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vile toque 16/04/2005 23:14 |
L'Europe à 15, 25, 35... pourquoi faire? |
Le débat constitutionnel devient assez ennuyeux alors j'ai envie de mettre les pieds dans le plat : euh au fait pourquoi ou pour qui fait-on l'Europe? C'est pour reconstituer l'Empire de Charlemagne? |
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David Vincent 16/04/2005 23:46 |
re : L'Europe à 15, 25, 35... pourquoi faire? |
C'est sans doute pour nous tourner plus facilement en esclavage, pomper nos ressources et parasiter une autre planète. Avez-vous remarqué que les commissaires européens ne peuvent pas plier leur petit doigt. Moi j'ai décidé de voter non depuis que je m'en suis aperçu. ![]() DV |
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Henry Faÿ 17/04/2005 10:16 |
reconstituer l'empire de Charlemagne |
<<Le débat constitutionnel devient assez ennuyeux alors j'ai envie de mettre les pieds dans le plat : euh au fait pourquoi ou pour qui fait-on l'Europe? C'est pour reconstituer l'Empire de Charlemagne?>> L'empire de Charlemagne est cité comme un petite galégade mais si on connaît l'histoire, on sait que cette période qui s'étend de 768 à 840 (mort de Louis le Pieux) a été une éclaircie civilisationnelle après des siècles de barbarie, une période de pacification intérieure, de relative prospérité, de rayonnement intellectuel (Alcuin, Paul Diacre, Théodulf) et que sa disparition a vu le retour des troubles et de la barbarie pou encore quelques siècles. Pourquoi la construction européenne? Excusez moi si j'ai l'air un peu pompeux, C'est une question de civilisation. Celui qui explique ça très bien, c'est Jeremy Rifkin, son intervention dans l'émission du petit Nicolas mériterait bien que j'en fasse un compte-rendu détaillé. Désunis, les pays européens sont vassalisés. Ils sortent de l'histoire et les grandes aventures de l'esprit ne les concernent plus, elles ont lieu ailleurs. Dans un certain nombre de messages, les intervenants s'effarouchent de l'appartenance de la majorité des pays membres à l'OTAN. L'OTAN est un aspect parmi d'autres de cette vassalisation, un des plus sérieux, il est vrai. Quand on n'a pas sa défense propre, quand on appartient à une alliance inégale, on n'est pas indépendant. Cette vassalisation par l'OTAN est un problème à résoudre; si de ce problème à résoudre vous en faites un obstacle à la solution du problème, vous êtes dans un cercle vicieux. ![]() |
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Nazdeb 17/04/2005 20:09 |
re : L'Europe à 15, 25, 35... pourquoi faire? |
Donc, on résume : - la volonté centrale qui motive les pays réunis autour du projet de constitution est de se dévassaliser des Etats-Unis (et de l'Otan, par extension) - pour cela, ils ne trouvent rien de mieux que d'écrire dans le texte qu'ils doivent respecter les décisions de l'Otan. Cela n'est pas du tout une façon de prouver cette envie d'indépendance. On n'arrête pas de reprocher aux partisans du non que leur attitude n'est pas la meilleure preuve de leur soutien à la construction européenne. Mais quelle preuve les bâtisseurs du projet donnent-ils, avec un tel texte, de leur envie de construire une Europe indépendante sur le plan international ? Ils montrent en réalité le contraire de l'intention que tu leur attribues. Henry, la tonalité débonnaire de tes explications est agréable, mais il ne faut pas non plus trop se mettre le doigt dans l'oeil. Que les politiciens écrivent une nouvelle constitution sans vassalisation avec l'Otan, alors ils seront plus conformes à l'attitude que tes voeux projettent et peut-être beaucoup de gens commenceront à imaginer la possibilité de dire oui. Mais d'ici là... ![]() |
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Henry Faÿ 17/04/2005 23:23 |
comment assurer l'indépendance de l'Europe? |
Si on réfléchit, la démarche qui consiste à construire un ensemble politique est la même que celle qui est d'assurer son indépendance, sinon il y a incohérence totale. De toutes façons, l'unité est la condition sine qua non de l'indépendance, c'est pourquoi je trouve l'appellation "souverainiste" si mensongère. Les Etats nations désunis n'ont plus désormais le moyen d'être véritablement souverains. Il est vrai que cette volonté d'indépendance est moins forte que chez nous dans un certain nombre de pays, ce que l'histoire explique, ces pays étant habitués depuis longtemps à ne pas être des acteurs de l'histoire, la recherche de la prospérité sous le parapluie d'une autre puissance leur suffit. C'est une difficulté réelle et cela ne va pas dans le sens de l'émancipation à l'égard de la tutelle américaine mais cette situation n'est pas forcément définitive, quand les pays européens auront vécu ensemble, ils se trouveront des intérêts communs à défendre et leur manières de voir se seront rapprochées. Disons qu'en Europe la volonté d'indépendance est en gestation. On ne part pas de zéro. L'unité de l'Europe a déjà fait ses preuves, le bilan de ce qui a été fait est largement positif. On voit que l'Union Européenne est capable de prendre toutes sortes de décisions qui s'opposent frontalement des volontés clairement affichée des Etats-Unis et même à des injonctions. Il y a des résultats étonnants: c'est assez extraordinaire que l'Union Européenne ait été capable de faire échec à une fusion de sociétés américaines dans l'aéronautique et ainsi de préserver les intérêts de l'aéronautique européenne. Qu'auraient pu faire les Etats nations désunis, ils se seraient dans la situation des Curiaces contre les Horaces. Mais il y a encore du chemin à faire, ce que montre l'épisode de la nomination de Paul Wolfowitz à la tête de la Banque Mondiale, à laquelle les européens auraient bien voulu sopposer, ce qu'ils n'ont pas pu faire. C'est moins l'existence de l'OTAN qui fait problème, une alliance avec les Etats-Unis, fruit de l'histoire, peut se justifier, que le fait que cette alliance soit si inégale. Pourquoi est-elle si inégale? C'est parce qu'il n'y a pas d'unité européenne et dans ce domaine comme dans d'autres, les choses peuvent changer. La doctrine américaine d'alliances militaires à géométrie variables (le projet fait la coalition) est une sorte de condamnation de l'OTAN, elle n'offre plus de garantie aux alliés des Etats-Unis. Par ailleurs, l'Amérique pourra-t-elle vivre indéfiniment à crédit, telle est la question que pose un journaliste du Monde (Eric Leboucher, je crois) et il répond par la négative prévoyant une crise financière qu'il situe vers 2007-2008. Une Amérique aux prises avec une grave crise financière, dont d'ailleurs nous subirons les conséquences néfastes sera peut-être moins hégémonique. Rien n'est impossible et la meilleure carte à jouer sera toujours celle de l'unité européenne qui est la seule qui permettra de réagir aux situations nouvelles qui se présenteront. << que les politiciens écrivent une nouvelle constitution... >> Il faut, pour écrire une constitution tenir compte des desiderata des Etats membres qui ne vont pas dans le sens que tu souhaites. La politique, c'est l'art du possible, c'est se situer par rapport à des situation concrètes, ce n'est pas de refaire le monde à sa guise et d'exprimer sa mauvaise hummeur. ![]() |
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josué 18/04/2005 01:10 |
re : L'Europe diluée dans la globalization |
[…]Quant à l’objectif d’autonomie politique de l’Union dans le jeu inter-étatique mondial, il est également miné par une telle promotion de la concurrence entre Etats membres. Celle-ci conduit en effet chacun d’entre eux à privilégier ses intérêts étroits et de court terme dans la lutte concurrentielle, et donc à jouer la mondialisation contre l’européanisation. Aussi n’est-il pas étonnant que la compétitivité comme fin en soi et la politique qui l’accompagne de libre ouverture (si ce n’est aux immigrants) des frontières de l’Union, fassent que les populations européennes tendent désormais à confondre l’européanisation avec la mondialisation. Est ainsi perdu de vue, au sommet comme à la base, l’objectif de construction d’une société multinationale nouvelle permettant aux peuples européens de récupérer une part de leur puissance et de leur souveraineté perdues (ou pour le moins amoindries) du fait des guerres fratricides, de la décolonisation et de l’hégémonie américaine.[…] |
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Henry Faÿ 18/04/2005 08:18 |
réponse à Josué |
Ce texte n'est que confusion. Dans l'Union Européenne, il n'y a bien évidemment pas de promotion de la concurrence entre les Etats membres, bien au contraire, il doit y avoir coopération et mise en commun des intérêts. À ne pas confondre avec l'objectif de compétitivité des entreprises. ![]() |
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josué 18/04/2005 12:50 |
re : L'Europe à 15, 25, 35... pourquoi faire? |
ben nan on vieux, passke les états (et on le voit déjà) se font la concurenc à l'attractivité maximâle des entreprises… et vaz'y que je baisse les taux de cotise sociales, et vaz'y que je réduis le coût horaire du travail, etc, etc……… exemple récent: l'Irlande donc il y a bien une compétition entre état en plus de la compète entreprise. ou alors, voyons les choses par l'autre bout de la lorgnette: en quoi ce texte différencie-t-il l'Europe des USA et en quoi nous renforce-t-il et nous autonomise-t-il???? Mmmmhhh………? |
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Nazdeb 18/04/2005 13:28 |
re : L'Europe à 15, 25, 35... pourquoi faire? |
Henry, tu observes qu'il faut "tenir compte des desiderata des Etats membres" et que ces desiderata "ne vont pas dans le sens" que je leur souhaiterais. Mais au lieu de desiderata je ne faisais dans mes objections que reprendre tes propres voeux, donnés en réponse à la question posée dans ce fil (indépendance vis-vis de USA/Otan). Autrement dit nous semblons d'accord pour admettre que l'Europe juridiquement instituée par le projet actuel de constitution est contraire à ce que tu voudrais qu'elle soit en matière d'indépendance de la politique étrangère et de défense. Tu le démontres d'autant mieux que tu expliques qu'il est impossible d'avoir en l'état actuel des rapports de force un traité qui ne mentionne pas l'Otan. Le refus du texte est, à l'égard de ce point consiéré par toi majeur, une position qui semble cohérente et plus constructive que le oui. A ma connaissance, aucun pays "vassalisé" aux Etats-Unis n'avait jamais été juridiquement contraint par sa constitution à respecter les décisions de l'Otan, et il faudrait que ce soit maintenant le cas. Evidemment non ! C'est un peu comme si Chirac et Schroeder avaient réussi à faire écrire dans la constitution des Etats-Unis que le gouvernement américain est tenu de se plier aux décisions de l'Onu... Ma conclusion sur ce point reste la même que j'ai présentée ailleurs : le projet actuel, si aucun autre n'est possible, ne réunit pas des partenaires compatibles. Note que je suis tout à fait sensible à ta vision dynamique de la politique et de l'histoire, mais cette dynamique est une chose concrète qu'on modèle et fabrique tous les jours, c'est à force de volonté et de gestes forts qu'elle peut prendre un sens déterminé conforme à des aspirations légitimes. Personnellement, en refusant cette mention otanesque dans la constitution, je rends le meilleur service possible à ta vision ambitieuse des choses. ![]() |
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Nazdeb 18/04/2005 13:43 |
La fusion des sièges à l'Onu |
Mais je n'ai toujours pas donné ma réponse à la question de Vile toque : La fabrication d'une Europe que ce soit à 15 ou 25 a pour but, outre créer un grand marché unique, d'unifier la politique étrangère des pays européens... unification qui aura pour conséquence de fusionner tout bonnement les 15 ou 25 sièges dont nous disposons aujourd'hui à l'Onu en un seul, comme ça les Etats-Unis seront un peu plus peinards. Bien sûr personne n'ose parler d'une telle perspective en ce moment, il y a même l'Allemagne qui fait mine de vouloir son siège permanent... C'est une boutade, hein, enfin disons à moitié. ![]() |
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Henry Faÿ 18/04/2005 21:33 |
l'appartenance des Etats membres à l'OTAN |
L'appartenance des Etats membres à l'OTAN, une question largement symbolique *************************************************** Cette question de l'appartenance des Etats membres à l'OTAN est largement symbolique parce qu'elle n'est pas d'actualité et il n'y a pas de raison de se laisser bloquer par ça. Tant qu'il n'y aura pas de défense européenne crédible, l'Alliance Atlantique sera une nécessité, particulièrement ressentie par les pays anciennement communistes. Autant dire que: (i) La question d'une sortie des Etats membres de l'OTAN n'a guère de chance d'être posée avant plusieurs decennies, à moins que l'initiative ne vienne des Etats-Unis eux-mêmes qui pourraient se désintéresser de l'Europe et de sa défense, ce qui serait conforme aux analyses de François Heisbourg qui voit se dessiner un schisme entre l'Europe et les Etats-Unis et dans ce cas une structure d'intégration européenne serait plus qu'utile. (ii) Il ne peut y avoir défense commune sans une forte intégration politique. Ceux qui veulent que l'on sorte de l'Alliance Atlantique doivent avant tout promouvoir cette unification politique et donc se prononcer pour le oui. Ceux qui veulent à tout prix que les pays européens rompent les accords militaires qui les unissent avec les Etats-Unis et qui se prononcent pour le non pêchent par inconséquence. ![]() |
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Henry Faÿ 18/04/2005 21:59 |
rectificatif |
J'aurais mieux fait d'écrire: l'inscription dans le traité de l'appartenance des Etats membres à l'OTAN, une question largement symbolique ![]() |
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