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paul 13/12/2005 09:30 |
SCHWARZY MIDNIGHT |
Au fond tout est raccord : le centre culturel du monde du spectacle est le centre de la direction morale de l'univers. On y assassine pour rire et on y assassine pour de bon. Le tueur modèle de la scène est devenu le tueur modèle de la société, parfaitement conforme à une morale de la sauvagerie générale qui embrasse le monde d'Est en Ouest. Stallone, Schwartzenegger, et tant d'autres Rambos qui tissent la toile de fond de nos soirées, tissent la toile de notre nouvelle barbarie. Je me demande pourquoi les Américains, et en particuliers ces grands amateurs d'images de Los Angeles, n'organisent pas de grandes crémations d'hommes vivants, ce qui leur permettrait d'inclure ici et là les images filmées sur place afin de donner plus de « culture réalité » à leurs séquences de fiction. On va encore me traiter de Saint Jean au petit pied, n'est-ce pas Laurent? L'apocalyptique Paulo qui ne peut pas s'empêcher de noircir les tableaux qu'il se permet, on se demande de quel point de vue, de peindre de notre monde. Hé bien allez-y, mais veuillez tenter, pour une fois, de me comprendre avant de me juger : la décision du gouverneur de la Californie du Sud est un crime de sang qui n'est pas un simple meurtre passible d'un tribunal d'Assises. Elle est une marque de notre temps où la vie d'un seul homme, qui partout ailleurs ne vaut pas le poids d'une paille, pèse ici d'un poids écrasant. Assassiner pour se faire élire, prendre la vie d'autrui pour conserver le pouvoir, nous voici revenu au temps des Tibère et des Caligula, des hommes noirs de l'Histoire. Pourquoi est-ce que je me permets de faire part ici de ma mélancolie ? Au fond, mon sentiment du tragique de l'événement ne regarde que moi, non ? Oui, mais il y a une chose que je ne peux pas pardonner, quelque chose qui m'atteint directement là, dans mon lit à côté duquel ma petite radio m'annonce l'horreur en direct. Quoi ? L'impuissance de nos hommes de média de prendre la moindre initiative de protestation concrète, la bonne conscience qu'ils se donnent à passer d'un sujet à l'autre sans toucher à l'ordre qui règne et qui place le destin des Classes Prépa bien loin devant la vie d'un homme, l'existence d'un regard qui va s'éteindre, en contemplant les yeux des fauves qui attendent la pièce de gibier que Schwartzenegger va leur jeter derrière leur cloison de verre. La valeur de la vie d'un homme, certes le plus seul au monde qui soit, subit aujourd'hui de curieux traitements. L'assassinat de Beyrouth, lui, vaut, en temps de traitement médiatique, dix mille fois la vie de cet homme garotté sur la table de sa mort. Au fond tout le monde s'en fout. Qu'il meure donc, ce truand des années quatre-vingt qui vient de passer plus d'un quart de siècle dans une cage où chaque jour pouvait lui apporter sa dernière heure. Pas la peine d'interrompre nos émissions préparées depuis de longues semaines, pas la peine de mettre en danger l'ordre de nos intellections planifiées selon l'Ordre de cette minable politique française qui ne vaut même pas la vie d'un truand américain. L'ancien FC n'aurait sans doute pas fait mieux, mais quand-même, je suis sûr que les hommes d'alors auraient refusé de transformer en une petite pissette de cinquième ce crime contre l'humanité qui,dans les années cinquante, avait interloqué le monde entier pendant des semaines. C'est ça la France exacte du Parisien ? C'est en tout cas la preuve de la moralité nonchalante de nos nouveaux médiatiques, et sans doute de tous ceux qui les tolèrent sans protester. Ce n'est pas la mienne. Paul Kobisch |
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