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Henry Faÿ

09/08/2006
20:04
l'universel et le singulier

Reclassement de la discussion engagée dans le fil Michel Onfray les ultras des lumières
********************************************
dom
06/08/2006
01:05 re : Michel Onfray, les ultras des lumières

"Ce savoir encyclopédique sans âme, sans teneur, nourri de seules convictions automatisée, toutes faites et en version haut débit a quelque chose de déshumanisé qui incarne bien notre temps."

c'est ce que l'on pourrait appeler la formation telle qu'elle est enseignée, au sens ou on retrouve cet etat dans toutes les strates de la société actuelle, c'est la société du normatif labelisé servant de cahier des charges et visant a la propagation ou a la mercantilisation des concepts a vendre.
en gros la resultat qu'il soit dans l'entreprise ou dans la pensée déresponsabilise et tend vers le moyen avec comme objectif une satifaction générale ce qui nous eloigne chaque jour un peu plus de l'excellence .
j'ai bien aimé ce commentaire de zeno

paul

06/08/2006
07:04 re : Michel Onfray, les ultras des lumières

Pour Henry,

juste une question avant de passer aux choses sérieuses : peut-il exister un fascisme "non-délirant" ? Henry, tu prends des risques graves. à pluss
p

paul

06/08/2006
07:29 re : Michel Onfray, les ultras des lumières

Merci à Zeno et à Dom. Il y a longtemps que je voulais m'en prendre à l'insignifiance en question, mais je considérai que c'était une perte de temps. J'ai, l'une fois ou l'autre noté les contresens démagogiques dans l'interprétation de l'hédonisme et d'Epicure. Reste que Onfray demeure un suymptôme incontournable : celui de ce qui reste du débat philosophique, c'est à dire le combat entre une pensée qui se cherche et la théologie qui tient toujours le haut du pavée. Le refus de prendre Heidegger comme interlocuteur valable ouvre la porte à des lieux communs sans fin sur l'inexistence de Dieu sans nous avancer en rien vers l'athéisme comme fondement de toute pensée.

paul

06/08/2006
08:32 re : Michel Onfray, les ultras des lumières

Henry,

« Pour ce qui est de la religion, ça me paraît faux, archi-faux, la religion aime à reconnaître la spécificité de tout être »

Sauf celle de son âme, parcelle divine, crédit destinal dont on demandera le remboursement en temps voulu et au centime près. Mais de quelle religion parles-tu, Henry ? De celle des moutons d’Augustin ou des êtres singuliers d’Ockham ? Des âmes fortes de Pascal ou des lavettes des jésuites ? Tu poses la religion comme une doctrine Une et universelle, quelle blague ! La plupart des hérésies reposent sur la revendication de la singularité, notamment de celle de la lecture du Livre, fondement de la Réforme. Tu oublies un peu vite que le Concile de Nicée de tolère aucune opinion particulière, c’est tout ou rien. Pourquoi la lecture du Livre est-elle restée interdite aux profanes pendant plus d’un millénaire et demi ?

« mathématique ne dépouille pas ces choses de leur spécificité et je pourrais m'aventurer en disant que la physique quantique… »

Primo : les mathématiques ne peuvent pas être confondues avec la physique. Invoquer la théorie du chaos c’est aller un peu vite et n’enlève rien à ce que je dis. Que dis-je ?
C’est simple : un n’égale jamais un, nulle part et jamais. Il faut la prothèse de l’axiome pour entamer le moindre calcul qui se fonde sur A=A. C’est aussi l’enjeu du A devient B de Hegel. Quant à la théorie du chaos et pour ce que j’en sais, elle ne fait que confirmer l’ontologie de Spinoza. Beau sujet de thèse !

La physique quantique : le degré de mon incompétence me permet de m’aventurer à affirmer qu’ elle ne remet pas en question la nature des parties de la substance elle-même, mais seulement les relations entre leurs représentations dans le temps et l’espace : le fait de pouvoir constater la présence du même objet en deux points différents de l’univers et au même moment n’a rien à voir avec l’essence de son être, mais avec la représentation que la théorie permet de s’en faire. Pour l’instant, d’ailleurs, il s’agit encore d’une hypothèse, je ne connais aucune expérience qui nous en ait donné confirmation. Toi peut-être ? Donc, résultat d’un calcul, or calcul = axiome. Et axiome n’égale réalité ou étance que dans les affections de la substance qu’entraîne l’expérience fondée sur lui.

Il y a bien là une difficulté, celle de la réalité de l’axiome comme chose pensée, mais je peux répondre qu’elle est chose pensée sur le mode sophistique, c'est-à-dire celui du non-être. Un axiome demeure le produit d'une spéculation sur du non-étant, la géométrie Euclidienne en est un exemple classique.

Parménide dit qu’on ne peut pas penser ainsi, mais ce Dire est un Dire éthique et l’histoire de la science contemporaine semble bien confirmer la justesse de ce Dire. Cela me fait penser aux sages de la Chine antique qui ont mis un frein radical au développement de cette science et de ses applications techniques dont elle est la servante.

ah que tout cela est difficile !


Henry Faÿ
06/08/2006
15:22 c'est bien ce que je dis

<<Henry,« Pour ce qui est de la religion, ça me paraît faux, archi-faux, la religion aime à reconnaître la spécificité de tout être »
Sauf celle de son âme, parcelle divine, crédit destinal dont on demandera le remboursement en temps voulu et au centime près. Mais de quelle religion parles-tu, Henry ? De celle des moutons d’Augustin ou des êtres singuliers d’Ockham ? Des âmes fortes de Pascal ou des lavettes des jésuites ? Tu poses la religion comme une doctrine Une et universelle, quelle blague ! La plupart des hérésies reposent sur la revendication de la singularité, notamment de celle de la lecture du Livre, fondement de la Réforme. Tu oublies un peu vite que le Concile de Nicée de tolère aucune opinion particulière, c’est tout ou rien. Pourquoi la lecture du Livre est-elle restée interdite aux profanes pendant plus d’un millénaire et demi ?>>

Une nouvelle fois, les jésuites sont sévèrement calomniés, eux qui étaient et sont encore les plus ardents partisans du libre-arbitre, personne ne leur en sait gré, à part Jean Lecarme qui jadis enseignait au Lycée Louis-le-Grand. Toute cette raideur doctrinale, tout ce dogmatisme insupportable même quand il est à son maximum ne va bien évidemment pas jusqu’à nier la spécificité des êtres, autrement rien dans la doctrine chrétienne ne pourrait avoir le moindre sens et en particulier tout se qui se rattache au salut. L’âme est spécifique dans la doctrine chrétienne, qui ne doit pas être confondue avec le Védanta ni avec les doctrines des soufis (Ibn Arabi, Roulin), elle le reste jusqu’au bout. Le Christianisme proclame cette chose proprement incroyable que l’identité de la personne subsiste dans l’au-delà et pour l’Éternité.


<<C’est simple : un n’égale jamais un, nulle part et jamais.>>

C’est bien ce que je dis, la physique mécaniste du XVIIIe siècle aurait sans doute pu dire quelque chose qui ressemble à ça, la physique du XXe siècle depuis la mécanique quantique ne le dit certainement pas, ni la biologie, ni la sociologie, ni l’économie. Il est donc faux de dire que « A supposer que deux choses puissent être identiques, elles ne sauraient l'être dans le temps ni dans l'espace. C'est le naufrage de l'Universel qu'aucune idéologie ne peut admettre… ni la Science telle qu'elle est définie aujourd'hui.>>

La science pas plus que l'idéologie pas plus que la religion n'a une pareille exigence d'Universel ainsi défini. Telle qu’elle est définie aujourd’hui la science l’admet ô combien, et ira plus loin, cela entre tout à fait dans ses schémas et telle était mon objection.

Pour ce qui est des idéologies, dont certaines érigent l’individualisme en valeur suprême, j’attends la réponse.


Henry Faÿ

06/08/2006
15:24 correction

Ibn Arabi, Roumi

Henry Faÿ

06/08/2006
15:28 correction

<<C’est simple : un n’égale jamais un, nulle part et jamais.>>

C’est bien ce que je dis, la physique mécaniste du XVIIIe siècle aurait sans doute pu dire quelque chose qui ressemble à ça, (que un égale un) la physique du XXe siècle depuis la mécanique quantique ne le dit certainement pas...

La rédaction est mauvaise mais vous aurez compris.

dom

06/08/2006
15:54 re : Michel Onfray, les ultras des lumières

héee! on avance,j'attends la suite avec impatience

paul

07/08/2006
05:43 re : Michel Onfray, les ultras des lumières

Faudrait savoir, en effet Henry, et rédiger avec un peu plus de lenteur, quitte à réfléchir à ce qu'on écrit. Or tu ne sembles pas avoir compris ce que je rétorque au "progrès" que tu attribues à la science quantique ou relativiste etc... Quand je dis que ce n'est pas la substance qui est visée par une égalité ou son contraire, mais sa représentation, ça a un sens, par Jupiter !

Descartes nous a pondu une mathésis universalis qui contourne le problème complètement : les attributs qui pourraient différencier les choses sont des illusions, et à la manière de la métaphysique d'Aristote ou de la Science la plus proche de nous, il pulvérise l'étant comme matière homogène et divisible à l'infini. Aristote = Energeia, physique actuelle = énergie. Avec ça tu peux te payer toutes les égalités que tu veux, mais après les "Méditationes" tous les soupçons se confirment : il n'y a que Dieu qui puisse garantir cette représentation, quitte à pomper chez St Anselme une démonstration ontologique qui se situe entièrement dans la....représentation. St Anselme dit : si tu peux te représenter un Dieu Parfait, alors il existe forcément puisque l'existence appartient à la perfection. Tu vois l'astuce ? La vérité = adéquation de la chose et de l'idée, ou de l'idée et de la chose. Un bon système d'idées peut créer un étant, voilà ce que fait le sophiste. Ou le menteur, comme tu veux. (voir Note)

Avec un bon axiome tu peux donc, et on l'a vu faire quelques dizaines de fois, refaire entièrement le monde, car un bon axiome t'ouvre la porte à toutes les adéquations que tu souhaites. Ainsi, la démonstration d'Aristote sur le lieu naturel des choses repose sur une physique pré-newtonienne certes encore poétique mais où le raisonnement repose sur l'intuition / représentation d'une gravitation naturelle. Le lourd a sa place en bas, le léger en haut, et passez muscade ! Dans les équations gravitationnelles, la masse reste un paramètre essentiel. Aristote ne se trompait donc pas tout à fait.

Si on a raisonné pendant des siècles sur la base d'une planète en forme de pizza, c'est que le système conceptuel le permettait, et sans trop d'erreurs dans les calculs astronomiques puisqu'on réussissait à fabriquer des calendriers, même si pas parfaits, au moins assez efficaces pour permettre au paysan du Nil de pas faire trop de conneries.Que faut -il en penser ? Les prêtres se servaient-ils de deux poids deux mesures ? Une pour l'idéologie politique (la pizza); l'autre pour l'activité noble, l'agriculture ? A ce sujet, Varron ose un expression qui ferait bondir plus d'un "humaniste", mais qui me paraît si proche de la vérité donc très belle, il dit de l'hommme qui cultive la terre qu'il est un "instrumentum vocale", l'homme laboure l'étant avec la Parole !

Maintenant reste la vraie jointure de l'étant et de l'Être, une jointure qui non seulement n'a pas besoin d'un filet de sécurité axiomatique, mais qui se refuse à toute fiction systémique et transcendantale. Cette jointure a lieu ou n'a pas lieu, par exemple dans un poème ou dans la négation d'une représentation qui ridiculise tout le monde comme le géocentrisme. (négation payée au prix du sang, il faut quand-même le rappeler, on est loin des propos pleins de civilité des dialogues de Platon). Le triomphe de la martingale de Nicée pourrait être un contre-exemple qui n'a pas fini de produire ses effets catastrophiques.

La difficulté ici, est qu'elle passe aussi par la représentation sans pour autant être a priori victime de la pulsion publicitaire ou technique. Encore Spinoza comme exemple magnifique d'un Poème Didactique (en l'occurence un problème de géométrie) tout à fait comparable à celui de Parménide. Il faut croire que Spinoza a trouvé sa place exacte dans le dispositif ontologique, et que ce lieu qui est d'abord un lieu éthique, lui a offert un panorama ontologique que personne, à ma connaissance n'a réussi à
critiquer avec quelque pertinence. Le lieu naturel n'est pas un point nanti de coordonnées spatiales, mais éthiques : seule la vertu ouvre les yeux et les oreilles à la possibilité de la jointure. Evidemment pas les vertus théologales, mais les seules vertus qui n'en font qu'une, la liberté et la vérité.

c'est trop long, bof, lire en plusieurs fois ??? En tout cas à lire lentement.Mais il y a encore la Note !!

Note : cette critique du pouvoir magique du syllogisme ne prétend en rien nier le pouvoir poïétique (c'est à dire créateur) de la pensée. Celle-ci demeure bien le seul moteur de la "création continuée". Un monde sans conscience est un non-monde. A ce sujet, il faut aller plus loin que le souci de la mort individuelle et questionner l'au-delà de la fin du système solaire et la manière de conserver la jointure ontico-ontologique jusque-là, ce qui serait déjà un bonne performance.


Zx

07/08/2006
07:28 re : Michel Onfray, les ultras des lumières

Convier Spinoza dans une discussion à ce point marquée par Heidegger, il fallait oser. Je me demande d'ailleurs pourquoi le philosophe en sabot de hêtre* (en saboteur de l'être ?!? mmm...) ne le mentionne jamais ?

* note : il les confectionnait lui-même !!

Yann

07/08/2006
12:18 re : Michel Onfray, les ultras des lumières

O Misère, j'ai l'impression que ça va être difficile de résister à la tentation de construire un Kobitron, fourni avec une langue en hêtre véritable...


dom

07/08/2006
14:30 re : Michel Onfray, les ultras des lumières

j'aime bien le coté pizza version Paulo,mais, il y a toujours mais, "Un monde sans conscience est un non-monde"
-définition du concept monde
-définition du concept non monde
-définition du concept de conscience(hé,hé,hé.....)

Mais encore un "systeme" d'idées induit forcement une programmation, hors Paul nous emmene vers une programmation exponentielle plutot que sinusoidale.

mais encore,
""A ce sujet, Varron ose un expression qui ferait bondir plus d'un "humaniste", mais qui me paraît si proche de la vérité donc très belle, il dit de l'hommme qui cultive la terre qu'il est un "instrumentum vocale", l'homme laboure l'étant avec la Parole !""

ça c'est du meublage qui n'a pas sa place, au sens ou cette parole n'existe que sous certaines conditions, avec des fonctions bien precises, si une seule de ces conditions vient a manquer , s'en est fini de ta representation, la voute celeste etait probablement percue comme un eclairage diurne fourni par les dieux et a ce titre a question ne se posait pas de savoir si l'air était respirable sur la lune.
bref ils sont bien gentils tout ces grecs de pizza earth mais limités.
Bon, Paul prend le comme tu veux, tu sais que je suis parfaitement incompétant en philo, et donc tu sais d'ou cela vient

Henry Faÿ

07/08/2006
20:34 l'Universel coule, mais on surnage

<<Faudrait savoir, en effet Henry, et rédiger avec un peu plus de lenteur, quitte à réfléchir à ce qu'on écrit. Or tu ne sembles pas avoir compris ce que je rétorque au "progrès" que tu attribues à la science quantique ou relativiste etc... Quand je dis que ce n'est pas la substance qui est visée par une égalité ou son contraire, mais sa représentation, ça a un sens, par Jupiter !
...>>


Mais tout ça est très beau et très intéressant, un peu obscur quand même mais c’est botter en touche, cher ami. Je m’étais attaché à contester l’affirmation suivante :

<< A supposer que deux choses puissent être identiques, elles ne sauraient l'être dans le temps ni dans l'espace. C'est le naufrage de l'Universel qu'aucune idéologie ne peut admettre, ni aucune religion évidemment ni la Science telle qu'elle est définie aujourd'hui.>>

Que deux choses ne puissent être identiques dans le temps et dans l’espace soit le naufrage de l’Universel, c’est possible. Si c’est le cas, tant pis pour l’Universel.

Que ça soit inadmissible pour idéologies, les religions, et la science, c’est ce que j’avais contesté mais mes arguments n’ont point été examinés. Les idéologies, les religions et la science s'accomodent très bien de cette impossibilité d'identité et c'est même le contraire qui leur poserait de redoutables problèmes.

Pour ce qui est de l’idéologie, ça ne tient pas, et pas de réponse. Pour les idéologies qui portent l'individu au pinacle, évidemment ça ne tient pas, par définition, pour celles qui sont collectivistes, ça ne tient pas non plus car elles ne vont pas jusqu’à nier l’existence des individus qui devient un matériau à travailler, elles cherchent à les rendre plus conformes à leurs vues et effectivement les fait entrer dans un moule, je me souviens de reportages faits en Chine du temps du maoïsme, ils disaient tous exactement la même chose (mais ils n’en pensaient pas moins). L’identité absolue, les armées de clones, c’est au cinéma. Et encore les clones occupent des places différentes dans l’espace.
Pour ce qui est de la religion, ça ne tient pas, au moins dans le christianisme, les âmes ne sont une démultiplication de la divinité comme dans le Védanta ou le soufisme, elles ne sont pas identiques, elles restent séparées, elles expriment la persistance des individualités jusque dans l’au-delà et pour l'Eternité.
Pour ce qui est de la science, l’argument essentiel que j'aurais du utiliser ne m’était pas venu à temps à l’esprit, il est clair comme de l’eau de roche que la science telle qu’elle est pratiquées aujourd’hui n’est en aucune manière gênée par les particularités des objets qu’elle étudie, bien au contraire, ces particularités elle les a complètement intégrées, et elles sont l’objet même de l’étude. Toutes les sciences sans exception, de la physique à la biologie en passant par la science économique utilisent la méthode statistique, les objets étudiés sont envisagés dans leurs distributions, la courbe de Gauss en est l’exemple le plus connu. Les objets étudiés ont le droit d'être aussi différents que possible les une des autres, ça ne gêne en rien les différentes disciplines scientifiques.

La naufrage de l’Universel, s’il a eu lieu, n’a fait couler ni les idéologies, ni les religions, ni la science. Quel soulagement!


dom

08/08/2006
00:53 re : Michel Onfray, les ultras des lumières

Pour ce qui est de la religion, ça ne tient pas, au moins dans le christianisme, les âmes ne sont une démultiplication de la divinité ,
c'est quoi une ame ?
un programme qui obeit a une education ?
ou la confrontation devant la perte d'un etre cher qui voit sa propre fin et qui par projection prend conscience de sa courte durée.
la mort presente l'avantage de ne pas etre statistique, elle est un fait, elle peut etre comptabbilisée a des fins statistique, mais cela ne change rien a l'etat de fait, la religion se contente de vendre un programme d'apres mort, avec tout le cortege de pesée des ames, arf, arf, arf !reliquat d'egypte et d'importation, hors si l'on suit l'edda, bien moins prise de tete, celui qui fut saumon devient chaudron, puis loup puis ce que tu veux, seulement c'est trop simpliste et trop evident de voir que les choses se transforment en autre chose, et difficilement vendable a la bourgeoisie qui par ses actes de son vivant merite une place a la droite du createur, buisnes is buisnes, il faut bien mettre une carotte pour le comportement en se bas monde.
bref henry tout ceci pour te demander a partir de quel stade de la matiere peut on parler d'une ame, quel poids pese l'ame, et ou va t elle.
a te lire j'ai l'impression de voir un tableau de Jerome Bosch, mais au cimetiere les morts ne me donne pas cette impression, pire encore a l'ossuaire ou il ne reste que du calcium, c'est incroyable cette nullité qu'ont les morts a ne plus parler eux qui jadis etaient si indispensable, les voila donc muets par quel miracle?

dom

08/08/2006
22:40 re : Michel Onfray, les ultras des lumières

marrant jamais de réponse, je ne cherche pas le moins du monde a torpiller le fil, et apparement j'ai fais capoter le fil.
bon, je ne dérangerais plus, j'irais donc a la peche a l'etang de l'hetre, doit ben y avoir un brochet ou un sandre a sortir de la dedans, je vais leur causer pour savoir si ils ont une ame, promis si ils me répondent je vous le livre en primeur.

paul

09/08/2006
06:43 re : Michel Onfray, les ultras des lumières


« La naufrage de l’Universel, s’il a eu lieu, n’a fait couler ni les idéologies, ni les religions, ni la science. Quel soulagement! »

Mais Henry, une fois pour toutes, il n’y a aucune contradiction entre l’ universel et le singulier puisque dans l’ordre logique ils sont le même. Malheureusement dans la réalité, le singulier obtient rarement (peut-être seulement dans la psychanalyse) ses privilèges d’universel. Si tel était le cas pourtant, les Droits de l’Homme aurait un sens et l’individu pourrait jouir de son droit de sacralité. Ce sont, au contraire, les idéologies, les religions et la Science qui ont fait couler ce rapport logique qui les gène car il plombe la calculabilité comptable, les facilités non-scientifiques de certaines sciences humaines par exemple, ou de l’économie (qui a perdu son qualificatif de « politique », précisément parce qu’il écarte la difficulté des particularités de toute conjoncture politique. L’économétrie, par exemple, mais on pourrait aussi s’en prendre à la « science » des sondages, n’est « rentable » que sur la base de la négation du respect de ce principe qui identifie l’universel et le singulier). Encore une fois, la critique de la valeur travail n’est possible que parce que la division temporelle du travail est impossible, le fameux « temps de travail » est une fiction universaliste dans le mauvais sens du terme, une facilité de calcul qui égalise comme on rase une forêt. L’universalité n’est pas l’égalité substantielle des choses et des êtres (en leurs genres et espèces), elle est le principe logique qui justement permet de rendre au singulier la noblesse de l’universel, noblesse qui lui a été arrachée par des siècles de lutte sanglante menée sous la bannière de la religion. La théorie de la grâce d’Augustin invente sans scrupules deux catégories d’êtres humains dans lesquelles Dieu classe aléatoirement tout être singulier sans raison universellement acceptable : il retire à l’homme le bénéfice de la singularité de sa naissance, de son destin sur terre et au-delà en le condamnant d’avance à la seule universalité de sa Volonté exactement comme le capitalisme soumet les hommes à l’universalité de la catégorie de son profit. Mais dans cette opération, l’être individuel a perdu sa propre universalité. Que le capitalisme fasse semblant d’appeler régulièrement tous les hommes à participer à la curée, et c’est bien l’essence des messages idéologiques dominants aujourd’hui, n’est qu’une astuce publicitaire mensongère, le capital étant aussi verrouillé que la volonté divine.

Reste que l’identité de l’universel et du singulier reste exposée à une exploitation rentable précisément en vertu de sa réalité, mais pour cela il faut détruire ou corrompre les êtres singuliers au préalable. Et ce n’est pas difficile, il suffit de remplacer la conscience de soi par l’égoïsme d’un soi illusoire : le calcul de l’Audimat se fait sur la base de la corruption d’un panel d’individus qui, du fait même qu’ils acceptent cette corruption, perdent leur singularité SANS POUVOIR LA PERDRE ! Peux-tu comprendre cela ? Mais la vérité instantanée obtenue par cette manipulation est de facto nulle et non avenue, c'est-à-dire que son rapport chaotique au temps (en fonction de la variable corruptrice) lui enlève toute efficacité à moyen et long terme : c’est le destin ridicule des sondages qui en appellent tous à une forme de corruption du caractère sacré de l’individu. D’où la nécessité de répéter à outrance et selon les variations du marché les commandes publicitaires : le mensonge de l’Audimat trouve ainsi une correction sur le marché et inversement, mais tous les mensonges restent soumis à la possible et soudaine émergence d’une singularité concurrente qu’il faut se dépêcher de détruire ou d’acheter. L’idéal reste le principe de l’auto-production de singularités, ce qu’ont compris les inventeurs de la télé-réalité.
Je ne sais pas pourquoi, mais tout cela me fait soudain penser aux procès staliniens des années 30 et 40 : les condamnés s’offraient volontairement au supplice parce que le génie de Staline était de parvenir à convaincre chaque individu d’avoir trahi l’universel d’une théorie qui, dans sa phase positive mettait tout l’accent sur cette identité de l’universel et du singulier !!

Dom, il est quatre heure du matin et cette réponse à Henry m’a épuisé. Je te promets de te répondre incessamment, mais parfois je me demande à qui tu t’adresses, comme dans ton dernier message. Essaie d’être plus précis, merci.


dom

09/08/2006
17:47 re : Michel Onfray, les ultras des lumières

j'essaie d'etre un peu dans le vague de maniere a ne pas froisser les suceptibilités, car je n'ai pas du tout l'intention de me facher avec quelque qui serait religieux, cela n'a pas d'interet car on entrerait dans la discution sans fin de l'existance ou de la non existance de dieu, qui par elle même est sterile, par contre parler de l'homme et de son entourage devient neutre, la fait de savoir si il a une ame le desolidarise du concept et le rend unique (pure theorie), Mais je suis tres loin de connaitre et procede bien plus par empirisme que par connaissance, pour la connaissance je te fais confiance, pour l'interpretation de la connaissance de toi ou d'un autre j'ai toujours une part de doute.

Henry Faÿ

09/08/2006
19:48 l'universel et le singulier

Il m’est difficile de considérer que ceci :

(i) << A supposer que deux choses puissent être identiques, elles ne sauraient l'être dans le temps ni dans l'espace. C'est le naufrage de l'Universel qu'aucune idéologie ne peut admettre, ni aucune religion évidemment ni la Science telle qu'elle est définie aujourd'hui.>>

N’est pas contradictoire avec cela :


(ii) Mais Henry, une fois pour toutes, il n’y a aucune contradiction entre l’ universel et le singulier puisque dans l’ordre logique ils sont le même.


Première proposition : (i) une conception ultra-restrictive de l’universel qui suppose
(a) que l’identité le plus stricte est indispensable à l’Universel
(b) que les idéologies les religions et la science ont pour impératif cet Universel ainsi conçu.


Dans la deuxième proposition (ii) une conception très large de l’universel compatible avec le singulier. Je peux en déduire que l’Universel est compatible avec le singulier, mais n’est pas compatible avec le non identique. Singulier et non identique ne sont-ils pas synonymes ? Je crois qu’il y a tout simplement une incohérence de message à message.

<<Malheureusement dans la réalité, le singulier obtient rarement (peut-être seulement dans la psychanalyse) ses privilèges d’universel. Si tel était le cas pourtant, les Droits de l’Homme aurait un sens et l’individu pourrait jouir de son droit de sacralité. Ce sont, au contraire, les idéologies, les religions et la Science qui ont fait couler ce rapport logique qui les gène car il plombe la calculabilité comptable,>>

Que les Droits de l’Homme ne soient pas appliqués dans tous les pays ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de sens. Autrement, quelle caricature et que d'amalgames dans le paragraphe qui précède! Mises côte à côte, les idéologies, les religions et les sciences sont très diversement préoccupées par la « calculabitité comptable ». Il s’agit de s’interroger non pas des mauvais usages, ou de leur détournements des idéologies, des religions et des sciences, mais de leur vocation qui ne peut faire l’économie de la singularité.


J’avais dans un message précédent affirmé :
Que les idéologies ou bien valorisaient la singularité, ou bien devaient s’en accommoder
Que la religion au moins chrétienne, même dans ses aspects les plus dogmatiques, n’avait aucune tentation de nier la singularité, bien au contraire, elle l’affirme d’une manière tellement absolue que le sens commun jugera hautement incroyable.
Que la science avait le plus grand besoin de la singularité sinon, elle serait tout simplement privée de ses objets d’étude.


Je pourrais m’arrêter là, je poursuis cependant.

<<les facilités non-scientifiques de certaines sciences humaines par exemple, ou de l’économie (qui a perdu son qualificatif de « politique », précisément parce qu’il écarte la difficulté des particularités de toute conjoncture politique.>>

On change de sujet. Les facilités non-scientifiques de certaines sciences, ce n’est pas la science.

<<L’économétrie, par exemple, mais on pourrait aussi s’en prendre à la « science » des sondages, n’est « rentable » que sur la base de la négation du respect de ce principe qui identifie l’universel et le singulier).>>

L’économétrie, la science des sondages, mais aussi un très grand nombre de travaux en biologie, tout cela, c’est l’application de la méthode statistique, qui consiste à raisonner sur des distributions et à établir des probabilités. Ces travaux respectent très bien les singularités, une mouche a le droit de vivre quatre heures ou trois semaines, de pondre dix ou cent œufs mais dans la mesure où ces distributions ont des profils qui se répètent, on aboutit à des lois et à des généralités, qui sont peut-être une voie vers l’Universel.

<<Encore une fois, la critique de la valeur travail n’est possible que parce que la division temporelle du travail est impossible, le fameux « temps de travail » est une fiction universaliste dans le mauvais sens du terme, une facilité de calcul qui égalise comme on rase une forêt.>>

Les économistes même les plus naïfs le savent très bien. Dans les sciences, on n’arrête pas de faire des abstractions, de réduire les facteurs, on sait très bien que ces abstractions permettent la quantification mais qu’elles appauvrissent le contenu observé.

<<L’universalité n’est pas l’égalité substantielle des choses et des êtres (en leurs genres et espèces), elle est le principe logique qui justement permet de rendre au singulier la noblesse de l’universel,>>

Cette égalité n’aurait tout simplement aucun sens. Il me semble qu’il y a dans cette formule une bonne définition de la science, qui n’est donc pas suspecte de nier ou de dévaloriser les singularités.

<<noblesse qui lui a été arrachée par des siècles de lutte sanglante menée sous la bannière de la religion.>>

Il me semble que c’est tout le contraire. Que dit Paul ? « il n’y a plus ni Juif, ni Grec, ni esclave ni homme libre » (merci Gogole) Épître aux Galates.


<<La théorie de la grâce d’Augustin invente sans scrupules deux catégories d’êtres humains dans lesquelles Dieu classe aléatoirement tout être singulier sans raison universellement acceptable : il retire à l’homme le bénéfice de la singularité de sa naissance, de son destin sur terre et au-delà en le condamnant d’avance à la seule universalité de sa Volonté exactement comme le capitalisme soumet les hommes à l’universalité de la catégorie de son profit.>>

On peut critiquer Augustin et on n’a pas fini de le faire, il ne résume pas à lui seul le Christianisme. J’ai entendu dans les vivants et les dieux de Michel Cazenave l’exposé d’un dominicain qui expliquait avec vigueur que les théories augustiniennes étaient intolérables, mais on peut à l’occasion rendre hommage aux jésuites qui ont des positions très différentes et ne pas toujours systématiquement les calomnier. Mais même dans le cadre de cette doctrine augustinienne assez mystérieuse, qui se retrouve dans le calvinisme et le jansénisme il n’est jamais question de traiter les hommes en clones ou en robots.

<<Mais dans cette opération, l’être individuel a perdu sa propre universalité. Que le capitalisme fasse semblant d’appeler régulièrement tous les hommes à participer à la curée, et c’est bien l’essence des messages idéologiques dominants aujourd’hui, n’est qu’une astuce publicitaire mensongère, le capital étant aussi verrouillé que la volonté divine.>>

Comment ça fait semblant ? Il faudrait citer le nombre d’entreprises et d’emplois créées dans le monde en 2005. Quelle curée ? Cette vision qui fait l’impasse sur la grandeur de l’activité productrice ne peut être surgir que dans un pays qui est en panne de croissance prolongée. Il me semble que Bill Gates, Lakshmi Mittal et François Pinault ne sont pas partis de pas grand-chose.

<<Reste que l’identité de l’universel et du singulier reste exposée à une exploitation rentable précisément en vertu de sa réalité, mais pour cela il faut détruire ou corrompre les êtres singuliers au préalable. Et ce n’est pas difficile, il suffit de remplacer la conscience de soi par l’égoïsme d’un soi illusoire : le calcul de l’Audimat se fait sur la base de la corruption d’un panel d’individus qui, du fait même qu’ils acceptent cette corruption, perdent leur singularité SANS POUVOIR LA PERDRE !>>

Le calcul de l’Audimat ne met pas en cause la science, c’est une application parmi des milliers d’autres et tout à fait anodine et je dirais périphérique de la méthode statistique, ce n’est pas là-dessus qu’il faut raisonner si on veut traiter la question qui nous occupe. Je ne vois pas ce que je perds de ma singularité si je réponds à la question d'un enquêteur: à 20h38, regardiez-vous la télévision et quelle chaîne?

<<Peux-tu comprendre cela ? Mais la vérité instantanée obtenue par cette manipulation est de facto nulle et non avenue, c'est-à-dire que son rapport chaotique au temps (en fonction de la variable corruptrice) lui enlève toute efficacité à moyen et long terme>>

Les praticiens de ces choses cherchent surtout une efficacité à court terme leur ambition ne va guère au-delà, ils savent bien que les éléments d’incertitude sont amoindris par le recours à de plus vastes échantillons et que le rapport au temps est moins chaotique si on a la connaissance des cycles. Ceci dit, ils peuvent se tromper et s’ils se trompent, on ne leur coupera pas la tête.


<<: c’est le destin ridicule des sondages qui en appellent tous à une forme de corruption du caractère sacré de l’individu.>>

Non, interroger les gens sur leur préférence pour une bière légèrement sucrée ou une bière légèrement amère n’est pas une corruption du caractère sacré de l’individu.

<< D’où la nécessité de répéter à outrance et selon les variations du marché les commandes publicitaires : le mensonge de l’Audimat trouve ainsi une correction sur le marché et inversement, mais tous les mensonges restent soumis à la possible et soudaine émergence d’une singularité concurrente qu’il faut se dépêcher de détruire ou d’acheter. L’idéal reste le principe de l’auto-production de singularités, ce qu’ont compris les inventeurs de la télé-réalité.>>

Pas seulement la télé-réalité, le marketing. Du temps où il y avait l’émission culture-pub de Christian Blachas sur M6, il expliquait des démarches de ce type.

<<Je ne sais pas pourquoi, mais tout cela me fait soudain penser aux procès staliniens des années 30 et 40 : les condamnés s’offraient volontairement au supplice parce que le génie de Staline était de parvenir à convaincre chaque individu d’avoir trahi l’universel d’une théorie qui, dans sa phase positive mettait tout l’accent sur cette identité de l’universel et du singulier !!>>


Avec l’idée que si on privilégie le singulier, sa petite personne y compris sa propre vie, on est un horrible petit-bourgeois qui ne mérite pas de vivre. Ce type de dérive ne se retrouve pas dans la religion chrétienne, qui a toujours défendu jusqu'à l'incroyable la singularité des personnes.


Henry Faÿ
09/08/2006
19:52 un peu d'ordre sur ce forum
Cette discussion s'est écartée des conférencs de Michel Onfray, je vais la reclasser sur le forum bleu
c'est fait

 
dom

09/08/2006
22:47
re : l'universel et le singulier

henry, tu as raison de déplacer le fil, et je trouve le débat tres interressant.

<<Mais dans cette opération, l’être individuel a perdu sa propre universalité. Que le capitalisme fasse semblant d’appeler régulièrement tous les hommes à participer à la curée, et c’est bien l’essence des messages idéologiques dominants aujourd’hui, n’est qu’une astuce publicitaire mensongère, le capital étant aussi verrouillé que la volonté divine.>>

Comment ça fait semblant ? Il faudrait citer le nombre d’entreprises et d’emplois créées dans le monde en 2005. Quelle curée ? Cette vision qui fait l’impasse sur la grandeur de l’activité productrice ne peut être surgir que dans un pays qui est en panne de croissance prolongée. Il me semble que Bill Gates, Lakshmi Mittal et François Pinault ne sont pas partis de pas grand-chose.

C'est avec grace et compassion, amour du prochain, sens du partage que ce sont devellopés Bill Gates, Lakshmi Mittal et François Pinault, qu'est ce que c'est que cette maniere de penser qu'une entreprise a pour vocation de créer des emplois ? Elle doit avant tout survivre et créer ou répondre a une demande, mais certainement pas avoir un but de mécenat social.On se demande qui est l'utopiste dans les 2 extraits cités.

 
Laurent

09/08/2006
23:54
halte au délire

L'extrait que commente Dom dans la contrib précédente est tout simplement dramatique, et montre que l'auteur souffre d'un manque complet de sens des réalités. Je crois que nombre d'intellectuels français ont pété les plombs depuis longtemps, si tant est qu'ils aient jamais été abonnés au jus. Par "intellectuels" j'entends aussi bien les auteurs consacrés maitres à penser (ce que je ne leur reproche point), que leurs lecteurs et suiveurs (à qui je ne reproche pas de suivre le maitre qu'ils se choisissent).

Tout ce petit monde dis-je, pète allègrement les plombs, en partie par manque de sens des réalités, en partie par obsession moralisatrice. Notre pays, intoxiqué par l'anti-économisme et la morale à deux sous, est de ce fait en panne : ceux qui ne travaillent pas sont en droit d'exiger d'être assistés, et ceux qui travaillent sont diabolisés. Ceux qui passent leur temps à juger et condamner tiennent la corde, et ceux qui réclament un peu de réflexion ou pire, de neutralité, sont diabolisés.

Les arguties et circonlocutions obscures ne viendront pas à bout de cette réalité : entre le délire égalitariste qui tire tout le monde vers le bas, et le délire moraliste qui empoisonne tout débat dès la première réponse, il devient très difficile en France de faire deux choses :
- travailler
- réfléchir
Ces deux activités étant immédiatement sapées soit par la culpabilisation, soit par la ponction égalitariste.

Les tonnes de pseudo-philosophie déversées sur ce forum n'y changeront rien :
- en se masquant derrière un prétendu souci philosophique et une "question de l'être" qu'on ne définit jamais
- en feignant d'évacuer la réflexion sur la société, puis en la réintroduisant derrière un brouillard de mots
- en multipliant les procès d'intention (qui n'est pas avec X est contre X ; qui n'est pas d'accord avec paul votera certainement S.) et autres délires qui n'ont même plus l'apparence de la philosophie,

on en arrive finalement à une parodie de réflexion et à un jeu typiquement masturbatoire.

Navré, mais les rêveries d'un Attali, les sottises d'un Baudrillard, le bon sens bétonné d'un Godet (tous auteurs fustigés ici), tout cela, même réfutable, devrait inciter au silence notre super-prof de philo qui n'a toujours pas répondu clairement à UNE seule question, et se perd en billevesées toujours étrangères à son propre sujet.

Laurent - Epuisé par la lecture de tant de sottises.
 
Henry Faÿ

10/08/2006
07:19
le vieux débat depuis Adam Smith


<<C'est avec grace et compassion, amour du prochain, sens du partage que ce sont devellopés Bill Gates, Lakshmi Mittal et François Pinault, qu'est ce que c'est que cette maniere de penser qu'une entreprise a pour vocation de créer des emplois ? Elle doit avant tout survivre et créer ou répondre a une demande, mais certainement pas avoir un but de mécenat social.On se demande qui est l'utopiste dans les 2 extraits cités.>>

Depuis Adam Smith, deuxième partie du XVIIIe siècle, (1723-1790), en fait j'imagine depuis toujours, on sait que les dispositions morales et la grandeur d'âme des agents économiques ne sont pas ce qui fait avancer l'économie, Adam Smith a dit que les intérêts particuliers aboutissaient à l'accomplissement de tâches d'intérêt général très utiles, ce qui est parfaitement évident et il y a eu beaucoup de discussions sur cette question, jusque dans ce forum.
Les idées d'Adam Smith qui sont anciennes et matinées de théologie (la fameuse main invisible) sont trop souvent brandies par les anti-libéraux pour démolir les idées libérales, parce que poussé à l'extrême ça ne marche pas, en fait ils se trompent de cible, les économistes libéraux actuels ne se préoccupent plus guère d'Adam Smith.


 
Dom

10/08/2006
19:19
re : l'universel et le singulier

mmmmhhh! fineau le henry, tres fineau même, effectivement et je l'ai déja dit dans d'autre fils le théories d'autres siecle ne sont plus nos valeurs.

exemple de distortion du pouvoir(et de sa vision) et de la réalité:
cotiser+ de 160 trimestres, alors que sur le marché du travail a 45 ans on ne vaut plus rien, et les entreprises n'embauchent plus a ces ages, comment un politique peut il délirer sur les retraites en ne prenant pas comptre des réalités de l'entreprise moderne ?
Et surtout comment peut on parler de flexibilité compte tenu de ces réalités, si Adam Smith faisait du paternalisme éclairé, l'entreprise moderne ne le fait plus et quel est interet de le faire, car expliquer aux actionnaire ce genre de choses me parait difficile d'autant que la plaupart de ces actionnaires ont été salariés?




 
shhh

10/08/2006
22:47
re : l'universel et le singulier

"Les idées d'Adam Smith qui sont anciennes et matinées de théologie (la fameuse main invisible) "

Je ne suis pas convaincue qu'il y ait dans cet énoncé, sans doute maladroit, d'Adam Smith, beaucoup de théologie. L'idée c'était de résumer par une formule la démonstration qu'il faisait de l'avantage absolu (principe de spécialisation permettant l'allocation optimale des ressources au niveau mondial, division internationale du travail, libre échange). Amendée ensuite par Ricardo, sous la forme de l'avantage relatif.
Toute cette démonstration permise par le constat que fait Adam Smith que la richesse est produite par le travail, et non par la terre comme le pensaient les physiocrates. C'est d'ailleurs ce que Marx a repris d'Adam Smith.
Mais pour répondre à Dom, il s'agit là de macro-économie, qui n'est pas transposable telle que à l'échelle de l'entreprise. C'est plutôt un principe directeur. Il ne s'agit pas d'anachronisme, mais d'échelle d'observation.

Cela dit, si je devais répondre à Paul, je contesterais fortement la légèreté et le dédain avec lesquels il traite de la science et de son histoire. Peut-être le renvoyer à la lecture d'Ernst Mach par exemple ?

 
Dom

11/08/2006
01:01
re : l'universel et le singulier

ok 5/5 SHHH! evidement, je ne peux pas etre a toutes les echelles d'observation et certainement qu'il doit me manquer un ou plusieurs angles de vue.
tu sors du bois toujours ,la ou on s'y attend le moins.
 
paul

15/08/2006
07:56
re : l'universel et le singulier

Shhhh,
Je ne réponds pas à laurent, les procès d'intention vide de tout contenu et sans la moindre réponse à mes arguments, qui sont des arguments (mais évidemment il faut les comprendre), tout ça m'épuise pour rien.
Quant à toi j'aimerais que tu précises : où peut-on trouver dans ce que j'écris, de la "légèreté et du dédain" de la science et de son histoire (à ce propos en passant :la science n'a pas d'histoire propre, séparée de l'Histoire en tant que telle, penser le contraire est déjà la preuve qu'on est dupe d'un mauvais positivisme (comme il y a un mauvais cholestérol et un bon).
Mais je serais curieux de savoir pourquoi tu penses que je dédaigne la science ? C'est comme les gens qui sont convaincus que Heidegger est un adversaire acharné de la science et de la technique et n'arrêtent pas de proclamer cette idiotie, encouragés par des disciples encore moins compétents.
Une fois pour toute, je serais un imbécile si je "dédaignais" la Science/Technique puisqu'ils sont des aboutissements destinaux de notre monde. La seule affirmation que je maintiens et qu'apparamment personne ne comprend, et pour cause, c'est que l'objet de la S/T ne peut pas sortir de son statut d'objet ; ses résultats peuvent devenir de plus en plus spectaculaires et proches du miracle (fantasme secret du culte de la Science), la S/T ne peut pas pénétrer le sens de l'Objet, il ne peut qu'affiner quantitativement et qualitativement ses attributs. Par exemple descendre de plus en plus dans l'indéfiniment petit et qualifier des particules pour la plupart mathématiquement déterminées (les dispositifs expérimentaux ne permetttent pas encore les étapes décisives par rapport aux particules et il faudra encore attendre longtemps)ne dit rien sur leur être, à savoir sur leur sens : i.e. leur place ou leur statut par rapport à votre propre destin.
Voilà le mot important : destin. Il faut parvenir à différencier l'idée de destin de celle d'une simple progression temporelle d'un ensemble historiographique (je ne dis pas historique, car le concept d'historique contient comme le mot allemand "Geschichte" la nuance de destinal. Le pire ici est de penser l'histoire comme science, mais depuis Nietzsche (je n'ose pas dire Spinoza car on va encore me flinguer, mais je le pense) il n'existe plus de gens sérieux qui parlent d'histoire scientifique ou de Science de l'histoire, c'est vraiment trop con. En revanche, évidemment on peut dire la science de l'historiographie, mais c'est tout autre chose.
Alors, STP, dis-moi en quoi et où je méprise la S/T ? Après cela on pourra progresser, peut-être.
salut P

 
Paul

15/08/2006
08:41
re : l'universel et le singulier

Zx,
Je n’ai pas répondu à ta remarque sur Heidegger et Spinoza. J’ai longtemps cru aussi que Heidegger ne mentionnait nulle par Spinoza, or ce n’est pas vrai, mais il faut avoir lu en Allemand tous ses cours, qui sont loin d’être tous traduits. Moi-même je suis en train de traduire un cours dont je viens de découvrir l’existence sur Parménide, le philosophe dont j’ai fait mon pseudo un peu partout sur le Net, c’est dire…
Mais il est vrai, et c’est logique, que le philosophe de la Forêt-Noire n’a pas écrit de texte réservé à Spinoza. C’ est logique puisqu’il tente lui-même de parvenir à la réussite ontologique de Spinoza, il y a une concurrence mortelle et, oui, jusqu’à un certain point nationaliste (national-socialiste…).
Les philosophes ont le même problème que les théologiens avec la Bible : après l’Ethique, il n’y a plus grand-chose à inventer et l’humilité réelle consiste à admettre qu’il faut se contenter de commenter en termes contemporains le système de Spinoza. C’est ce que je tente moi-même de faire à mon modeste niveau. Spinoza n’est pas un philosophe qui appartient à l’Histoire de la philosophie comme n’importe quel penseur, il est un « envoi de l’Être » que même les rationalistes du 19ème considèrent comme une forteresse imprenable. Ils ne peuvent donc que se réfugier derrière le mot « forteresse » pour manifester leur opposition qui est évidemment d’essence religieuse et théologique. Réfuter Spinoza c’est réfuter tous les conciles qui ont forgé l’Eglise Catholique d’aujourd’hui, et les pauvres rationalistes qui sont si gentils et si compétents par ailleurs, ne peuvent pas admettre pareil camouflet.
Dernière remarque : de Descartes à Heidegger, il n’existe à ma connaissance aucun philosophe excepté Jacobi qui ait eu le courage d’écrire une thèse entière sur Spinoza. Je ne mentionne pas ici la foultitude de pensoteurs contemporains qui profitent d’un vent favorable pour vendre plein de bêtises sur Spinoza ou simplement des paraphrases sans intérêts. Excepté Deleuze qui a, comme toujours, fait un bon boulot.
vale
p

 
shhh

15/08/2006
10:26
re : l'universel et le singulier

Je pense que la science a insuflé dans la matière l'ordre qui jusque là était dévolu à Dieu. Or tu en fait une espèce de super-technologie, qui ne serait qu'un attribut de la matière, là ou je pense qu'elle a littéralement libéré la pensée.
 
shhh

15/08/2006
10:36
re : l'universel et le singulier

Dom avait posé une question importante me semble-t-il. Pourquoi les philosophes étaient aussi mathématiciens, jusqu'à une époque plus récente? C'est une question qui mérite réponse, une réponse autre que la multiplicité des connaissances qui obligerait chacun à se spécialiser, cette explication qu'on nous a servi pendant notre scolarité. Si c'était vrai, on aurait effectivement éclatement de la philosophie, et là je ne vois tout simplement pas pourquoi la perpétrer. Si par contre il s'agit d'élaborer une logique qui s'est envolé au delà des mathématiques, alors elle mérite encore de se poursuivre. Je parlais de Mach, parce qu'il est l'exemple d'un physicien abordant la métaphysique après avoir exploré un mode de connaissance, sans pour autant renoncer à ce mode de compréhension. Une philosophie qui ne sait pas s'enrichir de la science en prétendant ne s'occuper que de l'être ne reccueille pas beaucoup d'intérêt, comme tu peux le voir aux réactions des forumeurs.
 
Henry Faÿ

16/08/2006
23:26
changement de fil

<<NB : pas d'accord sur ta remarque finale, en quoi la philosophie peut-elle s'écarter de la philosophie ?>>

La philosophie mérite sans doute plus d'un fil. S'il n'est plus question d'athéologie militante ou d'hédonisme, pourquoi se mettre sous l'invocation de Michel Onfray?

 
Henry Faÿ

16/08/2006
23:46
l'intimité cathodique et autres sujets


le petit business de l'intimité cathodique des familles et autres sujets
********************************************************
<<« Avec l’idée que si on privilégie le singulier, sa petite personne y compris sa propre vie, on est un horrible petit-bourgeois qui ne mérite pas de vivre. Ce type de dérive ne se retrouve pas dans la religion chrétienne, qui a toujours défendu jusqu'à l'incroyable la singularité des personnes. »

Je commence à l’envers parce que c’est trop gros : la religion n’a jamais défendu qui que ce soit. Dans sa préoccupation apparente de l’individu, il n’y a jamais que l’instinct de la chasse et du repérage de ce que la singularité réserve de surprise désagréable à ceux que l’on est chargé de soumettre à une doctrine universelle. Le sentiment de culpabilité est, exactement comme dans les caves de la Loubianka, le premier levier psychologique dont se sert la religion pour terrifier l’homme encore jeune. J’ai bue la terreur de l’idée du péché originel jusqu’à la lie. Aucune différence entre l’abbé de ma paroisse et le Commissaire Politique. Non mais.>>


Je vois là une énorme contresens et si on confronte les grandes traditions religieuses, c’est certainement la religion chrétienne qui fait la part décidemment la plus belle à une singularité individuelle, supposée être éternelle donc impossible à atténuer ou relativiser, un absolu, ce qu’on appelle l’âme. Le salut, c’est le salut des personnes. C’est ainsi dans les textes, et le lien personnel que le croyant a avec son Dieu s’exprime dans la pratique de centaines de millions de personnes. Que le salut soit personnel, l’Évangile le dit très clairement, et c’est bien une rupture avec les textes hébraïques où le salut est celui de la communauté, du peuple d’Israël. La conséquence, c’est que le christianisme peut se prévaloir d’être la doctrine la plus humaniste qui soit, ce qu’on ne retrouve pas ailleurs. Dans le bouddhisme, par exemple, l’homicide, tout bien considéré n’est pas quelque chose de très grave puisque de toutes façon, il n’y a qu’impermanence et que le moi est une illusion.
Dieu est dans le christianisme animé d’un immense amour pour sa créature mais cet amour préserve la singularité car il n’aboutit pas à une fusion comme c’est le cas dans certaines écoles soufies.

Pour ce qui est de la culpabilité, j’ai peut-être eu plus de chance que toi, ce sont pourtant les redoutables frères quatre-bras dans une mauvaise époque qui ont été chargés de mon éducation chrétienne en dépit de mon tout jeune âge ils n’ont pas réussi à me faire peur avec cette histoire de pomme croquée en contradiction avec l’ordre divin. J’ai pensé que c’était dommage, c’est tout. Quand on a sept ou huit ans, on est capable de se dire si c’est Adam et si c’est Ève qui ont fait ça n’est pas moi qui l’ai fait et ne me racontez pas d’histoires.

<<Sondage et Audimat : tout ça ne fonctionne pas comme tu le décris. L’Audimat est un accord marchand qui autorise l’instance enquêtrice à installer dans un ménage rétribué un cheval de Troie qui espionne en permanence le zappage de tous les membres du foyer. Il faut être idiot ou malhonnête pour penser que ces personnes puissent soustraire la réalité de cette vente à Trente Deniers de leur conscience, autrement dit « oublier » cette œil installé dans leur quotidien.>>


Ce petit business de l’intimité cathodique n’est effectivement pas très reluisant mais je n’en tirerais pas de conclusions philosophiques aussi dramatiques. Les petits secrets cathodiques des familles ne sont livrés qu’à un robot qui se charge de les collecter en tout anonymat. Je ne vois pas que les sondages soient la négation du principe qui identifie l’universel et le singulier, ce serait plutôt me semble-t-il le contraire, pour autant que je domine cette problématique. Les sondages ne sont qu’une application triviale, comme disent les gens de la corporation scientifique de la méthode statistique qui fait entrer l’objet étudié dans un ensemble plus vaste, en faisant un objet interprétable, le faisant accéder à une certaine forme de généralité et peut-être par là à l’universel. Par ailleurs, je ne vois pas pourquoi la transparence et l’impudeur qui caractérisent si fort notre époque porteraient atteinte à la singularité. Des autobiographiques vendues très cher peuvent être très impudiques, elles ne mettent pas en cause la singularité, elles en sont une variante.


« Les économistes même les plus naïfs le savent très bien. Dans les sciences, on n’arrête pas de faire des abstractions, de réduire les facteurs, on sait très bien que ces abstractions permettent la quantification mais qu’elles appauvrissent le contenu observé. »

Bien, tu reconnais l’inéluctable, à savoir l’appauvrissement, mais tu continues de sous-estimer la nature même de l’appauvrissement. La techno-science c’est exactement cela : l’appauvrissement du monde qui a parti lié avec la négation absolue de la matière. Le gros de la mission de la métaphysique a été d’appauvrir idéologiquement le monde, d’en faire un néant inexistant. Et on ignore incroyablement combien ça a marché.

Je ne crois pas que je sous-estime la nature de l’appauvrissement. Ce que je sais, c’est que cet appauvrissement fait partie de la méthode scientifique qui se croit obligée de tout quantifier même l’inquantifiable, la dérive est certaine. Comment traiter ensemble la peine de la jeune femme pour qui travailler, c’est être privée de son enfant, le cas du travailleur qui va au boulot en chantant et celui qui ne supporte pas le bruit des machines ? Il faut bien un facteur commun et le facteur temps ne semble pas le plus mal choisi. Ce qu’il faut savoir, c’est si cette méthode donne des résultats intéressants donc si le jeu en vaut la chandelle, ou si c’est un exercice stérile pour universitaires. La quantification du temps de travail permet-elle des corrélations avec d’autres facteurs, des analyses économiques, des comparaisons internationales, une aide à la décision ? Ce n’est pas quand même pas exclu.

La question de la quantification est considérable, il m’est arrivé de me la poser et de me plaindre d’un délire de quantifications abusives. C’est avec plaisir que je viens de tomber sur une interviou de René Thom :
« Avant Galilée, les maths ne servaient qu’à résoudre les problèmes des architectes. Depuis Galilée, explique Thom, les mathématiques ont envahi le raisonnement, tout est devenu quantifiable, et nos capacités sensibles de perception ne nous servent plus à rien pour comprendre l’Univers. L’esprit humain ne se remet pas de cette rupture. Avant Galilée et depuis Aristote, ce qui était vrai et ce qui était intelligible ne faisaient qu’un : la compréhension des phénomènes naturels coïncidait avec la sensibilité courante. Ce qui était inintelligible était accidentel et n’avait donc aucun caractère scientifique. Mais Galilée a introduit la séparation entre monde sensible et le monde intelligible. Exemple simple : une pierre qu’on jette vers le haut, qui monte et qui redescend, subit en apparence deux mouvements différents. Pas du tout, annonce Galilée, c’est le même mouvement, car la fonction mathématique qui décrit le déplacement de la pierre est identique dans les deux cas.
Nous savons dit Thom ce que nous avons gagné avec Galilée : le formalisme mathématique quantitatif, qui est le fondement de de toutes les techniques modernes. Mais nous ne sommes pas assez attentifs à ce que nous y avons perdu : oute-la compréhension des changements qualitatifs. Pour faire redémarrer le progrès, estime-t-il, nous devons essayer de rapprocher l’avant et l’après Galilée, Galilée et Aristote, le quantitatif et le qualitatif, le sensible et l’intelligible, la science et la conscience. »
Oui, mais comment ? René Thom a une solution, c’est la théorie des catastrophes, sa théorie.


<<« Mais même dans le cadre de cette doctrine augustinienne assez mystérieuse, qui se retrouve dans le calvinisme et le jansénisme il n’est jamais question de traiter les hommes en clones ou en robots. »

Tu as mal compris l’augustinisme qui n’a rien de mystérieux. Evidemment qu’Augustin ne peut pas traiter les hommes en clones ou en robots puisqu’il les différencie à la source, et de toute façon ce n’est pas son affaire, c’est celle de Dieu.>>

Effectivement, j’ai du mal à comprendre cette doctrine qui est un monument d’iniquité et je ne suis pas le seul. Je ne suis pas trop étonné qu’elle ait été émise par un certain Aurelius Augustinus, ce qui m’ étonne, c’est qu’elle ait été adoptée et qu’elle ait eu la faveur d’un si grand nombre de théologiens, mais c’est fini. Je comprends bien sa redoutable efficacité pour induire à la bonne conduite. Il faut se faire à soi même et aux autres la preuve qu’on est un élu, cette preuve n’est pas facile à administrer, toute une vie de dévotion et de sacrifices y suffisent difficilement, alors que s'il n'y a pas prédestination, la grâce et le pardon peuvent survenir à tout moment. Je note cependant que l’Église a toujours opté pour un « augustinisme modéré » qui met de côté cette prédestination, au contraire de Gottschalk, Luther, Calvin et Jansénius qui sont à divers titres des hétérodoxes.

Il est intéressant de lire à ce propos quelques lignes de Calvin ; dans l’institution chrétienne de 1559, il exprime ainsi sa vision des choses :
« L’élection ne relève pas de la volonté de l’homme mais de celle de Dieu : sa Toute Puissance et sa gloire exigent d’une certaine façon qu’ils reste parfaitement libre d’attribuer sa grâce comme il l’entend.
Si on en demande la cause, Saint Paul la rend telle : c’est qu’il a été dit en Moïse : j’aurai pitié de celui dont j’aurai pitié, et je ferai miséricorde à celui auquel je ferai miséricorde. Nous voyons comment il remet l’un et l’autre au bon plaisir de Dieu. Si nous ne pouvons assigner d’autre raison pour laquelle Dieu accepte ses élus, sinon parce qu’il lui plaît, nous n’aurons aussi nulle raison pourquoi il rejette les autres, sinon sa volonté. Car il est dit que Dieu endurcit ou fait miséricorde selon son plaisir, c’est pour nous admonester de ne chercher aucune cause hors de sa volonté. »


<< Les Jésuites ont certes à leur actif le fait de contrer la théorie augustinienne de la prédestination, mais à quel prix ? Celui de la légitimation du péché, quel qu’il soit. Relis les Provinciales.>>

Les Provinciales ne sont pas la source la plus objective pour se faire une opinion sur les Jésuites dans la querelle sur la grâce qui les a opposés aux jansénistes. Il est admis que les Jésuites ont été calomniés dans cette affaire où le bon sens était de leur côté, comme l’expliquait jadis Monsieur Lecarme, professeur au Lycée Louis le Grand.

<<Les Jésuites ont prolétarisé la grâce,>>
La formule n’est pas fortement heureuse, on pourrait dire qu’ils se sont opposés aux doctrines sinistres de ceux qui prétendaient que la grâce n’était pas prodiguée par Dieu.

<<au détriment des Princes qui le leur ont fait payer>>
Jamais les Princes n’ont prétendu avoir la grâce pour eux seuls.
: Ignace de Loyola représente pour la Papauté le rêve d’un nouveau Canossa face aux Princes qui ont relevé la tête mais il était trop tard et la Compagnie de Jésus a payé pour son audace, contrainte de trouver refuge dans l’Empire Austro-Hongrois lui-même en déroute et dirigé par un Fidel Castro d’opérette. La création du clone de la Compagnie, à savoir l’Opus Dei, de même que l’interdiction de la prêtrise ouvrière, montre que l’Eglise a choisi de se soumettre au capitalisme : c’est l’envers de Canossa et la revanche des princes, des nouveaux princes.

Lors de sa création, la Compagnie de Jésus n’était pas dirigée contre les Princes, mais contre les protestants. Les Jésuites ont toujours été soucieux d'accueillir dans leurs écoles les élèves de plus haute naissance. Ils ont été les confesseurs des Princes, en particulier le Père La Chaise, confesseur de Louis XIV, qui ne put empécher la révocation de l'Edit de Nantes.

<<La création du clone de la Compagnie, à savoir l’Opus Dei, >>
C’est très différent. L’Opus Dei est une confrérie de laïcs. J’apprends qu’il y a en Amérique Latine une congrégation très papiste qui fait penser aux Jésuites, mais je n’en sais pas encore grand chose.

<<de même que l’interdiction de la prêtrise ouvrière, montre que l’Eglise a choisi de se soumettre au capitalisme>>

Le choix du capitalisme par l’Église est toujours timide et hésitant, comme s’il était mal assumé et ce n’est pas forcément le pire des choix que l’Église ait faits. Il faut rappeler que pendant longtemps, l’Église a condamné le prêt à intérêt.


<<Ton dernier argument concernant les quelques self-made men, les Bill Gates : les vraies richesses ne figurent pas sur les Unes des hebdomadaires people, et tu sais aussi bien que moi que les vraies fortunes sont aussi vieilles que la métaphysique.>>

Faux, il y a énormément de fortunes qui se créent, croire le contraire, c’est l’illusion qu’on a quand on est dans un pays que la croissance économique a quitté. Il y aussi quantité de fortunes qui disparaissent. Le jeu capitaliste est très ouvert, c’est la raison pour laquelle les luttes sont si âpres.

<<La somme des biens des têtes couronnées (Elisabeth + Beatrix + les deux Alberts + les dynasties des Rockefeller, Hughes et même les De Wendel ( !) ), voilà la résidence de la véritable richesse mondiale>>

Ce sont des fortunes parmi d’autres, la plupart des milliardaires sont des inconnus sans panache et sans décorum, qui parfois se cachent, se terrent même, interdisant même qu’on les prenne en photo, et qu’on découvre soit dans la liste Forbes, soit au décours d’un article qu’on lit, par exemple, dans l’Expansion. Les grands capitalistes glamours risquent de pâlir devant leurs collègues asiatiques car c’est en Asie qu’est la prospérité de la planète.

<<sans parler du portefeuille du Vatican qu’un vain peuple croit en semi-faillite alors qu’il demeure le véritable trésor mondial qui remplit l’antique fonction de la représentation de la puissance et ne sert pas économiquement.>>

Je crois beaucoup plus à la semi-faillite qu’au contraire. Le Vatican, ce n’est pas du big money, quand on lit des articles sur l’argent du Vatican, on voit des sommes en centaines de millions de dollars, le big money, c’est quand c’est en milliards. Et puis ils ont des charges énormes, ce n’est pas la meilleure condition pour faire fructifier l’argent. La vraie richesse matérielle de l’Église, c’est l’Église allemande, alimentée par le fameux Kirchensteuer, dont les utilisations sont parfois surprenantes et intéressantes, certaines ont de quoi faire tomber en apoplexie les cardinaux de la Curie.

NB : pas d'accord sur ta remarque finale, en quoi la philosophie peut-elle s'écarter de la philosophie ?

Et j’attends une réponse un peu plus circonstanciée mes objections au paragraphe suivant :

<<Ce sont, au contraire, les idéologies, les religions et la Science qui ont fait couler ce rapport logique qui les gène car il plombe la calculabilité comptable, les facilités non-scientifiques de certaines sciences humaines par exemple…>>

Comme si les idéologies (toutes les idéologies confondues), les Religions (toutes les religions confondues) et la science (toutes les sciences confondues) n’avaient en vue que la calculabilité comptable ! Qu’est-ce qui permet d’affirmer pareille extravagance, de se livrer à de tels amalgames et de pratiquer un raccourci aussi ahurissant ?






 
dom

17/08/2006
23:07
re : l'universel et le singulier

c'est tres bien tout ca mais, on avance pas, who is who n'est pas vraiment le sujet, c'est plus interressant qui fait quoi.
Henry, il me semble qu'en d'autres temps les religieux etaient aussi tres doués pour les math et les sciences, comme la philo a décroché des math les religions semblent avoir decrocher des sciences ce qui les rends, par constat,a l'équivalence des philosophes, ce n'est que ce que je pense constater, mais a l'évidence les religions produisent des fonctionnaires zélés davantage que des hommes universels.Comment expliques tu ceci?
pour le sixieme jour rappelle a Dieu de faire des vertebres en titane et des disques en teflon, au cas ou je reviendrai cela m'evitera d'etre bloqué( je ne pense pas etre le seul a demander cette faveur)
http://digilander.libero.it/alessiopeluso/rachide-big2.gif
je te fourni la doc,insiste surtout sur L4 et L5
 
CA

18/08/2006
00:04
re : l'universel et le singulier

Bon courage, Dom, tiens bon. Ça n'a pas l'air drôle du tout ce blocage de vertèbres et de disques. Je voulais déjà t'écrire un mot l'autre jour.
C.
 
Zx

18/08/2006
09:49
re : l'universel et le singulier

Oui, j'ai vu votre message sur l'autre fil et je vous souhaite bon courage également. Mes discs à moi ont souffert quand, ayant commandé un objet de 200kg sur internet, le livreur s'est présenté chez moi en m'expliquant qu'on devrait se le coltiner à deux... alors je comprends un peu ce qui vous arrive. Bon rétablissment
 
dom

18/08/2006
16:45
re : l'universel et le singulier

merci tous!
 
paul

19/08/2006
07:34
re : l'universel et le singulier

Cher Henry,

« Je vois là une énorme contresens et si on confronte les grandes traditions religieuses, c’est certainement la religion chrétienne qui fait la part décidemment la plus belle à une singularité individuelle, supposée être éternelle donc impossible à atténuer ou relativiser, un absolu, ce qu’on appelle l’âme. Le salut, c’est le salut des personnes. »

Exactement comme dans les caves de la Loubianka. On dirait, en te lisant Henry, que tu es dupe de la publicité catholique, c’est avec une certaine gourmandise que tu parles de l’amour de Dieu pour ses petits enfants singuliers. Il me paraît évident que la doctrine doit être en harmonie avec la pratique . Je peux te le dire, mais les Bons Pères m’ont chassé uniquement parce que j’ai fini par refuser de leur livrer tous les samedis les petits secrets de ma singularité dans le confessionnal. Mon confesseur aussi m’aimait comme ton Dieu (du Christianisme). Il m’aurait pardonné mes péchés, certainement, mais à la condition que j’accepte de passer dans sa lessiveuse dans laquelle je PERDAIS mon être intime, et le refus de cette perte est intolérable pour un tel amour ! L'instinct de possession ne connaît pas de limites.

Je crois qu’il y a un thème qu’il est absolument nécessaire de méditer longuement, c’est le passage de la conception antique de la mort à la chrétienne. C’est cette dernière qui a donné à l’appareil Romain Catholique le pouvoir de s’en prendre à l’individu : l’homme de l’Antiquité avait son dieu personnel, son Daïmon qui partageait sa singularité avec lui et donc la préservait de toute confusion.

« Ce qu’il faut savoir, c’est si cette méthode donne des résultats intéressants donc si le jeu en vaut la chandelle, ou si c’est un exercice stérile pour universitaires. La quantification du temps de travail permet-elle des corrélations avec d’autres facteurs, des analyses économiques, des comparaisons internationales, une aide à la décision ? Ce n’est pas quand même pas exclu. »

Hé oui, tu as raison, il y a des gens qui doivent pouvoir calculer pour les autres, mais rarement dans leur intérêt. Tu vois, Henry, calculer le destin des autres, c’est exactement la même chose que de les « aimer » dans le confessionnal.


<<Les Jésuites ont prolétarisé la grâce,>>
La formule n’est pas fortement heureuse, on pourrait dire qu’ils se sont opposés aux doctrines sinistres de ceux qui prétendaient que la grâce n’était pas prodiguée par Dieu. »

J’ai du mal à comprendre, sinon en songeant à la notion de destin qui serait plus forte que le pouvoir de Dieu, façon hermétique, mais ce n’est pas ce que tu voulais dire, je suppose. Lorsque j’ai parlé de prolétarisation de la grâce, j’ai voulu dire que Molina a voulu mettre la grâce à la disposition de tous, comme on a un jour inventé la 2CV.
A propos du succès de l’augustinisme, ce n’est pas très difficile à comprendre puisque le Droit Divin symbolise à merveille la Grâce aléatoire ou la prédestination. Tout est dans les Huiles Saintes ou le Graal si tu préfères, la version anglo-saxonne avec tout son septicisme.
p

 
Henry Faÿ

19/08/2006
21:05
lesHuiles Saintes, le Graal et les petits secrets


<<« Je vois là une énorme contresens et si on confronte les grandes traditions religieuses, c’est certainement la religion chrétienne qui fait la part décidemment la plus belle à une singularité individuelle, supposée être éternelle donc impossible à atténuer ou relativiser, un absolu, ce qu’on appelle l’âme. Le salut, c’est le salut des personnes. »

Exactement comme dans les caves de la Loubianka. On dirait, en te lisant Henry, que tu es dupe de la publicité catholique, c’est avec une certaine gourmandise que tu parles de l’amour de Dieu pour ses petits enfants singuliers. Il me paraît évident que la doctrine doit être en harmonie avec la pratique . Je peux te le dire, mais les Bons Pères m’ont chassé uniquement parce que j’ai fini par refuser de leur livrer tous les samedis les petits secrets de ma singularité dans le confessionnal. Mon confesseur aussi m’aimait comme ton Dieu (du Christianisme). Il m’aurait pardonné mes péchés, certainement, mais à la condition que j’accepte de passer dans sa lessiveuse dans laquelle je PERDAIS mon être intime, et le refus de cette perte est intolérable pour un tel amour ! L'instinct de possession ne connaît pas de limites.>>

Non, ce n’est pas avec gourmandise que j’ai parlé de l’amour de Dieu, c’est quelque chose qu’il m’était difficile d’écrire. Le catholicisme en tant que collectivité ne se comporte pas de manière différente des autres. Il exige une certaine dose de conformité et fait pression pour l’obtenir. Qui n’en fait pas autant ? On peut faire le tour : les confréries musulmanes, les églises protestantes, les sectes bouddhistes, les partis communistes ou ce qu’il en reste, les trotzkistes, la société américaine, les sociétés africaines etc. Ce n’est pas pour autant que la singularité individuelle est niée et ce n’est pas le but. Cette conformité même si elle est tant bien que mal obtenue ne dépouille pas la personne de sa singularité. Toutes les stratégies sont possibles : la soumission sincère ou non mais aussi l’affrontement, la ruse, la fuite, que sais-je encore ?

Jamais l’individualisme n’a été aussi fort que dans notre monde. C’est moi je et moi d’abord, et ne me dites pas ce que je dois faire et penser comme si d’énormes contraintes ne pesaient pas sur nos esprits. Juger les anciennes traditions religieuses selon nos standards à nous est une erreur de perspective. Il est vrai que tant qu’il a eu le pouvoir, le catholicisme l’a exercé sans ménagement. J’ai en tête une scène du film Saint-Cyr, film que je n’ai pas vu, mais dont j’ai vu un extrait à la télévision où un jeune prêtre arrache à une jeune fille du pensionnat de Madame de Maintenon son journal intime, cette scène a quelque chose d’aussi insoutenable qu’un interrogatoire de l’inquisition. Les brimades et les viols de conscience subies dans l’enfance, je n’en nie pas la gravité mais de nos jours, ça ne se produirait plus.




<<Je crois qu’il y a un thème qu’il est absolument nécessaire de méditer longuement, c’est le passage de la conception antique de la mort à la chrétienne. C’est cette dernière qui a donné à l’appareil Romain Catholique le pouvoir de s’en prendre à l’individu : l’homme de l’Antiquité avait son dieu personnel, son Daïmon qui partageait sa singularité avec lui et donc la préservait de toute confusion.>>


Oui je veux bien. Dans le shintoïsme aussi. L’homme de l’antiquité avait son dieu personnel, je sais un peu la richesse, la subtilité et la force de cette notion, j’ai lu sur ce sujet un bon article dans un dictionnaire des religions que malheureusement je n’ai pas pris la précaution de photocopier. Dans le catholicisme, il y a aussi une sorte de dieu personnel, c’est l’ange gardien, paraît-il d’origine iranienne.

Dans un message, tu reproches à l’Église de nier la singularité des personnes, dans un autre tu lui reproches de « s’en prendre à l’individu ». Si elle s’en prend à l’individu, c’est bien qu’elle reconnaît l’individu comme individu, avec sa liberté, je suppose.



<<« Ce qu’il faut savoir, c’est si cette méthode donne des résultats intéressants donc si le jeu en vaut la chandelle, ou si c’est un exercice stérile pour universitaires. La quantification du temps de travail permet-elle des corrélations avec d’autres facteurs, des analyses économiques, des comparaisons internationales, une aide à la décision ? Ce n’est pas quand même pas exclu. »

Hé oui, tu as raison, il y a des gens qui doivent pouvoir calculer pour les autres, mais rarement dans leur intérêt. Tu vois, Henry, calculer le destin des autres, c’est exactement la même chose que de les « aimer » dans le confessionnal.>>

Calculer le destin des autres, on peut toujours essayer, mais du côté de ceux dont le destin a été « calculé » il faudrait qu’ils soient bien naïfs pour qu’ils croient à ce charlatanisme.

J’ose espérer que de nos jours, quand on va se confesser, c’est une démarche volontaire et que les confesseurs ne manipulent pas leurs pénitents.
L’institution même de la confession auriculaire, dans laquelle il y a un échange personnel entre le confesseur et le pénitent, si toutefois la confession n’est pas expédiée en cinq minutes, ne va pas dans le sens d’une religion catholique qui ne reconnaîtrait pas et ne respecterait pas la singularité des personnes.


<<<<Les Jésuites ont prolétarisé la grâce,>>
La formule n’est pas fortement heureuse, on pourrait dire qu’ils se sont opposés aux doctrines sinistres de ceux qui prétendaient que la grâce n’était pas prodiguée par Dieu. »

J’ai du mal à comprendre, sinon en songeant à la notion de destin qui serait plus forte que le pouvoir de Dieu, façon hermétique, mais ce n’est pas ce que tu voulais dire, je suppose. Lorsque j’ai parlé de prolétarisation de la grâce, j’ai voulu dire que Molina a voulu mettre la grâce à la disposition de tous, comme on a un jour inventé la 2CV.
A propos du succès de l’augustinisme, ce n’est pas très difficile à comprendre puisque le Droit Divin symbolise à merveille la Grâce aléatoire ou la prédestination. Tout est dans les Huiles Saintes ou le Graal si tu préfères, la version anglo-saxonne avec tout son septicisme.
p>>

Mettre la grâce à la disposition de tous, ce n’était, du point de vue de la religion que se conformer à la doctrine. On a reproché aux jésuites de faire de la casuistique mais faire de la casuistique et c’est une manière de reconnaître la spécificité des cas, donc des individus. Une nouvelle fois, on ne peut pas dire que l’Église ait nié l’individualité, car tel était l'objet de notre discussion, qui est peut-être vaine.




 
paul

21/08/2006
10:14
re : l'universel et le singulier

« Dans un message, tu reproches à l’Église de nier la singularité des personnes, dans un autre tu lui reproches de « s’en prendre à l’individu ». Si elle s’en prend à l’individu, c’est bien qu’elle reconnaît l’individu comme individu, avec sa liberté, je suppose. »

Malentendu de ta part, Henry. Ici « s’en prendre à l’individu » signifie tout faire pour le dissoudre dans une généralité qui permet la domination et le calcul.
----

« il faudrait qu’ils soient bien naïfs pour qu’ils croient à ce charlatanisme. »

La question n’est pas de savoir s’ils sont dupes ou non, elle se situe dans la place que le capital leur concède dans SES calculs à lui.
---

« Une nouvelle fois, on ne peut pas dire que l’Église ait nié l’individualité, car tel était l'objet de notre discussion, qui est peut-être vaine. »

Peut-être. Mais tout dépend de la suite que nous donnerons à ce débat. Souviens-toi, je défends comme toi l’idée que l’heure de l’individu a plus que jamais sonné, et peu importe le rôle que l’Eglise a joué dans le mouvement qui nous a mené jusque là, car il appartient de toute façon au passé. Disons en gros qu’il y a deux modèles d’individu en présence aujourd’hui : le citoyen athénien (français) et le paroissien germano-impérial européen (n’oublions pas que la France est une exception en Europe pour ce qui concerne le statut des Eglises…). Le débat, si débat il doit y avoir, devra donc passer par ces deux figures de l’individualité, en commençant pas juger de la pureté de l’une et de l’autre. Non ? En précisant tout de suite que de cette pureté dépendra la pureté du changement qu’amène avec lui l’apparition de cette nouvelle forme de l’individualité, c'est-à-dire de la fin de la dépendance réciproque.
Cordialement
p

 
dom

21/08/2006
11:34
re : l'universel et le singulier

"peu importe le rôle que l’Eglise a joué dans le mouvement qui nous a mené jusque là, car il appartient de toute façon au passé."

cqfd, alors laisse donc aussi les grecs et autres vendeurs de philo a leurs passés, cela est important comme remarque car ce qui est valable dans une construction doit l'etre pour tout les apports
@+dom
 
paul

22/08/2006
07:49
re : l'universel et le singulier

Dom, je ne comprends pas ta critique. Dans la mesure où je reconnais l'action de l'Eglise je ne vois pas ce qui m'empêcherais d'affirmer aussi l'action des philosophes de l'Antiquité. Je n'en fais pas les vedettes ou les autorités morales du présent !!! Il y a une logique historique qui relie d'ailleurs les uns aux autres (il suffit de voir quelle importance ont les Grecs dans l'oeuvre de St Augustin ou de St Thomas ! C'est un faux problème.
salut
p
 
Henry Faÿ

22/08/2006
10:21
ce n'est pas du tout ça!


<<Malentendu de ta part, Henry. Ici « s’en prendre à l’individu » signifie tout faire pour le dissoudre dans une généralité qui permet la domination et le calcul.>>

Mais une nouvelle fois, je ne vois pas dans le christianisme et encore moins dans le catholicisme le projet de dissoudre l'individu, ce n'est pas du tout ça, il faut reconnaître à cette religion ce mérite, si c'en est un, en tout cas cette originalité. Cette abolition de l'individu n'est pas dans les textes; quand Jésus dit qu'il est difficile à un riche d'entrer dans le Royaume des Cieux, il veut bien dire que le riche n'y entrera pas et que les autres y entreront, peut-être.
Cette abolition de l'individu n'est pas non plus dans la pratique religieuse, la pratique religieuse est si j'ose dire "individualisante", tous les croyants pensent être si j'ose dire, par la prière, en ligne directe avec Dieu, et si on prend par exemple la confession auriculaire, c'est bien une pratique religieuse qui fait la part très belle à l'individu.

On peut faire tous les procès qu'on veut à l'Eglise, ce n'est pas la matière qui manque, il doit bien y avoir des millions et des millions d'ouvrages sur la question, encore faut-il en parler avec justesse, prendre la peine d'être exact, rigoureux, ne pas être systématiquement à côté de la plaque, avoir des arguments fondés sur quelque chose d'écrit ou vécu et pouvoir citer des références.

 
Henry Faÿ

22/08/2006
16:45
tout ce qui dort dans les bibliothèques

des millions, c'est exagéré, disons des centaines de milliers
 
paul

27/08/2006
11:27
re : l'universel et le singulier

Je regrette Henry, que tu t’obstines à débattre de cette question de la relation de l’Eglise et de l’individualité qui n’a de sens que dans la querelle qui a opposé, à l’intérieur même de l’Eglise, les nominalistes et les autres. Les nominalistes se trouvant comme par hasard être les éléments les plus « progressistes » de l’Eglise et défendant la singularité avec acharnement et rigueur.

Je propose de laisser les morts aux morts et de passer au présent. Par exemple la comparaison entre le paternalisme français et le fordisme. Je sais bien que même cela n’est plus d’actualité, mais nous retrouvons toutes ces questions dans l’actualité la plus brûlante. Exemple : le travail temporaire ou le système des chèques anonymes qui permettent de découper en rondelles les carrières de tout un chacun. Bien sûr que l’informatique va permettre de respecter les « droits » fondamentaux de la protection sociale etc… mais que vont devenir les relations humaines dans un système (condamné à se généraliser) qui renvoie toutes les identités dans le disque dur du Serveur Central ?

A supposer que cette manière de rendre le travail anonyme soit même le meilleur possible parce qu’il interdit a priori toute manipulation malhonnête, la question demeure de savoir de quoi seront fait les relations humaines si le travail reste la plus grande partie de l’existence de chaque être humain (cette condition est évidemment essentielle, car on ne peut concevoir le système dont je parle que si le travail devient secondaire, ce que le trend général a de toute façon programmé. La raréfaction du travail n’est pas un mythe contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire, sauf à requalifier la notion de travail elle-même, ce qui se fait ici et là sous toutes sortes de formes.)(des bonnes et des mauvaises).

Tout ceci peut se résumer dans l’expression : perte d’identité. Par bonheur, l’homme réagit toujours quand il y va de cette question, et l’atomisation de la communauté va de pair avec le développement d’instances compensatoires : les associations, les agrégats plus ou moins permanents (ça va du concert de Rock jusqu’aux mouvements sociaux qui peuvent durer désormais des semaines entières), les phénomènes liés à la religion comme les sectes, les comportements mimétiques de reconnaissances dans des symboles (la tête de Che Guevara sur un tee-shirt est un signifiant qui se passe de tout commentaire, mais qui permet une reconnaissance immédiate et un sentiment communautaire presque instinctif).

Et puis, Internet qui travaille les sociétés comme la taupe de Marx. La preuve…. !
Voilà ce qui m’intéresse : évidemment, les réactions dont je parle sont loin de résoudre le problème de la perte d’identité, mais elles indiquent la vivacité du désir de lutter pour ne pas la perdre, au prix de l’uniformité passagère, ce qui peut comporter autant de dangers que de solutions positives. Sous Weimar, les Allemands ont récupéré leur identité dans le militarisme-militant du SPD, ce qui a rendu extrêmement facile le retournement de cette masse ordonnée vers une idéologie dont tout le monde, au demeurant, ignorait alors l’horreur qu’elle pouvait contenir. C’est ça notre problème : et si demain les Européens se retrouvaient tous, tout d’un coup, dans une idéologie aussi simpliste que « l’Europe aux Européens » ? Bis repetita ? Et ne reviens pas me parler du Non, STP, car ce non est la première réaction de refus à un Diktat soigneusement dissimulé aux consciences des citoyens lambda depuis la CECA.

Merci donc d’abandonner la querelle des scolastiques et d’en venir au présent.

paul

 
Henry Faÿ

27/08/2006
21:46
on en parle ou on n'enparle pas?


<<Je regrette Henry, que tu t’obstines à débattre de cette question de la relation de l’Eglise et de l’individualité qui n’a de sens que dans la querelle qui a opposé, à l’intérieur même de l’Eglise, les nominalistes et les autres. Les nominalistes se trouvant comme par hasard être les éléments les plus « progressistes » de l’Eglise et défendant la singularité avec acharnement et rigueur>>.

Les nominalistes défendant la singularité et ses adversaires ne la reconnaissant pas, c'est quelque chose qu'il faut m'expliquer, au moins pour dissiper mes doutes. En attendant, je ne vois pas pourquoi je céderais un pouce de terrain puisque je n'ai toujours pas d'argument et s'il y en a il faut me les apporter. Dans le christianisme, le salut est individuel, en dehors de cette donnée, l'édifice ne tient pas On en parle ou on n'en parle pas? Si on n'en parle pas, il ne faut pas alimenter la discussion par de nouvelles propositions. On n'est pas du tout obligé de revenir à la religion, on peut considérer qu'elle est une survivance d'un autre âge, qu'elle n'a plus la moindre efficace, qu'elle est définitivement "out" on peut certes passer autre chose, mais si on en parle, autant en parler avec justesse.

Pour le reste, je serais plutôt d'accord, mais pour le non au référendum, c'est absurde, le texte du référendum a été préparé par une commission qui procédait du suffrage universel, qui a travaillé pendant des mois et des mois, balançant et contre-balançant les arguments et si le texte a été soumis au vote, on ne peut pas dire qu'il y a pas eu diktat ou menace de diktat, c'est contradictoire.

 
paul

28/08/2006
07:52
re : l'universel et le singulier

Henry,
« Dans le christianisme, le salut est individuel, en dehors de cette donnée, l'édifice ne tient pas »

Mais l’édifice n’a précisément pas tenu !! Saperlipopette, tu pratiques la méthode Coué pour te convaincre du contraire. Si tu es ou si tu te crois Chrétien, alors dis-le, et on laisse tomber cet aspect des choses, mais je trouve un peu sec ton absolution « du reste », qui nous intéresse quand-même un peu plus.

Bon, en ce qui concerne la querelle théologique, il te suffit de lire la Somme de Logique de Guillaume d’Ockham. Quant à moi, je n’ai pas le temps de relire la Somme de St Thomas pour te prouver qu’il n’est pas sur les mêmes ondes que les nominalistes. Je t’envoie à tout hasard un morceau choisi sur la querelle des universaux :

« La querelle soulevée au sujet de la question des idées générales ou des universaux, est célèbre dans l'histoire de la philosophie du Moyen âge, car, pendant une durée de près de trois siècles, elle ne cessa d'agiter les écoles. Pour les scolastiques, qui distinguaient les cinq sortes d'universaux que l'on vient de mentionner, il s'agissait de savoir si les idées générales, ainsi classées, sont de pures conceptions de l'esprit sans réalité objective, ou si ces idées générales représentent des essences ayant une existence réelle.
Les deux solutions opposées ont été affirmées dans l'Antiquité, la première par l'école d'Aristote et celle du Portique. la seconde par l'école de Platon et par l'école Alexandrine . Celle-ci régna généralement dans les écoles du Moyen âge , jusque vers la fin du XIe, siècle (vers 1080), où Roscelin, chanoine de Compiègne, vint soutenir la thèse opposée, et affirmer hardiment que les idées générales ne sont que des abstractions formées après la perception des objets (universalia post rem), et n'ont d'existence que par les mots ou les noms au moyen desquels nous les désignons : de là le mot de Nominalisme employé pour désigner sa doctrine, et celui de Nominalistes ou Nominaux appliqué à ses partisans.
Par opposition, on appela Réalisme la doctrine contraire qui admettait l'existence réelle des universaux, c'est-à-dire l'existence en dehors de l'esprit, de types constitutifs etc……..(si le site t’intéresse je peux t’envoyer son URL, mais il y a mieux que ça).
Mais on n’est pas là pour jouer les Sorbonnards. On peut aussi rester très simple et se demander si une instance comme l’Eglise, avec toute la puissance qu’elle a su déployer (encore aujourd’hui en Alsace), qui exige de la communauté dans son ensemble, c'est-à-dire sans exception, d’accepter une doctrine aussi farfelue que celle qui nous provient du Concile de Nicée, a encore le moindre respect pour l’individu : pourquoi d’ailleurs, cette dictature de la pensée est cela même qui a déclenché toutes les violences religieuses qui ont suivi. Qu’est-ce qu’un hérétique sinon un Chrétien qui veut penser comme il l’entend, interpréter l’Ecriture comme il l’entend et pratiquer le Culte comme il le veut, en un mot être soi et non pas le mouton x d’un troupeau gardé par une chiourme. Non mais, tu ne penses pas assez aux choses pratiques mon ami. Pourquoi hésiterais-je à parler de stalinisme en évoquant la violence avec laquelle l’Eglise a défendu sa doctrine et son culte ? Et malgré toutes les tartufferies post-Vatican II je ne vois pas qu’on ai touché à l’essence de la Doctrine, même si on est passé du Latin aux langues nationales et si on a mis les bouchées doubles pour moderniser le culte (ce que même moi je regrette, athée qui savait aimer les belles choses). Je pourrais encore évoquer ici la libre disposition de son corps, déniée aux clercs comme aux profanes sans pitié à travers les siècles, mais il suffit. Je m’intéresse à l’avenir d’une évolution que rien ne peut plus modifier et qui rendra à l’individu une liberté qui est précisément ce sur quoi j’aimerais qu’on réfléchisse. Et encore une fois, je ne nie en rien l’influence de l’Eglise dans le mouvement historique qui nous a mené à l’individualisme aujourd’hui à la fois diffamée et réclamée.

Les libéraux d’aujourd’hui affirment vouloir supprimer toutes les « dépendances réciproques », ce qui est un objectif remarquable et qui emporte tous mes suffrages. Mais leur méthode ressemble davantage à la construction d’une société-jungle où seule la puissance (toujours l’Energeïa d’Aristote) détermine la valeur (Volonté de Puissance : je doute de l’interprétation de Deleuze, aussi bien de ce concept que de celui de l’Eternel Retour du Même. Je pense plutôt que Nietzsche a ouvert une boîte de Pandore qui n’a pas fini de produire ses effets. Par ailleurs, la puissance a pris la forme de l’argent, d’une chose, chose qui étend son empire sur la nature humaine : c’est ici qu’il y a affrontement entre le matérialisme et l’idéalisme, dans la possession de la matière vivante et pensante. Le tout est de choisir d’accepter ou de refuser cette détermination purement historique, c'est-à-dire aléatoire et de reprendre ses « billes » par rapport à l’attribution, elle aussi aléatoire, de la puissance à l’argent. De l’aventure des Assignats à la dévaluation des années 20, on dispose d’exemples suffisants pour montrer la fragilité de cette détermination qui demeure politique tant qu’elle n’est pas unifiée (dixit Mitterrand lui-même à propos de l’Euro…)

Voilà le problème : quoi faire avec une liberté qui, comme le voulait St Just, nous a été imposée par l’Histoire ? Comment donc, assumer notre singularité sans en faire un enjeu de la puissance ?

pk

 
Henry Faÿ

28/08/2006
12:53
et si nous revenions à nos moutons...

<<Henry,
« Dans le christianisme, le salut est individuel, en dehors de cette donnée, l'édifice ne tient pas »

Mais l’édifice n’a précisément pas tenu !! Saperlipopette, tu pratiques la méthode Coué pour te convaincre du contraire.>>

L’édifice a quand même tenu assez longtemps, deux mille ans, ce n’est pas rien.
Que l’édifice soit entrain de s’effondrer, c’est bien possible, les signes ne manquent pas chez nous, je ne les ignore pas, mais je voyage, j’ai la notion que ce pourrait très bien n’être qu’une vision partielle due à notre appartenance au Vieux Monde, si on sort de la vieille Europe, si on se trouve en Afrique, en Asie, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, le tableau est très différent.
Et puis ce n'est pas notre sujet.

<<Si tu es ou si tu te crois Chrétien, alors dis-le, et on laisse tomber cet aspect des choses,>>
On peut
(i) être chrétien et demander qu’on parle du christianisme avec un souci d’exactitude
(ii) ne pas être chrétien et demander qu’on parle du christianisme avec un souci d’exactitude


<<mais je trouve un peu sec ton absolution « du reste », qui nous intéresse quand-même un peu plus.>>
C’est que cette manière de prendre la tangente à chaque fois que l’argumentation se resserre un peu, je n’apprécie pas.

<<Bon, en ce qui concerne la querelle théologique, il te suffit de lire la Somme de Logique de Guillaume d’Ockham. Quant à moi, je n’ai pas le temps de relire la Somme de St Thomas pour te prouver qu’il n’est pas sur les mêmes ondes que les nominalistes. Je t’envoie à tout hasard un morceau choisi sur la querelle des universaux :

« La querelle soulevée au sujet de la question des idées générales ou des universaux, est célèbre dans l'histoire de la philosophie du Moyen âge, car, pendant une durée de près de trois siècles, elle ne cessa d'agiter les écoles. Pour les scolastiques, qui distinguaient les cinq sortes d'universaux que l'on vient de mentionner, il s'agissait de savoir si les idées générales, ainsi classées, sont de pures conceptions de l'esprit sans réalité objective, ou si ces idées générales représentent des essences ayant une existence réelle.
Les deux solutions opposées ont été affirmées dans l'Antiquité, la première par l'école d'Aristote et celle du Portique. la seconde par l'école de Platon et par l'école Alexandrine . Celle-ci régna généralement dans les écoles du Moyen âge , jusque vers la fin du XIe, siècle (vers 1080), où Roscelin, chanoine de Compiègne, vint soutenir la thèse opposée, et affirmer hardiment que les idées générales ne sont que des abstractions formées après la perception des objets (universalia post rem), et n'ont d'existence que par les mots ou les noms au moyen desquels nous les désignons : de là le mot de Nominalisme employé pour désigner sa doctrine, et celui de Nominalistes ou Nominaux appliqué à ses partisans.
Par opposition, on appela Réalisme la doctrine contraire qui admettait l'existence réelle des universaux, c'est-à-dire l'existence en dehors de l'esprit, de types constitutifs etc……..(si le site t’intéresse je peux t’envoyer son URL, mais il y a mieux que ça).>>

Très beau moment de l'histoire de la philosophie, très bien expliqué mais je n’y retrouve pas notre sujet. Notre sujet, c’est : « Dans le christianisme, le salut est individuel, en dehors de cette donnée, l'édifice ne tient pas » ou bien « Dans la doctrine chrétienne, le salut est-il individuel ? » ou bien « l’individu est-il reconnu dans la doctrine chrétienne ? ».

Je peux supposer que chez les tenants du nominalisme comme chez ceux du nominalisme qui tous rivalisaient pour être les meilleurs serviteurs de l’Église il n'y avait aucune peine à croire à l’âme immortelle et à croire au salut de cette âme. On pouvait leur parler de purgatoire,(je n’ai pas vérifié les dates d’apparition du purgatoire), de Jugement dernier et même de la résurrection de la chair, ça ne leur posait aucun problème.


<<Mais on n’est pas là pour jouer les Sorbonnards. On peut aussi rester très simple et se demander si une instance comme l’Eglise, avec toute la puissance qu’elle a su déployer (encore aujourd’hui en Alsace), qui exige de la communauté dans son ensemble, c'est-à-dire sans exception, d’accepter une doctrine aussi farfelue que celle qui nous provient du Concile de Nicée, a encore le moindre respect pour l’individu : pourquoi d’ailleurs, cette dictature de la pensée est cela même qui a déclenché toutes les violences religieuses qui ont suivi. Qu’est-ce qu’un hérétique sinon un Chrétien qui veut penser comme il l’entend, interpréter l’Ecriture comme il l’entend et pratiquer le Culte comme il le veut, en un mot être soi et non pas le mouton x d’un troupeau gardé par une chiourme. Non mais, tu ne penses pas assez aux choses pratiques mon ami. Pourquoi hésiterais-je à parler de stalinisme en évoquant la violence avec laquelle l’Eglise a défendu sa doctrine et son culte ? Et malgré toutes les tartufferies post-Vatican II je ne vois pas qu’on ai touché à l’essence de la Doctrine, même si on est passé du Latin aux langues nationales et si on a mis les bouchées doubles pour moderniser le culte (ce que même moi je regrette, athée qui savait aimer les belles choses). Je pourrais encore évoquer ici la libre disposition de son corps, déniée aux clercs comme aux profanes sans pitié à travers les siècles, mais il suffit. Je m’intéresse à l’avenir d’une évolution que rien ne peut plus modifier et qui rendra à l’individu une liberté qui est précisément ce sur quoi j’aimerais qu’on réfléchisse. Et encore une fois, je ne nie en rien l’influence de l’Eglise dans le mouvement historique qui nous a mené à l’individualisme aujourd’hui à la fois diffamée et réclamée.>>

C’est changer de sujet et mélanger beaucoup de choses.
Au risque de me répéter , je dirai ceci:
L’autoritarisme de l’Église, je ne le nie pas et je ne nie pas qu’il ait dans l’histoire représenté une sorte de totalitarisme, on peut le juger avec sévérité. Parler de stalinisme, c’est pratiquer un amalgame inutile, c’est faire comme Michel Onfray qui parle de fascisme à propos des cent vingt journées.
Ça fait quand même très longtemps que l’Église n’est plus en mesure d’imposer à une quelconque communauté une quelconque doctrine.
Cet autoritarisme n’avait sauf en cas de domination coloniale rien d’irrésistible (voir Étienne de la Boétie). Les pays scandinaves sont passés sans violence au luthéranisme, le basculement s’est fait, je crois en quelques mois.
L’autoritarisme du catholicisme a ses équivalents dans la plupart des autres religions. Si en pays bouddhiste, 99% de la population est bouddhiste, il doit bien y avoir une contrainte.
Cet autoritarisme n’a jamais nié la personne et l’individualité on pourrait dire au contraire car tel n’était pas son objet. Il est bien connu que les inquisiteurs étaient soucieux du salut de l’âme de ceux qu’ils persécutaient. Les hérétiques ont tenu tête aux autorités ecclésiastiques, les saints aussi.
C’est une naïveté de reprocher au catholicisme les entraves à la libre disposition du corps. Si on a un minimum de notions en anthropologie on sait que toutes les sociétés, donc tous les systèmes socio-religieux imposent à leurs ressortissants des limitations en ce domaine, avec des effets dont on se félicite et qu’on regrette, il est bien difficile de tirer un bilan. Hier, dans l’émission de Jacques Attali, avec Christophe Girard et Philippe Sollers, ils ont fait assaut de libéralisme en matière sexuelle et d’éloge de la permissivité, ils se sont mis à parler de mariages à plus de deux personnes, mais en fin d’émission, Jacques Attali a dit : il y aura toujours des pratiques interdites.



 
paul

29/08/2006
06:57
re : l'universel et le singulier

Cher Henry,

« L’autoritarisme du catholicisme a ses équivalents dans la plupart des autres religions. Si en pays bouddhiste, 99% de la population est bouddhiste, il doit bien y avoir une contrainte »

Là je suis en désaccord total avec toi : le bouddhisme est la seule « religion » (je mets des guillemets car en réalité on ne peut pas définir le Bouddhisme comme une religion dans la mesure où elle ne prône aucun Dieu, ni aucune transcendance) qui s’est répandue sans violence à travers tout l’Extrême-Orient, même sous des régimes impériaux extrêmement dictatoriaux. Et cette réussite était facile à comprendre puisque les moines bouddhistes ne se hasardaient pas à former des « appareils » ou des réseaux de pouvoir comme l’Eglise sous Dioclétien par exemple, se contentant d’encourager les populations à construire des temples où siégeait une représentation du Bouddha. Je pourrais te renvoyer à nombre d’ouvrages historiques de grande qualité qui retracent cette expansion qui n’avait rien d’un missionnariat classique, c'est-à-dire qui s’appuie toujours sur une autorité parallèle laïque. En fait, le Bouddhisme a « séduit » les masses par l’exemple, et précisément parce que ce n’est pas une religion, il ne pouvait pas procéder autrement. Seules des doctrines de la transcendance doivent nécessairement se servir de l’autorité pour s’imposer, alors que le Bouddhisme est une affaire entièrement personnelle. Il faut faire très attention à tous les faux Bouddhisme et à la confusion classique entre cette non-religion et les religions de l’Inde classique qui, comme tous les polythéismes fourmillent de divinités transcendantes. Je ne vais pas m’attarder sur les formes atypiques du Bouddhisme comme le B tantrique, véritable religion politique, une sorte de chiisme qui confond le politique et le religieux, véritable origine du drame tibétain. N’oublions pas, si nous le savons, que le véritable Bouddhisme est le Petit Véhicule, le Grand Véhicule n’étant qu’une déformation dont la cause est précisément la volonté cléricale et autoritaire. Avant la conquête chinoise, le Tibet était un pays où quelque trois millions de paysans entretenaient 500 000 clercs exempts de tout travail et de toute peine. Le Petit Véhicule, au contraire, est très fidèle à la singularité des destins individuels et ne s’embarrasse pas de prosélytisme et se refuse à toute pratique autoritaire.

Je viens de voir une image saisissante filmée récemment dans le Sud du Kivu, un région que tu connais bien, semble-t-il, au point que je me pose des questions, car ces images représentaient le retour d’un archevêque après des années sans autorité religieuse catholique suite à l’assassinat du dernier prélat en 96 je crois. Cette image m’a impressionné car elle représentait en fait l’intronisation de ce nouveau représentant du Vatican, en présence des autorités politiques laïques qui ne faisaient réellement pas bonne mine. Il semblait clair que ce retour à un passé où le clergé belge servait en fait de structure politique à l’ensemble du Congo, ne soit pas du goût des nouveaux dirigeants, et je ne serais pas tranquille à la place de ce monsieur revêtu des vêtements sacerdotaux les plus somptueux, d’une esthétique qui reléguait les uniformes des militaires régnants à la modestie la plus banale. Et lorsqu’on connaît comme toi et moi la fascination des Africains pour le clinquant qu’on peut encore distinguer dans des sectes comme le Mbwuiti ou Kimbanguisme, on comprend le dépit apparent des vrais patrons. Tu cites d’ailleurs l’Afrique et l’Amérique Latine comme espace de survie du Christianisme, mais ce n’est pas aussi certain que ne le suggère les images du Pape JP II rassemblant des millions de latinos en transes : l’interdit du contrôle des naissances que ce même Pape a tellement promu, est tout simplement ignoré par les femmes, au point que les démographes constatent que l’Amérique Latine est en train de rejoindre les pays occidentaux quant à leur indice de renouvellement de la population. Au cours de ces trente dernières années, ce taux est passé de 5-6 à 2,1, c'est-à-dire à la limite de reproduction nette de la population. Preuve indéniable que le Vatican a échoué sur ce plan au moins. Je n’ai aucune prétention quant à la Foi des latinos, mais c’est leur affaire, tandis que la démographie mondiale est celle de chacun d’entre-nous.

Je conclus donc tout naturellement sur le constat selon lequel l’instinct d’autodéfense de l’individu est plus fort que tout impérialisme politique ou culturel, que cette force soit consciente et organisée ou qu’elle se réfugie dans l’inconscient, en attendant son heure comme nous l’avons fait pendant quelques millénaires… Mais moi aussi j’attends que tu répondes à mes questions concernant notre présent, et notre sortie du communautarisme culturel, social, politique et économique. La balle est dans ton camp.
Cordialement
p


 
Henry Faÿ

01/09/2006
22:30
des points de vue aussi opposés que possible


Christianisme bouddhisme, des points de vue aussi opposés que possible
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<<« L’autoritarisme du catholicisme a ses équivalents dans la plupart des autres religions. Si en pays bouddhiste, 99% de la population est bouddhiste, il doit bien y avoir une contrainte »

Là je suis en désaccord total avec toi : (…) En fait, le Bouddhisme a « séduit » les masses par l’exemple, et précisément parce que ce n’est pas une religion, il ne pouvait pas procéder autrement. Seules des doctrines de la transcendance doivent nécessairement se servir de l’autorité pour s’imposer, alors que le Bouddhisme est une affaire entièrement personnelle.>>


J’ai de la sympathie pour le bouddhisme mais il faut se méfier des légendes dorées autant que des légendes noires. Le bouddhisme est une doctrine de paix qui prône non seulement la non-violence mais la compassion universelle qui pas plus que d’autres doctrines religieuses n’est pas parvenu à faire barrage à la violence comme l’histoire tragique du Cambodge contemporain l’a montré. De ce point de vue, christianisme et bouddhisme sont à égalité. Je ne sais pas si la conversion des pays au bouddhisme s’est faite sans violence et ça m’étonnerait plutôt. Quand je vois des taux de près de 100%, je me méfie et je me dis qu’il y a anguille sous roche, il pourrait bien y avoir eu au moins des contraintes.

<<les moines bouddhistes ne se hasardaient pas à former des « appareils » ou des réseaux de pouvoir comme l’Eglise sous Dioclétien par exemple, se contentant d’encourager les populations à construire des temples où siégeait une représentation du Bouddha.>>

Alors là ! Des appareils et des réseaux de pouvoir, dans un pays comme le Cambodge qui est un pays de bouddhisme « petit véhicule », on peu dire aussi "theravada", il y en a et comment ! Mais dans un pluralisme qui étonne le visiteur. Il y a les pagodes PPC (parti du peuple cambodgien), Hun Sen, l’actuel Premier Ministre, fait couler dans le béton sur les façades des pagodes son logo personnel, le « h » de la langue khmère pour bien montrer que c’est lui qui a payé et il y a des pagodes FUNCINPEC, (parti royaliste du Prince Ranariddh) beaucoup moins nombreuses. Les pagodes sont un enjeu politique très important, quand les vénérables envoient les moines défiler, c’est un événement et on a vu ça aussi au Viet-Nam pendant la guerre.


<<alors que le Bouddhisme est une affaire entièrement personnelle.>>

Non. Au Cambodge, le Bouddhisme a au Cambodge un poids sur la société absolument considérable, qui s’est renforcé des dernière années après la chute du régime pro-vietnamien, je ne sais pas si le pays est officiellement laïque, dans les faits, il ne l’est pas. Quand on est dans le pays, on en voit les bons côtés, les pagodes si accueillantes aux vieux, aux malades, aux étudiants, aux jeunes travailleurs, et aussi aux étrangers, la profusion des fêtes, des rites funéraires admirables qui durent des jours et des jours et engloutissent les économies des familles, alors que chez nous, s’il s’agit d’une crémation le corps du défunt mis sur des rails est traité comme un déchet de l’industrie. L’obligation de subvenir aux besoins des moines, qui s’ils ne sont pas aussi nombreux qu’au Tibet le sont néanmoins est un aspect très important de cette religion et fortement institutionnalisé depuis les origines, je ne saurais dire si ça se fait de manière totalement volontaire ou s’il s’agit d’une sorte de dîme, ce que je sais, c’est que le poids économique des pagodes est absolument énorme. Pendant la période des Khmers Rouges, toutes les pagodes ont été détruites, elles ont toutes été reconstruites alors que le pays n’est pas riche et se rétablit lentement. Quand on est chrétien, si on veut faire une bonne action, on donne de l’argent aux pauvres. Si on est bouddhiste, on donne de l’argent au vénérable qui dirige la pagode, qui lui est extrêmement riche et qui éventuellement redistribuera l’argent, les pauvres, eux, pas la peine de s’en occuper, ils ne peuvent rien pour vous et s’ils sont dans cet état, c’est qu’ils ont fait des fautes terribles dans des vies antérieures.

<<N’oublions pas, si nous le savons, que le véritable Bouddhisme est le Petit Véhicule, le Grand Véhicule n’étant qu’une déformation dont la cause est précisément la volonté cléricale et autoritaire.>>

C’est faire preuve d’outrecuidance que d'où nous sommes prétendre dire où est le véritable bouddhisme, ce qui n'a pas forcément de sens dans cette doctrine qui ignore le dogmatisme. Volonté cléricale et autoritaire, c’est une vision très PK. Le Mahayana qui s’est étendu en Chine, au Japon, en Corée, au Viet-Nam correspondait sans doute mieux à la culture de ces pays et aux aspirations religieuses des populations qui ont besoin d’adorer de prier et de pratiquer les rites. L’histoire des religions en Chine est compliquée (rien que l’article de wikipédia) mais depuis les persécutions de la fin du VIIIe siècle, le bouddhisme qui s’est trouvé en situation d’ infériorité et n’a pas beaucoup eu l’occasion d’être autoritaire.



<Le Petit Véhicule, au contraire, est très fidèle à la singularité des destins individuels et ne s’embarrasse pas de prosélytisme et se refuse à toute pratique autoritaire.>>

Il est vrai que dans le petit véhicule ou Theravada, le « salut » est réputé individuel ce qui veut dire qu’on ne peut pas compter comme dans le Mahayana sur l’assistance des boddisattva, qu’il n’y a rien qui ressemble à une « communauté des saints » le « salut » ou la « perdition » est un processus automatique, on fait une bonne action, on obtient un bon karma, on en fait une mauvaise, on obtient un mauvais karma, il n’y a absolument pas ce rapport personnel avec la divinité qu’il y a dans le christianisme ; j’aurais du mal à parler de « singularité des destins individuels », car c’est finalement l’abolition d’un destin propre qui attend les humains puisque dans le bouddhisme le moi est une illusion et que selon la doctrine du samsara, du cycle de transmigration chaque vie n’est qu’un maillon infime dans un immense « flux de conscience » qui se charge et se décharge à chaque réincarnation en bon et en mauvais karma jusqu’à ce que tout mauvais karma soit éliminé et que le nirvana soit atteint.

Je suis bien convaincu que l’option chrétienne dans laquelle la singularité individuelle a un statut extraordinairement élevé, préservée pour l’éternité et quasi-divinisée est vue par les bouddhistes et aussi les hindouistes comme quelque chose de grossier, de naïf, d’absurde. Ils doivent se dire, mais ces chrétiens, comment peuvent-ils être à ce point vaniteux, à ce point attachés à leur petite personne pour croire à quelque chose d’aussi aberrant et de ridicule, comment peuvent-ils se laisser aller à cultiver ainsi leur petit moi ?


<<Tu cites d’ailleurs l’Afrique et l’Amérique Latine comme espace de survie du Christianisme, mais ce n’est pas aussi certain que ne le suggère les images du Pape JP II rassemblant des millions de latinos en transes : l’interdit du contrôle des naissances que ce même Pape a tellement promu, est tout simplement ignoré par les femmes, au point que les démographes constatent que l’Amérique Latine est en train de rejoindre les pays occidentaux quant à leur indice de renouvellement de la population. Au cours de ces trente dernières années, ce taux est passé de 5-6 à 2,1, c'est-à-dire à la limite de reproduction nette de la population. Preuve indéniable que le Vatican a échoué sur ce plan au moins.>>


J’ai parlé du christianisme et non du catholicisme car le catholicisme est en Afrique comme en Amérique Latine en perte de vitesse, très sévèrement concurrencé par des « églises du réveil », néo-évangéliques, néo-apostoliques, pentecôtistes etc. qui non seulement font fureur mais attirent à elles des personnes éminentes, très sincères, soucieuses de spiritualité authentique et du bien commun. Ces églises, en Afrique, comme l’a noté Stephen Smith dans son livre négrologie réussissent à faire barrage au fétichisme, à libérer les personnes de la peur qui les tenaille d’être atteintes par les mauvais sorts. Ces églises « du réveil » n’ont pas fait la guerre au préservatif. Amen




 
Henry Faÿ

01/09/2006
22:40
erratum

Non pas fin VIIIe siècle mais milieu IXe siècle.
La grande persécution date de 845.
Voici un petit bout de l'article de wikipédia:

<<Des oppositions à la nouvelle religion subsistent néanmoins. Le coût financier et social de l’entretien des moines et nonnes est considéré comme prohibitif par certains. L’impératrice Wu Zetian, qui tente d’établir sa propre dynastie, fait souffler le chaud et le froid, appuyant le bouddhisme ou confisquant ses biens selon l’intérêt politique. En 845 l’empereur Wuzong, fortement hostile aux religions étrangères (bouddhisme, nestorianisme, zoroastrisme), les interdira totalement. 4600 monastères et 40 000 temples seront confisqués, 260 500 moines et nonnes renvoyés à la vie civile. La mesure sera levée au bout d’un an mais portera un coup fatal à de nombreuses écoles.>>




 
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