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paul

19/08/2005
20:54
Levinas, Girard, l'été religieux de FC

Lévinas et Girard, que pouvions-nous attendre de mieux pour le dernier tour de piste de Laure Adler ? Je crains d’ailleurs que ce soit bien pire qu’une manip de plus de la directrice en partance. Certains d’entre-nous avaient bien remarqué la tendance très nette de FC à nous fournir chaque jour du religieux ne fût-ce qu’un gadget. Cette fois, et pour tout l’été, c’est à coup de philosophie théologique et de religieux sans masque que cette antenne culturelle nous atomise.
Lévinas : ne s’en cache même pas, il se permet même d’attaquer furieusement Spinoza à propos de l’herméneutique de la Thora, ce qui place le philosophe dans les rangs des rabbins qui ont excommunié Spinoza, et pour cause : ce dernier se permet de nier, preuves à l’appui, que Moïse soit l’auteur du Pentateuque. Excusez du peu. Lévinas défenseur des Pharisiens, il fallait le faire. Beaucoup de philosophes, et non des moindres, ont été fascinés par Lévinas et sa théorie de la responsabilité, du visage et de la culpabilité vis à vis d’autrui. Derrida ne se prive pas du plaisir de caresser dans le sens du poil cet « étudiant » en judaïsme. Or, je pense qu’il est temps de s’en prendre au mythe Lévinas, un homme qui a su se servir de toutes les zones d’ombre où le soleil ne faisait pas trop mal : celle de Heidegger entre-autre, dont il reconnaît qu’il a tout appris de lui, et puis qu’il se permet d’un coup d’attaquer dans un ouvrage où il étale ce que j’appelle l’idéologie du siècle, à savoir l’anti-ontologisme. Dont Derrida et bien d’autres ne sont pas innocents.
Girard : là mon commentaire sera bref. J’avais lu deux ou trois de ses œuvres parce qu’il fallait le faire, on disait qu’il révolutionnait la pensée !! Authentique / Inauthentique, encore des catégories heideggeriennes et sartriennes jetés à la poubelle de la religion. Sacrifice, désir mimétique, fatras aristotélico - hobbesien qui explique sans doute pourquoi Girard enseigne aux States. Tiens, Derrida a aussi beaucoup fréquenté les facs US. De grâce Henry, ne va pas m’accuser d’anti-américanisme primaire, c’est déjà fait. Merci.
Bref, un été chaud, comme l’Enfer de Dante dont Girard n’a pas saisi la poésie. Tant pis pour lui.
Canicule religieuse : combien de morts ?
Paul

 
guydufau

19/08/2005
21:48
re : Levinas, Girard, l'été religieux de FC

Bien Paul, mais Michel Onfray ne fait-il pas tout basculer de son côté...et de quelle façon !
 
Henry Faÿ

20/08/2005
08:09
j'ai entendu un homme remarquable

Je ne me risquerais pas à évaluer la portée de l'oeuvre philosophique de René Girard, ce que je sais par ses interventions assez fréquentes sur France Culture c'est qu'il est d'une prodigieuse intelligence, son analyse d'Othello de Shakespeare m'a époustouflé.
Si on s'amuse à compter les temps d'antenne consacrés aux philosophes religieux et antireligieux, on va tomber dans le gâtisme le plus total, on y est peut-être déjà.
En écoutant Michel Onfray, je vois que ses "libertins" Pierre Charron, La Motte Le Vayer, Saint Évremont et même Gassendi ne sont pas des grands, qu'ils ne font pas le poids face à Pascal, Descartes et Leibniz. Quant à Cyrano de Bergerac, je ne sais s'il faut le classer parmi les philosophes.


 
paul

20/08/2005
09:12
re : Levinas, Girard, l'été religieux de FC

Michel Onfray n’est qu’un symptôme, celui du tragique présent. Il faut calculer la valeur de l’hédonisme à l’aune du scepticisme, c’est à dire reconnaître la valeur plaisir comme déchet du renoncement à la question de l’Être. Plus simplement : si la vérité est hors de notre portée, c’est à dire si l’Être ne se produit que dans son propre voilement (voir Heidegger), alors le plaisir reste la seule praxis intelligente, le seul bénéfice (marginal) que l’on peut dérober à l’horreur de la vie. En fait les hédonistes ont encaissé à leur manière le renoncement que Platon va formaliser dans les termes de la future théologie chrétienne. Ce qui explique aussi les compromis esthétiques et moraux que le Catholicisme a passé avec ce même plaisir, compromis inacceptable pour les jansénistes et les Protestants qui inventent ensemble le capitalisme. C’est dans ce développement historique qu’il faut chercher l’entrée en scène de l’inauthentique comme concept que les romantiques ont flairé immédiatement, mais comme simple mensonge ou comme sophisme (lire les frères Schlegel et Hölderlin) et non pas comme structure psychique ou ontologique.

Authentique et inauthentique : Heidegger a définitivement tordu le cou aux interprétations « écologistes » ou psychologiques de ces notions. Il y a une sphère authentique, c’est celle de la question de l’Être dont le Catholicisme à chassé la culture dans son plus sordide intérêt de classe. Le capitalisme ne fait que cultiver l’inauthentique, c’est à dire entretenir l’exil de la question de l’Être de cette même culture. C’est un paradoxe pour les fondateurs qui originellement se refusaient à admettre l’inauthentique hédonisme des jésuites.

Dans le raisonnement de Girard il y a une contradiction insoluble : si l’objet du désir n’est qu’une fabrication du sujet, alors la thèse du désir mimétique et de ses conséquences violentes ne tient pas debout, car chaque objet de désir demeure singulier et ne peut donc pas entrer dans la sphère de l’altérité : comment pourrais-je jalouser autrui sans connaître la nature de son désir ?

Bien à vous et la suite pour bientôt
Paul


 
Henry Faÿ

20/08/2005
09:27
qu'est-ceque les hédonistes ont bien pu encaisser?

Qu'est-ce que les hédonistes ont bien pu encaisser?
****************************************************
<<En fait les hédonistes ont encaissé à leur manière le renoncement que Platon va formaliser dans les termes de la future théologie chrétienne.>>
Quel renoncement?


 
Henry Faÿ

20/08/2005
09:45
le désir mimétique d'Othello

<<Dans le raisonnement de Girard il y a une contradiction insoluble : si l’objet du désir n’est qu’une fabrication du sujet, alors la thèse du désir mimétique et de ses conséquences violentes ne tient pas debout, car chaque objet de désir demeure singulier et ne peut donc pas entrer dans la sphère de l’altérité : comment pourrais-je jalouser autrui sans connaître la nature de son désir ?>>

Comment ça chaque objet de désir demeure singulier? C'est tout le contraire qu'on voit tout le temps. Comment ça, l'objet du désir ne peut pas entrer dans la sphère de l'altérité? C'est ce qui arrive tout le temps. L'objet du désir d'Othello, c'est Desdémone. Or il est marié à Desmémone et Desdémone l'adore plus qu'il ne peut le concevoir. Pourquoi Othello jalouse-t-il Cassio? Justement parce qu'il ne peut pas supposer que Desdémone ne préfère pas un jeune noble vénitien au maure qu'il est. Othello ne connaît pas le désir de Cassio, il croit le connaître, il l'imagine; Othello est jaloux de la jeunesse et de la haute naissance de son rival imaginaire et il ne peut pas croire que le désir qu'il éprouve pour Desdémone ne soit pas aussi celui de Cassio. La thèse du désir mimétique marche magnifiquement bien et elle est je dois dire très éclairante.



 
paul

20/08/2005
16:13
re : Levinas, Girard, l'été religieux de FC

Les hédonistes : ils "encaissent" signifie comme à la boxe, ils reçoivent en pleine poire le déclin d'Athènes investie par les sophistes et les stoïciens sceptiques. Leur réponse est surtout ironique.
L'exemple d'Othello, j'y reviendrai, mais une remarque brève : la fiction constitue la structure de notre culture tragique. Au lieu de tirer des exemples du "romanesque", il vaudrait mieux chercher dans l'histoire, car le roman est, à mon sens, le berceau de l'inauthentique sous sa forme sublimée. J'y reviendrai, car il me semble qu'Othello n'est pas aveuglé par la jalousie, mais par la couleur de sa peau : c'est en lui-même qu'il trouve l'obstacle à sa passion. Je vais revoir ça de plus près.
salut
paul
 
chalcedon

21/08/2005
01:50
re : Levinas, Girard, l'été religieux de FC

ce qui m'a fait le plus gerber avec ce M. girard, c'est quand il dit "le vrai Nietzsche, c'est celui qui est malheureux". il lui devient sympatique et digne d'intêtret quand il suppose qu'il est faible et/ou malade.
 
paul

21/08/2005
09:39
re : Levinas, Girard, l'été religieux de FC

à Chalcedom
à la manière de Nietzsche je dirais qu'il s'agit de la solidarité des faibles (d'esprit) et des malades. Je n'ai pas osé user du mot gerber à propos de Girard, mais mes affects ne sont pas très éloignés de cette pulsion gastrique. Il suffit de l'écouter, j'ai l'impression d'entendre de lointains échos de la voix du père Préfet...
salut
Paul
 
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