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Henry Faÿ

09/05/2005
19:21
le jeu des inrockuptibles


J'entends dire sur les ondes que les inrockuptibles jouent à faire dire aux partisans du oui quel est selon eux le meilleur argument pour le non et aux partisans du non le meilleur argument pour le oui.
J'ai voulu jouer à ce jeu et j'ai trouvé.
Lorsque l'Espagne, le Portugal et la Grèce sont entrés ils ont reçu des subventions assez substantielles qui leur ont permis de les mettre à niveau économiquement et qui constituaient si on peut dire une sorte de dot qui rendait leur adhésion avantageuse et donc souhaitable.
Il apparaît que cette méthode ne sera pas mise en cause dans ses principes mais qu'elle sera appliquée avec une certaine parcimonie. Les pays contributeurs sont fatigués de payer et les besoins suscités par la nouvelle vague de pays entrants sont trop importants. En outre, il est probable qu'on attachera plus d'importance à la stratégie dite de Lisbonne: recherche, innovation etc.
Alors qu'offre-t-on aux nouveaux membres pour que l'adhésion leur paraisse avantageuse? On leur offre la possibilité d'être des concurrents, donc de tirer avantage de leurs bas salaires. Il y a quelque chose de pas très digne dans ce deal si c'en est un. De l'argent, n'y comptez pas trop, vous avez la possibilités de pénétrer nos marchés pour les produits bas-de-gamme que les Chinois vous auront laissés, autrement de vendre pas cher votre force de travail.
On serait tenté de dire, dans ces conditions, non. Que répondre?
L'adhésion des pays anciennement communistes, on ne peut pas la remettre en question, elle est une nécessité et une obligation historique.
Il faudra bien faire des efforts plus substantiels pour la mise à niveau des nouveaux membres comme on l'a fait pour les pays de la fournée précédente.
La concurrence a des effets bénéfiques bien connus; de toutes façons, on n'y échappera pas, mieux vaut qu'elle vienne de pays européens où les salaires bas mais moins bas que ceux, par exemple de la Chine et où les conditions de travail peuvent, dans le cadre européen, faire l'objet de contrôles, de régulations et d'améliorations.
Enfin, il ne faut pas se priver de la possibilité de voir venir le jour où l'écart entre les économies des différents pays européens à l'Est comme à l'Ouest seront réduits sinon comblés mais ça prendra du temps.


 
casse-croûte

09/05/2005
19:26
re : le jeu des inrockuptibles

Et le jour où cet écart sera comblé, on sera tous morts.

On dirait que tu réponds mieux aux arguments du non quand c'est toi qui les avance, non ?
 
casse-croûte

09/05/2005
19:29
re : le jeu des inrockuptibles

Le meilleur argument du non : il y a trop de bureaucratie et trop de démocratie dans ce traité, on va laisser tous ces cons poujadistes décider une partie de la politique ?
 
Henry Faÿ

09/05/2005
19:44
si c'est vous qui le dites


<<On dirait que tu réponds mieux aux arguments du non quand c'est toi qui les avance, non ?>>
Ben oui, je ne suis pas complètement maso.


 
guydufau

09/05/2005
22:36
re : le jeu des inrockuptibles

"Et le jour où cet écart sera comblé, on sera tous morts."
Eh oui, comme l'expliquait Frédérique Lordon en citant Keynes
 
Henry Faÿ

10/05/2005
02:04
il y en a qui ne perdent pas de temps


Frédéric Lordon, c'est un mec, pas une nana, ou alors j'ai un problème d'audition.
<< "Et le jour où cet écart sera comblé, on sera tous morts."
Eh oui, comme l'expliquait Frédérique Lordon en citant Keynes>>
(i) d'abord c'est pas sûr du tout, voyez comment des pays comme l'Irlande ont brûlé les étapes.
(ii) Et quand cela serait? Vous refuseriez de travailler pour les générations à venir? Quel égoïsme!




 
casse-croûte

10/05/2005
10:28
re : le jeu des inrockuptibles

Travailler pour tuer les générations à venir. Un futurocide ?
Je préfère réfléchir à leur refiler un bébé viable.
 
josué

11/05/2005
02:40
re : le jeu des inrockuptibles

Henry, je te touve nettement plus convaincant quand tu t'éfforces de trouver les arguments du 'non'.
Vraiment là, à 19h21, tu avances un argument rarement énoncé, subtil, assez pertinent (sans être franchement percutant pour le populo de base qui se prend actuellement le matraquage simplificateur wiwiste en pleine poire).
T'sais quoi? Tes arguments wiwistes ont les connais, tu nous en rebas les oreilles depuis que tu as ouvert le fil "oui ou non", depuis des mois donc… tu devrais cesser, on a compris ta position, on ne cherchera plus à te faire changer d'avis, promis, juré, craché… mais daigne poursuivre dans la voie des arguments subtils (et inéfficace électoralement) du 'non', c'est plus instructif.


 
Henry Faÿ

11/05/2005
06:01
les limites du contre-emploi


<< daigne poursuivre dans la voie des arguments subtils (et inéfficace électoralement) du 'non', c'est plus instructif>>
Excusez-moi, ce n'est pas mon boulot et puis si j'ai eu une idée, je n'en aurai peut-être pas deux.

 
josué

11/05/2005
10:05
mais si mais si

Tu pourrais quand même faire un effort!

 
Louise

11/05/2005
13:24
re : le jeu des inrockuptibles


Un argument du OUI entendu récemment pas Dominique Voynet, il faut voter OUI pour pouvoir continuer la lutte et faire changer ce TCE qui n'est pas une Constitution.
Quand on lui dit qu'il faut quand même faire gaffe car :

"a) l'article 2, paragraphe 2, de la CEDH:
«La mort n'est pas considérée comme infligée en violation de cet article dans les cas où elle résulterait d'un
recours à la force rendu absolument nécessaire:
a) pour assurer la défense de toute personne contre la violence illégale;
b) pour effectuer une arrestation régulière ou pour empêcher l'évasion d'une personne régulièrement
détenue;
c) pour réprimer, conformément à la loi, une émeute ou une insurrection.»" ( http://europa.eu.int/eur-lex/lex/LexUriServ/site/fr/oj/2004/ c_310/c_31020041216fr04200464.pdf#page=5 )"

elle n'était pas au courant de ce passage.
Pas la première fois que je me rends compte que les Ouistes ne lisent pas le TCE.
 
Henry Faÿ

11/05/2005
18:50
la lettre tue et l'esprit vivifie


<< Pas la première fois que je me rends compte que les Ouistes ne lisent pas le TCE.>>

Si on était sérieux, on lirait ce texte à fond, c'est bien vrai. À chaque fois que je me suis livré, sans grande ardeur, il est vrai, à cet exercice, j'ai vu qu'il n'était pas du tout ce que les partisans en disaient, mais alors pas du tout! C'est un texte sage, mesuré, équilibré, pondéré, nègre-blanc, ambigu, mi-chèvre mi-chou, la règle, les exceptions, le oui et le mais, le si et le au cas où. Rien d'étonnant puisqu'il est le résultat de tous les compromis passés entre les points de vue opposés des représentants de vingt-cinq pays, il a fallu mettre d'accord tout le monde.

Il y en a un qui se méfie des pinaillages talmudiques à n'en plus finir, c'est Edgar Morin.
Dans le Monde du 11 mai, il signe un article
À quand une Europe visionnaire, qui rejoint les idées de Jeremy Rifkin.
J'en cite le début:
<< La distribution à profusion du texte du projet de Constitution européenne ne va qu'accroître la confusion et la perplexité. De même que l'on tire les arguments les plus contradictoires de la Bible, du Coran et des Evangiles (les Evangiles font partie de la Bible, note hf), de même, très légitimement les éléments négatifs du texte constitutionnel, tandis que les partisans du oui en extraient les éléments positifs. D'où, pour le citoyen incertain, un accroissement d'incertitudes et, dans l'incertitude, la disposition à un vote négatif.
Or c'est un vice de pensée que de se concentrer exclusivement sur un texte. Le sens de tout texte ne s'éclaire que dans la considération de son contexte, et ici seul le contexte permet de déterminer le choix.>>

Autrement dit, cessez de couper les cheveux en quatre dans le sens de la longueur à propos de tel ou tel article, de toutes façons, ça n'intéresse personne.



 
Louise

11/05/2005
22:28
re : le jeu des inrockuptibles

ça n'intéresse personne....
.....euh! si, ça m'interesse, moi de lire les articles, excusez !
 
guydufau

12/05/2005
09:43
re : le jeu des inrockuptibles

"Si on était sérieux, on lirait ce texte à fond, c'est bien vrai. À chaque fois que je me suis livré, sans grande ardeur, il est vrai, à cet exercice, j'ai vu qu'il n'était pas du tout ce que les partisans en disaient, mais alors pas du tout! C'est un texte sage, mesuré, équilibré, pondéré, nègre-blanc, ambigu, mi-chèvre mi-chou, la règle, les exceptions, le oui et le mais, le si et le au cas où. Rien d'étonnant puisqu'il est le résultat de tous les compromis passés entre les points de vue opposés des représentants de vingt-cinq pays, il a fallu mettre d'accord tout le monde"

Henry, touche là à l'essentiel
-Les gens sérieux [trop sérieux?] sont ceux qui décortiquent le texte.
-Certains, ceux qui, "sans grande ardeur" -avec à un priori?- ne veulent y voir qu'un fourre-tout bienveillant et neutre,
-et d'autres, plus attentifs, lisant les mots "solidarité",,"social", "plein emploi", "protection de l'environnement"...ne voient qu'alibis et pièges, tandis que les absences d'autres mots tels que "dumping social", "dumping fiscal", "paradis fiscaux"...aident à mieux comprendre.

Est-il sérieux de dire :
"Or c'est un vice de pensée que de se concentrer exclusivement sur un texte. Le sens de tout texte ne s'éclaire que dans la considération de son contexte, et ici seul le contexte permet de déterminer le choix."

Est-il inutile de débusquer dans le texte, à propos de la Charte des droits fondamentaux de l'Union, l'article II-111,2 :
"La présente Charte n'étend pas le champ d'application du droit au delà des compétences de l'Union, ni ne crée aucune compétence ni aucune tâche nouvelles pour l'Union et ne modifie pas les compétences et tâches définies dans les autres parties de la Constitution."
Et comme si ce n'était pas assez clair, cet article est suivi des articles II-112, II-113, II-114,tous ces articles faisant partie du titre VII :
"Dispositions générales régissant l'interprétation et l'application de la Charte".

Y aura-t-il un naïf pour demander à la Cour de justice européenne, l'application de la Charte des droits fondamentaux ?
 
Henry Faÿ

12/05/2005
09:56
un article parfaitement rassurant


<< Est-il inutile de débusquer dans le texte, à propos de la Charte des droits fondamentaux de l'Union, l'article II-111,2 :
"La présente Charte n'étend pas le champ d'application du droit au delà des compétences de l'Union, ni ne crée aucune compétence ni aucune tâche nouvelles pour l'Union et ne modifie pas les compétences et tâches définies dans les autres parties de la Constitution.">>

Où est la perfidie? Je trouve ça très rassurant, outre que cela relève du plus élémentaire bon sens, mais je ne suis pas juriste, même improvisé.


 
guydufau

12/05/2005
11:36
re : le jeu des inrockuptibles

Où est la perfidie?
Elle est qu'il est écrit que la Charte ne crée AUCUNE COMPETENCE NOUVELLE NI...et que dans "les autres parties de la constitution" il y a un grand choix pour contredire cette Charte.
Et je ne suis pas juriste, seulement lecteur !
 
Howard Zinn

12/05/2005
12:33
re : le jeu des inrockuptibles

... et quel lecteur !
 
casse-croûte

12/05/2005
16:41
re : le jeu des inrockuptibles

Donc, en ramassant toujours les arguments du fond du sac, on en arrive à dire oui au tce non pour le texte, mais pour le contexte.

Une fois de plus, en pointillés, on voit l'idée que les partisans du non sont des anti-européens masqués, parfois inconscients qu'ils le sont.

Moi qui connaît des périodes de doute, je cherche des arguments pour voter oui, et aussi des gens qui sont pour le oui mais qui acceptents que d'autres soient pour le non... Eh ben c'est pas si courant. Dans le journal du soir, hier mercredi 11 mai, j'ai entendu un reportage sur le oui autrichien et par la même occasion des paroles mesurées et qui tiennent compte des avis des autres. Le journaliste autrichien, je ne sais plus comment il s'appelle, disait qu'il trouvait le débat français important.

Ce débat devait avoir lieu un jour. L'orientation de l'europe. Ca tombe sur ce referendum, c'est un peu l'instrumentaliser, mais en même temps il est question de s'engager sur 50 ans avec des perspectives de révisions qui sans être nulles sont quand même d'une ampleur limitée.
 
Henry Faÿ

12/05/2005
18:25
faudrait savoir


<< Où est la perfidie?
Elle est qu'il est écrit que la Charte ne crée AUCUNE COMPETENCE NOUVELLE NI...et que dans "les autres parties de la constitution" il y a un grand choix pour contredire cette Charte.>>

Tous ceux qui pensent que l'Union européenne s'occupe déjà d'assez de choses, qu'il y a déjà assez de trucs et de machins seront plutôt rassurés par cet article.
D'autres plus sceptiques diront, de toutes façons, l'Union Européenne s'occupe de tellement de choses, des fromages au lait cru aux normes de sécurité des espaces de jeu, que prétendre qu'il n'en sera pas rajouté ne change rien à l'affaire.
S'il y a des contradictions dans les textes, apparentes ou réelles, ou des difficultés d'interprétation, il ne faut pas trop s'en inquiéter, ça donnera du boulot aux juristes.

J'ai lu ce matin avec bonheur dans Libé un article de Dominique Boullier et Yann Moulier Boutang qui a à voir
La non, ce vote de l'impuissance.
Si j'ai un peu de temps, j'en ferai un compte-rendu, en attendant je vous cite cet extrait qui illustre notre propos:
<< On entend là-dessus (les services publics) tout et son contraire. L'Europe, qui était critiquée pour sa volonté de régulation tatillonne (slogan antieuropéen classique) se trouve désormais présentée comme la championne de la dérégulation >>.
Effectivement, faudrait savoir!




 
casse-croûte

12/05/2005
21:35
re : le jeu des inrockuptibles

Dans ton compte rendu, tu sauras bien entendu faire la différence entre les anti-européens classiques et les partisans du non. Tu sauras aussi faire la différence entre les reproches des caractères tatillons sur les normes de produits manufacturés et les reproches sur la dérégulation des services, dont l'étendue exacte pourra être décidée par les états membres. Promis ?
 
guydufau

12/05/2005
22:11
re : le jeu des inrockuptibles

A ma contribution du 12/05/2005 à 11h36, j'ajoute :

- La Charte des droits fondamentaux, écrite en 2000 par le juriste Guy Braibant, a été reprise dans le TCE de manière très restrictive dans son contenu, ce que dénonce ce juriste. De plus, et malgré toutes ces restrictions, cette Charte ne crée pas de compétence nouvelle pour l’Union (art. II-111 à 114, pages 25 et 26), ce dont se réjouit le patronat européen regroupé dans l’UNICE qui déclare (Note de synthèse sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, page 18) : "L’UNICE est satisfaite que le traité constitutionnel n’augmente pas les compétences de l’UE dans le chapitre social du Traité, pas plus qu’il n’étende l’utilisation de la majorité qualifiée."

Si l'UNICE (le patronat européen) le dit, la perfidie ne concerne que les salariés, bien sûr !


 
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