Discussions annexes, bavardages politiques, hors-sujet divers... (archives 3003-2008)

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Laurent Nadot

20/02/2006
15:26
L'intervention d'Hervé Le Bras

Aux chemins de la connaissance mercredi 15, et non pas aux matins où il est passé le 1er novembre pour commenter le référendum. Cet homme prend son temps et ça me semble bon signe. Au fait c'est encore dispo sur le site canadien :
http://www.tv-radio.com/ondemand/france_culture/MATINS/MATIN S20051101.ram

Pour ce qui est des Chemins de la connaissance de la semaine dernière, et des variables sociologiques invoquées par HLB :
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/ chemins/fiche.php?diffusion_id=38369

J'espère qu'on pourra en discuter sans s'engueuler, car le type de raisonnement développé par HLB me semble assez fécond pour débrancher les passions et investiguer les événements à la lumière de la raison. D'avance je remercie nos habituels diabolisateurs DDFCiens de ne pas céder à leur réflexe, par exemple en voyant des "propos de droite" ou autre "trilatérale" dans ce qui conserve, quoi qu'ils en pensent (si du moins ils pensent), les vertus de la réflexion...

L.
 
LN

20/02/2006
20:00
précaution liminaire

Je voudrais commencer par dévier la principale flèche Nazdebienne : malgré les apparences je ne nie nullement l'existence du délit de sale gueule ni des excès policiers tout à fait spécifiquement orientés, ni même d'une tendance à la discrimination raciale dans notre société. Ni dans aucune autre d'ailleurs. Le racisme est une évidence clinique qui, comme le disait Cavanna très simplement, se démasque sans avoir besoin de gratter bien loin puisqu'un poil d'introspection suffit à voir que quasiment tous nous ne sommes pas bien nets de ce côté là. Ceux qui ne l'ont pas compris en feront peut-être un jour la triste constatation. Pour ceux qui persistent à nier, je dirais simplement qu"il est temps de se réveiller".

En revanche je ne crois pas que le passage à l'acte raciste soit si courant que ça. Et je crois encore moins qu'il puisse expliquer les événements de novembre. Pas même à la marge. Prenons date : si les débats de ce fil me font changer d'avis (ou simplement le moduler) je le signalerai immédiatement.

L.
 
Nazdeb

21/02/2006
14:03
re : L'intervention d'Hervé Le Bras

Tel un Gallo prenant la parole après Bourlanges je dirai que je suis tout à fait d'accord avec le message précédent, surtout en ce qui concerne le premier paragraphe, et en plus je le pense sincèrement.

On peut voir d'un côté un racisme délibéré, assumé verbalement, pour ainsi dire politique, qui est assez minoritaire. Pour aller dans le sens de ce que dit Laurent je me demande si c'est une notion finalement pertinente. Elle l’est peut-être pour juger les dérapages policiers ou les outrances de politiciens de la droite dure, mais un peu moins pour juger de la situation française dans son ensemble ;
de l'autre des conduites opérant une discrimination entre des individus en raison de leur origine, conduites non assumées verbalement, involontaires jusqu'à un certain degré ; et ce "racisme" là est très étendu. Moi-même je le pratique malheureusement, tout en essayant d'atténuer ses effets.

Prenons les principes de recrutement dans l’idéologie managériale : un employeur prend le candidat qui lui ressemble le plus, avec lequel il aura la communication la plus directe, la plus aisée, qui partage un minimum son univers culturel, son système de références (on ne doit pas être très loin de la théorie des champs de Bourdieu). Résultat, quand un blanc européen recrute, il tend à recruter un blanc européen. J’en viens à penser que le communautarisme des blancs est le plus puissant de tous les communautarismes en France (voir notamment la situation flagrante dans les médias). En même temps, il est le moins verbalisé, le plus inodore. Pas étonnant : il n’a rien à revendiquer, il ne dénonce aucune injustice dont il serait la cible.

Comme en France la plupart des employeurs, des décideurs, des têtes de réseaux sociaux influents, sont blancs européens, cette catégorie se trouve naturellement fortement privilégiée au détriment d’autres. Donc cela a tendance à se jouer au détriment des personnes d’autres origines, notamment nord-africaine.



 
Nazdeb

21/02/2006
14:04
re : L'intervention d'Hervé Le Bras

Je ne dis pas que l’injustice ethnique dont souffrent les populations d’origine étrangère dans les cités soit la cause directe des violences de 2005. La cause d’une violence c’est d’abord la pulsion de l’individu, et les raisons que les individus fournissent peuvent être des énoncés formulés après coup, des tentatives de légitimation ou de rationalisation, des jugements stéréotypés et répétés parce qu’ils correspondent à l’air du temps, des croyances partagées, etc. Beaucoup de gamins ont en fait détruit des voitures par pure bêtise, pour faire parler d’eux, voir les effets de leur geste à la télé, etc. En fait, il doit y avoir autant de causes différentes que d’individus qui ont joué à faire flamber des voitures.

Cela dit, l’affaire des voitures brûlées réunit :
- un contexte : les RG ont relevé un vaste sentiment d’injustice, de relégation sociale, d’exaspération qui s’est manifestés au cours de ces violences. Sans être direct dans ce phénomène, le caractère ethnique, cette discrimination raciale, y exerce un rôle : il a favorisé ce climat délétère tout au long des années. Et l’emploi du mot « racaille » était la meilleure chose à faire pour aggraver ce climat (rappelons que le ministre des flics a utilisé ce terme pour qualifier plusieurs centaines de jeunes venus le siffler alors que la majorité d’entre eux n’étaient probablement pas des délinquants. Plus tard, il est allé encore plus loin en qualifiant tous ceux qu’il avait traités de racailles de barbares assassinant des gens gratuitement…).
- un déclic : la mort de deux adolescents qui, dans les médias, alors que leurs cadavres fumaient encore, ont spontanément été accusés d’être des cambrioleurs alors qu’ils n’avaient rien à se reprocher. Cette accusation spontanée a pu être prise comme significative d’un regard déséquilibré que les autorités et la société entière portent sur les populations des cités : elles sont vues a priori comme systématiquement délinquantes, ce qui ne peut qu’aggraver les choses…



 
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