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Henry Faÿ

01/02/2007
06:26
L'art et les millions de dollars

Je m'occupe de mettre un peu d'ordre sur ce forum, si je ne le faisais pas, qui le ferait, j'vous l'demande. Je reclasse dans le forum bleu la discussion bien nourrie qui avait eu lieu sur le fil l'esprit public sur les diverses opérations de coopération dans le domaine des musées moyennant d'importantes compensations financières.

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victor malicheff 28/01/2007
16:24 re : L'ESPRIT PUBLIC

Ce matin 28/1 rififi chez P. Meyer à propos de la délocalisation du Louvres à Abou Dhabi. Entre, les anciens ( ringards ) et les modernes ( l’avenir est dans la globalisation des échanges artistiques ), entre P. Meyer, Gallo, Poulet d’une part , Michaud & Bourlanges d’autre part. Ces 2 derniers ont tenté de ridiculiser les auteurs de la pétition et bien entendu les signataires & en indiquant aussi être très éloignés du monde de l’art.
Il est en effet pour le moins surprenant de s’engager de manière véhément e dans un débat en ignorant la matière traitée, c’est affligeant et je sais gré à P. Meyer d’avoir tenu le cap malgré le refus de JL Bourlanges à 2 reprises de répondre à la question : s’agit-il de franchiser le Louvres contre le Rafale ?
Victor,
NB www.latribunedelart.com


Henry Faÿ 28/01/2007
21:38 la circulation de l'art

Je dois dire que dans le rôle de ringard, Max Gallo est toujours parfait. C'est le ringard de service idéal, quand même fort ennuyeux à écouter, il n'aurait comme rival que Jean Dutourd qui lui est beaucoup plus drôle, manque de chance, c'est radio-courtoisie qui l'a, il faudrait que France Culture le rachète (ou le loue, comme un tableau de Poussin, mais pas trop cher). Si par hasard une question l'embarrasse, l'académicien répond: "mais vous m'embêtez avec toutes vos questions!"
Comme à son habitude, Max Gallo ne prend même pas la peine de se documenter un peu avant l'émission, il ne connaît pas le nom du troisième signataire de l'article, Roland Recht, historien d'art médiéviste.
C'est Yves Michaud qui a donné de forts arguments en faveur de ces diverses opérations de coopération muséales moyennant compensations financières qui provoquent tant d'émoi. Yves Michaud n'est pas "très éloigné" du monde de l'art, il a été directeur de l'école des Beaux-Arts de Paris et a publié sur l'art au moins un essai, l'art à l'état gazeux.
L'art, dit Yves Michaud a toujours circulé, pas toujours de manière honnête, pillages, vols; quand on n'a pas pu faire venir les aouvres d'art, on a fait venir les artistes.
Cette pétition, parlons en, elle est signée de conservateurs honoraires plus quelques conservateurs sud-américains, c'est l'arrière garde. Yves Michaud aime bien secouer le cocotier. Il ne manque dit-il que José Bové.
Yves Michaud dit que Jean Clair devrait commencer par balayer devant sa porte, en tant que conservateur de Musée Picasso, il a financé son musée avec des opérations de ce type.
Quant à Françoise Cachin en tant qu'ancienne conservatrice du Musée d'Orsay et directrice des Musées, elle sait bien comment on loue les expositions. Oui, elle l'a fait, je me souviens bien de l'exposition de la collection Barnes au Musée d'Orsay, la fondation Barnes de Philadelphie étant à cours d'argent. Là, Yves Michaud est moins convaincant, car si elle est bien au courant, elle en connaît peut-être aussi les aspects peu reluisants.
Yves Michaud cite son expérience, en tant que directeur de l'école des Beaux-Arts, il a organisé l'expatriation temporaire d'oeuvres d'art au Japon et les avantages reçus en restauration notamment correspondaient bien à une location déguisée et il n'a pas à se plaindre de l'opération.
Yves Michaud dit qu'il y a une forte demande d'art, que la France n'a pas à être à l'écart de ce mouvement. Les Chinois rachètent les oeuvres qui ont quitté la Chine et récupèrent autant de faux qu'il en était parti. On annonce l'ouverture de mille mmusées en Chine, ça paraît incroyable et si on fait le calcul par rapport à la population, c'est vrai. La politique de la fondation Guggenheim a eu des succès considérables, et de citer Bilbao. Objection de Philippe Meyer: Bilbao, ce n'est qu'une coque (le famaux édifice de Franck Gehry). Pas du tout, répond Yves Michaud, mieux informé, les collections rares au début ont fini par arriver.
Yves Michaud vilipende les signataires de l'article qui ont cru bon d'écraser de leur mépris les habitants d'Atlanta, "ville du coca-cola". Comme si les habitants d'une ville qui abrite une grande firme de boissons gazeuses n'avaient pas le droit à la culture. Il vilipende aussi le mépris des foules de visiteurs peu au fait de l'art et de son histoire.
Jean-Louis Bourlanges se lance dans une petite dissertation qui pourrait l'entraîner fort loin s'il disposait de plus de deux minutes sur les tabous qui pèsent sur l'argent. Il faut dit-il faire une distinction entre l'argent qui confisque, l'argent des inégalités et l'argent qui est un instrument universel de mesure de valeur... En mettant à la disposition de villes lointaines des oeuvres d'art appartenant à notre patrimoine, nous rendons un service culturel, ce service a un coût, il est normal que ce coût soit payé. À Abou Dhabi, ils ont du pétrole et pas beaucoup de culture, en France, nous avons de la culture et pas de pétrole, il y a quelque chose à faire.
Personnellement, je me réjouis que le Louvre soit à Abou Dhabi, de même que la Sorbonne, et on peut continuer.


fred
28/01/2007
22:39 re : L'ESPRIT PUBLIC

ou la circulation de "l'Art" comme nouvel opium d'une société moribonde... Ah bon, ils ont oublié d'en parler?


Henry Faÿ 29/01/2007
07:43 ?

<<ou la circulation de "l'Art" comme nouvel opium d'une société moribonde... Ah bon, ils ont oublié d'en parler?>>
?



victor malicheff 29/01/2007
15:53 re : L'ESPRIT PUBLIC

Rebelote ce matin avec Bruno Racine l’énarque du centre Pompidou , halle commerciale , qui ne voit pas de différence entre l’œuvre du Duchamp et
une sanisette de Decaux : le marché lisse les différences.
Les Slama & Pastré ont bien entendu renchéri à la satisfaction générale…
mais aussi Henry qui n’hésitera pas à faire le voyage à Abou Dahbi comme instructeur du Rafale.
Victor


lou 29/01/2007
15:55 romancier et historien
***dans le rôle de ringard, Max Gallo est toujours parfait. C'est le ringard de service idéal, quand même fort ennuyeux à écouter***

Verbeux, creux, pompeux, vaseux, comment Philippe Meyer peut-il inviter un tel raseur? Ce type me fait perdre mon temps et je n'aime pas ça.
smiley: rasage


peh 30/01/2007
08:40 re : L'ESPRIT PUBLIC

Le 28/01/2007 21:38 Henry Faÿ a écrit :
<<Yves Michaud cite son expérience, en tant que directeur de l'école des Beaux-Arts, il a organisé l'expatriation temporaire d'oeuvres d'art au Japon et les avantages reçus en restauration notamment correspondaient bien à une location déguisée et il n'a pas à se plaindre de l'opération...
Yves Michaud dit qu'il y a une forte demande d'art, que la France n'a pas à être à l'écart de ce mouvement.>>

Donc, si je comprends bien :
- il y a une très forte demande d'art attisée notamment par les nouveaux riches russes, chinois et autres (je simplifie)
- l'art est à la mode et est valorisant pour certaines personnes et institutions
- les oeuvres prêtées et abîmées par les prêts seront restaurées grâce à l'argent gagné
- les œuvres d'art ont pour destinée de disparaître physiquement (Michaud dixit)

Je passe charitablement sur les discours caricaturaux de Michaud et Bourlanges.
Je passe sur la façon dont n'a pas été traitée la probable pré-censure des expositions à Abou Dahbi.

Conclusion : allons-y, faisons tourner toutes ces oeuvres et visons 20 millions de visiteurs au Louvre, ce grand Barnum de la Culture. Sachant qu'un visiteur sur 1000 est là pour admirer les œuvres, cela donnera 20 000 véritables visiteurs, c'est toujours çà... dans un univers muséal où la qualité se mesure au nombre de millions de visiteurs, de soirées privées pour qques happy fews et à l'épaisseur de catalogues (v. Haskell infra).

NB : pour un point de vue équilibré sur le sujet et non lié à l'actualité immédiate, tel l'Esprit Public, je conseille la lecture du grand historien de l'art Francis Haskell :

L'Amateur d'Art
de Francis Haskell

Dans le 1er chapitre intitulé :
"Titien et les dangers de l'exposition internationale"
il résume parfaitement la problématique sur le sujet de l'exposition monographique en partant de la fameuse exposition Titien à Venise.
On peut très facilement élargir aux problèmes d'aujourd'hui et tout y est dit.


Henry Faÿ 30/01/2007
10:45 avec des si on mettrait Paris en bouteille

<<mais aussi Henry qui n’hésitera pas à faire le voyage à Abou Dahbi comme instructeur du Rafale.
Victor>>

Si telle était ma spécialité, je n'hésiterais bien évidemment pas à le faire. Si j'étais conservateur de musée, pour moi, organiser une exposition à Abou Dhabi, ça serait le rêve!!! Il faut vraiment être conservateur honoraire donc complètement rangé des voitures pour mépriser ce type d'occasion (je n'ai pas écrit opportunité).
Et si j'étais prof, enseigner à la filiale de la Sorbonne à Abou Dhabi me plairait énormément.




Henry Faÿ 30/01/2007
10:48 pourquoi deux petits anges

Deux petits anges musiciens: le premier c'est celui qui n'a jamais été conservateur de musée, le second, c'est celui qui n'a jamais été prof à la Sorbonne.


Henry Faÿ 30/01/2007
12:09 des opérations assez géniales


<<Je passe charitablement sur les discours caricaturaux de Michaud et Bourlanges.
Je passe sur la façon dont n'a pas été traitée la probable pré-censure des expositions à Abou Dahbi>>

En quoi les discours d'Yves Michaud et de Jean-Louis Bourlanges sont-ils caricaturaux??? Ils ont dit ce qu'ils avaient à dire et ne l'ont pas trop mal dit.
********************************************************

Jean-Louis Bourlanges a bien pointé que l'opposition rencontrée par ces opérations assez géniales viennent d'une frilosité pour ne pas dire plus par rapport à l'argent, cachez, cachez ces gros paquets de centaines de millions de dollars que je ne saurais voir. Pourquoi cette méfiance par rapport à l'argent? Le sujet est tellement vaste que je n'ose l'aborder, je dirais, pour résumer que chez nous, c'est culturel, donc profond. Je sais que quand on a dit ça, on n'a pas dit grand chose. Chez nous, l'argent est sale chez nous, l'argent est illégitime, chez nous l'argent suscite la honte. Mais réfléchissons une minute, comment les musées pourraient-ils avoir des politiques quelque peu ambitieuses sans argent? C'est quelque chose que Jean Clair et Françoise Cachin savent parfaitement. Je connais une conservatrice de musée qui ne cesse de se désoler de l'état de délabrement de son musée, elle n'est certainement pas la seule. Il y a des gens qui trouveront honteux de ramasser des centaines de millions de dollars dans une coopération avec un pays pétrolier, moi je trouve autrement plus honteux qu'on n'arrive pas à ouvrir les salles du Louvre parce qu'on est pas capable de payer des heures sup aux gardiens, ça ne se compte pas en centaines de millions de dollars, résultat, des étrangers font le voyage pour voir telle ou telle oeuvre et trouvent la porte close avec un petit mot d'explication, ils ne doivent pas avoir une très haute opinion de notre pays.


Henry Faÿ 30/01/2007
12:18 chacun ses tabous

<<Je passe sur la façon dont n'a pas été traitée la probable pré-censure des expositions à Abou Dahbi>>

Si les aboudhabiens ne veulent pas voir de femmes nues, tant pis pour eux. Chacun ses tabous, chez nous c'est l'argent, chez eux, c'est les femmes nues.



peh 30/01/2007
14:23 re : L'ESPRIT PUBLIC

Oui, aujourd'hui c'est un peu une tarte à la crème de dire que les français ont honte ou peur de l'argent. Mais même si c'est vrai, cela ne justifie rien.

Mais c'est un sujet qui permet de masquer le problème sous-jacent de la conservation, j'insiste là-dessus. Mais la conservation avec un grand C, c'est pas vendeur coco.

Par rapport aux "prestigieuses" expositions où l'on prend le risque dément de réunir TOUS les Vermeer en un seul lieu !

Mais lisez donc Haskell, il dit cela bcp mieux que moi.


Henry Faÿ 30/01/2007
15:52 le mépris pour le visiteur qui n'y connaît rie


<<Conclusion : allons-y, faisons tourner toutes ces oeuvres et visons 20 millions de visiteurs au Louvre, ce grand Barnum de la Culture. Sachant qu'un visiteur sur 1000 est là pour admirer les œuvres, cela donnera 20 000 véritables visiteurs, c'est toujours çà... dans un univers muséal où la qualité se mesure au nombre de millions de visiteurs, de soirées privées pour qques happy fews et à l'épaisseur de catalogues (v. Haskell infra).>>

Quel esprit grincheux doit être ce Francis Haskell! Et voilà exprimé sans ambage le mépris pour le visiteur qui n'a pas sa licence d'histoire de l'art. Qui donc dit que la qualité se mesurait au nombre de visiteurs? N'y a-t-il pas des critiques pour en parler?
Un visiteur sur 1000 serait là pour admirer les oeuvres...? Absurde. On sait bien qu'il y a des visiteurs qui n'y connaissent pas grand chose, pour qui la visite d'une musée est une sorte de contrainte imposée par le conformisme du "il faut avoir vu", mais comprenez que c'est l'occasion ou jamais de s'instruire, vous pouvez bien imaginer qu'on a des chances d'être moins ignorant de l'art après avoir passé une demi journée au Louvre qu'avant. Le Louvre a certes beaucoup de visiteurs, il pourrait en avoir davantage, j'y suis allé récemment, dans beaucoup de départements, l'affluence est plutôt maigre. C'est dans les expositions annoncées à coups de trompettes, nonobstant passionnantes, que l'on s'écrase.
Je suis parfois émerveillé par les touristes, la bonne volonté qu'ils manifestent de savoir et d'admirer. L'Angélus de Millet est un tableau archi-célèbre au Japon. Un jour, au Musée d'Orsay, J'ai vu un couple de japonais, un petit vieux, une petite vieille se faisant photographier devant ce tableau, on avait l'impression qu'ils réalisaient le rêve de toutes une vie, c'était vraiment touchant.
Quant aux catalogues, épais sans doute mais ô combien admirables, personnellement, je m'en délecte et finis généralement par les acheter parfois d'occasion bien après l'exposition dans les bacs des soldeurs. Comment ne pas citer celui de l'exposition de Jean Clair sur la mélancolie, exposition que je n'ai pas pu voir, j'étais en Angola et celui de l'exposition portraits privés portraits publics 1770-1830, une merveille?


Henry Faÿ 30/01/2007
17:01 toujours et encore le marché

<<Rebelote ce matin avec Bruno Racine l’énarque du centre Pompidou , halle commerciale , qui ne voit pas de différence entre l’œuvre du Duchamp et
une sanisette de Decaux : le marché lisse les différences.>>

Objection, c'est le marché qui fait la différence, à la ferraille, la sanisette Decaux ne vaudrait pas plus de cent euros, c'est le marché qui donne à l'urinoir de Duchamp sa prodigieuse et paradoxale valeur.



Henry Faÿ 30/01/2007
18:22 comment expliquer cette levée de boucliers


<<Oui, aujourd'hui c'est un peu une tarte à la crème de dire que les français ont honte ou peur de l'argent. Mais même si c'est vrai, cela ne justifie rien.>>

Je sais bien que c'est une généralité d'une désespérante banalité qui demanderait à être nuancée, relativisée etc etc mais je ne vois pas d'autre explication à cette étonnante levée de boucliers (qui n'est pas si importante et qui n'ira pas bien loin) contre ces opérations de coopération avec des pays riches et lointains qui sont vraiment très intéressantes pour nos musées et la bonne réputation de notre pays et qu'on aurait bien tort de se refuser. D'une part, ce sont des opérations de prestige qui font connaître à l'étranger le patrimoine artistique de la France, la culture française, le savoir faire français. D'autre part, elles permettent de recueillir de l'argent et pas qu'un peu alors que pour faire connaître la culture française, le plus souvent on dépense de l'argent en finançant mais péniblement des centres culturels. Cette réticence à l'égard de l'argent est implicite dans l'article de Jean Clair, Françoise Cachin et Roland Recht quand ils parlent d'Atlanta, ville du coca-cola. Elle se retrouve bien entendu dans les commentaires de ce forum ("les nouveaux riches russes et chinois", comme s'il n'y avait qu'eux, "les soirées privées pour happy fews"), on en revient toujours à la même idée, l'argent est sale, l'argent est scélérat, l'argent est philistin et c'est assez drôle de voir comment on parle toujours de l'argent des gros, ceux qui organisent des soirées privées, ce qui est anecdotique et pas de celui des visiteurs ordinaires qui qui payent les billets d'entrée et achètent les catalogues en tirant la langue.


lou 30/01/2007
18:49 infantiles et ambivalents

***Pourquoi cette méfiance par rapport à l'argent? Le sujet est tellement vaste que je n'ose l'aborder, je dirais, pour résumer que chez nous, c'est culturel, donc profond. Je sais que quand on a dit ça, on n'a pas dit grand chose. Chez nous, l'argent est sale chez nous, l'argent est illégitime, chez nous l'argent suscite la honte.***

Ce propos n’est pas une tarte à la crème, il est vrai, profond et jamais assez répété.

La nature illégitime de l’argent telle qu’elle est vécue en France divise la population en « honteux » et « envieux ». Honteux, ceux qui en ont. Envieux, ceux qui en ont moins que les précédents. Envieux, puisque Égalité = égalitarisme

Un Français doit donc mépriser l’argent, mais il doit aussi, et c’est très important, ignorer les lois élémentaires de l’économie (malgré les tentatives maladroites de FQ de le déniaiser par les cours matinaux de notre « ami-de-l’économie-bonjour »). Ignorance d'où sont issus les programmes délirants d’une partie des candidats à l’élection, immédiatement gobés par le quidam. Le tout culminant avec le refus d’instaurer des fonds de pension, avec ce résultat que la moitié des entreprises françaises appartient désormais à des fonds de pension étrangers. Nous sommes cocus, certes, mais nous avons gardé l’âme pure et les mains propres.

L’attitude des Français vis-à-vis de l’argent est donc infantile et ambivalente.
D’un côté, c’est de la merde, comme chez le petit enfant, avec l’équivalence symbolique féces = cadeau = argent, comme Freud l’a montré.
D’un autre côté, c’est une manne qui tombe du ciel dans la poche de l’État, manne issue d’on ne sait où (mais surtout pas de l’activité des entreprises, ces salopes auxquelles nous ne devons rien), mais manne qu’il importe de redistribuer tous azimuts pour combler (partiellement) les dettes, déficits, et autres trous.
Infantile.


K 30/01/2007
19:50 re : L'ESPRIT PUBLIC

Ce n'est pas si infantile d'être marqué par 1500 ans de catholicisme, surtout quand on contemple la profonde misere morale de notre epoque. Pour l'envie, elle ne vient pas du catholicisme mais est la clef de voute de la société de consommation-frustration mise en place avec le plan marshall


Philippe 30/01/2007
23:45 re : L'ESPRIT PUBLIC

"Un Français doit donc mépriser l’argent, mais il doit aussi, et c’est très important, ignorer les lois élémentaires de l’économie"
on doit comprendre les lois élémentaires de l'économie néo libérale, qui sont considérées ici comme les seules valables, les autres théories économiques n'existant apparemment pas si j'ai bien compris.

Henry Faÿ 31/01/2007
05:32 expliquez-moi ça, ça m'intéresse
<<"Un Français doit donc mépriser l’argent, mais il doit aussi, et c’est très important, ignorer les lois élémentaires de l’économie"
on doit comprendre les lois élémentaires de l'économie néo libérale, qui sont considérées ici comme les seules valables, les autres théories économiques n'existant apparemment pas si j'ai bien compris.>>

Expliquez-moi ça, je serais au plus haut point intéressé de savoir ce que vous voulez dire, quelles sont les lois qui appartiennent à l'économie néo-libérale et pas aux "autres" économies et surtout quelles sont ces autres économies. Vous avez une heure pour répondre... Non, autant de temps que vous voulez.



peh 31/01/2007
08:59 re : L'ESPRIT PUBLIC

H Faÿ a écrit : <<Quel esprit grincheux doit être ce Francis Haskell! Et voilà exprimé sans ambage le mépris pour le visiteur qui n'a pas sa licence d'histoire de l'art. Qui donc dit que la qualité se mesurait au nombre de visiteurs? N'y a-t-il pas des critiques pour en parler? >>

Il suffit de proposer de faire quelque chose de prestigieux et tout le monde doit s'esbaudir ; je comprends bien que vous refusez d'envisager un autre angle que l'argent rapporté et le "prestige".
Je ne refuse pas l'accès de l'art à tous, je refuse la démagogie. Chercher à obtenir 1 million de visiteurs en plus chaque année est dérisoire. Quant aux catalogues, il ne faut pas rêver ; au prix auxquels ils sont vendus, bien que subventionnés, bcp ne valent pas l'achat ; on ne peut pas créer de bons catalogues au rythme auquel ils sont imprimés.

Henry Faÿ 31/01/2007
09:56 pourquoi cette vision noire des choses?

<<Il suffit de proposer de faire quelque chose de prestigieux et tout le monde doit s'esbaudir ;>>

Le terme prestigieux est ambigu. Il y a toutes sortes de prestiges, le prestige mondain pipole, qui bien entendu ne m'intéresse pas et le prestige de la qualité artistique et intellectuelle qui existe aussi.

<< je comprends bien que vous refusez d'envisager un autre angle que l'argent rapporté et le "prestige".>>

Mais absolument pas. L'argent rapporté ou perdu ne me regarde pas, j'ai le point de vue du visiteur qui ne demande qu'à être séduit par ce qui lui est proposé.

<<Je ne refuse pas l'accès de l'art à tous, je refuse la démagogie. Chercher à obtenir 1 million de visiteurs en plus chaque année est dérisoire. Quant aux catalogues, il ne faut pas rêver ; au prix auxquels ils sont vendus, bien que subventionnés, bcp ne valent pas l'achat ; on ne peut pas créer de bons catalogues au rythme auquel ils sont imprimés.>>

Il arrive que la qualité soit reconnue et que l'on parvienne à d'immenses succès sans la moindre démagogie. Des catalogues, il y en a peut-être de mauvais, il y en a d'excellents, je peux en témoigner, les ayant acquis, consultés et que je souhaite garder toute ma vie. Comment dire que le rythme auquel ils sont imprimés est excessif? Ils sont d'un point de vue typographique et pictural d'excellente facture. Ceux qui les écrivent des sont des spécialistes de haut niveau, pour qui c'est un enjeu professionnel important et qui prennent le temps de les écrire, c'est d'ailleurs leur boulot.


lou 31/01/2007
22:56 corvée de lecture

Francis Haskell
DE L’ART ET DU GOÛT
jadis et naguère
nrt
Gallimard
59,46€
À la librairie du Louvre sous la pyramide.
Bon, faut savoir faire des sacrifices pour suivre les savants de ce fil.


 
peh

01/02/2007
11:11
re : L'art et les millions de dollars

En fait j'ai cité celui-ci (chap. 1er) :

Auteur : HASKELL FRANCIS
Livre : L'AMATEUR D'ART
Edité par Lgf - Paru le 15/09/1997
 
Henry Faÿ

12/02/2007
07:13
à ceux qui méprisent les masses de visiteurs


<<L'article dénonce surtout la commercialisation des musées.
A Atlanta et à Abou Dhabi nos tableaux s'insèrent dans un dispositif qui n'est culturel qu'en surface ; il s'agit surtout d'attirer le plus possible de touristes. Abou Dhabi se préocupe surtout de construire des hôtels, marinas, golfs etc dans lequel le musée est une cerise posée au sommet de l'édifice.>>

Culturel en surface, c'est l'auteur de l'article qui le dit, qu'en sait-il? J'ai du mépris pour ce mépris du tourisme! Le touriste, c'est vous et moi. Le touriste n'est pas forcément idiot, il ne l'est pas s'il cherche à s'initier à l'art. Les hôtels, je trouve ça très bien, en tout cas très nécessaire. Pourquoi ne pas dire qu'autour un musée on construit des hôtels, des marinas, des golfs?


<<Dans l'entourage de M. Renaud Donnedieu de Vabres on déclare : "L'image de la France est aujourd'hui essentiellement culturelle ; c'est cette carte à jouer qui nous singularise et que nous devons utiliser au mieux dans la mondialisation ».>>

Ce n'est pas faux et c'est même très vrai et je ne vois pas ce qu'on peut trouver à y redire.

<< Innénarrable Donnedieu de V. qui se glorifie d'avoir permis le tournage de films dans les palais et musées.>>

Mais il a eu mille fois raison, pourquoi l'interdire? C'est l'interdiction qui est un scandale. Est-ce bien intéressant d'obliger un producteur de film à construire Versailles en carton pâte s'il veut tourner un film sur Marie-Antoinette?

<<Bref la culture et la PRESERVATION passent au 2ème plan.>>

Je ne vois pas comment on peut l'affirmer. Justemnt, ces opérations permettent de financer la préservation des oeuvres, comme l'avait dit Yves Michaud, qui s'en félicitait.

<<Les musées développent tout un tas d'activités parallèles pour tirer le maximum d'argent du touriste au risque d'y perdre leur âme.>>

Ils l'ont toujours fait et ils ont eu raison, pour moi, la librairie est une extension normale et indispensable du musée et de l'exposition et je regrette qu'en France les cafétérias des musées soient plutôt exigües. Dans une conférence sur les industries culturelles de l'université des tous les savoirs, j'ai appris que pour un voyage culturel, seulement 3% des dépenses alaient aux institutions culturelles, le reste va en transports et en restaurants. Il ne serait pas mal de faire un peu augmenter ce taux.

<<Plus loin on peut lire :
"On peut à présent déambuler dans le Louvre sur les traces du héros de Da Vinci Code. « Une mise en intrigue [moyennant 10 euros la location de l'audio-guide]" ... No commment.>>

Si ça les amuse... Moi, ça ne me dérange absolument pas. On peut utiliser un musée avec la grille de lecture qu'on veut.

<<On loue les salles du musée pour des tournages de film ou pour de l'événementiel (manifestations de prestige) ; un bien public unique et fragile est à la disposition de qques happy few.>>

Mais arrêtez avec votre puritanisme d'insupportables coincés, ça profite à tout le monde, c'est moins grave que de laisser des salles fermées parce qu'on n'est même pas capable de payer les gardiens.

<<On envisage la libre circulation dans les appartements privés du roi à Versailles.
Mais tout ceci ne concerne que les musées prestigieux. Les autres peuvent végéter, car il n'y aura pas de partage des bénéfices.

Ne parlons pas des projets de M. Breton qui envisage de pouvoir vendre et louer les oeuvres.>>

Les louer, on le fait, les vendre, on n'y est pas.

<<Bref nous sommes bien loin de l'art lorsqu'on a 8 millions de visiteurs (le Louvre).>>

Et voilà, les huit millions de visiteurs, revient en force cet écrasant mépris de la masse inculte, d'un côté on critique des hapi fiouzes, de l'autres on méprise la masse des japonais, mais sait-on que les japonais ont chez eux des écoles d'histoire de l'art, qu'un tableau comme l'Angélus leur parle à eux plus qu'à nous, qu'on enseigne chez eux l'art à l'école et que même s'ils étaient totalement ignorants la visite du musée les rendrait moins ignorants.

<<D'ailleurs sans carte d'accès privilégié il devient impossible de rentrer dans les musées certains jours.>>

Certains jours peut-être mais d'autres, j'ai pu récemment le constater, les salles du Louvre dans bien des départements sont très loin d'être saturées.

<<Les oeuvres qui passaient de l'amour au grenier peuvent passer de l'amour au musée, mais ça ne vaudra pas mieux, écrivait André Malraux. Toute oeuvre est morte quand l'amour s'en retire. »>>

S'il y a des preuves d'amour, c'est bien les immenses queues qui se forment devant les musées et les grandes expositions.

<<Avant d'ajouter, cette fois en tant que ministre d'Etat chargé des affaires culturelles, que la culture, « c'est ce qui répond à l 'homme quand il demande ce 'il fait sur la terre, (...) ce n'est pas l'utilisation des loisirs » dont le premier souci est de nous distraire pour gagner de l'argent.>>

Pas bien compris. Etes-vous dans la tête du ministre?



 
Henry Faÿ

12/02/2007
09:48
pour que ces lieux revivent


Parmi les idioties de cet article du Monde diplo, très représentatif de la mentalité de ce journal, il y a cette idée que le Ministre n'aurait pas dû autoriser le tournage de films dans les palais et les musées.
Patate! Ca se fait depuis que le cinéma existe, enfin presque. Où donc a été tourné si Versailles m'était conté de Sacha Guitry? Dans les studios de Billancourt?
Les tournages sont, je le suppose, des fêtes, puisque Louis XIV, Molière et Lully, leurs comédiens, leurs musiciens et leurs danseurs sont morts, quelle belle occasion de faire revivre ces lieux habités par l'esprit, de revêtir les costumes d'époque sans être ridicule.
Je suis allé dans les jardins de Versailles lors des grandes eaux. C'est très beau. Les travaux de restauration des fontaines sont dignes d'éloge, il faut voir pendant qu'elle sont là ces dorures qui ne tiendront pas longtemps. Ils ont eu la mauvaise idée de diffuser de la musique ancienne dans sonos pourries, j'aurais adoré qu'ils fassent appel à des musiciens en chair et en os.

 
Henry Faÿ

12/02/2007
10:23
mieux

j'aurais adoré qu'ils fissent appel
 
paddy

12/02/2007
10:42
re : L'art et les millions de dollars

Versailles n'est plus tellement un exemple de gestion harmonieuse du patrimoine. Depuis 2 ans, le bassin de Neptune et les perspectives sont défigurés à peu près 6 mois par an par un stade de 10.700 places. Tout cela pour faire du spectacle et prochainement du rock à Versailles.

Précisons que Versailles n'est plus dirigé comme autrefois par un Conservateur en chef du patrimoine mais par une présidente, nommée par Chirac, et un énarque.




Le stade


Vue aérienne avant le massacre

http://720plan.ovh.net/~jardinsd/Travaux/Pages/Neptune-000.h tm

 
lou

12/02/2007
10:55
la 415

D’accord avec Henry sur la présence de musiciens dans les bosquets, surtout avec la pépinière d’instrumentistes baroques désormais présente en France et en Europe.
Autre avantage, ceci mettrait en harmonie les faits et l’interminable discours sur le « spectacle vivant » et les « intermittents ».
Imaginez le type en dessous avec un sourire, du rouge aux joues et une perruque.


 
lou

12/02/2007
11:48
investir dans la pierre

Comment faire du fric avec les trésors architecturaux du patrimoine ?
D’abord, on a cru bien faire en vendant aux Américains les cloîtres de Saint-Michel de Cuxa, de Saint-Guilhem-le-Désert, de Bonnefont-en-Comminges, et de Trie-en-Bigorre. Mais on a réalisé que ça faisait plus de touristes à NY et moins dans les Pyrénées, l’Hérault, et le Comminges.
D’où la nouvelle stratégie. Ne vendre (« délocaliser » serait plus approprié) ni Versailles, ni le Louvre, ni N-D de Chartres, ni le Mont-Saint-Michel, ni la gare de Perpignan, mais transformer ces lieux en Disneyland, et nous en garçons de café.
C’est en bonne voie.
Cela dit, concernant l’expresso, pour être un bon loufiat, il faut avoir le sourire. Il y a encore du chemin à parcourir.


 
peh

12/02/2007
12:38
re : L'art et les millions de dollars

Je ne vais pas répondre point pour point à Henry, je vois que c'est peine perdue ; par conviction ou provocation, il s'annonce d'accord avec tout ce qui se fait ou va se faire.

Un petit détail seult sur notre ministre et ses acolytes ; qd un ministre ou sous-ministre n'a rien de mieux à faire que d'aller dans le métro pour inaugurer la réception de la TV dans le métropolitain sur un téléphone mobile, j'estime qu'il ne mérite pas ses 15000 € par mois.
Qd aux tournages, je sais bien que ce n'est pas neuf ; je voulais seult souligner qu'il était fier comme Artaban d'avoir étendu cela même aux lieux les plus sensibles.
 
lou

12/02/2007
13:31
la télé dans le métro

***un ministre qui n'a rien de mieux à faire que d'aller dans le métro pour inaugurer la réception de la TV dans le métropolitain sur un téléphone mobile***

J'ignorais cet épisode remarquable. Mais que font le Deum et le Balourd? Ils auraient du célébrer l'évènement en invitant un matin le ministre de la CULTURE.

 
Henry Faÿ

12/02/2007
18:50
l'échappatoire


<<Je ne vais pas répondre point pour point à Henry, je vois que c'est peine perdue ; par conviction ou provocation, il s'annonce d'accord avec tout ce qui se fait ou va se faire.>>

Tout ce qui se fait et va se faire, ça ne veut évidemment rien dire. J'ai émis une opinion sur les opérations de coopération dans le domaine muséal qui ont provoqué l'ire de Jean Clair, Françoise Cachin et Roland Recht.



 
victor malicheff

12/02/2007
22:38
re : L'art et les millions de dollars

Pour bien s'entendre sachons de quoi on parle : prenez
connaissance de la déclaration de F. Cachin & col.
sur www.latribunedelart.com ou org
Victor
 
Henry Faÿ

13/02/2007
05:30
les oeuvres d'art sont un patrimoine à montrer...


Voici ce texte:
<<Les oeuvres d'art sont un patrimoine à montrer, pas une attraction ni une marchandise

Jusqu'à présent, le monde des musées français était envié pour l'exceptionnel soutien dont il bénéficie de la part de l'Etat et des municipalités. Il l'était par exemple aux Etats-Unis, où un seul musée est national, celui de Washington. Tous les autres dépendent majoritairement de l'argent privé.

Bien sûr les musées français savaient obtenir occasionnellement une aide provenant du mécénat privé, en particulier pour les expositions plus prestigieuses ; et il faut saluer cette nouvelle loi qui propose de fortes exemptions fiscales aux entreprises et personnes privées qui donnent des oeuvres d'art importantes, ou de l'argent pour les acquérir. Nous avons aussi souvent, en échange de mécénat, organisé pour le Japon ou Taïwan, pays pauvres en art occidental, des expositions à caractère scientifique, conçues par les conservateurs français.

Pourtant, hormis le Musée Guggenheim de New York, qui fut le désastreux pionnier de l'exportation payante de ses collections dans le monde entier, et se vante d'être un « entertainment business », l'éthique des musées outre-Atlantique et du reste de l'Europe demeure jusqu'à présent irréprochable, mettant au premier plan les devoirs concernant les collections, la recherche, leur enrichissement, le travail scientifique des conservateurs, le rôle éducatif de l'institution, le respect du public, bref, les codes déontologiques des musées publiés par l'ICOM (Conseil international des musées).

Philippe de Montebello, directeur du Metropolitan Museum de New York, avait déjà, en septembre 2003, lancé un avertissement sévère sur la commercialisation effrénée du patrimoine public, en particulier par le système des « loan fees » (prêts payants) d'oeuvres et la tendance de certains musées à s'orienter vers les « marchés culturels » et les « parcs de loisirs ». Ils risquent, avait-il ajouté, « d'y perdre leur âme ».

Aujourd'hui, avec l'exemple de l'opération du Louvre à Atlanta, où des tableaux qui comptent parmi les plus grands chefs-d'oeuvre des collections comme le Et in Arcadia Ego de Poussin, le Baldassare Castiglione de Raphaël ou Le Jeune Mendiant de Murillo, ont été déposés dans la riche cité du Coca-Cola, pour un an ou trois mois, selon les oeuvres, en échange de 13 millions d'euros.

Nous ne méprisons ni l'argent, ni le mécénat, ni l'Amérique, comme l'on risque très rapidement de nous en accuser ! Mais tout cela peut nous entraîner dans une déviance que nul ne pourra bientôt plus limiter. Sur le plan moral, l'utilisation commerciale et médiatique des chefs-d'oeuvre du patrimoine national, fondements de l'histoire de notre culture et que la République se doit de montrer et de préserver pour les générations futures, ne peut que choquer. Et puis pourquoi les sept millions de visiteurs annuels du Louvre, payants pour la grande majorité, devraient-ils être privés de ces oeuvres si longtemps ? Il est facile et injuste de mépriser un public à cause de son engouement monomaniaque pour La Joconde. Nombreux, fort heureusement, sont ceux qui vont découvrir autre chose.

La permanence de certains chefs-d'oeuvre qui forment les collections d'un musée est une exigence que peut avoir tout visiteur. La quête de manne financière à laquelle pousse le nouveau statut des grands musées français peut expliquer certaines dérives, mais, fort heureusement, tous n'y cèdent pas.

Le pire est encore à venir. L'exemple actuel d'Abou Dhabi est alarmant. Ce pays d'à peine 700 000 habitants se propose de construire, dans un site touristique et balnéaire afin d'en augmenter l'attractivité, quatre musées, dont un inévitable Guggenheim, et un « français », portant la griffe « Louvre », mais obligeant à des prêts à long terme tous nos grands musées, dont les responsables n'auront plus leur mot à dire. Ce sont nos responsables politiques qui sont allés offrir ce cadeau royal et diplomatique. Contre près de 1 milliard d'euros... N'est-ce pas cela « vendre son âme » ?

Et qu'en est-il des intérêts réciproques avec la Chine ou l'Inde ? Une annexe du Musée national d'art moderne à Shanghaï semble être envisagée, alors que l'espace actuel du musée dans Beaubourg interdit de déployer ses collections, pour la plupart en réserve, qui feraient de lui, s'il y avait à Paris l'espace qu'elles méritent, l'un des deux plus beaux et des plus grands musées d'art moderne du monde, avec le MOMA de New York.

L'ensemble des grands musées français et européens ont résisté à ces expansions ou locations commerciales et médiatiques et les désapprouvent. Tout comme s'y opposent la plupart des conservateurs français, contraints à un devoir de réserve contestable sur des sujets qui sont pourtant l'essence de leur métier. Bien sûr, il faut prêter des oeuvres d'art si leur état le permet et si leur sécurité est garantie, mais gratuitement, et dans le cadre de manifestations qui apportent une contribution à la connaissance et à l'histoire de l'art. C'était, jusqu'à présent, un impératif moral et scientifique.

Selon quel principe, soucieux de la conservation et de la mise en valeur des collections patrimoniales, devrait-on utiliser les oeuvres d'art comme des monnaies d'échange ? Les enjeux politiques et diplomatiques doivent-ils primer sur toute autre considération et entraîner des dépôts payants d'oeuvres essentielles au patrimoine d'un pays ? Serions-nous le seul pays d'Europe à l'envisager ? Et imiter les locations de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg à Las Vegas par exemple, pour pouvoir payer ses employés ?

Qu'avons-nous en France de mieux à offrir que nos trésors d'art, qui attirent chaque année une grande partie des 76 millions de touristes, les plus nombreux du monde ? Que l'on puisse rêver d'un monde où circuleraient librement les hommes et les biens de consommation est légitime. Mais les objets du patrimoine ne sont pas des biens de consommation, et préserver leur avenir, c'est garantir, pour demain, leur valeur universelle.>>

Françoise Cachin, Jean Clair et Roland Recht



 
Henry Faÿ

13/02/2007
05:39
la réponse de Jack Lang

Le Louvre, un musée universel
Article paru dans l'édition du 01.02.07

Les projets d'implantation à Abou Dhabi ou à Atlanta ont vocation à renforcer le rayonnement de la culture et du patrimoine français. A l'heure de la mondialisation, les arguments invoqués par les détracteurs de ces initiatives sont frileux et fragiles

L'implantation d'un Louvre à Abou Dhabi (Emirats arabes unis), à Atlanta (Etats-Unis) et à Lens (France), suscite des débats passionnés. Une telle controverse exprime la vigilance des citoyens, des savants, des intellectuels et des amateurs pour les grands choix de politique culturelle. Pour autant, les frilosités qui se sont exprimées semblent procéder d'un déficit d'information ou même d'un procès d'intention.

Ma prise de position est claire et déterminée en partageant pleinement les projets du président du Louvre, Henri Loyrette, pour un plus grand rayonnement de l'excellence des musées français et de leurs personnels. Qu'on m'en fasse au moins le crédit : mon parti pris n'est pas une rêverie éthérée de néophyte. Douze ans ministre, j'ai prouvé mon attachement à un engagement massif de l'Etat pour la culture, pour l'art, pour la science, pour l'éducation. Je veux un service public puissant de l'intelligence. J'ai obtenu le doublement du budget de la culture, en 1981, puis des financements supplémentaires pour le service de restauration des Musées de France. Nous avons rénové ou construit 300 musées et 2 000 bibliothèques, sans compter des dizaines de centres d'art contemporain.

Qu'est ce que le Louvre ? Il y a deux siècles, lorsque la Convention a créé le Muséum au palais du Louvre, elle a permis aux citoyens d'accéder aux collections royales jusque-là réservées à l'aristocratie de naissance ou d'argent. De bonnes fées républicaines firent don des principes de partage, d'échange, d'universalité de la culture au jeune musée. Henri Loyrette sait bien qu'il n'est pas le gestionnaire d'un site d'exposition et de conservation, mais le dépositaire d'un héritage.

Il existe un Louvre sans frontière, un Louvre « hors le Palais » qui s'identifie à la France, à son patrimoine, à son histoire, mais aussi à son éclat, à ses missions de diffusion du savoir. C'est sa « part sacrée », chère à Chaptal. Le Louvre a sa place à Paris, à Lens, à Atlanta, à Abou Dhabi, partout où on l'accueillera. Comment être insensible à l'émotion de Toni Morrison, Prix Nobel de littérature, exprimant sa fierté et son enthousiasme de voir un Louvre à Atlanta, à quelques pas de la maison natale de Martin Luther King ?

Comme dans tous les pays qui ont une histoire militaire et coloniale, les collections des musées français n'ont pas toujours été acquises de manière exemplaire. Le dialogue des civilisations s'instaure aujourd'hui sur un mode nouveau, et c'est tant mieux. La création d'un département des arts de l'islam au Louvre, en 2003, a ouvert la voie à des coopérations nouvelles avec les pays du Proche et du Moyen-Orient.

Il y aurait vraiment une incongruité à refuser de prêter à l'étranger nos propres trésors. Aux échanges d'oeuvres s'ajoute l'importance des échanges d'hommes : Henri Loyrette, par exemple, a confié la direction des départements des arts graphiques du Louvre au Néerlandais Carel van Tuyll, et de brillants conservateurs français sont sollicités par les musées étrangers, comme Guy Cogeval à Montréal, ou Sylvain Bellenger à Cleveland. L'excellence des musées de tous les pays se réalise d'abord par la plus grande circulation des biens culturels et des acteurs de la culture. Abou Dhabi donnera, en contrepartie, plusieurs centaines de millions d'euros.

L'argent privé est nécessaire, s'il ne se substitue pas aux efforts de l'Etat : banques et assurances sont sollicitées depuis longtemps, et j'ai moi-même encouragé le mécénat. M. Loyrette a négocié que la manne d'Abou Dhabi s'ajouterait à la dotation publique annuelle et que ces ressources nouvelles serviraient exclusivement à la direction des Musées de France, au Louvre et aux musées prêteurs, pour financer des projets scientifiques et un centre national de restauration d'oeuvres d'art. Certes, il faut être vigilant, mais il n'y a pas de quoi pousser des cris d'orfraie. Déjà, hors Paris, les musées de Lille, Lyon, Montargis et bien d'autres ont pu faire restaurer des oeuvres grâce à des expositions à l'étranger : ce n'est en rien une pratique nouvelle.

On oppose des arguments bien fragiles au rayonnement de nos musées à l'étranger. Le transport des oeuvres ? Il existe depuis toujours et nous pouvons faire confiance aux conservateurs qui ont la responsabilité de ces transferts et à la commission qui les autorise. N'avait-on pas écarté le prêt du Radeau de la Méduse du Louvre au Grand Palais, en raison de la dangerosité du transport ? Les collections du Louvre et des Musées de France seraient épuisables ? Elles sont surtout considérables, il faudrait organiser de temps en temps une ouverture des réserves au public. Il découvrirait une richesse insoupçonnée.

Soyons clairs : la société du spectacle et l'ordre marchand dirigent le monde dans lequel nous évoluons depuis des décennies. Il ne s'agit donc pas de créer une rupture dans la politique culturelle, mais de s'interroger sur ce que doit être un musée universel à l'heure de la mondialisation, d'élargir ses missions et ses publics. Si nous refusons cette réalité, d'autres s'empresseront alors d'augmenter leur assise culturelle et scientifique dans le monde à notre place : le British Museum a déjà signé des accords avec la Chine et le Qatar. Ce que propose le Louvre s'inscrit à mes yeux dans les missions initiales que la nation lui a confiées, et dans sa tradition. La création de la marque « Louvre » ne fait que prendre acte d'un fait déjà existant : le nom lui-même est, depuis longtemps, une référence universelle dans le monde des arts et de la culture : il donne le la dans la plupart des musées du monde.

La présidence de M. Loyrette confirme chaque jour encore la réputation d'excellence du Louvre. Rarement le musée a connu une politique d'acquisition aussi brillante : la Vestale de Houdon, le Portrait du duc d'Orléans d'Ingres, le Portrait du comte de Villemanzy par Gros, la Tête de caractère de Messerschmidt n'en sont que les exemples les plus récents. En 2005 et 2006, le Louvre aura permis des expositions d'une grande exigence esthétique et scientifique comme « Girodet », « Ingres », « Hogarth ». Après avoir enfin conquis son autonomie, le Louvre mène une politique d'édition ambitieuse, sur le Net comme en librairie, avec par exemple l'édition du catalogue des Peintures italiennes du XVIIe siècle, loin de tout esprit mercantile.

M. Loyrette est un homme d'une qualité exceptionnelle, qui a fait de l'ouverture du Louvre sur la jeunesse, sur les régions et sur le monde une ambition forte. Grâce à lui, le Louvre, modèle des musées d'Etat, a ainsi renoué avec une tradition bicentenaire et atteint de nouvelles frontières.

Jack Lang


 
Henry Faÿ

13/02/2007
05:55
une installation intempestive


<<Versailles n'est plus tellement un exemple de gestion harmonieuse du patrimoine. Depuis 2 ans, le bassin de Neptune et les perspectives sont défigurés à peu près 6 mois par an par un stade de 10.700 places. Tout cela pour faire du spectacle et prochainement du rock à Versailles.>>

Qu'il y ait des spectacles à Versailles, c'est bien. Quand j'étais petit, mes parents m'avaient emmené à un son et lumières. À l'époque, ça faisait sensation.

J'espère que les associations ne restent pas inactives face à cette installation effectivement intempestive et dont je n'avais pas connaissance.

Il faut reconnaître qu'à Versailles, Chirac ou pas Chirac, un très bon travail a été fait. Il y a une dizaine d'années, le château faisait peine à voir. Après la tempête, les jardins ont été remis en état, selon un concept qui le rapproche de son état initial et qui chagrine ceux qui préféraient le voir comme ils l'avaient toujours vu.
Les travaux de restaurations des appartements du château de Compiègne sont également très remarquables.


 
Henry Faÿ

13/02/2007
06:18
Bérénice et Ganymède au secours de Nept

Je suis allé faire un tour sur gogole pour en savoir plus sur cette installation intempestive du bassin de Neptune, je n'ai pas trouvé d'article sur la question en bonne et due forme, il a du y en avoir mais des débats dans des forums, dont un échange entre Bérénice et Ganymède dont je fais un petit cop'coll

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Bérénice
Messages postés : 17 Posté le 07/03/2006 09:18:12

Les gradins ont disparu. (ouf! hf)
Le bassin de Neptune a repris ses aises, subsistent les ornières et la pelouse saccagée...

Le Château ne va peut-être plus pouvoir se passer d'autorisation, qui peut la donner ?
Juridiquement doit-on parler d"autorisation", de permis de construire ?

Ganymede
Messages postés : 398 Posté le 07/03/2006 15:25:12

La loi prévoit qu'une construction telle que celle des gradins édifiés sur le site du bassin de Neptune est OBLIGATOIREMENT soumise à l'obtention d'un permis de construire. L'administration du château n'en a jamais fait la demande comme elle l'aurait dû: c'est passible du pénal et c'est donc la raison pour laquelle les gradins ont été démontés, un certain nombre de personnes ayant eu peur d'un procès les impliquant.

Ce n'est pas terminé pour autant, car il est toujours possible de demander un permis pour les périodes à venir, et les choses se compliqueront. Il faudrait théoriquement obtenir un avis favorable de l'architecte en chef des bâtiments de France qui n'a pas été consulté jusqu'à maintenant. Mais s'il l'est, l'administration peut, semble-t-il , aller contre cet avis ...

Un moyen de pression est possible par le biais de la mairie, car le maire doit obligatoirement délivrer des autorisations de spectacle, ce qui n'a jamais été fait jusqu'à maintenant, et il serait curieux que la mairie délivre un tel permis à une construction illégale.

D'autant que ces autorisations de spectacles sont assorties d'une enquête préalable de sécurité portant notamment sur le nombre des places de parking prévues. Etant donné l'ampleur du stade (10600 places en configuration pleine) il n'y a pas assez de places...

C'est une affaire à suivre de près...
Ganymede

Bérénice
Messages postés : 17 Posté le 18/05/2006 08:32:28
Le spectacle commence!
Sans autorisation, sans permis de construire, les gradins vont être remontés!
Alors que le bassin de Neptune, transpercé de toutes parts par des pieux metalliques qui certainement fragilisent le site, n'a pas eu le temps de retrouver son bel aspect, les monstrueux gradins, qui ne plaisent à personne, vont être à nouveau sur site, privant ainsi des milliers de personne de la vue et d'un lieu de promenade idéal.
Quel gachis!
C'est un lieu historique qui est bafoué.
(t'as raison hf)

 
Henry Faÿ

13/02/2007
06:27
Protée, Neptune et alii

Un autre débat, dans le forum de France2, il avait lieu en 2005:
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Auteur Sujet : Le parc de Versailles défiguré...

Protee Posté le 26-11-2005 à 18:06:24
Comme vous le savez sûrement le domaine de Versailles est classé au patrimoine mondial de l'humanité.

La restauration de la galerie des glaces est en cours grâce à un mécénat, de même que celle de diverses statues du parc qui et le plus grand musée de statues à l'air libre du monde.

Une partie de ces statues ne sera bientôt plus visible du tout. Jusqu'à maintenant l'ensemble qui décore le bassin de Neptune n'était caché aux regards que pendant la période hivernale car protégé par des housses, comme tous les marbres du parc. Depuis quelques années cet ensemble était masqué une partie de l'été par des gradins démontables qui accueillent les spectateurs des Fêtes de Nuit. Ils étaient ensuite démontés à la fin septembre, et le bassin rendu à son état normal jusqu'à juin.

Cette année les gradins ont pris une ampleur nouvelle, et ne sont toujours pas démontés à fin novembre. Cela coûterait, parait-il, trop cher de les démonter...
La "disneylandisation" de Versailles avance vite, très vite, trop vite, puisque cette année on trouvait des vendeurs de parapluies et CD au sommet des escaliers de Latone, au centre du parc !

La Société des Amis de Versailles semble avoir beaucoup de mal à se faire entendre des caciques qui régissent le domaine, et ne pensent plus qu'à "faire de l'argent".

Je vous donne ci-dessous un lien qui montre l'état actuel du problème:

http://720plan.ovh.net/~jardinsd/T [...] une-00.htm

Je vous suggère, si cela peut vous paraître utile, d'envoyer un message de protestation contre le prolongement abusif de l'occupation du bassin de Neptune par cet amas de ferraille à la société des Amis de Versailles. Elle a besoin de soutien pour essayer de peser sur les décisionnaires administratifs du château. Vous trouverez au besoin les adresses sur le lien ci-dessus.


Joseph Puj ol Posté le 26-11-2005 à 22:21:20
Merci pour l' adresse de ce site que je ne connaissais pas et qui donne un bel apperçu du parc de Versailles et de ses sculptures.

Quant aux gradins, je ne m'attendais pas à une telle installation...C' est immense en vérité (10500 places). Cela gâche toute la vue et on se croirait dans une salle de concert à ciel ouvert. Bref, c'est immonde, mais malheureusement, je ne suis pas étonné. On rétorquera qu' il faut ce qu'il faut et que l' organisation de ces manifestations et le bénéfice non négligeable engendré par les recettes sera directement réinjecté dans les caisses du château et que c' est un moindre mal au vu des restaurations (éventuelles) qui pourront être menées. Mais...bon, je m'interroge tout de même sur la pertinence d'une telle construction en plein milieu d' un tel cadre. Je note d'ailleurs que dans le "schéma directeur" datant du 30 octobre 2003 et prévoyant les travaux de restauration et de mise en valeur qui sont programmés jusqu' en 2010, le jardin est le grand oublié (si l'on exclue les efforts de reboisement). On ne peut courir qu' un cheval à la fois, il est vrai, mais est-ce que pour l'image que l'on offre du patrimoine, cette verrue n' est-elle pas le symptôme de la victoire de l' économique sur le culturel ? Bien sûr, l'un ne peut vivre sans l' autre, on est bien d' accord, mais veillons à préserver l' équilibre des valeurs, et à ne pas laisser mettre le "combien ça rapporte" devant le "qu' est-ce que cela nous apporte ?".

Profil sup primé Posté le 26-11-2005 à 23:23:03
Si tel est bien le cas que des gradins restent installés toute l'année, c'est dans ce cas "bel et bien" une détérioration du patrimoine et une mauvaise image à la face du monde. Ferait-on pareil au Colisée de Rome ou dans le palais impérial de Pékin ou sur l'île de Pâques ? Je vous autorise à transmettre mon message


Jean-Luc B. Nancy Pour que le patrimoine l'emporte sur la bêtise showbiznessante du 3ème millénaire


neptune3 Posté le 14-12-2005 à 07:51:21
J'ai appris qu'une association avait été créée pour essayer de faire démonter ces gradins, et obtenir qu'on puisse revenir à une situation habituelle, c'est à dire le montage exclusif pour les Fêtes de Nuit. Les responsables du Château veulent transformer le Bassin de Neptune en salle de spectacle en plein air, pourquoi pas une grande roue, et un aqua-parc ? Louis XIV, si précis et amoureux du beau, doit être horrifié. Nous le sommes tous.
Le site ressemble à un chantier défoncé d'ornières, et présente certainement des problèmes au niveau de la sécurité, puisque l'accés à ces gradins et à ces frondrières n'est absolument pas sécurisé.
L'adresse de l'association," Association de sauvegarde du site du bassin de Neptune" assbn@free.fr
******************************************************
On est heureux d'apprendre qu'il y a une association de sauvegarde du site du bassin de Neptune



 
paddy

13/02/2007
10:21
re : L'art et les millions de dollars

Malheureusement, nous savons tous ici que l'existence d'une association ne suffit pas à sauver un bien culturel en péril (cf la mort de France Culture)

Maintenant que ces gradins coûteux et conçus specialement pour le lieu existent, l'administration de Versailles va tout faire pour les amortir. L'été dernier, ils ont servi pour seulement 5 soirées, un truc d'Alfredo Arias et Rita Mitsouko dont Arnaud Laporte a fait la promo sans se renseigner sur le saccage du site.

Parmi les problèmes posés par les gradins, il faut signaler que le montage et le démontage prennent chacun deux mois, et qu'à la fin du demontage, en hiver, le site est totalement défoncé. Finalement, le site doit apparaitre intact avec le gazon reconstitué à peu près un mois mois par an (avril)

C'est ce qu'on appelle des gradins "provisoires" pour juillet-août

Les spectacles du bassin de Neptune se faisaient jusqu'à 2004 de deux façons :

- le public assis sur le gazon pour les Grandes Eaux d'avril à octobre (ambiance bon enfant)

- des gradins simples, rapides à monter et de faible hauteur pour les fêtes de nuit







 
lou

13/02/2007
14:58
l'ancien régime

A la lecture de ce qui précède, ce qui arrive au bassin de Neptune est ÉDIFIANT:
- absence de permis de construire
- absence d’avis favorable de l'architecte en chef des bâtiments de France
- absence de délivrance d’autorisation de spectacle par le maire
- absence d’enquête préalable de sécurité
- gouffre déficitaire présumé de cette opération pharaonique

ÉDIFIANTE aussi la passivité des visiteurs, des Versaillais, de l’opinion.

Superbe image de la permanence de l’atmosphère « ancien régime » de notre République monarchique : arrogance de la noblesse de robe, dissipation du produit de l'impôt, passivité et impuissance des manants.

Avec toutefois ces caractéristiques uniques à notre époque :
- l’irrespirable mauvais goût des installations
- la barbarie environnementale
- l’INCULTURE totale et crasse étalée à cette occasion par nos « élites ».

Cette illégalité administrative et politique et cette inculture barbare ont été mises en oeuvre dans le passé pour édifier l’ignoble tour de Jussieu qui fout en l’air l’harmonie du site des deux îles et des berges de Seine, lorsqu’on les regarde de l’Ouest.
Privilège des « avantages acquis », malgré ces illégalités, cette tour est là for ever.

Tout cela est à gerber, et d’ailleurs je joins le geste à la parole.



Mais par respect pour les visiteurs du bassin de Neptune, je gerbe dans une des nombreuses sanisettes Jean-Claude Decaux qui doivent proliférer autour du bassin à ces occasions, et je tire la chasse derrière moi.



PS : Je profite de l'occasion pour vous donner le cours des actions Jean-Claude Decaux

JC DECAUX SA. (DEC) 22.69€ -0.04%

Clôture veille : 22.70€ Perf. veille : 0.00%
Ouverture : 22.70€ Perf. Ouv. : -0.04%
Plus haut : 22.76€ Perf. 01/01: +4.66%
Plus bas : 22.45€ Volat. 5j : 2.36%
Volume : 36917 %Capi.échangé : 0.02%



 
shhh

13/02/2007
20:19
où est le problème ?

"Superbe image de la permanence de l’atmosphère « ancien régime » de notre République monarchique : arrogance de la noblesse de robe, dissipation du produit de l'impôt, passivité et impuissance des manants."

Ben, ça convient bien pour Versailles, non ?
 
paddy

14/02/2007
00:28
re : L'art et les millions de dollars

Encore qq photos pour la route. Signe des temps, parmi quelques noms de potentiels ministres de la culture qui ont circulé récemment, il y a pour l'UMP la présidente de Versailles, Mme Albanel, et pour le PS Laure Adler...


2004 : Grandes eaux avec le public sur la pelouse


2006 : Une belle perspective signée Lenôtre
 
lou

14/02/2007
08:29
le fait du prince

***Une belle perspective signée Lenôtre***

George Pompidou aurait aimé et encore mieux avec une tour dans l'axe. Mais une tour, hein, pas un pavillon Baltard.



 
Henry Faÿ

11/03/2007
12:14
l'île du bonheur


Le débat d'hier dans l'émission d'Alain Finkielkraut sur les opérations de partenariat du Musée du Louvre avec des pays riches auquel participaient Françoise Cachin, qui est contre, et Bruno Racine, qui est pour a apporté pau d'éléments nouveaux par rapport à tout ce qui a été dit ces dernières semaines.

Ce que j'ai noté c'est une objection de Françoise Cachin. Elle a dit: on va nous obliger à faire des expositions, mais, vous savez, des exposition, on en fait déjà pas mal, si on nous en rajoute, on n'aura jamais le temps. Alain Finkielkraut a opiné. Chère Madame, si les conservateurs en fonction dans les musées ne suffisent pas à la tâche, il y a une solution, c'est de recruter, à titre temporaire ou définitif des personnes qui auront la charge de monter ces expositions. Ils sont marrants, ces hauts fonctionnaires, de leur vie entière, ils n'ont pas eu une seule journée de chômage, l'emploi, ils n'y pensent pas.

Il a été dit que cette fameuse "île du bonheur" réservée aux milliardaires n'était qu'à 500 mètres de la côte. On peut donc supposer qu'elle est reliée à la terre ferme par un pont, donc qu'elle est accessible à tout un chacun, il y mettront sans doute une ligne de bus, et s'il n'y en a pas, les taxis, qui dans ces contrées sont bon marché, y convoyeront ceux qui voudront s'y rendre. Je n'ai pas entendu dire qu'il faudrait présenter pour entrer dans le musée la clef d' l'hôtel, ou de fournir un numéro de code.

 
Henry Faÿ

28/03/2007
10:19
vous êtes bien sur radio-courtoisie


J'écoute en ce moment radio-courtoisie, libre journal de Philippe de Saint-Robert le professeur Alain Cotta dit que nous n'avons plus qu'une seule chose à vendre, nos musées, selon lui le résultat heureux des siècles pendant lesquels la France dominait le monde, il nous en est resté quelques richesses et que nous serions bien fous de ne pas le faire, un autre invité dit que c'est très remarquable que des pays si éloignés de notre culture, les arabes, fassent appel à la nôtre en payant le prix fort.
Cette vision de l'avenir dans laquelle nous n'aurions que notre passé glorieux, pas si glorieux que ça en fait et rien d'autre à monnayer pour assurer nos fins de mois a de quoi foutre l'angoisse, heureusement, elle est tout à fait fausse. Je vois un article du Monde, 22 mars 2007:
Grâce à leurs exportations les chimistes français se portent bien. En 2006, l'industrie chimique française a affiché un solde commercial positif record de 8,2 milliards d'euros avec un retour de Rhodia et d'Arkena. J'ai d'autres indices qui vont dans le même sens dont je vous fais grâce pour aujourd'hui.


 
LRDB

28/03/2007
17:36
ressources insoupçonnées

Une autre industrie française qui se porte très bien grâce à Dieu : l'édition de livres traitant du déclin français boudiou rien qu'avec ça si ça continue on va rembourser la dette...

 
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