L'Europe avait besoin de son épreuve, et la voici donc. Elle
arrive plus tôt que prévu, voilà le problème,
mais cela recoupe mes calculs sur les limites réelles
au-delà desquelles le capital perd chaque jour de l’argent au
profit des engagements sociaux historiques des Européens dont on
estime à Washington qu’on devrait être
débarrassés depuis des lustres, en gros depuis Giscard.
Trente ans de perdu ! On peut donc prévoir qu’en cas de victoire
de Merkel en Germanie, ce qui est loin d’être gagné car les
extrêmes vont engranger et surtout le PDS pour qui Schröder
pourrait cette fois faire une exception. ( C’est la hantise de Merkel,
qui sait bien que la somme de ce qui reste du SPD + les Verts + le PDS
écraserait la somme CDU+CSU. Cette perspective explique aussi la
raison pour laquelle la droite n’ose pas présenter son Sarkozy
allemand, à savoir le petit Stoiber de la très catholique
Bavière.), donc, en cas de victoire de la droite on peut
prévoir un rattrapage des intérêts perdus depuis des
années, ce qui signifie mise à niveau immédiat avec
le système thatchérien et massacre à la
tronçonneuse des protections sociales. Comme d’habitude ce seront
les Français qui vont résister, peut-être soutenus
par quelques pays du Sud, mais il ne faut pas trop y compter, encore que
Mai68 avait déjà manifesté une dimension
européenne et la gauche de ce continent a plus de facilité
à s’unifier que des droites attachées à des
fantasmes légitimistes ou régionalistes.
Il se peut aussi que Schröder laisse faire, sachant que les
réformes libérales qu’il a déjà faites ne
peuvent pas être accentuées faute de mettre le pays
à feu et à sang. Il laisserait donc Merkel gérer
l’ingérable, en vieux trotskiste qui préfère mettre
de l’huile sur le feu plutôt que d’agir directement. Dans quel
cas, il faut s’attendre à une révolution allemande, la
bonne cette fois ? Ce serait bien leur tour….
De notre côté du Rhin on peut s’attendre à voir
notre Sarko national se mettre à apprendre l’Allemand (à
moins qu’en bon Hongrois d’origine il le sache déjà ?…) et
faire la cour à Angela jusqu’aux élections, celle de
septembre en Allemagne et les nôtres en 2007. Reste une question :
au cas d’une victoire de Merkel, et donc d’un durcissement radical de la
politique libérale en Allemagne, comment notre Sarko va-t-il se
positionner par rapport à cela pour gagner « le cœur des
Français » ? Il faudra bien qu’il choisisse publiquement
son camp.
Ma conclusion provisoire rejoint des prévisions
déjà anciennes sur le destin global de l’Europe et sur les
options disponibles. En gros ce sont les extrêmes-droites qui
risquent de faire la différence dans la mesure où les
droites classiques vont les cannibaliser au maximum, voir la politique
du nouveau ministre de l’Intérieur. Et cela pose la question
extrême : quel rôle mondial l’Europe va-t-elle choisir ?
Celui d’une Suisse repliée sur elle-même par la force de la
xénophobie ambiante ou celui d’un modèle nouveau de zone
riche prête à s’ouvrir vers l’Est et le Sud ? Ajoutons que
la partie sera rude, car la puissance est du côté des
droites, l’argent et le pouvoir de propagande + plus le soutien policier
de Washington. Le peuple de Gauche européen n’a que sa
volonté et son courage, alors je ne peux qu’émettre un
dernier vœu : que toutes les gauches cessent de s’agresser et de
revendiquer leur différence au prix de l’unité.
Courage !
Paul
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