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Enig Matique 07/11/2005 09:45 |
Genèse et structure d'une explosion sociale |
Pour qu'une bombe explose il faut la conjonction de trois éléments : le confinement d'un explosif dans une enceinte close, un détonateur qui parvient de l'extérieur au coeur du produit explosif et le geste de mise à feu. Un quatrième élément ne saurait être passé sous silence, mais on ne peut pas le citer pour tel car il demeure abstrait, je veux parler de la motivation du geste de mise à feu. C'est pourtant cette dernière cause qui est la plus importante. Et pour comprendre l'explosion des banlieues françaises, il faut commencer par cette dernière, faute de ne saisir le phénomène que de manière superficielle. Mais commençons par la motivation apparente de la mise à feu. Elle est à la fois disproportionnée par rapport aux explosions en réactions qui se poursuivent à travers le pays, au point qu' elle rappelle un certain 22 Mars 1968 qui n'était qu'une blague d'étudiants et qui s'est transformé en ce qu'on sait. L'accident du Transformateur EDF qui a fait deux jeunes victimes suivi d'un grenadage d'une mosquée par des inconnus, sont, dans la logique linéaire des médias, les causes originelles de l'explosion. Or, ce type d'accident, même tragique, a souvent défrayé la chronique de l'information sans donner lieu à une telle réaction en chaîne, exactement comme le 22 mars 68 n'a jamais été qu'un incident mineur dont on ne pouvait pas anticiper immédiatement les conséquences. Il faut donc chercher la cause de la force inattendue de ces deux causes dans les autres éléments que nous avons inventoriés, à savoir la quantité d'explosif et la volonté de mettre le feu au cordon bickford qui allait transmettre le feu à la poudre. Pour ce qui concerne la quantité d'explosif, il faut bien reconnaître qu'il s'agit de la quantité d'insatisfaction et de colère emprisonnée dans l'enceinte que représente la zone des banlieues où se mélangent des populations d'origine diverses qui n'ont qu'un seul dénominateur commun, à savoir la quantité réduite de pouvoir d'achat. A cela s'ajoute quelque chose que personne, à ma connaissance ne souligne suffisemment, à savoir l'autonomie morale des générations les plus jeunes, ce qui provient de la dissolution des familles, quelles que soient leur origine. Curieusement, c'est le sentiment d'innocence de ces enfants qui leur donne la puissance et le courage de reveler le défi que lui a lancé l'Autorité. Car les circonstances de ce drame ne sont pas neuves et ne suffisent pas à expliquer une série qui aurait logiquement dû commencer bien plus tôt dans ce pays. Il y a donc une nouveauté dans la série, et cette nouveauté se situe dans la véritable motivation de la mise à feu. Je pense que la plupart des Français a été témoin d'au moins une chose, à savoir la réaction d'une brutalité toute nouvelle de l'Autorité républicaine et surtout la posture symbolique de cette Autorité par rapport à des événements qui n'avaient dans leur réalité rien de particulier par rapport aux nombreuses bavures qui ont déjà frappé d'autres ensembles urbains dans le pays. Autrement dit, l'Autorité a globalisé par son discours, en traitant globalement de « canailles » et autres insultes l'ensemble des populations des banlieues de France. Il est évident que derrière cette attitude il y a une volonté ou une motivation qui dépasse le règlement d'un incident peu différent de nombreux autres : il y a un défi national, il y a une volonté d'en découdre au plan national, l'Autorité semblant avoir décidé de réussir par la force là où les autres ont échoué par le compromis. Cause réelle de ce terrible pari, la capture d'un électorat qui a fait de l'immigration et de ses conséquences le socle de sa haine politique. En résumé, l'Autorité a étendu à la dimension nationale un événement local, comme si elle se sentait prête à réduire le malaise des banlieues sur l'ensemble du territoire. Cette décision intervient après quelques années de mise en condition idéologique du public, conditionnement qui tend à légitimer dans tous les cas l'usage de la force. Au fond, le Président de la République se retrouve aujourd'hui dans la situation du Général De Gaulle en 1968, placé devant le dilemme qui consistait soit à négocier avec les représentants des forces sociales, soit à faire tirer sur la foule. Par une curiosité de l'histoire, notre actuel Président avait, à cette occasion, choisi la négociation contre l'avis du Président de la République. En fera-t-il autant cette fois-ci alors qu'il a tous les pouvoirs ? Pour le faire il n'a pas le choix, il doit exclure de son gouvernement l'Autorité qui s'est arrogé le droit de déclencher ce qui est en passe de devenir une guerre civile. Ce sera le seul acte symbolique qui répondra dans toute sa dimension à l'acte symbolique qui a mis le feu aux poudres. Il ne faudrait pas commettre la tragique erreur de faire mine d'ignorer que la révolte de cette jeunesse ne vise pas ses concitoyens, mais la seule Autorité qui s'est permis de la déshonorer. |
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shhh 07/11/2005 11:09 |
re : Genèse et structure d'une explosion sociale |
Cà, c'est pour la genèse, mais le pronostic, on n'est pas encore capable de le faire. A mon avis, pas encore assez d'éléments. Est-ce que virer le maladroit va suffire ? |
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guydufau 07/11/2005 14:42 |
re : Genèse et structure d'une explosion sociale |
Il manque à cette génèse : les deux électrocutés -pardon les deux racailles- ont été accusés pendant deux jours d'avoir commis un cambriolage, et les policiers qui ont lancé une bombe lacrymogène vers une mosquée ne sont pas sanctionnés. Dans l'immédiat, vers quel lieu, vers quel militaire le successeur de de Gaulle va-t-il diriger son hélicoptère ? |
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guydufau 07/11/2005 16:45 |
re : Genèse et structure d'une explosion sociale |
"Pour qu'une bombe explose il faut la conjonction de trois éléments : le confinement d'un explosif dans une enceinte close, un détonateur qui parvient de l'extérieur au coeur du produit explosif et le geste de mise à feu. Un quatrième élément ne saurait être passé sous silence, mais on ne peut pas le citer pour tel car il demeure abstrait, je veux parler de la motivation du geste de mise à feu." Il y a un autre élément, essentiel, à considérer : La portée de ma bombe Et je n'me suis pas rendu compt' Que la seul' chos' qui compt' C'est l'endroit où s' quell' tombe Biris Vian, La java des bombes atomiques |
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hhuuuuuuu! 07/11/2005 20:11 |
re : Genèse et structure d'une explosion sociale |
Tu es à coté de la plaque, comme d'hab, enig machin, 2002 on a fait des promesses en allant faire voter les banlieues, on leur a promis pleins de trucs, ils reclament leurs dus, les bonnes places,et les avantages, personne ne veut travailler au smic, normal qu'ils soient deçus ces gens n'etant pas rompus aux mensonges politiques il ne fallait pa jouer avec. |
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chaledon 07/11/2005 20:53 |
re : Genèse et structure d'une explosion sociale |
Méprisée par ses profs, harcelée par les flics, brimée par les hommes politiques, objet de reportages tendancieux et ignares. Telle est la jeunesse francaise. Réprimés, ils le seront. On verra qui assistera aux Te Deum. Vivent les camarades qui en 2005 brulèrent des voitures dans les rues de Paris ! |
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