Discussions annexes, bavardages politiques, hors-sujet divers... (archives 3003-2008)

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Henry Faÿ

08/08/2006
18:42
pourquoi on a inventé la démocratie

J'ouvre un fil pour reclasser une discussion sur la démocratie qui se trouvait assez mal dans un fil consacré aux mérites de jacques Attali


paul
06/08/2006
08:49 re : C'est Jacques Attali qu'il nous faut
Henry,
Et cependant si. En te relisant en diagonale depuis le début de ta présence sur ces deux forums, je pense qu'on peut te classer parmi les partisans de l'oligarchie comme mode de souveraineté. Ergo : Athena delenda est ! Mais il est sans doute vrai aussi que nous parlons de deux Athènes totalement différentes. Celle des hégémoniaques maritimes ne devrait pas de déplaire. Mais la vertueuse Cité de Clisthène te ferait plutôt peur, comme la Révolution Française fait tellement peur aujourd'hui encore !
C'est pourquoi tu ne peux pas t'empêcher de conclure chaque fois, à l'instar de Caton l'Ancien : et voilà pourquoi il aurait fallu voter Oui à la Constitution de l'Europe : tu es incapable d'accepter la Parole du Peuple.
Pour ma part je n'affirme nulle part que ton opinion est indéfendable, peut-être seulement mal défendue.
toujours cordialement
pk

Henry Faÿ

06/08/2006
10:36 re : C'est Jacques Attali qu'il nous faut


Me relire, même en diagonale depuis le début de ma présence je ne sais pas qui serait assez masochiste pour faire une telle chose, pas moi en tout cas.

C'est me faire beaucoup de procès, et de mauvais. Je ne suis absolument pas partisan de l'oligarchie comme mode de souveraineté, cette idée me fait horreur, je ne sais pas où tu as vu ça. On était parti des béotiens incultes qui voulaient détruire la magnifique cité, je ne sais pas si historiquement c'est exact en tout cas j'ai toujours aimé les belles villes et tout ce qu'elles contiennent, le vandalisme me fait horreur.
J'aurais été partisan de Clisthène qui a mis fin au pouvoir des aristocrates et qui a mis en oeuvre un vaste programme de réformes. J'admire les réformateurs, ce qui me différencie de la plupart des participants de forum, tous ceux qui me portent la contradictions en tiennent pour un pesant immobilisme. Il y a un réformateur que j'admire beaucoup, c'est Gladstone.
La Révolution française a été pour notre pays un immense échec. La première phase a été magnifique puis il y a eu la Terreur, puis le Directoire dont la politique était à certains égards aberrante, puis cette détestable aventure militaire napoléonienne qui s'est terminée par un désastre avec pour résultat l'hégémonie britannique bien consolidée pour longtemps.

Est-il vrai que le peuple ne se trompe jamais? Ce serait bien étonnant. Je ne vois pas pourquoi ces décisions ne seraient pas interrogées à la lumière des faits et de leurs conséquences, ne serait-ce que pour en prendre de meilleures dans l'avenir.


paul

07/08/2006
06:24 re : C'est Jacques Attali qu'il nous faut

Je retiens ce message et vais l'encadrer au-dessus de ma cheminée (imaginaire). Il reste que ta sortie contre la Révolution Française liquide ce beau château de cartes. Serais-tu de ceux qui veulent le beurre et l'argent du beurre ? Des omelettes sans oeufs cassés ? M'aurait étonné que tu cites Disraéli au lieu de Gladstone, et pourtant je pense qu'en profondeur l'influence de Disraéli sur la vie politique qui a suivi aura été bien plus profonde. Mais je sais aussi reconnaître les vertus de Gladstone, ce Raymond Barre qui a eu la chance de diriger un autre pays que la France...

Avec tes phrases bien frappée sur la RF et Napoléon tu me tends un piège dans lequel je ne tomberai pas, sauf à rappeler pour la nième fois que, de même que la RF n'est pas encore terminée, de même je n'ai pas encore pardonné à la perfide Albion la trahison du Traité d'Amiens. Les deux événements sont d'ailleurs étroitement liés.

Quant à ta détestation de la démocratie elle est visible à l'oeil nu sans lunettes dans tes dernières propositions. C'est que tu n'as jamais compris le principe de la démocratie qui ne s'occupe pas de vérité ou d'erreur, mais de volonté encadrée par une Constitution et un rythme électoral. Ton refus intellectuel de laisser le peuple se tromper trahit ce que j'ai dit la dernière fois, tu n'arrive décidément pas à dissimuler ta préférance pour une bonne oligarchie.

Si seulement tu voulais comprendre pourquoi on a inventé la démocratie ! Ce n'est pas pour cultiver le vrai (dont tout le monde se fout et à commencer tes amis les pragmatistes), mais pour permettre aux sociétés d'assumer l'essence ludique de l'être humain et de l'Être tout court. La démocratie est par définition erratique dans les finalités de ses différents élus,(elle n'est pas génétiquement de gauche, Clisthène était un aristocrate) tandis que les autres formes de souveraineté se nourrissent de la prétention de gouverner en fonction du Bien Public, ce que même pas Hobbes ne peut croire. Lui, au moins, dit le vrai quant à la nature et aux finalités de toute forme de pouvoir. Là où il achoppe c'est à cause de son esprit mercantile, à ne définir l'être humain que comme un prédateur vaniteux et sadique.

Vive les erreurs des peuples ! Mais à propos, quels peuples ? hi hi Le Non qui te chagrine tant n'est pas un non démocratique, mais un Non sans figure politique, donc sans responsables. Quand l'Europe aura choisi sa forme politique on verra, pour l'instant tu n'as aucun droit de reprocher quoi que ce soit aux peuples de ce continent ni à ceux qui n'ont pas voté comme toi. Je ne comprends définitivement pas comment tu peux admettre la méthode bordélique qui a été utilisée, à dessein, pour décider d'une chose aussi sacrée qu'une Constitution ! je te mets au défi de justifier cette monstruosité historique qui à elle seule méritait 100% de Non.
et maintenant réponds pour de bon et ne te défile pas STP
vale

Henry Faÿ

08/08/2006
18:31 pourquoi on a inventé la démocratie


<<Je retiens ce message et vais l'encadrer au-dessus de ma cheminée (imaginaire). Il reste que ta sortie contre la Révolution Française liquide ce beau château de cartes. Serais-tu de ceux qui veulent le beurre et l'argent du beurre ? Des omelettes sans oeufs cassés ?>>

La Révolution Française, c’est beaucoup d’œufs cassés pour pas beaucoup d’omelette, ou pour une omelette complètement ratée. Je ne marche pas.

<<M'aurait étonné que tu cites Disraéli au lieu de Gladstone, et pourtant je pense qu'en profondeur l'influence de Disraéli sur la vie politique qui a suivi aura été bien plus profonde.>>

Ce n’est pas tout de même pas de ma faute

<< Mais je sais aussi reconnaître les vertus de Gladstone,>>

C’est bien le moins pour quiconque a l’ambition de connaître l’histoire contemporaine. Je note que ce personnage aux vues très originales pour l’époque (croyance en une Angleterre triomphant par la justice) et à l’œuvre considérable est peu connu en France, très rarement évoqué.

<<ce Raymond Barre qui a eu la chance de diriger un autre pays que la France...>>

À mon avis rien à voir.

<<Avec tes phrases bien frappée sur la RF et Napoléon tu me tends un piège dans lequel je ne tomberai pas, sauf à rappeler pour la nième fois que, de même que la RF n'est pas encore terminée,>>

Faire durer la Révolution Française jusqu’à nos jours, c’est pratiquer le confusionnisme le plus total, dans ces conditions, impossible de savoir de quoi on parle.

<<de même je n'ai pas encore pardonné à la perfide Albion la trahison du Traité d'Amiens. Les deux événements sont d'ailleurs étroitement liés.

Quant à ta détestation de la démocratie elle est visible à l'oeil nu sans lunettes dans tes dernières propositions.>>

Si je détestais la démocratie, hypothèse absurde et que je récuse, je n’aurais pas cité Gladstone qui fit voter en 1872 une loi pour le secret du vote et en 1884 une loi électorale qui rendait le suffrage presque universel. Si un homme d’État a bien mérité de la démocratie, c’est lui.


<<C'est que tu n'as jamais compris le principe de la démocratie qui ne s'occupe pas de vérité ou d'erreur, mais de volonté encadrée par une Constitution et un rythme électoral. Ton refus intellectuel de laisser le peuple se tromper trahit ce que j'ai dit la dernière fois, tu n'arrive décidément pas à dissimuler ta préférance pour une bonne oligarchie.>>

Je n’ai absolument aucune préférence pour l’oligarchie et je connais assez bien l’histoire universelle pour savoir que les oligarchies ne sont pas prémunies contre les erreurs les plus funestes. Il se trouve que sur ce point nous sommes d’accord et que cet accord est consigné dans une discussion précédente. Il faut distinguer démocratie représentative et démocratie directe. Dans la démocratie représentative il a choix des équipes qui ne sont ni des vérités ou des erreurs mais des options qui renvoient à des conceptions politiques et à des appréciations sur les qualités des hommes. Dans la démocratie directe, il y a prise de la décision laquelle peut dans certains cas être jugée erronée et tout à fait malencontreuse. Il se trouve que tu avais écrit que la vraie démocratie, c’était la démocratie représentative et non la démocratie directe, ce qui avait suscité la désapprobation de quelques participants au forum. Je vois dans le référendum de l’année dernière un exercice de démocratie directe particulièrement malencontreux, il est vrai que les Français, qui y sont peu habitués, ne jouent pas le jeu, ils ne répondent pas à la question posée.

<<Si seulement tu voulais comprendre pourquoi on a inventé la démocratie ! Ce n'est pas pour cultiver le vrai (dont tout le monde se fout et à commencer tes amis les pragmatistes), mais pour permettre aux sociétés d'assumer l'essence ludique de l'être humain et de l'Être tout court. La démocratie est par définition erratique dans les finalités de ses différents élus,(elle n'est pas génétiquement de gauche, Clisthène était un aristocrate) tandis que les autres formes de souveraineté se nourrissent de la prétention de gouverner en fonction du Bien Public, ce que même pas Hobbes ne peut croire. Lui, au moins, dit le vrai quant à la nature et aux finalités de toute forme de pouvoir. Là où il achoppe c'est à cause de son esprit mercantile, à ne définir l'être humain que comme un prédateur vaniteux et sadique.>>

Je crois surtout que la démocratie met en œuvre deux principes auxquels on ne peut qu’être viscéralement attaché : celui de la liberté. La liberté ne trouve dans la démocratie ses limites que dans des contraintes qui sont consenties lors du vote de lois qui émanent des représentants de la souveraineté populaire ; celui de l’égalité : ceux qui nous gouvernent sont nos égaux, ils n’ont pas d’autre supériorité que celle d’avoir à titre provisoire été désignés par le vote populaire.

Pour ce qui est de l’essence ludique de l’être humain et de l’Être tout court, je note qu’effectivement, ceux que j’appelle les vieux cons et qui s’ils sont démocrates, le sont avec tiédeur n’ont que sarcasmes à l’égard de la prolifération des fêtes, cf. la discussion sur l’émission d’Alain Finkielkraut avec Philippe Muray et Philippe Meyer dans le fil répliques-second fil.

<<Vive les erreurs des peuples ! Mais à propos, quels peuples ? hi hi Le Non qui te chagrine tant n'est pas un non démocratique, mais un Non sans figure politique, donc sans responsables. Quand l'Europe aura choisi sa forme politique on verra, pour l'instant tu n'as aucun droit de reprocher quoi que ce soit aux peuples de ce continent ni à ceux qui n'ont pas voté comme toi. Je ne comprends définitivement pas comment tu peux admettre la méthode bordélique qui a été utilisée, à dessein, pour décider d'une chose aussi sacrée qu'une Constitution ! je te mets au défi de justifier cette monstruosité historique qui à elle seule méritait 100% de Non.
et maintenant réponds pour de bon et ne te défile pas STP>>

Je n’ai aucune raison de me défiler car à cela j’avais déjà répondu dans une de nos discussions précédentes, c’est donc très volontiers que je reprends ce point.
La méthode bordélique employée, c’est la règle de l’unanimité.
Cette règle de l’unanimité est très paralysante, mais c’est la seule qui puisse être employée pour que l’ensemble politique soit constitué en respectant la souveraineté des États membres. C’est le respect de cette règle qui consacre le libre choix des peuples à participer à l’ensemble. Autrement, cet ensemble n’aurait aucune légitimité.
Puisque la règle de l’unanimité (méthode bordélique) s’imposait pour les raisons de principe que j’ai dites, il fallait comprendre la difficulté aussi bien que les enjeux et ne pas rejeter ce texte qui permettait dans certains domaines importants la transition entre le vote à l’unanimité, paralysant et « bordélique » et la procédure normale, efficace et rationnelle qui est le vote à la majorité.
Si on se disait européen, si on l’était sincèrement, il fallait tout faire pour faire triompher le oui pour permettre cette difficile transition. Ceux qui disaient « je vote non parce que je suis européen, ou je suis trop européen pour voter oui » n’avaient en fait rien compris ; ou bien ils n’avaient rien compris, ou bien c’était un moyen commode de refuser une Europe qu’ils n’approuvaient que du bout des lèvres.



Henry Faÿ
08/08/2006
18:36 mettre un peu d'ordre sur ce forum

Plus aucun rapport entre cette discussion sur la la Révolution Française, la démocratie, Gladstone, le non au référendum et Jacques Attali.
Je vais reclasser ça sur le forum bleu
C'est fait


 
paul

09/08/2006
07:13
re : pourquoi on a inventé la démocratie

"Si je détestais la démocratie, hypothèse absurde et que je récuse, je n’aurais pas cité Gladstone qui fit voter en 1872 une loi pour le secret du vote et en 1884 une loi électorale qui rendait le suffrage presque universel. Si un homme d’État a bien mérité de la démocratie, c’est lui."

Tu passes un peu vite sur l'influence de la Reine Victoria qui n'avait rien à voir avec notre Elizabeth et tu raisonnes donc comme si Gladstone avait joui du même pouvoir que Tony Blair, ce qui est faux.

"Cette règle de l’unanimité est très paralysante, mais c’est la seule qui puisse être employée pour que l’ensemble politique soit constitué en respectant la souveraineté des États membres. C’est le respect de cette règle qui consacre le libre choix des peuples à participer à l’ensemble. Autrement, cet ensemble n’aurait aucune légitimité."

Je crois que tu n'as pas compris ce dont je parlais : j'évoquais en réalité non pas le dilemme entre unanimité et proportionnalité, mais les différences entre les modes d'acceptation ou de refus de cette Constitution. Referendum ici, Chambres là-bas. Si tu maintiens avoir bien compris, tu nous serts là une fiction sur l'avenir sur une base éternellement source de remise en question. Les Italiens ou les Espagnols pourrons toujours affirmer qu'on ne leur avait rien demandé, et ces exemples tombent particulièrement bien à la lumière du destin ultérieur de Berlusconi et d'Aznar. Mais restons fermement attachés aux principes : pour partager le futur il faut le préparer en commun et non pas laisser fermenter une mélasse de démocratie directe et de démocratie représentative.

je suis appelé ailleurs, malgré ma fatigue, mais je reviendrai, ce fil peut devenir intéressant comme celui sur lequel je viens de m'épuiser et qui te répond d'ailleurs aussi sur l'autre forum. Etant donné notre statut, c'est à dire des particuliers sans responsabilité politique directes ni afffirmées conditionnellement, nous pourrions devenir ici de très bons joueurs...D'accord donc pour ta sortie sur la liberté, à condition que cette liberté soir porteuse de vérité. Cord.

 
Henry Faÿ

09/08/2006
10:14
la même problématique


<<Je crois que tu n'as pas compris ce dont je parlais : j'évoquais en réalité non pas le dilemme entre unanimité et proportionnalité, mais les différences entre les modes d'acceptation ou de refus de cette Constitution. Referendum ici, Chambres là-bas.>>

La plus grande difficulté, la seule, la vraie, c'est la la règle de l'unanimité, qui peut faire tout capoter, qui a tout fait capoter. La règle de l'unanimité, c'est le cauchemar. Il faut en sortir, mais en passant par elle. La diversité des procédures d'acceptation ne pose pas tellement de problèmes. De toutes façons, on est dans la même problématique, les pays étant souverains ont le choix du mode d'approbation du traité constitutionnel et leurs système constitutionnels sont différents, certains autorisent le référendum, d'autres non. De toutes façons, toutes ces procédures émanent de le souveraineté populaire, elles sont donc valides.

<< Si tu maintiens avoir bien compris, tu nous serts là une fiction sur l'avenir sur une base éternellement source de remise en question. Les Italiens ou les Espagnols pourrons toujours affirmer qu'on ne leur avait rien demandé, et ces exemples tombent particulièrement bien à la lumière du destin ultérieur de Berlusconi et d'Aznar.>>

Bien évidemment, la chute de Berlusconi et d'Aznar n'a pas remis en cause l'approbation de ces deux pays du Traité Constitutionnel. En Espagne, il y a eu un référendum. Ils ne pourront pas dire qu'on ne leur a rien demandé. De toutes façons il n'y a pas de raison qu'une une fois adoptées, les approbations soient remises en question. Pas de motif juridique. Bien entendu, tout cela dépendra du désir de faire partie de l'ensemble. Si ce désir s'érode, la construction juridique s'effondrera. Je ne crois pas que ceux qui en France ont voté non aient tout fait pour renforcer chez nos partenaires européens le désir de faire partie de l'Union Européenne et de la renforcer.

<< Mais restons fermement attachés aux principes : pour partager le futur il faut le préparer en commun et non pas laisser fermenter une mélasse de démocratie directe et de démocratie représentative.>>

Préparer le futur en commun, on ne fait que ça. Une mélasse, c'est une métaphore peu claire. La démocratie directe, même si elle n'a pas notre préférence a ses partisans, on ne saurait récuser sa légitimité.


 
paul

29/08/2006
08:23
re : pourquoi on a inventé la démocratie



Henry, je te cite :
« La diversité des procédures d'acceptation ne pose pas tellement de problèmes. De toutes façons, on est dans la même problématique, les pays étant souverains ont le choix du mode d'approbation du traité constitutionnel et leurs système constitutionnels sont différents, certains autorisent le référendum, d'autres non. De toutes façons, toutes ces procédures émanent de le souveraineté populaire, elles sont donc valides. »

Et passez muscade ! Je proteste avec la dernière énergie contre tes propres contradictions : d’une part tu te déclares partisan de la Démocratie Représentative, ce sur quoi il semblerait que nous soyons d’accord, de l’autre tu mets sur un même plan l’unanimité (principe qui fonde essentiellement la pratique du référendum) et la représentativité. Non , non et non.

Explication : le référendum a sa source conceptuelle et pratique dans le plébiscite, forme historique de l’unanimité (César Jules en est mort simplement parce que les conjurés craignaient des intentions de plébiscite). On ne peut donc pas confondre la DR et le Référendum. QUI a introduit le Référendum dans la vie politique française ? Un certain général De Gaulle, qui s’est fait proprement plébisciter. Sa démission en 69 démontre a contrario la nature unanimiste du référendum, le général faisant de ce scrutin une affaire personnelle, c'est-à-dire plébiscitaire (il l’avait même annoncé sans pudeur). Cela signifie quoi ? Cela signifie qu’une majorité qui porte sur un seul nom est l’équivalent de l’unanimité = plébiscite.

L’unanimisme est une thèse défendue par quelques farfelus certainement avinés le jour où ils ont exprimé cette idée, mais il est aussi la face cachée du fascisme, comme du reste le plébiscite. Car si l’unanimité de sort pas des urnes, elle peut sortir du tranchant des épées ou du canon des fusils, ça c’est déjà vu souvent et je crois que Machiavel la classe parmi les moyens comme les autres de s’emparer du pouvoir.

Pourtant, il y a toujours un reste d’unanimisme dans la pratique démocratique, la preuve en étant la règle de la majorité des 2/3 pour certains scrutins portant sur les questions fondamentales (la Constitution par exemple) ou sur un homme (élection du Chef de l’Etat, pratique qui a encore lieu dans quelques pays européens, il me semble, après que nous l’ayons abandonnée pour le référendum…). A noter que dans notre régime quasi bipartisan, les résultats de ce genre de scrutin se situe toujours autour du fameux 82,2 % . hi hi ! Chirac : en voilà un qui a réussi à se faire plébisciter à la faveur de la bêtise de la majorité sortante. Donc : en régime démocratique, tout résultat d’un référendum a la valeur d’un plébiscite tout simplement parce qu’il écarte du jeu le pouvoir des partis et donc de la représentation réelle du pays.

Je concède la nature un peu casuistique de cette démonstration, mais la casuistique n’a pas toujours tort (il me semble que tu l’as dit toi-même un jour que nous évoquions les Jésuites, non ?). Ce qui fait que je ne suis pas près de digérer le « coup » du référendum sur la Constitution Européenne. Point Barre. (la comparaison de Gladstone et de Barre était toute intuitive et me renvoie à des lectures tellement anciennes que j’aurais du mal à l’expliquer en détail, mais tu me concèderas au moins que les caractères se ressemblent si on exclut la « rondeur » que prend le ton de Raymond sur ses vieux jours. Tu concèderas également le fait que Barre et Gladstone partagent étroitement les idées libérales, contrairement à Disraéli le protectionniste. La Reine Victoria eut d’ailleurs le génie de se servir de l’un et de l’autre de la manière la plus efficace pour l’Empire.
Bonne lecture
p




 
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