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Henry Faÿ 10/05/2005 08:55 |
François Pinault renonce à sa fondation |
![]() Coup de théâtre: François Pinault renonce à l'implantation à l'île Seguin de sa fondation d'institution vouée à l'art contemporain et annoce qu'il installera ses collections au Palazzo Grassi de Venise qu'il a acheté. Désolante nouvelle: Exit le beau projet, le bâtiment de verre de Tadao Ando ne verra pas le jour. Que s'est-il donc passé? Voici ce que François Pinault déclare dans Le Monde <<C'était une immense fierté pour moi de lancer un tel projet et je m'y suis lancé avec enthousiasme". Et il ajoute: <<il a fallu prendre acte de l'enlisement administratif de l'opération d'aménagement. ...j'avais fait de l'environnement urbain du musée l'une des conditions sine qua non au lancement de mon projet... mes interlocuteurs semblaient assimiler à de l'acharnement mon impatience à connaître le voisinage du musée, exigence pourtant exprimée dès l'origine à travers une correspondance soutenue... Comment imaginer que je mobilise le talent d'un immense architecte et un investissement de 150 millions d'euros pour construire un bâtiment dont l'environnement serait défiguré pendant plus d'une décennie par le voisinage au mieux d'un immense chantier, au pire d'un terrain vague? Chacun doit bien se rendre compte que le temps d'un projet culturel privé ne peut pas être celui d'un projet public. Le temps d'un entrepreneur, c'est celui de son existence, de son âge, de son impatience à concrétiser son rêve. Le temps d'une administration, c'est celui des procédures, d'une patience sans limite qui s'accompagne des interties, des remises en cause politique ou budgétaires, d'une résignation face aux pesanteurs, aux mois qui s'ajoutent à des semestres pour aboutir à des années de retard. ... le regretté projet pour l'île Seguin enlisé dans les incertitudes, les longueurs et les pesanteurs...>> Les explications données par l'homme d'affaires sont peu convaincantes. Les retards administratifs sont bien irritants mais il a fallu des décennies et parfois des siècles pour construire les cathédrales. Il y a une bonne dose d'arrogance dans ces propos. Il fait dépendre son projet des aménagements environnants, ce qui est déjà une exigence assez discutable mais surtout de leur état d'avancement, ce qui ressemble plutôt à un prétexte. Je lui répodrais que Louis XIV a vu son château de Versailles constamment sous les échafaudages. C'est comme s'il multipliait les conditions pour finalement ne pas y arriver. Ce n'est pas bien de susciter de l'espoir pour le trahir et ensuite s'ériger en donneur de leçons. C'est comme s'il y avait de l'inconstance chez cet homme. ![]() |
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josué 10/05/2005 10:08 |
re : François Pinault renonce à sa fondation |
les mauvaises langues disent qu'il est actuellement en procès aux états-unis d'Amérique pour je ne sais plus quelle affaire de malversation financière et que cela risquant de lui coûter des sous, puisqu'il pourrait bien être reconnu coupable, il lui fallait se rabattre sur un projet moins coûteux. |
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guydufau 10/05/2005 12:10 |
re : François Pinault renonce à sa fondation |
"pour je ne sais plus quelle affaire de malversation financière et que cela risquant de lui coûter des sous" dit josué Il s'agit d'Executive live, une affaire conduite au départ par le Crédit lyonnais, mais dont François Pinault, seul, a tiré profits, et jusqu'à ce jour, seul l'Etat français a été condamné à de fortes amendes. Les avocats américains ne sont pas satisfaits et une condamnation de Pinault semble inéluctable. La façon dont cette affaire a été plaidée par la France pose beaucoup de questions : celui qui a profité du crime n'est pas encore condamné. |
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La reine des belges 10/05/2005 14:22 |
une histoire de guy du faux |
euh guy tu as oublié 3 mots donc je rectifie : " ... celui qui a profité du crime CONTRE L'HUMANITE n'est pas encore condamné" Je trouve que tu t'endors un peu ces temps-ci. Tu devrais aller contribuer dans cet autre excellent fil : http://www.broguiere.com/culture/forum2/index.php3?lecture=1 261&debut=0&page=1 Ta reine |
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LRDB 10/05/2005 14:43 |
Réponse à Henry : |
En effet la reculade de Pinault n'a pas l'air bien franche. Pour autant la thèse de l'enlisement administratif n'a rien d'irréaliste dans notre bon pays. Bref je crois que Pinault trouve un prétexte plausible pour une décision qui a d'autres raisons. Il en profite pour jouer les martyrs mais la ficelle est un rien grosse. Je parie que Chaslin en parlera demain matin à 9h10 dans Métropolitains. LN |
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casse-croûte 10/05/2005 14:56 |
re : François Pinault renonce à sa fondation |
L'enlisement administratif n'est en effet pas irréaliste, mais je crois notre bon Pinault (même s'il n'est pas des charentes, lui) bien capable de s'enliser tout seul sur les alluvions de l'île séguin. |
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josué 11/05/2005 02:34 |
re : François Pinault renonce à sa fondation |
de toute façon je doute encore que cette collection soit si originale que ça, et qu'elle s'enfonce donc dans les alluvions vénitiens, je m'en tape. ça évitera peut-être à ce mausolée Pinault de capter les budgets culturels du coin de l'île Seguin que je préfère voir aller à la création plutôt qu'à la momification-glorification du gros industriel qui se la joue amateur d'art. |
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L reine des belges 11/05/2005 09:42 |
vivement bolkenstein |
Pardon, quels budgets culturels parle-t-on ? Ce grand projet était privé. Ca suffit d'ailleurs à lui valoir détestation : on lui a bien fait voir qu'en France il faut savoir rester à sa place et ne pas faire concurrence aux musées d'état et municipaux, même si on est capable d'aligner la 6ème collection du monde. Alex Adler a surement charrié dans sa chronique hier en fourrant dans le même sac le vote Non et l'étouffement administratif du projet Pinault : parce que le vote non est l'affaire des électeurs (et de quelques porte-flambeaux de la société civile) tandis que ce flingage est une nouvelle réussite des élites dirigeantes (avec l'aide de quelques assoces). Mais dans les deux cas, il s'agit bien de la célèbre fermeture à la française. On verra d'ici 2 semaines ce qu'en dira métropolitaine, mais à première vue Chaslin ne semble pas donner tort à Pinault quant au diagnostic d'un freinage bureaucratique typiquement français donc suicidaire. Quant à la haine du pognon et à tous ce romantisme constestataire boutonneux qui ne changera pas le pouvoir du fric en France, il rejoint la joie négative des exhumeurs de génocide. Nos lointains héritiers de 68 ne voient même pas que c'est en flinguant de telles locomotives qu'on oblige le train à rester en gare. Vivement que les cheminots polonais débarquent à prix cassé tiens... LN |
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josué 11/05/2005 10:02 |
re : François Pinault renonce à sa fondation |
de quel pognon culturel il s'agit? eh! tu rigoles camarade? j'imagine que tu n'es pas sans savoir qu'un lieu tel que l'envisageait Pinault est un lieu où les expos tournent, où les catalogues se publient, etc. et ça, même (et surtout serais-je tenté de dire) si c'est une fondation privée, ça se fait en grande partie avec de l'argent public. Tu contestes? Je te rappelle que j'habite Avignon, ville qui accueille la collection d'Yvon Lambert et je peux te garantir que ce lieu capte la majeure partie de l'argent dévolu aux arts plastiques sur le périmètre Avignonnais par Ville, département, région et ministère. Et encore je ne râle pas trop car la direction de la collection Yvon Lambert est fair play et qu'Yvon L. est un authentique collectionneur passionné, avec un regard certain. |
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Louise 11/05/2005 13:11 |
re : François Pinault renonce à sa fondation |
Peut-être pourrait-on nationaliser Pinault? Non , ça ne se fait plus ? Pourtant nous avons bien renflouer le Crédit Lyonnais qui a été fort généreux avec le sieur Pinault. |
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La reine des belges 11/05/2005 13:53 |
allons bon josué qui s'énerve maintenant ? |
hey ça va, "camarade", keep cool ! bien sur que je conteste, sauf si c'est interdit mais dans ce cas sitiplit tu écris explicitement : "il-est-in-ter-dit-de-con-tes-ter-ske-dit-jo-sué" ça sera plus clair... d'abord tu imagine mal. j'espère que ce que tu "imagines" concernant le capitalisme est plus fondé que ce que tu "imagine" des malotrus qui osent contester les scies anti-fric (usées les scies). explique nous plutôt clairement et sans nième appel à l'argument d'autorité (réservé à Paul kobish sur DDFC) par quels mécanismes l'argent public et lequel (commune département région état) est pompé par les fondations. car ceux qui comme moi ne sont pas avignonnais et ne se sentent pas spécialement agressés par l'argent des autres (je n'en ai pas mais celui des autres ne me rend pas malade), aimeraient comprendre et surtout lire autre chose que des imprécations anti-milliardaires qui, toutes sympathiques qu'elles soient par leur romantisme contestataire, ne font pas tellement avancer la réflexion en passant ça serait sympa de dire aussi sur quels critères objectifs et liés au sujet (l'art) on juge que le regard de pinault est moins certain que celui d'Yvon Lambert sur quels arguments et qu'est-ce qu'un regard certain au fait ? je ne connais pas ces deux zèbres je le précise et je ne juge pas utile de prendre la défense d'un pauvre milliardaire, mais enfin si une fondation capte du fric, c'est parce qu'il y a des gens qui votent dans ce sens non ? ils n'ont qu'a voter contre. de toutes façons vu le pognon laché par pinault dans le projet, esk'il est vraiment à ça près et va mégoter ensuite jusqu'à pleurer du pognon pour ses catalogues qui vont représenter même pas 0,1 % des sommes déjà englouties ? voila voila, si tu veux défendre un point de vue pour démontrer l'effet pernicieux ou vampirique d'une fondation comme celle de pinault, donne un peu des arguments clairs car je ne demande qu'à être convaincu. c'est en s'expliquant qu'on se fait comprendre. d'avance merci. LRDB |
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guydufau 11/05/2005 14:54 |
re : François Pinault renonce à sa fondation |
Pinault a la 6e collection du monde.Est-il contentent de ce classement ? Va-t-il passer devant la 5e ? ou se faire doubler par la 7e ? La nouvelle du jour : la justice américaine met hors de cause Pinault mais accuse sa holding Artémis. Quelle est la différence? Entendu dans les Matins : "l'art c'est ce que rend la vie plus intéressante que l'art", suivi du rire sympa de l'invitée américaine |
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Laurent Nadot 15/05/2005 11:42 |
L'affaire Pinault à l'Esprit Public |
Ce matin à l'Esprit Public, flingage de Pinault par Cayrol puis Michaud puis Gallo : projet bidon dans l'esprit même de l'intéressé décrit comme profondément insincère, collections invisibles, sites internet vides, spéculation effrénée (une remarque débile de cayrol). Bourlange à peine plus indulgent pour Pinault, mais signale tout de même que des projets l'Etat culturel français en a déjà raté et flingué plus d'un parce que ça ne sortait pas de ses propres tiroirs. Nos pouvoirs publics freinent les initiatives privées en matière d'art. |
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Henry Faÿ 15/05/2005 12:23 |
comment comprendre l'abandon de F.Pinault |
Comment comprendre l'abandon de François Pinault ***************************************************** Oui, si ça continue, il n'y aura plus que le Figaro pour défendre le célèbre homme d'affaires qui se pique d'art moderne et qui laisse tout tomber en cours de route. J'étais vendredi soir à l'enregistrement de l'équerre et le compas. Frédéric Edelman a dit, ce qu'on est nuls, en France. Il a évoqué un autre ratage que le public n'a pas connu, celui de la manufactures des oeillets à Ivry. Garcia, a dit, les pesanteurs administrative, pas bien convaincant, ce n'est pas clair, cette histoire, toutes les bonnes fées s'étaient penchées sur ce projet; deux anciens présidents du centre Pompidou avaient participé au lancement du projet. Il y a donc anguille sous roche. Lorque le public a été invité à prendre la parole (mais ce ne sera pas retransmis), j'ai dit que les arguments de ce Pinault étaient tout sauf convaincants et qu'il se comportait en lâcheur; une dame qui avait un accent étranger a dit sur un ton très catégorique qu'elle était très bien informée et que la seule raison était que François Pinault n'avait pas ou plus l'argent nécessaire pour mener à bien un pareil projet. Autrement dit, il nous aurait emmenés en bateau (un bateau, c'est bien ce à quoi ressemble cette île Seguin) ![]() |
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josué 15/05/2005 21:16 |
François Pinault peut bien aller sur la Lune |
Laurent, pas vraiment envie de m'étendre outre mesure sur ce genre de phénomène aussi connu que la gentrification de nos centre-ville. Simplement, quand un projet pharaonique comme celui-ce déboule dans une ville, un département, surtout quand ses protagonistes disposent de relais et de leviers efficaces dans les instances publiques, il aspire rapidement l'essentiel des subventions culturelles du coin, très souvent au détriment des autres structures, furent-elles plus pertinentes, plus anciennes, plus ancrées dans le terreau local, etc… Ce type de truc n'est jamais financé à 100% par les capitaux privés. Ceux-ci ne servent qu'à amorcer la pompe, ensuite tout se fait sur des crédites croisés et mixtes (public-privé). Et la programmation d'expositions temporaires dans ce genre de lieux donnent toujours lieu à des finacements publics (ville, département, région, Drac, parfois même fonds sociaux…). Comme les expos dans ces lieux là sont plus prestigieuses et plus chères qu'ailleures (par exemple au sein des collectifs d'artistes, des galeries associatives, etc) ils absorbent souvent la plus grosse part des financement publics, les assos n'en percevant plus que les miettes. J'ai très régulièrement constaté cela. À divers endroits. Il se développe, presque "naturellement", des phénomènes de concentration. Un gris privé met un paquet de fric sur un truc, s'ils ont approuvé tous les notables et politiques du coin appuyent son initiative en renforçant ses moyens financiers. Souvent aussi ils épongent les trous épisodiques qui grèvent les budgets de ces machins tellement gros et médiatiques qu'une fois en place on est obligé de suivre, même s'ils sont mal gérés. Je pense que ce qui décident les politiques responsables des budgets culturels à opter pour un tel fonctionnement est de trois ordres, au moins: 1. idéologiquement il est de bon ton de faire de trucs avec des privés. Et tout élu ou haut fonctionnaire se rêvant en bizenessman est flatté de frayer avec des Pinault, lambert, et consorts. Il y a même des directives ministérielles qui encouragent à monter des projets d'économie mixte. 2. ce type de projet de notables drainent de nombreux papiers dans la presse et les élus aiment beaucoup ça. 3. rares sont ceux qui dirigent les budgets culturels et qui sont cultivés. là plupart du temps ce sont des tocards absolus. Donc lorsqu'ils faut choisir c'est difficile pour eux. Avec ce genre de trucs, pas de risque, les notables, les médias, tout le monde est d'accord pour encenser le bazar et du coup, ouf! pas de prise de risque on fait ça et on évite de parler d'art contemporain, on se contentera de parler, chiffre de fréquentation,, tourisme, retombées économiques, etc. Toutes choses sur lesquelles les élus sont plus à l'aise. 4. ce faisant on met les choses dans les mains de ses semblables (notables) ce qui est moins dangeureux, au moins moins instable, que de les mettre dans les mains des artistes ou de responsables sociaux. 5. les sociétés d'économie mixte, ou pas mixte mais purement privées, qui peuvent se greffer autour de tels projets sont quelquefois juteuses et l'élu qui les met en place en amont dispose de la prmeur de l'info don il peut faire profiter des ami(e)s ou de la famille. 6. en cas de scandale financier ou autre, les choses resteront relativement opaques car les seuls à comprendre vraiment quelque chose aux contenus de ces affaires sont les artistes qui ne sont pas crédibles socialement, donc ils gueuleront en pure perte. En effet, il est bien connu que l'art contemporain est affaire d'initiés, de spécialistes, de ghotta, etc… 7. Les cocktails qui se donnent dans ce genre de lieux, c'est un peu comme le festival de cannes en modèle réduit. Tout le monde se presse pour en être, y compris et surtout les bobos, les journalistes, les mondains, les pique-assiette. Toutes personnes se fichant de la concentration des crédits artistiques et culturels en direction de privés appartenant aux élites "éclairées". 8. L'État a officialisé cette politique ces dernières années et retire massivement son soutient aux petites initiatives culturelles (je pourrais te citer des dizaines d'exemples). Pour le PS cela correspond à ce ce que ces cons appellent "l'échec de la démocratisation culturelle". Pour les autres cela revient à dire qu'en donnant la moitié du budget qu'on donnait avant à des populeux râleurs et peu reconnaissants à des copains privés riches, on est plus tranquilles et on fait plus d'émmissions radio/télé et plus de papiers dans la presse. La grande masse étant désormais dans l'incapacité de juger de la qualité artistique et culturelle du truc, on peut se fiche carrément des critiques, on trouvera toujours des journaleux mondains qui en diront siffisament du bien en échage de quelques coupes de champagnes et du tutoyement des élites économiques qu'ils pourront y cotoyer (car ça c'est le top, dans les raout d'art contemporain tu peux cotoyer quelques huiles et tu ne t'en sens plus pisser). Bref, tout un système qui a ses qualité si le gars qui est à l'initiative du truc est VRAIMENT UN AMATEUR D'ART PASSIONNÉ, ÉDUQUÉ, DÉVOUÉ et proche des artistes (l'histoire en a connu mais c'est rarissime!). Si tel n'est pas le cas on a généralement affaire à une opération participant à la fois de la spéculation immobilière, de la spéculation sur le marché de l'art (la collec de Pinault va voir sa côte augmentéer dès lors qu'elle sera surmédiatisée et luxueusement présentée, berf légitimée même si les choix de départ étaient moyen-bof voire nuls). Un cas actuel d'un truc de ce genre qui a foiré mais qui permet de comprendre comment l'appat du gain et les mouvements d'argent douteux sont au coeur de ce système c'est celui de la fondation Vasarely à Aix. Avec son responsable principal, ex grand patron de la fac de droit en fuite au Togo, ou en Côte-d'Ivoire je ne sais plus. Charles Debasch, condamné pour des détournements d'argent sur des années. Pour un qui se voit et qui se fait taper sur les doigts, des dizaines qui continuent pépères… Le fait de mélanger capitaux privés et publics est aussi, comme j'insinuais plus haut, une façon de faciliter les mouvements d'argent de l'un vers l'autre… Au gré des intérêts. Inutile de dire que le sens le plus courament fréquenté c'est celui qui va du public au privé. Et tout ceci se fait au détriment des publics et des artistes qui devraient logiquement être soutenus avec ces fonds. Les uns pour les aider à accéder à la culture, aux cultures, les autres pour soutenir leur création généralement très peu rémunératrice voire pas du tout. Cet argent public on peut choisir de le dépenser dans une multiplicité de micro-initiatives locales mettant quotidiennement les publics au contact des artistes et de leurs travaux, dans une proximité visant à la complicité voire à la connivence. On peut aussi choisir de le concentrer sur les opérations "de prestige", dans des environnements "de prestige", avec des partenaires "de prestige" (type Pinault), etc. C'est cette dernière option qui est renforcée ces dernières années, y compris au travers de directives ministérielles qui ne s'en cachent pas. Voilà, un peu en vrac, pourquoi pour moi Pinault peut bien aller installer son mausolée et ses collections sur la Lune, j'en ai rien à fiche. Au contraire, plus loin il s'installera des publics et des artistes et plus nous conservons une petite chance de voir un peu de création vivante perdurer dans notre périmètre. Je sais je suis dur. Mais depuis 1987 que je m'intéresse à ces affaires de près, j'en ai vu assez pour ne plus être très en phase avec ça. L'art contemporain, pour moi, ce n'est pas ça. Ce n'est pas ces processus de patrimonialisation excessive, et excessivement chères pour les budgets publics, de collections de notables dont très peu sont cohérentes et pertinentes pour la collectivité. La plupart de ces types ne correspondent en rien aux mécènes des images d'Épinal, ce sont des vieillissant qui tentent de se racheter une auréole dans les temples de l'art afin de laisser une belle image à la postérité (et une patrimoine revalorisé à leurs héritiers). Pour moi, absolument aucun intérêt, même quand parfois leurs collections contient l'une ou l'autre belle chose par ci par là. |
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Nazdeb 17/05/2005 12:38 |
re : François Pinault renonce à sa fondation |
Alors Josué, bravo et merci pour cet exposé tout à fait convainquant et consistant. Certains aspects rejoingnent ou confirment des critiques venant des Saint-Pulgent et consorts, sur le poids des "institutionnels" et des mondanités dans la vie de l'art, mais en tirant à ce que j'en sais des conclusions idéologiques personnelles assez différentes (diminuer le soutien public à la culture, le peuple est trop bête, etc.) Encore bravo ![]() |
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LN 19/05/2005 03:58 |
L'équerre et le compas |
Plusieurs thèses hier à Métropolitains : - Pour le critique du Monde Frédéric Edelman, Pinault est victime d'un mélange d'incurie administrative (on se fout de l'intérêt du citoyen dit-il) et d'un je-m'en-foutisme généralisé envers toute initiative culturelle non publique, qu'elle soit modeste ou ambitieuse. Il parle carrément de mépris pour les projets privés. Il accuse nommément les grands media et cite Le Monde, France Culture, Libé, d'être des cireurs de pompes pour les grandes institutions d'Etat. Pour lui Pinault a eu au moins le moyen de faire assez de bruit en claquant la porte. Pour Edelman le gâchis est réel. Victimes : la ville de Boulogne, la France, le citoyen. Responsables : pas seulement les politiques, mais aussi les media et l'administration. Bref Edelman défend donc quasi au premier degré la thèse Pinault (à peine enrichie). (D'ailleurs il faudrait être aveugle pour la trouver insensée). - Mais son contradicteur, JC Garcia, s'il ne récuse pas vraiment ces raisons, dit les trouver un peu courtes et un rien faciles. Il met en avant en avant la dynamique globale du projet, pas assez puissante, et avance une hypothèse : cette fondation d'art contemporain dans un lieu excentré n'a pas su servir de locomotive aux indispensables autres projets nécessaire à sa propre réalisation. Bref ce projet n'a pas su convaincre, et comme il ne pouvait pas exister seul, eh bien il n'existera pas. Le lieu était trop excentré, dit Garcia. - Dominique Boudet se dit furieux et se montre outré. Pour lui on perd de nouveau une occasion, c'est un second coup dur après l'échec des Halles. Selon lui les causes sont à chercher dans l'ignorance, l'incompétence, le manque d'intérêt et de culture de ceux qui nous gouvernent. Il cite 2 contre-exemples : Beaubourg et Euralille ont bénéficié de deux véritables avocats qui, croyant au projet, se sont engagé et on su vendre le projet. Les actuels dirigeants politiques s'en foutent. Ils n'ont pas jaugé l'importance, ni de l'art contemporain, ni de l'architecture, qu'ils continuent à tenir pour des détails. Chaslin cloture assez vite la discussion car il y a d'autres sujets au programme, et surtout l'émission de la semaine prochaine sera consacrée intégralement à l'affaire. LN |
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Henry Faÿ 19/05/2005 10:02 |
des critiques pas assez critiques |
![]() Ces commentaires ne m'ont guère satisfait. On a l'impression que ces critiques n'ont pas été capables d'une lecture un peu critique, c'est le cas de le dire, de l'article de François Pinault paru dans Le Monde "Je renonce" où on avait beau chercher, on ne trouvait aucun argument un peu solide. Quand il dit à soixante-neuf ans, je n'ai plus le temps d'attendre, il dit quelque chose d'incompréhensible. Quel égocentrisme et quelle arrogance! Les trois critiques de l'émission ont profité de cette occasion pour ressortir leurs obsessions et leurs yakas. Retards administratifs? François Pinault a menti, il n'avait jamais été question d'une ouverture en 2005, ce qu'a précisé François Chaslin après l'enregistrement de l'émission. Comment imaginer que de simples retards administratifs, chose si courante et plus que prévisible, seraient de nature à remettre en cause un projet aussi ambitieux? Homme de peu de foi, pourrait-on dire pour parler comme le Christ. Et puis s'il y a quelqu'un a une parfaite connaissance de l'administration française et qui sait comment on fait pour la bousculer, c'est bien François Pinault, un homme qui a le bras long. Je suis sûr que quand il s'agit de faire ouvrir une nouvelle FNAC, il sait y faire et que ça na traîne pas pour avoir les autorisations. Il joue un peu au con, ce Frédéric Edelman. Quelles fausses contradictions ne va-t-il pas chercher? On n'a pas jamais torpillé le projet de François Pinault en s'intéressant aux projets de l'Etat. On s'intéresse à ce qui existe. Et que ne dirait-on pas si on n'y manifestait pas d'intérêt? Ce qu'a dit Garcia n'était pas non plus très convainquant. Boulogne lieu excentré? Faux, archi-faux. Il n'a pas l'air de bien connaître la géographie de la région parisienne, et le site est absolument prodigieux, emblématique par surcroît. On ne va pas construire un musée sur le Champ de Mars. Et puis comment un édifice qui n'est encore que sur le papier et encore pourrait-il servir de locomotive? C'est assez faux de dire que le projet n'avait pas su convaincre. Il avait suscité beaucoup d'intérêt dans l'opinion, chez les profesionnels de l'art. Ce qu'a dit Dominique Boudet, ce sont des généralités assez faciles et qui sont en l'espèce peu pertinentes. Il faut situer les responsabilités. Quand il y a un projet public, il faut qu'un haut responsable public un maire ou s'y intéresse, un président de la République le Maire d'une grande ville. Quand on a affaire à un projet financé par un privé, il faut que le privé en question soit vraiment déterminé à le faire aboutir et ne se décourage pas au premier recours grâcieux lancé par une association locale, qu'il ne lâche pas le projet en cours de route, ce qui s'est produit. Il y a eu dans l'émission de Marc Voinchet d'avant hier des commentaires qui allaient plus loin. On apprenait que François Pinault n'avait en fait jamais créé de fondation. On apprenait aussi que ce genre d'opérations se fait à coup de déductions fiscales et que finalement, c'est bien le puissance publique qui les finance. François Pinault ne sort pas grandi de cette affaire et les critiques de l'émission de François Chaslin ont eu tort de lui chercher autant d'excuses. ![]() |
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guydufau 10/06/2005 14:59 |
re : François Pinault renonce à sa fondation |
Aujourd'hui, les médias parlent de la Samaritaine, propriété de François Pinault, obligée de fermer pour plusieurs mois afin de respecter des normes de sécurité. C'est pour cézique un grand manque à gagner. Lors de l'abandon de son projet sis dans l'Ile Seguin, les médias, n'avaient pourtant pas beaucoup d'investigations à faire pour un rapprochement avec la Samaritaine. Ils ont préféré faire écho à la version de François Pinault : la lenteur de l'administration. Un sujet que pourrait étudier Elisabeth Lévy. |
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Henry Faÿ 10/06/2005 16:48 |
eh, papate |
La Samaritaine, c'est la propriété du groupe LVMH et le groupe LVMH, ce n'est pas Pinault mais son grand rival Arnault! ![]() |
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guydufau 10/06/2005 18:10 |
re : François Pinault renonce à sa fondation |
C'est juste Henry, ces grands magasins, même à l'extérieur, me font perdre le nord. François Pinault c'est la FNAC, Surcouf, etc... |
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FrançoisViete 12/06/2005 21:50 |
re : François Pinault renonce à sa fondation |
Bonjour, Lors de l'Esprit Public ,tous étaient consternés par la décision du simple flic Pinault. Mais personne ne s'est interrogé sur l'intérêt de sa collection. Assemblage de rebuts de poubelles... Si les vénitiens en veulent tant mieux pour eux. Moi j'aimerais mieux un musée de la mémoire ouvrière dans un parc à la française. Mais avec les imposteurs de l'art contemporain et les friands d'art épate-bourgeois j'ai peu de chance... |
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Henry Faÿ 13/06/2005 07:23 |
les assemblages de rebuts de poubelles |
![]() << Lors de l'Esprit Public ,tous étaient consternés par la décision du simple flic Pinault. Mais personne ne s'est interrogé sur l'intérêt de sa collection. Assemblage de rebuts de poubelles... Si les vénitiens en veulent tant mieux pour eux. Moi j'aimerais mieux un musée de la mémoire ouvrière dans un parc à la française. Mais avec les imposteurs de l'art contemporain et les friands d'art épate-bourgeois j'ai peu de chance...>> Effectivement, on peut très légitimement se poser la question. J'ai vu dernièrement dans Le Monde un article qui déplorait que les Français ne soient pas dans la course de l'art contemporain et l'illustration qui représentait des matelas défoncés érigés en oeuvre d'art faisait penser: heureusement que les Français ne donnent pas dans ce panneau! Sont pas fous les Gaulois! Ce que je regrette, c'est le bâtiment de Tadeo Ando qui d'après les photos de maquette n'avait pas l'air mal et qui une fois construit aurait pu accueillir des oeuvres d'art dignes de ce nom. Ça, je regrette assez fortement. ![]() |
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