtres et des prisons spirituelles ceux qui n’étaient plus intérieurement que ruines et que déchaînement, - que ne durent-ils faire aussi pour la paix de leur conscience en s’évertuant à conserver tout ce qui était malade et souffrant, c’est-à-dire, en fait et en vérité, en travaillant à_la_détérioration_de_la_race européenne ! Mettre sens_dessus_dessous toutes les valeurs, voilà ce qu’il leur fallut faire ! Fracasser les forts, infecter les grandes espérances, rendre suspect le bonheur de la beauté, briser toute fière indépendance, tout ce qu’il y a de viril, de conquérant, de dominateur, tous les instincts qui sont le propre du type humain le plus élevé et le plus réussi, en y introduisant l’incertitude, la détresse de la conscience et le suicide, transformer l’attachement de la terre et à la domination en haine contre la terre et les choses terrestres, - tel fut le devoir que s’imposa l’Eglise et ce qu’elle dut nécessairement s’imposer, jusqu’à ce que « renoncer au monde », châtier ses sens » et « accéder à une humanité supérieure » ne fussent plus qu’une_seule et même chose. Si l’on pouvait embrasser du regard ironique et indifférent d’un seul dieu épicurien la comédie étrangement douloureuse et aussi grossière que raffinée du christianisme européen, je crois qu’on n’en finirait pas de s’étonner et de rire : ne semble-t-il pas qu’une seule volonté a régné sur l’Europe pendant dix-huit siècles pour faire de l’homme un sublime_avorton ? Si, au contraire, avec des besoins opposés et non plus en épicurien, mais brandissant quelque marteau divin, on se penchait sur la dégénérescence et le rabougrissement presque systématique de l’homme que représente l’Européen chrétien (par exemple Pascal), ne faudrait-il pas s’écrier avec fureur, pitié et effroi : Ô rustres, rustres prétentieux et compatissants ! qu’avez-vous fait ? Était-ce là un travail pour vos mains ? Ma plus belle pierre, comme vous l’avez massacrée ! Et qu’en avez-vous tiré ? » - Ce que je veux dire, c’est que le christianisme a été jusqu’ici la forme la plus funeste de la présomption. Des hommes qui n’étaient pas assez grands ni assez durs pour avoir le droit de façonner l’homme en artistes ; ni assez forts ni assez lucides pour accepter, avec une sublime abnégation, de laisser_agir la loi originelle qui veut qu’il y ait des échecs et des naufrages innombrables ; des hommes pas assez nobles pour percevoir les différences vertigineuses et l’abîme insondable qu’il y a d’un homme à l’autre, - voilà les hommes qui, avec leur « égalité devant Dieu », ont jusqu’à nos jours disposé à leur gré des destinées de l’Europe, jusqu’à ce qu’enfin ait été sélectionnée une espèce amoindrie et presque ridicule, cet animal grégaire, bienveillant, souffreteux et médiocre : l’Européen d’aujourd’hui…>>
 
Henry Faÿ

24/03/2007
11:14
un excédent de ratés, de malades, de dé


<<Et quand vous aurez conclu que Nietzsche est un monstre qui veut détruire les hôpitaux vous risquez quand même de faire rire pas mal de monde.>>

Si vous pensez que "l’espèce humaine compte, comme tout autre espèce animale, un excédent de ratés, de malades, de dégénérés, d’infirmes, d’êtres condamnés à la souffrance" et si vous pensez que c'est une grave faute pour l'intégrité de la race européenne que de maintenir en vie "trop d’êtres qui doivent périr", la conclusion, c'est qu'il faut fermer les hospices et les établissements de ce type.


 
Henry Faÿ

24/03/2007
11:38
je lis, je m'étonne, je critique


<<Puis faudra aussi, puisque vous instruisez un procès à charge, ne pas oublier d'écouter les avocats de la défense, éventuellement réunir un grand jury, et après vous pourrez donner le verdict. Quoique vous l'ayez déjà donné, ce qui fait qu'on peut encore et malgré tout douter de l'honnêteté du procès.>>

Quoi de plus légitime que de critiquer un auteur qui en publiant ses écrits en a pris le risque, surtout quand c'est un auteur qui n'a pas fait de cadeaux à ses adversaires, qui s'est lui-même répandu en invectives d'une violence insensée (des propos comme ... la dégénérescence et le rabougrissement presque systématique de l’homme que représente l’Européen chrétien par exemple Pascal) et en propos extraordinairement méprisants à l'égard des moins favorisés? N'ai-je pas le droit de m'étonner de cette étrange mode qui porte au pinacle un auteur dont les thèses très hasardeuses sont en contradiction frontale avec l'éthique la mieux acceptée à notre époque? Je me félicite que mon point de vue ne soit le seul à être exprimé sur ce forum et je suis prêt à recevoir s'il le faut de fraternelles corrections. Vous noterez que mes écrits s'appuient toujours sur les textes de l'auteur, ce qu'on va, c'est un comble, jusqu'à me reprocher!


 
shhh

24/03/2007
11:40
où on va faire un reboot de la discussion:

au fait:
Comment faut-il comprendre ceci:
Intervention 07:28
"(les pratiques eugéniques) ..qu'elles sont plus que jamais d'actualité,que toutes les formes d'eugénisme ne sont pas criminelles,..." ?


 
shhh

24/03/2007
11:47
"des" et "les" c'est pas pareil

Vous vous appuyez sur "des" textes qui renforcent votre animosité, et vous oubliez délibérément les textes contradictoires avec ceux que vous citez; et justement Nietzsche, c'est aussi l'homme de la contradiction revendiquée.
Où sont tous ces aphorismes et ces poèmes qui sont des hymnes à la gloire de la vie (toutes les vies) ?
 
lionel

24/03/2007
13:32
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Je trouve que cet extrait complet de 10:45 montre bien la complexité de la pensée de Nietzsche. Voir par exemple la phrase ci-dessous qui concède un aspect estimable aux religions:

"Si haut que l’on puisse estimer ces ménagements et cette sollicitude conservatrice, dans la mesure où, au même titre que tous les autres, en a profité et en profite le type d’homme le plus élevé, et qui fut presque toujours jusqu’ici le plus souffrant"

Avec les penseurs "hors-norme" qui jonglent avec les limites de la société il est toujours risqué de sortir des phrases de leur contexte.


 
Daniel

24/03/2007
13:58
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

En effet, ce qualificatif de 'souffrant' est ambigü.
Souffrent-ils de la même souffrance que les ratés et autre déchets, ou souffrent-il des difficultés que
"le hasard et la loi de l’absurde qui président à l’ensemble de l’économie humaine se manifestent de la plus effroyable façon dans leur action destructive sur les hommes supérieurs, dont les conditions de vie sont délicates, complexes et difficiles à calculer" ?

Trois pistes :
- le texte en allemand. Si quelqu'un pouvait nous éclairer sur la question il est le bienvenu.
- Nietzsche nous tendrait-il un piège en sollicitant notre mémoire sur la santé des hommes dits supérieurs afin de confronter ce jugement radical à l'égard des malades ?
- il se prend lui-même les pieds dans le tapis. Patatras !

Un autre passage est intéressant, en parlant des religions : "elles donnent raison à tous ceux qui souffrent de la vie comme d’une maladie, et elles voudraient obliger à tenir pour faux tout autre sentiment de la vie et le rendre impossible".

 
le Législateu

24/03/2007
14:57
pour en finir

En complément de

la loi du 13 juillet 1990, dite loi Gayssot visant à interdire le négationnisme,
de la loi du 29 janvier 2001 reconnaissant le génocide arménien de 1915,
de la loi du 21 mai 2001 dite «loi Taubira» sur l'esclavage,
de la loi française du 23 février 2005 (abrogée) sur la présence française outre-mer,

a été proposée et adoptée le 24 Mars 2007 une loi qui réprime la négation, la minimisation, la justification ou l'approbation de l’eugénisme Nietzschéen.

La présente loi sera exécutée comme loi de l'État.

 
lrdb

24/03/2007
15:21
pour en finir avec la censure

Je vois que la censure et l'interdiction de s'exprimer se portent bien, à 14h57 dans ce fil. Mais qu'en est-il de l'interdiction de penser ?

La confusion entre Eugénisme et Génocides divers est un exemple de confusion mentale, couramment et justement dénoncée sous l'appellation d'amalgame.

Ergo :
- si vous voulez bruler Carrel ou Nietzsche
- si vous voulez faire taire ceux qui cherchent à comprendre ces grands esprits malgré la malversation qui en a été faite à fins de cautionner des atrocités historiques qui font aujourdhui les délices des dénonciateurs d'atrocités historiques (lisez donc Baudrillard, afin de réaliser à quel point le mal vous est devenu nécessaire pour exister)
- si vous voulez absolument gloser sur l'Eugénisme, que ce soit pour vous livrer au joies de la censure, ou pour tenter de disqualifier un interlocuteur,

dans tous ces cas : avant de censurer, pensez donc à définir un peu précisément ce dont vous parlez et qui vous sert à justifier la censure.

Oui, pensez-y s'il vous plait.
Qu'on puisse vous répondre.
Et aussi vous envoyer aux chiottes, lieu de résidence des censeurs.

LRDB
 
Henry Faÿ

24/03/2007
16:09
je trouve des choses étonnantes chez cet auteur

<<Vous vous appuyez sur "des" textes qui renforcent votre animosité, et vous oubliez délibérément les textes contradictoires avec ceux que vous citez; et justement Nietzsche, c'est aussi l'homme de la contradiction revendiquée.
Où sont tous ces aphorismes et ces poèmes qui sont des hymnes à la gloire de la vie (toutes les vies) ?>>

Mais je ne parle que de ce qui fait problème, au fur et à mesure de mes découvertes stupéfiantes. Dans quel texte Nietzsche revendique-t-il la contradiction? En quels termes? La référence, vite!


 
Législateur

24/03/2007
16:34
take it easy, dude

C’est un régal de faire partir au quart de tour ceux qui fonctionnent au premier degré.

C'était un canular, puisqu'il faut vous mettre les points sur les i.

C'était faire semblant de clore ce débat « à la Française », par une censure, une interdiction de parler, puisqu'on n'a pas encore trouvé le moyen de nous interdire de penser. C'était une autodérision au sujet d'une des caractéristiques de notre "identité nationale".

J'entends d'ici votre réponse indignée: "Il y a des sujets, Monsieur, sur lesquels on ne plaisante pas!".

Pour tout vous dire, puisque vous me mettez dans l'obligation d'être lourdingue, j'ai copié/collé dans mes archives perso le contenu de ce fil que je trouve remarquable.

 
shhh

24/03/2007
18:53
mais à quoi on joue ?

L'« humanité » de l'avenir.
Lorsque je regarde, avec les yeux d'une époque lointaine, vers celle-ci, je ne puis rien trouver de plus singulier chez l'homme actuel que sa vertu et sa maladie particulière que l'on appelle le « sens historique ». Il y a là l'amorce de quelque chose de tout I neuf et d'étranger dans l'histoire : que l'on donne à ce I germe quelques siècles et davantage et il finira peut-être [ par en sortir une plante merveilleuse avec une odeur tout | aussi merveilleuse, propre à rendre notre vieille terre plus agréable à habiter qu'elle ne l'a été jusqu'à présent. C'est que, nous autres hommes modernes, nous commençons à former la chaîne d'un sentiment que l'avenir montrera I 1res puissante, chaînon par chaînon, - nous savons à peine I ce que nous faisons. Il nous semble presque qu'il ne s'agit ' pas d'un sentiment nouveau, mais seulement de la dimi­nution de tous les sentiments anciens : - le sens historique I est encore quelque chose de si pauvre et de si froid, et il y a des hommes qui en deviennent glacés et plus pauvres et [ plus froids encore. Pour d'autres, il est l'indice de la vieillesse qui vient et notre planète leur apparaît comme un mélancolique malade qui, pour oublier le présent, se met à écrire l'histoire de sa jeunesse. En effet, c'est là un des côtés de ce sentiment nouveau : celui qui sait consi­dérer l'histoire de l'homme, dans son ensemble, comme son histoire, celui-là ressent, en une énorme généralisa­tion, toute l'affliction du malade qui songe à la santé, du vieillard qui songe au rêve de sa jeunesse, de l'amoureux privé de sa bien-aimée, du martyr dont l'idéal est détruit, du héros le soir d'une bataille dont le sort a été indécis et dont il garde pourtant des blessures et le regret de la mort d'un ami. - Mais porter cette somme énorme de misères de toute espèce, pouvoir la porter, et être quand même le héros qui salue, au second jour de la bataille, la venue de l'aurore, la venue du bonheur, puisque l'on est l'homme qui a, devant et derrière lui, un horizon de mille années, étant l'héritier de toute noblesse, de tout esprit du passé, héritier engagé, le plus noble parmi toutes les vieilles noblesses, et, en même temps, le premier d'une noblesse nouvelle, dont aucun temps n'a jamais vu ni rêvé rien d'égal : prendre tout cela sur son âme, le plus ancien et le plus nouveau, les pertes, les espoirs, les conquêtes, les victoires de l'humanité et réunir enfin tout cela en une seule âme, le résumer en un seul sentiment - ceci, certainement, devrait avoir pour résultat un bonheur que l'homme n'a pas encore connu jusqu'ici, - le bonheur d'un dieu, plein de puissance et d'amour, plein de larmes et de rires, un bonheur qui, pareil au soleil le soir, donnerait sans cesse de sa richesse inépuisable pour la verser dans la mer, et qui, comme le soleil, ne se sentirait le plus riche que lorsque le plus pauvre pêcheur ramerait avec des rames d'or. Ce bonheur divin s'appellerait alors - huma­nité!

Le gai savoir 338

 
shhh

24/03/2007
18:58
Nietzsche: épisode 79 du fil

La volonté de vie et les compatissants.
Est-il salutaire pour vous d'être avant tout des hommes compatissants? Est-il salutaire pour ceux qui souffrent que vous compa­tissiez? Laissons cependant pour un moment sans réponse ma première question. - Ce qui nous fait souffrir de la façon la plus profonde et la plus personnelle est presque incompréhensible et inaccessible à tous les autres; c'est en cela que nous demeurons cachés à notre prochain, quand même il mangerait avec nous dans la même assiette. Mais partout où l'on remarque que nous souffrons, notre souffrance est mal interprétée; c'est le propre de l'affec­tion compatissante de dévêtir la souffrance étrangère de ce qu'elle a de vraiment personnel : - nos « bienfaiteurs », mieux que nos ennemis, diminuent notre valeur et notre volonté. Dans la plupart des bienfaits que l'on prodigue aux malheureux il y a quelque chose de révoltant, à cause de l'insouciance intellectuelle que le compatissant met à jouer à la destinée : il ne sait rien de toutes les consé­quences et de toutes les complications intérieures qui, pour moi, ou bien pour toi s'appellent malheur! Toute l'économie de mon âme, son équilibre par le « malheur », les nouvelles sources et les besoins nouveaux qui éclatent, les vieilles blessures qui se ferment, les époques entières du passé qui sont refoulées - tout cela, tout ce qui peut être lié au malheur, ne préoccupe pas ce cher compatis­sant, il veut secourir et il ne pense pas qu'il existe une nécessité personnelle du malheur, que, toi et moi, nous avons autant besoin de la frayeur, des privations, de l'appauvrissement, des veilles, des aventures, des risques, des méprises que de leur contraire, et même, pour m'exprimer d'une façon mystique, que le sentier de notre propre ciel traverse toujours la volupté de notre propre enfer. Non, il ne sait rien de tout cela : la « religion de la pitié » ou bien « le cœur » ordonne de secourir, et l'on croit avoir le mieux aidé lorsque l'on a aidé vite! Si, vous autres partisans de cette religion, professez vraiment, à l'égard de vous-mêmes, un sentiment pareil à celui que vous avez à l'égard de votre prochain, si vous ne voulez pas garder sur vous-mêmes, pendant une heure, votre propre souf­france, prévenant toujours de loin tout malheur imagina­ble, si vous considérez en général la douleur et la misère comme mauvaises, haïssables, dignes d'être détruites, comme une tare de la vie, eh bien alors! outre votre religion de la pitié, vous avez encore au cœur une autre religion, et celle-ci est peut-être la mère de celle-là - la religion du bien-être. Hélas! combien peu vous connaissez le bonheur des hommes, êtres commodes et bonasses! -car le bonheur et le malheur sont des frères jumeaux qui grandissent ensemble, ou bien qui, comme vous, restent petits ensemble] Mais revenons à ma première question. -Comment est-il possible de rester sur son propre chemin ! Sans cesse un cri quelconque nous appelle à côté; rarement notre œil voit quelque chose où il ne serait pas nécessaire de quitter nos propres affaires pour accourir. Je le sais : il y a cent manières honnêtes et louables pour m'égarer de mon chemin, et ce sont certes des manières très « morales »! L'opinion des prédicateurs de la morale et de la pitié va même, de nos jours, jusqu'à prétendre que ceci, et ceci seul, est moral : - à savoir, se détourner de son chemin pour accourir au secours du prochain. Et je sais, avec autant de certitude, que je n'ai qu'à m'aban-donner pendant un instant à une misère véritable pour être moi-même perdu! Et, si un ami souffrant me dit : «Voici, je vais mourir bientôt; promets-moi donc de mourir avec moi » - je le lui promettrais, tout aussi bien que le spectacle d'un petit peuple de la montagne combattant pour sa liberté, m'animerait à lui offrir mon bras et ma vie : - pour ne choisir que des mauvais exemples de bonnes raisons. Certes, il y a une secrète séduction, même dans tous ces éveils de la pitié, dans tous ces appels au secours ; car notre « propre chemin » est précisément quelque chose de trop dur et de trop exi­geant; quelque chose qui est trop loin de l'amour et de la reconnaissance des autres, - ce n'est pas sans plaisir que nous lui échappons, à lui et à notre conscience la plus individuelle, pour nous réfugier dans la conscience des autres et dans le temple charmant de la « religion de la pitié ». Chaque fois qu'éclate maintenant une guerre quelconque, éclate en même temps, parmi les hommes les plus nobles d'un peuple, une joie, tenue secrète il est vrai : ils se jettent avec ravissement au-devant du nouveau danger de la mort, parce qu'ils croient enfin avoir trouvé, dans le sacrifice pour la patrie, cette permission long­temps cherchée - la permission Réchapper à leur but : -la guerre est pour eux un détour vers le suicide, mais un détour avec bonne conscience. Et, tout en taisant ici certaines choses, je ne veux cependant pas taire ma morale qui me commande : Vis caché pour que tu puisses vivre pour toi, vis ignorant de ce qui importe le plus à ton époque! Place, entre toi et aujourd'hui, au moins l'épais­seur de trois siècles ! Et les clameurs du jour, le bruit des guerres et des révolutions ne doit te parvenir que comme un murmure! Et, toi aussi, tu voudras secourir, mais seulement ceux dont tu comprends entièrement la peine, puisqu'ils ont avec toi une joie, et un espoir en commun -tes amis : et seulement à la façon dont tu prêtes secours à toi-même : - je veux les rendre plus courageux, plus endurants, plus simples et plus joyeux! Je veux leur apprendre ce qu'aujourd'hui si peu de gens comprennent, et ces prédicateurs de la compassion moins que personne : - non plus la peine commune, mais la joie commune.
Le gai savoir 339.

Est-ce plus éclairant ? je n'en sais rien, mais il semble difficile de concilier l'analyse que vous faites avec un texte commme celui-ci.
 
shhh

24/03/2007
20:48
relisons et ruminons, comme il est prescrit

Mais bon sang, plus je lis ce texte n°62 et plus j’en tire une conviction inverse de la vôtre.
Nietzsche ne condamnerait pas l’église si elle s’était contentée d’être le moyen mais voilà, tous ces malades à qui il lui échoyait de porter secours jusqu’à leur guérison, c'est-à-dire jusqu’à extirper la maladie, elle a saisi l’opportunité d’en faire les prosélytes de la religion, et pour ce faire de les convaincre qu’ils ne sont que des malades parce que c’est ainsi qu’ils la servaient le mieux en les rendant dépendants. Et alors ils sont devenus ces profanateurs d’une humanité qui justement aspire à plus de vie et à se libérer de la souffrance, en maintenant à son profit la maladie comme moteur de la soumission à l’église. Une église souveraine puisqu’elle règne à travers les malades et les souffrants qui passent entre ses mains sur toute la « race européenne ». Ce sont ces malades et ces souffrants qui rendent les hommes sujets dépendants et faibles Il faut en finir non avec les personnes porteuses de maladies, mais avec ces êtres hybrides que sont devenus les hommes qui ont composé avec la souffrance jusqu’à la donner comme l’essence de l’homme et à la substituer à la vie qui est en eux.
Si j’ai en face de moi un homme qui me dit: je suis la maladie que je porte, je le rejette, parce qu’il oppose sa mort à ma vie.


 
lrdb

24/03/2007
22:28
(parenthèse pour "législateur")

votre blague était idiote, et ne mérite surement pas l'appellation de second degré - vous etes mal placé pour taxer autrui de "premier degré" - le fil ne gagne rien avec de telles interventions stériles, polluantes, primaires, et qui n'ont rien à voir de près ou de loin avec ce qu'est un canulars - pour moi l'incident est clos - a l'avenir abstenez vous ça vaudra mieux pour tout le monde
 
dom

25/03/2007
11:13
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

salut Daniel et merci pour la réponse

salut shhh

24/03/2007
09:04 c'est lent comme réponse, mais a ecrire des symboles interpretables au gout du lecteur, c'est idiot cela seme la confusion, la philo symbolique veritable roulette russe qui comme on peut le constater aujourd'hui, passe de EUREKA a "il y a une vie apres les nouilles" Nietzsch semble amener la reflexion maximum a un petard mouillé chez nos contemporains.
24/03/2007
18:58
vivons heureux vivons caché dit il, c'est une base de la sagesse populaire, rien de bien neuf, pour quelqu'un qui semble vouloir etre reconnu de son vivant, bref cela ne casse pas trois pattes a un cannard.
24/03/2007
20:48
la je rigole un peu au sens ou n'ayant pas le courage d'attaquer de front les bigots il les decrits comme malades, confondant la maladie medicale au point de vue technique avec l'inclination religieuge exacerbée, faudrait peut etre pas oublier qu'il a dut subir du sermon a haute dose dans sa jeunesse, le discours d'un faux cul pourrait on dire.

sous des airs de harangues vindicatives a 'lencontre des malades ils se comporte lui même en predicateur.
Quant a le lire mot a mot style "action replay", ce n'est pas un grand vin ni même une piece noble.
en toute amitié dom
 
Henry Faÿ

25/03/2007
11:18
salauds de curés!


<<Mais bon sang, plus je lis ce texte n°62 et plus j’en tire une conviction inverse de la vôtre.
Nietzsche ne condamnerait pas l’église si elle s’était contentée d’être le moyen mais voilà, tous ces malades à qui il lui échoyait de porter secours jusqu’à leur guérison, c'est-à-dire jusqu’à extirper la maladie, elle a saisi l’opportunité d’en faire les prosélytes de la religion, et pour ce faire de les convaincre qu’ils ne sont que des malades parce que c’est ainsi qu’ils la servaient le mieux en les rendant dépendants.>>

Si vous lisez le texte sans le tordre à votre convenance, vous verrez que pour des préoccupations de préservation de la qualité de la race, (« détérioration de la race européenne, qui n’est pas caucasienne, notez le bien ») C’est-à-dire des préoccupations eugénistes votre pote Nietzsche reproche vigoureusement aux Églises de ne pas laisser mourir « les ratés, les malades, les dégénérés, les infirmes », les « déchets » comme il dit gentiment.


En fait, si on lit bien, c’est assez horrible, ce qu’il écrit, votre pote : non seulement, l’Église les laisse vivre, ces ratés, ces malades, ces infirmes, ces dégénérés, ces déchets mais encore elle les récupère!
<<Elles cherchent à conserver, à maintenir en vie tout ce qui est possible de garder, elles prennent même parti pour ces déchets, en tant que religions qui s’adressent à ceux qui souffrent ; elles donnent raison à tous ceux qui souffrent de la vie comme d’une maladie, et elles voudraient obliger à tenir pour faux tout autre sentiment de la vie et le rendre impossible.>>

Non, mais vous vous rendez compte, non seulement on les laisse en vie ces gens là, mais en plus on accorde un statut à leur souffrance ! Je traduirais : « salauds de malades, vous nous rendez tous malades ».

<< Et alors ils sont devenus ces profanateurs d’une humanité qui justement aspire à plus de vie et à se libérer de la souffrance, en maintenant à son profit la maladie comme moteur de la soumission à l’église. >>

Les malades profanateurs de l’une humanité qui aspire à plus de vie, faut l’écrire ! Dire que l’Église maintient à son profit la maladie comme moteur de soumission c’est un délire complet, total et absolu, ce n’est pas l’Église qui a été pionnière de la construction d’hôpitaux, qui de par le monde en a construit des milliers et des milliers qui a inventé le cancer, le choléra, la diabète, la petite vérole, l’athéro-sclérose etc.

La libération de la souffrance, je ne la vois pas dans ce texte. Nietzsche croit-il en une telle libération? Je ne le sais pas. C’est dans des termes ambigus, mi-laudateurs, mi méprisants qu’il parle à titre de concession des actions thérapeutiques à l’égard des personnes souffrantes :
<<Pourtant, s’ils ont apporté la consolation à ceux qui souffraient, le courage aux opprimés et aux désespérés, un bâton et un soutien à ceux qui ne pouvaient aller seuls, s’ils ont attiré loin de la société, dans des cloîtres et des prisons spirituelles ceux qui n’étaient plus intérieurement que ruines et que déchaînement>>. De toutes évidence, ça ne l’intéresse pas plus que ça.

<<Une église souveraine puisqu’elle règne à travers les malades et les souffrants qui passent entre ses mains sur toute la « race européenne ». Ce sont ces malades et ces souffrants qui rendent les hommes sujets dépendants et faibles Il faut en finir non avec les personnes porteuses de maladies..,>>

Dans le texte, si, absolument, il faut en finir, pas le moindre doute, lisez plutôt ce florilège :
<<Or comment les deux plus grandes religions, le bouddhisme et le christianisme, se comportent-elles à l’égard de cet excédent d’échecs ? Elles cherchent à conserver à maintenir en vie tout ce qui est possible de garder,
…que ne durent-ils faire aussi pour la paix de leur conscience en s’évertuant à conserver tout ce qui était malade et souffrant, c’est-à-dire, en fait et en vérité, en travaillant à la détérioration de la race européenne !
les religions souveraines sont, tout compte fait, une des causes principales qui ont maintenu le type « homme » à un niveau inférieur car elles ont maintenu en vie trop d’êtres qui devaient périr.
ni assez forts ni assez lucides pour accepter, avec une sublime abnégation, de laisser agir la loi originelle qui veut qu’il y ait des échecs et des naufrages innombrables…>>
Sublime, en effet !
C’est surtout le "maintenu en vie" qui est sans ambiguïté.

Régner à travers les malades et les souffrants, quand dans l'histoire avez-vous vu ça? Je sais qu'il y a à Paris un magnifique Hôtel des Invalides, mais c'est surtout une caserne et c'est parce que ce sont des anciens combattants. Trouvez-vous qu'on leur fait tellement de place, aux malades et aux souffrants? Ca pourrait s'appliquer à notre époque mais dans un contexte complètement laïcisé, l'Eglise est complètement hors du coup.

<<mais avec ces êtres hybrides que sont devenus les hommes qui ont composé avec la souffrance jusqu’à la donner comme l’essence de l’homme et à la substituer à la vie qui est en eux.
Si j’ai en face de moi un homme qui me dit: je suis la maladie que je porte, je le rejette, parce qu’il oppose sa mort à ma vie.>>

On en revient au passage précédent. Il dit : « salauds de curés, vous n’avez pas laissé mourir les ratés, les malades, les dégénérés, les infirmes », et en plus avez donné un statut à leur souffrance! C’est absolument effrayant comme pensée.

 
d

25/03/2007
11:38
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

nietzsch l'echec

peut on dire qu'il a echouer en essayant de changer la foi en maladie, il critique les populations pour leur maladies, quelle distraction ont elles, c'est facile combien savent lire a l'epoque.
Onfray la suite
nous avons le même comportement chez Onfray qui pense que le peuple ne mange que des pates, le peuple sait plus ou moins lire, donc l'attaquer comme malade mais cela ne prend plus alors il s'alimente mal, sauf que les stats demontrent un allongement de la vie, j'ecris attaquer car il s'agit de d'exister par ses ecrits et de justifier une activité dite philosopique, la philosophie a ce stade devient un commerce ainsi qu'une image a vendre, mais sur le fond elle ne résoud rien, la république se paie des animateurs sociaux de luxe qui agrementent par leur discours les salons parisiens, mais qui sur le fond ne changent rien.
Ce que je lis de Nietsch en est l'amorce, notez au passage que ces animateurs n'attaquent jamais le systeme dans le quel il vivent, tout au plus la famille d'opposition car nous sommes en campagne éléctorale.
comment depuis les lumieres nous n'arrivons pas a émmerger?


 
Zx

25/03/2007
15:40
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

"notez au passage que ces animateurs n'attaquent jamais le systeme dans le quel il vivent, tout au plus la famille d'opposition car nous sommes en campagne éléctorale."

Oui, enfin, le système, beaucoup l'attaquent, et Onfray ne peut aucunement se voir qualifier de philosophe, il n'a aucunes idées originales, intéressantes, utiles, propres... bref, il n'est représentatif que de lui-même (et des aspirations d'une certaines élite qui n'a rien de philosophique). De toute façon, il n'existe pas quelque chose comme LA philosophie : quoi de commun en effet entre un philosophe-logicien qui s'intéresse aux fondements des mathématiques et notre hédoniste en chef, maître ès autosatisfaction ? Rien. Et on pourrait multiplier les exemples.
 
shhh

25/03/2007
16:15
mon pote ????

Quand je dis conviction, j'aurais du dire conviction que votre lecture est fausse. Je ne l'ai pas dit, puisque je croyais qu'il allait de soi qu'on parlait du texte et de sa lecture. La simple lecture de l'expression "votre pote" me fait penser que non seulement vous ne voulez pas comprendre ce texte à travers l'oeuvre de Nietzsche (qui est aussi constituée de textes, de poésie de lettres et même de musique d'ailleurs), mais que votre pente naturelle vous amène à condamner Nietzsche, mais aussi ceux qui pourraient le lire autrement, proposent cette autre lecture, et qui donc seraient coupables des mêmes exactions que vous lui supposez. Peut-être même que d'avoir sorti le volume Nietzsche de votre étagère aurait pu vous rendre complice de toute cette horreur si vos imprécations contre lui (et moi maintenant) n'avaient pas compensé ce geste malencontreux.

Est-ce à lui ou à moi que vous expliquez que l'église n'a pas inventé le cholera et a créé des hôpitaux et l'Hôtel des Invalides qui est très beau ? Vous sentez vous tenu d'afficher que vous, vous êtes reconnaissant à l'église des efforts faits, contrairement à "mon pote" et sans doute à moi ? Sommes nous toujours dans le sujet ?

Résumons: votre lecture étant toujours la même, il s'agit donc maintenant de me convaincre, pas Nietzsche je suppose parce qu'il est mort, que c'est pas bien de dire que les malades doivent être éliminés et que l'église etc..

Je finis par me demander à qui et de quoi parlez vous ?

Rappelons pour mémoire, que mon désir (non non, pas l'hédonisme!) était de démontrer autant que faire se peut quand il s'agit d'un auteur particulièrement difficile, que même cet aphorisme ne pouvait faire la preuve de l'eugénisme de Nietzsche, mais qu'il parlait d'autre chose que des malades qui sont dans les salles d'attente parce qu'ils ont attrapé la typhoïde ou le cancer. De ceux là, il ne parle pas. Définitivement non. Rappelons aussi que le titre est « par delà le bien et le mal », et non « qu’est-ce qui est bien et qu’est-ce qui est mal » comme vous le supposez. C’est écrit « par de là », et c’est pas négligeable.



 
l'infrequentable

25/03/2007
16:48
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

je vois un parallele entre ce que denonce Nietzsche, l'Eglise encourageant les "faibles" à rester "faibles", et ce qu'on appelle aujourd'hui la concurrence victimaire.

une ideologie délétère qui encourage les gens à adopter la posture victimaire pour arracher de l'argent et des avantages à une société en plein bouleversement

est-on eugeniste pour autant quand on dit que la posture victimaire est une posture décadente et nuisible à la société?
 
LRDB

25/03/2007
18:10
détrompez vous (cher) infrequentable

Autant définir ce dont on parle : l'eugénisme c'est le projet ou la doctrine qui a pour objectif l'amélioration génétique de l'humanité. Ce dont vous parlez à 16h48 est d'ordre comportemental et n'a rien de biologique.

L'eugénisme est aujourd'hui diabolisé par ceux qui l'amalgament au racisme ou au crime de masse, alors qu'il n'est lié ni au premier ni au second par essence, mais uniquement par des événements de l'histoire. Dans ce débat les implicites abondent (on peut même redouter d'en deviner un le 24 à 13h40) et la dissociation d'idées est plus que jamais indispensable. Comme le disait justement Houellebecq, l'éradication d'une maladie génétique c'est de l'eugénisme.

De même le débat dérive aisément vers des sujets voisins et éclairants mais bien distincts de l'Eugénisme, notamment autour du droit à la vie des pas-encore-nés et des presque-morts (sans oublier leur droit à la souffrance). Le débat est glissant, on l'aura compris, et je ne suis pas certain qu'on gagne dans ce fil à s'orienter vers les sujets de société actuels.

Quant à vous, libre que vous êtes de l'ordre dans lequel vous placez vos valeurs, si vous privilégiez la société à l'homme, et si vous pensez que la bonne tenue de la première, même correctement définie, passe en importance la souffrance et les droits du second, alors dépéchez vous d'ouvrir un fil pour qu'on puisse en parler.

LRDB
 
LRDB

25/03/2007
18:32
Friedrich Nietzsche est il utilisable???

Nietzsche est-il un penseur utile pour notre temps présent ?
I mean, en dehors de ce qu'il y a d'universel et de dionysiaque dans sa conception de l'existence...
Utile comme contre-exemple ?
Utile comme exemple de non-pertinence ?
Utile comme bonne occasion deprise de chou ?
utile comme exemple de difficulté de lecture, vu les pièges du chronocentrisme ?

Les procès d'intention que Shhh envoie sur Henry avec une constance de canonnière ne me semblent pas plus justes que l'amalgame entre l'écrivain et le crime de masse.

Je ne lirai pas les textes, en tous cas pas comme vous le faites : votre attitude à tous les deux m'en décourage pour un long moment. Dans les extraits cités je ne vois aucun déterminisme ni génétique ni social. Je ne vois pas que les larves humaines soient nées pour demeurer des larves, et pas plus je ne lis que les biens nés soient exemptés d'efforts pour échapper à la condition de larve humaine. Je reprends l'expression au célèbre Dr Lintz dans son éloge de Durand qui supprime "ces larves qui se prennent pour des hommes" (suite http://www.broguiere.com/culture/forum2/index.php3?lecture=5 80&debut=0&page=1
Ce délire ne découle pas nécessairement des extraits apportés par Henry qui, pour ce que j'en ai lus, ne sont pas incompatibles avec l'individualisme. Alors pourquoi cette prise de chou ? Peut-être que se faire une certaine idée de l'homme, c'est un crime contre la morale, pour certains. La prévention contre la moraline résulterait alors d'un certain flair de FN (!) quant aux réactions à attendre de certains lecteurs.

Pire : je lis dans ce débat une permanente dérive chronocentriste, un peu comme dans les empoignades autour de Robespierre, de l'ancien régime, et des droits de l'homme. Ca n'est pas seulement les extraits qui doivent être lus dans le contexte, mais le texte qui doit être placé dans un moment historique. Il y a aussi de quoi sourire, quand on subodore que ce ne sont pas nécessairement les mêmes propos qui sont tenus dans les deux débats par les interlocuteurs respectifs.

Que Nietszche soit à l'occasion un délirant, voila bien en quoi il est universel : certaines idoles du temps présent(Derrida, Baudrillard, Debord, Lacan) sont aussi des grands délirants, en plus d'être des emmerdeurs et accessoirement des sadiques avérés (au moins pour le dernier). Cela n'invalide aucunement leurs éclairs de génie ni la fulgurance de leurs intuitions.

Cela dit, à lire l'empoignade de ce fil, je ne ferai surement pas la folie d'aller me plonger dans "les texteus", puisqu'à l'instar de Paul, Shhh disqualifie l'interlocuteur au prétexte qu'il n'en aura jamais assez lu : il faudra lire tout Nietzsche, puis tout Hegel, puis le journal intime de Wagner, et aussi les notes de blanchisserie de Rudolf Steiner si ça continue ? Non merci.

Je lis Zarathoustra et je jubile.
Je lis des extraits du "Bien & du mal" et j'hésite entre m'esclafer et m'inquiéter (comme avec le trio de rigolos sus-cités
Je ne lis pas (pas encore) Le gai savoir, que je me le garde pour une soirée loin des preneurs de tête.

Suis-je pas assez humain, ou tristement trop humain ?

LRDB
 
shhh

25/03/2007
18:58
utile ?

Je n'ai jamais disqualifié qui que ce soit au motif qu'il n'aurait pas tout lu. C'est en bonne logique, la proposition inverse: ce n'est pas parce que mon interlocuteur n'a pas tout lu qu'il se doit d'ignorer le reste de ce qu'il a lu.
Si B ne contient pas A, on ne peut pas en déduire que A et B soient disjoints.

Je vous rappelle quand même que la condamnation radicale et définitive située au début de ce fil, rappelée à plusieurs occasions, n'indique pas forcément que l'intransigeance soit de mon côté.

On peut tout à fait rejeter Nietzsche, et je ne suis pas certaine d'avoir pour lui plus qu'un certain intérêt, mais pas sur un aussi mauvais procès.

Sur l'utilité d'un penseur de ce genre, je me dis qu'on peut aussi se demander l'utilité de tel ou tel poète. Du plaisir parfois à le lire ? un usage de la langue qui bouscule souvent les définitions ? Une approche non académique du destin de l'homme, trop souvent fait des clichés de la bonne conscience ? Une issue aux éternels débats sociaux? issue parfaitement incertaine évidemment. Des fulgurances d'une étonnante lucidité ? ça sert à rien non plus.

De plus la naissance de la tragédie s'avère bien éclairante sur la mythologie grecque et ce qu'elle présente d'actuel.

Le surhomme, qui serait le devenir de l'homme, je suis qu'une bonne femme, je peux pas comprendre ça bien; ma vie n'est encore qu'ici et en bas. Mais j'aime assez rêver.


 
shhh

25/03/2007
19:11
ben voyons

"Les procès d'intention que Shhh envoie sur Henry avec une constance de canonnière ne me semblent pas plus justes que l'amalgame entre l'écrivain et le crime de masse."

Ah bon.

 
dom

25/03/2007
20:27
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

ce fil d'une maniere ou d'une autre ne laisse personne indiferrent...

salut ZX

""De toute façon, il n'existe pas quelque chose comme LA philosophie : quoi de commun en effet entre un philosophe-logicien qui s'intéresse aux fondements des mathématiques et notre hédoniste en chef, maître ès autosatisfaction ?""

ben, perso j'aimerai bien les entendre ces philosophes-logiciens, il doit y en avoir mais certainement que ce qu'il ont a dire ne releve pas d'un interet commercial.
un mot sur Nieschs( quel nom de fiotte a écrire tu ne sais jamais ou mettre le s et le z) au moins il vivait avec son temps et dans sa propre référence, ce qui en fait un créatif, les idées qu'il vehicule valent ce qu'elles valent mais bon...
 
Zx

25/03/2007
20:43
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

"Comme le disait justement Houellebecq, l'éradication d'une maladie génétique c'est de l'eugénisme."

Ca dépend de ce que l'on entend par "éradication d'une maladie génétique". Si cela revient à dépister les enfants malades et à éviter qu'il ne naissent, l'éradication d'une maladie génétique équivaut bien à l'éradication préventive de ceux qui en seraient les porteurs de façon avérée. En revanche, si les progrès génétiques permettent non plus seulement de dépister les maladies mais aussi et surtout de les traiter, alors il deviendra proprement incorrect de continuer à parler d'eugénisme (ou alors au sens strictement étymologique du terme).
 
Zx

25/03/2007
20:51
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Salut dom. Pour Nietzsche, c'est facile, il faut se dire qu'il faut placer un "z", un "s" et un "c", le tout dans l'ordre inverse de l'alphabet.

Niète - zède - ès - ché.

Moi c'est comme ça que j'ai fait pour ne pas oublier quand j' ai du l'écrire pour la première fois ^^


Au fait, j'ai trouvé une citation (assez longue), qui pourrait faire figure de réponse (rien moins que définitive, mais enfin) à ta question du début. Je la scan quand j'ai le temps et je la poste dans la foulée. C'est un passage tiré du "récent" Cahier de l'Herne consacré à Nietzsche.

A+
 
Daniel

26/03/2007
06:04
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

"votre pote Nietzsche"

Henry, à court d'argument, tape sous la ceinture. Il tient position sans bouger d'un millimètre en mitraillant inlassablement les mêmes munitions. Pour faire plier ses adversaires, il tente de les assimiler avec le grand diable.

Pour ma part, j'ai horreur de me répéter, faire du sur place ou tourner en rond. Si en plus on me menace du bûcher je me tire fissa !

 
Henry Faÿ

26/03/2007
08:40
moquerie anodine

Ce n'est pas du tout en dessous de la ceinture, c'est une petite moquerie anodine qui met l'accent sur une adhésion inconditionnelle et imperméable aux arguments, puisque reviennent inlassablement sous la plume de shhh des affirmations qui ne tiennent aucun compte de ce qui est dans les textes que je prends la peine de citer et parfois de longs passages.
Je me demande qui j'ai assimilé avec un grand diable, je sais parfaitement qu'il n'y a pas de grands diables sur ce forum, de tout petits parfois mais il ne se sont pas manifestés dans cette discussion, je ne cherche pas à faire plier mes interlocuteurs, non pas mes adversaires, seulement qu'ils aient l'honnêteté minimale de ne pas tordre systématiquement les textes dans un sens qui les arrange, surtout qu'eux mêmes ne se privent pas prétendre que j'ai des préjugés alors que je ne fais qu'ouvrir le livre et de donner du sens aux mots.

 
Henry Faÿ

26/03/2007
10:06
ceci n'est pas une prétérition

<<l'amalgame entre l'écrivain et le crime de masse.>>

Est-ce faire un amalgame que de citer un texte qui dit noir sur blanc que l'espèce humaine compte "un excédent de ratés, de malades, de dégénérés, d’infirmes, d’êtres condamnés à la souffrance", des "déchets", que les religions "cherchent à conserver, à maintenir en vie tout ce qui est possible de garder", qu'elles ont "maintenu en vie trop d’êtres qui devaient périr", que "s’évertuant à conserver tout ce qui était malade et souffrant" elle ont travaillé à "la détérioration de la race européenne"?

Ce n'est pas une prétérition, je n'ai pas dit un mot et ne dirai pas un mot des conséquences que ce texte écrit en 1886 a eu ou n'a pas eu quelques cinquante années plus tard.

 
K

26/03/2007
11:38
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

lorsque FN parle "d’amélioration de l’espèce entre les mains des PHILOSOPHES" (24/03/2007 * 10:45), ça peut se discuter mais au moins on comprend bien qu'il ne parle pas des maladies physiques.
 
Henry Faÿ

26/03/2007
12:38
contexte

Dans ce contexte, il ne parle pas des maladies physiques, dans d'autres ce sont bien des maladies physiques qu'il parle.

 
Législateur

26/03/2007
18:14
(parenthèse pour LRDB du 24/03)

Le grand Shakespeare a compris avant nous tous, qu’à la longue l’intensité dramatique est insupportable, d’où l’irruption inopinée du bouffon, de Yorik.

Dans ce fil très dense et qui me passionne, moi qui ne suis pas du niveau je me suis permis le 24/3 de faire un canular (sans le talent du grand William, bien entendu). SO WHAT? Le gogo mord à l’hameçon. Bien fait pour lui.

Ce que j’aimais sur ddfc, c’était les discours croisés, les apartés, l’humour. Or ça devient rare, très rare. C’est qu’on se prend terriblement au sérieux sur ddfc. Le politiquement correct, le moralement correct y règnent en maîtres. La blague, le canular sans méchanceté y sont mal vécus, mal venus.

shhh inaugure sa série d’interventions, pourtant remarquables, par un cinglant « Encore un prédigéré de philosophie qui a frappé. Et sans doute pas le plus éclairé….C'est ce que moi, j'appelle de la propagande au pire, de la demi, ou même du quart, de vérité au mieux. » Pourquoi ce ton ? Est-elle la maîtresse d’école et Henry le potache ? C’est ça ddfc ?

Quand le grand généticien Jérôme Lejeune, celui qui a décrit la première anomalie chromosomique (la trisomie 21), fait remarquer le 21/3 à Henry qu’il fustige l’eugénisme de Nietzsche de l’intérieur d’une société qui pratique elle-même une forme d’eugénisme, l’incitant ainsi à introduire un bémol dans sa philippique, il se fait sèchement répondre « qu’il n’y a pas là matière à plaisanter ». À nouveau le maître et l’élève. C’est ça ddfc ?

Quant à vous, LRDB, qui n’avez contribué en rien à ce débat, vous n’y intervenez que pour faire le garde-chiourme, le serre-file, le maton, le service d’ordre (« à l’avenir abstenez vous »), et avec vulgarité (les chiottes, idiot), pour finir par un pompeux « pour moi l'incident est clos », répartie dindonnesque d’un bourgeois offensé sur les planches d’un théâtre de boulevard. Ça, ça n’est certainement pas ddfc.

On aimerait voir des esprits, par ailleurs si brillants, méditer la célèbre pensée de G.K. Chesterton :

« Si les anges volent, c'est parce qu'ils se prennent eux-mêmes à la légère. »


 
dom

26/03/2007
18:40
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

la vache ça décape Legislateur,se prendre au serieux? nan certainement pas, du moins pour moi, les autres je ne sais pas, ce qui n'enleve rien au plaisir de les lire, c'est un fil qui ronronne et est interressant a lire il permet de voir les constructions des autres, comme j'aime bien SHH et Henry cela m'ennuie de saboter leurs écrits.
Alors, voila que nous sommes des dindonnautes, Rhesus Marie Roastbeef!
Perso, j'envoie un peu bouler Nietsch parce que ce n'est pas clair et les prises de tete sur fond d' eugene ben ça me fait penser a Pink floyds http://www.aolrecherche.aol.fr/aol/redir?src=audio_search&am p;requestId=null&clickedItemRank=1&userQuery=eugene+pink+floyd&a mp;clickedItemURN=http%3A%2F%2Fsporka.com%2Fmusic%2FCWTAE.mp3
pas sur du lien et du site approprié aol a encore fait une mirgue avec son moteur
le titre c'est carefull with that axe eugene!
cool men, yo fumette, sauf que de legislateur tu prends la forme de la provocation, la provocation dissimule l'inclination et de ce fait tu n'es pas mieux que ceux que tu critiques, qui plus est en s'attachant du titre de législateur, te voila au dessus de tous comme a ton habitude, je t'ai reconnu je laisse aux atre le soin de te reconnaitre, la bien venue faute de frappe, lol!

 
K

26/03/2007
19:21
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

C'est vrai qu'avec « pour moi l'incident est clos » LRDB a les cervicales qui enflent.

Pour qui connait la saloperie de toutes ces lois qui peu à peu restreignent la liberté de débattre certains sujets, l'ironie de Legislateur etait evidente le 24/03/2007 à 16:34
 
Henry Faÿ

26/03/2007
20:14
moqueries gentillettes

<<La blague, le canular sans méchanceté y sont mal vécus, mal venus.>>

Et la petite moquerie, "votre pote Nietzsche", pas bien méchant, n'est-ce pas, plutôt gentil, en fait et on se fait écharper.



 
Henry Faÿ

26/03/2007
21:06
le tour pris par cette discussion


<<shhh inaugure sa série d’interventions, pourtant remarquables, par un cinglant « Encore un prédigéré de philosophie qui a frappé. Et sans doute pas le plus éclairé….C'est ce que moi, j'appelle de la propagande au pire, de la demi, ou même du quart, de vérité au mieux. » Pourquoi ce ton ? Est-elle la maîtresse d’école et Henry le potache ? C’est ça ddfc ?>>

Rappel: j'avais écrit dans un fil consacré à Michel Onfray:
<<dans l'émission de Brice et Julie, ils avaient bien dit qu'être nietzschéen et de gauche, c'était quand même assez curieux, même si ça s'est beaucoup fait, quand on sait tout ce que Nietzsche a dit contre le peuple, contre les faibles et les malades qu'il faut éliminer parce qu'ils font de l'ombre aux vrais aristocrates etc.>>

Ce que j'avais écrit provenait directement de mes lectures, plutôt récentes, j'étais sûr de mon coup et sûr de la fausseté des dénégations indignées de shhh. Non, ce n'était pas un prédigéré de philosophie, non ce n'était pas de la propagande, non ce n'était pas du demi ou du quart de vérité. C'est ce j'avais lu, de mes yeux lu et comme j'en ai l'habitude noté dans un petit carnet. Je n'avais qu'à aller rechercher les citations, ce que j'ai fait, je n'ai pas eu trop de mal à en trouver.

Je regrette maintenant le tour pris par cette discussion, d'une part que ce qui est dans les textes ne soit pas mieux pris en compte et toujours nié et déformé, c'est vrai que ça m'a énervé, mais aussi quelque chose qui est sinon de ma faute, du moins de mon fait, c'est que je n'avais pas encore vu que comme on me l'a fait remarquer, hors forum, Nietzsche est tellement délirant sur toute la ligne dans tout son oeuvre, délirant, ce n'est peut-être pas le mot, paradoxal, extravagant, déconcertant, déroutant, atypique, hors norme que ce n'est pas la peine de discuter point par point ses propositions y compris les plus destroy par exemple celle de ne pas soigner et de laisser mourir les "tarés, les malades, des infirmes, les dégénérés" et autres "déchets de l'humanité" qui nuisent à la qualité de la "race européenne". Je ne sais ce que les spécialistes de Nietzsche penseront de ma position nouvellement et peut-être provisoirement acquise, mais je vois tout cet oeuvre qui ne manque ni de souffle ni de séduction et qui en plus est bourrée d'humour comme une sorte de rêverie, de fiction, de délire peut-être. S'il y a des adeptes de Nietzsche qui le prennent un peu trop au pied de la lettre, effectivement, cet oeuvre peut avoir des dangers et au cours de mes lectures, j'ai bien attrapé des choses qui ont dû au moins faire plaisir à certains partisans de régimes tyranniques, c'est quelque chose qu'on ne peut ignorer, quelles qu'aient été les tricheries de sa vilaine soeur.
Je précise que mes interventions sont toujours exploratoires, interrogatives et que je ne demande qu'à être fraternellement corrigé.


 
dom

26/03/2007
22:18
accrochez vous

ah non, ne pas faire culpabiliser Henry, la c'est moi qui vais m'enerver, voila qu'un joyeux drille débarque jouant les inquisiteurs, alias Torquemada de la Mancha remasteriser via Céline B de Mills, qui par 4 mots et sans aucun effort juge de la validité de la discution en emettant un delire de Shakespeare, pour peu cet Hamlet en culotte courte nous la joue en costume d'hallowen contemplant en guise de crane une citrouille évidée, met y une bougie dedans tu feras de la pub pour EDF,les hommes relient les hommes hein? avec la courgette, bien sur.
il exige de l'humour, comment peut on rire avec Nietzsche, (lol j'ai réussi zx),mais la ou il faut l'amener c'est de savoir ce qu'il a lu pour juger de ce qu'il dénonce.
mais mieux encore ton G.K. Chesterton et la pensée du jour
""Si les anges volent, c'est parce qu'ils se prennent eux-mêmes à la légère""
comme c'est mignon, la petite maison dans la prairie, en avant les flutiauts,je ne sais plus pourquoi on nomme les chefs d'escadrilles, a propos d'andouilles volantes, mais il semblerait que ce soit en rapport avec la dimension du QI.
aussi que shh et Henry continuent a discuter, j'ai envien de me farcir le législateur vu que la reine doit cuver.....
 
chalcedon

27/03/2007
01:00
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???



Rapportons-nous, dit-elle, à Raminagrobis.
C'était un chat vivant comme un dévot ermite,
Un chat faisant la chattemite,
Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras,
Arbitre expert sur tous les cas.
Jean Lapin pour juge l'agrée.
Les voilà tous deux arrivés
Devant sa majesté fourrée.
 
Rodilardus

27/03/2007
11:34
repu je suis

Burpe.
Ce Nietzschophobe écolo fut un rien lège pour mes crocs. Adieu Henry je t'aimais bien.
Quant à la Nietzschophile elle était plutôt rance et racornie du stérilet. Shhh je vous avais naguère sentie plus punchy

Now j'hésite : dois-je me curer les dents après ce festin de pénurie ? Ou faudra-t-il me farcir en guise de dessert cet amuse-gueule mal structuré qui signe "législateur" et dont les contribs dégagent le fétide remugle de ce qui, faiblement mastiqué, fut prématurément restitué ? Il croit faire de l'humour en déposant un pet de mouche dans un cendrier, et il se plaint qu'on n'aie pas lu dans sa crotte un chef-d'oeuvre de délassement. Chef d'oeuvre de médiocre vanité tout-au-plus, sinon de vaniteuse médiocrité. Rien de délassant dans cette parodie de candidat recalé de la papouasie, rien de goûtû sauf pour le militant FN bien sur. Dans ce jugement faiblard de pamphlétaire amateur, aux contours mal dessinés on voit d'ici la marque de l'outil, et c'est pas l'emporte-pièce couillu du pamphlétaire acéré hein, c'est tout au plus l'arrache-clito qui trainaille dans le tiroir des burelingues de fonctionnaires. Ben mon 'ieux : à 18h14 ça te nous fait l'éloge d'un DDFC fantasmé mais ça n'en remonte pas le niveau, qui se porte très bien sans lui merci.

Mon conseil diététique pour Dom : Méfie-toi Dom, cet espèce de rat des cantines dont tu n'a pas fait plus d'une demi-bouchée, ne t'occasionne qu'une minable caution protéique et tout au plus un rot fétide pour ponctuer la mise en terre de ses restes. D'aileurs même Badminton n'en a pas voulu : il a refusé de pisser dessus, arguant que son contrat de travail ne comportait pas l'obligation de parfumer l'insignifiant.

La reine -
 
shhh

27/03/2007
12:48
tiens, on parle de bouffe.

La reine, vous ignorez la technique du saindoux. Si ça chauffe trop, ça fond, ça s'écoule de tous les côtés et ça passe sous les portes et les fenêtres. Et après on en retrouve un peu partout, dans des états qui vont du moisi au collant et c'est assez dégoûtant. Sur un forum, à mon avis, c'est ce qu'il y a de mieux. In-dé-mo-lis-sa-ble. Moi, je fais comme ça. Aucune bassesse ne me fait peur ; je peux prendre des airs indignés et tourner le dos, puis après quand on croit le forum enfin nettoyé, floutch, je reviens sous une forme vaguement solidifiée, jusqu’au prochain échauffement, et je recommence. Comprenez vous ? c’est mon truc. Jamais été punchy ou je ne sais quoi de noble et courageux, je fais dans la liquéfaction, moi monsieur.
 
Ray Sugar Badminton

27/03/2007
15:53
badminton.dood.it

Cessez de faire la fièrote zenne je vous signale qu'on voit les cordons de vos gants de boxe qui dépassent là derrière mon maître a cru que c'était des reliefs de spaghettis et il a essayed de les boulotter cette crème d'andouille mais moi on ne me la fait pas avec ou sans saindoux
 
shhh

27/03/2007
17:41
le chien m'inquiète

Je le trouve bien difficile ce chien. Il refuse de pisser, il refuse de manger. Il est pas malade au moins ?
 
dom

27/03/2007
19:23
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

ce qui m'ennuie c'est que le fil battait son plein et que même si on est pas d'accord, les arguments etaient valables, c'etait une bonne discution comme on en a peu sur internet..;
aie aie aie voila que SHHH se liquefie, planquez vous si un jour elle découvre l'etat plasma on est mal, la ce ne sera plus du moisi mais de l'irradiation

"""Au fait, j'ai trouvé une citation (assez longue), qui pourrait faire figure de réponse (rien moins que définitive, mais enfin) à ta question du début. Je la scan quand j'ai le temps et je la poste dans la foulée. C'est un passage tiré du "récent" Cahier de l'Herne consacré à Nietzsche.""""

j'attends ZX,avec impatience, sans vouloir du tout te presser, ce forum est par sa durabilité l'occasion d'avoir une discussion surtout au cas ou ne te genes pas pour ouvrir un fil
@+

 
Zs

27/03/2007
23:15
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Je m'en occuppe cette nuit Il me fallait d'abord installer mon scanner et les logiciels appropriés sur mon nouvel ordinateur.
 
Zs

28/03/2007
04:54
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Désolé dom, ça ne marche pas, j'ai encore des réglages à faire :(
 
AArgh !!!

28/03/2007
08:57
???

Zx a changé d'identité ? voilà trois contribes que sa désinence a gané en suavité, mais ça me perturbe !


 
AArgh !!!

28/03/2007
08:58
Grrr !

... gaGné en suavité ... !
 
Zzzzzzzzzzzzzzut !

28/03/2007
14:49
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Arf, cétait bien moi. Une crise d'identité sans doute...
 
dom

28/03/2007
19:21
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

pas de problemes ZX a+
 
Zx

31/03/2007
05:12
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Bon dom, j'ai choisi la méthode la plus rapide (et pas forcément la moins lisible). J'espère que tu ne m'en voudras pas...


http://serv2.imagehigh.com/imgss/5496062_Scan1.JPG
http://serv2.imagehigh.com/imgss/5496066_Scan2.JPG
http://serv2.imagehigh.com/imgss/5496071_Scan3.JPG
http://serv2.imagehigh.com/imgss/5496081_Scan4.JPG
http://serv2.imagehigh.com/imgss/5496086_Scan5.JPG


 
dom

31/03/2007
18:15
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

salut ZX;
j'ai des problemes a télécharger, soit le serveur me dit ceci ""Temps d'accès au serveur expiré (erreur 504) "imgserv2.imagehigh.com""
soit la page se télécharge partiellement( 1 paragraphedebut 1ere page , 3 pour la seconde)
a chaud le peu que j'ai pu lire, me parait compréhensible et ma fois assez pertinent, si Dieu crée alors je veux bien etre le Diable, cela m'a mis l'eau a la bouche, j'essaierai de retélécharger le complet quand cela marchera

 
Zx

31/03/2007
20:24
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Bon j'ai recommencé : tout est maintenant sur rapidshare (il faudra juste dézipper le fichier).

http://rapidshare.com/files/23700244/Scan10002.zip
 
dom

31/03/2007
21:13
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Too many users downloading right now. Please try again in two minutes or get a PREMIUM-Account+++


arf tu as du succes lol on essaiera plus tard lol

 
dom

02/04/2007
18:41
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

bon apres la énieme tentative, le webmestre peut il communiquer ma boite a zx de maniere a ce qu'il me l'envoie, aparement Zone Labs n'ouvre pas le port désiré, c'est ce que j'ai cru comprendre dans ce charabia technique en anglais.
salutations
 
législateur

02/04/2007
19:04
le syndrome de la gare du Nord

On se collette avec un ddfc clairement identifié par le titre du message, au passage on fait un commentaire un peu attristé et somme toute modéré sur un certain déficit d’urbanité dans le ton ddfc, et on déclanche un torrent de , dans un registre lyrique et déconstruit.
C’est trop d’honneur !
Ceci montre que certains ddfc ont des barriques de haine non formatée dans l’estomac qui ne demande qu’à jaillir au moindre stimulus.
C’est le syndrome de la gare du Nord.
Enfin, si après avoir dégorgé vous vous sentez mieux, je suis content d’avoir contribué à votre bien être en ayant fourni l’émétique.
Je reste à votre disposition si l’évacuation est incomplète.

 
LRDB

02/04/2007
20:23
le législateur est-il équipé ?

Il y a sur ce forum des gens qui discutent, plus ou moins calmement, certes.
Il y en a d'autres qui débarquent le temps d'une mini-provoque, laquelle leur vaut une réponse certes parfois acerbe. Ensuite de quoi il se drapent dans le costume de l'agressé, se rebaptisent auteur de canular, ou autre foutaise.

Ci-dessus on voit revenir le verdict de haine. Dans un débat argumenté ce genre de jugement ne vaut pas lourd car on peut aussi bien l'envoyer à celui qui le formule, tout aussi gratuitement que lui-même l'emploie. Ces jeux transactionnels sont sans fin et stériles. Pire : stérilisants. On en a un autre exemple avec le connecté Lionel (même démarche) qui débarque régulièrement dans un fil, d'abord en caricaturant un propos qui lui a déplu, puis ayant reçu une réponse, se drape dans sa vertu outragée sur le ton "mais tu ne supporte pas les opinions contraires aux tiennes... !". C'est ridicule, car on n'a pas réagi tellement plus que lui. Dans les deux cas, on devrait faire remarquer à l'intervenant qu'il doit aussi (et même avant) balayer devant sa porte, et tolérer les paroles d'autrui même quand elles lui déplaisent. Hélas, ce faisant on orienterait l'échange vers l'éternel jeu stérile du "c'est pas moi c'est toi".

Bref je confirme : il y a ici des tueurs de discussion, dont vous "législateur", et Lionel également, qui déposent leur critique et s'offusquent qu'on leur réponde. Ce sont les mêmes qui, dans les groupes réels, tiennent à tout prix à placer leur crotte en contredisant, sans jamais rien apporter (et comment le pourraient-il), pour se plaindre ensuite du jeu transactionnel qu'ils ont eux-même déclenché.

C'est un grand classique des forums, depuis avant même que l'INternet existe (on a connu ça au bon vieux temps du 3614). Un grand classique aussi de la vie associative. Que dire ? Rien, sinon renvoyer au fil "De l'impossibilité de discuter".

LRDB
 
lionel

02/04/2007
21:48
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

En réalité tu es la seule personne à foutre la merde sur ce forum car tu es trop orgueilleux et trop bavard, sans oublier les longs messages de ton chien qui ne font rire que toi.

Ce que tu appelles provoque, c'est juste que je mets regulierement le doigt sur les failles de tes longues tartines, sans avoir forcement ni l'envie ni le temps de discuter plus longuement. D'ailleurs il est impossible de discuter avec toi puisque tu as une façon très particulière d'exclure les idées qui te déplaisent. Soit par l'insulte, soit en noyant la conversation sous des demandes de preuves absolues qui n'existent pas plus pour tes idées que pour les miennes.

Ce fil marchait très bien sans toi entre Henry et Shhh. Le 22/03/2007 à 07:08 j'ai d'ailleurs participé avec une objection qui a retenu l'attention de Shhh. Absolument aucun de mes messages ne suscite de problèmes en ton absence.

S'il te plait, soigne toi, et laisse les idées des autres s'exprimer


 
dom

02/04/2007
21:55
légiferateur II the Come Back

Il reste a notre disposition, que d'honneurs pour si peu d'interet, voila que de la harangue on passe a la complaisance, et d'un ton suffisant, il se plait a évoquer la deconstruction, voire de la haine, nous allons de ce pas querir les pleureuses, que dis je les mecannos de sup aero pour savoir si les anges volent, je vous le dis d'avance Patt & Withney les équipent.
c'est amusant, mais c'est apres la reine qu'il en a, peut etre vous etes vous deja vu, il y a une trentaines de siecles sur les bords du nil, Législateur etait latrine, il a évolué depuis, la Reine était tres malade, la biere de mil faisait deja des ravages....
allez rocky pampers ranges tes gants, car tu deviens lourd
 
dom

02/04/2007
21:58
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

oups mails croisés! salut lionel arretes d'etre aussi vindicatif .

"et laisse les idées des autres s'exprimer" ça c'est un peu dur, car la reine est une force de contradition une opposition néccéssaire, a toi de construire la tienne, si je peux me permettre, a mon sens les idées sont faites pour etre débattues qu'importe l'expression.
 
LRDB

02/04/2007
22:18
Lionel est-il améliorable ?

Mais non voyons mais non, Dom, Lionel n'est pas ici pour débattre. Il ne parvient à exister qu'en sortant le drapeau de la critique morale : si on exprime ce qui froisse les croyances de Lionel (je ne parle même pas d'opinion), on est soit un exploiteur, soit un criminel contre l'humanité, soit un salaud de patron, soit un suppot du néo-libéralisme, soit un ennemi des droits sociaux, soit un bourgeois qui fréquente l'opéra, soit un type qui doit se soigner (bel exemple d'argument de niveau CM2) etc etc. Comment expliquer que c'est seulement avec ce genre de profils (les emmerdeurs dispensateurs de leur idéologie & moraline sociale) que j'ai ici des prises de bec ? Mon allergie à ces emmerdeurs n'explique pas tout : il faut aussi chercher du côté de la fondamentale frustration qui sert de cadre organisateur à leur triste vie. Lionel est un exemple de ces frustrés à la Brétecher, dont je n'envie pas la pitoyable existence...

LRDB

 
Mais enfin

02/04/2007
22:56
tu fais chier, laurent

mais pourquoi tu lui réponds, bordel, t'as qu'à t'en foutre...
 
LRDB

02/04/2007
23:01
j'aime faire mal

Ben c'est pas de ma faute.
J'ai envie de lui faire du mal, c'est tout.
Après tout c'est humain non ?
Suis-je Nietzschéen en réduisant cette excroissance de sous-humanité qui a nom Lionel, et qui vient chercher ici son brevet ?
Je ne sais.
Je cherche, je cherche...
Ah seigneur, qu'il est long le chemin, et qu'elle est molle cette pâte...
 
dom

02/04/2007
23:25
soyons differents

non Lionel, pense ce qu'il veut, tu sais j'adopte souvent la position du con ordidaire, je n'ai pas besoin de me forcer, mais quelque par cela m'emmerde profondément d'ostraciser Lionel au sens ou il peut aporter quelque chose de positif, sa vision des choses n'est pas la tienne ni la mienne, mais il a forcement quelque chose qu'il maitrise, le tout est de savoir ce que c'est, partant de ce principe si tu l'écoutait et si il ouvrait un fil de maitrise de son sujet peut etre qu'on serait surpris, j'en suis convaincu, au sens ou les mutlifacettes du personnage ont quelque chose d'interressant.
enfin pour quelle autre raison Lionel serait ici
-se faire mousser, c'est pas le genre et on est tous anonymes
-briller en société je ne le crois pas non plus au sens ou il est plutot discret.
-même si on est du même avis Laurent, c'est l'opposition qui nous modere et qui nous empeche d'avoir la raison absolue pour nous
 
Zx

03/04/2007
00:01
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Je suis là dom
 
Sarko

03/04/2007
10:19
c'est gagné

Ils ont raison, ddfc c’est comme la France, tu l’aimes comme elle est ou tu retournes chez toi.
Ma logique binaire triomphe sur toute la ligne.
J’ai plus d’mouron à m’faire, ils ont déjà voté pour moi.

 
gastontintamare

03/04/2007
21:42
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

ce fil, dumoins les premiers échanges, a au moins eu l'avantage de m'avoir donné l'envie de lire nietzsche et sa généalogie de la morale. je n'aurai pas la prétention de dire que j'ai tous compris mais il me semble que la vérité pencherait du côté de shhh. il s'agirait bien chez le philosophe, de réhabiliter des potentialités inhérentes à l'homme et anihilées par des institutions, en l'occurence l'institution religieuse. je ne vais pas me lancer dans la copie de citations rébarbatives. la seule ambiguité chez nietzsche (mais c'est un novice qui écrit) résiderait dans le fait que sa pensée coincide avec une époque qui se posait, pour le moins, beaucoup de questions en matière de race, d'eugénisme, j'en passe et des meilleures (gobineau, patati, patata ...).
 
dom

03/04/2007
22:54
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

ce que je souhaitais, c'etait surtout comprendre pourquoi ces références a Dieu et a sa mort, avenir d'un homme moderne sans entraves?
 
shh

04/04/2007
07:12
shematiquement, pour répondre à Dom

Dieu est mort quand la société des hommes a pu se passer de l’idée d’un principe fondateur du monde. Les sociétés moyenâgeuses ou helléniques ou autres, ne critiquaient pas Dieu, les questions posées ne concernaient pas l’existence ou la non existence de Dieu ; on pouvait évoquer le bien ou le mal, mais personne ne mettait en doute que Dieu (ou le diable qui n’était que le négatif de Dieu) insufflait tous les rouages des relations humaines, ainsi que les rapports des hommes avec la nature, qu’elle soit bienveillante ou malveillante, et aussi que la nature ne pouvait être régie par nul autre que son créateur. A la limite, on pouvait se dire que Dieu avait de mauvais conseillers, mais pas plus.

La philosophie, quand elle a commencé à s’interroger sur la nature de Dieu, a aussi commencé à poser Dieu comme un objet de réflexion et donc à le concevoir en dehors de l’homme, ou si l’on préfère, à le poser sur la table pour mieux le regarder. Première étape donc, puisque l’homme se retrouve doué de facultés qui le placent comme observateur de la nature, alors qu’elle n’était jusque là qu’une création de Dieu, soumise à sa seule volonté. La philosophie donne aussi naissance à la science, qui commence à fournir des explications du monde en utilisant une logique qui fournit des preuves sans référence à Dieu, elle peut même à son tour créer un monde comme celui des mathématiques ou de la physique, doté de règles maîtrisées par l’homme et non plus de l’ordre du mystère. Et la terre commence à tourner autour du soleil, alors que Dieu avait jusque là placé sa création au centre de l’univers.
Les hommes autrement dit commencent à se passer de Dieu pour comprendre le monde, mais dans ce cas, Dieu commence à mourir : puisque on dépossède Dieu de sa création, il se retrouve relégué à une entité pas plus mystérieuse que les autres choses qu’on ne comprend pas totalement. Le voilà amputé de l’unité du monde qui éclate en autant d’objets que de sciences ou de doctrines. Son attribut essentiel, celui qui attestait de sa présence, a disparu.

Il ne reste plus qu’une entrave à briser, c’est de le proclamer, au moment où tout le travail de sape a déjà été accompli.
Seulement une fois dépossédé du monde, la philosophie ayant achevé son œuvre, il reste à refonder la morale, l’éthique etc., la politique et même l’économie, sans lesquelles il est impossible de vivre ensemble, ce qui reste un destin fondamental des hommes. Et ne disposant plus de l’aval de Dieu, le travail est gigantesque, et demande que l’homme devienne un surhomme.

Voilà à peu près comment je comprends ça.

 
shhh

04/04/2007
07:27
Et l’art dans tout ça ?


Parce que Nietzsche place peut-être l’art comme moteur nouveau de la création, le voilà particulièrement sensible et attentif à ce que l’art pourrait promettre, et aux déceptions qu’il génère. Et à mon avis, la vraie question ou critique qu’on pourrait formuler à l’égard de Nietzsche c’est : Dieu étant mort, l’art peut-il remplacer l’élan créateur qu’on lui attribuait ? ou autrement dit peut-il réinventer le monde, comme on se prend parfois à l’espérer quand on découvre certaines formes de l’art, que ce soit la musique comme il l’espérait, ou autre chose ?

 
Henry Faÿ

04/04/2007
11:13
l'âme noble selon Nietzsche


<<ce fil, dumoins les premiers échanges, a au moins eu l'avantage de m'avoir donné l'envie de lire nietzsche et sa généalogie de la morale. je n'aurai pas la prétention de dire que j'ai tous compris mais il me semble que la vérité pencherait du côté de shhh. il s'agirait bien chez le philosophe, de réhabiliter des potentialités inhérentes à l'homme et anihilées par des institutions, en l'occurence l'institution religieuse. je ne vais pas me lancer dans la copie de citations rébarbatives. la seule ambiguité chez nietzsche (mais c'est un novice qui écrit) résiderait dans le fait que sa pensée coincide avec une époque qui se posait, pour le moins, beaucoup de questions en matière de race, d'eugénisme, j'en passe et des meilleures (gobineau, patati, patata ...).>>

La vérité... Bien entendu, je ne nie pas qu'il y ait du juste, de la vérité dans ce qu'écrit Shhh. Je n'ai pas critiqué le Nietzsche athée très hostile au christianisme ardent défenseur du plaisir et disciple de Dionysos. Ce que j'ai lu, j'admet que ça a été pour moi une découverte, c'est que cet "être à l'âme noble", qu'il oppose au plébien au sang vicié que, c'est peu dire, il méprise à qui il reproche, entre autres, son manque de virilité, sa morale d'esclave empreinte de ressentiment, cet "être à l'âme noble", dis-je, c'est l'aristocrate à l'ancienne, soumission et sacrifice lui sont dus, il cultive les vertus guerrières, la conquête, il doit sans état d'âme pratiquer l'égoïsme car telle est "la loi primortdaie, la justice même".

Ce que j'ai vu ou cru voir, c'est que la philosophie de Nietzsche du fait même qu'elle est athée ne savait que faire de la souffrance, d'où cette idée qu'il fallait laisser mourir ces êtres voués à la souffrance et qui doivent mourir et il ne pardonne pas aux religions de ne pas l'avoir fait, nuisant ainsi à la bonne qualité de la race européenne.

Qu'en cette époque une certaine forme d'eugénisme, qui découlait très logiquement des théories de Darwin était en vogue, je l'ai indiqué, mais on me l'a dans cette discussion vivement reproché comme si Nietzsche ne pouvait qu'être au-dessus de ça alors qu'il ne prend pas gants pour en parler de la manière la plus explicite qui soit.


 
Henry Faÿ

04/04/2007
11:17
correction

car telle est la loi primordiale

 
shhh

04/04/2007
12:00
souffrance

Oui, alors puisque nous reprenons ce dialogue, je ne crois pas que Nietzsche soit un philosophe de l'athéisme.
Il se place après, la question du dieu étant depuis longtemps liquidée, (je dis longtemps, non par la distance temporelle, mais par le travail accompli au moment où Nietzsche écrit, ne pas oublier que Hegel est passé par là), il ne subsiste plus que comme poids mort, comme cadavre que nous portons sur les épaules et qu'il s'agit de jeter, si nous voulons nous atteler à la tâche que le dieu des anciens assumait.
Il y a lieu de distinguer plusieurs types de souffrance, même si ce n'est pas du tout dans son style d'énumérer.
Celle qui est physiologique, à laquelle une science est déjà dévolue, la médecine, qu'elle fasse son travail et on n'a rien à en dire de plus.
Celle qui est psychique, et là dedans il y aurait lieu de distinguer celle qui relève de l'esclavage vis à vis d'un dieu mort qu'on n'aurait pas su évacuer et dont on voudrait qu'il continue d'assurer la rédemption et qui évidemment ne peut plus le faire. Et puis celle de celui qui voit la totalité de ce qu'il faudra accomplir, et renonce ou du moins est tenté de renoncer.
Je crois que c'est ces deux dernières catégories qu'il honnit. Et il est vrai qu'il ne trouve pas de mots assez forts pour désigner ces sortes de lâcheté.
Autrement dit, il rattache la souffrance à la faiblesse, ou la faiblesse à la souffrance.

Je ne pense pas que Nietzsche soit au dessus des théories en vogue à l'époque, il est à côté, il parle autrement. Il s'en fiche. Sa connaissance ne s'alimente pas des sciences mais de sa propre expérience, et le malheur veut qu'on le confronte à son époque et aux suivantes, alors qu'on devrait plutôt le placer dans le débat qui l'intéressait celui de la réconciliation entre la folie et la maîtrise du monde.


 
Henry Faÿ

04/04/2007
15:10
Le Gai savoir livre troisième 136

J'ouvre le livre et je tombe sur ceci:
***************************************
Le Gai savoir, livre troisième 136
Le_peuple_élu
Les Juifs qui ont le sentiment d'être le peuple élu parmi les peuples, et cela parce qu'ils ont le génie moral parmi les peuples (grâce à la faculté de mépriser l'homme , faculté développée chez eux plus que chez aucun peuple) - les juifs prennent à leur saint et divin monarque un plaisir analogue à celui que prenait la noblesse française devant Louis XIV. Cette noblesse, s'étant laissé prendre toute sa puissance et sa souveraineté, était devenue méprisable: pour ne point sentir cela, pour pouvoir l'oublier, elle avait besoin d'une splendeur royale, d'une autorité royale, d'une plénitude sans égale dans la puissance, à quoi seule la noblesse avait accès. En s'élevant conformément à ce privilège à la hauteur de la cour, d'où l'on considérait tout au-dessous de soi avec mépris, on arrivait à passer sur l'irritabilité de la conscience. C'est ainsi qu'avec intention on édifiait la tour de la puissance royale, toujours plus dans les nuages, en y adossant les dernières pierres de sa propre puissance.

Commentaires:
il y a un lien entre sentiment d'élection et génie moral, un lien entre génie moral et faculté de mépriser!!! Mépriser l'homme, c'est très bien, en tout cas, ce n'est pas condamné!
Je lis que les Juifs sont très doués pour ça, il y en a qui apprécieront!
Je lis aussi: les Juifs ne sont rien, de la même façon que la noblesse française sous Louis XIV n'était plus rien, ils ne tiennent leur auto-satisfaction qu'à un subterfuge, une illusion à savoir la religion.
Donc une théorie passablement abracadabrantesque selon laquelle la religion juive est comparable à l'illusion de grandeur dont la noblesse française s'était nourrie pendant le règne de Louis XIV au cours duquel elle a pu se livrer à l'extraordinaire volupté de mépriser le commun des mortels, car mépriser, semble dire Nietzsche, il n'y a que ça qui soit un peu intéressant. J'en connais plus d'un pour qui cette théorie sera plus qu'aberrante en même temps qu'un petit peu choquante, n'est-elle pas?



 
Henry Faÿ

04/04/2007
17:11
Origine du péché

Le paragraphe qui précède, Origine du péché, 135, lui, est très beau.
"À celui à qui il a accordé sa grâce, il accorde aussi cette insouciance des suites naturelles du péché".

 
shhh

04/04/2007
18:12
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Bn, si Dieu est mort, il l'est pour tout le monde, non ? Et toute religion devient subterfuge.
Faut pas attendre de Nietzsche du politiquement correct.

 
Henry Faÿ

04/04/2007
18:58
pas de politiquement correct chez Nietzsche

<<Faut pas attendre de Nietzsche du politiquement correct.>>

Certes non, on serait déçu, mais écrire que "les Juifs ont la faculté de mépriser l'homme , faculté développée chez eux plus que chez aucun peuple...", c'est quelque chose qui risque de mal passer. Et puis ce rapprochement entre entre les adeptes du judaïsme et les nobles français dépossédés de leurs privilèges qui pour pouvoir continuer à exprimer leur complexe de supériorité, en pratique leur mépris du peuple n'ont pas trouvé d'autre moyen que se prosterner devant Louis XIV, n'est-il pas... insultant?


 
dom

04/04/2007
21:21
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Dieu est mort quand la société des hommes a pu se passer de l’idée d’un principe fondateur du monde.

salut Shhh
la je pédale dans la choucroute
monde vu par les hommes ou Univers en temps que tel, c'est la qu'est la distortion, le monde existerait il sans les hommes que la vie ou qui tu veux existerait quand même.


je laisse le débat avancer, et je note que Henry démontre les anachronismes sociologiques ( qu'on me corrige pour l'expression), en effet on rejoint le moment de l'ecriture a un instant "t" qui est une photographie d'un moment decrit et qui 100 ans plus tard n'a plus le même sens.
a+ tous
ravi de voir reprendre ce fil
 
dom

06/04/2007
23:26
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

zx a eu l'extreme gentillesse de me transmettre les pages, qu'il propose en téléchargement,j'ai lu les 2 premieres et cela amene une vision differente encore bien plus éclairée avec même un certain recul.
la citaion de Cioran ( je ne sais même pas qui c'est) est redoutable
 
Nazdeb

07/04/2007
05:16
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Ce que Nietzsche dit des juifs a effectivement de quoi pas très bien passer. Pour autant ça ne me semble pas plus abracadabrantesque que les notions même de peuple élu, d'alliance verticale, de terre promise. Avec une telle idéologie pour prémisses, les développements apportés par le philosophe n'ont pas vraiment de quoi étonner.
Je connais des juifs qui, en toute franchise (devant moi, peut-être pas devant d'autres), affirment trouver nocives et rejeter les notions en question. J'en connais d'autres très religieux (ils le sont avec d'autant plus de force que leur judéité est en fait contestée par leur synagogue, en raison d'une mère non juive mais seulement convertie, etc.), avec qui bien sûr je ne parle pas trop du sujet : trop pénible.
Ces notions abolissent chez certains l'empathie : celui que je vois souffrir pourrait être moi, à condition que je me considère un humain comme lui. L'idée selon laquelle "frapper un juif" revient à "jeter l'humanité à terre" (était-ce Kafka ?) est une négation de cette empathie, d'où la légitimation d'une indifférence. "On ne peut pas expliquer au poisson que les inondations sont un mal" m'a tenu un jour un juif justifiant les politiques israéliennes.



 
Henry Faÿ

07/04/2007
10:20
Le Gai savoir livre troisième 136, suite

Je me répète un peu, Nietzsche en ces quelques lignes de cet étonnant paragraphe 136 du Gai Savoir trouve le moyen de faire un compliment aux juifs pour quelque chose que normalement on ne peut que réprouver, la faculté de mépriser les hommes. Je sais qu'on va discuter à perte de vue sur ce qu'il veut dire par "les hommes". En fait, Nietzsche rallie les Juifs à son extravagant système de valeur, où le mépris de la plèbe avec sa morale d'esclave et son ressentiment joue un rôle central, je suppose que les Juifs qui liront ce paragraphe le refuseront avec indignation.
Mais Nietzsche aggrave son cas car le compliment de départ se transforme vite en rapprochement aussi inattendu qu'injurieux pour les Juifs. Les Juifs, selon le philosophe, sont semblables à la noblesse française dépourvue de tout pouvoir, qui, pour garder la capacité de mépriser le peuple, se prosternait devant Louis XIV! L'outrage est à son comble. Les Juifs comparés à une caste en déperdition, accusés d'idolâtrie et le Dieu des Juifs comparé à un monarque tyrannique!
Je vois deux attitudes possibles à l'égard de Nietzsche: ou bien ne pas le prendre du tout au sérieux.
ou bien le prendre au sérieux mais dans ce cas, il faut voir que c'est une pensée très... spéciale.
Faire de Nietzsche un humaniste qui ne ferait qu'employer un langage inhabituel qu'il n'y aurait qu'à décoder, c'est s'abuser, c'est un impasse. Il apparaît clairement que Nietzsche est totalement fasciné par les valeurs aristocratiques guerrières à l'ancienne et qu'il ne pense qu'à ça.
Ce que je n'ai pas encore compris, mais ça viendra, c'est comment on peut se dire nietzschéen de gauche. Julie et Brice avaient consacré une émission à cette question mais le défenseur du nietzschéisme de gauche n'était pas venu, il s'était trompé de jour. Qui était-ce déjà? Jean-Pierre Faye ou un autre, je ne sais plus.

 
Zx

07/04/2007
11:48
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

"Je connais des juifs qui, en toute franchise (devant moi, peut-être pas devant d'autres), affirment trouver nocives et rejeter les notions en question."


Encore faut-il s'entendre sur ces terme. Le problème est culturel. Avant de pendre ces termes pour acquis et disserter de leurs implications politiques, étudions ce qu'ils signifient. Et il ne suffit pas d'être juif pour le savoir (religieux ou non), il faut être informé, curieux, etc.

Autrement, on ne comprend rien et on n'avance pas. D'un côté comme de l'autre d'ailleurs.
 
Nazdeb

08/04/2007
08:05
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Zx, n'hésitez pas à expliciter ces termes si vous le voulez, si leur sens s'avère au final contredire mon raisonnement je suis tout à fait preneur.
L'un des personnes que j'évoque est diplômée en histoire juive, elle sait un peu de quoi elle parle.
De toute façon, ces notions ont une telle influence sur des millions de personnes et ont tant marqué le cours de l'histoire, que j'ai tendance à récuser l'idée qu'on devrait éviter de raisonner dessus si l'on est pas un exégète de la bible ou un lecteur de Maïmonide. Quand une religion se fabrique sur des termes forts, elle doit assumer le sens qu'ils prennent chez tout le monde, même si tout le monde n'a pas le nez fourré dans le midrach. Si les interprétations qu'on font les gens ne conviennent pas à ses prêtres, alors il faut qu'ils revoient leur communication...
"Election" : c'est avoir été choisi par la divinité. "Alliance" : c'est entretenir un lien privilégié avec elle. Chacune de ces notions, à plus forte raison leur association, impliquent forcément dans leur interprétation par autrui l’idée d’une supériorité (préalable ou obtenue, peu importe), et celle d’une différenciation de l’humanité en deux classes (l’une sacrée, l’autre non, avec une distinction d’ordre biologique), et ce quoiqu’en puissent dire les textes.



 
dom

08/04/2007
10:13
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

au final on arrive a se poser la question de savoir si de trop expliquer nuit a la comprehension d'un concept, l'abondance de mots fournie par les divers philosophes dénature la maxime de base au point de déformer le concept initial.
je vous renvoie aux pages de ZX.
Nazdeb la(es) religion(s) n'(ne)est (sont) pas claire(s), et est la premiere a user de termes vaseux, imprecis et rocambolesques.Quant au biologique le terme n'est pas exact, je ne le trouve pas dans l'instant mais on retrouve le dominant et le dominé, et etre dominé par un texte n'ayant pas de codification définie(esprit des lois),on peut s'attendre a toute sorte de réinterprétations.
1 par la distorsion du temps
2 par la traduction
3 par le contexte et a l'instant ou cela a été pensé
lire quelqu'un avec des systemes d'analyses formatés n'ira que dans le sens du formatage et alimentera la dérive d'un texte pour au final n'extraire que les cotés de l'inclination du lecteur passant a coté de l'essentiel.

les philosophes mondains ont cette inclination, technico philosophes ils utilisent,des bases de données compilées pour produire une science commerciale a l'image du sampler
http://video.google.com/url?docid=3204151425749849642&es rc=gvpl&ev=v&vidurl=http://video.google.com/videoplay%3Fdocid%3D 3204151425749849642&usg=AL29H23Q5eKzBkBo1PRbux0IYRsHHXzIog
c'est bien, cela a du rythme, c'est éphemere, c'est déja du passé.....
a+ tous
 
chalcedon

11/04/2007
03:37
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Plus fréquentable que Sarkozy, semble-t-il.
 
chalcedon

11/04/2007
04:17
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

"Il est amer le pain de l'étranger ; elle est haute à franchir, la pierre de son seuil".

Dante
 
JB

22/04/2007
10:28
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

"surtout wikipédia qui est absolument n'importe quoi, et [(u[aller_tout_droit_ au_texte]u)]_ comme si on n'avait jamais entendu parler de l'auteur. "

Pourquoi ne pas essayer de comprendre Nietzsche, au lieu de savoir si vous devez le condamner, ou pire pour quelles raisons vous devez le condamner....? Je vois dans cette page beaucoup de démarches anti-philosophiques, de conformisme intellectuel (Nietzsche a dit cela, donc c'est un méchant pas beau ; qunt à savoir si c'est vrai...). Quant à l'article de Wikipédia, vous allez être déçu : l'article sur Nietzsche a été écrit par quelqu'un qui étudie Nietzsche depuis 15 ans. Eh oui... le n'importe quoi n'est pas l'où on croit. Qui, ici, a-t-il lu tout Nietzsche, et cela non pas une fois, mais 5, dix, 20 fois ?
 
w

22/04/2007
11:32
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Faut reconnaître qu'aborder un philosophe par le biais de la qualité de sa fréquentation est joueur.
Chacun voit midi à sa porte et je n'ai pas lu tout Nietzsche, et surtout pas depuis un bail, mais il a bien été souligné, sur ce fil ou son cousin un peu plus bas dans la liste, combien il traitait les anti-sémites de bouffons, et combien leur attitude le laissait perplexe.
Sa frangine eût bien aimé que nous le trouvâmes infréquentable, si j'foire point ma concordance.
 
Henry Faÿ

22/04/2007
11:53
perplexe

<<Chacun voit midi à sa porte et je n'ai pas lu tout Nietzsche, et surtout pas depuis un bail, mais il a bien été souligné, sur ce fil ou son cousin un peu plus bas dans la liste, combien il traitait les anti-sémites de bouffons, et combien leur attitude le laissait perplexe.>>

Il est vrai que Nietzsche détestait les anti-sémites, ou plutôt qu'il les englobait dans sa détestation universelle qui allait de l'Allemagne à Pascal en passant par Wagner et Schopenhauer, parmi les exceptions il y a Napoléon qu'il admirait; à l'égard du judaïsme, voir les choses étranges et ambigües qu'il écrit dans le Gai Savoir 136.

Je veux bien essayer de comprendre Nietzsche, en le lisant, à chaque fois que j'ouvre un de ses livres rassemblés dans l'édition Laffont, je tombe sur des choses qui m'étonnent beaucoup, ce dont j'ai rendu compte dans ce fil.


 
JB

22/04/2007
12:12
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

"je tombe sur des choses qui m'étonnent beaucoup"

Mais peut-être que c'est de Nietzsche dont il fallait parler, pas de ce qui vous étonne... certes, le second sujet a peut-être plus de valeur à vos yeux.
 
shh

22/04/2007
12:36
étiquetons, et mettons un code barre sur Nietzsche

« détestation universelle. »

Pour prendre l’exemple de Wagner, l’histoire est suffisamment complexe à connaître pour ne pas la qualifier de « détestation universelle » et même pour ne pas pouvoir la qualifier du tout. Il a été extrêmement lié avec Wagner, pour qui il écrivit d’ailleurs le livret de Parsifal. Longues promenades communes dans les Alpes, intimité familiale, y compris avec Cosima. Wagner de 20 ans plus âgé que Nietzsche fait figure de maître à penser ; mais Nietzsche esprit brillant, veut prendre sa liberté vis à vis d’une vedette reconnue et encensée partout. Les choses se gâtent véritablement quand est créé Bayreuth, où Nietzsche commence par accompagner Wagner, puis devant le côté grandiloquent ostentatoire et encensatoire que prend l’affaire, prend ses distances, et retourne toute l’amitié plus ou moins ambiguë qu’il avait vis à vis de Wagner, plus sans doute une certaine jalousie à l’égard de Cosima, en une critique de plus en plus violente. Difficile de percevoir précisément ce qui l’animait.

Pour Napoleon il était perçu comme le propagateur de l’esprit de la révolution, les sociologues et historiens français modernes n’étant encore pas passés par là, on en restait à l’idée que la révolution française avait soufflé sur l’Europe un vent de liberté, Goethe aussi l’encensait et bien d’autres aussi.

Pour les autres j'en sais rien, mais on peut peut-être voir ça d'un peu plus près, je gage que ça le mérite.

 
Henry Faÿ

22/04/2007
16:50
sophisme

<<"je tombe sur des choses qui m'étonnent beaucoup"

Mais peut-être que c'est de Nietzsche dont il fallait parler, pas de ce qui vous étonne... certes, le second sujet a peut-être plus de valeur à vos yeux.>>

Je ne comprends pas. Quand je parle de ce qui m'étonne chez Nietzsche, n'est-ce pas de Nietzsche que je parle?

 
edmond

23/04/2007
12:17
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Il est dommage que ce débat qui semble passionner les uns et les autres, tant effectivement il a des résonances actuelles, soit confiné à ce forum (bleu) un peu confidentiel alors qu’il a été initié suite à l’émission de F.C. du 31 janvier 2007 « Du Grain à moudre » (Couturier/Clarini) intitulé « Les paradoxes du nietzschéisme de gauche » (autour du livre d’Aymeric Monville « Misère du nietzschéisme de gauche. ») et donc à mon avis aurait de ce fait toute sa place sur l’autre forum.
Ci-dessous un lien sur l’émission en question :
http://www.tv-radio.com/ondemand/france_culture/GRAIN/GRAIN2 0070131.ram

 
edmond

23/04/2007
12:19
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Quelques pistes cependant :
Il n’est pas bien dur de voir que la fonction d’Onfray (comme de son « maître » Nietzsche) est de tirer à boulets rouges sur tout ce qui est universalisme (Platon, le christianisme, Rousseau, Hegel, le socialisme), c'est-à-dire sur tout ce qui a fait passer l’homme de l’état de nature à l’état de culture (le sens de l’histoire montre inexorablement que de l’anthropophagie au salariat en passant en séquence par l’esclavage et le servage, l’extorsion de la plus-value est tendanciellement en régression, c’est là l’expression du progrès social). Il n’est pas plus dur de comprendre que par la promotion d’un individualisme radical, Nietzsche comme Onfray ont pour fonction de reléguer sur l’individu des problèmes qui en fait relèvent du collectif et de la volonté générale. Il n’est pas non plus très dur de comprendre à qui profite le fait qu’un salariat se trouve de ce fait de moins en moins organisé collectivement. Tout comme il n’est pas dur non plus de voir qu’à travers ses exhortations à un retour à la loi de la jungle et à la primauté des instincts, Nietzsche est un grand négateur de l’histoire c'est-à-dire du progrès social, négation qui culmine avec son Eternel Retour du Même qui en promouvant la circularité du temps bloque définitivement toute idée de progrès social (Eternel Retour à Bush et Sarkozy (ou Ségolène) comme Fin de l’Histoire).
Un penseur complètement occulté, Georges Lukacs, a déjà décrit de manière combien limpide la généalogie de ce dispositif idéologique dont Nietzsche n’est qu’un élément, qui du début du XIXème siècle à la moitié du XXème, fit que la bourgeoisie a fait sortir de son chapeau un idéologue pour faire pièce à chaque avancée sociale ou philosophique progressiste (Schelling pour éradiquer l’hégélianisme à la mort de Hegel, Schopenhauer après 1848, Nietzsche après la Commune et le début des partis socialistes de masse, Heidegger après 1917).
Lukacs montre effectivement que Nietzsche arrive à un moment où bon nombre de bourgeois sont dans un premier temps déstabilisés par la montée du marxisme et des partis socialistes de masse et que la promotion ultérieure de Nietzsche va leur fournir la théorie qui les décomplexera de la preuve scientifique apportée par le marxisme de l’extorsion qu’ils pratiquent : « Nous extorquons, eh bien soit ! Nous l’assumons ! Périssent les faibles et les ratés ! ».

 
edmond

23/04/2007
12:20
re : Friedrich Nietzsche est il... fréquentable???

Je ne résiste pas non plus à contribuer le florilège initié par Henry Faÿ :

« Une haute culture ne peut naître que là où il y a dans la société deux castes distinctes : la caste des travailleurs et la caste des oisifs, de ceux qui sont vraiment faits pour le vrai loisir ; ou bien, pour dire les choses plus brutalement : la caste du travail forcé et la caste du travail libre. » II, 327.

« Parmi toute la racaille d'aujourd'hui, qui est-ce que je hais le plus ? C'est la racaille socialiste, les apôtres tchandalas qui ruinent l'instinct des travailleurs, leur joie, leur contentement, qui les rendent envieux et leur enseignent la vengeance... L'iniquité, ce n'est pas l'inégalité des droits, c'est la revendication de droits “ égaux ”… » VIII, 303. (L’Antéchrist)

« Même quand le chrétien condamne, diffame et couvre de boue le “ monde ”, il obéit au même instinct qui pousse l’ouvrier socialiste à maudire à diffamer et à couvrir de boue la société : le “ jugement dernier ” lui-même n'est que la douce consolation qu’apporte la vengeance ; c'est la révolution, telle que l'attend l’ouvrier socialiste, simplement un peu plus lointaine... C’est ce qu'on appelle “ l'au-delà ” – et pourquoi donc inventer un au-delà sinon pour trouver le moyen de couvrir de boue l'ici bas ? » VIII, 142.

« La bêtise, au fond la dégénérescence de l’instinct qui est aujourd'hui à l'origine de toutes les bêtises, tient au fait qu’il y ait une question ouvrière. A propos de certaines choses, on ne pose pas de questions : premier impératif de l'instinct. Je ne vois vraiment pas ce qu'on veut faire de l’ouvrier européen depuis qu'on a fait de lui une question. Il se trouve si bien qu’il posera, pas après pas, d'autres questions, et les questions les plus effrontées. L’ouvrier a en fin de compte le nombre pour lui. Il faut complètement renoncer à l'espoir de voir se former ici un genre d'homme modeste et réservé, comme le type du Chinois : pourtant cela aurait été rationnel, cela aurait vraiment été une nécessité. Qu'a-t-on fait ? Tout pour étouffer dans l'œuf cette possibilité. On a détruit de fond en comble les instincts grâce auxquels les ouvriers peuvent exister en tant que catégorie sociale, peuvent exister en soi, et ceci, par une absence irresponsable de pensée. On a imposé aux ouvriers le service militaire, on leur a donné le droit de coalition et le droit de vote : comment s'étonner dès lors que l’ouvrier ressente déjà sa propre existence comme une détresse (ou pour dire cela en termes moraux, comme une injustice) ? Mais que veut-on ? Je pose encore une fois la question. Si l’on veut un but, on doit vouloir aussi les moyens. Si l’on veut des esclaves, on est un sot de les éduquer pour en faire des maîtres » VIII, 153. (Crépuscule des idoles)

 
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