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Henry Faÿ 02/05/2005 11:27 |
ceux qui disent: "aucun problème, on rené |
Josué dans le forum rouge <<cette histoire d'impossibilité de renégocier commence sérieusement à m'énerver. Car après-tout, ce qu'on nous demande de voter c'est un texte et pas une martingale tactique. Par ailleurs si le peuple dit non à ce texte et renvoie ses représentants à la négociation à eux de faire leur boulot, s'ils ne s'en sentent ps capables on en choisira d'autres et ce sera pas plus mal… Par ailleurs tout ça n'est que de la politique fiction, et de plus de la politique fiction visant à effrayer et à culpabiliser, c'est vraiment pas sérieux.>> Ce n'est pas de la politique fiction, c'est de la prévision. Cette critique quelque peu désinvolte de ceux qui nous gouvernent et dont les capacités sont mises en doute ne tient pas compte de ce casse-tête extraordinaire que représente une négociation à vingt-cinq où il faut l'unanimité pour y arriver. On y est arrivé, ouf, c'est déjà une performance, le résultat vaut ce qu'il vaut, avec ça on peut travailler, pas la peine de remettre ça et on peut espérer passer à autre chose et éviter de s'embourber dans des discussions absolument interminables qu'on finirait par ne plus supporter. ![]() |
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Nazdeb 02/05/2005 13:19 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
Cette histoire tend à montrer combien la construction européenne, et surtout celle des contenus qu'on donne à l'Europe institutionnelle, est un phénomène qui contourne voire méprise la démocratie. Si la construction européenne suivait des principes démocratiques, aucun dirigeant politique n'oserait dire cette énormité : si vous refusez le contenu de ce texte, alors vous aurez un contenu pire encore. Les dirigeants expliquent qu’en gros ils ont conduit les citoyens dans un cul-de-sac, et si cette affaire finit dans le mur ils en rejettent d’avance la responsabilité sur les électeurs. Ceux qui expriment de tels arguments mènent une rhétorique intimidante qui, implicitement, ne reconnaît pas le droit des citoyens de pouvoir faire entendre leur avis, les prive de toute possibilité de débat. C’est un chantage qui révèle combien les constructeurs de l'Europe ont accaparé le processus, s'identifient eux-mêmes aux nations, tiennent pour négligeables ceux qui les composent, et tiennent plus à garder coûte que coûte un pouvoir qu'ils conçoivent complètement à l'opposé de la dignité et de la responsabilité de la fonction de représentation des peuples. Le dogmatisme pro-européen se fout de la démocratie et fait un bras d’honneur à ceux d’en bas qui sont pris pour de braves benêts. Bref, le processus est sacrément vicié. Cela est assez naturel d’ailleurs. L’Europe politique unifiée est un projet très ambitieux, si ambitieux que pour le construire il faut balayer les principes de séparation des pouvoirs, de souveraineté populaire, d’accès direct de tous au sens du droit suprême (les droits fondamentaux doivent être lus à la lumière d’« explications » qui ressemblent en bonne partie à des « exceptions », par exemple la peine de mort est interdite – dans la charte – mais d’un autre côté la peine de mort est autorisée – dans les « explications », etc.). D’autre part, il faut verrouiller une « politique de l’Union » dans la constitution même. Pourquoi constitutionnaliser une orientation politique ? C’est en fait quelque chose d’assez naturel et même tout à fait pragmatique au vu de ce qu’est l’Europe : il pourrait être difficile de définir des politiques cohérentes à chaque changement dans l’exécutif européen et de trouver des consensus durables entre les différents gouvernements qui composent l’Union, tout en étant un minimum d’accord avec les exigences du Parlement (aussi faible soit son pouvoir), etc. Définir une politique de l’Union est sans doute le moyen de garantir un minimum de continuité et d’esprit de suite. Mais cela veut dire que cette continuité ne peut se faire qu’en privant les citoyens du droit d’exercer démocratiquement leur influence sur ces contenus politiques : l’Union abolit la démocratie en cela. Et c’est en cela que j’ai tendance à penser, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, que l’Europe est peut-être trop grosse. Une ligne de clivage se dessine peu à peu autour entre partisans de l’Europe et partisans de la démocratie tout court. L’Europe dogmatique ne voit pas ce qu’est l’Europe pragmatique. A croire que si la Constitution rétablissait la torture ceux qui s’en plaindraient dans les forums se verraient répondre « ah pardon mais vous ne faites pas preuve de votre sentiment pro-européen ». Voilà pour la dissertation, qui reste basée sur l’hypothèse de la grande Glaciation dans laquelle se figerait l’hexagone pendant des millénaires si le texte était rejeté. Mais on peut s’intéresser aussi à des FAITS, quitte à se répéter, quitte à s’en lasser : - quand on se penche sur l’histoire des rejets par certains pays de l’intégration dans l’Europe, on constate que les choses ont été revues à leur avantage, en tout cas en considérant leurs revendications (le Danemark, refusant Maastricht en 1992, a obtenu des dérogations dans de multiples domaines ; le Royaume Uni bénéficie d’un rabais annuel de 5 milliards de moins en moins justifié mais le conserve grâce à la menace de quitter l’Union) - Bruxelles a reconnu étudier l’hypothèse d’un plan B, un « traité bis » qui, à l’inverse de ce qu’a raconté Eric Le Boucher (grand carabistouilleur prétentieux qui n’en fait pas moins l’admiration d’Henry), retiendrait des dispositions institutionnelles de la partie I du traité et abandonnerait la partie III - autre possibilité mais qui nécessiterait ce qu’on appelle du courage politique : reconnaître que nous ne sommes pas capables à 25 d’écrire un texte clair et valable, et donc revoir les choses avec moins de participants ![]() |
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Henry Faÿ 02/05/2005 16:21 |
au contempteur de nos gouvernants |
Je crois qu'il n'est pas nécessaire d'être aussi tonitruant et de stigmatiser en des termes aussi catégoriques nos gouvernants qui sont confrontés à une difficulté bien réelle qu'il est bon de considérer avec réalisme et lucidité: qu'il est difficile de mettre d'accord plusieurs parties, quand il n'y a pas de loi de majorité et qu'on applique une loi d'unanimité! Les "succès" obtenus par la Grande-Bretagne et le Danemark n'ont rien de glorieux et témoignent d'une totale absence d'esprit communautaire. Si tout le monde faisait de même, il n'y aurait pas d'unification européenne. Ce n'est pas un exemple à suivre. Je voudrais citer une nouvelle fois Jacques Delors dans son interviou au Nouvel Obs de cette semaine: <<Les grands homme ont toujours à la fois exigé et donné. C'est ce que nous demandons aujourd'hui aux Français. Donner et recevoir. L'Europe, ce n'est pas simplement une créance que l'on obtient, c'est aussi un don à l'histoire>> Une Europe politique balayerait ou ne balayerait pas les principes de la démocratie mais pour l'instant, il n'en est pas question puisqu'il ne s'agit pas d'une vraie fédération; la souveraineté se trouve encore au niveau des Etats membres qui ne font qu'accepter dans certains domaines et dans certaines conditions des délégations de pouvoir. Pour ce qui est du non respect de la démocratie qui enflamme Nazdeb, si on laisse de côté la discussion des procédures dans laquelle on risque de s'enliser, personnellement je ne suis pas juriste, je me demande s'il serait bien démocratique de ne tenir aucun compte cette aspiration que les peuples ont dans tous les pays membres, en de multiples occasions exprimée de constituer un ensemble cohérent qui vise à l'unification des pays d'Europe pour plus de bien-être et plus d'indépendance. ![]() |
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josué 02/05/2005 16:58 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
Entièrement, mais alors entièrement d'accord avec Nazdeb ci-dessus. Notamment quand il dit: C’est un chantage qui révèle combien les constructeurs de l'Europe ont accaparé le processus, s'identifient eux-mêmes aux nations, tiennent pour négligeables ceux qui les composent, et tiennent plus à garder coûte que coûte un pouvoir… Concernant la renégociation, je ne me fais aucun, MAIS ALORS AUCUN SOUCI, car dans le pire du pire des cas nous aurons droit à un deuxième referendum (comme les irlandais et je ne sais plus quels nordiques). Et je pense que le "séïsme" du 'non' français serait plus que salutaire, même si au final on aurait aussi un compromis bien entendu. Par ailleurs, je pense que la pression que nous mettent actuellement les politiques n'est pas due au fait que la France serait mise à mal, mais plutôt parce qu'EUX-MÊME SERAIENT RIDICULISÉS AUX YEUX DE LEURS PAIRS À BRUXELLES, et ça je comprend que ça ne leur fasse pas plaisir, mais bon. Nous-même ça fait un bon moment que nous sommes ridicules également à les observer construire leur truc en nous consultant une fois tous les 12 ans, et encore, avec pour instruction de choisir entre 'oui' et 'oui'. |
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Nazdeb 02/05/2005 17:47 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
Mine de rien Henry a laissé échapper la réponse à la question : oui, on peut obtenir ce qu’on veut en refusant un traité, oui, on peut obtenir de meilleures conditions d’adhésion si on dit « non » au projet (contrairement à ce qu’il prétendait depuis des semaines). Mais ce n’est pas glorieux, prévient-il. Certes, seulement nous vivons dans un monde, celui des négociations internationales, qui est rude, cynique. C’est un monde où il faut être non pas glorieux mais pragmatique, non pas idéaliste mais réaliste, où ceux qui pensent plus à leur panache sont en général ceux qui se font plumés. Moi, si je signe ce texte, je suis peut-être glorieux mais je suis plumé. Je conçois qu’il est difficile de « mettre d’accord plusieurs parties » comme le défend Henry, et je ne conteste absolument pas cet état de fait, mais je parle de ses conséquences concrètes. Je conçois qu’il y a du donnant-donnant dans le processus, qu’on ne doit pas seulement recevoir mais aussi donner comme l’a dit Delors, mais je pose la question : que donne-t-on ? J’ai proposé mes réponses à ces questions. Cela nous coûte des principes de fonctionnement démocratique, nous impose des mesures absurdes n’ayant rien à faire dans une constitution, nous fait abdiquer toute possibilité de laisser les citoyens s’exprimer dans le cadre du débat démocratique régulier sur nombre de questions sur lesquelles ils devraient rester pourtant les maîtres. Mais certes, je commence à comprendre que cela n’embête pas du tout Henry, qui réduit tout ce débat sur la place de la démocratie à une simple « discussion de procédure ». Démonstration du clivage que j’exposais plus haut entre démocratie et Europe, entre la critique et le dogme. Bonne remarque, Josué, sur les politiciens français qui seraient, eux , ridicules devant leurs homologues et qui généralisent un peu trop leur cas à la nation entière. J'ai entendu Colombani faire ce genre d'identification complètement idiote samedi dernier, signe d'une dérive de la mentalité des élites : en substance, "il serait ridicule que la France après avoir rédigé le traité le refuse"... un journaliste qui confond Giscard avec quarante millions d'électeurs. ![]() |
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g 02/05/2005 18:15 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
Si les français rejettent ce projet de constitution, ils gagneront en considération venant d'autres européens grugés de ne pouvoir exprimer leurs opinions et la conclusion d'un article du journal italien "la Républica peut-être lu dans ce sens : "l'Europe est un volcan dont la lave s'échappe à Paris". |
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Henry Faÿ 02/05/2005 18:21 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
<< Notamment quand il dit: C’est un chantage qui révèle combien les constructeurs de l'Europe ont accaparé le processus, s'identifient eux-mêmes aux nations, tiennent pour négligeables ceux qui les composent, et tiennent plus à garder coûte que coûte un pouvoir… Concernant la renégociation, je ne me fais aucun, MAIS ALORS AUCUN SOUCI, car dans le pire du pire des cas nous aurons droit à un deuxième referendum (comme les irlandais et je ne sais plus quels nordiques). Et je pense que le "séïsme" du 'non' français serait plus que salutaire, même si au final on aurait aussi un compromis bien entendu. Par ailleurs, je pense que la pression que nous mettent actuellement les politiques n'est pas due au fait que la France serait mise à mal, mais plutôt parce qu'EUX-MÊME SERAIENT RIDICULISÉS AUX YEUX DE LEURS PAIRS À BRUXELLES, et ça je comprend que ça ne leur fasse pas plaisir, mais bon. Nous-même ça fait un bon moment que nous sommes ridicules également à les observer construire leur truc en nous consultant une fois tous les 12 ans, et encore, avec pour instruction de choisir entre 'oui' et 'oui'.>> Les constructeurs de l'Europe, ce sont les dirigeants légitimes de l'Europe, ils n'ont pas accaparé le processus, ils en sont chargés du fait de leur fonction; tous procèdent d'élections démocratiques. Quand on a mis en route un projet, on cherche à le faire aboutir, je ne vois pas pourquoi on le leur reprocherait, que ne dirait-on pas s'ils avaient l'air de s'en désintéresser, on les accuserait de dilettantisme. Il n'y a pas un seul spécialiste des relations internationales qui ne dise qu'une renégociation serait au plus haut point problématique et que la France y serait en fort mauvaise posture. Quant à l'image de notre pays, elle serait écornée, c'est sûr, ce que dit Colombani n'est pas faux, Giscard ne représente pas que lui même, il a bien été mandaté par le gouvernement français, après avoir fait figure de locomotive, notre pays serait l'empêcheur de tourner en rond, ce serait assez désastreux. ![]() |
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Nazdeb 02/05/2005 19:41 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
(Henry) « Quant à l'image de notre pays, elle serait écornée, c'est sûr, ce que dit Colombani n'est pas faux, Giscard ne représente pas que lui même, il a bien été mandaté par le gouvernement français, après avoir fait figure de locomotive, notre pays serait l'empêcheur de tourner en rond, ce serait assez désastreux. » Il y a du vrai là-dedans, je concède, cela dit je ne me considère absolument pas engagé par le choix de Giscard, ce serait tout de même le toupet ! La liberté et la conscience individuelles, ça te dit quelque chose Henry ? Ca me fait un peu mal de dire cela et cela paraîtra même condescendant et je m’en excuse, mais j’ai tout de même l’impression que Henry a loupé le train de la post-modernité : les corps constitués, les grandes figures, la légitimité et le prestige politiques, les hiérarchiques traditionnelles importent à ses yeux plus que les aspirations et pensées des individus, tenus pour légèrement irresponsables. Allons les enfants, un peu de sérieux maintenant, il faut respecter papa Giscard et arrêter de le faire passer pour un idiot à côté des notables du bourg voisin... Pardon mais cela ressemble à du patriotisme désuet, aujourd’hui les gens se déterminent très peu par le souci d’obéir aux patriarches, leur préoccupations quotidiennes importent plus, ah les ingrats… ![]() |
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Louise 02/05/2005 20:13 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
Il me souvient que fort démocratiquement, le sieur Giscard fut jadis mis à la porte par les citoyens français, pourquoi ces mêmes citoyens devraient-ils le soutenir lorsqu'il revient ( non démocratiquement) par la fenêtre européenne ? |
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Alex Adler 02/05/2005 20:18 |
la bedaine vous parle |
paske je le veuye : français dormez vous aurez VGE et vous danserez la giscrade |
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Henry Faÿ 02/05/2005 21:00 |
passe que |
<<Il me souvient que fort démocratiquement, le sieur Giscard fut jadis mis à la porte par les citoyens français, pourquoi ces mêmes citoyens devraient-ils le soutenir lorsqu'il revient ( non démocratiquement) par la fenêtre européenne ?>> Ce ne sont pas les mêmes fonctions et ce n'est pas le même mode de désignation. Il n'a pas été frappé d'infamie. Les Français n'ont pas réélu Giscard pour un deuxième mandat de président de la République, ils n'ont pas dit qu'il ne voulaient plus le voir occuper de fonctions importantes. Si l'expérience de Giscard peut être utile pour d'autres missions, pourquoi pas? ![]() |
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Henry Faÿ 02/05/2005 21:36 |
répondre à l'aspiration des peuples |
<<Mine de rien Henry a laissé échapper la réponse à la question : oui, on peut obtenir ce qu’on veut en refusant un traité, oui, on peut obtenir de meilleures conditions d’adhésion si on dit « non » au projet (contrairement à ce qu’il prétendait depuis des semaines). Mais ce n’est pas glorieux, prévient-il. Certes, seulement nous vivons dans un monde, celui des négociations internationales, qui est rude, cynique. C’est un monde où il faut être non pas glorieux mais pragmatique, non pas idéaliste mais réaliste, où ceux qui pensent plus à leur panache sont en général ceux qui se font plumés. Moi, si je signe ce texte, je suis peut-être glorieux mais je suis plumé. Je conçois qu’il est difficile de « mettre d’accord plusieurs parties » comme le défend Henry, et je ne conteste absolument pas cet état de fait, mais je parle de ses conséquences concrètes. Je conçois qu’il y a du donnant-donnant dans le processus, qu’on ne doit pas seulement recevoir mais aussi donner comme l’a dit Delors, mais je pose la question : que donne-t-on ? J’ai proposé mes réponses à ces questions. Cela nous coûte des principes de fonctionnement démocratique, nous impose des mesures absurdes n’ayant rien à faire dans une constitution, nous fait abdiquer toute possibilité de laisser les citoyens s’exprimer dans le cadre du débat démocratique régulier sur nombre de questions sur lesquelles ils devraient rester pourtant les maîtres. Mais certes, je commence à comprendre que cela n’embête pas du tout Henry, qui réduit tout ce débat sur la place de la démocratie à une simple « discussion de procédure ». Démonstration du clivage que j’exposais plus haut entre démocratie et Europe, entre la critique et le dogme.>> L'hostilité à l'Europe fait plus que percer sous ces propos. L'Europe vue comme une foire d'empoigne. Margaret Thatcher a malmené l'Europe, elle l'a humiliée, elle a obtenu ce qu'elle voulait mais si elle a fait tout ça, sans états d'âme, je suppose, c'est que cette Europe, elle en avait une profonde détestation qui ne s'est jamais démentie. Ce ne sont pas de pareils sentiments qui nous animent, je l'espère. À ce petit jeu, l'Europe ne résisterait pas longtemps. Que donne-t-on? Des abandons de souveraineté. Que reçoit-on: la contrepartie, les abandons de souveraineté que consentent les partenaires. Pas trop vite sur le caractère non-démocratique de la construction européenne. Je ne prends pas pour euros comptant les élucubrations nazdebiennes. Si l'argument c'est que les Commissaires sont nommés et non élus, cet argument ne tient pas. Les Commissaires sont des équivalents de ministres, les ministres ne sont pas élus. Je ne vois pas que les citoyens soient empêchés de s'exprimer sur quelque question que ce soit. Je ne méprise pas les procédures, j'ai voulu dire qu'au delà des questions de procédures dans lesquelles je me perds un peu et je ne dois pas être le seul, j'estime qu'il est profondément démocratique de répondre à l'aspiration qu'ont exprimée les peuples de construire l'Europe, que ne pas le faire serait antidémocratique. Le danger d'une Europe non démocratique est faible, nul, du fait que les Etats membres dans leur majorité ont de fortes traditions démocratiques et sont pointilleux sur ce sujet. ![]() |
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josué 02/05/2005 23:35 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
Bah, pour ma part, je ne me sens en rien, MAIS ALORS EN RIEN DU TOUT DU TOUT, engagé par ce que peut faire, dire ou penser Giscard, et ce tant pour son texte "constitutionnel" que pour son chateau ou son habit vert. Ce coup-ci je veux juste être pragmatique (pour une fois) et fonctionner selon les règles terre-à-terre d'équilibrage par le rapport de force tant vanté dans le libéralisme. Thatcher à abusé de la négation pour obtenir plus qu'elle n'aurait du? Très bien, nous non, donc c'est notre tour (une fois n'est pas coutume). De plus, en dehors de Maastricht (ou on nous a promis l'Europe sociale pour demain) je n'ai jamais été démocratiquement consulté sur la méthode de construction de l'Europe, mais au contraire toujours confronté à des politiques me disant que c'est dur ce qu'ils font mais que c'est pas leur faute, c'est l'Europe de Bruxelles, cette méchante, etc… Ce coup-ci, on me demande d'avaliser rétroactivement tout le processus même avec lequel je suis en désaccord (beaucoup sur la méthode, de plus en plus sur le fond), et bien non les gars, pas d'accord pour enterriner après coup sans discutailler un bon coup. Vous parlotez à Bruxelles dans mon dos depuis des années sans que je puisse rien y dire? Ce coup-ci, pour une rare fois!!!, je puis y dire et je compte bien le faire savoir en donnant un bon coup de poing sur la table nom d'une pipe! Ce coup de poing c'est le 'non', le 'niet', 'nada'… Ah, ça fait pas propre? C'est pas gentil pour Giscard et ses petits copains? C'est pas le moment? Ben si justement c'est le moment, puisque c'est la seule fois où je puis m'exprimer depuis PLUS D'UNE DÉCENNIE! Donc là, vous voyez, je m'en contrefiche d'apparaitre malpoli aux yeux des politicards. Et si de plus ça pouvait les ridiculiser un bon coup, aux yeux de Bruxelles ou de qui que ce soit, ça ne pourra que faire du bien à leurs ego surchauffés. vouala vouala Tout ça pour dire que ce texte indigeste truffé de pétites cancérigènes vous ne me le ferez pas avaliser sans graves rouspétances, je pense que (sur ce forum au moins) c'est clair. |
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Nazdeb 03/05/2005 12:13 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
Entièrement d'accord avec Josué !! Voter oui pour faire plaisir à Giscard est aussi idiot que voter non pour embêter Chirac. Il faut voter en se prononçant sur le contenu du texte, c'est tout. Je réponds aux propos d'Henry : ----------------------------- (Henry) « L'hostilité à l'Europe fait plus que percer sous ces propos. L'Europe vue comme une foire d'empoigne. Margaret Thatcher a malmené l'Europe, elle l'a humiliée, elle a obtenu ce qu'elle voulait mais si elle a fait tout ça, sans états d'âme, je suppose, c'est que cette Europe, elle en avait une profonde détestation qui ne s'est jamais démentie. Ce ne sont pas de pareils sentiments qui nous animent, je l'espère. À ce petit jeu, l'Europe ne résisterait pas longtemps. » Il va de soi que si l’Europe rogne la démocratie et prend une tournure que j’estime rétrograde, je m’y déclare hostile, encore heureux. Mais cette hostilité ne s’étend pas à l’Europe tout court. Si l’Europe était démocratique, indépendante, je serais plus porté à lui dire oui. Il ne faut pas tout mélanger. ----------------------------- (Henry) « Pas trop vite sur le caractère non-démocratique de la construction européenne. Je ne prends pas pour euros comptant les élucubrations nazdebiennes. Si l'argument c'est que les Commissaires sont nommés et non élus, cet argument ne tient pas. Les Commissaires sont des équivalents de ministres, les ministres ne sont pas élus. Je ne vois pas que les citoyens soient empêchés de s'exprimer sur quelque question que ce soit. Je ne méprise pas les procédures, j'ai voulu dire qu'au delà des questions de procédures dans lesquelles je me perds un peu et je ne dois pas être le seul (…) Le danger d'une Europe non démocratique est faible, nul, du fait que les Etats membres dans leur majorité ont de fortes traditions démocratiques et sont pointilleux sur ce sujet. » Peut-être que la lecture des textes n’est pas intéressante, Henry, le problème est qu’ici nous débattons notamment sur des textes et que c’est sur le contenu de la Constitution que portent mes arguments déjà formulés nombre de fois. L’argument institutionnel (partie I de la Constitution du non dans fil « Je constitutionnalise ») ne concerne pas la seule Commission mais l’articulation des pouvoirs. L’exécutif (Commission et Conseil) bénéficie de prérogatives trop fortes, il empiète sur le législatif, monopolise l’initiative des lois, tandis que ce qui est supposé être le pouvoir législatif ne le détient dans les faits qu’à moitié et ne dispose même pas de l’initiative des lois. De plus je dénonce le fait que la Commission privilégie dans ses travaux son dialogue avec les lobbies et les églises. Je déplore aussi qu’elle cumule avec son rôle exécutif le contrôle constitutionnel (donc le contrôle de ses propres lois, sur lesquelles elle est érigée juge et partie) et également qu’elle soit déclarée « indépendante », « comme si le fait l’échapper à l’influence d’instances démocratiques était une qualité politique » (Le Pourhiet). Enfin, le droit pour un million de citoyens d’écrire une lettre à la Commission est une mascarade qui ne consacre aucun supposé droit d’initiative populaire comme beaucoup de défenseurs du texte tentent de le faire croire. L’argument sur les contenus politiques : la partie III de la Constitution (la vraie…), et d’autrees dispositions éparpillées dans les autres, définissent des orientations politiques qui devraient être laissées dans le champ du débat démocratique ordinaire (élections législatives, etc.). Si des citoyens veulent moins libéraliser, changer la politique internationale, instituer des taxations sur mes mouvements de capitaux, baisser les dépenses militaires, etc., ils ne le pourront pas dans le cadre de l’exercice commun de leurs droit démocratiques : la Constitution, texte qui ne devrait concerner que le fonctionnement des institutions, verrouille ces points pour cinquante ans. Cela n’est pas acceptable, c’est une privation de démocratie. Ce n’est pas la première fois que je répète ces arguments, j’en suis désolé pour ceux que cela peut lasser… ----------------------------- (Henry) « j'estime qu'il est profondément démocratique de répondre à l'aspiration qu'ont exprimée les peuples de construire l'Europe, que ne pas le faire serait antidémocratique. » Première remarque : cela revient à dire qu’exprimer le choix A à une élection c’est bafouer le droit démocratique des partisans du choix B. Permettez moi d’halluciner. Deuxième remarque : rejeter le texte ne trahit pas l’aspiration de ceux qui seraient pour dans les pays voisins, ils n’ont qu’à le ratifier s'ils le souhaitent, si la France dit non elle n'aurait qu'à réclamer un petit protocole dérogatoire. Troisième remarque : quel est le contenu de cette aspiration des Européens ? La Constitution y répond-elle ? Les Européens aspirent-ils à une Europe qui soit dépendante de la politique de l’Otan ? (Je veux voir les enquêtes qui le disent.) Moi aussi j’ai mon petit rêve d’Europe à moi, ma petite aspiration. Je n’ambitionne même pas que la Constitution réalise cette Europe à laquelle j’aspire égoïstement, mais j’aimerais au moins qu’elle ne *l’interdise pas*. Or c’est ce qu’elle fait. ![]() |
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guydufau 03/05/2005 15:10 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
Mise au point, utile, je crois : pour comprendre ce que dit et redit Nazdeb,il est nécessaire d'avoir lu, relu et compris le texte de ce projet de constitution. Si on ne l'a pas fait, ses explications passent par dessus les têtes. |
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Henry Faÿ 03/05/2005 15:25 |
rapido |
Articulation des pouvoirs: même si on n'est pas un grand spécialiste de droit constitutionnel, on sait qu'il y a différentes formules d'articulation des pouvoirs, qui entrent dans la catégorie "démocratie". L'Union Européenne n'est pas un véritable Etat et n'a pas à être jugée comme s'il en était un. Elle n'abolit pas la souveraineté des Etats membres. Elle n'exerce sa compétence que dans la mesure où des abandons de souveraineté ont été consentis. Si le Parlement européen avait des compétences plus développées, il éclipserait les Parlement des Etats membres. Pour ce qui est des contenus politique indiquée, criticables sans doute, je les relativiserais par le fait que les formules employées, par exemple haute compétitivité sont plutôt creuses et vides de sens. On ne peut pas blâmer les responsables du projet d'avoir fait une proposition approuvée par tous les gouvernements, c'était déjà une tâche difficile et de s'efforcer de la faire aboutir dans des délais raisonnables. La question du protocole dérogatoire, je la maîtrise mal et elle paraît un peu trop simple, allant à l'encontre de tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent. ![]() |
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guydufau 03/05/2005 22:25 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
"On ne peut pas blâmer les responsables du projet d'avoir fait une proposition approuvée par tous les gouvernements, c'était déjà une tâche difficile et de s'efforcer de la faire aboutir dans des délais raisonnables". Là Henry, l'erreur est grosse : les conventionnels ont élaboré les seules parties I et II. La partie III est l'oeuvre des chefs de gouvernement.Elle a vu le jour après. Et donc pour les conventionnels cette "tache difficile" leur a été épargnée. Nazded aborde le problème de la séparation des pouvoirs. Voici comment (Charles-Louis de Secondat, baron de la Brède et de) Montesquieu 1689-1755, De l'Esprit des lois 1748 : "Lorsque, dans la même personne ou dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutive, il n'y a point de liberté; parce que l'on peut craindre que le même monarque ou le même sénat ne fassent des lois tyranniques, pour les exécuter tyranniquement. Il n'y a point encore de liberté si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance législative et de l'exécutrice. Si elle est jointe à la puissance législative, le pouvoir sur la vie et la liberté des citoyens serait arbitraire ; car le juge serait législateur. Si elle était jointe à la puissance exécutrice, le juge pourrait avoir la force d'un oppresseur. Tout serait perdu si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçait ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d'exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les diférents des particuliers. |
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Henry Faÿ 04/05/2005 07:15 |
qu'y a-t-il d'antidémocratique? |
Partie I, partie II, partie III, il y a une proposition, qu'on ne prétende pas qu'il était antidémocratique d'en faire une. La théorie de la séparation des pouvoirs de Charles-Louis de Secondat baron de la Brède de Montesquieu est une admirable théorie, toutes les constitutions s'en inspirent mais elle n'est jamais appliquée de manière stricte et quand elle l'est un peu trop, comme c'est le cas aux Etats-Unis, cela pose de redoutables problèmes. Par ailleurs, l'Union Européenne n'est pas un Etat, elle n'abolit pas la souveraineté des Etats membres. ![]() |
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Nazdeb 04/05/2005 08:57 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
La construction de l’Europe est un phénomène original et positif qui doit heureusement se poursuivre et ne sera absolument pas remis en cause par le rejet d’un texte. Penser qu’il n’y aura aucune renégociation ou aucun plan B, que le texte écrit par la Convention (et le conseil) est l’unique compromis possible, témoigne d’une vision pessimiste et résignée. Aucun des gouvernements embarqués dans le processus ne voudrait, en cas de rejet du texte actuel, laisser tout en plan et laisser poursuivre le traité de Nice pendant quatre années jusqu’à extinction complète de l’Europe et fermeture des sièges à Bruxelles et Strasbourg : c’est un scénario de science-fiction, ça n’a rien de réaliste. Si le projet est rejeté, les gens (les mêmes individus ou bien d’autres) se mettront autour de la table et renégocieront, et s’ils tiennent compte des reproches qui ont été faits à la Constitution ils en feront une nouvelle, je ne dis pas « meilleure » sur un plan objectif, mais qui satisfera davantage de monde. La construction de l’Europe ne doit pas retourner les rôles que distribuent la démocratie : c’est aux gouvernants de proposer des choses qui satisfassent les citoyens (en se mettant au travail), ce n’est pas aux citoyens de devoir satisfaire les gouvernants (en étant de sommés de ratifier leurs travaux). Et il ne faut pas bâtir une Europe qui traînerait pendant cinquante ans une loi suprême aussi contestée. Voilà pour la prospective, qu’on peut conforter à l’aide de faits. Tout d’abord les instances européennes ont dit travailler sur un « plan B », qui pourrait reprendre les dispositions institutionnelles (partie I de la Constitution) et abandonner la partie sur les politiques de l’Union (partie III). Autre fait que j’ai déjà évoqué : des dérogations pour le cas de la France. Henry dit qu’il n’a entendu personne parler de dérogations. Je réponds que si cela n’est pas évoqué verbalement cela a déjà été FAIT (et les faits sont de meilleures preuves que les paroles). Pourquoi personne n’en parle ? Trois possibilités : soit personne n’en a eu l’idée, dans ce cas il faut la suggérer ; soit les gens (notamment les militants du oui) n’ont pas envie de nous laisser penser à des alternatives ; soit les gens ne connaissent pas l’histoire de la construction européenne (ce qui me surprend de la part d’Henry que je croyais en la matière mieux informé que ça). Des exemples de dérogations figurent dans les annexes de la Constitution : Danemark, Royaume-Uni, Irlande, mais bien sûr pour cela il faut la lire. Je précise que je ne suis pas forcément un partisan de la dérogation : ça fait effectivement mesquin. Le mieux, le plus positif (et c’est ce qui se produirait en cas de rejet) est de lancer un nouveau projet, notamment inspiré par le plan B de Bruxelles. J’ai déjà exposé ces éléments nombre de fois dans le forum, désormais je renverrai à ce message quand Henry me questionnera encore sur les conséquences d’un non au référendum du 29 mai, je ne vais pas passer ma vie à me répéter là-dessus. Quant au caractère démocratique de l’Europe instituée par la Constitution, quant aux orientations politiques qu’elle se donne en enjambant le droit des citoyens à exprimer leur choix, je ne vais plus répondre à Henry. En argumentant sur le contenu du texte, ceux qui comme moi le contestent se placent malheureusement à un niveau nécessairement en dessous de ceux qui, pour le défendre, se situent au niveau des généralités, monopolisent la vision globale, l’imprécision débonnaire de la hauteur de vue (Henry détermine son avis en fonction de Giscard, Adler, Rifkin, le texte ne l’intéresse pas). On assiste donc à une bataille entre le particulier et le général ; entre une armée de propositions, sous-propositions, propositions de second ordre, subordonnées et relatives jusqu’aux plus tordues (dont le texte ne manque pas), bref tout ce qu’il y a de plus dépressif et névrotique, contre une macroproposition générale et limpide qui n’est pas intéressée par le sens de ce qui est en-dessous. Ou qui feint à peine de l’être : Henry demande de justifier en quoi on peut affirmer ceci, en quoi je suis sûr de cela (le texte est-il démocratique, etc.) et en même temps il adopte la distance qui relativise par avance les réponses (de toute façon l’Europe, bah, c’est pas un vrai Etat, et puis tel et tel concepts sont des formules creuses, etc.). Défendre les principes de la démocratie dans une telle situation devient presque du pinaillage. Cette hauteur de vue excuse tout bonnement l'Europe de ne pas être démocratique. Voilà validée et acceptée en douceur que, non, l'Europe n'est pas construite pour être démocratique, n'est pas construite pour écouter et respecter les choix des citoyens. Nos choix, elle en a peur et se prémunit contre, les interdit. Le discours des Henry montre une chose claire : leur total désinvestissement par rapport au texte. A la question qui sera posée le 29 mai : « Approuvez le texte ? », ils répondront en fait à une autre : « Peu importe le texte, approuvez-vous l’Europe ? » Nous nous trompons manifestement de débat. Le 29 mai, en disant OUI à l’Europe et mettant le bulletin « non » dans l'urne, je répondrai bien à la question qui est posée. ![]() |
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Henry Faÿ 04/05/2005 10:58 |
petite conclusion provisoire |
Merci pour ce texte qui, j'en suis heureux, est loin de réduire à néant tous mes arguments et qui met le doigt sur l'insuffisance de ma préparation pour une telle discussion, qui nécessite une bonne information, je peux y remédier, et une forte culture juridique, en quelques semaines c'est un handicap qu'il est plus difficile de compenser. Je fais péniblement revenir à ma mémoire des notions apprises dans le secondaire sur la séparation des pouvoirs. Je n'ai certes pas 24 heures sur 24 à consacrer à cette question mais je continuerai à m'y intéresser avec une ardeur pro-européenne comparable à cette qu'a exprimée tout à l'heure Patrice Chéreau qui dit avoir "touché du doigt l'Europe" (moi aussi, même si pas autant que lui) qui a bien dit la frilosité qu'à ses yeux révélaient les partisans du non et de l'absence de préoccupation pour les autres pays. Donc à plus tard et très cordialement ![]() |
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Nazdeb 04/05/2005 12:36 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
"Toucher du doigt" l'Europe, préoccupation pour les autres pays, frilosité etc. : culpabilisation, lyrisme, moraline même, entretien de la confusion simpliste entre Europe et un texte, déni arrogant et persistant du tout sentiment européen à ceux que le texte déplaît... Ce que je vois percer sous de nombreuses contributions d'Henry, lui qui voit "l'hostilité à l'Europe" dans les miennes, c'est l'hostilité à la démocratie, à la souveraineté populaire. C'est une vision metternichienne ou habsbourgeoise de la société et de l'Europe. Aux yeux de celui qui ne goûte pas trop la révolution de 1789 (qu'il réduit à la violence), les citoyens bien élevés doivent suivre l'avis des Maîtres : ils ne doivent pas s'exprimer contre eux, ce serait témoigner de mauvaise volonté, être frileux, mettre dans l'embarras les autres "pays" (confonuds avec les conventionnels et les gouvernements qui se sont arrogés le pouvoir constituant). L'avis exprimé par les gouvernants est considéré comme étant celui que doivent adopter les peuples : Giscard a eu telle parole à la Convention, comme c'est un grand monsieur elle doit être la nôtre, sinon nous nous conduisons mal. Et quand les citoyens doivent se prononcer sur un texte, le lire et ne pas aimer ce qu'il contient, est tout à fait déplacé, en fait ce n'est pas cela qu'ils doivent faire (puisque la question est "peu importe le texte, voulez-vous l'Europe ?). Ce genre de vision de la société risque de durer encore cinquante ans et cela n'est pas drôle du tout. C’est d’autant embêtant qu’il est toujours plus sage d’éviter les 1789. Donc à plus tard oui (en fait je pars en vacances demain, c'est un peu pour ça...) et bien cordialement, ![]() |
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Toqueville 04/05/2005 16:02 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
Le problème est que ce traité est d'abord une volonté franco-allemande, imposée après moult palabres à des pays pourtant bien réticents comme le RU ou l'Espagne. Inutile de vous dire qu'un non français... Surtout, qui met-on derrière ce "on" dans la formule : le 30 mai "on renégocie" ??? Chirac bien sûr. Croyez-vous qu'il puisse satisfaire les exigences portées par Attac ou Chèvenement ? Qu'il cherche même à le faire ?! |
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Henry Faÿ 04/05/2005 16:25 |
un édifice fragile, des positions convoitées |
<< Le problème est que ce traité est d'abord une volonté franco-allemande, imposée après moult palabres à des pays pourtant bien réticents comme le RU ou l'Espagne. Inutile de vous dire qu'un non français...>> ... un non français ruinerait cet édifice fragile. C'est bien ce qu'explique Jacques Julliard dans son éditorial du Nouvel Obs du 28 avril Titre: Rien sans les Allemands et sous-titre: Si j'avais à donner une raison, une seule, à mon oui du 29 mai, je dirais sans hésiter: pour préserver l'alliance franco-allemande. Il y en a déjà qui se préparent à se partager les dépouilles. Je lis dans l'article du Monde de ce jour (daté du 5 mai) Les tenants du oui nient l'existencr d'une solution alternative au traité Thomas Ferenczi et Christophe Jakubyszyn << Un Ministre français qui a passé 24 heures au Parlement Européen confie avoir été surpris de voir que le scénario du non français n'est âs perçu comme une catastrophe; mais ces réflexions sont rarement favorables à la France. Au contraire, dans les commissions du Parlement Européen, on s'active déjà à ramasser les postes d'influence auxquels les députés français devront forcément renoncer>> ![]() |
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Nazdeb 04/05/2005 19:54 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
(Toq & Henry) « ce traité est d'abord une volonté franco-allemande Inutile de vous dire qu'un non français (…) ruinerait cet édifice fragile. » (Julliard) « Si j'avais à donner une raison, une seule, à mon oui du 29 mai, je dirais sans hésiter: pour préserver l'alliance franco-allemande. » Julliard ne répond pas à la question qui est posée, mais ça devient une habitude ici de reporter des arguments sans rapport avec la question. Cela dit, j’ai une excellente suggestion pour préserver et même approfondir l’amitié franco-allemande en cas de rejet par le texte. Il se trouve que justement, d’après les politiques allemands, la Constitution semble avoir une assez mauvaise image auprès de nos cousins d’outre-Rhin, nombreux à rejoindre la position des rouspéteurs français dont je m’honore d’être et pour des motivations assez proches (le saucial comme écrit la reine). La solution : proposer à l’Allemagne de rédiger de manière conjointe des dérogations communes à nos deux pays en échange de l’adoption le texte. Ce serait un acte tout à fait audacieux et cela renforcerait mutuellement les deux pays. ----------------------------- (Le Monde) « Au contraire, dans les commissions du Parlement Européen, on s'active déjà à ramasser les postes d'influence auxquels les députés français devront forcément renoncer » C’est effectivement tout à fait possible mais peu importe. Ce n’est pas la perte de quelques places dans des commissions parlementaires qui doit dire ce qu’il faut penser d’une Constitution. A propos des députés, il se peut que les parlementaires français soient un peu moins actifs que leurs homologues ; ils donnent parfois l’impression qu’ils se font élire davantage pour le prestige, les dîners chics ou les remboursements de frais. Les Belges ou les Italiens par exemple me semblent des bosseurs plus dévoués et plus efficaces. Et puis cette perte d’influence des Français serait une parenthèse de quelques mois, tout au plus de la durée d’une législation, sauf s’ils ne savent vraiment pas s’y prendre avec leurs collègues. C’est vraiment mineur comme question, et puis ça ne concerne pas le texte. Allez, à plus (non parce que là il faut vraiment que je me prépare pour mon cours de claquettes) et bien cordialement, ![]() |
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victor malicheff 05/05/2005 23:14 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
Toq et le "on"... la réponse je la touve dans l'article du monde diplo de mai, sous la signature de Frédéric Lordon : " ...seule une lecture décontextualisée et dépolitilisée de la Constitution peut se convaincre qu'il ne faut accorder d'attention qu'à l'apport du "nouveau" et que la compilation de l'ancien, par définition acquise est par conséquent sans intérêt. C'est sans doute ce genre d'aberration qui conduit les défenseurs du traité à se figurer que quelques déclarations de principe sociales et environnementales sans le moindre com- mencement de force politique vont escamoter le reste et emporter le morceau. Grave erreur: ce n'est pas parce que les populations ont serré les dents depuis tant d'années qu'il faut considérer que la pilule a été avalée, digérée et oubliée. Si le corps social n'a rien dit jusqu'à présent, c'est surtout parce qu'on ne lui avait rien demandé, et on aurait tort de croire que ce silence valait consentement ! Aujourd'hui, opportunité exceptionnelle et probablement sans lendemain proche, il a la parole. " Ce "on" c'est nous, c'est une occasion unique, inspérée, il nous faut la saisir avec risque de contagion... Victor |
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Henry Faÿ 06/05/2005 09:47 |
l'excellente suggestion de Nazdeb |
<< Cela dit, j’ai une excellente suggestion pour préserver et même approfondir l’amitié franco-allemande en cas de rejet par le texte. Il se trouve que justement, d’après les politiques allemands, la Constitution semble avoir une assez mauvaise image auprès de nos cousins d’outre-Rhin, nombreux à rejoindre la position des rouspéteurs français dont je m’honore d’être et pour des motivations assez proches (le saucial comme écrit la reine). La solution : proposer à l’Allemagne de rédiger de manière conjointe des dérogations communes à nos deux pays en échange de l’adoption le texte. Ce serait un acte tout à fait audacieux et cela renforcerait mutuellement les deux pays.>> Autrement dit, une agression caractérisée franco-allemande contre le reste de l'Europe! Effectivement, c'est audacieux mais de l'Europe, il ne resterait absolument plus rien, ce qui est le rêve que caresse Nazdeb, mais qu'est-ce qu'elle lui a fait cette Europe, je me le demande. ![]() |
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Marie Bonaparte 06/05/2005 10:16 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
Ainsi donc "des dérogations communes à nos deux pays" ce serait "une agression caractérisée franco-allemande contre le reste de l'Europe!" ??? Ah bon...Et "de l'Europe il ne resterait plus rien" ? Mais des dérogations c'est pourtant pas ce qui manque, à commencer par le Royaume-Uni qui, lui, a gardé sa monnaie snobant cet euro pourtant réputé être "une vraie révolution (...) une victoire très importante pour l'europe" Je me demande, Docteur F..., qui vous etes vraiment pour ainsi prétendre connaitre les reves des autres |
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Henry Faÿ 06/05/2005 10:45 |
il n'y aurait plus qu'à ramasser les miettes |
De toutes façons, l'excellente suggestion de Nazdeb n'a guère de chance d'être examinée dans les chancelleries. Vous n'ignorez sans doute pas que le "directoire franco-allemand" qui n'est qu'informel et peut-être fantasmatique plus qu'autre chose fait beaucoup jaser. Imaginez un instant que la France et l'Allemagne s'entendent sur des dérogations qui les arrangent au nez et à la barbe des vingt-trois autres partenaires! Le scandale! Le tollé! Imaginez les manchettes de journaux. C'est ça votre Europe dirait-on de Lisbonne à Vilnius. Plus personne ne marcherait. L'édifice volerait en éclat. Il n'y aurait plus qu'à ramasser les miettes. L'attitude du Royaume Uni qui ne s'est pas soumis aux règles communes quand ça l'arrangeait, qui a obtenu par le chantage et même par une sorte de guerilla des traitements de faveur et des dérogations a beaucoup ralenti et affaibli la construction européenne. D'un point de vue européen, c'est ce qu'il ne faut pas faire. Je ne peux pas ignorer les sentiments de Nazdeb sur la construction européenne qui dans tous ses messages dit, avec une certaine subtilité que je reconnais, tout le bien qu'il en pense (quand je dis bien, c'est par antiphrase, il faut le préciser car dans le forum, ce n'est pas toujours compris). ![]() |
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guydufau 06/05/2005 10:58 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
nazdeb a toujours proclamé qu'il était pour l'Europe et Henry lui sert : "Autrement dit, une agression caractérisée franco-allemande contre le reste de l'Europe! Effectivement, c'est audacieux mais de l'Europe, il ne resterait absolument plus rien, ce qui est le rêve que caresse Nazdeb, mais qu'est-ce qu'elle lui a fait cette Europe, je me le demande." Henry a entendu Chirac, péremptoire et crispé : "être pour le NON et être pour l'Europe, ce n'est pas ... convenable", est ce bien ce mot qu'il a employé ? où un plus violent ? Le mot s'est perdu pour conclure une impressionnante série de mensonges. Bref, Henry le répète, fait-il partie des rares français qui accordent encore un crédit à ses paroles ? |
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Henry Faÿ 06/05/2005 15:24 |
une discussion qui va devenir oiseuse |
![]() Je réponds parce que j'ai été interpellé mais je crains que la discussion ne devienne oiseuse. << nazdeb a toujours proclamé qu'il était pour l'Europe et Henry lui sert : "Autrement dit, une agression caractérisée franco-allemande contre le reste de l'Europe! Effectivement, c'est audacieux mais de l'Europe, il ne resterait absolument plus rien, ce qui est le rêve que caresse Nazdeb, mais qu'est-ce qu'elle lui a fait cette Europe, je me le demande.">> Nazdeb pourra me démentir comme il voudra mais j'ai l'impression que son amour pour l'Europe, c'est l'amour vache. << Henry a entendu Chirac, péremptoire et crispé : "être pour le NON et être pour l'Europe, ce n'est pas ... convenable", est ce bien ce mot qu'il a employé ? où un plus violent ? Le mot s'est perdu pour conclure une impressionnante série de mensonges. Bref, Henry le répète, fait-il partie des rares français qui accordent encore un crédit à ses paroles ?>> Je n'ai pas entendu Chirac dire ça, il n'est pas le seul à le dire (Jürgen Habermas le dit aussi) et ce n'est bien entendu pas faux. ![]() |
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josué 07/05/2005 03:34 |
re : ceux qui disent: "aucun problème, on ren&e |
wouarf!!!! le smiley wiwiste de Henry, trop marrant! |
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