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paul 01/07/2005 15:50 |
LA PAUVRETE EN PHOTOS SUR FC |
Arles : vous avez peut-être écouté le baratin auquel nous avons eu droit ce matin sur le phénomène de la photographie et son sens. Numérique, argentique, amateurs, professionnels, tout y est passé, mais à neuf heure du matin, lorsque notre ami Kravetz est venu nous parler de création, on ne sait toujours rien, mais alors rien sur la photographie. On a appris des tas de choses sur les politiques, les sociologies, le nombre d’ouvriers qui lisent et la tyrannie de la télévision, et des revenus etc, et bien sûr de ce qu’ont fait Malraux et Lang et qui a été détruit, déformé, ah ! quand reviendront ces maîtres de la Culture, und so weiter. Scheisse ! Ce que j’écris là est tellement grossier que je le fais dans une langue européenne inconnue de la très grande majorité des Français. Ah, l’importance du « Lieu » de l’art et de la manière d’esthétiser les phénomènes sociaux et politiques ! Ah ! l’émotion suscitée, l’engagement, je copie en écoutant, une telle autonomisation « « de l’art que l’art s’est mis dans l’engagement de faire sa propre histoire, son propre parcours, je suis interrogatif etc etc …..C’est ce qu’on a voulu montrer cette année à Arles. Nous voulons montrer aujourd’hui que nous vivons dans un monde sous tension etc etc …. » Bon suffit. C’est quoi la photographie, c’est quoi d’autre que l’image que nous donne la peinture, est-elle différente des autres arts de l’image ? En quoi ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’originellement une image, et de grâce c’est quoi la secte des Leica ? Secte ? Vous vous rendez compte, la religion est présente à Arles où se promènent les sectaires de Leica, même si on a pas le droit de faire de la publicité. Les bras m’en tombent. Plouf. Je ne dis même pas un mot sur le lèche-discours habituel de notre Demeurant quotidien qui ne sait faire qu’une seule chose : transmettre son sourire par ondes hertziennes, le sourire, absolu réquisit de toute présence médiatique ou politique, même Pasqua sourit encore. Bon suffit. Je vais tenter de combler en quelques mots ce néant de penser. L’image est un redoublement de présence, elle nous offre une répétition du présent sous une forme fixe qui enlève à la réalité sa dimension temporelle. C’est un peu comme si on enlevait l’être à l’être, ce que Platon avait très bien saisi au point de condamner l’image comme le feront les iconoclastes et même leurs persécuteurs comme Augustin. Or, on ne peut pas enlever l’être à l’être, sauf dans le mensonge publicitaire dont personne n’est dupe. Donc il faut trouver le statut ontologique de l’image, et ici de l’image-image, de la réplique exacte de ce que capte l’objectif d’un appareil étranger à notre corps, indépendant de notre sensibilité (sauf si on appartient à la Secte Leica, si j’ai bien compris). Or, posons-nous une question simple : pourquoi faisons-nous des images, que ce soit des peintures, des dessins ou des photographies ? Pourquoi ? Quel besoin se cache derrière cette profusion d’activités toutes dirigées vers la fabrication d’images ? Je pense que si on arrivait à articuler un début de réponse à cette question, on commencerait à avoir le droit de diriger une exposition de photographies comme celle d’Arles. Et comme je veux prendre la place du calife, je vais tenter l’épreuve : le besoin d’image est un besoin inhérent au besoin fondamental de l’être humain, celui de comprendre le monde qui l’entoure et de comprendre pourquoi ce monde se montre ainsi dans une nudité que la photographie redouble, ce qui explique peut-être le fait qu’elle a fini par s’imposer dans le domaine réservé de l’Art. Tout se joue précisément dans le péché qui consiste à suspendre la temporalité au cœur de l’activité qui consiste à contempler le monde. L’image est une fixation de l’attention. Le peintre, pris entre le marteau des choses et l’enclume du temps, choisit et fixe ce qui lui semble le plus proche de la vérité de ce qu’il a choisi de représenter. Il se permet à chaque coup de pinceau, de stopper le mouvement du temps qui modifie même le tronc de l’arbre qu’il est en train de reproduire. Voilà ce qui est intolérable pour les dialecticiens, les enfants d’Héraclite, pour qui le temps est l’essence même des choses : impossible de reproduire le même petit bout de fleuve à quelques secondes de différence. Alors on pourrait presque dire que la photographie a tout juste puisqu’elle se conforme à l’être de ce qui est au moment T où l’artiste presse sur le bouton, même si on peut pinailler en disant qu’il demeure quand-même une infime différence temporelle entre cet acte et le produit lui-même. Mais une première conclusion s’impose : la photographie est l’accomplissement de l’image dès lors qu’on en accepte le statut moral, on ne peut pas faire mieux que le Leica, et on peut jeter au feu tout le matos qui sert encore à perdre son temps à peindre ou à sculpter. Statut moral ? Mais oui, de quel droit je me permets de saisir la réalité dans une facette ridiculement partielle de son être ? Imaginez la colère des iconoclastes qui pensaient au crime qui consiste à représenter Dieu en personne, Dieu, la réalité toute entière !!! Dieu l’archétype du beau, du bon et du tout-sachant !!! Donc toute image ment, le mensonge est l’essence de l’image, et pourquoi pas tout de suite de toute représentation, le langage n’étant après tout qu’une sophistication de l’image, même si Saussure veut lui sauver la mise en l’abstrayant totalement de la contemplation de la réalité. Il y a là comme le cœur du problème de l’image, et en particulier de l’image photographique. Dans ce cadre-là, le photographe peut être considéré comme un plus grand artiste que le peintre, parce que son produit reste apparemment fidèle à ce que tout un chacun peut voir, alors que le tournesol de Van Gogh, excusez, mais je n’en ai jamais vu de tel, il est faux, archi-faux, bon pour le bûcher. Et pourtant il me procure quelque chose que la plupart des photographies ne me procure pas, il m’émeut, il me fait pénétrer dans une forme du tournesol que, sans que je ne la vois, je sais être plus tournesol que n’importe quel tournesol que je peux voir dans un champ. Oh, oui, je répète un peu ce que dit par exemple Malraux de la fonction de l’œuvre d’art, ou même en tirant à l’extrême un Heidegger : en voilant la réalité du tournesol, Van Gogh dévoile sa vérité. Et ce mouvement de voilement qui dévoile est l’essence même de l’Être. C’est pourquoi l’Art est tout ce qui reste de trois millénaires de travail systématique de la dialectique et de la théologie, et ce envers et contre l’iconoclastie cachée dans toute théologie. Alors, résumons encore une fois la spécificité de la photographie : elle est plus vérace que la peinture, plus proche de ce que nous voyons tous. Mais alors, pourquoi y-a-t-il des «bonnes photos » et le tout-venant de monsieur tout-le-monde ? D’après ce que nous venons de dire, c’est précisément parce qu’il se peut qu’il existe des photos qui voilent, et en voilant dévoilent, et puis le reste qui se contente de voiler sans rien faire d’autre. On dira : c’est le point de vue, c’est l’option du regard, c’est la voyance de l’artiste qui sait dénicher dans le réel des morceaux de vrai réel, tout en restant dans le cadre banal de la réalité commune. Mais, c’est exactement ce que fait Van Gogh lorsqu’il nous montre le caché dans le manifeste ! Il ne peint pas pour décorer la salle d’attente du Docteur ou le salon de Madame, il peint en cherchant à nous flanquer au visage le voile invisible qui couvre le vrai tournesol, choc qui nous projette dans l’invisible du tournesol, invisible qui n’est plus dépendant du Temps parce qu’il condense le temps dans la voilure, comme une voile de bateau s’empare du vent pour mouvoir le navire. Autrement dit, peindre, ou photographier, c’est dénuder le monde de sa dimension temporelle, c’est lui faire opérer une sorte de strip-tease de toutes les conditions qui en font un tournesol parmi d’autres. Le tournesol de Van Gogh sort sa tête du troupeau et nous dit : - « vous voyez ce que c’est qu’un tournesol ? Hein ? Rien à voir avec cette plante oléagineuse que vous vous amusez à contempler le long des routes parce qu’elle est d’un beau jaune et semblable au soleil. Non Je suis l’être du tournesol et donc ce que vous voyez c’est beaucoup plus qu’un tournesol, c’est le mystère qui fait qu’il y a des tournesols plutôt que pas, comme le monde lui-même qui pourrait, lui aussi, ne pas être » - (fin de citation). L’image est criminelle, comme la métaphysique, sauf celle qui se limite à la banalité de la théologie, à l’imitation de Jésus-Christ, c’est à dire presque toute la métaphysique, car s’il n’y avait que des Van Gogh partout, nous vivrions dans un autre monde, celui d’une révolution qui certes rampe dans l’art, mais qui en même temps est « encadrée » par des « métaphysiciens » comme ceux de ce matin à la radio « culturelle » de ce pays qu’est la France, qui ne savent rien de ce qui fait leur compétence et qui sont payés pour enrayer cette révolution qui sue de partout, même dans le cadre puant des médias. Au fait, où est-il ce Tournesol qui fait trembler le monde ? Ne vous en faites pas, il est dans un super coffre-fort quelque part dans le Quartier de Haute Sécurité d’une banque. Pas de risque de contamination révolutionnaire. Un dernier mot : la photo (l’image numérique) sera sans doute la forme ultime de l’Art en tant qu’Art. Dada avait raison d’en prononcer la condamnation car la révolution en cours est la rencontre de l’Art et de la vie elle-même. Pardon pour la longueur, pardon, pardon, j’le frai pu, Paul |
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dom 01/07/2005 19:42 |
re : LA PAUVRETE EN PHOTOS SUR FC |
salut Paul, aie, tu te fais monter la tension,ce n'est pas bon ça, ce que j'ai retenu de ce matin c'estla betise habituelle a savoir former les jeunes a comprendre l'image, ben voyons, encore une belle idée, déja comprendre c'est dur, mais former a comprendre cela va a l'encontre des doctrinaire de l'éduc nat, bah, ils n'ont qu'a montrer les image du test de Rorschart cela fera le même effet et en plus on pourra faire des etudes sur la capacité imaginative de nos petite tetes blondes. je gueule avec toi, pour les mêmes raisons, parce que la photo n'est pas un art, c'est un instantané figé sur un support plus ou moins durable, mais c'est tellement chic d et retro de se ballader avec un Leica ou un Zeiss, Messieurs les journalistes, quand vous photographiez les tripes des victimes un peu plus de rose sur la tripaille et un ciel un peu plus bleu et vous ferez de l'art, donc on nous prone une vieillerie sur papier argentique, tout en negligeant, comme d'hab, ce qui pourrait etre de l'art a savoir la création numérique et l'art animé en 3D sur support informatique.C'est ce qui s'appelle etre totalement decalé et conservateur, l'innovation? certainement pas bien trop ringards pour ca nos commentateurs. bref tout monde s'emerveillera de la promotion créée specialement pour les fils d'eveques, dont on ne sait plus quoi faire, Photographie, fils! on t'attribuera un prix! |
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shhhhhhhhhh 02/07/2005 12:29 |
re : LA PAUVRETE EN PHOTOS SUR FC |
Sans doute me mêle-je de ce qui me regarde pas, mais pourriez vous m'indiquer ce qui, après avoir sévèrement critiqué la photographie, ce pour quoi je suis bien d'accord, vous incite à penser que le "support numérique" pourrait faire renaître l'art ? S'agit-il d'une foi légèrement mystique envers les "nouvelles ( plus si nouvelles que ça) technologies" ? Ce serait mieux quand ça bouge, les images ? Réellement je comprends pas. |
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M@mya H@sselblad 02/07/2005 16:27 |
La hotographie indigente sur FC |
Mais pourquoi donc en appuyant sur la touche «eject» de mon ghetto blaster mode radio ne sort aucune photo ? Okay, blague nulle. Je n'ai de Leica que numérique, z'hélàs. La tendresse pour l'argentique est suffisamment partagée pour qu'elle ne s'éteigne pas (cf Bièvres). La parallèle est criante entre le son analogique et le numérique. ![]() ![]() Il est vrai que si le vinyle est réduit à une peau de chagrin (mais qui remonte tout doux le creux de la vague, équipements compris) je crois qu'il a suffisament d'amoureux pour survivre, ou mieux. ![]() ![]() Tout ce qui peut arriver avec le numérique sera toujours différent de la matière argentique, et le travail d'un tireur expérimenté grande maison ne sera jamais remplacé par un coup de photoshop, aussi powerfull soit-il. Peut-être suis-je trop optimiste ? ![]() Je laisse entrer dans le monde de l'art la photographie. Le moyen d'expression numérique ne peut certes jouer dans la même cour que l'argentique, mais qui peut prédire qu'il n'y aura jamais des pointures et réalisations idoines dans ce domaine ? Une chose est acquise : les Cartier-Bresson, Brassaï, Man Ray, Riboud, Boubat, Namuth (que je retiens surtout pour deux photos si émouvantes du couple Kooning avec peinture en cours en fond, à des décennies d'intervalles), Doisneau, Ronis, Kertesz... et des mentors/catalyseurs comme Alexey Brodovitch, font partie du... patrimoine (ta gueule, Castrita !). Qui peut dire que le numérique n'enfantera pas de quoi s'extasier, sur des murs, en grand format ? Genre faire partie du patrimoine, qui n'est pas dans des dimensions fermées, surtout celle du temps. Anyway, merci à Lang (Jack, si tu nous lis, et si tu as une vieille mallette Hasselblad non utilisée qui traîne, je suis preneuse, je demande qu'à apprendre le matos) d'avoir créé le mois de la photo et d'avoir ouvert à l'hexagone une manifestation autrefois confinée en Arles (Rencontres Internationales). C'est vrai, c'est pas parce que FC est devenue une radio autiste en matière artistique qu'il faut arrêter d'en parler ! Bonne idée de fil ! la V@ndale |
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sh 02/07/2005 18:05 |
re : LA PAUVRETE EN PHOTOS SUR FC |
Bon ok, après tout, la photo est un art, et le cinéma aussi et aussi la télévision, internet les dessins animés et les nanotechnomogies. Vu ce que vous attendez de l'art: la contemplation servile de jolies choses, de l'émotion du rire des larmes, qualifions ça d'art. Autant ne plus parler d'art en somme. |
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