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Clopine Trouillefou 16/03/2007 21:07 |
Onfray |
Michel Onfray a ouvert un blog à l'occasion des élections présidentielles (sur le site blog du nouvel observateur). J'eus cru vous y retrouver, ô vous dédéèfecistes, mais aucune signature de l'un d'entre vous ? Je m'inquiète... Clopine Trouillefou |
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gastontintamare 16/03/2007 21:37 |
re : Onfray |
bonsoir clopine j'ai arreté la lecture du blog après sa réponse à jean ferrat. la critique du stalinisme ca va deux minute. même M6 s'y est mis. |
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dom 17/03/2007 00:13 |
re : Onfray |
té... te revoila sous ton pseu d'origine, bof, jo la courgette, je ne pense pas que discuter 5 minutes avec un philosophe ordinaire fasse avancer quelque chose, d'autre part si les gens veulent nous causer, ils savent ou on se trouve, la meilleure srtategie est toujours celle de laisser venir, au fait qu'a t'il decouvert de mieux depuis les nouilles, peut etre les piles, va savoir avec tout ces instuments modernes |
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Henry Faÿ 17/03/2007 14:12 |
antilibéral défenseur du capitalisme |
![]() Un jour ou l'autre, mais je ne suis pas trop pressé de le faire, j'irai faire un tour sur le blog du philosophe hédoniste, en attendant, j'avais lu il y a un mois et demi une discussion de lui avec Philippe Raynaud publiée dans le Nouvel Obs. Cela m'avait inspiré le message suivant, envoyé dans le fil José Bové candidat et daté du Ier février que je reprends: Michel Onfray, dans un débat avec Philippe Raynaud publié dans le nouvel obs du 25 janvier (couverture abbé Pierre) dit qu'il est pour_le_capitalisme et contre_le_libéralisme Voici la citation exacte: <<Cette extrême gauche plurielle confond capitalisme et libéralisme. Or le capitalisme est un mode de production des richesses par la propriété privée et le libéralisme une modalité des leurs répartition par le marché libre. On peut donc (?) être, ce qui est mon cas, antilibéral et défenseur du capitalisme.>> Ciel! Du capitalisme sans libéralisme, c'est comme un oiseau à qui on aurait coupé les ailes. Rien de plus ringard, rien de plus antiéconomique, rien deplus régressif. Il suggère que les capitalistes n'auraient pas accès au profit qu'ils ont dégagé, quel bon moyen de les inciter à prendre des risques! Il veut dire que le capitalisme pourrait être autant qu'on voudrait corseté par des réglementations étatiques et corporatistes. Il ne se rend pas compte que c'est à peu près la doctrine des fascistes italiens, des partisans du régime de Vichy et du général Franco et sans doute aussi celle des Chinois actuellement au pouvoir. Quand on se dit de gauche, ça ne tient pas la route. Ce n'est pas la seule contradiction du philosophe hédoniste. Déjà, hier dans l'émission de Brice et Julie, ils avaient bien dit qu'être nietzschéen et de gauche, c'était quand même assez curieux, même si ça s'est beaucoup fait, quand on sait tout ce que Nietzsche a dit contre le peuple, contre les faibles et les malades qu'il faut éliminer parce qu'ils font de l'ombre aux vrais aristocrates etc. etc. Cette émission perturbée par l'absence de Jean-Pierre Faye mériterait d'être commentée. ![]() |
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shhh 17/03/2007 17:14 |
re : Onfray |
"...quand on sait tout ce que Nietzsche a dit contre le peuple, contre les faibles et les malades qu'il faut éliminer parce qu'ils font de l'ombre aux vrais aristocrates etc. etc." Encore un pré-digéré de philosophie qui a frappé. Et sans doute pas le plus éclairé. Ce que dit Nietsche, c'est juste l'inverse. Il entre dans le destin de tout homme d'être tel un aristocrate, ou du moins dans ce qu'on prête de grandeur à un aristocrate. Tout est dans le désir, et non dans la catégorie. Rien ne permet d'assimiler à la notion moderne et méprisante de "peuple", l'objet de la critique de Nietsche. Il y a au contraire un amour réel et très profond pour l'homme, au point d'attendre de lui de se surpasser, parce qu'il lui prête ce potentiel. Une fois de plus on confond Nietsche avec les caricatures qu'ont pu en donner des politiques, de même qu'on confond Marx avec les idéologies qui s'en sont recommandées. C'est ce que moi, j'appelle de la propagande au pire, de la demi, ou même du quart, de vérité au mieux. |
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Henry Faÿ 17/03/2007 18:54 |
lisez le un peu et vous verrez |
![]() Je n'avais pas l'intention de me donner trop de mal pour trouver une citation qui contredise les affirmation qui précèdent, je n'ai eu qu'à ouvrir mon livre au hasard et voici ce que j'ai trouvé: par delà le bien et le mal ************************** neuvième partie qu'est-ce qui est noble? chapitre 264 <<Il est impossible qu'un homme, même en dépit des apparences, n'ait pas dans son corps les qualités et les préférences de ses parents et de ses ancêtres. C'est le problème de la race. (...) Il est permis d'en tirer des conclusions sur l'enfant: une écoeurante impuissance à se maîtriser, une jalousie sournoise, une façon grossière de se donner toujours raison - ces trois particularités réunies ont de tout temps caractérisé le véritable type plébéien - doivent se transmettre à l'enfant aussi inévitablement qu'un sang vicié... (...) À notre époque très populaire, je veux dire populacière, l'éducation et la culture doivent être nécessairement et essentiellement l'art de faire illusion, de dissimuler aux regards l'origine roturière, la populace qu'on a héritée dans son corps et dans son âme... etc etc. chapitre 265 Au risque de choquer des oreilles innocentes, je pose en fait que l'égoïsme fait partie de l'essence de l'âme noble, j'entends cette croyance inébranlable qu'il faut qu'à un être "tel que nous", d'autres soient nécessairement soumis par nature, et qu'ils doivent se sacrifier à nous. L'âme noble accepte son égoïsme comme un fait sans se poser aucune question (...) elle l'accepte comme une particularité qui doit sans doute avoir sa raison dans la loi primordiale des choses. Si elle cherchait à lui donner un nom, elle dirait que "c'est la justice même".>> etc etc etc des centaines de pages ![]() |
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shhh 17/03/2007 19:03 |
re : Onfray |
Ouais, tout dépend quelle intention on a en lisant ces phrases. Mais le 1er degré peut difficilement permettre une lecture de Nietsche. Sauf si on en décide ainsi pour des raisons orientées. On peut entendre aussi, et c'est comme ça que je le perçois, une critique extrêmement virulente envers le goût, somme toute vulgaire, de faire dans la culture, le patrimoine, et en général toutes les formes mortes de l'art et de la vie. Mais je me doute bien que vous ne perceviez pas ça de la même façon, et c'est bien pourquoi je vous disais un jour que je ne parlerai jamais d'art avec vous, tant les évocations que vous en faites ont un goût de chair morte. |
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Henry Faÿ 17/03/2007 20:14 |
sans commentaire |
Je n'ai aucune intention particulière. Je l'entends comme c'est écrit, je n'ai fait que recopier ce texte très clair et n'ai pas ajouté de commentaires. Je ne sais pas à quel degré on peut échapper au sens de ce texte dont il ressort que le type plébéien est comme un "sang vicié" c'est-à-dire héréditaire, qu'à ceux qui ont "l'âme noble", les autres sont "soumis par nature" et "qu'il n'y a même pas de question à se poser". Si vous avez une grille de lecture qui fait apparaître un autre sens, dites la moi. ![]() |
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shhh 17/03/2007 21:04 |
re : Onfray |
Et ce que vous ne semblez ou ne voulez pas comprendre du tout, c'est : 1. Nietsche est un poète plus qu'un philosophe 2. ce qu'il tente de poser, comme le titre l'indique, c'est une société qui va au delà du bien et du mal, qui veut placer l'homme au centre du monde, et que les relations qui en découlent soient d'homme à homme, et plus de soumission réciproque. Il commence par faire ce fameux travail du négatif, déjà cher à Hegel, qui consiste à détruire par la critique toutes ces valeurs portées aux nues alors même que les raisons qui les avaient fondées ont disparu. Il refuse lui plus que tout autre cette fameuse moraline tant dénoncée sur ce forum. Il parle de la condition dont nous devons sortir. Celle de l’enfant qui n’est qu’instinct, celle de la plèbe, qui n’est que veulerie. Celle d’une morale de soumission dont nous avons été nourris. Il parle de l’état auquel nous pourrions parvenir. Je ne vois pas parler du peuple, mais de la populace dont vous comme n’importe qui, comme lui, comme moi, a de la peine à s’extirper. La populace, c'est une façon d’être, à laquelle il oppose l’élan de qui veut dépasser sa misérable condition. Ce patrimoine culturel bien rangé dans son petit musée, et dans lequel tout l’élan de la vie a disparu, voilà ce qu’il dénonce déjà. On ne peut pas lire Nietsche en donnant au mot race tel qu’il l’entend (la race humaine) le sens qui lui est donné actuellement. Nietche c’est au contraire l’affirmation que la révolte est possible, avec pour but ce qu’il appelle « l’âme noble » même si tout, héritage judéo-chrétien, dominations de toutes sortes, impératifs proclamé, pragmatisme comme vous dites, semble l’interdire. Mais pour parler de ce devenir, il faut bien parler de l’étant, non ? Votre façon de saucissonner les textes, comme quand vous répondez à quelqu’un sur ce forum, est sans doute la pire façon de lire Nietsche. Quand un écrivain écrit un roman, un essai, et surtout en allemand d’ailleurs, l’œuvre ne prend son sens que quand tout est bouclé. C’est seulement là que l’esprit y souffle. Et l'esprit ne se perçoit pas au moyen d'une grille de lecture. |
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Clopine Trouillefou 17/03/2007 21:49 |
re : Onfray |
et l'étant t'accule, sans aucun doute, shh... |
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Henry Faÿ 17/03/2007 23:15 |
le texte |
Mais vous tordez un texte qui n'en demande pas tant. Moi je respecte les textes et ne leur fais pas dire ce qu'ils ne disent pas parce que ça m'arrange. Pas de moraline, c'est effectivement le moins qu'on puisse dire mais une morale qui se veut celle des aristocrates. Il y a en quelques lignes une telle accumulation de mots péjoratifs pour le populaire qu'on ne peut avoir aucun doute: populaire, populacière, origine roturière qu'il faut dissimuler(là, c'est vraiment clair, il ne s'agit pas d'une métaphore) mais surtout "sang vicié" (!). Et puis cette idée que la vraie morale de ceux qui ont "l'âme noble", ceux qui sont "tels que nous" est, "même si ça doit choquer" de pratiquer sans état d'âme l'égoïsme et de soumettre ceux qui n'ont pas cette âme noble, ceci devant se sacrifier car telle est la loi primordiale des choses, c'est "la justice même". ![]() |
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shhh 18/03/2007 07:38 |
re : Onfray |
Je ne tors rien du tout. Nietsche parle de l'âme, ou de l'esprit, il ne fait pas de sociologie. Quand au "sang vicié", traduit comme vous par les nazis, je ne l'entends pas ainsi. Tant d'expressions utilisent le sang pour parler du courage, ou de la lâcheté, surtout à cette époque. Quand on parle actuellement d'un grand coeur, j'imagine quand même qu'on ne veut pas dire que le poids en g du coeur soit un critère de générosité. C’est bien l’idéologie nazie qui a donné à l’expression son sens catastrophique, et c’est cette compréhension là que vous voulez retenir. Vous prônez tout au long des fils la liberté d'entreprendre au motif que la somme des égoïsmes des entrepreneurs aboutit à une société plus riche. Vous multipliez les raisons qu'on doit avoir à se soumettre aux lois du marché. Certes vous n'utilisez pas les mots populace, mais vos incitations à obéir à une soi disant réalité intangible, sont bien plus injurieuses que l'utilisation du mot populace sous la plume de Nietsche, qui lui, ne fige pas l'être des gens à leur position sociale, au travail qu’ils doivent fournir, et ne mesure pas la valeur d’un homme à sa productivité ou à son niveau d’études. Nietsche, qui n'était pas un économiste, prône l'égoïsme comme on un amour de soi même qui incite à s'élever, non dans la société, mais dans son âme. Il désigne la soumission comme une honte, et sur ce point on ne saurait lui donner tort. Il y a une hypocrisie qui consiste à aimer le peuple sous réserve qu'il reste le peuple, c'est à dire bien obéissant. Voilà ce qu'il dénonce, en disant, si c'est comme ça que le peuple se voit, qu'il reste donc ce troupeau passif dont on peut tout obtenir. |
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Henry Faÿ 18/03/2007 08:57 |
si les mots ont un sens |
![]() Reprenons ce texte: <<Il est impossible qu'un homme, même en dépit des apparences, n'ait pas dans son corps les qualités et les préférences de ses parents et de ses ancêtres. C'est le problème de la race. (...) Il est permis d'en tirer des conclusions sur l'enfant: une écoeurante impuissance à se maîtriser, une jalousie sournoise, une façon grossière de se donner toujours raison - ces trois particularités réunies ont de tout temps caractérisé le véritable type plébéien - doivent se transmettre à l'enfant aussi inévitablement qu'un sang vicié.>> Je lis bien que la transmission héréditaire des caractéristiques est inéluctable et que c'est ce qui définit la race qui repose sur cette transmission. "Transmettre à l'enfant". Ou bien je ne sais pas lire, ou bien il s'agit de transmission héréditaire, la transmission à l'enfant, c'est la transmission héréditaire, dans ce contexte, selon lui l'éducation n'est qu'un masque pour faire illusion et pour enfoncer le clou le philosophe emploie le terme "sang vicié" qui est bien une métaphore, ce n'est pas le liquide qui coule dans les veines et les artères, c'est la métaphore de la transmission héréditaire, métaphore très courante que tout le monde comprend. Sang vicié, ça veut dire mauvaise hérédité. <<À notre époque très populaire, je veux dire populacière, l'éducation et la culture doivent être nécessairement et essentiellement l'art de faire illusion, de dissimuler aux regards l'origine roturière, la populace qu'on a héritée dans son corps et dans son âme.>> Origine_roturière c'est écrit, je n'y peux rien, une nouvelle fois, ce texte est d'une clarté totale, aucune ambiguité ne peut être invoquée, c'est bien de la transmission qu'il s'agit. Si j'ai une origine roturière, c'est le cas, ça veut dire que mes parents, mes grands parents etc etc étaient des roturiers et non des nobles. <<Au risque de choquer des oreilles innocentes, je pose en fait que l'égoïsme fait partie de l'essence de l'âme noble, j'entends cette croyance inébranlable qu'il faut qu'à un être "tel que nous", d'autres soient nécessairement soumis par nature, et qu'ils doivent se sacrifier à nous. L'âme noble accepte son égoïsme comme un fait sans se poser aucune question (...) elle l'accepte comme une particularité qui doit sans doute avoir sa raison dans la loi primordiale des choses. Si elle cherchait à lui donner un nom, elle dirait que "c'est la justice même".>> Moi, je dirais que c'est l'altruisme qui fait partie de l'âme noble si on veut bien donner un sens à ce terme et l'égoïsme qui caractérise l'âme "ignoble". Je ne vois pas si on n'est pas dans un système de valeur imprégné d'idéologie aristocratiste extrémiste comment on peut défendre que ceux qui n'ont pas l'âme noble peuvent avoir à se_soumettre et à se_sacrifier à d'autres qui ont pour eux le plus écrasant mépris. Une nouvelle fois, vous me direz que je ne sais pas lire, pourtant, les mots ont un sens. Notez que Nietzsche écrit soumis par nature, et non par inclination, par choix personnel, ce qui serait une manifestation de la liberté mais la liberté dans ce court texte semble niée par cette notion qu'il faudrait approfondir de "loi primordiale des choses". On peut toujours s'en prendre à la traduction. Le traducteur est Henri Albert, traduction révisée par Jean Lacoste. Collection Bouquins. ![]() |
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shhh 18/03/2007 09:39 |
re : Onfray |
Je persiste à prétendre que Nietsche met en avant la volonté de se surpasser opposée au lourd passif dont nous héritons. Que celui ci tienne à l'éducation ou à une hérédité physiologique, il met tout ça dans le même panier, et je crois qu'actuellement encore c'est le cas, et on n'en sait pas beaucoup plus qu'à son époque sur l'hérédité. Il veut opérer un retournement, en chassant les valeurs communément prônées par toutes les morales, et en plaçant au centre la volonté et le désir. L'altruisme auquel il s'oppose est le pis aller imposé pour supporter l'injustice de nos sociétés. C'est pour ça qu'il espère refonder à partir de l'égoïsme, une sorte de rencontre au sommet, qui se substituerait à la peur de l'autre. A mon sens il n'évoque pas une "idéologie aristocratique extrémiste" qui me semble plutôt anachronique comme concept, mais un état de liberté et de dépassement qu'à tort ou à raison on attribuait à l'aristocratie; celle-ci affranchie des contraintes sociales par son absolue impunité ne pouvait poursuivre comme but que le dépassement de soi-même. C'est une aristocratie rêvée (c'est pour ça aussi que je dis que Nietsche est plus un poète qu'un philosophe), mais ce sont ces valeurs là qu'il veut avancer, le préambule étant qu'à l'opposé il y a la roture et la populace, tous dans la merde en somme, et sortons de là, il n'y a rien d'inéluctable face à la volonté et au désir. Evidemment pour qui veut faire une lecture au mot à mot, la dérive est terrifiante. Mais pour qui va écouter l'anneau des Niebelungen, et le prendrait au mot à mot, sa lecture serait tout aussi terrifiante. |
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shh 18/03/2007 09:50 |
re : Onfray |
Affranchir les hommes de la morale à laquelle ils n'ont fait que se soumettre, c'était un beau projet. C'était une preuve de confiance en ce qui pourrait fonder notre humanité, fort éloignée de nos peintures en grisé, qui disent qu'il y a du bon et du mauvais en chacun de nous, et qu'il faut faire avec. Ce qui est quand même très affligeant.C'est peut-être même paradoxalement sur cette triste constatation que nous voyons renaître toutes les religions et tous les sectarismes. Et que notre altruisme est toujours limité par l'idée qu'on ne peut pas accueillir tout le monde, on n'a pas les moyens, etc... Enfin ça, c'est un autre développement, plutôt une réflexion personnelle. |
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Henry Faÿ 18/03/2007 12:26 |
dérisoire et terrifiant |
![]() <<Je persiste à prétendre que Nietsche met en avant la volonté de se surpasser opposée au lourd passif dont nous héritons. Que celui ci tienne à l'éducation ou à une hérédité physiologique, il met tout ça dans le même panier, et je crois qu'actuellement encore c'est le cas, et on n'en sait pas beaucoup plus qu'à son époque sur l'hérédité.>> C'est possible il faudrait citer les pages, en attendant, il exprime un mépris écrasant à l'égard de ces plébiens qui n'ont pas eu la chance d'avoir une bonne hérédité, qui ont un "sang vicié", comme il dit gentiment. <<Il veut opérer un retournement, en chassant les valeurs communément prônées par toutes les morales, et en plaçant au centre la volonté et le désir.>> Chasser les valeurs prônées par toutes les morales, vous avez bien dit toutes les morales, ça va loin et placer au centre la volonté et le désir, oh la la, quel programme chère amie, à la fois dérisoire et terrifiant! Dérisoire si ce ne sont que des mots, terrifiant si on le met en pratique. Qu'il rencontre quelques échos à notre époque un peu folle n'est pas pour m'étonner. Avez-vous quelque estime pour les gens qui mettent en avant leur désir (leur petite queue pour les hommes) ou bien leurs ambitions et leur goût du pouvoir au détriment de la morale? N'est-ce pas la position bien théorisée par Donatien de Sade? Sans en arriver aux extrémités du divin marquis, la mise en avant du désir, c'est l'hédonisme ravageur de notre époque que défend si vaillement Michel Onfray non sans ambiguités, j'en ai parlé dans ce forum, car il mélange allègrement plaisir et bonheur, je pourrais ressortir le fil en cas de besoin. << L'altruisme auquel il s'oppose est le pis aller imposé pour supporter l'injustice de nos sociétés. C'est pour ça qu'il espère refonder à partir de l'égoïsme, une sorte de rencontre au sommet, qui se substituerait à la peur de l'autre.>> Mais c'est une erreur totale de perspective! Imaginer qu'une société pourrait être assez juste pour que l'altruisme devienne inutile est une illusion très naïve. Il est juste de critiquer l'altruisme en s'appuyant sur le fait qu'il n'est jamais très difficile de démontrer que l'altruisme n'est jamais si altruiste que ça, que les gestes altruistes ont toujours, ou presque, des motivations égoïstes, oui car les gestes altruisme flattent le moi. Personnellement, je connais des gens qui pratiquent l'altruisme, c'est peu dire que je les estime, plus croyez le que Michel Onfray et ceux qui l'applaudissent dans les amphis, je considère que ceux qui pratiquent l'altruisme font un travail extraordinaire et que sans eux, la société serait parfaitement invivable. Critiquer l'altruisme, ça se défend, faire l'éloge de l'égoïsme est proprement scandaleux, philosophiquement une impasse totale. L'égoïsme est de toutes façons quelque chose de haïssable. L'égoïsme fait beaucoup de mal. L'égoïsme doit être combattu, dans la vie courante comme en philosophie. On m'opposera peut-être le non agir des orientaux mais ce n'est pas ma philosophie et ce n'est pas à proprement parler de l'égoïsme, le non-agir ayant selon ces philosophies une force plus grande que l'action. <<A mon sens il n'évoque pas une "idéologie aristocratique extrémiste" qui me semble plutôt anachronique comme concept, mais un état de liberté et de dépassement qu'à tort ou à raison on attribuait à l'aristocratie; celle-ci affranchie des contraintes sociales par son absolue impunité ne pouvait poursuivre comme but que le dépassement de soi-même. C'est une aristocratie rêvée (c'est pour ça aussi que je dis que Nietsche est plus un poète qu'un philosophe), mais ce sont ces valeurs là qu'il veut avancer, le préambule étant qu'à l'opposé il y a la roture et la populace, tous dans la merde en somme, et sortons de là, il n'y a rien d'inéluctable face à la volonté et au désir.>> Une "idéologie aristocratique extrémiste" n'était pas si anachronique que ça à l'époque où Nietzsche écrivait, tous les pays d'Europe étaient alors des monarchies et il pourrait y avoir chez le philosophe une nostalgie de l'ancien régime, les spécialistes le confirmeront ou pas. Une aristocratie rêvée, c'est bien suspect. Il écrit bien dans son chapitre 265 de par delà le bien et le mal que ceux qui n'ont pas l'âme noble doivent soumission et sacrifice à ceux qui ont cette noblesse. Je me demande quelle soumission et quel sacrifice on doit à qui que ce soit, à moins que ça ne soit un choix personnel, ce dont il n'est pas question dans ce texte, sur ce point avez-vous une idée? L'aristocratie on peut en rêver mais c'est la classe qui jadis était dépositaire des valeurs guerrières (Michel Onfray n'y est pas si étranger car un jour il a regretté que le duel soit tombé en désuétude) et se trouve dispensée de travailler tout en accaparant le plus de richesses. Tout ça est très à gauche, comme vous voyez. <<Evidemment pour qui veut faire une lecture au mot à mot, la dérive est terrifiante.>> Lire, c'est lire mot à mot, si on ne lit pas mot à mot, on ne lit pas. << Mais pour qui va écouter l'anneau des Niebelungen, et le prendrait au mot à mot, sa lecture serait tout aussi terrifiante.>> L'anneau des Niebelung, c'est une fiction, mais aussi un véritable cours de morale tout à fait traditionnelle, qui ne prône pas l'égoïsme bien au contraire mais le sacrifice; les héros sont des héros, les traîtres sont des traîtres, ils sont châtiés. L'amour est exalté. Nietzsche et Wagner... Quel immense sujet! Merci d'avoir écrit "jamais d'art avec vous, tant les évocations que vous en faites ont un goût de chair morte". Sur Nietzsche et Wagner, je pourrais vous faire mentir. Cette semaine, dans les vendredi de la philosophie, ils ont évoqué la mémoire de Philippe Lacoue-Labarthe, récemment disparu. L'émission était ennuyeuse, ou bien je ne l'ai pas bien écoutée. Ils auraient mieux fait de repasser la série d'émissions sur Nietzsche et Wagner dont Philippe Lacoue-Labarthe était l'auteur. On n'est pas si loin que ça de notre discussion. Nietzsche a dit: "Wagner nous avait promis de ressusciter la tragédie grecque, et qu'est-ce qu'il nous fait? La messe!" ![]() |
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shhh 18/03/2007 16:23 |
re : Onfray |
Cher ami, dès que je serai un peu moins bourrée je ne manquerai pas de répondre point par point à tous vos arguments. Comme je n'hésitais pas en classe à faire des dissertations pour avoir de bonnes notes.(En fait je vais vous dire, je faisais semblant et ça suffisait au prof). Mais quand même, quand même, on ne peut vraiment pas suspecter Nietsche de nostalgie pour l'ancien régime. On peut lui en vouloir d'avoir permis que ce qu'il disait soit par la suite détourné, mais n'est ce pas, ça ne nous dispense pas de faire l'effort d'entrevoir ce qu'il voulait réellement dire ? Et surtout convenir de ce mérite d'avoir tenté de une pensée à rebours des propos lénifiants dont regorgent la littérature et la philosophie bien pensantes. Juste un mot, si effectivement on ne doit soumission à personne, pourquoi allons nous voter ? et déléguer ainsi ce qui nous reste de sens politique à des professionnels qui ne nous représentent pas. Et puis quand même un autre mot encore, quel rapport a cette discussion, ou Nietsche plus précisément, avec un étiquetage présumé obligatoire entre droite et gauche ? A plus. |
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shhh 18/03/2007 18:48 |
re : Onfray |
Reprenons. "Chasser les valeurs prônées par toutes les morales, vous avez bien dit toutes les morales, ça va loin et placer au centre la volonté et le désir, oh la la, quel programme chère amie, à la fois dérisoire et terrifiant!" Mon propos n'est pas de dire de Nietsche si le chemin qu'il suit est le bon ou non. Mais il veut en tout cas affranchir l'homme de la morale. Dérisoire ou effrayant, ça, c'est à chacun de faire son choix. Quoiqu'il en soit ce n'est certainement pas une philosophie hédoniste, au sens où vous l'entendez, car elle met en avant l'effort. Le désir qu'il évoque n'est pas celui qui est commun, ce n'est pas le plaisir du pouvoir ou du cul, c'est encore une fois, celui du dépassement de soi. J'aurais du parler de volonté, et non de désir, pour éviter la confusion. Sa critique de l'altruisme concerne l'acception courante du mot. Donner une piécette, accepter la misère en la subventionnant juste assez pour qu'elle perdure. Et l'égoïsme doit être entendu comme la fierté de soi-même, indispensable pour aimer l'autre. J'ignore si Nietsche a jamais indiqué s'il était de droite ou de gauche, comme peut le faire Onfray, mais ça me surprendrait qu'il y ait même jamais songé. "Lire, c'est lire mot à mot, si on ne lit pas mot à mot, on ne lit pas." Oui, enfin c'est l'apprentissage de la lecture. L'analyse, la compréhension, elle, ne peut se contenter du mot à mot. (Et je ne parle même pas de la traduction qui forcément altère un texte). Je crois que pour ce qui concerne Nietsche, il faut vraiment envisager toute son oeuvre, qui place les Grecs au centre de sa réflexion. Le panthéon grec est la représentation des hommes, partagés entre raison et passion. Peut-on et doit-on résoudre ce dilemme, voilà ce qu'il pose. Et l'aristocratie, ne saurait être sous sa plume autre chose qu'une idée de l'aristocratie. Fils de pasteur, ça m'étonnerait qu'il se soit intéressé à l'aristocratie autrement qu'a travers des valeurs qu'il voulait lui prêter, et sans regard à sa véritable nature. Je connaissais son jugement au sujet du Ring. Je croyais pouvoir me dispenser de rappeler l'usage qui a été fait de Wagner chez les nazis. Au moins autant que Nietzsche. et peut-être avec plus de raisons. D'autant que les descendants de Wagner ont adhéré au nazisme. Les héros, les traîtres etc.. c'est bien aussi un vocabulaire aristocratique, mâtiné de religiosité, ce qu'évidemment Nietzsche ne pouvait tolérer. Encore une fois, Nietzsche ne faisait pas de sociologie, ni de critique politique, "sang vicié" 'roture" etc.. ne peuvent s'entendre que comme des affects de l'âme, une espèce de lâcheté dont se rendent responsables les hommes. On dit que Nietsche est mort fou de la syphillis, mais je me demande s'il n'est pas mort fou du travail entrepris. Car la révolte est un travail souvent démesuré, tant on peut se retrouver seul. |
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badminton 18/03/2007 18:51 |
ploudal' gueule de bois |
dites donc vous dessaoulez vachement vite vous, vzavez un truc ? |
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shhh 18/03/2007 18:53 |
re : Onfray |
Ouaips, le corenwyn, découverte récente. Alcool de grain, très chouette. |
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shhh 18/03/2007 18:55 |
corenwyn |
La version néerlandaise du genièvre, alcool qui ne rend pas malade. Jamais. |
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dom 18/03/2007 21:34 |
re : Onfray |
vouais, la philo mélangée aux contes nordiques il n'y a guere de raison, que des passions,mais shh fait une remarque sur l'altruisme qui consite en gros a acheter sa morale en donnant une piecette, c'est vrai que cela releve plus d'un exorcisme contre ce qu'on ne veut pas qu'il nous arrive que d'un acte altruiste. Ce qui est genant chez les professionnels de la philo c'est qu'il ne font que ça, se déconnectant chaque jour un peu plus de la réalité, analyser le comportement des autres par rapport a soi c'est deja faux, car il y a forcement une induction préétablie, même si on doit pouvoir s'en approcher avec les meilleures éducations réçues, la philo est instable est devrait etre inscrite sur le tableau de Mandeleiv comme élémént instable, radioactif et contaminant. |
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Henry Faÿ 18/03/2007 23:42 |
ce que Nietzsche reproche à la religion chréti |
![]() À cause de vous, chère amie, grâce à vous plutôt, cherchant à préparer ma réponse, je parcours ce gros bouquin de 1750 pages <<Friedrich Nietzsche Oeuvres>> pour retrouver une citation où le philosophe dit très joliment que l'Eglise a sali la sexualité. C'est le côté de Nietzsche que j'aime, s'il n'y avait que ça, je serais nietzschéen. Et en parcourant ce livre, je tombe sur des citations qui pourraient faire tomber à la renverse tous ceux chez qui il reste une once d'humanisme: <<Par delà le bien et le mal l'être religieux chapitre 62 les religions souveraines sont, tout compte fait, une des causes principales qui ont maintenu le type "homme" à un niveau inférieur car elles ont maintenu en vie trop d'êtres qui devaient mourir. (!!!) On leur (aux clercs de la religions chrétienne) doit des bienfaits inappréciables (...) S'ils ont attiré loin de la société, dans des cloîtres et des prisons spirituelles ceux qui n'étaient plus intérieurement que ruines et que déchaînement, - que ne durent-ils faire aussi pour la paix de leur conscience en s'évertuant à conserver tout ce qui était malade et souffrant (!), c'est-à-dire, en fait et en vérité, en travaillant à la détérioration de la race européenne! (!!!) Mettre sens dessus dessous toutes les valeurs, voilà ce qu'il leur a fallu faire! Fracasser les forts, infecter les grandes espérances, rendre suspect le bonheur et la beauté, briser toute fière indépendance, tout ce qu'il y a de viril, (!) de conquérant (!!), de dominateur (!!!), tous les instincts qui sont le propre du type humain le plus élevé et le plus réussi, en y introduisant l'incertitude, la détresse de la conscience et le suicide, transformer l'attachement à la terre et à la domination en haine contre la terre et les choses terrestres...>> ![]() Ca y est, j'ai retrouvé la citation que je cherchais: par delà le bien et le mal maximes et interludes 168 <<Le christianisme a fait boire du poison à Eros. Il n'en est pas mort mais il est devenu vicieux.>> |
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shhh 19/03/2007 13:02 |
re : Onfray |
Extrait de Wikipedia, dans l'article sur Nietzsche, qui tente assez honnêtement d'approcher son oeuvre, et la difficulté à la qualifier: "La doctrine de Nietzsche critique l'idée d'un asservissement de l'individu d'exception à la masse. À coté d'un réel mépris pour les systèmes démocratiques (aspect exploité par le régime nazi) dans la mesure où l'égalitarisme prétend s'imposer en tout domaine, il existe chez Nietzsche un mépris au moins équivalent pour les systèmes totalitaires, qui épuisent les peuples et les dépossèdent de leur avenir en détruisant les germes de la culture. Nietzsche exprima également son mépris des idéologies raciales (il parle ainsi de « fumisterie des races »), et dénonce sans ambiguïté les affabulations du mythe aryen (« balourdise aryenne » qui n'existe que par une falsification de l'histoire). Il existe ainsi de nombreux aphorismes dans lesquelles Nietzsche dénonce les différents aspects de ce qui allait devenir le fascisme italien et le nazisme : l'État fort, l'antisémitisme, le racisme, le nationalisme, le militarisme, le populisme, etc." Alors qu'en conclure ? |
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Lili Forster-N. 19/03/2007 13:47 |
C'est moi la tuteuze |
Après tout le boulot que j'ai fait, c'est vraiment un coup bas ! |
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dom 19/03/2007 16:09 |
re : Onfray |
Friedrich Nietzsche Né à Roecken le 15 octobre 1844 Décédé à Weimar le 25 août 1900 la je ne comprends pas ""je parcours ce gros bouquin de 1750 pages <<Friedrich Nietzsche Oeuvres>> "" |
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Henry Faÿ 19/03/2007 16:18 |
ne croyez personne! |
<<Alors qu'en conclure ?>> Qu'il ne faut croire aucun commentateur, surtout wikipédia qui est absolument n'importe quoi, et [(u[aller_tout_droit_ au_texte]u)]_ comme si on n'avait jamais entendu parler de l'auteur. ![]() |
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Henry Faÿ 19/03/2007 16:20 |
je recommence |
aller_tout_droit_au_texte ![]() |
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shhh 19/03/2007 16:20 |
re : Onfray |
Oualà. Et faut faire gaffe aux traducteurs, et à Lili Forster ci-dessus intervenante. Et à tout le monde d'ailleurs. |
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dom 19/03/2007 16:21 |
re : Onfray |
ouf je suis fatigué! scusez la confusion j'ai oublié de lire le mot page, bon je vais me coucher, la j'ai pas fait fort excuse moi Henry merci SSH |
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