![]() Discussions annexes, bavardages politiques, hors-sujet divers... (archives 3003-2008) Ce deuxième forum est réservé aux discussions culturelles et politiques qui ne concernent pas directement France Culture. L'accès est libre mais les propos racistes, diffamatoires ou insultants seront effacés. Pour insérer des smileys, voir les pages DÉCALCOS 1 et 500 DÉCALCOS. Mention légale : les textes, idées et contenus présentés ici n'engagent que leurs auteurs à titre personnel et non le propriétaire du site Défense de France Culture. **** Cliquez ici pour retourner au forum rouge du site DDFC ****
|
||||
Retour à la liste des messages | |
Louise 30/05/2005 00:01 |
Le bonheur en cette soirée historique ! |
Ah oui, cette victoire est belle. Champagne avec les amis d'ici, de là-bas et de plus loin. Louise |
|
Louise 30/05/2005 00:04 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
|
berezina 30/05/2005 00:13 |
dans le cul la balayette |
QUELLES SERONT LES CONSÉQUENCES PRATIQUES DE LA CRISE? Les scénarios apocalyptiques sont rejetés par les analystes, qui ne voient pas la construction européenne se déliter brutalement, mettant en danger l'euro et le marché unique. Mais ils voient très rapidement des conséquences pratiques. Les premiers à pâtir devraient être les Turcs, qui doivent entamer en octobre 2005 des négociations d'adhésion à l'UE. "On peut être certain que l'adhésion turque sera retardée", a estimé Daniel Keohane, membre du Centre pour les réformes européennes, un "think tank" blairiste basé à Londres. Même si cette échéance n'est pas retardée, il est probable que les pourparlers traîneront en longueur. Il en ira de même pour les pays des Balkans, comme la Croatie. Sur le plan économique, les dirigeants français, quels qu'ils soient, seront encore plus réticents à accepter les réformes économiques souhaitées par la plupart des gouvernements, et notamment la libéralisation des services qui a provoqué un vif débat en France pendant la campagne. Le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barrroso, qui est accusé en France d'être un "ultralibéral" ne devrait pas voir ses relations s'améliorer avec Paris. Les chances d'un accord sur le budget de l'UE élargie en juin prochain, déjà très faibles depuis que l'Allemagne a annoncé qu'elle irait aux urnes en septembre prochain, seront encore plus réduites avec une France en déficit budgétaire. Outre la déception que cette absence d'accord risque de susciter dans les pays de l'Est qui attendent la manne européenne, cela implique des risques pour la Politique agricole commune (PAC), puisque l'accord de 2002 qui garantit le budget de l'Europe verte jusqu'en 2013 risque d'être remis en cause. A plus long terme, le choc risque de plonger l'UE pendant plusieurs années dans une sorte de paralysie comme elle en a connu dans les années 1970, les décisions européennes étant de plus en plus contestées par la France et d'autres pays. UNE RENEGOCIATION EST-ELLE POSSIBLE ? La revendication du "non" de gauche de plus d'Europe sociale sera très difficile à faire accepter par 25 pays qui, dans leur immense majorité, se sont opposés lors de ces quatre dernières années, à la Convention, puis à la Conférence intergouvernementale, à aller au-delà du statu quo. Blair, par exemple, s'est battu pied à pied pour éviter toute avancée dans ce domaine et devrait se montrer implacable. La seule issue possible serait une renégociation de façade qui déboucherait par exemple sur une déclaration d'intention insistant sur l'importance du modèle social européen. Mais tous les responsables reconnaissent que ce type de concession mineure ne permettra pas d'organiser un nouveau référendum et l'adoption de la Constitution par l'Assemblée nationale grâce à un tel artifice est lui aussi exclu. DES ÉLÉMENTS DE LA CONVENTION PEUVENT-ILS ENTRER EN VIGUEUR? L'une des hypothèses souvent évoquées est que des éléments de la Constitution, comme le système de double majorité qualifiée ou la création d'un poste de ministre des Affaires étrangères, pourraient malgré tout entrer en vigueur. Mais ils font partie d'un équilibre d'ensemble négocié pied à pied pendant des années -- en réalité, le début des négociations remonte à 1995 et la Constitution est le résultat de l'échec d'Amsterdam en 1997 et de Nice en 2000. "Peu de choses peuvent entrer en vigueur sans ratification", estime Sebastian Kurpas, à l'unisson des responsables européens. COMMENT SORTIR DE L'IMPASSE? Sur ce point, les analyses divergent sensiblement. Pour certains, comme Magnette, le Benelux pourrait prendre l'initiative d'une relance avec certains pays soucieux d'aller plus loin, notamment dans le domaine social, en y associant des pays comme l'Allemagne, l'Espagne, la France et l'Italie. Il évoque aussi la possibilité que Juncker soit nommé président du Conseil européen pour deux ans, le temps que risque de durer la recherche d'une issue de secours à la crise. Mais la plupart sont plus pessimistes. John Palmer, du Centre pour la politique européenne, pense qu'on en restera là, ce qui "paralysera presqu'à coup sûr" la construction européenne pour "quatre ou cinq ans": il faudra donc démontrer par l'absurde que le système actuel ne permet pas de gérer l'Europe élargie pour qu'on reprenne la discussion. Keohane ne croit pas non plus à la possibilité d'une relance par quelques pays avec un Chirac affaibli par le "non". QUELLE SERA LA PLACE DE LA FRANCE EN EUROPE? Un ambassadeur de l'UE compare la crise à la politique de la "chaise vide" menée en 1965-1966 par le général de Gaulle pour protester contre la tentation d'utiliser le vote à la majorité qualifiée pour mettre la France en minorité. "Les Français vont être coincés entre deux attitudes", analyse Magnette. "Ils vont multiplier les lignes rouges mais, étant à l'origine de la Berezina, ils vont jouer profil bas." Les responsables français craignent d'être contournés en permanence par leurs partenaires européens et d'être obligés de "raser les murs : pour la France, c'est un changement radical." Selon l'un d'eux, le Royaume-Uni pourrait tirer son épingle du jeu : "Les Britanniques pourraient remporter la mise avec une France affaiblie et l'Allemagne ne voit pas le couple franco-allemand comme une alternative à l'Europe des 25". © Reuters 2005. |
|
vnny 30/05/2005 00:35 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Et comment elle est belle !!! Comme est belle la gueule enfarinée des pontes des médias et de leurs "spécialistes" style Perrinaud et compagnie... Remarquons qu'ils font semblant de rien. Impayables !!! Vous avez dit autistes ? Le monde politico-médiatique aprés la déculottée monstre continue comme devant : au lieu d'en tirer les leçons ils nous invitent à les fesser encore alors qu'ils sont morts. Et ces cadavres, comme des poules décapitées qui courent encore, caquettent, mécaniques : "Sarkozy...Présidentielles 2007..." Comme si rien ne s'était passé le bourrage de crane continue. Le referendum n'a pas eu lieu. |
|
Louise 30/05/2005 00:43 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
En effet, ils n'ont pas compris, il faut sans doute un peu plus de temps. Apparemment Hollande n'a pas compris non plus: "C'est la faute à Chirac". Il faudra le répéter ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
|
vile toque 30/05/2005 00:55 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Au siège du PS les militants déçus ont scandé "Emmanuelli traître! Emmanuelli facho!" Ils n'ont rien compris aux 16% de 2002, rien compris aux 55% de 2005. Pas de doute, ils vont s'incruster pour perdre en 2007 |
|
vnny 30/05/2005 01:04 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Ah bon ? Sur F.Infos ils disent que c'est Hollande qui a été sifflé. |
|
Louise 30/05/2005 01:10 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Le premier remède à trouver d'urgence est celui qui pourra éradiquer la terrible maladie qu'engendre le Pouvoir. je propose: "Un seul mandat, une seule fois". ![]() |
|
Louise 30/05/2005 01:12 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
|
dom 30/05/2005 01:14 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
oui louise y compris l'ensemble des equipes des divers cabinets comme aux US |
|
Louise 30/05/2005 01:23 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
à propos de cette idée "un seul mandat, une seule fois", il y avait eu sur France-Culture une émission du Gai Savoir de Gérard Gromer si je me souviens bien.Un auteur dont je ne me souviens plus du nom disait qu'il fallait tirer au sort (comme pour les jurés des tribunaux) les élus (députés, sénateurs ), à priori, ça paraissait un peu loufoque et réflexion faite, ça n'était pas bête du tout, vous en souvenez-vous de cette émission ? |
|
josué 30/05/2005 02:58 |
Le soulagement en cette soirée historique ! |
bon, soulagé je suis, j'avoue la catastrophe immédiate a été évitée (ouf!) mais la suite ne va pas être facile… et on a à faire avec forte partie (Unice + Bruxelles + libéralisme des autres pays européens + OMC + AGCS etc…) Mais bon, je suis content que les moutons noirs (depuis 1789!) aient montré à leurs concitoyens européens qu'il est possible de réclamer une autre davantage solidaire. Je pense qu'on a fait quelques soulagés à l'étranger aussi, notamment parmi ceux qui ne pouvaient pas voter… Alors va pour quelques drapeaux étoilés ![]() ![]() ![]() Je vois que Louise démarre la rédaction des cahiers de doléances (un seul mandat) mais est-ce pour l'Europe ou pour le national? À ce sujet, j'ai trouvé plus fou: les partisans du TIRAGE AU SORT (oui oui, et c'est pas complètement idiot leur truc). Voir là: http://stochocratie.free.fr/ et là: http://rprat.free.fr/fr/resume.htm Sinon, Hollande et le PS. Je serais attristé qu'ils soient aussi autistes qu'en 2002 mais je crains malheureusement le pire tant ces gens sont accrochés au pouvoir et tant ils sont imprégnés de la conviction qu'aucun correctif ne peut-être apporté à la déferlante néo-libérale (ils ont privatisé plus que la droite comment voulez-vous qu'ils se renient à ce point?). J'espère simplement qu'une pression se fera en interne pour que le PS rompe avec l'hypocrisie qui consiste à faire croire qu'il est anti-libéral. Qu'il fasse son coming out et baste! Ensuite on verra qui reste disposé pour construire une force disposée à affronter la pensée unique et à inventer les correctifs nécessaire à la toute aussi nécessaire économie non planifiée (vous z'avez vu comme je sais parler modéré, un vrai futur politicien…). L'économie d'émulation c'est très bien, mais à condition de ne pas perdre de vue son but: le mieux vivre des gens, de l'ensemble des gens, y compris les vieux, les handicapés, les pauvres, les peu compétitifs… Bref, une économie compétitive et émulée mais au service de la solidarité. Euh… y a du boulot!!!! ![]() ![]() ![]() |
|
josué 30/05/2005 02:59 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
flûte j'avais mal lu (trop vite), Louise évoquait DÉJÀ le tirage au sort! content de lui répondre malgré moi… ![]() |
|
josué 30/05/2005 03:10 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
concernant le PS je me demande parfois s'il ne souhaite tout simplement pas un bipartisme à l'anglo-saxonne, dans lequel on a le choix qu'entre bonnet blanc et blanc bonnet (Kerry, Blair, Schröder… tous menant des politiques dures et tous officiellement "gauchistes"). Dans un tel système, les politiques se laisseraient déposséder des politiques économiqes (confiées aux élites patronales, bancaires, et à l'oligarchie européenne) et se cantonneraient aux politiques résiduelles (sparadraps sociaux). C'est à ce petit jeu là que le PS se sent fort (être le moins pire) et pas plus je crois. Il n'est plus porteur d'aucune idée progressiste forte depuis des années (depuis les 35 heures). Il se contente de survivre et de surnager, il n'a d'ailleurs aucun programme clair pour 2007 et la suite. Il suce la roue (jargon cycliste) de la droite et tente de l'emporter au sprint en proposant 3 mesurettes sociales de plus au final. Excusez-moi mais ça fait "pschiiiiiitt!" cette politique-là. Ca fait "pschiiiiiitt!" depuis avril 2002 d'ailleurs… ![]() |
|
Tocqueville 30/05/2005 12:05 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Le peuple contre les élites politico-médiatiques ??? Allons-bon ! Les 13 millions de Oui sont tous des nantis, s'engraissant par le jeu du cac 40, et tous deux résidences secondaires en province . Quelle facilité dans l'analyse des choses que de présenter le Non comme la victoire des modestes, des petits, des sans-grade et des smicards. Mais c'est en effet bien commode et rassurant pour les partisans du Non que de croire incarner cela. |
|
guydufau 30/05/2005 12:40 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
"Mais c'est en effet bien commode et rassurant pour les partisans du Non que de croire incarner cela" Oui, Tocqueville, c'est commode... Après que l'immobilier eut flambé et les loyers suivant le mouvement, chassant les gens modestes vers les banlieues, Paris affiche ce surprenant résultat : OUI 66,45 pour cent NON 33,55 pour cent |
|
guydufau 30/05/2005 16:07 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Bayrou a manqué d'à propos durant cette soirée du 29 mai. En même temps que la victoire du NON, arrivait sur Paris la pluie et il a oublié de rappeler sa prophétie : "si le NON l'emporte il pleuvra pendant 40 jours". |
|
guydufau 30/05/2005 17:21 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
L'éditorial du Monde signé par son directeur, est construit autour de cette calomnie : "Le rejet du traité constitutionnel révèle, d'abord, qu'une majorité de Français n'a pas, ou n'a plus, envie de l'Europe. Au point d'avoir pris le risque, et de devoir assumer désormais d'avoir affaibli la position et les capacités de la France en Europe." Ce directeur, monsieur Colombani vient d'être comdamné pour avoir abusivement licencié un de ses journalistes, Daniel Schneidermann. Nous sommes heureux d'avoir battu le ouiste Colombani. |
|
Tocqueville 30/05/2005 17:52 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Quel est le sens et la portée du propos précédent ?! Sur le OUI parisien, qu'il y ait le reflet là d'une ville d'abrod de gens aisés ou semi-aisés, certes. J'y vois aussi et surtout le miroir d'une ville évidemment plus portée à être en contact avec l'Europe et le monde, et qui de fait a mieux perçu les enjeux du scrutin. |
|
guydufau 30/05/2005 18:13 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Quel est le sens et la portée du propos précédent ?!celui de 12h40 Mias il est d'abord de prendre en défaut le message qui l'a précédé et dont l'auteur est Tocqueville, n'est ce pas Tocqueville |
|
Rahan 30/05/2005 18:27 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
prendre en defaut quoi, guy, que les bourses de Francfort et de Londres sont a la hausse et que la France fait doucement rigoler tout le monde. bah, le coté positif c'est l'explosion du PS, la droite la plus con du monde? pas vraiment de toute facon vu les gueules de raies dont la télé nous a affligé hier soir, il n'y a pas grand chose a attendre des politiques, encore moins des syndicalistes, bon, vous le foutez votre bordel dans les rues cela nous fera des vacances. pauvre guitout le monde est ailleurs et certainement pas place du Colonel Fabien. |
|
casse-croûte 30/05/2005 18:34 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Donc les gens des villes sont en contact avec le monde et votent oui; les gens de la campagne en sont isolés et votent non. Une analyse socio-géorgraphico-économique tout à fait remarquable. Ceci explique pourquoi les paysans reçoivent la PAC et votent NON à 60%, pourquoi les gens qui vivent en banlieue populaire votent NON à 70%, etc ... En fait c'est simple : ils sont tout simplement idiots et repliés sur eux-mêmes. Leur donner le droite de vote à un referendum comme celui là, c'est donner de la confiture aux cochons... Je crains que l'analyse des résultats ne vole encore plus bas que la campagne elle-même, c'est à se demander comment on va faire, il va falloir creuser la terre les amis. |
|
dom 30/05/2005 18:58 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Leur donner le droit de vote à un referendum comme celui là, c'est donner de la confiture aux cochons... ben quand je disais que c'etait le genre de chose a ne pas confier au peuple on m'a traité de faf, le peuple c'est tres bien pour supporter une equipe de foot et se foutre sur la gueule a l'issue de la rencontre, rien de plus, des qu'on lui demande de reflechir il ne sait plus faire puisque d'habitude c'est l'état qui pense pour lui et l'assiste dans sa pensée. |
|
casse-croûte 30/05/2005 19:01 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Aïe dom, c'était de l'ironie, du second degré quoi ... oui je trouve que c'est faf de dire ça. Le fait de faire voter les gens est le seul moyen qu'on ait trouver pour ne pas faire n'importe quoi, et encore ça ne marche pas à tous les coups (1933, allemagne). Je pense que tu fais fausse route en pensant ça. |
|
dom 30/05/2005 20:37 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
est ce le role du peuple de ratifier un traité ? c'est la question que je te pose |
|
guydufau 30/05/2005 21:28 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
"Le fait de faire voter les gens est le seul moyen qu'on ait trouver pour ne pas faire n'importe quoi, et encore ça ne marche pas à tous les coups (1933" Non, casse-croute, je ne suis pas d'accord avec la référence à 1933 Allemagne"; il faut qu'une consultation ne soit pas faite sous la terreur de bandes nazies et il faut se rappeler dans quelles conditions, les pleins pouvoirs ont été obtenus par Hitler : en arrêtant les députés communistes et en empéchant le vote de certains députés socialistes. |
|
guydufau 30/05/2005 21:31 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
A dom : L'ABC d'un démocrate c'est de penser que le pouvoir émane du peuple, donc il est normal qu'il soit consulté |
|
vnny 30/05/2005 22:05 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Comme si rien ne s'était passé le bourrage de crane continue. Le referendum n'a pas eu lieu.(suite) Lundi 30 mai 2005 (06h27) : Ces gens-là du "service dit public" se comportent de façon indigne... 15 commentaire(s). de Gérard Filoche Quelle belle victoire, et quelle joie après tant de combat : un “non” de gauche écrasant, un “non socialiste” majoritaire ! Bravo le salariat français ! C’est le même vote le 21 avril 2002, la grande grève 2003, le 28 mars 2004, le 13 juin 2004, le 29 mai 2005, ce peuple rejette inlassablement le libéralisme et la gauche qui lui fait des concessions, et il veut une gauche à sa hauteur ! Un tout petit détail ce soir, dont j’ai été victime a contrario de ma joie... Récit : J’étais invité à France 2... Voilà ce qui s’est passé, presque une semaine à l’avance, Gilles Leclerc m’appelle et me laisse un message, pour le joindre, puis me rappelle et me propose de venir à France 2 le dimanche soir sur un plateau à 23 h 30 J’accepte, Une de ses collaboratrices (SB) me rappellera deux fois pour avoir le numéro de la voiture qui m’amènera afin de la communiquer à l’entrée, je n’ai pas de voiture, j’informe que je viendrais en taxi, on me précise le lieu d’arrivée, Je quitte mes enfants et mes amis en pleine fête de la victoire du “non”, à Confluences, vers 22 h 45, M° Alexandre Dumas, je trouve un taxi qui m’amène vers 23 h, on m’accueille, on me maquille, et j’attends, d’abord un peu, puis de plus en plus, j’attends, on me rassure à plusieurs reprises, “il y a du retard, mais vous passerez, donc restez”, nous sommes plusieurs à attendre en effet, Patrick Braouzec, Alain Bocquet, Jacques Nikonoff, Georges Sarre, Vincent Peillon, Christian Paul, quand on se parle, on constate qu’on est tous en retard mais moi plus que d’autres car selon le planning, on m’avait dit que je passerais avant eux, et puis on fait passer devant nous, qui sommes debout à l’entrée du studio, Mme Boutin, et d’autres ouiistes, Hortefeux, Coppé, surtout, et enfin JM Ayrault rentre, me serre la main, mais... contrairement à ce qu’on m’a dit, ce n’est pas mon tour. Tous les ouiiistes passent, les derniers arrivés passent entre nous, devant nous, selon une mystérieuse sélection, les responsables s’écartent, se font insaisissables, j’entends des gens qui travaillent qui disent “mais la rédaction est partagée comme toutes les rédactions”, d’autres qui me font bonne mine, et s’informent de la tournée du “trio” du non socialiste, on voit Julien Dray passer, puis Arlette Laguillier, tout ordre semble bousculé, mais finalement on me dit, "dans un quart d’heure, c’est bon, c’est sûr", et un quart d’heure après, que j’ai attendu, avec une attachée de presse, qui me fait patienter courtoisement, on me fait rentrer dans le studio, je m’approche de la table ronde ou Krivine et Donnedieu de Vabres parlent, mais la même attachée de presse qui m’a fait rentrer, après avoir parlé avec Arlette Chabot, me fait signe et me fait ressortir et me dit qu’il n’y a plus de temps, plus de place, et que je ne parlerais pas ce soir... que c’était impossible, Il est 1 h du matin... J’ai pris deux heures et demi, gâché ma soirée, je suis fatigué, après 86 meetings dans 20 régions, en dix semaines, je suis resté debout une heure et demie, dans une "queue" de notabilités, je n’avais pas demandé à être là, et à aucun moment on ne m’a dit, devant mes questions, et mon indignation croissante "c’est vrai il y a un problème", non, on m’a assuré que j’allais "passer de façon imminente", m’empêchant même de partir, quand j’en manifestais l’intention... On m’a finalement dit en répondant à ma question que la responsable qui avait décidé cela était Arlette Chabot, or celle-ci qui m’a cotoyé à maintes reprises, toute la soirée, ne m’a pas adressé la parole, ni même dit bonjour, et elle ne m’a donné aucune explication alors que c’est elle dont on m’a dit qu’elle avait décidé de m’éliminer après tout cela. Je le dis, ces gens-là, du "service public" se comportent de façon indigne, Selon une expression consacrée, "comme des chiens" : ils croient peut-être que l’on peut insulter comme cela des militants, des responsables, des humains... Pendant des semaines, ces rédac’ chefs de tous poils, ils nous ont pourri la vie, insulté sur tous les tons, interdit de parole, d’arguments, avant que le peuple ne résiste et ne leur dise massivement et admirablement "non" en dépit de 90 % de matraquage quotidien, mais cela ne leur suffit pas, ils n’entendent pas, ils donnent la parole encore à ceux qui ont perdu, et traitent ceux qui ont gagné, qui ont mouillé leur chemise, comme des chiens, de façon non digne, ils espèrent peut-être encore que l’on va se taire et se laisser humilier, sans doute ? Je diffuse cette lettre publiquement, parce que ce genre d’humiliation, demande l’heure d’une certaine revanche, parce que des sectaires qui dirigent notre télé publique et se comportent comme cela, ça doit se savoir, et ne pas rester confidentiel, normalement l’heure du changement en profondeur devrait sonner et j’utilise des termes modérés vous l’aurez compris... Lundi, 30 mai, Victoire, lendemain du jour où 56 % de notre peuple, le peuple de gauche a rejeté victorieusement cette constitution libérale, nous allons écrire l’histoire de cette bataille et son ampleur, nous sommes allés chercher les voix socialistes une à une, et nous avons connu une belle dynamique, un élan de gauche fantastique, et cela nous promet de beaux lendemains, les mots d’ordre sont “constituante européenne”, et “dehors Chirac” et “le Ps doit écouter le peuple de gauche” , c’est ce que j’aurais dit si j’avais pu parler à France 2, et j’aurais essayé d’ajouter : “unité”, unité à gauche, unité des socialistes, unité de la gauche des socialistes... PS : vous avez la primeur, ce mel est envoyé à 300 journalistes, à 6000 abonnés du site, et en copie, dés que j’ai ses coordonnées à Arlette Chabot... Source (et commentaires) ici : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=15652 |
|
dom 30/05/2005 22:14 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
A dom : L'ABC d'un démocrate c'est de penser que le pouvoir émane du peuple, donc il est normal qu'il soit consulté a Guy l'ensemble des constitutions ont été faite par des érudits sans consultation de l'avis du peuple a winny l'ourson Victoire, lendemain du jour où 56 % de notre peuple, le peuple de gauche a rejeté victorieusement cette constitution libérale, le Pen est a gauche Devillier aussi, amusant comme les communes du Languedoc tres a droite font les mêmes scores que le FN |
|
Louise 30/05/2005 22:26 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Pardon vnny, je n'avais pas vu que vous aviez déjà mis l'article ici, je viens de le mettre dans le fil "...censuré par les média" |
|
dom 30/05/2005 22:39 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
www.thesun.co.uk. http://www.thesun.co.uk/article/0,,2-2005240861,00.html< br /> arf arf arf mort de rire |
|
vnny 30/05/2005 23:03 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
C'est parfait Louise, j'hésitais justement entre ici et là-bas A ce propos, tiens, le sujet de LBSJS était : "Alors que 55% des électeurs français ont rejeté la constitution européenne, les médias ont préféré donner la parole aux désavoués, aux hommes politiques partisans du "oui". Cette spéciale répondeur est l'occasion de laisser s'exprimer la joie et les satisfactions "populaires". Pour écouter ; http://www.radiofrance.fr/chaines/france-inter01/emissions/l abas/index.php |
|
cauchoiskev 31/05/2005 21:48 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
J'ai du mal à éprouver de la sympathie pour la crise de nerfs de M.Filoche. Qu'attendait-il au juste d'Arlette Chabot et de France 2 ? Ceux-là mêmes qui ont fustigé et ridiculisé les "Non", qui les ont accusés de tous les maux, qui ont extirpé méticuleusement les arguments et les défenseurs du "Non" de leur antenne claquent leurs doigts, et on accourt, serviable. Personne n'a contraint M.Filoche à accepter cette invitation. Une fois dans les studios, peut-être l'y a-t-on retenu de force ? Après un délai raisonnable, un homme aurait claqué la porte, quels que soient les charmes de l'assistante de réalisation qui le pressait de rester. |
|
audreymalran 31/05/2005 21:51 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Oui, c'est vrai, moi aussi il me déçoit sur ce coup-là le père Filoche. Mais bon, faut dire qu'ils sont usés en fin de campagne nos militants, et désireux d'un peu de reconnaissance pour tout le travail accompli (et rien de rien, blackout des médias, ça doit être frustrant je le reconnais…) |
|
Nestor 31/05/2005 22:06 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Filoche c'est pas un des pieds nIckelés? |
|
Louise 31/05/2005 22:43 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Filochard |
|
casse-croûte 02/06/2005 11:59 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Dom, à ce moment là on peut aussi refuser au peuple le droit d'élir le chef de son état, le parlement et tout le bastringue, aussi sous prétexte qu'il n'en est pas capable. Mais alors tu n'as rien contre l'établissement d'un régime autoritaire ? Parcequ'à ma connaissance il n'y que la parole du peuple qui puisse l'empêcher (et encore pas de façon systématique). |
|
LN 02/06/2005 13:53 |
réponse à casse-croute |
Je suppose que la contrib de casse-croute répond à celle de dom qui le 30 mai à 20h37 demande << est ce le role du peuple de ratifier un traité ? c'est la question que je te pose >> Dom n'a pas parlé d'élections. Sauter de sa contrib à la tienne (11h59), n'est-ce pas mettre dans le même sac-poubelle deux formes de démocratie : délégation et consultation ? Même en approuvant la consultation (démocratie américaine, suédoise, suisse) on peut douter (ou non) qu'elle était ici le moyen approprié, vu le pavé et la complexité. Je dis ça parce que j'ai renoncé très tôt à dépasser quelques prémisses du questionnement. Non compétent je me juge et je le dis. Délégation ou consultation : on peut se juger non compétent pour trancher sur certaines questions (dont celle du TCE, DOm ne parle que de traité), mais se juger compétent pour choisir à qui on délègue la décision ou l'intervention dans le débat. Ceci pour un mandat. Renouvelable ou non, peu importe, mais un mandat limité. Est-ce moins démocratique ? En tous cas c'est plus lucide, du moins je le crois. LN |
|
casse-croûte 02/06/2005 14:24 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Je parle d'élections justement pour ça. Si on zappe la consultation, toute la complexité revient sur l'élexxion de la personne à qui on délègue. Il faudrait donc que nos députés par exemple soient élus sur leur programme et leur vision sur l'europe. Si c'est pas le cas, quelle légitimité aura-t-il ? Il ratifiera des traités comme le tce (même si je ne pense pas que ce soit vraiment un traité comme les autres...) et sera conspué. C'est pour cette raison que le parlement (en france et ailleurs) n'avais pas à mon avis une grosse légitimité démocratique pour ratifier le tce. Je ne me rappelle pas qu'une campagne ait été menée à ce propos aux législatives. Ce genre d'attribution doit être défini bien en amont de l'approbation d'un truc comme le tce. Je suppose (sans avoir de superzinformations non plus) qu'en allemagne c'est pareil, le bundes-machin a dû être élu sur des programmes nationaux et voilà qu'il ratifie un traité européen... Pour en revenir à la france, c'est d'autant plus foireux que dans tous les partis ''centristo-modérés'', il y a des partisants du oui et du non, ce qui montre bien que les positions de chacun n'étaient pas prévisibles au moment où ils ont été élus. |
|
LN 02/06/2005 15:19 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Mais nos députés européen, à quoi ils servent ? Ils sont sensés nous représenter pour les décisions portant sur cet échelon non ? Et c'est une représentation proportionnelle surement plus authentique de l'Ass. Nationale. |
|
Henry Faÿ 02/06/2005 15:38 |
démocratie représentative, démocratie d |
![]() La démocratie représentative, c'est quelque chose qui a fait ses preuves. On élit ses représentants en fonction des tendances politiques qu'ils représentent de leurs capacités et de leur personnalité. Ils se déterminent au coup par coup pour les différentes questions qui leur sont soumises. Il y en a que cette médiation par un représentant chiffonne (par exemple casse-croûte). Ils trouvent que ce système écarte le citoyen de la décision, que c'est une limite à la démocratie. Ils voudraient être consultés sur tout, ou sur tout ce qui est important. La démocratie directe, qui consiste à consulter le peuple pour une question précise peut être jugée plus démocratique. Dans certains pays, ça marche effectivement, c'est le cas en Suisse mais c'est peut-être le seul cas. En Suisse, la question est posée, la population consultée répond à la question et tout le monde est content. Dans d'autres pays, comme le nôtre, le recours à la démocratie directe est beaucoup plus discutable. Celui qui pose la question entend faire de la consultation un moyen pour renforcer son pouvoir; c'est une sorte de plébiscite masqué. Le peuple, pas dupe n'entre pas dans son jeu et ne fait pas que répondre à la question, il profite de l'occasion pour lui envoyer un message éventuellement hostile et aussi pour exprimer des états d'âme plus ou moins confus. Résultat, on ne fait pas que répondre à la question et le système s'en trouve pollué. C'est bien ce qui s'est passé lors du référendum du 29 mai sur la constitution européenne, comme l'avait dit Jacques Julliard, ils votent non, ils veulent dire merde. ![]() |
|
casse-croûte 02/06/2005 18:39 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Tu avoueras que les interprétations "la population répond à la question et tout le monde est content" pour les suisses et "ils veulent dire merde" pour les français a quelque chose de subjectif ... D'un simple bulletin (non en l'occurence), nos médias, nos représentants prêtent aux électeurs l'intention de dire merde. Que ce soit vrai ou faux, c'est ce que j'appelle un procès d'intention parcequ'il n'y a aucun argument officiel derrière le non (ou le oui). Ces arguments sont donnés par des sondages, dont on sait qu'ils sont instrumentalisés par absolument tout le monde, que ce soit par ceux qui y répondent, ceux qui posent la question et ceux qui utilisent les chiffres qui en sortent pour apporter une caution arithmétique à un discours subjectif. Un exemple : le fameux sondage selon lequel 42% des gens qui ont voté NON pensent qu'il y a trop d'étrangers en france. L'interprétation du non est, plus généralement, le point le plus important pour les médias aujourd'hui, car c'est effectivement le seul fruit du non que les partisans du oui peuvent recueillir. Ca leur ouvre en particulier les perspectives de diabolisation de l'extrême gauche et surtout d'attac, qui fait décidément très peur. Notamment pour le PS, qui pourrait être concurrencé par Attac canal politique, une branche qui cherchera ouvertement à être élue dans les prochaines années, et qui vient de trouver son mythe fondateurs à l'occasion de sa première campagne, qui a par chance pour elle été ''victorieuse''. Si la 3eme voie se plante, le PS va couler et ouvrir la porte à ce ''nouveau'' parti, qui apparaitre relativement modéré dans les années qui viennent. Comme il a été dit précédemment, attac ne remet pas en question le marché et y trouve même (comme d'autres plus libéraux) un moyen de récolter de l'argent (par la taxe tobin). C'est finalement assez parallèle à la 3eme voie, mais ça risque d'etre plus porteur, fabius a misé là dessus, strauss kahn l'a loupé alors qu'en tant qu'économiste ''legitime'' il aurait pu prendre le train. Toujours est il que tout ça chamboule trop le paysage politique et dans l'immédiat, les partis "modérés" tentent de diaboliser tout ça, mais avec des ficelles si grosses que ça sent quand même le baroud d'honneur ... |
|
prof 02/06/2005 19:10 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
'le bonheur en cette soirée historique' est terni par la poursuite de la campagne mediatique pour le oui |
|
Henry Faÿ 02/06/2005 19:30 |
un non... négatif |
![]() << le bonheur en cette soirée historique' est terni par la poursuite de la campagne mediatique pour le oui>> Ce "bonheur", à mon sens très frelaté mais je n'étais pas à la Bastille, sera de jour en jour plus que terni quand il sera bien confirmé que le non n'ouvre strictement aucune perspective politique, ce qui avait été largement annoncé, que ce non est une véritable entreprise de démolition, que ce non est purement... négatif. ![]() |
|
Henry Faÿ 02/06/2005 19:45 |
mettre un non=merde dans l'urne |
![]() << Tu avoueras que les interprétations "la population répond à la question et tout le monde est content" pour les suisses et "ils veulent dire merde" pour les français a quelque chose de subjectif ...>> Je n'ai pas dans mon ordinateur une base de donnée qui synthétise les enquêtes d'opinion faites en France depuis six mois mais j'en ai tant et tant entendu autour de moi, il y a eu tant et tant de lettres dans les journaux que j'ose affirmer sans risque de me tromper que Jacques Julliard avait bien vu les choses: "ils votent oui, ils pensent merde". Les enjeux européens n'étaient pas absents mais au second plan, pris en otage, en quelque sorte. L'élection a été complètement parasitée par la grogne et le mauvaise humeur. Il était impossible de faire comprendre à mes différents interlocuteurs: mais les commerces en difficulté (dans le Xe arrondissement de Paris, tu parles!), l'inquiétude sur les retraites, la hausse des loyers, les prix qui augmentent (quand n'ont-ils pas augmenté?) les profs absents non remplacés, c'est hors sujet ou bien si ce n'est pas totalement hors sujet, pensez que le non ne fera qu'aggraver la situation. Rien à faire ils voulaient absolument mettre un non=merde à Chirac dans l'urne. Et tant pis pour l'Europe! ![]() |
|
Henry Faÿ 02/06/2005 20:03 |
triste mythe fondateur |
![]() <<... Ca leur ouvre en particulier les perspectives de diabolisation de l'extrême gauche et surtout d'attac, qui fait décidément très peur. Notamment pour le PS, qui pourrait être concurrencé par Attac canal politique, une branche qui cherchera ouvertement à être élue dans les prochaines années, et qui vient de trouver son mythe fondateurs à l'occasion de sa première campagne, qui a par chance pour elle été ''victorieuse''. Si la 3eme voie se plante, le PS va couler et ouvrir la porte à ce ''nouveau'' parti, qui apparaitre relativement modéré dans les années qui viennent. Comme il a été dit précédemment, attac ne remet pas en question le marché et y trouve même (comme d'autres plus libéraux) un moyen de récolter de l'argent (par la taxe tobin). C'est finalement assez parallèle à la 3eme voie, mais ça risque d'etre plus porteur, fabius a misé là dessus, strauss kahn l'a loupé alors qu'en tant qu'économiste ''legitime'' il aurait pu prendre le train.>> Tu parles d'un mythe fondateur! Pas de quoi être fier! Extrême gauche, représentée par Attac ou autre chose, contre réformisme social-démocrate, mais tout ça c'est normal, c'est le b-a ba de la politique, rien à dire, c'est une constante. Il faut que ce débat et même cette bagarre ait lieu. Ce qui me fout en rogne, c'est que cette bagarre ait pris en otage la construction européenne, dont il n'est pas difficile de démontrer qu'elle ne va pas uniquement et forcément dans le sens du libéralisme, qu'elle représente, peut-être à long terme, une manière d'échapper à l'hégémonie des Etats-Unis, ce qu'ont vu Emmanuel Todd et Jeremy Rifkin. En fait, pas à si long terme que ça, si l'on en croit Zapatero qui a dit que si l'Espagne avait eu la peseta comme monnaie (et non l'euro), elle n'aurait pas pu retirer ses troupes d'Irak. Les partisans du non "de gauche", ceux d'Attac en particulier n'ont pas fait preuve d'une grande perspicacité. Ils éprouveront peut-être quelques remords dans pas longtemps. ![]() |
|
Henry Faÿ 02/06/2005 21:30 |
ah la belle victoire que voila! |
![]() << Ah oui, cette victoire est belle. Champagne avec les amis d'ici, de là-bas et de plus loin. Louise>> N'oubliez pas que ce missile qui a envoyé par le fond la construction européenne, beau résultat, a quand même été lancé en mêlant ses voix à celles des électeurs de Le Pen, de Ph. de Villiers, de Pasqua et de quelques autres UMP et UDF du genre Myard et Pinton. Pas de quoi être tellement fiers! ![]() |
|
dom 02/06/2005 22:21 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Dom, à ce moment là on peut aussi refuser au peuple le droit d'élir le chef de son état, le parlement et tout le bastringue, aussi sous prétexte qu'il n'en est pas capable. Mais alors tu n'as rien contre l'établissement d'un régime autoritaire ? Parcequ'à ma connaissance il n'y que la parole du peuple qui puisse l'empêcher (et encore pas de façon systématique). non, je commentais en disant en vertu de quel droit le peuple signe un traité politique,affaires etrangeres diplomatie profesionnelle, et avis du peuple, je l'avais dit, pour declarer une guerre on ne nous a jamais demander notre avis je part du principe que nous votons pour des élus et nous leur donnons mandat pour defendre nos interets, d'ailleurs il me semble que c'est le bon principe. |
|
Louise 03/06/2005 00:30 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Oh Henry ! Quand même ! ![]() |
|
Louise 03/06/2005 00:35 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
"Déjà, ils n’ont toujours pas compris que ce scrutin n’était pas une élection, mais un référendum, c’est-à-dire une consultation des citoyens par-dessus la tête de leurs représentants politiques, qui jouent ici un rôle secondaire. «Pour la première fois, dimanche, le chef du FN a voté comme la majorité des Français», écrit sinistrement Jacques Julliard dans le Nouvel Observateur. Mais Le Pen était aussi contre la guerre en Irak, et pourtant, personne ne nous a expliqué à l’époque qu’il fallait approuver l’aventure anglo-américaine pour éviter que le chef du FN ne pense «comme la majorité des Français»! " Mona Chollet http://www.peripheries.net/crnt62.htm#miroirs |
|
vnny 03/06/2005 01:22 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Waou ! Extra Louise, merci pour ce lien |
|
josué 03/06/2005 02:45 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Henry Faÿ : "N'oubliez pas que ce missile qui a envoyé par le fond la construction européenne, beau résultat, a quand même été lancé en mêlant ses voix à celles des électeurs de Le Pen, de Ph. de Villiers, de Pasqua et de quelques autres UMP et UDF du genre Myard et Pinton." Meeerde! ca y est, il tourne en boucle! Flûte, il va nous faire le cou de ces soldats japonais en Corée qui n'ont jamais été informé que la 2e guerre mondial a pris fin. (Nazdeb, fais quelque chose. T'as pas une autre recette de tisane, pour revenir sur Terre?) |
|
Henry Faÿ 03/06/2005 08:07 |
ils n'ont pas compris |
![]() << "Déjà, ils n’ont toujours pas compris que ce scrutin n’était pas une élection, mais un référendum, c’est-à-dire une consultation des citoyens par-dessus la tête de leurs représentants politiques, qui jouent ici un rôle secondaire.>> Qui sont ces "ils" qui n'ont pas compris? Un référendum, mais qui en a douté qu'il s'agissait d'un référendum? Mais ce référendum a été détourné de son objet, l'approbation de la constitution européenne s'est trouvé mêlée à d'autres considérations qui n'ont pas de rapport direct, la désaffection à l'égard de l'équipe en place, l'insatisfaction, la mauvaise humeur, la grogne etc. Que les Français désavouent les dirigeants politiques, qu'ils restent sourds à tous les avertissements soigneusement argumentés sur les conséquences néfastes de leur geste que celui-ci ne peut manquer d'avoir, notamment sur la position diplomatique de notre pays et sur l'avenir de la construction européenne, préférant écouter leurs impulsions et les pétitions de principe d'idéologues patentés, je n'y vois rien de bon. Vive le peuple, à bas ses représentants élus, c'est ça le populisme, n'est-t-il pas? ![]() |
|
Henry Faÿ 03/06/2005 08:14 |
des choses qu'il fallait dire |
![]() << Henry Faÿ : "N'oubliez pas que ce missile qui a envoyé par le fond la construction européenne, beau résultat, a quand même été lancé en mêlant ses voix à celles des électeurs de Le Pen, de Ph. de Villiers, de Pasqua et de quelques autres UMP et UDF du genre Myard et Pinton." Meeerde! ca y est, il tourne en boucle! Flûte, il va nous faire le cou de ces soldats japonais en Corée qui n'ont jamais été informé que la 2e guerre mondial a pris fin.>> Comment ça je tourne en boucle? C'est quelque chose que je n'avais pas dit et il fallait bienque sur ce forum quelqu'un le dît. ![]() |
|
vnny 03/06/2005 10:09 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Comme si rien ne s'était passé le bourrage de crane continue. Le referendum n'a pas eu lieu. (suite) Scneidermann ds Liberachion à propos des "médias" et des "politiques": "ls sont accrochés à l'élite naufragée, comme des algues à un galion englouti. Ils tiennent en abbés de Cour la chronique de Versailles, du renvoi de Necker, du rappel de Necker quand c'est dans les faubourgs, dans les lointaines campagnes, dans les continents inexplorés que fiévreusement se dessine le monde." C'est titré : "Comme si de rien n'était". L'article est là : http://www.liberation.fr/page.php?Article=301253 |
|
Nazdeb 03/06/2005 12:14 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Désolé Josué, je désarme, je ne vois rien à faire sinon conspuer Henry parce qu'en étant contre la guerre en Irak (article Chollet) il était dans le même camp que Le Pen. Bouh Henry ! ![]() |
|
casse-croûte 03/06/2005 12:26 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Henry, honnêtement et sans animosité, tu devrais prendre du recul par rapport aux médias. Aux médias français et européens... Qu'on soit partisan du oui ou du non, on assiste à des épisodes répétés de manipulation, et personnellement je trouve ça inquiétant. La presse, pour exaucer ses prévisions de crise, est en train d'y entrer, et avec elle tous ceux qui ne la prennent pas avec des pincettes. Le oui était il y a 6-8 mois une affaire entendue, et les médias n'encaissent pas le fait que la situation ait pu se retourner. Le principal problème est maintenant qu'il n'existe plus seulement une fracture séparant les hommes politiques du peuple et les protégés des non-protégés, mais il y en a une qui scinde maintenant les médias et le peuple. On peut à tout prix essayer de rester du côté de la presse, j'avoue que ça m'est vraiment impossible, y compris avec celle qui partage des idées avec moi. |
|
Henry Faÿ 03/06/2005 12:32 |
ne pas confondre |
![]() << Désolé Josué, je désarme, je ne vois rien à faire sinon conspuer Henry parce qu'en étant contre la guerre en Irak (article Chollet) il était dans le même camp que Le Pen. Bouh Henry !>> Ce n'est pas pareil d'avoir à un moment donné sur un sujet particulier la même opinion que Le Pen, ce qui est tout à fait circonstantiel, que de mêler dans un scrutin capital ses voix avec celles de ses partisans et surtout, une fois que ça a marché de considérer qu'il s'agit d'une magnifique victoire. ![]() |
|
Henry Faÿ 03/06/2005 12:47 |
comme si je croyais tout ce que je lis |
![]() comme si je croyais tout ce que je crois et ce que j'entends... ***************************************************** << Henry, honnêtement et sans animosité, tu devrais prendre du recul par rapport aux médias. Aux médias français et européens... Qu'on soit partisan du oui ou du non, on assiste à des épisodes répétés de manipulation, et personnellement je trouve ça inquiétant. La presse, pour exaucer ses prévisions de crise, est en train d'y entrer, et avec elle tous ceux qui ne la prennent pas avec des pincettes. Le oui était il y a 6-8 mois une affaire entendue, et les médias n'encaissent pas le fait que la situation ait pu se retourner. Le principal problème est maintenant qu'il n'existe plus seulement une fracture séparant les hommes politiques du peuple et les protégés des non-protégés, mais il y en a une qui scinde maintenant les médias et le peuple. On peut à tout prix essayer de rester du côté de la presse, j'avoue que ça m'est vraiment impossible, y compris avec celle qui partage des idées avec moi.>> Pierre Rosanvallon, René Rémond et Yann Moullier-Boutang que le petit Nicolas a eu la bonne idée d'inviter sont des chercheurs, des penseurs, pas des journalistes. Si d'après vous ils sont manipulés et que leur seul objectif est de nous manipuler... Parce que la crise de l'Europe serait une invention d'une presse manipulatrice dont le seul but serait de nous induire en erreur? Encore heureux qu'elle en rende compte. Et la presse n'aurait pas rendu compte des arguments du non, avec toutes les centaines et les centaines de tribunes et de lettres de lecteurs qui ont été publiées? ![]() |
|
vnny 03/06/2005 12:56 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Les bien-pensants médiatiques mis en cause Malgré la sanction de dimanche, de nombreux médias semblent toujours en campagne pour le « oui ». Une attitude que contestent de nombreux lecteurs à l’instar de ceux du quotidien Libération. « Les médias dominants sont partie prenante de la crise politique et sociale qu’ils prétendent observer », selon Henri Maler, co-animateur de l’association des médias Acrimed (Action-Critique-Médias). Il parle de désaveu de ces médias dominants, et tout particulièrement de la presse parisienne qui a sans vergogne, de façon démesurée, fait délibérément campagne pour le « oui ». Il parle aussi d’arrogance, tout comme Dominique Wolton, directeur de recherche au CNRS : « Le public, affirme celui-ci, attend de la part des journalistes beaucoup plus de modestie, surtout sur un chantier aussi compliqué que l’Europe », ajoutant : « Il faudra desserrer l’étau de connivence des médias et des dirigeants alors que la concentration de l’industrie de la communication accentue ce tropisme. » Dominique Wolton pointe également le fait que pas mal de journalistes de la presse écrite en connivence avec l’élite politique, se retrouvent aussi dans les médias audiovisuels, ce qui pose un problème de pluralisme ». En particulier lorsque ces médias ne s’affichent pas comme des médias d’opinion, mais se réclament d’une prétendue neutralité pour une information supposée objective. Le portrait-robot de ce type de journaliste-là semble taillé sur mesure pour des gens comme Serge July, éditorialiste et patron de Libération, mais aussi acteur principal d’émission de télévision, en particulier lorsqu’il joue en double avec Christine Okrent dans l’émission France Europe Express. Serge July n’avait pas caché son intention de voter « oui » à titre personnel, ce qui était son droit. Dès lundi, puis rebelote mardi, il a pourtant choisi de tremper sa plume dans la haine, pour vilipender les électeurs du « non ». Au point que ses propres lecteurs s’en sont émus. Hier, Libération publiait des réactions de ceux-ci. En particulier à un éditorial intitulé « Chef-d’oeuvre masochiste », dans lequel l’auteur dénonce sans autre forme de finesse « une épidémie de populisme, et la « xénophobie » d’une partie de la gauche. « Je ne vous permets pas de résumer mon vote à la caricature que vous en faites », écrit l’un d’eux, une constitution doit être neutre et permettre à la démocratie, sur des règles qu’elle définit, de s’exprimer. Donner les règles du jeu et rien de plus. » « J’ai refusé ce texte, explique un autre, j’ai usé de mon droit de dire "non", et vous, qui êtes habituellement un esprit plutôt éclairé, vous me refusez ce droit en considérant que j’aurais été abusé ou instrumentalisé. C’est faire bien peu de cas de la capacité de vos lecteurs à avoir une réflexion libre. » « Que vous soyez partisan du "oui" et ayez fait campagne c’est tout à fait votre droit, relève encore un lecteur, mais vous injuriez la majorité des électeurs, et, dans le même temps, la majorité de vos lecteurs ce qui montre à quel point vous perdez tout sens de la démocratie ». Le plus grave est sans doute la réponse de Serge July publié en même temps : « La campagne du "non" à gauche a joué sur des ressorts qui sont hélas ! ceux de la xénophobie avec le spectre du plombier polonais et de l’invasion turque en arrière-plan ». Ce qui ne résiste pas à l’analyse d’un quelconque électeur du « non », fût-il plombier : Ce n’est pas les tenants du « non » de gauche qui ont sorti l’argument, mais le dénommé Bolkestein lui-même à la télévision où il était invité à s’ingérer dans la campagne française pour tenter de défendre sa directive assassine du droit du travail. Quant à la Turquie, l’histoire retiendra que Nicolas Sarkozy, patron de l’UMP, en a usé et abusé pour enfoncer un clou contre son adversaire déclaré à droite : un certain Jacques Chirac. Plus grave encore : Serge July n’est pas seul. Depuis lundi matin, les journalistes de connivence, au mieux font mine de croire qu’il ne s’est rien passé dimanche. Au pire, que les Français ne seraient mus que par des intérêts égoïstes : « Un pays indifférent à son destin collectif ne peut longtemps échapper à son déclin », écrit par exemple Jacques Julliard dans la dernière livraison du Nouvel Observateur. Vous avez dit élite ? Dominique Bègles (in lumadir) |
|
prof 03/06/2005 13:13 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
outre le mepris des 'nonistes' l'autre probleme de cette 2eme campagne 'ouiiste' c'est qu'elle n'est même plus regulee un minimum par le csa |
|
provoc de prof 03/06/2005 14:26 |
il y a des mépris mérités... |
pas la peine de vous facher, vous serez toujours les perdants de la politique, quoi qu'il advienne. votre mini victoire de dimanche (55% ne font pas un raz de marée) ne vaut pas un pet de lapin, mais en revanche les USa sont renforcés, quant à l'europe grace à vous elles sera moins sociale car ce traité, pauvres ânes bâtés que vous êtes, vous n'avez pas vu qu'il était au contraire un mieux-disant social pourquoi ne pas plutôt aller planter des choux ? vous vous fatiguerez moins, vos ricanements cesseront de tomber à plat, et vos victoires stupides contre-productives cesseront de balancer des obus de mortier dans vos propres chaussures de prolos ignorants |
|
casse-croûte 03/06/2005 16:20 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Ouais quelle provoc... C'est pitoyable. Les USA renforcés, l'europe moins sociale, ânés bâtés, un tsunami arrive sur la france ... Les mots "prolos ignorants" sont intéressants auss, en effet c'est là le fond du problème. Les prolos sont perçus comme ignorants par une élite qui est à des millions d'années lumières, et est elle-même ignorante de ce qui se passe sur le terrain, là, à côté de chez elle ... L'embourgeoisement et le nationalisme (industriel notamment) est problématique pour nos dirigeants et nos médias. Henry, tu nies donc les nombreuses manipulations qui sont actuellement la base de la majorité des préoccupations des médias ? En tant que partisan du oui avisé, tu pourrais admettre la réalité, ça ne remet pas forcément en cause ton engagement, et lui donnerait une certaine valeur. Il en est de même pour l'amalgame que tu fais entre le Non et l'extrême droite. La remarque se rapportant à la guerre en Irak, tu la balaies en disant qu'il ne s'agissait pas d'un vote. Donc il aurait fallu voter oui à la guerre pour ne pas mêler notre voix à celle du FN ? Ton raisonnement n'est pas logique, tu défends ta position avec des arguments qui sont repris dans la presse, je ne sais pas quel ''intellectuel non journaliste'' tu vas citer pour légitimer ta pensée, mais utiliser des arguments aussi faux et infondés pour soutenir ton opinion ne contribue pas à la crédibiliser quand on te lit ... |
|
Henry Faÿ 03/06/2005 17:31 |
provocs et amalgames en tous genres |
![]() << Ouais quelle provoc... C'est pitoyable. Les USA renforcés, l'europe moins sociale, ânés bâtés, un tsunami arrive sur la france ...>> La politique des Etats-Unis reforcée, j'y crois dur comme fer, cf l'article de Justin Vaisse que j'avais cité et les pièces au dossier ne manquent pas. L'Europe moins sociale, je ne sais pas trop, qui peut prévoir l'avenir? Ce n'est pas exclu mais il est quand même significatif que "the economist" salue avec enthousiasme la victoire du non. Il ne faut absolument pas s'en étonner. << Les mots "prolos ignorants" sont intéressants auss, en effet c'est là le fond du problème. Les prolos sont perçus comme ignorants par une élite qui est à des millions d'années lumières, et est elle-même ignorante de ce qui se passe sur le terrain, là, à côté de chez elle ... L'embourgeoisement et le nationalisme (industriel notamment) est problématique pour nos dirigeants et nos médias.>> "prolos ignorants", ça vient de provoc de prof, ce n'est pas moi et jamais je ne dirais ça. Je voudrais qu'on discute argument contre argument et non pas groupe plus ou moins imaginaire contre groupe plus ou moins imaginaire avec diabolisation à la clef, ce sont des choses qui nous ramènent loin en arrière. Quelle est cette "élite"? J'apprends en écoutant le Professeur René Rémond que le PC a théorisé le non en disant que "l'esclave ne peut que dire non". Ce qui voudrait dire que deux siècles après la Révolution Française, les Français qui bénéficient de l'éducation laïque et obligatoire ne seraient pas encore parvenus à la qualité de citoyens doués d'un libre-arbitre et d'une capacité de jugement. Je n'en reviens pas! << Henry, tu nies donc les nombreuses manipulations qui sont actuellement la base de la majorité des préoccupations des médias ? En tant que partisan du oui avisé, tu pourrais admettre la réalité, ça ne remet pas forcément en cause ton engagement, et lui donnerait une certaine valeur.>> Zètes bien bons, mais de quelles manipulations s'agit-il? << Il en est de même pour l'amalgame que tu fais entre le Non et l'extrême droite. La remarque se rapportant à la guerre en Irak, tu la balaies en disant qu'il ne s'agissait pas d'un vote. Donc il aurait fallu voter oui à la guerre pour ne pas mêler notre voix à celle du FN ? Ton raisonnement n'est pas logique, tu défends ta position avec des arguments qui sont repris dans la presse, je ne sais pas quel ''intellectuel non journaliste'' tu vas citer pour légitimer ta pensée, mais utiliser des arguments aussi faux et infondés pour soutenir ton opinion ne contribue pas à la crédibiliser quand on te lit ...>> Là, j'essayerai d'être un peu plus précis. L'argument n'est ni faux ni infondé mais sa valeur est relative, je le sais. Le jeu politique étant ce qu'il est, il est assez courant qu'on soit amané à voter de la même façon que des gens que l'on combat, voire que l'on exècre. (i) on peut essayer de l'éviter et dans le cas du référendum, il aurait été possible de voter oui et autour de moi, c'est ce qu'on fait un certain nombre de personnes. Ils ne voulaient pas voter avec les partisans de Le Pen, de Villiers, de Pasqua. C'était trop dur pour eux de le faire et c'était pour eux une indication que le oui était peut-être meilleur que le non. (ii) si malgré tout on le fait, il ne faut pas considérer qu'une victoire obtenue par ce moyen impur est une belle et glorieuse victoire. Moi, je n'en serais pas très fier. ![]() |
|
guydufau 03/06/2005 18:47 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Il ne faut pas croire que nous manquons d'arguments, nous les nonistes, en voici un, il est de taille : "L'origine de la lutte des classes, c'est la paresse de l'esclave" |
|
Paul 04/06/2005 13:55 |
Petite histoire |
Un noniste demande au Président: "Sire, vous nous aviez promis de déclarer la guerre à la misère... pourquoi sommes-nous toujours aussi pauvres?" Reponse: " Je l'ai déclarée...et... justement vous avez perdu!" |
|
vnny 05/06/2005 22:40 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Comme si rien ne s'était passé le bourrage de crane continue. Le referendum n'a pas eu lieu. (suite) La procession des fulminants de Frédéric Lordon Que se passe-t-il dans les têtes journalistes ? Comme si les capacités d’accommodation mentale s’étaient trouvées saturées par l’ampleur du choc à assimiler, l’événement qui aurait dû produire le plus d’impact n’en a produit aucun : par l’effet d’une combinaison d’inertie et de stupeur, l’appareil médiatique continue sur sa lancée, et ressasse en boucle les mêmes consternantes ritournelles, après comme avant le référendum. A la vérité, on sait bien qu’il devrait être davantage question, dans cette affaire, de sociologie, et même de sociologie politique, que de sciences cognitives, quoiqu’il faille ne s’interdire aucune sorte d’explication pour rendre compte dans toute sa diversité d’un phénomène d’aberration discursive généralisée où l’on trouve aussi bien l’écholalie compulsive que la fulmination écumante. Pour les vedettes mineures du journalisme audiovisuel Pour les vedettes mineures du journalisme audiovisuel, celles qui ont leur part de micro ou d’écran, l’hypothèse de la malignité, en aucun des sens du terme, n’est la plus pertinente. Quand Maryse Burgot (JT, France 2, 30 mai), envoyée très peu spéciale, s’en va sonder l’opinion hollandaise en se demandant gravement si celle-ci également se prononcera « contre l’Europe », elle ne fait probablement que rejoindre dans les automatismes de l’incurie ordinaire sa collègue du 13h qui, reprenant les mêmes mots, tend aux passagers d’un train de banlieue un micro les sommant de répondre à la question de savoir s’ils ont voté « à cause de la situation sociale » ou bien « pour ou contre l’Europe ». Incapables de faire la différence élémentaire entre « l’Europe » et le traité constitutionnel, c’est-à-dire entre l’Europe en général et l’Europe particulière proposée à notre suffrage, l’une comme l’autre - mais on pourrait leur ajouter bon nombre de leurs collègues affligés de la même paresse intellectuelle - travaillent, probablement avec plus d’inconscience que de rouerie, à faire pénétrer chaque jour un peu plus profondément l’idée que refuser cette Constitution et refuser la construction européenne c’est tout un. L’extraordinaire résistance du corps social à ces formes les plus insidieuses du matraquage n’en rend pas moins insupportables ces glissements et ces manquements, qui pour devoir davantage aux désastreuses insuffisances intellectuelles du journalisme ordinaire qu’à la manipulation orchestrée, finissent par composer un tableau idéologique d’ensemble d’une grande cohérence. Si les contributions passives de ces troupiers du journalisme, laissées aux automatismes de schèmes mentaux parfaitement irréfléchis et aux tropismes de la facilité, finissent toutefois par dessiner un motif ordonné, c’est parce que, la superficialité ne prédéterminant a priori aucun message particulier, elles se trouvent ici orientées et « coordonnées » par les directives éditoriales générales auxquelles elles sont asservies. Dans une rédaction où le parti pris veut la Constitution et sa ratification, la vigilance discursive n’est pas nécessaire puisque les à peu près fonctionneront tous dans le même sens qui est le bon sens. On veut bien croire qu’il demeure encore dans les médias, le plus probablement bien au fond des soutes, quelques journalistes qui n’ont pas complètement perdu la boule, qui conservent quelques réflexes intellectuels et sont voués à souffrir en silence. Mais combien de cette espèce face à tous les autres ? L’hypothèse de l’innocence ne suffit déjà plus à faire le compte à elle seule dans le cas de Jérôme Bony (JT 13h, France 2, 30 mai), autre exemple, très représentatif dans son genre, qui, lui, se préoccupe du divorce de « la France » et de « l’Allemagne », mais sans s’interroger un seul instant sur la signification véritable de ces catégories dont son commentaire est pourtant farci. Il y aurait pourtant lieu de le faire, car la réponse à la question de savoir qui divorce, et même s’il y a vraiment divorce, n’est évidente que dans l’esprit du journaliste. On ne sache pas en effet que les gouvernements français et allemands soient au bord de la rupture : ils ont fait campagne commune ! Ce sont donc les corps sociaux qui se déchirent ? Difficile à dire également : Bony interroge un député allemand, Peter Altmaier, qui a l’honnêteté de reconnaître qu’un referendum eût-il été organisé en Allemagne, le résultat aurait probablement été le même qu’en France... Mais l’interviewé peut bien parler, l’intervieweur n’entend rien, son idée était faite de tout façon : « la France et l’Allemagne se séparent ». La proposition est invalidée quelle que soit la définition - gouvernementale ou nationale - qu’on se donne de « la France » et de « l’Allemagne » mais, dans la tête de Bony, il y a un non ici et un oui là, et c’est assez pour prononcer le divorce. Divorce imaginaire contre divorce réel : car celui qui sépare, et pour de bon, les représentants et les représentés, les premiers votant oui à 90% et les seconds non - et ceci identiquement en France et en Allemagne ! où les mêmes causes produisent les mêmes effets - ce divorce-là, Bony passe à travers quand bien même l’un de ses interviewés lui en met l’évidence entre les mains ! Mais les puissances de la dénégation ont plié tous les entendements journalistiques qui ont choisi de ne pas voir ce qu’ils ne voulaient pas voir. Les corps sociaux disent non ? On leur fera dire oui. Bony, d’ailleurs, a trouvé sa définition adéquate de « l’Allemagne » : elle prend la forme d’un étudiant chrétien-démocrate, parfaitement francophone, le pauvre est effondré du résultat français. L’étudiant Erasmus est effondré, donc « l’Allemagne » est effondrée. Bony ne doit pas savoir qu’il y a des salariés en Allemagne, les mêmes qu’en France, souffrant des mêmes difficultés, enclins à en faire la même analyse de leurs malheurs et à les manifester de la même manière. Mais Bony n’en a rencontré aucun. Voilà comment se fabrique en France l’image de « la France vue de l’étranger », entre déni radical de la réalité politique et choix orienté des « incarnations » de l’étranger. Mais le comble est sans doute atteint quand les journalistes français interrogent leurs semblables anglais, italiens, espagnols, allemands... qui lisent leurs collègues français pour savoir ce qui se passe en France ! et y ajoutent leur propre inclination pro-Constitution, laquelle a d’ailleurs justifié qu’on les choisisse comme « grands témoins » du débat français - nécessairement « objectifs »... puisqu’ils ne sont pas français. Quelle surprise, ils disent tous la même chose ! « L’Europe est consternée par le vote français », glapissent à l’unisson éditorialistes de tous les pays, sans voir que cette « Europe » dont ils parlent est une construction qui n’a pas d’autre réalité que leur cercle d’intimes. « La France », « l’Allemagne », « l’Europe », généralités sans signification, catégories sans définition, bouillie conceptuelle pour tous ceux qui ont avantage à ne pas savoir trop exactement de quoi l’on parle, ressources qui se laisseront accommoder à volonté pour satisfaire les nécessités interprétatives du moment. Et plus l’on monte dans la hiérarchie... Et plus l’on monte dans la hiérarchie, plus la divagation intellectuelle est prononcée, mais pour d’autres raisons. A la carence intellectuelle chronique des journalistes de base, qui tiennent « Europe » et « Constitution » pour identiques, qui désignent indifféremment à l’aide d’un même nom de pays un gouvernement, tel groupe social ou la population entière, se substituent de tout autres principes de défiguration de la réalité politique, qui doivent davantage à la hargne, pour ne pas dire à la haine, en tout cas à une forme de fulmination intellectuelle qui sait davantage, sinon ce qu’elle fait, du moins où elle veut en venir. Pour ces ténors de la parole autorisée, emportés par la rage d’être contredits par le peuple, l’effondrement intellectuel est total, le débondage sans retenue. Si le procédé de la déqualification maximale réside dans l’imputation fascistoïde, qu’il en soit ainsi : le non est d’extrême droite tout entier ! « Par nationalisme, par xénophobie, par dogmatisme ou par nostalgie, [les tenants du non] voulaient se débarrasser de cette Europe qui barre l’horizon » (Jean-Marie Colombani, Le Monde, 31 mai 2005). La signification du non est sans ambiguïté : « un appel d’air nationaliste et protectionniste » (J.-M. Colombani, id.) ; « le refus du projet constitutionnel » n’a-t-il pas « rejeté la critique sociale de l’Union du côté de la crispation nationaliste » (ibid.) ? Le non de gauche se clame européen et internationaliste ? Il ment ! Jean-Marie Colombani connaît les replis de l’âme de gauche, elle est noire. Le non de gauche porte t-shirt, jeans et baskets ? C’est faux ! Chemise brune, pantalon de golf et bottes à clous, Jean-Marie les a vus. Le monde entier est dans l’erreur, Jean-Marie va dire la vérité. Il a un peu d’écume au coin des lèvres mais c’est l’urgence qui le tourmente et la cause de la révélation qui n’attend pas. Il doit avoir raison, car Serge July voit les mêmes choses : « LePen xénophobe, c’est son fonds de commerce, mais que les dirigeants de gauche fassent campagne sur ce terrain [...], on croyait cette xénophobie-là impensable » (Libération, 30 mai 2005). Et Philippe Val aussi ! « Lors de la grande manifestation de la droite, à la fin du mois de mai 1968 [...] on a entendu clamer “Les Juifs au four !” Seul François Mauriac s’en était indigné [...] Mais c’était un éditorialiste de l’élite, et il paraît que le résultat du référendum, c’est aussi le rejet des éditorialistes de l’élite » (Charlie Hebdo, 1er juin, 2005).Tout est donc vrai. Science et pré-science. July voit sitôt le 30 mai « le duo bien connu de toutes les périodes populistes : [la France d’en haut et la France d’en bas] » ; mais Colombani a délivré son oracle frémissant dès le 26 : « [Laurent Fabius] qui s’était distingué en assurant que Le Pen posait “les bonnes questions” fini[t] par donner sur un sujet décisif la même réponse que Le Pen » (Le Monde, 27 mai 2005). Il faut donc s’en convaincre : « En réalité, le débat a conduit à une répudiation de l’Union européenne. Le non français est un non nationaliste, isolationniste » (Arnaud Leparmentier, Le Monde, 31 mai 2005). C’est l’évidence, le non de gauche veut sortir la France de l’Europe, il était contre le TCE qui interdit les aides d’Etat et nous empêche par là de reconstruire la ligne Maginot, il ne veut plus aucun échange avec l’étranger, il veut l’isolement et l’isolation, les deux, au cas où l’un fuirait plus que l’autre. « En réalité » dit-il... Mais que peut la « réalité » là où les Esprits ont décidé ? « Le rejet du traité constitutionnel révèle d’abord qu’une majorité de Français n’a pas ou n’a plus envie de l’Europe » (J.-M. Colombani, Le Monde 31 mai 2005). Sondage Ipsos sortie des urnes : 72% des Français se déclarent « tout à fait » et « plutôt favorables » à la poursuite de la construction européenne... « Ceux qui l’emportent vraiment parce qu’ils forment, quoi qu’on en dise, la majorité des non, sont ceux qui ne veulent pas de l’Europe » (Laurent Joffrin, Le Nouvel Observateur, 2 juin 2005). 72% des Français... parmi lesquels 56% des communistes... Fusion des circuits ou décompensation générale, l’hallucination du « oui de gauche » n’a plus de régulation, plus de force de rappel - pas même au sein de ses rédactions. July voit « une épidémie de populisme » (Libération, 30 mai 2005). Une épidémie, c’en est une en effet, mais de delirium, et les frappés ne sont pas ceux qu’on croit. Formidable naufrage mental. Le monde réel contredit le monde voulu, et cet attentat au désir des Grands est un choc si insupportable que le monde lui-même est déclaré abominable. Le comble de l’abominable c’est le fascisme ; le non est donc fasciste. C’est évident, c’est mathématique, c’est psychotique. En tout cas c’est nécessaire, parce que sinon c’est incompréhensible. Ce qui a été si ardemment, si raisonnablement voulu par les Grands ne peut être rejeté que par les pulsions les plus basses, la part la plus mauvaise du monde, le Mal en personne(s). Ces Français qui disent non sont à peine des hommes, presque des animaux. Le delirium est lancé, on ne l’arrêtera plus. Le delirium est lancé, on ne l’arrêtera plus. Il cesse d’être ignoble pour redevenir simplement risible quand il tente d’être analytique de nouveau. Car le rejet du traité ne fait pas que mettre en marche l’extrême droite, il réveille également Staline. July, qui en connaît un rayon en la matière, voit des moustaches partout : « Le socialisme dans un seul pays est pour bientôt » (Libération, 30 mai 2005), tel est bien en effet le programme du non de gauche. Colombani a eu une jeunesse moins tumultueuse, mais il a étudié également : « Ceux qui, à gauche, n’ont pas accepté le tournant de 1983, celui de l’acceptation par la gauche de l’économie de marché [...] oublient simplement que le handicap économique des pays européens de l’ex-Empire soviétique résulte précisément de ce qu’ils ont été privés de l’économie de marché pendant la seconde moitié du XXe siècle » (Le Monde, 27 mai 2005). Elévation de la pensée et puissance de l’analyse, théorie économique et mobilisation de l’histoire longue. L’« économie de marché » à laquelle la gauche s’est ralliée en 1983 est celle-là même dont les pays de l’Est ont été privés. Car la France d’avant 1983 était une économie centralement planifiée, les livres sont formels - et la France elle-même membre du Pacte de Varsovie à l’époque. Avant 1983, les travailleurs français rejoignaient chaque matin leur kolkhoze ou leur usine d’Etat. Le directeur, sous la surveillance d’un commissaire politique veillait comme il pouvait à la réalisation des objectifs du plan quinquennal. Des patrons ont connu le goulag. Mais 1983 nous a tiré des ténèbres du Gosplan. Jean-Marie nous le dit : il ne faut pas y retourner. Ces âneries de force 10, qui vaudraient à un étudiant de première année de sciences économiques un sérieux conseil de réorientation, s’écrivent sans faiblir dans un éditorial du Monde où il apparaît que les doxogogues, ces conducteurs éclairés de l’opinion, sont en fait des sortes de nécessiteux dans leur genre. Et pire encore, voilà que les « plumes invitées », celles dont on peut être sûr qu’elles sont soigneusement filtrées à l’entrée, viennent donner à ces inepties la caution de la Faculté. Le politologue Yves Mény, qui est économiste comme l’Abbé Pierre est go-go boy, n’hésite pas à engager toute son autorité universitaire pour certifier « qu’on ne peut interdire [les délocalisations] par décret sauf à instaurer une économie soviétisée » (Le Monde, 1er juin 2005). Car à l’évidence, un monde sans délocalisation ne peut-être que soviétique - la France sans délocalisation des années 50-80 n’était-elle pas soviétique ? Du même, au même endroit : « Le libéralisme est devenu un péché mortel, comme si nous ne vivions pas [...] dans une économie de marché ». Marc Lazar, politologue-économiste de la même farine, ne dit pas autre chose. Lui aussi se plaint de « la France, cet étrange pays [...] impliqué dans la mondialisation, mais qui [...] refuse l’économie de marché » (Le Monde, 1er juin 2005). Et pas une hésitation, pas un tremblement de la plume au moment de lâcher ces solécismes théoriques. Ils sont universitaires, revêtus de tous les attributs de l’autorité cathédrale, ils nous expliquent doctement ce qu’il faut penser des confusions économiques du non « soviétique », mais ne connaissent pas eux-mêmes la différence entre « économie de marché » et « économie de concurrence libre ». Il faut leur dire comme à des étudiants que la première signifie « économie décentralisée » - c’est-à-dire sans principe de coordination générale centralisée - et autonomie de décision des centres producteurs ; et que la seconde désigne une certaine intensité (élevée) de la compétition de ces centres entre eux, notamment du fait de la suppression des entraves à la circulation des marchandises et des services. Ils n’ont pas compris que la première est une catégorie plus générale que la seconde, que la seconde n’est que l’une des modalités possibles de la première. Il faut les avertir que les économistes se sont précisément cassé la margoulette (mais pas trop quand même) pour qualifier ces différents degrés de la concurrence dans une économie de marché : concurrence « pure et parfaite », concurrence « oligopolistique », concurrence « monopolistique ». Ils ne se souviennent pas que la France fordienne, ou le Japon des années 70-80, ont été d’indiscutables économies de marché, mais de concurrence notoirement restreinte - et qu’elles ne s’en sont d’ailleurs pas si mal portées. Il peuvent comprendre blanc et noir, mais rien entre les deux. Capitalisme, libéralisme, économie de marché, économie concurrentielle, tout pareil : blanc. Socialisme, planification, soviets, goulags : noir (au début c’était rouge ; une petite difficulté avec la lecture des couleurs, mais vite passée). Et si jamais le soupçon de la boulette intellectuelle leur venait, on peut parier qu’ils se replieraient sur la dénonciation de toutes les « nostalgies », de tous les « passéismes » - on peut le faire à leur place, ils sont tellement prévisibles. Il faudra leur expliquer cette fois que dire tout cela n’est pas en appeler à la résurrection de passés dépassés, mais demander simplement, si c’est possible, un peu de rigueur conceptuelle, et aussi l’effort intellectuel de sortir le débat de ces antinomies indigentes qui ne laissent pas d’autre choix que la « concurrence libre et non faussée » de l’Europe d’aujourd’hui ou le retour au goulag. Mais pourquoi faire rigoureux quand on peut faire à la louche et, mieux encore, effrayant ? Et pourquoi faudrait-il maintenant s’être donné du mal à étudier de près ce dont on a quand même une grosse envie de parler ? Par une de ces vacheries dont il avait le secret, Pierre Bourdieu, avait qualifié la population des doxogogues de « suffisants et insuffisants ». Signe d’une époque qui tient hélas toutes ses promesses, les « intellectuels » qui se prennent pour des éditorialistes ont rejoint dans le terrible oxymore les éditorialistes qui se prennent pour des intellectuels. Jean- Marie leur ouvre grand ses portes, ils seront toujours les bienvenus. La grande convergence est maintenant achevée, les uns parlent comme les autres et réciproquement. « Que les réformes soient difficiles et comportent des sacrifices, nul n’en doute » dit Yves Mény temporairement ( ?) transformé en Raffarin - car c’est à peu près du même niveau. « La jacquerie française témoigne d’une crise d’identité majeure », ou la tambouille psychologisante avec des vrais morceaux de lieux communs de Sciences-Po dedans. Mais c’est July, Crassus Imperator, qui règle tout le monde au sprint et décroche la palme du plus grand nombre d’occurrences de « populisme » (et de ses dérivés) au paragraphe - « populisme », cet asile du racisme social. Ces effrayantes aberrations intellectuelles qui avaient déjà consterné la campagne et, loin de s’évanouir, explosent sans limite après le scrutin, donnent une idée de l’état de fureur sacrée qui habite la procession des fulminants, et dont Serge July donne, plus précisément qu’il ne le pense, le fin mot : le rejet du traité est « difficile à avaler » (Libération, 31 mai 2005). C’est donc une question d’estomac, et même de tripoux. On croyait la problématique du boyau réservée aux partisans du non - c’est le oui qui jugeait avec la tête. Finalement les difficultés de péristaltisme semblent mieux distribuées qu’on pouvait penser. On comprend d’ailleurs aisément pourquoi. Ce rêve de société, adorablement moderne et flexible, peuplé d’élites sveltes et mobiles, excitant et concurrentiel, technologique et rémunérateur, que les précepteurs du oui travaillent à nous faire aimer depuis deux décennies, depuis qu’ils se sont exclamés « vive la crise ! », gît fracassé par des lourdauds immobilistes et archaïques, frileux et frigides, repliés et apeurés. Il faut sans doute tenir pour un indice de l’indigence de la pensée, la prolifération des catégories morales qui tiennent lieu d’analyse à nos Ravis d’hier et à nos Enragés d’aujourd’hui. Incapables de faire la différence entre comprendre et juger, ou plutôt tenant systématiquement une proposition morale pour un acte d’intelligence du monde, leur détestation de la démocratie-qui-les-contredit se trouve pour seul émonctoire la fureur accusatrice et pour seule analyse la dénonciation de la décadence morale. Le bas peuple, évidemment, est aux premières loges pour recevoir la leçon : il est « social-pleurnichard » (Frédéric Filloux, 20 Minutes, 30 mai 2005), a l’avarice chevillée au corps - « l’épidémie de populisme emporte tout sur son passage [...] même la générosité » (Serge July, Libération, 30 mai 2005) - et tant d’autres choses dégénérées encore. Mais puisque après tout deux objets sur lesquels passer sa colère valent mieux qu’un, la classe politique également en prendra pour son grade : « par son égoïsme, par son insuffisance, la classe dirigeante française a pavé la route de l’échec », pontifie Laurent Joffrin (Le Nouvel Observateur, 2 juin 2005) qui soudain ne veut plus rien avoir à voir avec ladite classe. Jupitérien, Serge July délivre ses verdicts : « La qualité des hommes est évidemment en question, la médiocrité affleure là où les plus talentueux n’ont pas résisté » (Libération, 31 mai 2005) - le plus drôle c’est que pour le coup on pourrait être assez d’accord avec lui... Et dans le registre combiné de la hauteur de vue sentencieuse, de l’antiphrase et du comique involontaire, c’est enfin Jean-Marie Colombani, à tout seigneur tout honneur, qui a le dernier mot : « Faisons sans complaisance et sans aveuglement, l’inventaire ce qui ne va pas, de ce qui ne va plus » (Le Monde, 31 mai2005). Ah mais ça c’est une idée ! Source : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=15918 |
|
marre des cop coll 05/06/2005 22:51 |
ta gueule winny |
Philosophies de l'humanisme Trois cercles machiavéliens et leur résolution, le chapitre VI du Prince et le chapitre 1 du second livre des Discours. Agnès Cugno (Université de Poitiers) Journée d'étude sur le Prince 15 mai 1998 On a beaucoup parlé de l'écriture de Machiavel, de sa complexité - voire de sa duplicité. Vrai ou faux, il n'en reste pas moins que Machiavel est souvent difficile à situer par rapport à son texte (contradiction ? opportunisme ?), et que celui-ci est rarement aussi simple qu'il y paraît. Je vous propose d'aborder le chapitre VI du Prince sous l'angle de son étrangeté. Ce chapitre, dans l'étude de la notion de virtù, est parmi les plus importants : on y trouve les grandes figures machiavéliennes de la virtù : Moïse, Cyrus, Romulus, Thésée... qui réapparaîtront presque dans les mêmes termes, et en tous cas dans la même problématique, au chapitre XXVI. Cependant, à bien y regarder, il contient (au moins) trois cercles vicieux. On peut se demander aussi pourquoi Machiavel a fait un "double" presque jumeau de ce chapitre à la fin de l'oeuvre. La structure littéraire du Prince serait en soi un vaste sujet, mais nous nous contenterons ici de nos trois cercles. Une fois que nous les aurons reconnus et définis, on verra que le début du second livre des Discours donne une clé qui non seulement nous permet de dépasser le "vice" de ces cercles, mais en plus est une "clé de voûte" de la pensée de Machiavel. Et pour conclure, on s'interrogera sur le lien qu'il peut y avoir entre ces deux passages, lien sans doute éclairant pour la compréhension du mouvement général de l'oeuvre du Florentin. ------------------------------------------------------------------------ -------- A. LES TROIS CERCLES. 1. Virtù - Fortune. C'est le plus visible : il tient tout entier en une seule phrase. Machiavel vient de parler des grandes actions accomplies par Thésée, Cyrus, Romulus et Moïse, tous quatre des fondateurs de ce que la civilisation (méditerranéenne, pléonasme) avait de plus fondateur, justement : la Grèce, la Perse, Rome, et la religion du Livre. Suit la phrase célèbre, que si l'on regarde bien leurs actions, on ne voit pas que la fortune leur ait donné autre chose que l'occasion d'exercer leur virtù, afin d'introduire dans la matière que cette occasion leur fournit, la forme qu'il ont jugé bonne. Et il écrit : "Sans cette occasion, leur force d'âme se serait éteinte, et sans cette force d'âme, c'est en vain que l'occasion se serait présentée." (Laffont, p.122) Il le répète quelques lignes plus bas : "Ausi ces occasions ont-elles fait le bonheur de ces hommes, et l'excellence de leur valeur a fait reconnaître cette occasion." (Laffont, p.122-123) La virtù est une sagesse de l'action, qui est toujours en acte : chez Machiavel, rien ne vaut s'il n'est pas efficace, et une intention équivaut à un pur néant, tant qu'elle n'est pas effective, et que l'action qu'elle entreprend n'a pas réussi. Le virtuose n'essaie pas : il accomplit, il réussit là où les autres échouent. Autrement dit, Thésée, Moïse, Cyrus et Romulus ne sont devenus effectivement virtuoses qu'au moment où l'occasion s'est présentée pour leur virtù de se manifester. Donc, on voit tout de suite le problème : comment est-ce que leur virtù pouvait reconnaître l'occasion, s'il fallait que cette occasion se présente, pour que leur virtù apparaisse ? Leur force d'âme se "serait éteinte" si l'occasion ne s'était jamais présentée, et en même temps, elle serait passée inaperçue si cette force d'âme n'avait pas été vigilante... Manifestement, la virtù et la fortune se présupposent mutuellement : il fallait que les choses fussent ce qu'elles étaient à ce moment-là (Israël esclave en Égypte, Romulus abandonné, les Perses mécontents des Mèdes, les Athéniens divisés), donc il fallait que la fortune ait mené le monde là où il en était, pour que l'action des virtuoses devienne possible. Mais s'ils n'avaient pas été virtuoses, rien de cette situation n'aurait pu naître. Dans les Discours, Machiavel écrit que la fortune "choisit" des hommes virtuoses pour mener à bien ses desseins : mais si ceux-ci ne peuvent se manifester comme virtuoses que lorsque la fortune leur en donne l'occasion, et qu'ils ne peuvent reconnaître l'occasion que s'ils sont virtuoses... la situation semble définitivement bloquée. 2. Virtù - Loi. Second cercle, moins évident, mais problématique tout de même : plus bas dans le texte, Machiavel écrit à propos de ces fondateurs d'États absolument nouveaux, qu'ils doivent, après s'être emparé du pouvoir, instituer des lois pour conserver leurs conquêtes. "Il est donc nécessaire, si l'on veut raisonner correctement sur ce point, d'examiner si les novateurs s'appuient sur eux-mêmes ou s'ils dépendent d'autrui ; c'est-à-dire si, pour réaliser leur entreprise, il faut qu'ils recourent aux prières ou bien s'ils peuvent user de la force. (...) Aussi faut-il être organisé de façon telle que lorsqu'ils (les peuples) ne croient plus, on puisse les faire croire de force. Moïse, Cyrus, Thésée et Romulus n'auraient pas pu faire observer longuement leurs institutions, s'ils avaient été désarmés." (Laffont, p.123) Ce que Ch. Bec traduit par "être organisé", est le "essere ordinato" de Machiavel : or, les lois sont des "ordini" : il s'agit bien d'instituer des lois. Machiavel pose la force armée comme seul moyen d'instaurer la loi. La virtù doit devenir violence pour "organiser" l'État. Notre problème n'est pas tant ici la question de la légitimité morale du pouvoir, mais de constater que dans le cas où les fondateurs s'appuient sur les armes et non sur les prières, ils font partie de la catégorie de ceux qui ne comptent que sur eux-mêmes, sur leur propre virtù : les prophètes armés sont donc les virtuoses ; ils ont mené à bien leur entreprise parce qu'ils se sont donnés les moyens adéquats de le faire. ce discernement pratique n'est rien d'autre que la virtù elle-même. Donc : la virtù - et non pas la loi - est la seule justification possible du pouvoir, en tant que maîtrise de la fortune en vue du salut de l'État et de sa liberté, ou de son avènement. C'est parce qu'elle a réussi à s'imposer, que la virtù, de violence, fait loi. La légitimité du pouvoir revient alors à sa pure et simple existence, puisque si la virtù ne lui avait pas fait prendre les armes, le prince ne serait pas prince, puisqu'il aurait échoué... Donc, c'est une légitimité qui est toujours a posteriori. C'est pourquoi l'histoire peut donner des exemples à imiter, mais jamais de règle fixée a priori (sauf qu'il n'y a pas de règle et que tout change). C'est la sanction de la réalité (triomphe ou échec) qui est le seul et ultime jugement possible sur l'action politique. La volonté générale ne s'assemble pas autour de l'assentiment à une loi voulue par tous et reconnue d'intérêt général. Ce n'est pas parce qu'elle est bonne en soi que la loi machiavélienne parvient à s'instaurer, mais parce qu'elle représente la réalisation effective d'une volonté politique. Cette volonté a su tenir tête à la fortune et assumer l'ordre du monde, tant dans son interprétation que dans sa réalisation. C'est parce qu'elle est d'abord une virtù réalisant l'ordre, que la loi peut s'instaurer grâce à la virtù armée. L'instauration de la loi s'effondre sur elle-même : il n'y a en réalité qu'un cercle vide qui va de la virtù à la virtù. D'où cette idée : la seule justification du pouvoir est le fait qu'il ait emporté le succès. On a l'impression d'une tautologie : un pouvoir s'instaure parce qu'il s'instaure - et du même coup il est légitime. Cela signifie-t-il que tout pouvoir, même tyrannique, même totalitaire, même oligarchique ou anarchique, serait légitime ? Notre second cercle nous laisse apparemment dans l'aporie. 3. Virtù - liberté. Le troisième cercle est en réalité un approfondissement du premier. Revenons au début du chapitre : "En examinant leurs actions et leur vie, on ne voit pas qu'ils aient reçu de la fortune autre chose que l'occasion, qui leur donna une matière où introduire la forme qui leur parut bonne. Sans cette occasion, leur force d'âme se serait éteinte et sans cette force d'âme, c'est en vain que l'occasion se serait présentée. Il était donc nécessaire que Moïse trouve le peuple d'Israël en Égypte, esclave et opprimé par les Égyptiens, afin que celui-ci, pour échapper à la servitude, se dispose à le suivre. Il convenait que Romulus ne se contente pas d'Albe, qu'il ait été abandoné à sa naissance, si l'on voulait qu'il devienne roi de Rome et fondateur de cette illustre patrie. Il fallait que Cyrus trouve les Perse mécontents de la domination des Mèdes, et les Mèdes amollis et efféminés par une longue paix. Thésée ne pouvait manifester sa valeur, s'il n'avait trouvé les Athéniens divisés. Aussi ces occasions ont-elles fait le bonheur de ces hommes, et l'excellence de leur valeur a fait reconnaître cette occasion. D'où il s'ensuivit que leur patrie en fut ennoblie et devint très heureuse." (Laffont, p.122-123) La notion d'occasion est particulièrement complexe et étrange chez Machiavel : le Capitolo de la Fortune nous la décrit comme une enfant naïve, qui joue, échevelée, avec les rouages de la fortune. Si l'on veut sortir du langage métaphorique qu'y emploie Machiavel, on pourrait dire que l'occasion n'est, en réalité, rien. Elle est absolument inconsciente, et d'elle même, et des desseins des hommes. Elle est juste un instant, où le plan de la fortune coupe celui des désirs humains ; un kairos qu'il faut savoir saisir. Dès lors, on pourrait se demander si la virtù des grands fondateurs dont il est question ici n'est pas entièrement tributaire de la fortune : la virtù, entendue comme libre-arbitre, celle qui permet aux grands hommes de saisir l'occasion d'agir, ne serait qu'une partie du plan de la fortune ? La question dès lors, est : que devient notre liberté ? La réponse de Machiavel est que nous avons autant une illusion de fortune qu'une illusion de libre-arbitre : c'est vrai et faux à la fois. C'est pourquoi il écrit au chapitre XXV que la fortune est maîtresse d'à peu près la moitié de nos actions. Cela ne signifie pas qu'elle dirige une action sur deux, mathématiquement parlant, mais qu'il est vrai que certaines choses ne relèvent pas de notre volonté, mais du hasard ; qu'il est faux cependant que ce soit une déesse inconstante qui veuille nous perdre, qui en soit la cause. La seule cause est notre propre habileté ou maladresse à nous conduire dans le monde. Notre finitude nous empêche de maîtriser la totalité des événements. Cependant, elle nous donne le pouvoir infiniment grand, à l'occasion, de faire de ces événements ce que nous croyons bon qu'ils soient ("introduire dans la matière la forme que nous jugeons bonne"). Donc, d'une part, première moitié, nous ne pouvons pas, à cause de notre finitude, maîtriser le devenir ; mais d'autre part, 2ème moitié, une fois ce devenir advenu, nous pouvons en faire ce que nous voulons. L'avenir nous appartient donc bien pour moitié : non pas en tant que nous pourrions le prédire, ni faire arriver ce que nous souhaitons qu'il arrive ; mais bien en tant que si nous y sommes préparés, nous pourrons nous en saisir pour le transformer à notre guise. Et ceci, pour la bonne raison que la fortune n'a pas de sens : elle ne va nulle part. C'est la virtù, qui va orienter son devenir (nous, donc, en tant que nous sommes capables d'être virtuoses). L'occasion n'est rien d'autre que l'instant d'une prise de conscience, un éclair de lucidité sur la véritable nature de notre liberté : cette conscience elle-même ! Ce que Machiavel montre en utilisant l'occasion de cette façon originale, c'est que dès le moment où l'homme a compris qu'il était lui-même au principe de l'interprétation du monde - même si sa finitude lui en interdit une maîtrise objective - il a toujours l'occasion d'exercer sa virtù. A condition de s'y être préparé, c'est-à-dire à condition d'avoir, irréductiblement, la conscience de l'infinité de sa liberté, ce qui est strictement équivalent à : "à condition de vivre selon la virtù"... L'occasion est la preuve non-métaphysique de l'existence de la liberté humaine. La liberté se joue dans l'interprétation du devenir et l'exercice de la virtù à la fois comme prudence et comme détermination de la volonté à l'effectivité. Nous sommes face à cette très belle idée, que pour être libre, il faut d'abord le savoir, il faut déjà avoir le sentiment de sa liberté. Et c'est à cette dernière tautologie apparente que je voulais arriver, que pour être libre, il faut être libre. Elle équivaut à la première : pour être virtuose, il faut être virtuose. ------------------------------------------------------------------------ -------- B. LEUR RÉSOLUTION DANS LES DISCOURS. Les deux premières tautologies, et par conséquent la dernière aussi, se résolvent dans le premier chapitre du second Livre des Discours. On pourrait presque même les résoudre en une seule phrase de ce chapitre (les résoudre, cela ne signifie pas faire disparaître le cercle, mais montrer qu'il n'est pas vicieux) : "De sorte que je crois que la chance qu'eurent les romains en ce domaine, tous les princes qui auraient procédé comme eux et auraient eu autant de vaillance l'auraient également eue." (Laffont, p.296) Notre premier cercle disait ceci : seul un virtuose peut reconnaître l'occasion de devenir virtuose. Cela supposait une Fortune transcendante, qui "choisissait" les hommes qu'elle estimait assez virtuoses pour mener à bien ses plans, et leur donnait ou leur refusait l'occasion d'agir - donc d'exister comme virtuoses. Il faut désormais revenir au moins sur ceci : la Fortune n'est pas une déesse, mais le cours absolument chaotique du devenir, et seule la virtù a le pouvoir de l'ordonner. Dès lors : il y a bien une contrainte insurmontable du devenir, qui nous laisse, ou non, l'occasion d'agir. Mais il semble bien que si la virtù "re-connaît" l'occasion, c'est parce qu'elle la connaissait déjà (en italien : "fe' quella occasione essere conosciuta" : l'occasion est au mode passif, elle est découverte, rendue connue, par la virtù). La virtù est dans une relation d'interprétation avec le monde. Il y a une herméneutique à l'origine de l'action politique : le virtuose sait déjà quand et comment il faut agir, parce qu'il a toujours su qu'il y avait quelque chose à savoir de l'action et de la contingence. Il savait déjà qu'il était lui-même la source de tout le sens possible dans le monde. La virtù, en un mot, attire la Fortune, parce qu'elle est elle-même le seul dessein possible. C'est le chapitre XXV, et les deux moitiés de nos actions: nous avons reçu en mains propres le pouvoir d'organiser la matière historique à notre guise. Cela nous amène à notre second cercle : si la loi ne pouvait être instaurée que par la force, un profond problème se poserait quant à la légitimité de tout pouvoir. Mais on voit à présent que nous avions occulté une partie du problème. Ce moment de violence doit être dépassé et réassumé par la loi, car l'État machiavélien n'est pas un régime de terreur. L'heureux succès des Romains tient avant tout à leur virtù en tant que "très grande vaillance et sagesse" (p.295), qui fait que : "...si l'on n'a jamais trouvé une république qui ait obtenu le même succès que Rome, il est bien connu qu'on n'a jamais trouvé une république qui ait été organisée aussi bien que Rome pour faire des conquêtes. La valeur de ses armées lui fit acquérir son empire. Sa manière de procéder, inventée par son premier législateur, lui fit conserver ce qu'elle avait acquis..." (Laffont, p.294) Les romains ont été les plus puissants, parce qu'ils étaient bien "organisés", ce qui signifie à la fois bien armés ("La valeur de ses armées lui fit acquérir son empire"), et possédant de bonnes lois ("Sa manière de procéder, inventée par son premier législateur, lui fit conserver ce qu'elle avait acquis."). On lit au chapitre XII : "Les principaux fondements qu'ont tous les États, aussi bien nouveaux, qu'anciens ou mixtes, sont les bonnes lois et les bonnes armes. Parce qu'il ne peut y avoir de bonnes lois là où il n'y a pas de bonnes armes, et que, là où il y a de bonnes armes, il faut qu'il y ait de bonnes lois, je m'abstiendrai de traiter des lois et parlerai des armes." (Laffont, p.139) Armes et lois sont logiquement, au moins, substituables. Il y a donc une norme intrinsèque à la violence : la loi, qui doit toujours pouvoir venir se substituer à la contrainte de la force. La virtù prend force de loi : elle est toujours force, mais elle a abandonné la matière pour la forme. Or, cette forme est nécessairement bonne : ainsi, le pouvoir ne justifie pas le pouvoir tautologiquement. Seule une forme réellement virtuose peut s'instaurer. Autrement dit, seul un projet politique viable, qui prend pour fin le salut de l'État et la liberté des sujets, a quelque chance de se conserver. En effet, la cruauté gratuite, la haine, le mépris ou la terreur, enferment le prince dans une spirale de haine dont il ne sort que par sa chute. Donc, la forme que le virtuose introduit dans la matière, ou bien est bonne, ou bien s'effondre rapidement. La mauvaise organisation des États est toujours, chez le florentin, la cause de leur chute : c'est de la loi que dépend absolument la survie de l'État. Donc, lorsque nous disions que la virtù constituait la seule légitimité du pouvoir, c'était vrai, mais ce n'était pas une tautologie : cela signifiait que seul un acte politique virtuose pouvait prétendre à une réelle existence politique. Nous avions omis que la virtù devait s'arracher à la matière pour devenir forme (= norme). Ainsi, pouvons-nous dénouer notre dernier cercle : nous avons dit que la virtù était une puissance d'interprétation (c'est très visible dans les Discours, avec les interprétations de signes, les augures, les ruses des chefs de guerre ou des politiques), et dans notre chapitre 1 du Livre II, c'est toujours cette même phrase qui nous guide : tous les états aussi bien organisés que les romains auraient eu la même fortune. La tautologie, il faut être libre pour être libre, n'est, une fois encore, qu'apparente : elle est la manifestation de notre relation herméneutique au monde. Tous les États qui auraient eu la même lucidité quant à ce qu'il nous appartient de faire, seraient arrivés à la même puissance. Ce rapport herméneutique fait que ce ne sont pas des cercles vicieux : nous sommes très bien placés pour savoir déjà que nous sommes libres, qu'est-ce que l'occasion, et comment agir. Mais nous sommes des êtres de la nécessité présente, de l'inquiétude, enfermés dans la dialectique du visible et de l'invisible. Nous jugeons toujours plus aux yeux qu'aux mains. C'est pourquoi nous ne pouvons pas faire autrement que "re-connaître" dans la matière, la forme, l'idée que nous y voulons mettre. En d'autres termes, c'est à la vue de l'imperfection de la réalité, de sa rudesse, de sa dangerosité, que nous reconnaissons la nôtre (notre finitude) et qu'ipso facto nous prenons conscience, de notre idée de la perfection, du bonheur, de la morale. On pourrait placer Machiavel dans la lignée d'un Pascal (Pensées) : "nous avons une idée de la vérité invincible à tout le pyrrhonisme". Mais même le pyrrhonien a une idée précise de la vérité, pour pouvoir dire "Que sais-je ?". Ou d'un Marc-Aurèle : Quand bien même tout l'univers serait livré aux atomes, qu'attends-tu pour mettre de l'ordre en toi ? De même chez Machiavel, l'occasion est cette preuve irréductible à tout déterminisme, qui subsiste quelle que soit la réponse à la question des rapports fortune - virtù. Ici, nous poussons Machiavel un peu loin de son domaine propre. Mais cette interprétation nous montre que Machiavel produit une authentique réflexion philosophique sur la liberté humaine. On peut parler d'occasionnalisme machiavélien dans la mesure où l'action virtuose est sa propre occasion : toute action, pour élargir, est une occasion, si l'on admet que la virtù et la fortune sont deux faces de l'histoire humaine. Donc, la liberté est invincible, grâce à l'occasion, à l'existence de la fortune. ------------------------------------------------------------------------ -------- C. CONCLUSION : LE LIEN ENTRE LE CHAPITRE VI DU PRINCE ET LE CHAPITRE 1 DU LIVRE II DES DISCOURS. On pourrait trouver notre choix arbitraire : pourquoi aller chercher au premier chapitre du Second Livre des Discours, la réponse à ce chapitre VI du Prince ? La raison en est simple : c'est dans le second livre des Discours que Machiavel remet en question, dans l'avant-propos, puis au début de ce premier chapitre, l'opinion fort répandue, même chez des "historiens fort graves comme Plutarque", que la fortune soit un agent à part entière de l'action humaine. Autrement dit, c'est dans le second livre, après avoir pris - dans le premier - les romains comme modèle d'organisation politique, que Machiavel va fonder leur action dans la virtù, laissant à la fortune le simple rôle de contingence matérielle. Le second livre commence par poser le problème du temps, de la possibilité de l'imitation, et M s'y défend de tout préjugé : le passé ne vaut plus que le présent que dans la mesure où il témoigne d'une plus grande virtù, et nous ne devons pas nous laisser berner par la mélancolie qui nous le fait préférer au présent. L'avenir, quant à lui, appartient à ceux qui auront pris conscience de leur liberté, c'est-à-dire du pouvoir de la virtù comme herméneutique, interprétation, introduction de forme dans une matière historique informe. Et voilà, donc, le rapport essentiel entre ces deux textes : c'est au coeur de ses Discours que Machiavel garde l'essentiel de sa thèse (de même que les textes les plus novateurs du Prince se trouvent entre les chapitres XV (la verità effettuale) et XXV (ourdir les fils de la fortune), comme si M avait voulu les "enrober", tant ils sont audacieux). Ce n'est sans doute pas un hasard si le ton du florentin se fait si violent au début de ce livre : dans l'Avant-Propos : "je n'hésiterai pas à dire ouvertement ce que je pense du passé et du présent", et au chapitre 1 : "Je ne veux en aucune manière reconnaître cela, et je ne crois pas qu'on puisse le soutenir...". Cette thèse inouïe, c'est que nous sommes les seuls maîtres de notre destin, que nous sommes à l'origine de toute forme qu'on puisse introduire dans la matière, car nous sommes au principe du sens des choses, hors de toute référence à la transcendance, qu'elle prenne la figure de la tyrannie du pouvoir, de la Fortune, ou de Dieu. Or c'est justement le nerf du chapitre VI : le virtuose est celui qui vient introduire dans la matière historique inerte la forme que sa virtù lui fait juger bonne : la loi, comme forme politique de la liberté humaine. Le lien entre ces deux textes, c'est donc la racine d'une philosophie de la liberté. |
|
guydufau 06/06/2005 10:20 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Le copié-collé de vnny était dans le sujet du fil et intéressant. S'il n'a pas plu au quidam camouflé derrière "marre des cop coll", ce mauvais coucheur qui imite LRDB, nous révèle être en accord avec ceux que Frédéric Lordon met en accusation. D'où sa petite et minable vengeance d'imposer un long texte sans lien avec "le bonheur en cette soirée historique". |
|
Alles fur paperland 06/06/2005 17:14 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Et alors, Winny ne sait pas ecrire, hein? Rank Xerox ? La petite maison dans la prairie se pète aux textes des autres, sans pouvoir s'exprimer par elle même? |
|
Louise 06/06/2005 23:09 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Rudyard Kipling - (1856-1936) SI..... Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir, Ou perdre d'un seul coup le gain de cent parties Sans un geste et sans un soupir; Si tu peux être amant sans être fou d'amour, Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour, Pourtant lutter et te défendre; Si tu peux supporter d'entendre tes paroles Travesties par des gueux pour exciter des sots, Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles Sans mentir toi-même d'un seul mot; Si tu peux rester digne en étant populaire, Si tu peux rester peuple en conseillant les rois Et si tu peux aimer tous tes amis en frère Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi; Si tu sais méditer, observer et connaître Sans jamais devenir sceptique ou destructeur; Rêver, mais sans laisser le rêve être ton maître, Penser sans n'être qu'un penseur; Si tu peux être dur sans jamais être en rage, Si tu peux être brave et jamais imprudent; Si tu sais être bon, si tu sais être sage Sans être moral ni pédant; Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite Et recevoir ces deux menteurs d'un même front, Si tu peux conserver ton courage et ta tête Quand tous les autres les perdront, Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire Seront à tout jamais tes esclaves soumis Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire, Tu seras un homme, mon fils. |
|
Hubert Halles 06/06/2005 23:26 |
fur paperland |
Les soviétophiles comme vnny c'est pas la petite maison dans la prairie c'est la petite prison dans la mairie. |
|
dom 06/06/2005 23:37 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
oui Louise et alors est ce une raison pour assomer de copié collé? même si ce dernier est gentillet, et ne porte pas a polémique, est il necéssaire de se comporter comme Ka ou les singes du palais, il ne veulent donc que le feu et ne savent s'en servir, de toute facon Mowgly retourne a la civilisation et Sher Khan est vaincu. ce qui est vrai aujourd'hui ne le sera plus demain, par la force des choses, les vindictes post victoire ou defaite, selon ou l'on se pose, sont vaines. le seul vaincu est celui qui est encore dans la campagne éléctorale; si il s'y accroche c'est que quelque part il y a perdu quelque chose.Le scrutin a parlé les dés sont jetés. pourquoi et comment la question n'est plus la, maintenant c'est autre chose. |
|
Henry Faÿ 06/06/2005 23:43 |
scout toujours! |
![]() <<même si ce dernier est gentillet, et ne porte pas a polémique, >> J'y ai sans peine décelé une ironie assez mordante. ![]() |
|
dom 06/06/2005 23:50 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
bien sur Henry, lol |
|
casse-croûte 07/06/2005 11:13 |
re : Le bonheur en cette soirée historique ! |
Bien, voilà un fil tué par sa bêtise. |
|
Retour à la liste des messages |