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Henry Faÿ

27/06/2005
16:42
de l'excellence de l'état de pauvreté


De l'excellence de l'état de pauvreté
********************************************

Dans le fil "Jean-Paul Fitoussi et les autres", j'ai été vigoureusement interpellé par Clopine et Paul.
Je laisse de côté le fil car il est devenu un fourre-tout, un de plus.
À Clopine, j'ai répondu dans le fil "conversation sur l'économie".
À Paul, qui a beaucoup développé le thème de la haute valeur spirituelle de la pauvreté, dont on peut se demander si d'ailleurs elle existe, j'adresse dans ce fil ma réponse.
Sur ces sujets, je m'étais déjà exprimé dans le fil ouvert à l'occasion de l'intervention de Jean Ziegler: "le préchi-précha d'un prêcheur genevois", forum rouge.


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Paul : << La question que je me pose c'est "qu'est-ce que tu attends d'une réponse de Henry à un message qui bloque d'avance toute réplique possible". Tu mets en concurrence un désir et une sensibilité avec des convictions scientifiques tout en espérant un je ne sais quoi de la part d'un interlocuteur que nous aimons tous bien ici précisément parce qu'il condescend à vouloir nous initier toujours davantage au sens qu'il a choisi et qui manifeste une constance toute romaine dans un combat sans issu prévisible en sa faveur.>>


D’où vient cette idée que je condescendrais à quelque chose, que je ne serais dans ce forum que pour exprimer un insupportable sentiment de supériorité ? Je serais bien fou si je cherchais à vous à quelque chose un participant au forum.


Paul : << Je répondrai donc à ta place, en disant que tu lui rends la pareille, tu veux aussi l'initier à un sens autre que celui qu'il manifeste quotidiennement sur ce forum, et c'est fort bien. Bien sûr on pourrait négativement parler de tout cela comme d'un dialogue de sourds, mais je ne crois pas, et je pense avec le Clausewitz de garde qu'il n'existe pas de forteresse imprenable, mais seulement des forteresses mal attaquées. Et là, ton attaque est brillante et quasi exemplaire, car elle se refuse à s'installer dans une explication scientifique ou pas, peu importe, face à une réalité intolérable.>>

Il se trouve que la manière de voir de Clopine et la mienne sont beaucoup moins éloignées qu’on le croit. S’installer dans une explication scientifique face à une réalité intolérable, ce n’est pas moi et je partage ses doutes à l'égard de la scientificité de la science économique. Face à une réalité intolérable, le mieux est d’utiliser les ressources de la connaissance, les parties les plus robustes de la science économique, il y en a, pour éviter grosses catastrophes.


Paul : << Cependant. Ta question mérite qu'on la nuance sur le fond, et comme j'ai longtemps vécu dans ces zones dites "pauvres", j'ai un problème : je ne l'ai jamais vue, cette pauvreté. Même là où les femmes faisaient encore leur cuisine à même le sol de la forêt, en rangs rigolards, avec le riz et le poisson séché de la Compagnie qui exploitaient leurs maris, je ne percevais pas de pauvreté, moi qui mangeait du veau marengo et des filets de Rhodésie. J'avais même l'impression que la pauvreté était de mon côté, tant il était clair que ces femmes se fichaient joyeusement de ma curiosité à contempler la bouillie rouge de piment dont elles allaient régaler les tombeurs d'acajou et de makoré.>>


Cette situation précise de femmes faisant cuire du poisson ne fait pas apparaître la pauvreté, poisson et riz, en Afrique, c’est pour ainsi dire Byzance. La pauvreté c’est quand on a et c'est sourant le manioc sans rien d’autre et la grande pauvreté c’est le manioc et rien d’autre une seule fois par jour.


Paul : << Bon tu vas me parler des zones de guerre civiles qui se sont multipliées depuis cette époque, c'est vrai, mais même au coeur de ces espaces où règne aujourd'hui la violence, je reste persuadé qu'il n'y a pas de pauvreté et que nos relations avec eux ne ressortissent pas à des comptabilités du genre rizi-kouchnérien. Non Clopine, je pense que la pauvreté est une réalité spirituelle et non matérielle, la Constitution de Lycurgue, le fondateur de la nation spartiate, le manifeste ouvertement en désignant la pauvreté comme base nécessaire de la vertu (guerrière et démocratique). J'y ajouterai spirituelle. >>


Que la pauvreté ne soit pas une réalité matérielle c’est l’évidence, ne serait-ce parce que les besoins ressentis à l’égard des biens peuvent varier à l’infini selon les personnes, selon les groupes . Dire « Je ne l’ai jamais vu, cette pauvreté » c’est quand même avoir été frappé de cécité. Personne ne peut avoir échappé au spectacle des colporteurs dans les villes africaines. Dire « Je reste persuadé qu’il n’y a pas de pauvreté » c’est abuser du paradoxe. Expérience africaine contre expérience africaine je m’inscris en faux et je redis ce que j’avais dit plusieurs fois sur ce forum : la pauvreté comme choix, la pauvreté comme expérience spirituelle, très bien si c’est pour vous mais s’il vous plaît n’en faites pas un projet politique et ne cherchez pas à l’imposer concitoyens !

Quand je suis, que ce soit en 4X 4 ou en moto sur une piste dans le Maniema et que je vois cette triste cohorte de vieilles femmes, qui n’ont peut-être pas atteint les cinquante ans cassées en deux avec un fagot sur le dos, je n’ai pas l’inélégante inconscience de prétendre que la pauvreté est de mon côté. Ce n'est pas la lumineuse spiritualité franciscaine de la pauvreté que je lis dans ces visages mais la résignation et une immense fatigue. Avec ces vieilles femmes que l’on croise, on n’a pas l’occasion de parler mais tous ceux à qui on a l’occasion de parler disent à quel point leur vie est difficile pour eux et je n’ai aucune peine à les croire !


Paul : << Alors j'entends d'ici les cris d'orfraie de ceux qui vont me mettre au pilori du mysticisme ou de je ne sais quelle morale idéaliste "qui ne nous donne pas de pain". C'est que le pain est le dernier de nos besoins, la preuve éclatante nous en parvient en ce moment même d'une Europe pétante de richesses et qui se sent tellement pauvre qu'elle se sent menacée de mort.>>

Que tout cela est peu pertinent ! L’Europe ne se sent menacée de mort ni parce qu’elle est pauvre ni parce qu’elle est riche mais parce qu’elle ne réussit pas bien et qu’elle n’en est pas fière. Elle ne réussit pas à surmonter ses divisions, elle ne réussit pas à juguler le chômage, elle ne réussit pas atteindre les niveaux d’excellence auxquels elle pourrait prétendre dans des domaines aussi importants que l’éducation et la recherche scientifique.


Paul : << Si l'histoire à venir nous faisait cadeau d'une période de vaches maigres, je pense que ce serait le meilleur cadeau du destin pour réveiller les peuples d'un long sommeil où l'individualisme mal compris s'est transformé en égoïsme. C'est parce que les peuples dits "sous-développés" ne sont pas encore égoïstes qu'ils ne sont pas réellement pauvres,>>

Une période de vaches maigres merci pour le cadeau ! C’est vrai dans un sens que dans la grande pauvreté la mise en commun du peu qu’on a est affaire de survie mais cette idéalisation de la pauvreté a pour moi quelque chose d’insupportable. C’est une tromperie ou un manque total de lucidité. De pareils propos ne viendront jamais que de la bouche des plus favorisés qui prétendent, ça s’est beaucoup fait apprendre aux pauvres à accepter leur condition si élevée spirituellement, ma chère. Je sais très bien par expérience que l’aspiration de la quasi totalité des ressortissants de ces pays ainsi désignés est de parvenir sinon à la richesse, du moins à une certaine aisance matérielle et que je les comprends. Je n’ai jamais vu autre chose, y compris, bien entendu chez les membres du clergé qui eux ont fait des vœu de pauvreté en bonne et due forme.


<< et l'histoire actuelle de l'Amérique Latine nous le prouve chaque jour. Nous ferions bien de nous en inspirer et le moment est le bon, car il va falloir que nous fassions quelques sacrifices pour les Dix nouveaux-nés de l'Europe. La mauvaise volonté de Blair à propos de la PAC est toute entière composée de cet égoïsme qui sent venir le moment de la solidarité nécessaire pour aller plus loin dans la construction européenne. Il sait bien que sacrifier la PAC serait l'équivalent d'un refus d'assumer l'ouverture de l'Europe à de nouveaux candidats, dont la Turquie qui fait peur à tout le monde, enfin à propos de laquelle tout le monde se fait peur.>>


Je dirais que cette mauvaise volonté de Tony Blair à l’égard de la PAC est bien fondée au moins de son point de vue. (i) c’est un bon argument de politique intérieure, je dirais de marketing politique dans un pays qui est pilonné par la presse Murdoch. (ii) les sommes consacrées à la PAC pourraient effectivement avoir des affectations plus utiles, ce n’est pas une mauvaise cause (iii) si Tony Blair se trouve attaqué sur sa ristourne, contre-attaquer sur la PAC est de bonne guerre.

Sans avoir eu à lever le petit doigt, Tony Blair se trouve en position de force après la victoire du non au référendum en France, comme cela a bien été expliqué dans l’émission la rumeur du monde avec Arnaud Leparmentier et Jean-Pierre Langellier. C’est le moment pour lui de pousser son avantage, pas celui de céder aux pressions. Et après, on peut se plaindre, on peut râler, on devrait surtout s’en prendre à nous même et à l’imbécillité du non.


<<Depuis que Henry et la Reine des Belges se sont montrés agacés parce que je parlais trop de moi,>>

Moi je n’ai jamais exprimé pareil agacement.



<< Pour comprendre mon message, il faut concevoir la pauvreté dans son essence culturelle, c'est à dire le fait qu'elle ne se manifeste jamais qu'à l'intérieur de notre histoire, une histoire dont l'idée centrale est l'esprit de conquête, celui de l'hégémonisme à tout prix. Mieux : la pauvreté est toujours dans une logique de postériorité par rapport à un événement historique lié à cette valeur belliciste dont la remise en question n'a réellement commencé qu'après la catastrophe de la Seconde Guerre Mondiale (mais faut-il dire Seconde ou Deuxième ?). La pauvreté est étroitement liée, essentiellement liée, à la barbarie : elle est l'âme de l'inégalité culturelle, par opposition à une inégalité naturelle. Hölderlin dit dans l'une de ses lettres :- "dans la nature il n'existe rien de monarchique"-. Affirmation hautement morale et métaphysique car elle interdit de penser toute légitimité d'une inégalité culturelle, d'une fabrication humaine de l'inégalité, par la loi, les pratiques économiques, militaires, sociologiques etc... >>


Mais tout ça c’est du roman. Ces affirmations sont hautement fantaisistes. Cette pauvreté, qui n’est que très exceptionnellement choisie se trouve magnifiée. Elle aurait une grande valeur spirituelle ! Mais non , la pauvreté, ne se manifeste pas dans telle ou telle circonstance historique. La pauvreté est de tous les temps, de tous les lieux. Jamais ou presque jamais une véritable abondance n’a été atteinte dans aucune société que ce soit et qu’elle le soit un jour est à peine pensable.


Paul: << Si je constate, si je sens que la pauvreté n'est pas vécue en tant que telle par les populations les plus pauvres de la planète,>>

J’ai toujours constaté le contraire, que la pauvreté est vécue en tant que telle, c’est-à-dire comme quelque chose de fondamentalement pénible, comme une limite, comme une souffrance par les populations les plus pauvres de la planète que j’ai eu, en Europe, en Afrique et en Asie l’occasion de connaître. La seule idée des pauvres est d'échapper à la pauvreté et l'angoisse des moins pauvres est de la connaître à nouveau.


<< c'est dans le contexte de cette égalité-là, qui est immanente aux idéologies les plus simples comme par exemple l'animisme. L'animisme est une forme "exotique" du panthéisme, le sentiment affirmé rituellement que nous appartenons tous, vivants et morts, à un tout indissoluble dont les particularités sont comme des facettes, mais des facettes qui, comme le préciserait Spinoza, ont leur place déterminée et leur fonction dans le destin de ce Tout. Le même Hölderlin a d'ailleurs écrit des phrases pénétrantes sur l'essence spirituelle de la pauvreté. La fameuse exclamation du dénommé Jésus-Christ, rapportée par Mathieu : "Heureux les pauvres en esprit car le Royaume des Cieux leur appartient" indique clairement que désormais la pauvreté est passée dans le monde de la culture et que fuir la connaissance par l'humilité et "l'amour" peut nous ramener à ce bonheur dont sont exclus les nécessités de l'abondance ou de la misère.>>


Que la pauvreté soit passée dans le monde la culture, cela ne fait aucun doute. Hölderlin a peut-être écrit des phrases pénétrantes et admirables sur l’essence spirituelle de la pauvreté, j’espère pour lui qu’il parlait de la pauvreté choisie. La valorisation de la pauvreté, qui va avec le mépris pour les biens matériel est bien au cœur du christianisme mais appartient à bien d’autres doctrines. Doctrines grecques et romaines, Lycurgue, épicurisme, stoïcisme, doctrines asiatiques, hindouisme et bouddhisme. Il y a à ce propos dans le Christianisme bien des ambiguïtés. Dans l’Évangile, le vase de parfum, symbole du luxe est loin d’être dédaigné et nombre les paraboles utilisent abondamment les métaphore du gain d’argent, des meilleures stratégies pour avoir davantage.



Paul: << Croyez-vous qu'avec un tel commentaire nous soyons si loin que cela de la mondialisation et des problèmes économétriques qui structurent le destin des nations ? Je n'en pense rien, la fameuse "main invisible" de Smith postule un désir collectivement uniforme de l'or et du pouvoir qu'il confère, mais cet or et ce pouvoir qu'ont-ils à voir avec la simplicité d'une fin de mois difficile ? C'est d'ailleurs ce que la droite libérale internationale reproche à la grande majorité des Français, c'est ce mépris pour l'or au profit de la sécurité d'un destin modeste mais garanti.>>

Le désir de l’or n’est peut-être pas uniforme, il est en tout cas très répandu, ce dont témoigne le succès des jeux de hasard, loto et autres et aussi les émissions de télévision qui s’intitulent tout simplement « qui veut gagner des millions ? »

La droite libérale internationale peut débloquer tant qu’elle peut, ce mépris de l’or au profit de la sécurité, je ne l’ai pas souvent rencontré.


Paul: << le fonctionnariat, c'est une histoire d'amour entre le citoyen et sa cité, une histoire qui lie les deux partis à la vie à la mort. C'est ce à quoi les Européens trop avides auront à se heurter s'il veulent passer outre une culture qui a coûté des fleuves de sang, pendant que nos voisins se contentaient de plier l'échine et de ramasser les miettes des fiestas monarchiques.>>

C’est fou ce que les fonctionnaires aiment leur État employeur, qui les paye si bien. C’est fou ce que les fonctionnaires sont aimés ! On a récemment annoncé la suppression quelques milliers de postes de fonctionnaires, je n’ai pas vu couler des fleuves de sang.

 
Agnès

27/06/2005
17:50
re : de l'excellence de l'état de pauvreté

Juste un petit mot pour apporter à Henry un soutien non pas idéologique, quoique - mais de sympathie: 1) Qu'on soit ou non d'accord avec ce qu'il affirme, il me semble qu'il est difficile de le taxer d'arrogance. Et la conviction, ancrée dans l'expérience, est me semble-t-il souvent une vertu, pourvu qu'elle ne soit pas aveugle.
2) Des amis anglais sincèrement peinés par les résultats du referendum me disaient hier qu'en Angleterre, on appelait par plaisanterie le plan "B", plan "Blair".
3) Il y a en France même des régions sinistrées par une pauvreté sociale et morale insondable, qui dure depuis tant de générations qu'on se demande comment en faire émerger ceux qui en sont les victimes. Dans le Nord, par exemple,où ce que disait V. Hugo sur les caves de Lille est parfois encore vrai à bien des égards.Il suffit de la côtoyer pour constater qu'elle n'a rien de rédempteur. c'est plutôt l'avilissement maximum. Le reste est littérature.
 
paul

28/06/2005
10:08
re : de l'excellence de l'état de pauvreté




Réponse la plus brêve possible.
Henry,

"D’où vient cette idée que je condescendrais à quelque chose, que je ne serais dans ce forum que pour exprimer un insupportable sentiment de supériorité ? Je serais bien fou si je cherchais à vous à quelque chose un participant au forum."

Je retire le mot "condescendre". Mais je ne peux pas m'empêcher de déceler dans le style d'Henry un ton didactique qui a du mal à se départir d'un discours "objectif". J'y retrouve tout l'entêtement du Père Préfet à vouloir avec douceur me faire retrouver la Foi. Ici il s’agit aussi de foi, de foi dans le mouvement du capitalisme libéral.
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"Cette situation précise de femmes faisant cuire du poisson ne fait pas apparaître la pauvreté, poisson et riz, en Afrique, c’est pour ainsi dire Byzance. La pauvreté c’est quand on a et c'est souvent le manioc sans rien d’autre et la grande pauvreté c’est le manioc et rien d’autre une seule fois par jour."

En 1961, la chikwangue, infâme pâte de manioc puante et totalement immangeable, se vendait à BXL à prix d'or. Entre un "cannibal", sandwich fait de viande hachée barbouillée de mayonnaise et un petit bout de cette horreur, les Congolais immigrés n’hésitaient pas une seconde. Je raconte cela parce que je sais que des millions de Congolais ont vécu sur les bords du Zaïre en se contentant de manger cette chikwangue enroulée dans de l’écorce comme un tuyau d’alimentation lui-même enroulé autour du corps de l’individu. Ne me répondez pas trop vite par choucroute ou crêpe bretonne, car il s’agit ici de pauvreté, la chikwangue est la pauvreté assumée, le mépris pour l’or, la même chose que les Mayas se contentant de manger tels quels des grains de maïs contenues dans leurs poches. Mauvaise pioche, Henry, dans les peuples non intégrés à notre ethnocentrisme, l’éthos ancestral n’a cure de la pauvreté. Sinon, comment aurions-nous pu tromper ces peuples si longtemps avec notre verroterie ?
-----------------------------------------------------------------------< br /> "Personne ne peut avoir échappé au spectacle.... la pauvreté comme choix, la pauvreté comme expérience spirituelle, très bien si c’est pour vous mais s’il vous plaît n’en faites pas un projet politique et ne cherchez pas à l’imposer concitoyens !"

Où aurais-je prôné une telle « imposition » ? Il y a là une conclusion sophistique que je me refuse à prendre à mon compte. Mais un tel sophisme ne peut provenir que d’un esprit habitué à pratiquer des politiques, à planifier le destin des autres, même si c’est pour « leur bien ». On a vu ce que sont devenus les camps franco-onusiens qui accueillaient les populations du Rwanda et du Burundi. Ne pas prendre cela pour une accusation, seulement pour l’illustration d’une manière de penser. Je suis un adversaire déclaré des ONG, toutes les ONG, et l’histoire m’a donné raison puisque les états ont finalement été contraints de les financer envers et contre la logique de leur statut. Voir le scandale du prétendu « génocide » biafrais.
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"De pareils propos ne viendront jamais que de la bouche des plus favorisés qui prétendent, ça s’est beaucoup fait apprendre aux pauvres à accepter leur condition si élevée spirituellement, ma chère."

Coup d’épée dans l’eau. J’habite une HLM et mon revenu est le SMIC. Je n’ai aucun moyen de me procurer le moindre livre actuel, la bibliothèque de ma ville étant un outil lamentable. J’investis tout dans l’informatique minimale et je me contente de réfléchir sur la base de mon expérience passée et de ce que me dicte ma conscience. Mais le moi est haïssable et je maintiens avoir été accusé, peut-être légitimement, d’auto-publicité.
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"Mais tout ça c’est du roman. Ces affirmations sont hautement fantaisistes. Ce..."

Oui, là tu as tout à fait raison, la pauvreté n’a jamais été que très exceptionnellement choisie, l’exemple le plus illustre demeurant Sparte, mais je n’exclue nullement les sociétés que décrit Clastres, celles que j’ai côtoyées moi-même et la plupart des sociétés dites primitives où ne figure même pas la notion de pauvreté ou de richesse. Que dire aussi des Bouddhistes ? Mais je vais aller plus loin, quitte à me faire lapider : le communisme sous sa forme socialiste, même raté, n’est-il pas une option de pauvreté au nom d’une fiction d’égalité ? Tiens, et les Templiers ? Pourquoi gênaient-ils tant l’oligarchie féodale ? Parce qu’ils répandaient l’insupportable idéal de la pauvreté.
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"Blair...contre-attaquer sur la PAC est de bonne guerre."

Bon résumé de ta manière de penser.
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"C’est fou ce que les fonctionnaires aiment leur État employeur, qui les paye si bien...."

« Si bien » ? Quel culot ! Pourquoi la plupart d’entre-vous s’acharnent-ils à masquer la nature exacte du contrat citoyen de la Fonction Publique ? Justement : salaire médiocre, carrière très limitée, main-mise sur les mouvements et les mutations, (ma femme, enseignante, me répète tous les jours qu’elle a le même statut qu’un flic ou un soldat, sans leur salaire). En échange ? La garantie de pouvoir poser un jour le fardeau du souci de pourvoir à son existence. Les soldats de l’Empire romains avaient des contrats de quinze ans avant de percevoir un lopin de terre et une pension. Mais pendant ces quinze années leur vie ne tenait qu’à un fil, beaucoup mourraient par simple épuisement. De nos jours, c’est la psychiatrie qui attend les fin de carrière dans l’enseignement en particulier. En tant qu’ex-fonctionnaire je tiens à votre disposition ma progression de carrière et l’amoncellement des intérêts payés aux banques pour nourrir ma famille.
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Agnès,
"Il y a en France même des régions sinistrées par une pauvreté sociale et morale insondable, qui dure depuis tant de générations qu'on se demande comment en faire émerger ceux qui en sont les victimes. Dans le Nord, par exemple,où ce que disait V. Hugo sur les caves de Lille est parfois encore vrai à bien des égards.Il suffit de la côtoyer pour constater qu'elle n'a rien de rédempteur. c'est plutôt l'avilissement maximum. Le reste est littérature."

C’est écrit noir sur blanc dans mon fil sur la question où je parle des victimes de la PAC et du bradage de la sidérurgie. Je regrette comme toi la catastrophe qui s’est abattue sur le Nord textile et minier mais parler d’avilissement à propos d’une population qui se bat héroïquement pour ne pas sombrer, ce n’est pas objectif. Pour une fois je parle comme Henry. Na !
FIN

Désolé, mais longueur > longueur.
Paul


 
A.

28/06/2005
15:47
re : de l'excellence de l'état de pauvreté

Il n'y a pas dans le nord - je parle d'une région que je connais- que des gens "qui se battent héroïquement". Il y a des gens qui grenouillent du RMI et de toutes sortes d'autres expédients, dans un état de misère morale et culturelle plus encore que sociale, qu'il est difficile d'imaginer.Alcoolisme, obésité, inceste, crasse, télé, brutalité, j'en passe, et en sortir semble inimaginable. C'est effrayant.
 
vt

28/06/2005
23:57
re : de l'excellence de l'état de pauvreté

Je ne crois pas du tout à l'éloge de la pauvreté, surtout au sein d'une societe tentée par l'ultra libeeralisme, même si je comprends l'approche philosophique qu'il y a derriere.

Inversement il me semble que l'accumulation de biens semble rendre les gens malheureux ou bêtes ou les deux.

ce qui me parait manquer le plus en ce moment en France c'est le dynamisme qui accompagnerait l'espoir d'un avenir meilleur. Je me souviens encore d'une brochure des années 70 "travailler deux heures par semaine c'est possible". Même erronées, les utopies ont le merite de faire bouger les gens de façon positive.

Actuellement se dessine en France un avenir en grande partie régressif: augmentation du temps de travail, augmentation de l'âge de la retraite, diminution des pensions de retraite, demantèlement de l'etat providence avec santé et education gratuites.

Je sais que certains liberaux à courte vue sont tres satisfaits de cet etat des choses mais je crains que ce ne soit une situation explosive. Il n'est pas bon de revenir en arriere et les perdants du systeme ont fortement tendance à se "venger" en votant à l'extrême droite.
 
casse-croûte

29/06/2005
01:42
re : de l'excellence de l'état de pauvreté

Ce type d'utopie existe toujours, et revient très fort aujourd'hui, avec les théories de la Décroissance (dont parlait clopine dans le fil Jp Fitoussi), qui reprend entre autres le concept "travailler deux heures par semaine c'est possible".

Plus proche du monde actuel, les théories du développement durable sont une autre de ces utopies. Les tenants de ces deux mouvements sont d'ailleurs en contradiction forte, mais le débat est effectivement extrêmement intéressant, autant que le constat de base est alarmant (et assez consensuel).
 
shhhhhhhhhh

29/06/2005
06:36
re : de l'excellence de l'état de pauvreté

Propositions pour réponder aux préoccupations de A.:
- euthanasier les pauvres
- les mettre dans des camps
- ls forcer à nous servir d'esclaves afin qu'ils se rédiment,
car à notre contact, un peu de notre morale et de notre culture ne pourra que les inonder de lumière, dont ils sortiront un peu moins bestiaux, et le travail que nous leur fournirons ainsi, les élèvera ( peut-être) au niveau d'un être humain.
 
paul

29/06/2005
07:49
re : de l'excellence de l'état de pauvreté

C'est vrai quoi, ces salauds de pauvres sont tout juste bons pour les goulags, alors que d'habitude on y met des bourges qui ont viré leur cuti. Il faut remettre le monde sur ses pieds (plats), faire des lois pour enrichir les riches et appauvrir, là où c'est possible, les pauvres, surtout les presque pauvres. Car il y a les "planqués", ces demi-pauvres qui se la coulent dans des HLM de luxe avec des ascenseurs qui marchent encore parfois. Bref, il faut mettre de l'ordre et nettoyer tout ça au carcher à 50000 Bar, tout est affaire de pression.
Enfin on est tous d'accord ! C'est bon, non ?
polochon
 
shhhhhhhhhh

29/06/2005
10:21
re : de l'excellence de l'état de pauvreté

Il y a de l'espoir, j'ai entendu à la radio ( BFM) que d'après une enquête de l'insee, les ouvriers (mâles) auraient une espérance de vie de 7 ans de moins que les cadres (mâles).
Encore un effort, continuons le combat !

 
Henry Faÿ

30/06/2005
11:11
la chikwangue, infâme pâte de manioc puante


<< Mais je ne peux pas m'empêcher de déceler dans le style d'Henry un ton didactique qui a du mal à se départir d'un discours "objectif". J'y retrouve tout l'entêtement du Père Préfet à vouloir avec douceur me faire retrouver la Foi. Ici il s’agit aussi de foi, de foi dans le mouvement du capitalisme libéral.>>

Le rapprochement avec le Père Préfet ne peut que m’étonner. « Mouvement capitaliste libéral ? ». Il me semble que le mur de Berlin est tombé et qu’il serait temps d’en tirer les conséquences. Je ne veux pas être comme ces soldats japonais de l’armée impériale qu’on retrouve dans la jungle et qui n’ont pas encore déposé les armes.
Je plaide souvent, non pas pour le capitalisme libéral qui est le cadre de notre vie mais contre cet immobilisme symbolisé par le non au référendum, pour les réformes toujours difficiles à faire et jamais faites et cette impuissance à réformer me désole.


<<Cette situation précise de femmes faisant cuire du poisson ne fait pas apparaître la pauvreté, poisson et riz, en Afrique, c’est pour ainsi dire Byzance. La pauvreté c’est quand on a et c'est souvent le manioc sans rien d’autre et la grande pauvreté c’est le manioc et rien d’autre une seule fois par jour."

En 1961, la chikwangue, infâme pâte de manioc puante et totalement immangeable, se vendait à BXL à prix d'or. Entre un "cannibal", sandwich fait de viande hachée barbouillée de mayonnaise et un petit bout de cette horreur, les Congolais immigrés n’hésitaient pas une seconde. Je raconte cela parce que je sais que des millions de Congolais ont vécu sur les bords du Zaïre en se contentant de manger cette chikwangue enroulée dans de l’écorce comme un tuyau d’alimentation lui-même enroulé autour du corps de l’individu. Ne me répondez pas trop vite par choucroute ou crêpe bretonne, car il s’agit ici de pauvreté, la chikwangue est la pauvreté assumée, >>

C’est vraiment une vision de blanc et je m'arrête là pour ne pas être désobligeant. Si nous n’aimons pas la chikwange, si elle est pour nous « puante et immangeable » c’est tout simplement que nous n’en avons pas goûté dès notre plus tendre enfance. Les américains (pas tous) sont eux bien étonnés de voir que nous avons du goût pour cette chose aussi infâme à leurs papilles et leurs narines qu’est le Camembert. Pas plus que le Camembert, la chikwangue n’est symbole de pauvreté. Il est l'expression d'une diversité des goûts culinaires qui subsiste.


<< le mépris pour l’or, la même chose que les Mayas se contentant de manger tels quels des grains de maïs contenues dans leurs poches. Mauvaise pioche, Henry, dans les peuples non intégrés à notre ethnocentrisme, l’éthos ancestral n’a cure de la pauvreté. Sinon, comment aurions-nous pu tromper ces peuples si longtemps avec notre verroterie ?>>

Je n’ai jamais dit que le mépris pour l’or n’existait pas, j’ai dit qu’il était rare et minoritaire. L’ethos ancestral, je ne le connais pas, tout ce que je sais c’est que dans les contes et les mythes les plus anciens qu’ils soient indiens, arabes, grecs etc. le thème de la pauvreté, souvent symbolisé par le personnage du mendiant et de la richesse a une place prépondérante.

<< Personne ne peut avoir échappé au spectacle.... la pauvreté comme choix, la pauvreté comme expérience spirituelle, très bien si c’est pour vous mais s’il vous plaît n’en faites pas un projet politique et ne cherchez pas à l’imposer concitoyens !"

Où aurais-je prôné une telle « imposition » ? Il y a là une conclusion sophistique que je me refuse à prendre à mon compte.>>

Quand on dit que la pauvreté, sans préciser s’il s’agit de pauvreté choisie ou subie, a une grand valeur spirituelle, que des années de vaches maigres seraient un « cadeau » pour nous aider à surmonter notre égoïsme, je lis bien un éloge assez peu nuancé, et contre lequel je m'insurge, de la pauvreté.


<< Mais un tel sophisme ne peut provenir que d’un esprit habitué à pratiquer des politiques, à planifier le destin des autres, même si c’est pour « leur bien ». On a vu ce que sont devenus les camps franco-onusiens qui accueillaient les populations du Rwanda et du Burundi.>>

Il y a eu lors de l’opération Turquoise un camp français qui était bricolé, l’armée française n’a pas un savoir-faire extraordinaire en cette matière et qui a certainement sauvé beaucoup de vies, y compris celle d’un ami très chers.

Il y a eu des camps HCR donc onusien, énorme opération de secours qui ont sauvé des milliers et des milliers de vies et où j’ai travaillé comme coordinateur médical.
Quand il n'y a plus eu de camps, ça a été tout simplement effroyable.

<< Ne pas prendre cela pour une accusation, seulement pour l’illustration d’une manière de penser. Je suis un adversaire déclaré des ONG, toutes les ONG, et l’histoire m’a donné raison puisque les états ont finalement été contraints de les financer envers et contre la logique de leur statut. Voir le scandale du prétendu « génocide » biafrais.>>

Adversaire déclaré des ONG, c’est bien gentil. Si les ONG n’existaient pas, il faudrait les inventer. Elles rendent quand même quelques services, je peux en témoigner.


<< De pareils propos ne viendront jamais que de la bouche des plus favorisés qui prétendent, ça s’est beaucoup fait apprendre aux pauvres à accepter leur condition si élevée spirituellement, ma chère.

Coup d’épée dans l’eau. J’habite une HLM et mon revenu est le SMIC. Je n’ai aucun moyen de me procurer le moindre livre actuel, la bibliothèque de ma ville étant un outil lamentable. J’investis tout dans l’informatique minimale et je me contente de réfléchir sur la base de mon expérience passée et de ce que me dicte ma conscience. Mais le moi est haïssable et je maintiens avoir été accusé, peut-être légitimement, d’auto-publicité.>>

On n’est pas obligé de savoir « d’où parlent » les gens quand on les lit et il faut avoir en vue quand on écrit la généralité de ses dires ou alors parler à la première personne en précisant sa situation pour éviter les équivoques.


<<Mais tout ça c’est du roman. Ces affirmations sont hautement fantaisistes. Ce..."

Oui, là tu as tout à fait raison, la pauvreté n’a jamais été que très exceptionnellement choisie, l’exemple le plus illustre demeurant Sparte, mais je n’exclue nullement les sociétés que décrit Clastres, celles que j’ai côtoyées moi-même et la plupart des sociétés dites primitives où ne figure même pas la notion de pauvreté ou de richesse. Que dire aussi des Bouddhistes ? Mais je vais aller plus loin, quitte à me faire lapider : le communisme sous sa forme socialiste, même raté, n’est-il pas une option de pauvreté au nom d’une fiction d’égalité ? Tiens, et les Templiers ? Pourquoi gênaient-ils tant l’oligarchie féodale ? Parce qu’ils répandaient l’insupportable idéal de la pauvreté.>>

Sur les sociétés primitives, il faudrait aller voir ce que disent les ethnologues, il n’est pas exclu que chez les Papous de Nouvelle Guinée une plume exceptionnellement rare soit l’équivalent chez nous d’un collier de perles fines.

J'avais bien indiqué que la plupart des doctrines religieuses et philosophiques portaient très haut l'idéal de pauvreté, mais il faut comprendre pauvreté choisie.

Dans le bouddhisme, le détachement, la voie moyenne, c'est vrai, correspond bien à un idéal de pauvreté qui est vécu dans les monastères.

Que le communisme soit fondamentalement une option de pauvreté, je le crois tout à fait, nous le savons, et c’est sans doute une raison de son échec et de son rejet car la pauvreté, ça n’intéresse qu’une infime minorité mais l’échec vient moins de cet idéal que du fait que les Nomenklaturas des pays communistes vivaient dans l’opulence. L’hypocrisie, c’est quelque chose qui ne pardonne pas.

Pour ce qui est des Templiers, ils étaient énormément riches et je doute que leurs hauts dignitaires se soient si bien que ça conformé à l’idéal de pauvreté. Les Cathares et les patarins ont eux au péril de leurs vies exprimé et vécu l’idéal de pauvreté qui était celui que prônait l'Eglise de l'époque qui les persécutait.

Ceux qui vivent la pauvreté et la chasteté en retirent un prestige énorme auprès des populations et une grande force sur les esprits.

<<C’est fou ce que les fonctionnaires aiment leur État employeur, qui les paye si bien...."

« Si bien » ? Quel culot ! Pourquoi la plupart d’entre-vous s’acharnent-ils à masquer la nature exacte du contrat citoyen de la Fonction Publique ? Justement : salaire médiocre, carrière très limitée, main-mise sur les mouvements et les mutations…>>

Bien évidemment, je parlais par antiphrase pour contester qu’il y ait beaucoup d’amour entre les fonctionnaires et leur employeur. Fais-tu de la concurrence à… qui-tu sais et qui s’absente actuellement du forum ?

 
A.

01/07/2005
09:44
re : de l'excellence de l'état de pauvreté

Problème déjà résolu depuis quelques siècles:
http://rocbo.chez.tiscali.fr/litter/swift/modestepropos.htm< /A>
Cf aussi:
http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?recherche= modeste+proposition&rt=tt , 27/1, 9h57

 
victor malicheff

02/07/2005
12:02
re : de l'excellence de l'état de pauvreté

Henry,
L'intégration libérale de la multitude, au sens de A.
Négri , favoriserait-elle son émancipation, la délivrerait
de cette pauvreté endémique, comme vous semblez
le suggérez ?
Je pense au contaire qu'elle la précipiterait dans une
pauvreté abyssale. Nous ne sommes pas très
éloignés de l'Afrique.
Je supporte de moins en moins cette marchandisation
du foncier national et de l'immobilier qui sont devenus
des actifs financiers plus stables et rentables que les
valeurs mobilières ( actions et autres produits ).
Les conséquences sur l'aménagement du territoire et
des secteurs ouverts à l'urbanisme aboutissent à
une ségrégation socio-spatiale sans équivalent.
Qels sont les enjeux en cause ? les acteurs. Est-il
plus aisé d'envisager dans le cour terme de mettre
à plat ces problèmes ? Je le pense.
C'est sans doute ce que pensent certains électeurs
du non.
Dans un récent Esprit Public Y. Michaud posait la devinette suivante: quels sont les 20 premiers bénéficiaires français de la Pac ? Réponse: on ne
sait pas; secret défense : il avançait l'hypothèse que
le rocher monégasque était au 1er rang...à mettre à
plat car mes agriculteurs bio de l'Aube n'en voient pas
une tune.
Dans la tribune des politiques de vendredi soir, l'invité
était Glavany ex ministre PS de l'agriculture, auquel
une question impertinente a été posée: que fait-il
au conseil d'orientation du groupe Bolloré ?: réponse
il s'instruit et alimente de ses observations crédules
le tour de table à côté de A. Minc. Comme M. Aubry qui...
Etc.( NDLR: Glavany exploite en Afrique du bois pour Bolloré ).
Le problème que cela pose c'est que cette soumission
du politique au financier n'est pas acceptable, ne passe plus. L'immobilisme réside bien plutôt dans
cette permanence du pouvoir libéral. Illégitime donc.
Grand pouvoyeur de la pauvreté. A mettre à plat, à mettre à bas aussi.
Victor
 
paul

02/07/2005
12:21
re : de l'excellence de l'état de pauvreté

Tu devrais signer Victor Serge ! J'approuve à cent pour cent ton analyse en y ajoutant cette hypothèse que le libéralisme a repris sous la forme de l'économie le projet hégémonique purement territorial de l'ancien monde (pas si ancien que ça) . Bientôt "ils" seront en mesure de nous foutre tous dehors, ayant tout racheté.

Glavany tombant du makoré pour Bolloré !! J'en pleure, d'autant plus que Bolloré a repris en main la déforestation massive des zones encore vierges car plus couteûses à exploiter que les plaines faciles de la Côte d'Ivoire où neuf douzième de la forêt ont déjà disparus. En ce moment ils s'attaquent aux espaces montagneuses du Nord du Gabon, du Sud Est du Cameroun et même de la Guinée Equatoriale !! Sans parler de la Forêt des Abeilles, dernier fleuron de la forêt africaine, préservé par son immensité, la rareté de la main d'oeuvre et les difficultés d'évacuation du bois. Mais le successeur de Delmas-Vieljeux ne connait pas la difficulté, il fait faire le boulot par des Libanais, jusque-là confinés dans le petit commerce. Marre de ces esclavagistes d'un genre nouveau. Mais heureusement que les ONG sont là pour remplacer nos bons vieux missionnaires qui savaient au moins vider un bouteille de whisky avec les visiteurs sans faire d'histoire.

Ecoeuré.
Paul
 
vnny

09/07/2005
15:36
re : de l'excellence de l'état de pauvreté

Souvent Faÿ varie...

Il y a queque temps il décrivait ainsi les ONG " Médecins sans Frontières et Care International dont les 4X4 sillonnent les routes défoncées de leurs capitales. " (il opposait à cette caricature le rôle si bénéfique des multinationales, ces nouveaux missionnaires sauveurs de l'Afrique...)


Aujourd'hui (voir plus haut) c'est...le contraire :

"Si les ONG n’existaient pas, il faudrait les inventer. Elles rendent quand même quelques services, je peux en témoigner."


 
Henry Faÿ

09/07/2005
17:21
savez-vous lire??????????????????????????????????


Je vais finir par me demander si les vxq.. knp... wlsdxyz qui interviennent sur ce forum ne sont pas de parfaits imbéciles. Impossible d'avoir une pensée un peu nuancée!
Je n'ai pas dit que Médecins sans frontières et Care international, c'était mal, j'ai dit que ça n'était pas suffisant. Ça résoud dans l'urgence des problèmes de santé, ça sauve des vies, ce qui est bien important, ça n'assure pas le développemet, ça ne fait pas redémmarrer l'économie.
Je n'ai pas dit non plus que les multinationales étaient les nouveaux missionnaires sauveurs de l'Afrique.
Capito?


 
Et vous-même ?

09/07/2005
18:50
re : de l'excellence de l'état de pauvreté

Relisez donc ce que vous écrivîtes... C'est là :

http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=16 335&debut=150&page=4

Où lisez-vous ce que vous écrivez now à savoir que ça n'est pas suffisant ?

Quant à votre dernière phrase ("Je n'ai pas dit non plus que les multinationales étaient les nouveaux missionnaires sauveurs de l'Afrique") veuillez, je vous prie, chaussez vos lunettes : je ne dis pas que vous l'avez dit ! où voyez-vous des guillemets qui le laisseraient penser ? Allons donc ! Vous êtes beaucoup trop...comment dire...chattemite ? pour l'écrire aussi crûment ! Vous vous contentez de le laisser penser... Et vous le pensez tellement fort que vos dénégations ne trompent que vous. Ce qui est sans importance.

Autre chose : la "pensée nuancée", comme vous dites, est bien souvent une pensée commune. Et les gens qui pensent en commun ont les idées courbes... Ca vous dit ?
 
Henry Faÿ

09/07/2005
19:49
les 4X4 qui sillonnent les routes défoncées


J'avais écrit:
(ii) que les Somaliens et les Libériens seraient fort heureux de voir revenir les multinationales, ce serait pour eux un peu plus riche en perspectives que Médecins sans Frontières et Care International dont les 4X4 sillonnent les routes défoncées de leurs capitales.

Oui, le jour où les ONG s'en vont et les multinationales arrivent, c'est la fin des mauvais jours.

Je vois que je n'avais pas été très explicite mais je n'avais pas du tout critiqué les ONG. Maintenant, j'ai eu l'occasion de m'expliquer un peu mieux sur les bienfaits et les limites de ces ONG. Je persiste, je signe et j'ajoute que c'était pour répondre aux carabistouilles du prêcheur calviniste Jean Ziegler pour qui les multinationales, c'est le diable en personne.

Si je pensais que les multinationales étaient les nouveaux missionnaires de l'Afrique, pourquoi ne le dirais-je pas? Ai-je l'habitude de ne pas dire ce que je pense?

La pensée commune n'est pas absolument pas nuancée, elle fonctionne par simplifications outrancières, la pensée nuancée a des chances d'être une vraie pensée, donc faire autre chose que de coloporter l'air du temps.


 
paul

11/07/2005
21:05
re : de l'excellence de l'état de pauvreté

Henry,
Que savez-vous au juste des Somaliens ? En ce qui concerne les Libériens je crois me souvenir que je vous ai déjà pris les doigts dans la confiture, la multinationale qu'ils ont connue était l'équivalent de l'esclavage, la raison sociale de l'état libérien !!!
Pardon, mais vous avez beau avoir une expérience de terrain en AFrique, mais vous ne connaissez résolument pas les Africains et vous raisonnez à leur place, c'est à dire comme s'ils étaient des Européens bien imbibés de métaphysique.
Je n'ai guère le temps de développer ce soir mais je vous promets d'y revenir.
Cord.
Paul
 
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