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Shh,h Guy, & LRD

22/01/2006
16:21
L'intervention de Joel de Rosnay

Bon allez je m'y colle.....
 
LRDB

22/01/2006
16:22
Shhh a écrit

De Laurent sur le forum rose :
« A part ça, l’émission de ce Jeudi est très intéressante, parce que l’invité arrive à déployer son analyse sans se voir trop empêtré dans le marigot des habituelles questions au ras des pâquerettes. Joel de Rosnay est depuis plusieurs d’années un expert des NTIC, très bon diffuseur des nouveautés, piocheur d’idées, fin connaisseur des nouveaux comportements, et prospectiviste respecté. Merci à lui d’être passé aux Matins. »

Je ne peux pas laisser passer un tel éloge, sans faire entendre mon son de clochette.
J’ai entendu un laudateur des progrès techniques vendus pour le moteur d’évolution des rapports sociaux. C’est grotesque. Aussi grotesque qu’en son temps Peyrlevade clamant son amour et sa croyance en un capitalisme tout de douceur de calme de volupté et d’honnêteté. On a vu ce qu’il en était, de l’honnêteté du gars.
C’est aussi stupide de clamer qu’internet est un nouvel art de la vie sociale, que de prétendre que la télévision a révolutionné le monde. D’ailleurs à la télé aussi tout le monde vient causer dans le poste. De tous temps des crétins viennent nous vendre une technologie quelconque comme ce qui va changer notre vie. Et à l’arrivée on est encore plus pauvre qu’avant. Plus frustré, et plus aplati.
C’est au contraire, à travers les blogs, une prime au verbiage insensé, à l’évènementiel gras-double, aux petites névroses quotidiennes, étalées comme des lapins morts sur un étalage au marché. Je les trouve moi, ces blogs, en général totalement bêlants, et je n’y ai rien trouvé de plus puissant que des professions de foi néo-religieuses sur qui est bien, et non, c’est pas bien. On va loin comme ça, en effet. Que Chavez ait tenu un discours antisémite ou pas, voilà qui est vraiment passionnant. Aussitôt exposé, aussitôt oublié. Que J. de Rosnay vende ou pas ses prospectives comme un curé vendrait ses sermons, voilà qui me passionne. Diffuseur de nouveautés : quelles nouveautés ? la passage des bits sur des fibres optiques ? Les nouveaux comportements ? quels nouveaux comportements ? Acheter des clés usb au lieu de placards à balais ? Piocheur d’idées, quelles idées ? vous avez réellement entendu de nouvelles idées ? Je suis allée voir ce qu’il racontait dans son biotics, j’ai appris qu’il siégeait à l’« Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPESCT), instance de réflexion créée en 1983 afin d'informer et de conseiller le Parlement français sur les conséquences de certains choix à caractère scientifique et technologique, dans les domaines de l'énergie, de l'environnement, des nouvelles technologies et des sciences de la vie. », je ne m’en vanterais pas à sa place. Faut les gérer nos déchets nucléaires, je peux vous dire, c’est pas fait.
J’ai compris qu’il vendait des études pour améliorer les fonctionnements de services dans les entreprises, et qu’il tenait des discours genre Planète. « l’homme symbiotique », des conneries mystiques pour hommes d’affaires fatigués. Le Teilhard de Chardin des officines de conseil. Roswell et compagnie. Ca va faire 80 ans qu’assez régulièrement apparaissent comme ça des discours extatiques sur les nouveautés de Microsoft (vanté par lui d’ailleurs), les beautés de la vidéoconférence ou de la lampe à souder. Et demain on rase gratis.
Pas toujours me prendre pour une conne, non plus.
Voilà, c’était mon blog.
 
guyfufau

22/01/2006
16:22
Guy a écrit

Bravo Shhh, c'est bien balancé !
Je reviendrai sur le contenu de AgoraVox
 
guyfufau

22/01/2006
16:24
Sur le forum rose, Guy a tente d'ecrire

Il n'y a pas eu de commentaires après le passage, le 19 janvier dernier, de Joel de Ronay. Pourtant, à grand renfort de sabir anglo-saxon, il y avait pas mal d'esbroufe dans ses propos. Je ne vois pas ce qu'a de révolutionnaire les créations de Pronetariat.com et AgoraVox. Marc Kravetz et Olivier Duhamel se sont montrés sceptiques tandis qu'Alexandre Adler parlant de "ce formidable bond en avant" lui a inspiré... entre autre digression historique que le passage du Cap Horn était nécessaire au fonctionnement de la démocratie des USA.
Je pense que des sites internet de critique des médias comme Acrimed, Indymédia, Bellaciao etc. et toutes les associations de citoyens qui combattent les médias dominants sont plus innovants que ceux créés par Joel de Ronay.

 
LRDB

22/01/2006
16:25
LRDB a encore frappé

Ca serait pas du luxe de créer un fil "L'intervenzione de JdR", nan ?

Si vous y reportez la critique de Shhh et celle du baveur, je me ferai un plaisir d'y déposer ma propre synthèse de l'émission et de tenter de croiser le fer avec ces deux redoutable adversaires :
- Shhh est redoutable car elle sait ce qu'elle dit et je crains fort le coup de sabre...
- Guy est redoutable car il faut toujours faire un grand effort pour empêcher qu'il ne se blesse lui-même ake sa rapière qu'il tient à l'envers...

La reine
 
dom

22/01/2006
17:01
re : L'intervention de Joel de Rosnay

"C’est au contraire, à travers les blogs, une prime au verbiage insensé, à l’évènementiel gras-double, aux petites névroses quotidiennes, étalées comme des lapins morts sur un étalage au marché. Je les trouve moi, ces blogs, en général totalement bêlants, et je n’y ai rien trouvé de plus puissant que des professions de foi néo-religieuses sur qui est bien, et non, c’est pas bien. On va loin comme ça, en effet."

le blog c'est un peu l'illusion d'exister, en gros la visite du placard a chausettes sales et trouées, je dirai même que ces blogs a force de se multiplier, ne presentent plus grand interets au sens ou tout et n'importe quoi devient selon l'auteur sa verité du moment, ils genent la recherche sur internet multipliant le nombre de page en renvoyant les site d'interet au fin fond de la liste des meta moteur.

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.----------------------------
notez l'excellence du lien commercial le president serait il a vendre ?

bref pratiquement 10 millions de pages et blogs rien que pour les site francophone.
bravo LRDB pour ce commentaire


 
Anders

23/01/2006
12:20
re : L'intervention de Joel de Rosnay

J'ai récemment découvert ce forum, qui est une amusante chambre d'echos aux émissions de FC. Jeune auditeur de FC, je suis de plus en plus agacé par le regard actualito-economico-sociolo-café du commerce de FC, et je rejoins vos avis concernant, au hasard, les matins et travaux publics. Il serait temps que FC se décolle d'une actualité préfabriquée, poissante et réductrice dans laquelle elle est de plus en plus immergée.

Concernant De Rosnay il est parfois victime d'une fascination un peu béate devant les nouvelles technologies (on va vivre 150 ans, auto-émergence de l'info cf AgoraVox...). Mais il est loin des délires cybernétiques d'un Pierre Levy et son discours sur FC était très mesuré: il a laissé clairement entendre que tout était possible, le meilleur comme le pire. Qu'il ait parfois un ton VRP agaçant (il faut bien faire marcher le commerce: sites internets, livres, conseils en tous genres...) ne l'empêche pas d'avoir une vision intéressante et beaucoup plus complexe que ce que les questions de Demorand laissaient entendre. Certains ici feraient bien de lire Le macroscope et tenter d'adopter un regard plus systémique et moins ras des paquerettes (les bons contre les méchants...).

Il est bien dommage que les boulets qui animent les débats sur FC encahînent les invités à un discours réducteur et carricatural. Démonstration encore ce matin avec Elie Cohen qui semble-t-il avait des choses à dire, mais avec Demorand qui a sorti à plusieurs reprises la pancarte "liberalisation" on est resté dans un classique affrontement stérile flexibilité vs sécurité. J'avais entendu Elie Cohen se ridiculiser sur france inter il y a quelques temps (débat avec un syndicaliste CGT dans le 13h, Elie Cohen se drappe outragé dans la toge du chercheur CNRS objectif et impartial après que le CGTiste l'ait accusé d'être vendu à la libéralisation. Sauf que Elie Cohen est présent dans moultes CA de grosses boîtes, et que les conseils économiques qu'il donne ont une dimension politique évidente qu'il ne peut pas nier), mais ce matin il m'avait l'air beaucoup plus honnête et ouvert. Dommage...
 
shhh

23/01/2006
13:31
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Les habits neufs du capitalisme

Ce que je comprends de J. de Rosnay, c’est qu’il propose de suppléer à la disparition de la religion, et donc d’une morale de la vie quotidienne, par la proposition d’un capitalisme réunificateur, qui aurait pris conscience des effets iatrogènes qu’il produit, en les intégrant à ses buts. En somme, ce qu’il dit, c’est que qu’une fois la mondialisation réalisée, il lui resterait à conquérir le terrain de l’immobilité d’un esprit assouvi et comblé. Plus précisément, un capitalisme zen.
Ce serait donc le terrain de l’écologie, (ou du paradis retrouvé, comme on veut), où les ressources énergétiques se réconcilieraient avec leurs prédateurs, en pourvoyant les marchandises d’une nouvelle mesure de la rareté et donc de leur prix.
J’ai du mal avec ça. Je n’ai rien contre les utopies, quand elles partent des faits.
Mais là, on part non des faits, mais d’un rêve des faits.
(Internet n’est pas un objet virtuel, c’est une technologie, avec production, plus value, travail. Rien ne permet d’en faire un don divin.)
Les ressources naturelles ? Une lecture marxiste en fait la donnée de base, comme la terre pour les physiocrates, à laquelle le travail de transformation apporte une valeur, puis le capitalisme exige la rétribution du capital avancé pour effectuer cette transformation etc.., air connu.
Ce qui est réel dans l’utopie de Joël de Rosnay, c’est que la matière première s’épuisant, sa diminution probable doit être évaluée en plus dans le coût de production. Ce qu’il traduit en disant que la valeur d’une marchandise doit être désormais étalonnée par le coût énergétique.
Bon, on est passé d’une valeur étalon or à une valeur étalon de confiance dans le pays qui la produit, sans que le capitalisme change de nature.
D’autre part l’épuisement des ressources naturelles tire son importance de l’usage social capitalistique qui en est fait. Ce qu’on observe est plutôt un renforcement du capitalisme lié au fait que grâce à cet épuisement, la demande est forte, et la plus value augmente. Le capital investi étant plus important, la demande de rendement croît en conséquence.
Alors qu’on m’explique ce que J de Rosnay prétend voir de si nouveau ? Et surtout qu’essaie t-il de nous faire avaler ? un changement de nature du capitalisme ? plus propriétaire des ressources naturelles, donc qui aurait plus à cœur de conserver son patrimoine ? plus moral? on se demande bien pourquoi.



 
Anders

23/01/2006
15:52
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Joel de Rosnay a été un vulgarisateur de l'approche systémique, et il a tendance à voir partout des systèmes auto-régulés. Dans ce cadre là tout équilibre est dynamique (flux d'entrée et de sortie, boucles de rétroaction...), et une manière d'analyser le système est faire une analyse énergétique (entropie...). Il n'y a plus de dieu et plus de centre de contrôle/pouvoir à proprement parler. C'est l'idée du réseau: voir par exemple le site d'informations Agoravox que de Rosnay a créé, à savoir qu'un réseau de "producteurs d'informations" et de "vérificateurs et selectionneurs d'informations", avec un double contrôle (du haut vers le bas: vérification/selection, et du bas vers le haut: réaction et rectification de la vox populi via blogs, forums et autres) permettrait (selon de Rosnay) de faire émerger une certaine vérité.

L'écologie n'est rien d'autre qu'une vision systémique: on repère les effets iatrogènes, on auto-régule le système de production/destruction avec des boucles de rétro-action (cf recyclage par exemple)... L'analogie avec un système vivant est claire : cellule, écosysteme...(de Rosnay a une formation de biologiste). Ce qui est moins claire c'est de savoir si ça marche sur des systèmes humains et comment on fait concretement. D'ailleurs le thème de la complexité et de l'auto-régulation est évacué en matière d'écologie dans le concept fourre-tout et réducteur de développement durable, qui me paraît une arnaque phénoménale (tout au moins dans sa version actuelle).

C'est un peu de Rosnay (mais beaucoup plus Edgar Morin et autres), via ses vieux bouquins, qui m'a initié à une certaine vision systémique, et je lui en suis gré. Son côté gourou/individualisme zen/chantre des nouvelles technologies/homme symbiotique j'en suis beaucoup moins fan. Mais il n'atteint pas les sommets de délire d'un Pierre Levy, par exemple (le philosophe autoproclamé du cyberespace...).

Personnellement Internet j'y trouve mon compte, mais au niveau global je serai bien en peine d'y coller une étiquette "progrès" ou "abêtissement général", "facteur de de facilitation de la démocratie" ou l'inverse. Ça ne dépend pas seulement de l'usage que chacun en fait (bon usage ou mauvais usage, y chercher de la culture ou du cul...), Internet est maintenant tellement imbriqué dans la vie du monde occidental que ce n'est plus, je pense, une simple technologie/technique. Internet est un moteur du monde actuel, qu'on le veuille ou non. C'est là la différence fondamental entre un placard à balais et un ordinateur relié à Internet (ou un poste de télé ou de radio, dans une moindre mesure, voire même les téléphones portables).

Shhh: pour une critique systémique (et radicale) du capitalisme et de la technique je conseille la lecture (ou la relecture) d'Ivan Illich. C'est lucide et assez désespérant.
 
shhh

23/01/2006
17:53
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Je n'ai pas envie d'être méchante, puisque vous indiquez à plusieurs reprises votre jeunesse.
Encore que vous devriez la mettre à profit pour découvrir des choses nouvelles,(il existe des économistes sérieux, Keynes A. Smith Quesnay etc..) plutôt que les modèles éculés depuis déjà plus de 40 ans, qui faisait déjà rire les générations antérieures. (Je peux vous donner une bibliographie à ce sujet).
Mais je ne souhaite pas continuer cette discussion au sujet d'un héritier d'Edgar Morin, planétiste célèbre en son temps.
Toutefois une petite remarque: l'utilisation d'un raisonnement analogique comme ce que fait J. de Rosnay, agrémenté de considérations mystico-religieuses, devrait vous inciter à vous tourner vers des choses un peu plus sérieuses, si vous voulez comprendre le monde qui vous entoure.
Le mot systémique décrit, c'est vrai, un fonctionnement des systèmes immunitaires de la cellule, et qualifie aussi le round-up: "désherbant systémique".
Quand à internet, les nano-technologies, l'auto électrique et le podcast, les yaourts allégés et autres miracles de la technologie, vous me permettrez de ne pas participer à votre enthousiasme, on m'a déjà tant vendu de produits avariés, censés me procurer un bonheur ineffable, que je ne saurais être dupe .
Par contre si vous dénichez un vin acceptable et non trafiqué façon Parker n'hésitez pas à m'en faire part.
Et franchement le meilleur usage que j' ai vu d'internet, c'est effectivement d'accéder aux sites de cul.
 
CA

23/01/2006
18:19
Je suis HS, je sais

Mazette, quel accueil en fanfare sur le bistrot bleu, alors qu'il n'y avait aucune agressivité dans les propos d'Anders, et plutôt de la sympathie pour ce forum qu'il découvre. Bon, Anders, pas de découragement, ça vous donne une idée de la vivacité des échanges et de l'absence totale de ronds de jambe oratoires par ici. Ça castagne, c'est comme ça. On survit bien. La plupart du temps on vous ignore, ça fait une moyenne.

Je vais être carrément hors sujet sur le Blue Saloon, mais ce qui est intéressant chez vous, c'est justement que vous êtes nouveau venu ET jeune ET critique, à l'égard de Demorand, qualifié de "boulet" (I agree), de l'information et du tout sociétal sur FC. J E U N E et C R I T I Q U E ! J'espère que vous imaginez l'atout considérable que cela représente. Ici, pour vous donner une idée, nous sommes des archéo-auditeurs, pour la plupart, qui avons vécu le poste à galène. Pour vous donner un exemple, notre aïeul Papy Dufau, quoique toujours ingambe, avec son Univac d'époque, va sur ses 150 ans aux mirabelles. Notre grand âge radiophonique nous disqualifie d'emblée auprès de la Direction : mais un auditeur jeune (donc courtisé par Radio-Adler et Radio-Kessler), qui ne connaît pas depuis longtemps France Culture (nous, nous sommes capables de comparer le passé et le présent, trop facile), et qui est évidemment capable, comme tout auditeur doué de bon sens et d'esprit critique, de dire que le niveau est lamentable dans certains créneaux, comme celui de l'actualité, ça n'a vraiment pas de prix, sans vouloir vous flatter. Dépêchez-vous vite de faire entendre vos critiques en hau lieu, si ce n'est déjà fait. Et revenez sur le Red Saloon, où l'on cause radio.

CA


 
w

23/01/2006
19:02
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Mmmmmmmpfffff !
Me revient tout soudain le slogan ridicule assené par JdR jeudi (Patrice Leconte, si tu nous lis, dis à Waterhouse de prendre des notes) :

Flux + Buzz = Biz

(j'ai même pas vérifié si quelqu'un l'avait déjà tagué sur un fil ddfc)

Bienvenue Anders,
On a plutôt l'habitude que les néo-auditeurs cirent les pompes et envoient des mots doux à des animateurs comme Demorand ou Voinchet. Donc ça fait plaisir. Be back soon.


 
Anders

23/01/2006
19:27
re : L'intervention de Joel de Rosnay

L'attaque ne me fait pas peur, mais le risque de ce genre de discussion sur Internet est de tourner au débat binaire et carricatural, et donc au néant. Je prends ça sur un ton léger, j'ai lu quelques fils de ce forum et ces joutes sont ma foi assez amusantes. Je n'ai pas les armes pour lutter mais bon...

Le fait de dire que Internet, comme tout un tas d'autres technologies, fait partie intégrante du monde actuel (à savoir que ce n'est pas seulement un produit mais aussi un moteur, c'est à la fois une conséquence et une cause de l'évolution du monde) ne fait pas de moi un admirateur béat de ces fameuses technologies, bien au contraire. Toute critique de la technique digne de ce nom fait ce constat (cf discours sur la technique qui échappe à la maîtrise humaine et poursuit sa propre logique, Heidegger et cie).

Pour les modèles éculés depuis 40 ans je ne sais pas à quoi vous faites illusion. Si c'est aux modèles économiques tels que ceux servis par Elie Cohen, je peux comprendre. Si vous voulez le fond de ma pensée, et bien je suis d'avis que ce genre d'experts (qu'il soient de droite ou de gauche, là n'est pas la question) ne sont que des bouffons qu'on appelle pour servir leur soupe, qu'elle soit libérale, keneysienne, marxiste ou autre. Les matins ont voulu Cohen pour avoir un libéral, Demorand en sortant le panneau libéralisme a maintenu Cohen dans son costume/marionnette de libéral. On est resté dans l'actualité la plus plate et la plus bassement politique. J'aurai pourtant bien aimé entendre Cohen être interrogé (et être déstabilisé) sur des problématiques un peu plus profondes que la dernière loi sortie il y a deux mois (dont Cohen avouait avec honnêteté pour un économiste: on ne peut pas savoir et on ne saura jamais les effets des contrats CPE sur l'emploi).

Vous me parlez d'Adam Smith: rappelons d'abord que paradoxalement ce ne fut jamais un économiste, même s'il faisait de l'économie sans le savoir. Ensuite A Smith aurait probablement une attaque en voyant de quelle manière on allait passer ses concepts à la moulinette des équations mathématiques, en prétendant démontrer de prétendues lois économiques. Enfin A Smith a une vision systémique en l'occurence de la société moderne (pour ratraper le sujet initial sur de Rosnay!!): l'imitation des hommes entre eux (et non pas l'égoïsme comme ceux qui n'ont jamais lu Smith tendent à dire) produit un ordre émergent (par l'intermédiaire du marché en matière économique). D'où l'analogie avec une main invisible: tout se passe comme si un ordre supérieur s'imposait à tous, alors que cet ordre est créé par les hommes eux-mêmes.

Enfin ne confondons pas systémique et systématique: je ne vois pas bien en quoi le round up est systémique...

Carrément d'accord sur le ridicule du Flux+Buzz=Biz. Mais tout n'est pas à jeter chez lui...

Anders
 
shhh

23/01/2006
20:00
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Je parle des modèles analogiques proférés par des ex-biologistes à partir du fonctionnement d'un organisme cellulaire, et appliqué comme un modèle sociétal possible. Une cellule, un réseau, un modèle végétal, c'est la version actuelle de la phrénologie.
Je parle de la stupidité en soi du raisonnement analogique, qui n'a comme critère de vérité que la cohérence. Nul besoin de démontrer quoi que ce soit, suffit que ce soit cohérent.
C'était la grande mode dans les années 60 avec aussi la cybernétique et le structuralisme. Plein de gens comme ça développaient à partir de leur spécialité une idée aberrante d'amélioration du capitalisme. Sans savoir de quoi ils causaient réellement.
Je parle plus particulièrement de ce con d'Edgar Morin, si vous lisez Planète vous puerez de la gueule, disait-on.
J'ai bien dit systémique. Le round up est un désherbant systémique ( et pas systématique) parce que mis au contact de la feuille il est conduit par le SYSTEME végétal jusqu'aux racines qu'il détruit.
Elie Cohen je ne connais pas, je suppose qu'il fait son boulot de conseiller, d'administrateur ou dieu sait quoi, et qu'il a un livre à vendre. Je l'ai entendu à la radio, j'ai rien trouvé d'extraordinaire dans ce qu'il disait, c'était parfaitement prévisible, y en a plein comme ça. Ils sont là pour placer des idéologies, c'est leur fonction. Accepter d'être interviouvé par Demorand, c'est déjà suspect.
Adam Smith n'a pas fait que parler de la main invisible, il a étudié le rôle de la division du travail, et la répartition des richesses. Son boulot est important, savoir si on doit le qualifier ou non d'économiste c'est pas le problème. Marx non plus n'était pas économiste au sens actuel. En maths, il n'était pas très bon.

 
shhh

23/01/2006
20:17
re : L'intervention de Joel de Rosnay

J'oubliais: ces gens (Keynes, Smith Guesnay etc..) ne sont pas importants pour ce qu'ils préconisent ( sauf peut-être Keynes qui a quand même prévu les méfaits du traité de Versaille) mais pour leur travail d'élucidation du capitalisme. D'explication, si vous préfèrez.
Les économistes qu'on reçoit sempiternellement sur FQ n'apportent strictement rien de plus dans la compréhension de nos sociétés, ils viennent seulement vendre des conseils des modèles des équations, ou leurs derniers états d'âme. Ca pour moi, c'est pas de la science. Il n'y a aucun travail critique dans leurs exposés. D'ailleurs la forme radiophonique ne s'y prête pas. Prôner le libéralisme ou tel ou tel modèle plus ou moins étatique, c'est juste fonction des exigences de telle ou telle phase du capitalisme.

 
shh

23/01/2006
20:17
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Quesnay, pas guesnay bien sûr.
 
Anders

23/01/2006
20:54
re : L'intervention de Joel de Rosnay

On peut très bien être un ancien biologiste et réfléchir sur la société sans sombrer dans un sociobiologisme carricatural et dangereux (du type la fourmilière comme modèle de la société humaine). Atlan en est un bon exemple, et de Rosnay également. Eux aussi se méfient des analogies. Cela ne les empêchent pas d'avoir d'autres travers (en particulier d'évacuer systématiquement tout point de vue moral à force de regarder au macroscope les systèmes humains, et d'aboutir en fin de compte à une profession de foi individualiste zen tendance boudhiste/new age un peu risible...).

Le fait que vous mettiez dans le même panier le structuralisme, la cybernétique et Edgar Morin me laisse songeur. Je vous laisse traiter Morin de con, j'aimerais juste qu'il y ait plus de cons comme lui.

Sur le round up toujours pas compris... ce n'est pas parce que je vous taperai sur votre système de neurones avec un marteau que mon marteau deviendra systémique (ce n'est qu'une analogie, rassurez-vous...).

Sur Cohen on est d'accord. Je ne le connais que pour l'avoir entendu 2/3 fois à la radio et lu quelques articles. Je n'attends rien de miraculeux de ce genre de bonhommes, mais j'aimerais que sur FC, au moins, on essaye de creuser un peu les questions. Et personnellement je ne qualifierai pas l'économie de science...

Si vous voulez une élucidation du capitalisme lisez (je me répète) Ivan Illich.
 
Laurent nadot

23/01/2006
21:28
Pour Anders - Navré pour Shhhh

Navré Shhhh, mais la systémique dont en effet JdR a été un assez excellent diffuseur, n'est nullement "un modèle dépassé depuis 40 ans". Ca n'est certainement pas non plus un réductionnisme biologique, et encore moins une sociobiologie. Les modèles de la dynamique des systèmes me semblent au contraire les plus pertinents pour tenter de s'y retrouver dans la complexité de notre temps : on peut difficilement faire l'impasse sur les boucles mises en peuvre dans un monde en voie d'intégration.

En parlant d'intégration, tiens, les économistes qui ont fricoté avec JdR il y a 30 ans ont produit des lives qui tiennent le coup et qui intègrent Marx, Ricardo et bastiat eh oui. Si vous voulez une référence en Eco qui soit issue de la mouvance systémique : eh ben disons "L'économique et le vivant". Auteur : René Passet, histoire de faire plaisir à Guy duf-duf. Mais vous pouvez aussi vous plonger dans La Parole et l'outil si ça vous chante (Attali) ou dans L'échelle humaine (Bruno Lussato).

Quant à Morin, il se veut planétaire aujourd'hui, mais n'a pas grand chose à voir avec les Planétistes des 60's) école Pauwels) même si ces derniers ont tenté de le récupérer. Il faut dépasser l'index de l'IS et aller vérifier sur place qui a fricoté avec qui. A reste, rien que d'avoir fait Arguments suffit à envoyer Morin au goulag des intellos. Mais l'erreur serait de limiter l'homme à ce qu'il a fait avant 40 ans. Mieux vaut lire son "Pour sortir du 20ème siècle", ouvrage qui donne des cles utiles pour se dépatouiller dans notre époque. Ce livre a plus de20 ans et il est toujours aussi utile. Nos lycéens devraient le lire et nos journalistes devraient en tenir copmpte. Alors on lirait et entendrai moins de bourdes..

Voila pour les "modèles dépassés depuis 40 ans".
A part ça j'ai été et suis encore occasionnellement lecteur de l'IS, mais je n'oublie pas la plaquette "Echecs situationnistes" qui clouait pour de bon le cercueil de l'IS et surtout du "bouffon formé par Isou" qui s'en était adjugé la tiare de Pape. Cette plaquette est sortie en 1988, est définitive. En 1988 la mythologie Situ n'avait pas encore ses 40 ans...

Cordialités

La reine des belges
 
La reine des belges

23/01/2006
21:34
Pour une fois que je suis competent j'en profite

Ah au fait, du haut de mon BEP Agricole (option Horticulture ; sous-option Jardins & espaces verts) obtenu en 1978, et grace à mes souvenirs de parasitologie, je signale qu'assimiler la systémique d'un pesticide à la systémique du groupe des 10, c'est céder à un démon encore plus futile que celui de l'analogie : celui de l'homonymie.

Ce sont là deux systémiques qui n'ont aucun rapport. Mais je suppose que la référence au round-up était une blague... Cette mise au point a juste pour fin de tranquilliser Anders (welcome) et le dissuader de chercher là où il n'y a rien d'autre à discerner qu'un effet de style, et non un argument.

Laurent Nadot
 
shhh

23/01/2006
22:48
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Pour le round-up, oui, c'était une blague, ou plutôt l'argument des cooperatives agricoles, bien formées par les représentants de la marque.
 
shhh

23/01/2006
22:52
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Si vous le permettez, plutôt que de nous jeter à la figure nos références personnelles, et puisque Anders nous fait le plaisir d’exprimer ses propres idées, je vais vous donner mon sentiment sur le sujet.

Les modèles de la dynamique des systèmes, pour chatoyants qu’ils soient, ont quelques préalables indispensables, sans lesquels ils ne sont rien.
L’un d’eux est qu’ils exigent qu’on en précise les limites du fonctionnement. Il ne suffit pas d’indiquer les interactions existantes pour prétendre avoir décrit par un modèle le fonctionnement du système. La météo, c’est un système, le cycle de l’eau aussi, et d’une façon générale tous les systèmes biologiques et physiques sont constitués d’actions et d’interaction. Mais ils ont tous en commun qu’on y pose quelques hypothèses de validité. Et aussi qu’on exige une validation expérimentale. Si .. alors.., ou des limites de temps, ou des conditions au départ et à l’arrivée. C’est précisément ce que l’économie politique n’autorise pas. Dans ce domaine là, on part d’une situation qui est elle-même déjà le produit d’un développement, lequel n’est pas étranger au phénomène qu’on décrit, bien que non manifesté.
Il faut aussi que le modèle soit reproductible.
Le système et sa dynamique ont un autre préalable à sa description : la nature des interactions est connue dans le système lui-même. Ce qui supposerait que l’économie ne dépendrait que de l’économie. Ou autrement dit, que la biologie, l’histoire, les conflits, les hommes enfin, se plieraient aux conditions décrites, et seraient de nature économique. Ce qui paraît difficilement soutenable. Ne serait-ce que parce que l’art au moins n’y figure pas.

En économie ou en économie politique, si vous appliquez les principes d’un système dynamique, votre modèle vaudra dans un temps très court, et des conditions très strictes, quasiment jamais remplies. Un modèle dynamique qui se respecte ne s’autorisera jamais à produire un modèle prédictif de la réalité. Tout au plus il permettra des suppositions avec une marge d’erreur quantifiée, sur les résultats possibles. En soi, un modèle ne produit pas la vérité, il est un outil. La décision est par contre vraiment d’ordre politique (dans notre cas), échappant au système.

Je suis aussi très gênée dans cette approche systémique, par la confusion entre l’observateur et l’observé. L’observateur n’est pas neutre. Il poursuit ses buts, et la pondération qu’il donne des éléments constitutifs du système dépend du but qu’il poursuit. Si notre économiste a un objectif de croissance, il va nier les effets négatifs et même irrémédiables que peut induire l’objectif lui-même, mais aussi la croissance plus ou moins modérée, plus ou moins maîtrisée anime le système. Ce qui vous en conviendrez n’est pas très honnête, ou plutôt est parfaitement honnête si la couleur est annoncée. Mais l’est-elle ?

Et j’en arrive à un curieux paradoxe, c’est que si vous enfermez l’économique et l’ensemble des lois de la nature dans un système, (inspiré de la réussite dans d’autres branches de la connaissance), et donnez ce système comme le guide suprême de vos décisions, alors la vision que vous avez ne peut être que totalitaire, car vous ne permettez pas qu’échappe du système des éléments qui n’en ressortiraient pas . Je ne suis pas certaine que la raréfaction des ressources énergétiques puisse être constitutive d’un système économique capitaliste, qui a au contraire besoin de du caractère infini de la production.





 
shhh

23/01/2006
23:11
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Ce BEP, je vous l'envie. J'aurais bien voulu en avoir un section arboriculture.
 
dom

23/01/2006
23:17
++ - - +/-

En fait nous avons la l'exemple de la systemie deviée en devenant finalement translaminaire, dans le cas contraire il eut été plus judicieux d'user de systematique.
Véééée vla que je m'y met aussi!
mais le fait d'etre translaminaire n'est rien face a l'impermeabilité, les structures d'adhesion n'existant point, il n'y aura ni symbiose ni même osmose.

mais je releve ceci qui m'a beaucoup fait rire
""Vous me parlez d'Adam Smith: rappelons d'abord que paradoxalement ce ne fut jamais un économiste, même s'il faisait de l'économie sans le savoir""
Memere au maché qui achete son kilog de patates carottes et autre victuaille fait aussi de l'economie sans le savoir, puisqu'elle gere son budget.
so welcome in the arena, ça bastonne ici et on aime ça!
sinon se faire des politesses autour d'un darjeeling je n'en vois pas l'interet

 
dom

23/01/2006
23:18
re : L'intervention de Joel de Rosnay

yo shh je l'ai eu celui la lol arbo fruit lol
 
shhh

23/01/2006
23:23
re : L'intervention de Joel de Rosnay

C'est vrai ?
Ebaubie je suis devant vos compétences !
 
LRDB

23/01/2006
23:32
Souvenirs de ma pépinière

Surtout je dois dire que j'en ai chié pour discerner les plantes vivaves. Encore l'arbo d'ornement, bon, ça c'est les arbres et les arbustes ça va, mais alors les vivaces bon sang quelle plaie toutes les mêmes je vous dis toutes les mêmes ou presque tant qu'elles ont pas fleuri et encore...

J'étais bien plus costaud en botanique (botanique ta mère ahaha) et en parasitologie. Mais aujourd'hui, 30 ans après, je ne suis plus capable de reconnaitre qu'un seule sale plante crevarde : le Duf-duf. Une sorte de chiendent conversationnel difficile a éradiquer et qui schlingue la mort de l'enfer.

Mais je m'éloigne du sujet du fil car il faut répondre à 22h52 now bon sang quel défi déjà que j'ai pas encore défait les lacets de mes gants de boxe ah tiens y'a même une canine de Guy qu'est restée plantée dans le cuir que dis-je une canine LA canine de Guy enfin celle qui lui restait d'ailleurs est-il vraiment vivace huh ?

LRDB
(piting le clavier ake les gants de boxe j'en chie derechef pire que le tableau des vivaces)
 
dom

23/01/2006
23:36
re : L'intervention de Joel de Rosnay

arf, pendans un temps je devais reprendre l'exploitation paternelle, alors j'ai passé ce truc, je suis sur qu'avec Lrdb on peut parler de la taille du poirier et de tas d'autres trucs, je suis sur que ce type a fait l'ecole de Versailles en plus, arf j'etais a Moissac, pistonné!
tu parles de competences c'est vraiment petit niveau un bep, rien ne vaut le terrain
 
Anders

24/01/2006
00:00
re : pour shhh

J'essaye de répondre dans la limite de mes compétences.

D'une manière générale la systémique ne vise pas en premier lieu une quelconque modélisation. Elle est avant tout un point de vue, une méthode de pensée.

Pour les sytèmes un point de définition. Un système c'est un ensemble d'élèments en interaction, ok. Un système complexe est tel que, en particulier, le tout est plus que la somme des parties (propriétés d'emergence: par exemple un cerveau, constitué d'un réseau de neurones, est bien plus que la simple juxtaposition de ces neurones). Pour modéliser un système complexe il n'y a pas d'autre moyen que de fabriquer un système identique (ou au moins du même degré de complexité) et de voir ce qu'il se passe (quelles sont les propriétés émergentes?). Autrement dit plutôt que de modéliser un système complexe le plus simple est d'observer le système lui-même.

Tout système est dynamique, un équilibre est un équilibre dynamique.

Sur le dernier point (le paradoxe) c'est le fameux (et cité à tort et à travers) théorème de Gödel: à savoir qu'un sytème axiomatique ne peut être infirmé ou prouvé à partir des axiomes du système lui-même. Autrement dit on peut fabriquer une usine à gaz théorique constitué d'un corpus d'axiomes économiques, mais on ne pourra jamais prouver ou réfuter la cohérence de cette usine à gaz en piochant dans les lois du système: c'est forcément un système ouvert. Donc c'est évidemment absurde de se donner comme guide suprême (système clôt) un système de ce genre.

Pour revenir à l'approche des systèmes complexes: le grand apport de la systémique est, entre autres, de réintroduire l'observateur dans le système observé. L'observateur modifie le système en l'observant, même sans le vouloir (cf mécanique quantique). C'est ce que la méthode analytique (observateur objectif, système modélisable simpliste type bille sur plan incliné...) laisse complètement de côté.

A la différence du point de vue cartésien, qui découpe le réel en petites tranches microscopiques (mais comment reconstituer un système complexe à partir de ses éléments? On perd des propriétés... Si je dissèque un chien, je comprendrais plus ou moins comment fonctionne le chien. Mais du coup le chien est mort...), le point de vue systémique essaye de s'intéresser aux interactions. Boucle de rétroaction positive par exemple: si je m'énerve contre shhh (ou réciproquement) je provoquerai probablement une réaction violente de sa part (invective...), le débat s'enflammera et aboutira à une escalade sans fin (système déséquilibré). Inversement si je calme le jeu on entre dans une boucle de rétroaction négative (le système tend à garder l'équilibre).

Ce que vous dénoncez, shhh, me semble plus s'appliquer à la modélisation économique d'une façon générale (qui, je suis d'accord, conduit à proférer des absurdités et des non-sens énormes: voir par exemple la croissance comme de la création de richesse alors qu'elle est d'abord destruction de ressources), qu'à la systémique. Je suis certain que vous trouveriez des concepts interessants chez Morin.

Désolé si tout ça fait un peu fouillis mais il est tard. J'essaierai de compléter demain...j'espère ne pas paraître trop (abs)cons !!!

Anders

 
Laurent Nadot

24/01/2006
00:30
La dernière intervention de Anders

Hello. J'ai rédigé de mon côté une réponse à Shhh, je vais placer ça à la suite, en plusieurs contribs pour alléger la lecture. Ayant lu celle d'Anders, je n'y vois pas de contradiction mais quelques recoupements. Si on se débrouille bien et si l'Univac de Guy ne s'en mèle pas, je crois qu'on peut parvenir à un fil des plus intéressants. Le plus drôle, c'est que ça sera grace à demorand....

 
Laurent Nadot

24/01/2006
00:32
L'intervention de Shhhh - Part 1

Je réponds à la contrib de Shhh à 22h52 :

Allons bon, si on ne peut même plus se jeter des références à la figure, qu’allons nous devenir, qu’allons nous jeter ? On peut jeter un seau d’excréments à la figure de Guy mais qui verra la différence ? (Voyez qu’on peut digérer de travers les Situ et être foutrement mal embouché, c’est bien mon cas, oui). Mais trèves de gentillesses, et causons :

La dynamique des systèmes a toujours intégré les savoirs antérieurs. C’est une couche conceptuelle supplémentaire qui vise à appréhender un peu plus efficacement (pour l’analyse) ce qui est un peu ou beaucoup plus compliqué. Comme le dit Anders, oui De Rosnay a tendance à voir des boucles de rétroaction partout. Je pense qu’il a raison, et que le modèle pêche plutôt par simplicité : il y a des boucles bien planquées qui recèles des explications complémentaires indispensables. Pour découvrir ces boucles là, il faut approfondit l’analyse, et non changer d’outil.

Les systèmes sociaux sont différents de ceux que vous décrivez : biologie, physique, climatologie, c’est très utile pour s’entrainer en effet. Pour s’entrainer à l’analyse des interactions et rétroactions. Mais pour aborder la société et l’économie, où vont s’ajouter la psychologie, les effets pervers, etc, il faut au moins s’attaquer d’abord, disons, à la sociologie fonctionnaliste : celle de Talcott Parsons (ambitieuse), celle de Merton (modeste). Leurs modèles ne résistent pas longtemps aux critiques, mais ils mettent sur la voie pour l’analyse stratégique de Crozier, ou bien pour l’analyse historique de Morin. Car Morin c’est avant tout un historien qui s’est égaré dans la sociologie, où il n’a pas fait d’émules... Il a plutôt inspiré des camarades de route : longtemps après les « canailles » Castoriadis, Lefort, Lefevre, ceux qui ont véritablement gagné à rencontrer Morin, c’étaient Laborit, Passet, Attali, Atlan, De Rosnay...

../...

 
LN

24/01/2006
00:33
L'intervention de Shhh - Part 2

Les systèmes sociaux (méta-sociaux, plutôt) décrits par De Rosnay visent à construire une écologie aussi complète que possible. Sans s’illusionner sur la perfection du modèle. Cela est très bien expliqué dans Le macroscope, ouvrage qui, 30 ans après sa parution, pourrait fort bien être distribué aux lycéens, à qui il servirait de manuel transverse entre économie, histoire, philosophie, sciences de la nature, géographie... S’il y a aujourd’hui un reproche à faire à De Rosnay, en effet c’est ce Teilhard-de-chardisme que vous avez repéré. Fort imprégné d’optimisme sinon d’angélisme. Mais est-ce véritablement une erreur, dans ce monde d’intellectuels-oiseaux de mauvaise augure qui font leurs choux gras du catastrophisme ? Je crois que c’est le contraire : l’optimisme de Joel de Rosnay, aussi naïf puisse-t-il sembler, je le crois des plus sains.

La grille systémique se veut donc aussi complète que possible (et quel analyste ne rêve d’une analyse complète) mais elle assume ses limites : utilisée pour l’action, elle incitera à faire porter cette dernière sur les facteurs effectifs, après avoir déterminés lesquels ils sont. Il n’y a aucun totalitarisme là-dedans : le savoir qui se veut totalisant (c’est l’ambition des 6 tomes de La Méthode de Morin, comme ce fut celle de Léonard, et de Pic de la Mirandole) n’a pas vocation à être totalitaire... D’ailleurs par nature, la systémique n’est ni Holiste ni Individualiste : le paradigme a au contraire la possibilité de lier les deux. C’est à dire que bien manié, il sera fondamentalement interactionniste. L’analyse systémique ne dépersonnalise rien du tout. Au contraire, elle doit tenir compte de la psychologie, d’ailleurs les grands succès d’éducation populaire de la systémique, ils sont à chercher en Psycho Sociale et en Psychiatrie light (cf la mouvance improprement étiquetée « Ecole de Palo Alto » ; toute une série signée Edward Hall, Don Jackson, Gregory Bateson, Paul Watzlawick, Eds point-Seuil)

../...
 
dom

24/01/2006
00:34
re : L'intervention de Joel de Rosnay

ouhhh! la je sens qu'on ne va pas s'ennuyer de lire anders, il y a de la logique, si confontation il y a (ce que je souhaite ( ))
ce qui m'ennuie c'est que ce discours tres logique ne l'est plus a la fin
""voir par exemple la croissance comme de la création de richesse alors qu'elle est d'abord destruction de ressources""
Manque d'observation ? un organisme transforme sytematiquement les ressources qui l'entoure.
je reprend tes termes, "Tout système est dynamique, un équilibre est un équilibre dynamique", ou est l'équilibre?
la dynamique tend vers un point, ce point est il un equilibre, j'en doute fortement.j'ai l'impression que tu fige le temps
 
LN

24/01/2006
00:35
L'intervention de Shh - Part 3

La systémique n’opère aucune confusion entre l’observateur et l’observé, mais elle assume l’interaction entre les deux. Dans ces systèmes sociaux, l’observateur est compris comme un membre du système. Cela dit c’est moins l’observateur qui importe, c’est le décideur. En dernier ressort, la vraie question est celle de la décision.. Les vraies question que la systémique nous permet de poser, sont :
- qui décide
- sous quelles contraintes
- avec quelles marges de manoeuvre
Et l’analyse se fait avec la dose nécessaire de transdiciplinarité (pas plus qu’il n’en faut pour que le modèle tienne). L’expert est en effet supposé éclairer un décideur. Mais finalement, c’est encore l’homme qui a le dernier mot : un décideur cynique peut en effet fort bien exploiter l’outil systémique à son avantage. Et dites-moi : peut-on me citer un seul outil construit par l’homme, qui échapperait à ce travers ?

Et qui a prétendu que le système dirigeait ? Ceci serait en effet une approche holiste, et totalitaire, c’est-à-dire bien pire que celle où peut nous entrainer une dérive à partir de Talcott Parsons, précisément. Mais si elle se veut totalisante, comme le disait Morin dans un Droit de réponse de 1987 sur TF1, l’analyse n’a rien de totalitaire, car elle laisse à l’homme la décision Et de toutes façons, le tableau de la situation ne peut comporter les objectifs du décideur, qui lui appartiennent en dernier ressort. La systémique est donc un outil au service de la praxéologie.

Dans ce Droit de réponse de 1987, Edgar Morin explique en gros tout cela (notamment observateur-observé, et théorie totalisante non totalitaire) ainsi que quelques autres choses à un Michel Polac fasciné, devant une Laure Adler pâmée et un Antoine Spire au sommet de sa forme et de son art. Laure n’y pose quasi pas une question idiote, ce qui s’explique par le fait qu’elle était bien jeunette. Quand à l’Antoine, il y est impérial. Je narrerai cela une autre fois. Disposant d’un enregistrement de cette soirée mémorable de 1987, je serais prêt à en assurer quelques séances gratuites et en outre bien arrosées pour les DDFCistes qui le désirent, si je n’étais en exil à Ploudalmézeau. A défaut, je ferai volontiers circuler parmi eux une captation sonore de cette émission diffusée sur TF1. « 1987, TF1 » : ces mots indiquent à eux seuls que l’époque a continué à changer : une telle émission n’est plus concevable aujourd’hui sur TF1, et elle ne l’est pas non plus sur France Culture puisque le Bon Plaisir a été liquidé par... Laure Adler. Mais enfin s’il y en a qui sont intéressés par une copie son, eh bien ils savent comment me joindre...

LN
 
LN

24/01/2006
00:41
L'intervention de Dom

Eh bien il ne faut pas confondre l'équilibre et l'immobilité.

Cela dit, un mouvement n'a pas non plus forcément besoin d'être en équilibre (comme l'est le Mouvement rectiligne uniforme) pour se perpétuer. Ainsi on dit couramment que la marche est une chute perpétuellement évitée.

Et la marche de l'économie est peut-être une chute perpétuellement évitée, à condition que le marcheur sache varier sa vitesse et parfois s'arrêter. Mais au fait, le marcheur, c'est qui ? Cet exemple montre que l'analogie a des vertus au moins pour nourrir la réflexion... (je ne dis pas des "vertus spéculatives" parce que je veux éviter le malentendu avec la finance, mais enfin c'est cette idée là).

L.
 
Anders

24/01/2006
11:15
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Pour répondre à Dom:
Effectivement l'immobilisme n'est qu'un cas particulier d'équilibre. Cas d'équilibre dynamique par exemple: on chauffe un liquide, il apparait des tourbillons coordonnant le mouvement des molécules d'eau (c'est le célèbre exemple de Prigogine). Cet équilibre se fait par apport d'énergie au système. Le temps joue ici un rôle puisque, contrairement à la conception classique du temps en physique (réversibilité, on peut remplacer t par -t dans toutes les équations) on se rend bien compte ici que la flèche du temps est orientée. Le système dégrade de l'énergie pour maintenir son équilibre.

C'est ce que je voulais dire pour l'analogie avec l'économie. Les économistes (pas tous) prétendent avoir inventé le mouvement perpétuel: la croissance produit de la richesse qui elle-même produit de la croissance. Sauf qu'en l'occurence il faut apporter de l'énergie au système (mais le système monde est un système quasiment fermé, les ressources sont finies: on commence à voir les limites de la machine), et une autre façon de voir la croissance est de la considérer comme de la dégradation de richesse (augmentation de l'entropie). Il y a bien sur des subtilités qui contredisent en partie ce que je viens de dire (croissance endogène etc...) mais le coeur du problème est incontestable. On modifie les ressources, mais cette modification augmente l'entropie du système (il y a une différence de qualité essentielle entre le carbone du pétrole brut et le carbone rejeté sous forme de CO2 dans l'atmosphère. Le passage du pétrole au CO2 est en l'occurence irréversible).

La systémique a un côté totalisant dans la mesure où elle prétend s'attaquer à des domaines trés différents (sciences dures cf écologie, économie, théorie des choix collectifs cf Crozier, psycho...) et elle mobilise des disciplines variées sur un problème donné (transdisciplinarité). Mais il ne faut pas en faire un dogmatisme bien sûr, je la considère comme une approche complémentaire au cartésiannisme classique (dont les français sont un peu trop imprégnés me semble-t-il...). Ça permet au moins de s'extirper du réductionnisme pesant qui règne de plus en plus aujourd'hui. Au lieu de se bagarrer sur la recherche de solutions soi-disant cartésiennes et logiques à des problèmes considérés comme allant de soi (mais dans bien des cas complètement fabriqués, cf machine médiatique, et artificiels), on ferait bien de chercher les vrais problèmes du monde actuel et se fixer des objectifs cohérents.

Une des idées de la systémique est d'abandonner l'idée du programme (feuille de route détaillée et contraignante qui donne souvent des résultats complètement contraires aux objectifs visés) et de s'intéresser avant tout aux objectifs. Les solutions et les modèles ça ne vient qu'après, et ça doit être souple et renégociable...

Anders (qui ne veut pas démontrer ou imposer quoi que ce soit, mais qui cherche simplement à faire ressortir quelques concepts intéressants...)
 
shhh

24/01/2006
11:15
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Je vois bien quelques situations ou nous pourrions nous entendre, oh ma reine.
Bourrés, vous de pelforth et moi de warsteiner, vous, muni d’un fouet à clous, et moi vêtue de ma guêpière, ou l’inverse, ou bien à cheval sur guydufau et munis d’éperons.
Mais autrement, je ne vois pas.

Tout nous oppose. En définitive, vos lectures et votre lecture des évènements sont à l’opposé de mes classiques.
Déjà, le point fondamental, sommes nous oui ou non dans une société de classes ?
Vous avez déjà répondu non à plusieurs reprises, ce qui vous oblige d’ailleurs à user de raisonnements particulièrement tortueux pour éviter à maintes reprises la terrible vérité. Le conflit des dockers par exemple, ou celui des banlieues ou de le sncm, doit inévitablement faire appel aux concepts de mafia syndicale, qui dirigerait complètement ses troupes dévouées, qui aurait comme conséquence de détruire la prospérité et la marche en avant de votre système de boule de neige. Tout conflit exprimé, ou non, doit dans un avenir lumineux se résoudre en quelques modèles psychologiques sociologiques, ou la limite psychiatriques, lesquels en retour permettraient de mieux les éviter. C’est du gouvernement, rien de plus, rien de moins.

Vous pensez que la barbarie diminue, et je pense qu’elle augmente au contraire, qu’elle se répand, nous préparant, en France notamment, à une jolie violence sociale, comme le disait Lionel. Qui lui aussi semble aussi bêtement que moi attaché à quelques concepts de base.
Le rôle de la monnaie, la rétribution du travail, la plus-value et la répartition des richesses deviennent des concepts secondaires, et sont rendus accessoires dans ce système fumeux qui depuis 40 ans( je le répète) s’occupe à nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Chaque fois qu’une description systémique a cherché à s’imposer, avec sa cohérence interne, et sans regards à la réalité sensible, elle est devenue une utopie dans le meilleur des cas, ou un totalitarisme la plupart du temps. Vous allez me dire que justement le système sait intégrer tous ces nouveaux éléments, mais vous savez bien que c’est faux, et que la seule réponse qu’il soit capable de fournir, c’est la classique répression, et de nouvelles lois contre la criminalité.
Sur un autre fil je me demandais pourquoi un capitalisme qui se veut libéral a besoin d’autant développer l’arsenal législatif et la lourdeur administrative. On m’a répondu que c’est une période transitoire de préparation à la libéralisation. Personne n’a voulu supposer que l’économie systémique irriguait peut être les conflits, en cherchant à s’approprier tous les domaines de la vie, pour alimenter ce fameux système reproductif.

Pouvez-vous me dire ce qu’est le terrorisme dans votre grille harmonieuse ou les interactions valsent si délicieusement ?

Ce système si sophistiqué d’action de réactions, de boucles interactives, n’a en définitive comme unique point consensuel, que l’appel à la bonne volonté et en la croyance d’un monde meilleur, et de gentils économistes dévoués à la cause de l’humanité.
Ce que je perçois, c’est un tas de salonards parisiens, plus ou moins proches du pouvoir, mais le désirant tous, venant vendre leur daube chez Demorand, vu que sur les radios sérieuses qui parlent d’économie, on ne les accueille pas.
Vous me parlez des décideurs qui auraient un outil. Qui sont ces décideurs ? les politiques ne représentent plus qu’eux même. Et eux-mêmes, ce sont des intérêts personnels. Depuis la monarchie, nous n’avons jamais plus vu une telle présence du népotisme, dont FQ nous fournit un exemple tous les jours. Et dont Chirac s’est fait le garant.

Vos fondamentaux, c’est que la nature aime le capitalisme, elle lui fournit quelques catastrophes écologiques pour mieux l’alimenter, et quelques conflits pour qu’il se sublime, et s’élance vers de nouveaux horizons. Je n’y trouve pas mon compte, et apparemment d’autres non plus, qui pourraient bien être non intégrés dans le système proposé.

 
shhh

24/01/2006
11:20
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Désolée Anders, mon texte s'adressait à notre reine à tous. Je n'avais pas encore lu le votre.

 
guydufau

24/01/2006
11:28
re : L'intervention de Joel de Rosnay

..."la dynamique tend vers un point, ce point est il un equilibre, j'en doute fortement.j'ai l'impression que tu fige le temps"
Ben voyons, dom, ça coule de source E=mc2
 
Anders

24/01/2006
12:04
re : pour shhh

Je rebondis sur le concept de la société de classes. Je ne veux pas polémiquer sur l'existence ou non de classes dans la société, simplement sur l'utilité du concept de classe pour comprendre et agir. Il est clair que la société est remplie d'inégalités. Les classes constituent des tiroirs commodes pour ranger ces inégalités, mais je ne suis pas sûr que ça aide à les comprendre. On est typiquement dans un point de vue cartésien: on divise/dissèque un système complexe (une société) en petits tronçons clairement séparables (les classes). Mais dans l'opération de segmentation/réduction on perd tout un tas de propriétés qui sont fondamentales pour comprendre le fonctionnement de la société.
Evidemment c'est reposant pour l'esprit de voir la société comme un ensemble de classes reliées par des rapports de domination. Mais je pense que la réalité est bien plus complexe, que les pouvoirs s'exercent dans les deux sens (on est typiquement dans des cas d'équilibres dynamiques). Morin, ou Castoriadis par exemple, qui ne peuvent pas vraiment être classés à droite, ont réglé leur compte depuis longtemps à ce genre de réductionnisme.

D'autre part décrire de façon systémique le fonctionnement d'un système ne signifie pas qu'on approuve béatement ce que produit ce système.

Anders (qui se préoccupe lui aussi du sort du monde mais souhaite sortir des vieilles lunes idéologiques)
 
shhh

24/01/2006
12:54
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Bon, ça devient du n'importe quoi. J'arrête.


 
Wanda-Lou Zy

24/01/2006
16:25
Je dirai juste

En parlant de dynamique, il est évident que les classes sociales sont aujourd'hui moins identifiables. Les tiroirs n'arrêtent pas de bouger, et la précarisation des contrats font que nous ne sommes plus ébéniste, agriculteur (si tu me lis, ami agriculteur sur ton tracteur, hâte-toi d'appeler FC), seigneur, boulanger... de père en fils.

Les mouvements descendants sont bien plus fréquents dans cette déstabilisation croissante. Dans l'autre sens, l'ascenceur social est limité à 800 kg par jour et par étage.

C'est encore pire. Si c'est pas la lutte des classes, c'est pas grave, il ne lui manque qu'un nom.

Pour une très simple question d'entropie, l'humanité ne peut rêver de croissance perpétuelle. Il me semble d'ailleurs que l'objectif croissance zéro faisait partie des objectifs du traité de Rome.

 
Anders

24/01/2006
18:13
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Pour wanda-Lou Zy:
la croissance zero faisait partie des objectifs du club de Rome (pas le traité), mais même croissance zéro ça n'est pas infinie (croissance positive: on accélère, croissance nulle: on dégrade la même quantité chaque année, dans les deux cas ça va dans le mur). Ce genre de prospective à 30 ans ou plus était relativement courant dans les années 70 (années encore fastes), aujourd'hui plus on s'approche du mur plus on regarde à courte vue j'ai l'impression.

Pour shhh:
Je comprends que vous trouviez mon blabla indigeste mais c'est vous qui m'avez poussé à étaler mes cartes.
Je comprends que vous trouviez mon blabla embrouillé et confus, mais le monde n'est-il pas lui aussi embrouillé et confus??
Mais permettez moi de dire qu'écarter d'un revers de la main et d'un "n'importe quoi" mon blabla est un peu malhonnête intellectuellement.

Morin et la systémique valent mieux que les commentaires qu'en ont fait des petits intellectuels poussiéreux terroristes des années 60/70, ça ne me dérange pas qu'on le critique mais faisons le à partir de ses textes.
Croyez bien que je ne nie pas les difficultés du monde actuel, que j'y suis même confronté tous les jours, que je ne suis pas particulièrement optimiste pour l'avenir (d'autant plus qu'il me reste pas mal d'années à tirer!) et je suis certain qu'on partage un certain nombre de constats et d'objectifs.
Malheureusement Internet, à la différence d'une bonne bouteille de vin (non parkerisée!!), ne facilite pas le dialogue (je doute en l'occurence que des machines à produire de la vérité par l'intermédiaire d'Internet type l'agoravox de de Rosnay puissent fonctionner...).

Donc je vous laisse à votre champ de bataille dialectique, et je retourne dans ma jungle systémique.

Cordialement Anders
 
shhh

24/01/2006
20:18
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Dernière intervention :

"Je ne veux pas polémiquer sur l'existence ou non de classes dans la société, simplement sur l'utilité du concept de classe pour comprendre et agir."
Faudra m'expliquer ce qu'est un concept (qui pour moi était l'unité de l'objet et de sa connaissance, et du mouvement dialectique qui va de l'un à l'autre), je ne crois pas qu'on puisse le confondre avec une idée, abstraction qui ne trouve sa réalisation effective qu'en mathématiques. De là je réfute le principe de "l'utilité" du concept. La matière, ou la réalité comme vous voulez, ne se laisse par enfermer dans une pure description formelle, dont on use comme on veut.

Que nous soyons dans une société de classes, n’implique pas nécessairement qu’on dise si mon charcutier est un prolétaire ou pas. Cela décrit le mouvement qui anime cette société.
Cela caractérise son fonctionnement, et la relation entre les hommes, ainsi que les éléments de la transformation historique, du moins si l’on admet l’efficience de la dialectique.
A partir de l’ère industrielle, l’étude du processus de production, et de la création de la valeur, aboutit à une caractérisation plus précise d’un moment de la dynamique sociale, ou plus précisément d’un moment d’une société de classes. Mais tout ça, vous connaissez bien, vous savez, mes vieilles lunes idéologiques..
Sa dynamique si vous voulez. S’abstraire de cette définition c’est aboutir à une description idéelle, comme disait l’autre, on marche à l’envers.
Bon si vous me dites maintenant que le salariat a disparu, ou perdu de son intérêt, ou que l’analyse de la valeur est trop simpliste pour un économiste de l’envergure de Morin, ok. Je ne discute pas.
Toutefois je ne vois pas ce que font les tiroirs dans l’histoire. Ni d’ailleurs le cartésianisme.
C’est une tentation assez moderne, c’est vrai, pour les économistes, de s’éloigner de toute cette gadoue, pour proposer des équations adaptables.
Si vous pouvez vous faire l’économie d’une pensée dialectique, et apparemment vos lectures vous y incitent, il est normal que vous pensiez que les interactions sont suffisantes pour expliquer le monde, sauf que va arriver un moment ou les faits vont vous donner quelques baffes. Et la complexification du système décrit n’est pas garante de sa véracité, elle prêcherait plutôt en sa défaveur.
Le fonctionnement de la bourse est à cet égard remarquable, tant la valeur d’une action, tient à la confiance qui y est mise. La confiance est une chose étrange, dont on ignore ce qui peut bien la motiver, ou la détruire (pour prendre un exemple très élémentaire).
Etant moi-même assez poussiéreuse aussi,et de plus en plus ras les pissenlits, je m’en vais me rafraîchir le gosier.

Bon allez, gros bisous sur vos joues fraîches.

 
dom

24/01/2006
22:26
re : L'intervention de Joel de Rosnay

nan, nan, nan, ton bla bla n'est pas indigeste, bien au contraire, equilibre et immobilisme deux conceptions bien humaine pour figer un instant T.

""C'est ce que je voulais dire pour l'analogie avec l'économie. Les économistes (pas tous) prétendent avoir inventé le mouvement perpétuel: la croissance produit de la richesse qui elle-même produit de la croissance. Sauf qu'en l'occurence il faut apporter de l'énergie au système (mais le système monde est un système quasiment fermé, les ressources sont finies: on commence à voir les limites de la machine), et une autre façon de voir la croissance est de la considérer comme de la dégradation de richesse (augmentation de l'entropie).""
pour produire de la croissance il faudrait faire de nouvelles choses, de nouvelles recherches et de nouveaux investissement, hors nous n'avons que des rentiers en politiques, en sciences, et en investissement.
a+
 
lionel

24/01/2006
22:36
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Dans "l'Enseignement de l'ignorance et ses conditions modernes" de Jean Claude Michea il y a des considérations interessantes sur le fait que les modèles économiques posent en général comme hypothèse que l'homme agit selon son intérêt égoiste et sont donc erronés car le don et l'altruisme sont en fait extremement fréquents, voire à la base selon lui de toute société humaine.

Il constate que le don crée du lien car le don implique de la civilité et un don en retour dans l'avenir (dette symbolique) alors que l'échange marchand (par lequel on est quitte après avoir payé) donne de la liberté mais aussi de la solitude s'il devient l'unique mode de transaction humaine.

Pour lui, si on applique les utopies économiques à la mode on aboutit à une société impossible, une vie innommable et des nuisances infinies!


 
Laurent Nadot

28/01/2006
00:58
Réponses à Shhh - Contrib du 24 janvier 11h15

J’ai pris mon temps pour répondre : nos conceptions sont en effet situées à de telles antipodes, que la seule explicitation du désaccord est chose malaisée. Mais enfin on peut quand même tâcher de répondre, en prenant du temps et en se donnant plusieurs contribs :
1) La société de classes
2) Les aventures de la barbarie
3) Depuis 40 ans, mais quoi depuis 40 ans ?
4) Sur le reste de la contrib, et pour conclure
 
LN

28/01/2006
01:00
1 : La société de classes

Le concept de classes, vous l’avez pressenti, n’est pas franchement pertinent pour l’analyse systémique. Notons que même chez Marx il n’est pas défini avec constance. Un systémiste de qualité (Montbrial) usera plutôt du terme d’Unités actives. Ces unités actives visent leur intérêt. Les dockers, comme tout groupe défendant des intérêts catégoriels, sont une unité active. De même les organisations terroristes. Il s’agit de concepts élémentaires, oui. Ils sont sûrement plus proche des faits que ne l’est le fantasmes de classes internationales : le prolétariat, l’Islam international, aussi peut-être ? En quoi ces catégories sont-elles unitaires ? Et actives ? Vous avez vous même la réponse : si leur action est relativement coordonnée (cela nécessite une conscience commune et un accord au moins implicite) et si elle va statistiquement dans une direction commune identifiable, alors ce sont des unités actives. L’histoire du Xxème siècle a montré que le prolétariat, classe ou non, était surtout capable de s’entredéchirer, et que pour ses éléments les plus doués, le rêve est d’accéder à la classe supérieure, comme en témoigne la permanente poursuite d’amélioration du petit niveau de leur petite vie. Qui les en blâmerait ? Pas moi, certes. Mais de grâce cessons de raconter n’importe quoi sur le prolétariat et sur la lutte des classes...

Navré, mais il n’est que trop visible que la lutte des classes est une fiction elle même bien tortueuse. Ce mythe fondateur a puisé une force de conviction dans la majorité militante qui en avait fait un dogme : les erreurs mille fois répétées deviennent des vérités. Car la majorité écrasante, elle n’est pas à chercher du côté de la poignée d’analystes qui s’étaient inspirés de la cybernétique, mais du côté d’une « minorité » de révolutionnaires dont le discours a su intoxiquer une masse de naïfs. Libre à ces derniers de s’accrocher à leur opium idéologique.
Mais est-ce trop leur demander au moins de définir clairement ce dont ils postulent l’existence : les classes ? Jacques Ellul a montré dès 1947 que chez Marx lui-même la définition des classes n’est pas claire, et change au fil des volumes du Capital. Le concept de classe suppose une sorte d’unité, qui n’existe d’abord pas dans les faits. En ce cas, les groupes qui défendent leurs intérêts catégoriels, en quoi sont-ils des classes ? Si les dockers sont une classe, alors contre quelles autres classes est-elle en guerre ? Contre le capitalisme international, qui fait ses bénéfices quand même ? Ou bien contre ses frères travailleurs, en fabriquant de la misère au moyen de grèves bloquantes ? Et si les frères travailleurs se trouvent lésés au passage, alors où est la classe ? Il n’y a là qu’une unité active (une corporation, tout banalement) qui manifeste son utilitarisme et un égoïsme petit-bourgeois que nos moralistes croient naïvement être l’apanage du vilain capitaliste.

Voila la seule « terrible vérité » que m’inspirent les références à la lutte des classes.

./...


 
LN

28/01/2006
01:01
2 : Les aventure de la barbarie

La barbarie, pour dire si elle diminue ou si elle augmente, il faudrait déjà pouvoir mesurer quelque chose. Mais il faudrait surtout ne pas oublier de regarder dans l’histoire : la violence sociale en France est peut-être à venir, mais elle est de toutes façons déjà dans notre passé. Omniprésente sous l’ancien régime ; libérée et fratricide dans la guerre civile de 1789 ; spectaculaire dans la société capitaliste du XIXème siècle.

Mais qui peut croire sérieusement que les émeutes récentes sont de la violence sociale, ou même qu’elles la préfigurent ? J’en dirais autant des allumettes de Watts en 1965, à Brixton en 78 (qui rappelons-le ne s’étaient nullement allumées dans des HLM maladroitement torchés par des technocrates qui ont aujourd’hui chez nous le dos bien large), celles de LA en 92. La violence sociale est à chercher dans les épidémies de Choléra au XIXème dans les quartiers ouvriers de la capitale. Elle est à chercher dans l’assimilation entre classes laborieuses et classes dangereuses. Ce tableau appartient au passé. Aunjourd’hui l’opprimé a un magnétoscope et des Nike. L’aliénation par la consommation a remplacé l’oppression des pauvres. Et vos braves pauvres de la banlieue ne vandalisent que parce qu’ils veulent accéder au confort petit-bourgeois. De telles lavettes ne sauront jamais faire une guerre, soyez tranquille, et encore moins une guerre civile, qui demande un autre fanatisme que celui des magnétoscopes et des Nike. Leur mouvement est un racket comparable à celui des dockers : « on veut du fric sinon on casse tout ». Ca ne va pas plus loin.

Je ne considère certes pas le futur avec une béatitude optimiste, mais je ne connais aucune thèse crédible d’une violence forte pour demain. Si vous soutenez les marchands de peur qui font leur choux gras avec de telles prédictions, alors à vous la balle : dites qui sont vos auteurs, et parlons-en. Si vous avez des thèses précises perso, merci de les exposer, on y répondra. Je signale que j’ai ouvert ici même un fil à cette intention : « Les marchands de peur » :
http://www.broguiere.com/culture/forum2/index.php3?lecture=1 113&debut=0&page=1

./...
 
LN

28/01/2006
01:02
3 : depuis 40 ans, mais quoi depuis 40 ans ?

A plusieurs reprises vous évoquez :
<< ce système fumeux qui depuis 40 ans (je le répète) s’occupe à nous faire prendre des vessies pour des lanternes >>.
puis :
<< chaque fois qu’une description systémique a cherché à s’imposer, avec sa cohérence interne, et sans regards à la réalité sensible, elle est devenue une utopie dans le meilleur des cas, ou un totalitarisme la plupart du temps >>

Pouvez-vous dire explicitement à quels événements vous faites référence ?
Qu’est-ce qui a cherché à s’imposer ?
Qu’est-ce qui est devenu utopie ?
Qu’est-ce qui est devenu totalitarisme ?
Quelle est cette période de 40 ans ?
Dans vos lignes citées, que vient donc faire le paradigme systémique à la barre de accusés ?

Le seul résultat politique du paradigme systémique aura été d’avoir participé à la prise de conscience écologique (rapport Meadows pour le Club de Rome). Pour le reste, utopie, totalitarisme, « chercher à s’imposer », ce sont là des opérations politiques : révolution française, urss, allemagne nazie, chine communiste, cambodge, iran des mollahs, tant que vous voudrez.

Mais quels points communs parvenez-vous à établir entre un paradigme universitaire, c’est à dire un outil intellectuel (en l’occurrence bien minoritaire) et un phénomène politique ? Eh bien s’il y a un point commun, il est purement métaphorique, et il faut le chercher dans la vie intellectuelle parisienne. Prenons deux exemple : la psychanalyse et le structuralisme. Et là vous en avez, des « salonnards parisiens », comme vous dites, bien plus que dans la micro-phalange systémiste ! Eh bien ces deux paradigmes intellectuellement totalitaires ont en effet réussi à s’imposer quelques décennies, par les stratégies que le marxisme avait lui-même déjà éprouvées. La différence est qu’ils ne sont responsables d’aucune oppression politique, mais seulement de la dégradation de l’intelligentsia dans notre capitale. Et en quoi peut-on adresser seulement la même critique à la pensée systémique ? J’attend que vous m’aidiez à placer cette dernière soit dans le premier cas (totalitarisme, bains de sang, génocid’party etc), soit dans le second cas (terrorisme intellectuel, moraline casse-couilles, radio-douleur-du-monde)

./...
 
LN

28/01/2006
01:04
4 : Sur le reste de la contrib, et pour conclure

Vous n’aimez pas le capitalisme. Comme Lionel. Bon c’est bien. Et vous foutez avec dans le même sac à balancer au feu tout un tas de choses qui n’ont rien à y voir : il y a peu, la sociologie. Dans ce fil, la systémique. Eh bien libre à vous. Mais ce faisant, vous obtenez quoi exactement ? De la confusion et rien d’autre, navré. Lisez plutôt ceux des contestataires du monde actuel, René Passet par exemple, qui ont construit leurs analyses avec la systémique. Lisez son livre de 1977 « L’économique et le vivant ». Et lisez les renvois qu’il fait au « Macroscope » de Rosnay.

Oui oui : lisez donc certains paragraphes du Macroscope. « Mais vous osez me conseiller un livre pour les lycéens !! » allez-vous me répondre, horrifiée. Eh oui, j’ose : ce livre me sert encore à moi-même régulièrement. Tout comme le dictionnaire, d’ailleurs (autre livre pour les écoliers).

Laissez donc les Situs où ils sont : dans la littérature pamphlétaire et dans la contestation baroque. Leurs « idées » se résument en moins d’items qu’il n’y avait de doigts sur la main de Django Reinhardt. Si vous voulez lire de la critique radicale, lâchez donc Debord et lisez l’Ecole de Francfort : vous échangerez l’hystérie contre une phraséologie au moins un peu étayée.

Notre prochain épisode : le quarteron de baudets Baudrillard, Foucault, Bourdieu et Virilio.
Courage : avec ces 4 là, le vieux monde sera derrière vous !!

Laurent – Sincerely yours
 
LN

28/01/2006
01:27
Addenda

En relisant les contribs d'Anders, et en espérant qu'il ne quitte pas le forum parce que Shhhh lui a fait un numéro d'allumage, je relève un certain nombre de ses remarques qui risquent d'être passées à l'as, et contribuent à clarifier les choses :

1) << il est clair que la société est remplie d'inégalités. Les classes constituent des tiroirs commodes pour ranger ces inégalités, mais je ne suis pas sûr que ça aide à les comprendre >>
et
<< décrire de façon systémique le fonctionnement d'un système ne signifie pas qu'on approuve béatement ce que produit ce système >>

En effet la systémique est un outil, un modèle descriptif, orienté vers l'action (praxéologie). Mais il n'est ni normatif, ni moral. Il ne contribue pas plus à l'oppression des masses que ne le firent le thermomètre et la balance Roberval.

2) << Une des idées de la systémique est d'abandonner l'idée du programme (feuille de route détaillée et contraignante qui donne souvent des résultats complètement contraires aux objectifs visés) et de s'intéresser avant tout aux objectifs. Les solutions et les modèles ça ne vient qu'après, et ça doit être souple et renégociable... >>

Il y a dans ces lignes d'Anders un principe simple de praxéologie, qui n'est ni de droite, ni de gauche, ni du pouvoir, ni du contre-pouvoir, ou plutôt qui est de tout çà à la fois, car il appartient à quiconque voudra en user. Ceci est le propre des outils neutres.

Je ne comprends donc pas l'acharnement contre ce qui n'est qu'un paradigme intellectuel parmi d'autres. Si c'est à mon avis le meilleur parmi ceux qui sont actuellement disponibles, c'est parce qu'il est le mieux adapté à notre époque. Mais c'est mon avis et rien de plus.

Dans ce fil on n'a toujours pas de recension détaillée de l'intervention de Joel de Rosnay. J'aurais le temps de faire ça ce week-end. J'espère trouver dans ses propos assez d'éléments pour distinguer chez lui le technicien intelligent, l'immonde suppôt du capitalisme éclairé, le prospectiviste peut-être exagérément optimiste, et en dépatouiller un exemple d'analyse qui, même imparfaite, contribue à nous éclairer le présent mieux que le paradigme ordinaire (aristotélisme, linéarité, causalité simple) qui montre ses limites et ne sert plus à grand chose.

Cordialement à tous

LN
 
shhh

28/01/2006
03:36
re : L'intervention de Joel de Rosnay

On voit bien que le documentaire sur la climatisation vous a considérablement agacé, et que vous vous êtes dit : et celle-là, ça suffit aussi.
Mais je suis vaillante, je vais tâcher de répondre.
Vu l'heure avancée, et la matière, pas tout de suite.
Bien à vous.

 
lionel

28/01/2006
07:45
Lecture des faits moins à droite

Bof la reine dénie la lutte des classes mais tient en permanence un discours de classe. Car rebaptiser la lutte des dockers sous le nom de "racket des dockers" c'est assez cocasse, si on oublie de parler du racket des armateurs avec l'invention sublime des pavillons de complaisance qui autorisent l'absence totale de droit du travail sur les navires marchands.

Les pavillons de complaisance et les pavillons bis qui representaient 9% en 1955 representent environ 90% en 2005

Donc effectivement les dockers sont arqueboutés pour défendre leur droit à un salaire normal face à la mafia des armateurs.

Quant à la "caillera" de banlieues, ce sont de parfaits petits patrons mafieux. Rien à voir avec la classe des travailleurs. Voir l'analyse de Michéa en 1998 http://www.communautarisme.net/La-Caillera-et-son-integratio n_a376.html?print=1


 
shhh

28/01/2006
09:06
re : L'intervention de Joel de Rosnay

J'ai de l'estime pour la Reine, pour son effort d'exposé, bien que nos points de vue soient totalement divergents.
On est en droit de se demander si la lutte de classes , expression apparement désuète, est porteuse ou non d'une explication, et donc d'une perspective, ou si comme il le dit, une conception systémique a plus de pertinence.
Je pense que la deuxième est en fait le faux nez d'un capitalisme dévastateur et triomphaliste.
Mais suffit pas de le dire comme ça, je le concède. Et il va bien falloir faire cet effort de démontage, que les gauchistes s'économisent depuis que leur victimitude leur sert d'unique démonstration.
Voilà la noble tâche, à laquelle je m'attellerai, dès que j'aurai fait le ménage et vidé la poubelle.

 
Laurent Nadot

28/01/2006
13:46
Ne pas tuer le debat malgré le sniper

Je passe sur 7h45 qui mérite un autre fil (just ouvert), et je rappelle poliment que le 23 janvier à 19h27, Anders écrivait
<< le risque de ce genre de discussion sur Internet est de tourner au débat binaire et carricatural, et donc au néant >>
Dont acte...

En revanche pour ceux qui sont venus ici afin de discuter, je rappelle qu'un débat sur une notion sans définition de la notion, aura toutes les chances de tourner court. Voila pour le chapitre "lutte classes".

Pour ce qui est du paradigme systémique, c'est avant tout un regard d'ingénieur et une ouverture d'esprit. Il a produit bien d'autres choses que de la réflexion économique. Ceux à qui ça donne des aigreurs, ceux qui ne peuvent s'empêcher de penser que l'économique est diabolique, trouveront de quoi faire leur beurre dans les autres chapitres de la pensée systémique. A moins évidemment qu'ils n'assimilent l'idée même d'efficacité au totalitarisme, ce qui serait un grave contresens.

Par exemple on peut lire tout le courant de pensée improprement étiqueté "Ecole de Palo Alto". On peut aussi rester en France et faire son beurre systémique avec des hommes peu suspects de droitisme, comme Abraham Moles ou Henri Atlan, ou encore Henri Laborit, dont les ouvrages sont tout sauf du biologisme : la pensée de Laborit, même parsemé de cuirs sociologiques, est clairement influencée par la philosophie interactionniste. Je me souviens d'un débat télé où il avait asséné à un Roger Gicquel médusé un "nous ne sommes que les autres". Il est vrai qu'en 1981, cette simple citation de Georges Herbert Mead (mort en 1931) pouvait encore passer en France pour une idée neuve...

Laurent
 
shhh

28/01/2006
13:46
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Je vais reprendre, si vous le permettez, votre plan, afin de clarifier nos positions.

1. La société de classes.
Lorsque Marx dégage de son travail d’analyse, le concept de classes, il aura d’abord repris l’histoire sous la forme de la transformation des formes du pouvoir (homme/nature, maître/ esclave, seigneur féodal /serf) en montrant que ces différentes relations correspondent à des modes de production. Cette société de classes, n’est donc pas propre au capitalisme, mais parcourt l’histoire jusqu’au point ou apparaît le capitalisme moderne. Société d’hommes libres dont la relation s’établit à travers le travail salarié, affranchi de l’esclavage, mais dont la nature doit désormais être clairement redéfinie, à travers les nouveaux modes de production.
Ce capitalisme moderne, en France, verrait sa naissance avec la loi Le Chapelier, qui abolit les corporations marquant clairement que désormais les travailleurs se présentent désormais librement sur le marché, mais sans protection.
Ce nouveau mode de production est marqué par l’avènement d’une bourgeoisie industrielle et industrieuse, et de ce qu’il appelle le prolétariat, c'est-à-dire la population qui n’est pas détentrice du capital, mais qui offre sur le marché sa force de travail, contre ses moyens d’existence.
Sur quoi Marx fait une étude très approfondie sur ce moteur de la société qu’il décrit, à savoir le capital, dont il montre qu’il ne peut être considéré dans son fonctionnement (valeur ajoutée, plus value, accumulation investissement) sans son fondement même, le travail du prolétaire (celui donc qui vend sa force de travail) qui fonde la valeur, et permet la reproduction du dit capital.
Le jeu va donc consister à étudier la part du travail salarié dans la reproduction du capital.
La classe désignée par le nom prolétariat n’a pas besoin d’être identifiée davantage que dans cette dynamique de reproduction. Le mot lutte découle de l’opposition qu’il y a entre deux classes dont l’une détient le capital et l’autre la force de travail. Et comme le capital se forge sur la force de travail, et que celle-ci se paie sur le capital investi, il en découle forcément des antagonismes . Ne pas oublier quand même que Marx a appuyé la partie économique de son travail sur les registres des mines en Angleterre.
Jusque là, je ne crois pas qu’il s’agisse d’un dogme, et même je crois que personne ne conteste cet aspect des études de Marx.
Il y a cependant, et ça c’est clair, une application « vulgaire » de cette analyse, dont Engels a été l’initiateur, et qui a mené à des dérives, bien connues. Ce qu’on a appelé « la dialectique dans la nature » en est un exemple, largement utilisé par Lénine.
Et je saute peut-être une étape, mais j’inscris les situationnistes comme des actualisateurs de Marx, survenant après les délires interprétatifs des communistes bon teint de l’époque. Je dirai plus tard en quoi.
On est d'accord, je vais devoir dire en quoi ces quelques notions de base restent toujours d'actualité.

 
shhh

28/01/2006
14:27
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Ceci étant posé, vous avez raison, la notion de classe ne peut pas s’utiliser pour définir qui est qui . Se lancer dans un étiquetage des protagonistes de la scène du travail, individu par individu est totalement vain. Cependant, dans des situations données, d’affrontement, ou même simplement de négociation, c’est bien ce concept qui est à l’œuvre, dans la mesure ou il s’agit bien d’une question touchant au travail, et donc de la répartition de la valeur entre possédant des moyens de production, et ceux qui mettent en œuvre les outils.
Dans une analyse systémique, ces conflits sont vus comme… comme quoi d’ailleurs ? la nature ? Premier grief contre votre conception, le capitalisme n’est pas la nature, mais un système social, optionnel, réel certes, mais sujet comme tout système à la disparition ou à l’échec, et surtout, à la critique, et que nul n’est obligé d’intérioriser comme une nécessité. Même Dieu a vu passer son heure de gloire .
C’était seulement une parenthèse.

 
shhh

28/01/2006
14:36
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Vu l'ampleur du boulot, je me demande si je n'aurais pas plutôt un peu de repassage à faire dans les prochaines heures.
Pas facile de vous répondre.

 
Laurent

28/01/2006
14:44
Nous dérivons insensiblement

Oui, c'est une parenthèse. Surout que la discussion rejoint lentement celle que nous avions laissé en chantier (par ma faute) sur le fil "où caser ça". Nous voila partis à causer marxisme et non systèmes. Cela dit, certains concepts marxiens dynamiques, comme celui du matérialisme dialectique, sont déjà des concepts systémiques. En revanche, mieux vaut passer l'éponge de l'indulgence sur les miettes desséchées du matérialisme historique, car ça fait désordre sur le formica marxien, si sympathique à d'autres égards...

LN
 
LN

28/01/2006
14:45
Mais je voulais répondre à ceci :

Sur Marx et les classes :

<< La classe désignée par le nom prolétariat n’a pas besoin d’être identifiée davantage que dans cette dynamique de reproduction. Le mot lutte découle de l’opposition qu’il y a entre deux classes dont l’une détient le capital et l’autre la force de travail. Et comme le capital se forge sur la force de travail, et que celle-ci se paie sur le capital investi, il en découle forcément des antagonismes . Ne pas oublier quand même que Marx a appuyé la partie économique de son travail sur les registres des mines en Angleterre.

<< Jusque là, je ne crois pas qu’il s’agisse d’un dogme, et même je crois que personne ne conteste cet aspect des études de Marx. >>

Détrompez-vous : Jacques Ellul démonte cet exposé comme presque toutes les bases de Marx depuis 1947 dans son cours sur la pensée marxiste (dernière édition : 2003 - La table ronde). Les classes de Marx ne recouvrent pas, même dans les écrits de ce dernier, une réalité constante. En quoi une description qui ne se réfère pas à la réalité pourrait-elle conserver sa pertinence ? Si on raisonne sur des abstractions non incarnées, en quoi le raisonnement est-il plus que du fantasme ? Surtout quand on sait qu'un des postulats méthodologiques du marxisme c'est "chercher la vérité dans les faits".

Dès le XIXème siècle, des philosophes plus ou moins sociologues comme Georg Simmel (qui refuse l'étiquette de sociologue) contestent la pertinence de telles abstractions. Simmel va plus loin : pour lui il n'est pas même certain que la société soit un critère sociologique pertinent. Ceci est une critique extrême du raisonnement courant qui consiste à réifier tout ce qui peut être nommé, et à attribuer Intention, Décision, Capacité d'action, à des systèmes (pardon) qui n'ont pourtant ni structure organisée, ni action constatable. Bref c'est du délire d'interprétation. Simmel qui en fait d'autres en la matière, s'attaque au moins à celui-là, qui 100 ans après est toujours bien répandu dans le sens commun. Mais le sens commun n'est pas le bon sens il en est même le contraire. Pour s'en convaincre lire Lionel.

Ce que personne ne nie, c'est qu'il y ait des groupes (encore faudrait-il lmes définir avec un peu de rigueur) dont les intérêts passent pour antagonistes. Qu'ils le soient effectivement, antagonistes, ça c'est une autre affaire. Mais ça n'est une certitude que pour qui considère l'économie comme un jeu à somme nulle, càd où tout ce qui est gagné par l'un doit être pris aux autres. Cette analyse, courante sur DDFC, est embryonnaire et suicidaire. Marx lui-même voit les synergies à l'oeuvre. Dans un monde synergique, se représenter l'économie comme un jeu à somme nulle, ça revient à peu près à dire qu'un avion ne peut pas voler parce qu'il est plus lourd que l'air.

L.

 
shhh

28/01/2006
14:48
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Sur la question des souhaits exprimés, d’accéder à une classe supérieure, ou d’acheter des nike, je dirais premièrement que vous n’en savez rien de ce que veulent les gens (moi non plus ) , deuxièmement que la question des besoins est loin d’être résolue, on en a déjà parlé sur un autre fil, troisièmement, il n’est pas exclu que ce qui est exprimé est souvent proportionné à ce qu'exige l’adversaire. Je veux des nike si on me propose des sabots en bois, et la démocratie si on me propose le despotisme, du travail si on me propose de perdre mes moyens d’existence., etc .. Ca ne permet pas de juger. La situation peut s’analyser, mais pas les désirs.
 
LN

28/01/2006
15:04
Les djeunz

C'est vrai que je n'en sais rien. Je fais confiance aux enquêtes de François Dubet, peu justiciable d'antipathie pour ceux qu'il décrit dans :

La galère : jeunes en survie
Fayard - 1987

L.
 
shhh

28/01/2006
15:19
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Oh mais si les classes s'incarnent. Précisément quand un conflit se déclare. Là, on ne peut pas s'en tirer avec des descriptions de type sociologique, parce qu'elles sont porteuses de morale. Et pas neutres du tout. D'ailleurs l'idée d'un outil neutre me paraît paradoxale. Un outil est destiné à l'usage pour lequel il est conçu.
Et je ne parle pas du marxisme, je parle de Marx. Ce qui est sensiblement différent.
Je ne considère pas l'économie comme un jeu à somme nulle. Elle crée de la richesse. Indéniablement, et même dans des économies dites socialistes. Mais va falloir examiner de près 1) la nature de cette richesse 2) la répartition de cette richesse 3) les conditions de la création de cette richesse.
Je ne crois pas m'éloigner de la description d'un système. Du moins pas encore.
Mais je suis loin d'avoir répondu à vos objections. Je compte bien creuser ça.
Là j'ai pas trop le temps. Mais je vais revenir.



 
LN

28/01/2006
16:20
vers la k. popperisation du débat

Alors si l'outil est destiné à l'analyse neutre et conçu en ce sens, il permettra (au mieux, et bien utilisé) un usage neutre.

Le procès d'intention n'est pas une méthode d'analyse fiable : la mesure de température n'est ni de droite ni de gauche. Elle est ce qu'elle est. En l'occurrence l'absence de neutralité est dans l'interprétation : par exemple, arguer que les africains sont heureux parce qu'ils ont du soleil et donc plus chaud que les eskimos.

Juger d'avance que toute visée descriptive est contaminée par l'idéologie, c'est nier l'idée même d'une pensée scientifique. Or, que la science soit couramment dévoyée ne permet pas de dire qu'elle le soit toujours, ni qu'elle doive nécessairement l'être.

L.
 
shhh

28/01/2006
18:02
re : L'intervention de Joel de Rosnay

"En quoi une description qui ne se réfère pas à la réalité pourrait-elle conserver sa pertinence ? "

Personne n'a jamais vu d'électrons. Mais on peut pourtant s'électrocuter.

 
shhh

28/01/2006
18:23
re : L'intervention de Joel de Rosnay

La sociologie, c'est juste l'inverse; elle prend des clichés à un instant t. Si elle cherche à expliquer le mouvement qui va de t à t+1, continuerez vous de prétendre que c'est un instrument neutre ? Est-ce l'injurier que de dire qu'elle n'est pas neutre ?
En quoi la neutralité serait davantage une démarche scientifique que la méthode d'une hypothèse qu'on cherche à vérifier, ou à infirmer ?
L'aspirine est découverte dans le saule, parce que je ne sais plus quel mormon pensait que là ou il y avait le mal, il y avait son remède.
Mais je n'ai toujours pas beaucoup de temps ( pas avant demain), et j'aimerais bien revenir à mon fil conducteur, qui je vous le rappelle était le votre.



 
LRDM

28/01/2006
19:34
on avait dit : pas la famille

merci de ne pas vilipender les mormons
 
LN

28/01/2006
19:50
neutralité et sciences diverses

Excusez moi mais :
- qu'est ce que l'explication historique aurait de moins neutre que la description ? Ou encore : en quoi la synchronie est moins neutre que la diachronie ?
- que vient faire ici la méthode hypothético-déductive (qui n'est pas réservée aux sciences expérimentale, précisons-le) ?
- En quoi la neutralité serait "une démarche" ? C'est une propriété du regard porté sur la réalité, et cette qualité participe de la scientificité de l'analyse. Certes, il est plus simple d'être neutre dans les science de labo que dans les disciplines historico-herméneutiques (dont font partie l'histoire et la sociologie). Dans les deux cas on cherche à "neutraliser" les variables perturbatrices, et c'est bien sur dans le second que c'est le moins facile, car elles sont créées en partie par la conscience qui organise l'analyse. C'est pourquoi on distingue les sciences du labo et les autres, précisément.

C'est vrai nous sommes maintenant très loin de notre sujet. Encore heureux qu'on ne parle pas des raquettes dans les ports lacustres...

Si vous voulez je peux aussi me lancer dans un cours sur l'électron, mammifère de la famille des freluquets, dont la masse atomique est ridicule : il saute hors de la prise et il échappe au talon vengeur de la femme de ménage. Son profil est sphérique (car il bouffe trop), sa démarche est quantique, et en plus il vote négatif le salaud. Rien n'est moins neutre que l'électron etc etc ...

LRDB
 
LN

28/01/2006
20:03
Zappez donc la précédente

Pardon je puis être plus bref :
- L'électron est invisible mais ça n'a rien à voir ake sa réalité. La réalité c'est précisément que la bestiole telle qu'elle a été calculée par ceux qui voulaient l'attraper, elle permet de transmettre du signal ou de l'énergie. La réalité de l'électron, c'est qu'on s'électrocute, précisément. Pas qu'il soit invisible.
- Pour la seconde contrib, plus simplement : la neutralité n'a rien à voir avec le rapport au temps (présent, passé, futur), avec la stabilité ou le changement d'état, avec l'explication ou la description.

L.
 
shhh

28/01/2006
21:50
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Pourquoi ? c'est moi qu'aurait dit que la neutralité signait un esprit scientifique ? je crois pas.
L'exemple de l'électron, c'était pour dire qu'un phénomène peut se manifester autrement qu'à travers une réalité sensible. Et ça répondait à la notion qu'une "classe" n'était pas une entité réelle, parce qu'on ne pouvait pas la décrire.
Je comprends rien. J'ai l'impression de m'égarer, la vraie bouseuse face à un esprit vif de la grande ville.
Y a un plan, je veux le suivre, demain, parce que là je peux vraiment pas.
 
guydufau

29/01/2006
10:11
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Cette discussion entre Shhh et LRDB s'est terminé par la fuite de cette dernière qui a ouvert un autre fil.
Un fil qui commence à 3h27, s'arrête à 3h39. Alimenté toutes les minutes, il a environ 180 lignes.
Belle régularité, 0,25 lignes à la seconde et joli cas d'insomnie qui se termine par ce dramatique appel : "j'ai soif".
A mon avis, il avait éclusé bien avant 3h27 !
 
shhh

29/01/2006
10:53
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Bien que je reçoive plein de sable dans les yeux je continue.
Quelques soient les marchandises produites, quelques soient les technologies mises en œuvre, et quelques soient les places où sont fabriqués les produits, nous avons toujours à prendre en considération la quantité de travail nécessaire et son coût, le capital investi et la plus-value, obtenue en défalquant au prix final le prix de revient de la fabrication. Si la matière première se raréfie et devient plus chère, on peut essayer de trouver une main d’œuvre moins chère, ce que permet la mondialisation.
Bien sûr la mondialisation rencontre quelques problèmes sur le terrain ; des avantages acquis à des moments ou la main d’œuvre était plus convoitée et donc plus chère, ont fait obtenir à celle-ci des avantages ( ?) dont on souhaite la dessaisir, puisque grâce à l’ouverture de pays émergents on peut trouver une main d’œuvre abondante, dont les lois sur le travail sont moins contraignantes, plus soumise grâce à des régimes politiques hérités, ou encore empreints du despotisme. Il y a bien quelques ajustements à trouver (ce dont se chargent les économistes avec plus ou moins de bonheur), parce qu’il faut tenir compte des consommateurs ( autrefois on disait acheteur, le mot est né dans les années 60). Mais sur l’essence même du rapport social, je ne vois pas ce qui a changé. (c’est sans doute le moment de me renvoyer quelques poignées de sable dans les yeux, sous forme des citations d’auteurs visionnaires, qu’on doit bien pouvoir trouver chez dinali, déstockeurs de fonds d’éditeurs).
Je dis que les situationnistes sont en fait simplement des marxistes, c’est qu’ils reprennent les développements de Marx au point ou ils avaient été laissés. C'est-à-dire qu’ils constatent que les rapports des marchandises entre elles se substituaient désormais aux rapports entre les gens. Ce que Debord appelle le spectacle « non un ensemble d’images, mais un rapport social médiatisé par des images » c’est la forme achevée du langage de la production. Désormais le capitalisme est son propre juge, il n’y a plus d’autre système social possible. C’est précisément ce que vous nous expliquez dans vos logorrhées nocturnes. Vous nous donnez à voir que la sociologie est en fait l’étude de la nature, non des hommes, mais de la circulation de la marchandise.
Que vous taxiez les situationnistes, Marx et Hegel de pamphlétaires ou de has been, ou de tout qualificatif que trouve votre riche imagination, vous ne nous dites jamais autre chose, que celle-ci : ce monde de la production est parfait. Cette relation, inscrite toute entière dans la reproduction du capital, est la seule possible.

 
shhh

29/01/2006
11:39
re : L'intervention de Joel de Rosnay

A ce point de mon récit, abordons le point n°2 : la barbarie.
J’ai entendu l’autre jour, votre éditorialiste favori, Pastré, nous expliquer l’exemplarité d’Adidas, Puma, Nike et Rehbock. Il disait que Rehbock avait bien intégré les critiques formulées à leur égard. Désormais les chinois qui fabriquent les savates qu’ils vendent ( vous savez celles pour lesquelles se damneraient les jeunes gens des banlieues) , en ne travaillant plus que 160 h par semaine, dans des ateliers ou il ne fait plus que 30° au lieu des 40 d’avant.
Et ce serait donc une industrie à la pointe en matière sociale. Mais pour avoir lu quelques part les conditions de vie en générale de ce billion de chinois qui nous fabriquent nos slibards et nos t-shirts, je me demande si tant de peine vaut l’intérêt (en usage) des objets produits. Il est vrai que une fois de plus, on est censés se payer en promesse d’un avenir meilleur. Pas très différent des promesses de l’église, n’est-ce pas ? avec juste un peu moins de compassion.
Ca c’est pour les chinois, qui bien qu’ils soient assez nombreux, ne méritent de notre part qu’une indifférence totale. Je ne parlerai pas du reste. Si vous ne voyez pas la barbarie dans le rapport (mesure) entre la quantité de travail, la difficulté à survivre, la précarité, et l’enjeu, je ne risque pas de prouver quoi que ce soit. Et je ne le tenterai pas. Encore une fois, la mesure de tout ça, que vous voulez ignorer, c’est la valeur.
Arrivée là, je ne vois toujours pas pourquoi je devrais acheter le Macrocospe ( quel titre!), pour résoudre quel mystère ?

 
shhh

29/01/2006
12:48
re : L'intervention de Joel de Rosnay

2. Depuis 40 ans, mais quoi depuis 40 ans ?
Des détails. Le début de la mondialisation. En matière d’urbanisme, les constructions des cités de rêve qui entourent nos villes, l’essor de la grande distribution. Et accompagnant tout ça, les justifications des destructions des structures sociales traditionnelles proférées par les propagandistes de tout poil, qui déjà promettaient un avenir meilleur. Les spéculations émises sur la transformation du monde étaient déjà aussi visiblement idiotes qu’elles le sont maintenant. Et la cybernétique devait nous sauver, par sa modernité. Mandel cherchait le gène de la criminalité. La production de masse. Bref, la marchandise a entamé là son règne sans partage.


 
shhh

29/01/2006
12:49
re : L'intervention de Joel de Rosnay

"Excusez moi mais :
- qu'est ce que l'explication historique aurait de moins neutre que la description ? Ou encore : en quoi la synchronie est moins neutre que la diachronie ?
- que vient faire ici la méthode hypothético-déductive (qui n'est pas réservée aux sciences expérimentale, précisons-le) ?
- En quoi la neutralité serait "une démarche" ? C'est une propriété du regard porté sur la réalité, et cette qualité participe de la scientificité de l'analyse. Certes, il est plus simple d'être neutre dans les science de labo que dans les disciplines historico-herméneutiques (dont font partie l'histoire et la sociologie). Dans les deux cas on cherche à "neutraliser" les variables perturbatrices, et c'est bien sur dans le second que c'est le moins facile, car elles sont créées en partie par la conscience qui organise l'analyse. C'est pourquoi on distingue les sciences du labo et les autres, précisément."

Pourriez vous répéter la question je vous prie ?

 
shhhh

29/01/2006
13:07
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Chez nous, en province, on cause pas comme ça.

On dit:
- est-ce qu'une explication historique peut être neutre, ou exempte de subjectivité?

Je réponds, non, et heureusement.

- En quoi la neutralité serait "une démarche" ? C'est une propriété du regard porté sur la réalité, et cette qualité participe de la scientificité de l'analyse.

Nous on cause d'objectivité, on dit à un moment d'une l'étude on tente d'extérioriser l'objet, pour ne pas l'affecter par une idée préconçue. Et on mouline des équations, parce qu'elles sont sans contenu, et peuvent donc s'appliquer plusieurs fois et à des objets différents.

Mais va savoir si j'ai compris l'observetion.

 
LN

29/01/2006
14:37
Merci à Guy d'avoir fait avancer le débat

Navré navré, je crois bien qu'Anders avait raison. Mais enfin je suggère que chacun conserve l'esprit froid.

De cette discussion j'apprends d'abord que le paradigme marxiste n'est pas mort (j'avoue ma sidération). Et je vois qu'il résiste à toute autre thèse en niant la possibilité de neutralité ou d'objectivité. Libre à lui. Selon moi, cette dénégation totale est un écran de fumée pour contester un peu tout et n'importe quoi mais surtout pas ses propres bases. Bof bof bof, on se croirait revenu aux temps du "communisme scientifique".

Le débat aura tourné en couille par injection massive de confusion. Ayant reçu des réactions sans aucun rapport avec le sujet, j'ai commis l'erreur de répondre par des questions qui tentaient de relier le sujet et le hors-sujet. C'était fort maladroit de ma part, et ça n'a rien ajouté d'autre qu'une nouvelle couche de confusion. La communication de JdR ne traitait ni de neutralité, ni de lutte des classes, ni de barbarie, ni de mondialisation. Nous y voila des deux pieds. Maintenant c'est toute la discussion qui n'a plus aucun rapport avec le sujet : ni Rosnay, ni la systémique. On reconnait là un tropisme marxiste, et je serais bien sot de m'insurger : je porte au contraire la faute de ne point l'avoir vu venir. Tant pis pour ce fil maintenant mal nommé, puisque la communication de Rosnay n'en est plus le sujet. Je vais m'attacher à répondre brièvement aux trois points.

1) Navré mais il y a des explications historiques et sociales de neutralité satisfaisante, et des observations sociales objectives. Il est vain futile et intellectuellement contestable, de prendre quelques exemples de manipes idéologiques ou de problèmes indébrouillables, pour liquider en deux phrases le travail de floppées de chercheurs. Si vous voulez des exemples de neutralité en sciences sociales, ouvrez un fil "neutralité-objectivité" ou quelqu'autre titre semblable, et spécialisons la discussion sur le sujet.

2) Ne pas confondre les âneries cybernétiques des années 60 avec la poignée d'intellectuels de la TDS, qui n'ont jamais été au pouvoir. Après tout, le délire cybernétique a aussi touché l'URSS que je sache. Ca ne suffit pas à transformer les systémistes Rosnay ou Morin en soviétophiles, ni en fauteurs responsables du plan Delouvrier.

3) La barbarie économique et la violence sociale sont actuellement ailleurs que chez nous, où l'état et le contribuable engraissent les pauvres, et même pas pour les bouffer. C'est bien le paradigme marxiste qui porte la responsabilité de ce qui se passe en chine. Si le capitalisme, fidèle à ses principes, exploite les chinois, c'est bien à leur récent passé marxiste que ces derniers le doivent. Je ne dirai qu'un mot : qu'ils crèvent ! Les pays où le marxisme n'est pas passé accèdent les uns après les autres à leur indépendance politique et économique, ce pourquoi il convient de féliciter l'OMC, qui y oeuvre avec constance et dévouement.

L'absence de vision historique interdit à certains de comprendre que, aussi dur que soit le monde, les choses s'y améliorent progressivement. Et leur manque de sens des réalités les empêche de comprendre que ça ne peut se faire que lentement. Ils ne voient que les difficultés et en tirent la conclusion myope que les choses vont mal et que rien ne s'arrange. Tout indicateur qui irait dans un autre sens est liquidé au nom du postulat d'absence de neutralité. Les bénéfices des oiseaux de mauvaise augure restent à identifier, mais on déjà des idées sur la question. Sur ce sujet, voir le fil "Les marchands de peur".

Ceci posé, la discussion peut s'engager dans une troisième phase qui n'a cette fois plus rien à voir avec l'intervention de Joel de Rosnay, que j'ai d'ailleurs réécoutée cette nuit et que j'ai trouvée un peu faible, je dois le reconnaitre.

La reine des belges
 
shhh

29/01/2006
15:09
re : L'intervention de Joel de Rosnay

La Chine n'a jamais été marxiste.
Marx n'a même jamais été traduit en chinois pendant tout le règne de Mao. L'institut d'études marxistes qu'avait fondé Mao n'avait qu'un seul livre: le peit livre rouge. Lui même ne connaissait Marx qu'à travers ce qu'en disait Staline. Lequel n'était pas marxiste non plus.
Même Lénine parlait de restauration tsariste quand il désignait le régime soviétique.







 
Laurent Nadot

29/01/2006
17:21
L'intervention d 'Agnès

Dans le second fil ouvert pour commenter d'un peu plus près les propos de Rosnay, j'ai reçu la remarque suivante :
http://www.broguiere.com/culture/forum2/index.php3?lecture=7 512&debut=0&page=1
à laquelle j'ai répondu en partie sur ledit fil.

Soucieux d'éviter le détournement de débat, je préfère déposer ici la deuxième patrie de ma réponse, à la fois parce que ce dont elle traite est devenu le sujet du présent fil, et aussi pour ne pas détourner identiquement le second :
------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------
2) Autre danger pour la conversation : ramener un débat à la question de la lutte des classes. Je réponds à ceci dans le fil C'est là une habitude très voisine de ce misérabilisme par lequel Laure Adler a détourné FC en radio-douleur-du-monde. Mais qui ne soutient rien du tout, enfin rien d'autre que ceux qui sont derrière le micro et se font plaisir. Passer pour généreux en fourguant de la moraline générique (au sens des médicaments génériques : facile à copier), eh bien comme vous l'avez compris : très peu pour moi. Dans cette fin de paragraphe à moraline, je ne vise pas du tout Shhh je m'empresse de le préciser.

Pour Shhh voici ma réponse, qui n'a sa place que sur le fil initial : nous parlons icic de changements techniques qui sont des changements de société. Les ramener à la question de la lutte des classes c'est, je crois, une erreur de vision. Si on ne peut plus écrire ça sans passer pour méprisant, alors la communication en forum est limitée.

Ca ne m'empêche pas de présenter mes excuses si mes propos semblent trop vifs, mais ces excuses ne peuvent masquer ma déception devant ce que je diagnostique comme une opération courante de détournement de conversation, selon un schéma que j'observe depuis une trentaine d'années...

Laurent

A
 
Nazdeb

29/01/2006
19:09
re : L'intervention de Joel de Rosnay

J'ai lu avec intérêt ce passage de Laurent 14h37 :

------------------------
"3) La barbarie économique et la violence sociale sont actuellement ailleurs que chez nous, où l'état et le contribuable engraissent les pauvres, et même pas pour les bouffer. C'est bien le paradigme marxiste qui porte la responsabilité de ce qui se passe en chine. Si le capitalisme, fidèle à ses principes, exploite les chinois, c'est bien à leur récent passé marxiste que ces derniers le doivent. Je ne dirai qu'un mot : qu'ils crèvent ! Les pays où le marxisme n'est pas passé accèdent les uns après les autres à leur indépendance politique et économique, ce pourquoi il convient de féliciter l'OMC, qui y oeuvre avec constance et dévouement."
------------------------

En résumé, s’il y a des pays relativement pacifiés économiquement et socialement, c’est parce qu’ils redistribuent leurs richesses aux pauvres, tandis que les pays marqués par le marxisme ne font pas cette redistribution. Eh bien voilà un propos encourageant, qui donne crédit aux idées redistributives, taxe Tobin et autres propositions altermondialistes !

Blague à part, ce passage fait une catégorisation dont je me demande si elle ne renverse pas les termes du débats : soyez gentils de m’éclairer là-dessus.

L’enjeu de ce passage est de dresser une distinction entre la situation à l’intérieur de sociétés dites capitalistes et celles qui seraient d’obédience marxiste. Seulement, il construit la distinction en prenant deux cas particuliers : la France (implicitement dans ce cas) et la Chine, et met en relief leurs caractéristiques comme si celles-ci se généralisaient à tous les autres sociétés au sein de leurs catégories respectives.

Ainsi, la France est relativement pacifiée économiquement et socialement (encore que…), et cela serait dû à la redistribution des richesses. Mais le cas français et surtout l’explication donnée sont-ils généralisables à tous les pays capitalistes ? D’une part, les taux importants de pauvreté, de mauvaise santé et d’analphabétisme constatés aux Etats-Unis ou dans certains pays asiatiques en font douter. D’autre part, la redistribution pratiquée en France est-elle aussi généreuse dans les pays anglo-saxon, les pays asiatiques, etc. ? Je m’étais laissé dire que l’Etat-providence à l’œuvre chez nous était, comme des Brice Couturier ou des Henry Faÿ s’acharnent à nous le dire, une exception anachronique. Enfin, si la France connaît un système si peu répandu c’est pour différentes raisons dont, entre autres, le long attachement d’une grande partie de sa caste intellectuelle au marxisme et la longue influence du PCF structurant une classe ouvrière puissante et sa coexistence avec les gouvernements de l’Etat gaullien...

Quant à la Chine, Laurent explique que c’est le marxisme qui fait ce qu’elle est maintenant. Si le marxisme avait ce genre d’effet, on trouverait strictement la même situation en Russie, or ce n’est pas vraiment le cas. Les causes sont donc un peu plus nuancées. Mais surtout il suffit de voir à quel point les investisseurs du monde capitaliste aiment ce pays pour se convaincre que le capitalisme, y trouvant son compte plus que chez nous via les délocalisations par exemple, considère le climat chinois et tout l’exploitation y dénoncée par Laurent plus favorables à ses affaires…

Mais cela ne m’empêche pas de rejoindre Laurent sur les bienfaits de la redistribution, naturellement…



 
shhh

29/01/2006
19:23
re : L'intervention de Joel de Rosnay

La chine sort du pire régime tyranique qui soit. 60 millions de morts par famines, camps de travail, purges de toutes sortes, exterminations de régions entières, déplacements forcés.
Le dernier épisode connu, celui de la place Tienanmen, a encore fait quelques centaines de morts.
Et ce sont toujours les mêmes dirigeants.
Comment peut-on caractériser ce régime par le qualificatif de marxiste ?
Actuellement le régime au pouvoir est un peu plus laxiste et laisse la place à une corruption immobilière et une inflation énorme. Que je sache, ce n'est pas un régime démocratique, même si le despotisme s'y fait moins virulent.
Comment le dire: ce n'est pas, ça n'a jamais été, un régime marxiste. Ou alors Hitler aussi était marxiste.
 
LRDB

31/01/2006
01:11
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Ben vous avez raison tous les deux, mais l'URSS non plus n'était pas marxiste finalement. J'aurais du écrire "communiste" mais j'avais peur de me faire biper par Guy...

Sinon merci de ne pas vous foutre de ma gueule tous les deux je me lève tout juste avec une atroce gueule de bois ça n'excuse ni n'explique rien mais ça pourrait tout de même susciter je sais pas moi disons un peu de compassion de votre part...

La reine
 
Laurent Nadot

31/01/2006
03:27
Joie

Je constate avec joie que Nazdeb rejoint les rangs des comparatistes. Je ne connais pas de meilleure attitude intellectuelle que celle-là. Ce faisant (et non ce faisan) le voila bien capable de me faire changer de discours et peut-être même d'avis, car outre que sa culture et son intelligence ne peuvent qu'éclairer ma naïveté, il emploie enfin ici une langue théorique capable de se frayer un chemin dans les méandres de mon ciboulot.

Nous parlions donc des vertus de la redistribution et de ses effets sur la paix sociale. Vertus comparées selon les nations. Mais je me suis mal fait comprendre : tout d'abord dans ma mini-thèse du point (3) cité par Nazdeb, j'emploie l'expression "chez nous" pour parler non de la France, mais des pays riches de l'Europe de l'ouest. Navré d'avoir été européen . En revanche je ne me souviens pas d'avoir fait allusion aux USA. Si Nazdeb a cru que je parlais de la France, je ne comprends pas ce que les USA viennent faire dans la discussion. Pour ma part, je ne crois pas que je les aurais spontanément considérés comme un pays de redistribution. Il me semblerait plutôt que la paix sociale y est assurée par d'autres mécanismes, et que la violence qui existe là-bas est sans commune mesure avec celle qu'on trouve en Europe. Quant aux émeutes de Watts et de L.A. , je n’en minimise pas la violence (j’ai eu tort de le laisser croire) mais je ne crois pas à un effet sur le changement social profond. Pour comparaison je renvoie aux résultats obtenus par le Mouvement pour les Droits Civiques.

./...
 
Laurent Nadot

31/01/2006
03:46
Comparons, il en restera bien quelque chose...

En fait ma comparaison du point (3) portait plutôt sur une différence entre deux situations :

A) Première situation :
celle des pays démocratiques, où des rapports de force à peu près sainement gérés (je me permets d'employer ceci plutôt que "lutte des classes") ont abouti à un équilibre assez satisfaisant sauf pour les éternels insatisfaits excités par les éternels exciteurs. L'émission de Brice Couturier (15 aout 2006) a présenté un modèle de redistribution qui semble satisfaire la population socialiste d'un pays voisin (la Suède). Ce modèle semble coûter moins cher que celui qui est pratiqué en France, nous conduit à une dette record et donc à l'inéluctable abandon de notre confort social (sans parler du confort moral). Je suggère aux comparatistes de comparer les deux modèles : suédois et français. D'ailleurs c'est ce qui avait été fait au micro de l'excellent Brice Couturier avec les deux émissions du 8 aout (modèle social français à bour de souffle) et du 15 aout (modèles britannique et modèle scandinave), ainsi que dans le fil qui y a été consacré sur DDFC :
http://www.broguiere.com/culture/forum2/index.php3?lecture=3 350

./...
 
Laurent Nadot

31/01/2006
03:48
Lumière de l'humanité

L'autre situation :

B) celle des pays qui sortent difficilement, ou mal, ou pas du tout, de plusieurs générations sans démocratie. J'ai taxé ces derniers de "marxistes" par une bévue reposant sur mon inculture. Là bas la violence sociale ressemble à ce que nous avons vécu dans les siècles passés. Peut-être est-ce le prix à payer pour accéder au confort dont nous sommes actuellement repus, nous les européens. On pouvait espérer que ces tyrannies éclairées par la lumière du communisme, tireraient quelqu'avantage soit de leur science, soit de notre expérience. Il semble que ce n’ait pas été le cas.

Restons comparatistes : URSS et Chine sont bien sûr comparables, car la comparaison de deux choses consiste à en dresser la liste des différences et des points communs. Mais ça ne veut pas dire que tous les rapprochements soient pertinents. En l'occurrence, nous savons que le despotisme de l'URSS a muté bien avant celui de le Chine. Peut-être le rapprochement entre les deux serait-il recevable, si ni Glasnost ni Perestroïka n'avaient mené à l'effondrement de l'URSS en 1992 ? Auquel cas on assisterait aujourd'hui (peut-être) à un curieux décalage entre la Chine alliée au capitalisme international, et l'URSS de plus en plus déliquescente. Je trouve de tels jeux scénaristiques passionnants, mais je ne suis pas très doué pour les pratiquer. In fine, je crains que dans ces pays la paix sociale et le confort du même nom ne puissent survenir avant encore plusieurs générations. La violence y restera donc le mode de régulation politique principal.

Laurent
 
Nazdeb

31/01/2006
17:32
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Ca te va bien la gueule de bois dis donc...

A propos de violence :

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mardi 31 janvier 2006, 16h47
Californie: une ancienne employée de la poste abat six personnes et se tue

LOS ANGELES (AFP) - Une ancienne employée d'un centre de tri postal près de Santa Barbara (Californie, ouest) a tué six personnes dans la nuit de lundi à mardi dans les bureaux où elle travaillait, avant de se donner la mort sur place.
(...) La police n'a donné aucune information sur les motivations de cette fusillade, mais le journal Santa Barbara News Press souligne que l'employée avait été renvoyée du centre il y a deux ans.
(...) Au cours de ces dernières années, d'autres fusillades ont impliqué des employés de la poste américaine. Le phénomène a donné lieu à l'expression "devenir timbré" (going postal), faisant référence à un haut degré de colère et de frustration qui se transforme en explosion de violence sur le lieu de travail.

http://fr.news.yahoo.com/31012006/202/californie-une-ancienn e-employee-de-la-poste-abat-six-personnes.html



 
dom

05/02/2006
00:53
re : L'intervention de Joel de Rosnay

arf ya pas que moi qui fait terminer un fil en fait diver!

 
shhh

05/02/2006
07:00
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Dom, tu t'es fadé la lecture de tout ces fils ?
T'as vu ? on s'est fâchés, on se cause plus.
On se soupçonne maintenant de tous les vices: la confusion, le parti pris,le dogmatisme, le fascisme (de droite et de gauche) l'ignorance, le structuralisme, l'alcoolisme, peut-être même la syphilis.
Une saine discussion en somme.
T'as vu aussi ? on sait pas qui a raison. Je crois que c'est moi, mais les autres ne le croient pas.

 
dom

05/02/2006
11:44
re : L'intervention de Joel de Rosnay

oui, je me suis tapé tout les fils c'est pour ca que j'ai un peu "galeré" pour y répondre,
un constat on ne gere pas un pays d'un milliard d'habitants en le maintenant soudé de la même façon qu'un pays de 6 millions d'habitants, qui a raison? probablement personne au sens ou quelles solutions contre la violence du pouvoir, la incontestablement Laurent marque 1 point.
Mais renversons la question et pourquoi ce qui se passe chez nous mene a une dette, qui n'a pas specialement redistribuer les richesses et qui n'a pas prevenu l'avenir, et donc qui nous mmene aussi a la violence( par extrapolation le phenomene banlieue), c'est bien la poutre dans l'oeil que de voir la Chine et ne pouvoir se projeter chez nous, insidieusement le calcul politique continue a dire que c'est pire ailleur, Savant marketing du miserabilisme exploité par toutes les factions politiques, cela arrange tout le monde.
mais bon shh, cela n'a pas une grande importance d'avoir raison, ce qui importe d'avantage c'est surtout la communication et l'image que retiendra le cerveau du votant.

le miserabilisme ambiant
Laurent s'attaque a un tabou de la bien pensance a savoir le ramassi de laissés pour compte et sociopathe en tout genre, je vais en rajouter une couche en disant qu'il semblerait anormal dans notre société de ne pas etre atteint a un niveau quelquonque d'une tare amenant son congenere a pleurer sur son sort, ce qui nous mene a une veritable culture du miseroide a la quelle souscrivent les politique fautes de projets economiques, le pompon etant de pouvoir faire carriere dans ces millieux associatifs il serait d'ailleurs interressant d'auditer les cadres des ces associations et de comparer leurs revenus ainsi que le cout pour l'association.
bon voila bonne journée
 
shhh

08/03/2006
12:19
Plus du tout l'intervention de JdeR

Je reprends des bouts de fils ( effets pervers du CDI , mondialisation, enfin bref tout le bazar ), je le mets là, bof, fallait bien choisir un fil qui possède quelques familiarités avec le texte.

« L'outil qu'est la mise à plat du système d'interaction, est plus aisée pour décrire des processus reproductifs (stables, bouclés, auto-entretenus) que des processus de changements. La notion de rétroaction a tout de même permis de montrer qu'à côté des processus auto-régulés, il existe des processus cumulatifs (explosifs). Et la distinction entre input et output (notion de système ouvert) permet également de comprendre le changement, si l'on accepte de prendre en compte l'irruption d'agents venus de l'extérieur. »

Dans ce cas, et puisque nous ne discutons que d’un outil de réflexion, je veux bien qu’on en examine la pertinence. Si j’essaie d’utiliser les concepts décrits avec mon langage perso, je dirais que les processus stables bouclés et auto-entretenus alimentent le rêve d’un capitalisme sans heurts, et que les processus cumulatifs sont ceux qui déclenchent les crises, bien réelles celles-ci. L’irruption d’agents venus de l’extérieur, on touche là le problème de la limite. Tout système est limité, sans quoi il ne pourrait même pas être décrit comme un système. Le franchissement de cette limite alimente en fait le système, qui sans ça s’étouffe sur lui-même, ou implose.
Why not .
Mais c’est quand même là une méthode très bourgeoise, de faire semblant qu’il n’y a pas de point de vue. Et aussi de rendre mécanique un système qui est entretenu par des hommes. Ou la mesquinerie a une place importante, et qui n’est pas sans violences voulues.
D’ailleurs un point de vue objectif n’est là que pour servir un dessein. Etes vous d’accord ?
Les processus stables et auto-entretenus, franchement, à quoi faites vous allusion ? les relations humaines ne sont ni stables, ni auto-entretenues, tout au plus font-elles l’objet d’un consensus viable pendant un temps limité, mais toujours risqué.
Si vous voulez, autant l’économie me parait « naturelle », autant le capitalisme en est une forme optionnelle, choisie par ceux qui détiennent ou ont détenu le pouvoir.
Autrement dit, le mensonge (à ce qu’il me parait en tout cas) est de prétendre que la volonté des acteurs est totalement guidée par les évènements.

Cette description n’est pas non plus exempte d’idéologie. Vous me direz, aucune ne l’est. Mais il y a quand même une certaine mauvaise foi en inventant quelque chose qui relègue le pouvoir en dehors du système. Qu’il soit obligé de revêtir des habits différents suivant les nécessités de son objectif ne le change pas fondamentalement.
A mes yeux, le moteur de l’évolution reste de nature dialectique, et les actions-réactions, boucles, etc.… sont des technicisations de phénomènes provoqués par l’exercice du pouvoir.
C’est un peu la forêt qui cache l’arbre.
Rien ne garantit le mieux-être au bout du chemin. Rien ne garantit que la nature aime les hommes.

Faut voir.


 
dom

08/03/2006
23:33
re : L'intervention de Joel de Rosnay

aie, aie, je n'arrive pas a formuler, tu n'es pas facile a lire la
""Tout système est limité, sans quoi il ne pourrait même pas être décrit comme un système."" ok

""les relations humaines ne sont ni stables, ni auto-entretenues, tout au plus font-elles l’objet d’un consensus viable pendant un temps limité, mais toujours risqué."" ok""

""A mes yeux, le moteur de l’évolution reste de nature dialectique, et les actions-réactions, boucles, etc.… sont des technicisations de phénomènes provoqués par l’exercice du pouvoir.""
la c'est moins clair, d'accord pour l'action réaction, mais le pouvoir c'est vague au sens ou politique et finance font deja deux pouvoir plus ou moins distinct, si ils sont lié a un pays en tant qu'un, ils peuvent diverger avec ne serait ce que les interets religieux.
donc cela doit etre l'exercice des pouvoirs

 
shhhh

09/03/2006
08:47
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Bon, j'essaie de préciser: toutes ces actions-réactions, ou boucles etc.. qui tendent à une image très complexes du système socio-économique, et c'est vrai qu'il l'est, ou du moins, qu'il échappe à une description unique, me semblent en fait plus hiérarchisées que l'analyse systémique ne le prétend.
Il suffit parfois d'un mouvement pour déclecher en chaîne une série de réactions dans tous les sens. Mais la clé de la description est quand même dans l'appréhension du mouvement initial. Ou si tu préfères mon opinion, est qu'il y a des gestes, ou des décisions, heureuses ou malheures d'ailleurs, qui génèrent une apparente confusion. Et ce sont ces décisions qui sont éludées par l'analyse que propose Laurent. Ce qui est à l'origine, il importe de le reconnaître, davantage qu'en constater les effets.
C'est la question par exemple, qui prend ou ne prend pas la décision du CPE, mais qui navigue dans l'inconnu, noyé par un brouillamini d'influences diverses et de peurs.

et à part ça:
Et chez Noos, j'en profite pour le dire, c'est totalement anarchique comme organisation, et ça les rend complètement inopérants pour résoudre notre panne de secteur depuis 10 jours maintenant ( pardon, ça n'a rien à voir, mais faut le dire c'est un peu symptomatique aussi des problèmes que tu décrivais, Dom).

 
LN repond - 0

09/03/2006
13:20
Je vais répondre, et ca sera long...

Réponse à la contrib de Shhh hier à 12h19 :

je crois au contraire que l’intervention est tout à fait la suite de la discussion sur l'intervention de JdRosnay. Sa "pensée", non le mot est trop fort, disons plutôt sa méthode d'analyse, gagne à être décortiquée et critiquée. Je réponds donc à Shhh mais ça va prendre de la place. Je ferai ma réponse en plusieurs contribs :
 
LN repond - 1

09/03/2006
13:21
L'outil, - Ses utilisateurs

<< L’outil alimente le rêve du capitalisme sans heurts progrès... >> .

Certes. Mais il alimenterait pareillement tout autre rêve, tableau, analyse, ou idéal social : rêves de fraternité, de société stable, de progrès humain en l'absence de monnaie, pourquoi pas. D’ailleurs l’écologie doit beaucoup à la méthode systémique. L’écologie, nourrie de connaissances techniques, est une discipline qui tout à la fois déploie une pensée critique et propose un idéal, un futur souhaité, des lignes d’action etc. Elle s’appuie sur l’outil descriptif et spéculatif qu’est la systémique : complexité, systèmes ouverts ou systèmes fermés, systèmes stables ou évolutifs, rétroactions dans le sens de l’amortissement ou dans le sens de l’explosion, etc.. Et surtout elle se veut globale. La systémique a une forte composante holistique (j’y reviendrai).

Cela dit, ça n’est pas l’outil qui manque de neutralité, c’est l’utilisateur. Vous objectez que << un point de vue objectif n’est là que pour servir un dessein >> et vous me demandez si je suis d’accord. Ce à quoi je réponds que oui, et que bien sûr c’est l'intention qui pèse. L’utilisateur de cette analyse systémique, il poursuit bien sur ses objectifs : étayer sa vision du monde, établir son rêve dans la réalité. Mais ce faisant, il use d’un langage commun, accessible à d’éventuels contradicteurs. S’il poursuit son rêve au mépris des réalités ou des cadres moraux, il trouvera à qui parler, et dans le langage même de la systémique. Si le lien avec la morale vous intrigue ou vous fait hausser les épaules, posez moi la question et je répondrai, ou plutôt j’essaierai.

./..
 
LN répond - 1

09/03/2006
13:22
L'outil - Ses utilisateurs (suite et fin)

La systémique est un langage de description assez facile à apprendre et d’un bon rendement. Il ne subsume pas les autres langages, ni les différent secteurs du savoir, mais il apporte une unification et une clarification fort utiles. Mais sous réserve de l’ouverture du dialogue et de la lucidité idéologique (pardon de dire un tel gros mot sur DDFC) . Or ce sont là des propriétés de la science : langage commun, ouverture du débat, contrôle par les pairs. J’explique ainsi le succès de l’écologie qui, si elle ne se laisse pas déborder par le sentimentalisme (fort utile au demeurant) ou par le communisme recyclé (porteur d’une grande énergie), me semble être une innovation idéologique-politique des plus importantes, et des plus aptes à nous rendre l’optimisme nécessaire à l’action. Tout cela est en germe dans « L’économique et le vivant ».

Je ne dirais qu’un mot : essayez, ça marche !!

./...
 
LN répond - 2

09/03/2006
13:23
Sur le déterminisme

Je regroupe ici un ensemble de remarques :
- << prétendre que la volonté des acteurs est totalement guidée par les évènements. >>
- << des technicisations de phénomènes provoqués par l’exercice du pouvoir >>
- << en inventant quelque chose qui relègue le pouvoir en dehors du système >>
- << le capitalisme est une forme optionnelle de l’économie, forme choisie par ceux qui détiennent ou ont détenu le pouvoir >>

Tout en précisant (sans en dire plus) que je suis d’accord avec le dernier encadré, je crois que la question, ici c’est le niveau de décision, l’origine du pouvoir, et de façon plus large, le déterminisme. La systémique a en effet un penchant holiste dont il faut se garder. L’auteur de la Théorie générale des Systèmes n’y a d’ailleurs pas échappé, et il n’a peut-être produit qu’un holisme de plus. A le lire, on ne trouve parfois rien de plus que l’esprit de la ruche. C’est dommage. Mieux vaut lire, par exemple « La parole et l’outil », ou encore « La nouvelle grille » qui tous deux proposent un holisme tempéré. Avec des bourdes, eh oui. Mais à part Lionel et Guy, qui n’en a jamais écrit, des bourdes ? Ni vous, ni moi, n’est-ce pas ?

La méthode systémique vise à clarifier, mais elle ne dit jamais d'avance d'où vient la détermination : extérieure aux acteurs (ça arrive) ou interne (ça arrive), mixte à dominante interne, mixte à dominante externe, multicausale. Aucune TDS ne dit rien d'avance, car la TDS est seulement l'outil de diagnostic, qui met de l'ordre dans l'observation. Il faut reconnaître que c’est fréquemment un outil plutôt statistique ou macrosociologique (j’y reviendrai) qui opère volontiers sur les grands nombres. Ceci parce qu’il ne prétend pas dire comment fonctionnent tous les acteurs de tous les réseaux, mais comment fonctionne le système global. Cela dit, la systémique n’est nullement un enfermement dans la macro-analyse (cf point suivant).

./...
 
LN repond - 2

09/03/2006
13:24
Sur le determinisme (suite et fin)

./..En fait, si l’outil systémique bien employé ne dit pas d’où vient la détermination, c’est parce qu’il éjecter presque toujours la causalité unique, je veux dire par là : une causalité venant d’une seule source, et à sens unique. Dans de tels cas, les paradigmes plus simples suffisent à expliquer les choses. La systémique est utile dans les autres cas, car elle s’intéresse aux phénomènes complexes. Le systémiste virulent ira jusqu’à arguer que tout phénomène quel qu’il soit résulte de plusieurs décisions prises à plusieurs niveaux. Peu importe qu’il y ait là un excès ou non (« tout phénomène »), voyons plutôt si le principe d’analyse est efficace, utile, pragmatique, intellectuellement esthétique. Et en effet, le propos de la systémique est de tenir compte des différents niveaux d’organisation, dont l’ensemble compose précisément le système. Ce dernier n’est aucunement réductible au contexte englobant : il est l’ensemble global composé par le niveau d’organisation étudié, avec ses décisions internes, et à quoi il faut ajouter les contrainte externes (qui sont parfois des décisions, parfois des contraintes physiques ou biologiques).

Bien employé, la méthode systémique devait permettre d’échapper à tout réductionnisme. Elle n’est donc pas un biologisme, au contraire : elle étudie le vivant sans se réduire à la biologie (Laborit est biologiste, mais sa systémique tient compte de beaucoup d’autres disciplines). Elle n’est pas non plus un sociologisme (réduction holistique : les acteurs seraient sans pouvoir et dans une système qui les commanderait), ni un psychologisme, ni un économisme etc etc. Par définition la systémique est interdisciplinaire. Il fut un temps où ce mot là était neuf, avant de devenir aujourd’hui un cliché sans contenu et une scie sans dents. Ce terme, précisément, fut neuf parce que des systémistes l’avaient introduit dans la pensée moderne...

./...
 
LN repond - 3

09/03/2006
13:25
Types de processus

<< les processus cumulatifs sont ceux qui déclenchent les crises, bien réelles celles-ci >>
<< Les processus stables et auto-entretenus, franchement, à quoi faites vous allusion ? les relations humaines ne sont ni stables, ni auto-entretenues, tout au plus font-elles l’objet d’un consensus viable pendant un temps limité, mais toujours risqué. >>

La stabilité est toujours locale : locale dans le temps, et locale dans l’espace. Un couple tient jusqu’à ce qu’il éclate où jusqu’à ce qu’un des deux décède. Oui. Tant qu’il tient, on dit pourquoi, et comment. Quand il éclate, on dit pourquoi, et comment. C’est tout. Le contrat épistémique est là. Car dans les deux cas, le systémiste a des choses à dire : les forces de cohésion, la régulation, l’emportent sur les forces de séparation, l’explosion. Il faut dire quelles sont ces forces, sinon c’est une rhétorique un peu vide. Pas si vide que ça, en fait : rien que de poser cette banalité « cohésion/séparation » ça oriente l’analyse. Si ça c’est pas de la dialectique, alors je ne sais pas ce que c’est, car les deux types de forces puisent dans des éléments très voisins, souvent liés. C’est cette tension qui intéresse la systémique, que Morin a essayé de clarifier dans la Méthode. Sa clarification a pris 20 ans et plusieurs milliers de pages (sans compter les renvois, notes, références). Tu parles d’une clarification !!

Maintenant, des phénomènes localement stables, vous en avez une foule autour de vous : une famille, une entreprise, une ville, sont des phénomènes stables. Ils maintiennent leur structure. Un accord syndical, un consensus, un contrat, une discussion, et parfois même une guerre interminable, sont des processus stables. N’osant plus préconiser la lecture du Macroscope, je renvoie à deux chapitres de Raymond Boudon dans « la logique du social » (chapitres 5 et 6). Certes la stabilité n’est qu’une étape provisoire dans un processus historique. Si cette conception de la stabilité comme absence de changement vous semble douteuse, posez moi la question car je sais bien que tout ça est lapidaire. Je répondrai ou j’essaierai d’y répondre.

./...
 
LN repond - 4

09/03/2006
13:26
Le niveau humain (début)

<< une méthode très bourgeoise, de faire semblant qu’il n’y a pas de point de vue. Et aussi de rendre mécanique un système qui est entretenu par des hommes >>
<< les relations humaines ne sont ni stables, ni auto-entretenues, tout au plus font-elles l’objet d’un consensus viable pendant un temps limité, mais toujours risqué. >>

Bourgeois ? Je ne vois pas le lien, pardonnez moi.
Mais « faire semblant qu’il n’y a pas de point de vue », ça n’est pas toujours le cas.

Quand la systémique s’applique aux sciences du macro (macro économie, macro sociologie, écologie) alors les points de vue individuels disparaissent dans l’aggloméré des tableaux statistiques. Comment faire autrement ? En effet René Passet, dans « L’économique et le vivant », ne fait pas de psychologie. Ca ne suffit pas à invalider le bouquin.

Quand la systémique s’applique à l’interaction (c’est le cas de tout l’héritage de Bateson à Palo Alto) c’est rigoureusement l’inverse : le point de vue des acteurs est au centre de l’analyse. La composante holistique se dissout, et c’est l’individualisme qui prend le dessus.

Dans les deux cas (micro ou macro), il s’agit pourtant bien de systémique, puisque l’analyse met en oeuvre des concepts identiques ou voisins (cf liste plus haut : systèmes ouverts, stabilité etc). Dans tous les cas, quel que soit le ou plutôt les niveaux de l’étude, on tient compte des différents niveaux d’organisation qui sont impliqués dans le phénomène qu’on veut comprendre. Il existe généralement un niveau-clé, celui où il est plus pertinent de commencer l’analyse. Et il existe d’autres niveaux qu’il n’est pas pertinent de prendre en compte. Lesquels ? Posez la question si vous le voulez, et j’y répondrai ou plutôt j’essaierai.

./...
 
LN repond - 4

09/03/2006
13:27
Le niveau humain (suite et fin)

Alors pour en revenir à votre objection : une sociologie qui se voudrait systémique et qui ne tiendrait pas compte des agents individuels, tomberait dans l’excès holistique. C’est précisément le reproche qu’on peut faire à celle d’un Bourdieu, qui était sûrement plus malin que cela, mais qui, face aux objections, répondait que les paroles de ses adversaires sont socialement déterminées mais qu’ils en sont inconscients. Cette flèche, qui lui servait à détourner les objections, n’était nullement étayée, mais posée comme un postulat. En outre elle ne répondait pas à la question. (cf la discussion avec Laure Adler au Cercle de minuit. Ce jour là, plus d’un télespectateur a pu enfin liquider ses résidus Bourdieusiens). On reconnait là une méthode éprouvée sur DDFC : répondre sur l'homme (et avec une pertinence douteuse) mais non sur la question. Je n'en dis pas plus...

Cela dit, la sociologie systémique, je ne suis pas certain que ça existe. Du côté de l’excès holiste, il y eut le fonctionnalisme d’un Parsons. Tempéré par Merton heureusement, mais ce dernier, justement, renonce à poser un tableau général, et propose un « fonctionnalisme à moyenne portée ». Les rares pages de sociologie systémique que je connaisse sont dues à Morin (dans « Pour sortir du XXème siècle », mais je crois bien que c’est tout), quelques chapitres de « La logique du social » (Boudon), et puis l’Analyse Stratégique de Michel Crozier : dans les deux cas, on tient compte du comportement individuel, des décisions, des contraintes du système, de l’ensemble des liens entre les acteurs impliqués, de l’influence du contexte englobant (quand c’est pertinent). Le système, là je suis d’accord avec votre remarque, a une prégnance mécanique forte. Mais l’homme n’en est pas exclu : il vit à l’intérieur de cet environnement dont il est un élément, doté de sa propre décision, de ses désirs, de ses projets. Si ces derniers sont assez forts, il arrive qu’il puisse modifier en partie le système : un inventeur peut proposer une innovation qui va rendre caducs des organes entiers de l’ensemble (parfois on l’exécute pour ce forfait, d’ailleurs). Berf il y a bien sur des novateurs qui réussissent. Mais pour susciter des changements importants, il faut que ces changement soient compatibles avec les forces internes du système. Ces forces peuvent être la recherche de l’intérêt, ou du pouvoir, par exemple. Il faut aussi, bien souvent sinon toujours, qu’existe un groupe capable d’agir (groupe qu’on identifie parfois à tort à son leader). Il faut encore que l’inertie fonctionnelle du système (sa cohérence) soit moins forte que l’énergie potentielle contenue dans l’innovation. Si ce résumé lapidaire n’est pas clair, posez moi une question, j’y répondrai ou plutôt j’essaierai d’y répondre.

./...
 
LN repond - 5

09/03/2006
13:28
La nature

<< Rien ne garantit le mieux-être au bout du chemin. Rien ne garantit que la nature aime les hommes. >>

Eh oui. Rien ne garantit rien. Le pari est que si les sociétés humaines existent, elles ont une force et un pouvoir de création, et aussi un pouvoir de nuisance, aussi, elles ne commanderont à la nature qu’en lui obéissant. Il y a bien deux grandes forces sur la planète : les hommes, la nature. La systémique nous dit que la seconde est un cadre contraignant, qui encaisse pas mal d’agitation interne, mais réagit un peu partout, et les réactions peuvent se retourner contre ceux qui s’agitent dans ce cadre.

Mais c’est sans intention de sa part. La systémique nous dit aussi que les seconds (les hommes) sont dotés eux, de conscience et d’intentions. Et que s’ils veulent survivre, ils doivent penser mieux leurs rapports avec ce cadre contraignant qu’est la planète. Ils ne pourront survivre qu’à ce prix. C’est pas un scoope, je sais, je sais.... D’ailleurs très souvent, la systémique s’en tient au niveau de clarification de ce qui apparaît alors comme des truismes. Mais l’histoire des hommes nous enseigne que ce qui est un truisme à notre époque n’en était pas un il y a quelques dizaines d’années. Dans le cas contraire, on n’en serait pas là. Une pensée systémique qui eut anticipé tout cela nous eut peut-être évité des catastrophes écologiques, me dira-t-on. Mais c’est précisément ce qu’elle a fait, avec les rapports du club de Rome, au début des années 70... (Rapport Dennis Meadows, Modèle de Forester, Modèle de Mesarovic).

./...
 
LN a repondu

09/03/2006
13:32
Sortie du tunnel...

Voila, j’ai répondu. Navré pour la longueur. J’ai tenté de rendre le tout lisible, d’abord en laissant reposer toute la nuit puis en élaguant avant de publier. Ensuite en fractionnant pour que ça ne donne pas un gros pavé de 10 pages.

Je me doute bien que ça contient encore pas mal de redites et aussi des truismes, et encore des carences diverses (passages peu clairs, apparemment incohérents car insuffisamments détaillés, explications manquantes etc). Mais je ne sais pas quelle discussion pourrait y échapper. Je demande à Guy de ne pas ajouter son grain de sel avant d’avoir lu et compris disons une des idées contenues dans le texte. Et si possible de répondre sur cette idée et non sur autre chose (BHL, la planète Titan, Beria, la Trilatérale), sinon il va encore écrire une bétise dont on n’a pas besoin ici.

Merci de m'avoir lu.

Laurent

 
shhh

09/03/2006
14:23
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Pour le moment je ne réponds qu'à un point, le reste faut encore que je le considère de plus près d'abord, de plus loin ensuite.
"Bourgeois ? Je ne vois pas le lien, pardonnez moi."

C'est plutôt une référence historique, dans le développement de la science. La bourgeoisie a entrepris de séparer la connaissance du divin, et y a d'ailleurs réussi. Pour ce faire, elle a objectivisé la nature. Elle a permis que la question de savoir ce qu'est l'air que nous respirons ne soit plus une question absurde. Bien. Elle tente d'en faire autant pour des phénomènes qui touchent aux relations sociales, ou encore plus près du point sensible: ce qui touche à l"âme" (ou quoi que ce soit qui nous confère notre qualité humanoïde). Dans cette science là, tout mouvement, tout acte, est quantifiable, prévisible ou résultant.
Autrement dit cette science là, se met en dehors de l'objet qu'elle étudie, c'est sa différence d'avec un savoir religieux.
L'effort est louable, mais le résultat n'est pas toujours probant, même si la connaissance a avancé sur ces aspects. Mais toutefois pas avec la même efficacité que pour les sciences dites dures.
De là, on est très tenté de parler d'une réification de l'homme par une science que je qualifie de bourgeoise (le terme n'est pas toujours péjoratif).




 
shhh

09/03/2006
15:05
re : L'intervention de Joel de Rosnay

"Quand la systémique s’applique aux sciences du macro (macro économie, macro sociologie, écologie) alors les points de vue individuels disparaissent dans l’aggloméré des tableaux statistiques. Comment faire autrement ? "
C'est de ses malheurs, faisant cela elle perd une quantité notable d'informations. Mais finalement c'est aussi bien. Je préfère.
Bon à plus, je vais boire un coup (pour la vision de loin, c'est mieux).
 
shhh

09/03/2006
17:12
re : L'intervention de Joel de Rosnay

En tout cas merci pour cette explication.
Mais je reste méfiante, je trouve qu'il y a quand même pas mal de présupposés, sur une cohérence interne par exemple, ou sur la supposition que le système puisse anticiper, ou s'autocorriger.
Si vous constituez un système trop complexe, le grain de sable ( que pourrait être la méconnaissance ou la sous-estimation) d'un élément fiche tout en l'air.
J'ai en mémoire les espérances sur l'intelligence artificielle, et la désillusion qui a suivi.
Je préfère n robots ménagers qu'un seul, qui regroupe tout. Comme ça si je ne peux pas faire une purée, je peux toujours envisager de râper des légumes (ça, c'est l'effet warsteiner).


 
shhh

10/03/2006
08:26
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Quelque chose manque dans l'outil systémique, c'est l'art. Il me semble qu'il échappe aux définitions ou aux contraintes.
Quelle place lui faites-vous ?
Est-ce que vous ne craignez pas à l'arrivée, une sorte d'indifférenciation des éléments du système ?
 
shhh

10/03/2006
11:03
re : L'intervention de Joel de Rosnay

J'y vais par petites touches, c'est plus facile.
"Dans tous les cas, quel que soit le ou plutôt les niveaux de l’étude, on tient compte des différents niveaux d’organisation qui sont impliqués dans le phénomène qu’on veut comprendre."

Dans l'étude d'un phénomène, il y a aussi la durée. On ne comprend pas le même fait d'une époque à l'autre de la même façon ( ce qui rejoint un peu l'objection du point de vue), et même la compréhension peut disparaître, (personne ne sait aujourd'hui expliquer un tableau de Bosch). Il n'y a pas vraiment de neutralité possible. D'accord, mes objections sont de l'ordre de la méta-science, toutefois si nous n'inscrivons pas dans une explication ce facteur de "possiblement faux", nous fermons le système. Plus d'input ni d'output, et plus cette légère déviation de sens qui parfois inverse l'éclairage.
 
shhh

10/03/2006
11:21
re : L'intervention de Joel de Rosnay

"Et que s’ils veulent survivre, ils doivent penser mieux leurs rapports avec ce cadre contraignant qu’est la planète. Ils ne pourront survivre qu’à ce prix. "

Il y a eu diverses formes de contrainte de la nature aux hommes. Elles se sont exprimées à travers les mythes.
Celle qui prévaut aujourd'hui, c'est la raréfaction possible des ressources énergétiques, et divers inconvénients écologiques, mais ce ne sont des contraintes que si l'on suppose que les échanges marchands suivent toujours le modèle actuel. A la limite, s'il n'y a plus de pétrole, dans quelle mesure est-ce réellement un problème ? et pour qui ? Voilà qui n'est pas si clair que ça. Ou du moins, ne nions pas que le problème n'est posé que dans la perspective d'une continuité de la courbe de production, et c'est là aussi un mythe. Donc cette analyse ou cet outil systémique, comporte lui aussi sa part de présupposés, dont n'est-ce pas, on aimerait bien s'affranchir.
 
guydufau

10/03/2006
12:51
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Je ne vais pas m'abstenir de mettre mon grain de sable au titanesque dialogue LRDB-Shhh
Seul pour le moment dom s'y est aventuré:
dom
08/03/2006
23:33 re : L'intervention de Joel de Rosnay
aie, aie, je n'arrive pas a formuler, tu n'es pas facile a lire la
""Tout système est limité, sans quoi il ne pourrait même pas être décrit comme un système."" ok

ok approuve dom
Patatras, ça contredit le fameux théorème de Godel : tout système ne peut être cohérent et complet.

L'échange LRDB-Shhh c'est mieux qu'un combat de noirs dans un tunnel, c'est le système systémique systématiquement utilisé jusqu'à plus soif, c'est la migraine assuré pour qui veut tout lire.

 
LRDB

10/03/2006
13:00
remembrances

Ca me rappelle qu'on trouve dans l'Album Zutique un poème de Rimbaud, intitulé "Les remembrances du vieillard gâteux". Je crois qu'une évocation de l'Album Zutique serait la bienvenue sur DDFC. Après Fénéon, ca agrémenterait
agréablement ce forum d'agrément...

Mais répondons à la contrib de Guy :

Bref tu n'as rien à dire.
Dans ce cas, pourquoi l'ouvrir ?
C'est la question que je me pose à ton sujet depuis l'automne 2003.

Ta reine

Je préfère ajouter quelques points à ce que dit Shhhh :


 
shhh

10/03/2006
13:07
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Laurent, c'est pour de telles références que je vous pardonne tout...

 
LN

10/03/2006
13:19
Quelques réponses à Shhh

a) sur la science bourgeoise (14h23) : ah merci, je comprends mieux le mot. Mais dans ce cas, quelle entreprise de connaissance échappe à ce qualificatif de bourgeois ?

b) l'analyse macro (15h05) : eh oui, elle a ses défauts. Mais elle n'interdit nullement son complément, la micro-analyse. C'est ce que fait la sociologie d'ailleurs micro et macro. L'économie aussi. Je ne crois pas que la systémique soit en cause. Sinon on peut aussi faire le raisonnement inverse, et juger que la chimie ne tient pas compte de la physique, juger que la psychologie ne tient pas assez compte de la dynamique sociale et même de l'histoire. Je ne crois pas que ce soit un reproche, finalement. C'est peut-être ce que veulent dire les derniers mots de la contrib de Shhh.

c) Le grain de sable (17h12) : ce point a été évoqué notamment à 13h27. Si un grain de sable désorganise un système, c'est que ce dernier était en effet très instable. Les systèmes mécaniques (les moteurs thermiques, les mécanismes à échappement etc ) ne subsistent que parce qu'il y existe ce qu'on appelle du "jeu" c'est à dire des marges de fonctionnement à tous les niveaux.

d) L'intelligence artificielle et les appareils domestiques (17h12) :
Les systémistes n'y ont pas tellement cru, à l'intelligence artificielle. Au contraire dans ses cours, Lussato appelait cela "de la stupidité bien imitée", notamment en faisant référence au programme de conversation ELIZA de Joseph Weizenbaum, lequel ne l'avait d'ailleurs conçu que pour montrer l'absurdité. Par une ironie de l'histoire, c'est effet inverse qui s'est produit. Edgar Morin et JdRosnay ont toujours été plus prudents, en qualifiant l'ordinateur non de cerveau concurrent, mais de cerveau auxciliaire, capable d'effectuer mieux que nous certaines opérations (mémoire, classement, certains calculs) à condition encore d'être bien maniés, et sans préjudice de ce que nous gardons en exclusivité : l'émotion, l'imagination, le jugement, le sens, la décision.

Ce que vous dites des appareils illustre une des propriétés que la systémique a fait apparaitre : la notion de modularité. D'ailleurs l'écriture des programmes informatique s'est modularisée, n'est-ce pas ? La systémique est en phase avec le courant "small is beautiful", et aussi avec la décentralisation. Non qu'elle en fasse des options doctrinales, mais il se trouve que l'analyse syst. appliquée à un problème donné, mène assez couramment à un diagnostic préférentiel pour des solutions aussi exactement dimensionnées que possible (le principe de subsidiarité en est d'ailleurs un exemple). On ne peut pas toujours en dire autant de l'art de l'ingénieur, ni de la politique.

L.
 
shhhh

10/03/2006
13:35
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Pour ce qui est de l'écriture des programmes, en informatique: deux orientations, l'une la modularisation (chacun développe son bout de programme, et il y a un consensus sur les entrées et sorties), l'autre au contraire une écriture très linéaire, à cause du parallélisme des calculateurs (calcul intensif), parce qu'il faut chaîner l'entrée d'un programme avec la sortie du précédent.
Pour le a), oui actuellement pratiquement aucune science ne peut se départir de la séparation d'avec son objet, même si on aboutit à de méchantes surprises.
 
shhh

10/03/2006
13:41
re : L'intervention de Joel de Rosnay

b) les changements d'échelle ne sont pas faciles, et même je ne sais pas si on y a abouti. Ca me paraît bien prétentieux.
c) Il faut que la possibilité du grain de sable existe, pour que la connaissance avance, pas comme dans le processus industriel ou au contraire il ne faut pas qu'il intervienne. De quel côté nous plaçons nous ? celui de la connaissance ou celui de l'efficience ?
 
shhh

10/03/2006
15:34
re : L'intervention de Joel de Rosnay

"Car dans les deux cas, le systémiste a des choses à dire : les forces de cohésion, la régulation, l’emportent sur les forces de séparation, l’explosion. Il faut dire quelles sont ces forces, sinon c’est une rhétorique un peu vide. "
Mine de rien, c'est une vision un théologique. Duale.
 
shhh

13/03/2006
07:59
re : L'intervention de Joel de Rosnay

"Il existe généralement un niveau-clé, celui où il est plus pertinent de commencer l’analyse. Et il existe d’autres niveaux qu’il n’est pas pertinent de prendre en compte. Lesquels ? Posez la question si vous le voulez, et j’y répondrai ou plutôt j’essaierai."

Oui, je pose la question.
Comment fait-on pour démarrer une analyse, sans avoir en tête le but poursuivi, ou la certitude qu'on veut imposer ?

 
LN répond

14/03/2006
00:03
à Shhhh 8h26 le 10-03

<< Quelque chose manque dans l'outil systémique, c'est l'art. Il me semble qu'il échappe aux définitions ou aux contraintes. Quelle place lui faites-vous ? >>

Réponse :
L’art serait un objet d’études pour la systémique, plutôt qu’un outil d’analyse. Il me semble qu’en tant que manifestation à la fois humaine et sociale, il ne saurait échapper complètement aux définitions, non plus qu’aux contraintes sociales et psychologiques. Ce qui me semble limité apr anture, c’est le discours sur l’art, parce que ce dernier échappe in fine au langage. Mais échapper au langage ne veut pas dire être totalement indescriptible, ni échapper à tout discours. La pluralité des regards qu’on peut porter sur une oeuvre (technique, esthétique, symbolique, psychologique, sociologique) ne ressortit pas spécialement à la sytémique. Mais ne l’évacue pas non plus.

Partons de l’objet : si l’oeuvre d’art est une production, alors rien n’interdit de l’analyser en tant que telle, comme un objet produit par un système qui comprend des acteurs divers et des champs de force : artistes galeristes critiques commanditaires spectateurs clients historiens sommes d’argent subventions dotations mécanismes fiscaux modes esthétiques idéologies. Le tout compose le réseau qui explique sinon le sens d’une oeuvre, du moins une bonne partie de ses propriétés. Ensuite la description reste ouverte, dotée de sa propre incomplétude. Mais elles toujours plus complète qu’une vision mono-dimensionnée.

On peut tenter d’analyser l’information dont l’oeuvre est porteuse, selon plusieurs modes ou phases : psychologique, sémiotique, symbolique, etc. Ce que faisait Lussato dans ses cours de systémique, d’ailleurs. Sur les traces d'Abraham Moles. Mais c’était plus pour illustrer les finesses de sa théorie de l’information (car selon lui la production artistique est située au niveau d’information le plus élaboré et le plus aggloméré : sur le continuum de complexité, l’art est situé à l’extrémité opposée à celle où se trouve le bit). De façon générale, il avait aussi recours occasionnellement à une oeuvre ou à une théorie de l’un ou l’autre artiste, pour illustrer par analogie certains concepts systémiques assez proches de la mécanique : résistance, tension, ouverture, fermeture, diversité, variété. Appliqué à l’espace des significations, c’est une mécanique complexe.

 
LN répond

14/03/2006
00:05
à Shhh 8h26 le 10-3 derechef

<< Est-ce que vous ne craignez pas à l'arrivée, une sorte d'indifférenciation des éléments du système ? >>

Réponse :
L’indifférenciation n’est pas à craindre. Elle doit être assumée et gérée avec pertinence. Je m’explique : un système est décrit par l’inventaire des éléments qui le composent et des relations qui existent entre eux. La nature de chacun de ces éléments et relations doit être aussi finement précisée et décrite qu’il sera possible et utile de le faire.

Application : dans un système vivant bien étudié, les organes seront différenciés et, à l’intérieur des organes, les cellules sont elles aussi différenciées. Ceci est le versant analytique de la systémique. Dans son versant synthétique, elle se penche sur le fonctionnement d’ensemble, les mécanismes, les rétroactions. A ce moment en effet, une partie de la nature des éléments passe au second plan, mais elle reste une nécessité de la description.

Inversement, il y a des propriétés ou des lois systémiques qui apparaissent avec le nombre et ne dépendent plus (ou peu) de la nature des éléments. C’est le cas des effets de masse, par exemple dans la loi de Mason Hare, dans celle la Variété requise (Ashby), et même de la loi de Pareto (loi des 80/20). Si l’indifférenciation est parfois pratiquée, c’est aussi parce qu’au niveau macro, elle permet la description. Dans le cas contraire, la règle de pertinence commande de pousser l’analyse aussi loin qu’il est jugé utile de le faire. Ainsi quand on applique ou qu’on discerne l’application de la loi de Pareto, on distingue bien entre les catégories. On poussera jusqu’à l’individulisation si c’est nécessaire, mais ce ne peut être le cas qu’au fur et à mesure qu’on tend vers la micro analyse.

Ici encore tout dépend du phénomène : le mécanisme du cancer est semblable dans les différents organes, tandis que ceux de la morphogénèse sont très individualisés. Je sais que ces deux exemples ne sont pas neutres, puisqu’il s’agit précisément de masse et de différenciation, mais précisément ça donne aux exemples leur vertu descriptive.
 
LN répond

14/03/2006
00:06
à Shhhh 11h03 le 10-03

Sur la durée, le point de vue, et sur la neutralité.

(Le temps est une des dimensions de l’analyse, car celle-ci se veut dynamique).
La systémique étant un regard fortement contextualisé, le cadre temporel (l’époque) est très important. Mais le temps, le moment, ne sont qu’une dimension du Cadre d’analyse. Il y a une sorte de proverbe systémique qui dit « le contexte fait partie du phénomène ». Encore un truisme me dira-t-on. Eh oui, maintenant c’est est un. Ce ne fut pas toujours le cas.

La neutralité est un idéal. Inatteignable. Le chercheur conserve sa part d’arbitraire. Mais le regard systémique est fondamentalement relativiste : l’importance du contexte est telle, qu’on envisage toujours d’avoir incomplètement circonscrit le système, ou pire : qu’il ait évolué depuis la dernière étape de l’analyse.

C’est même un des dangers de la systémique : tourner sans fin dans l’analyse, avec le doute d’avoir négligé un élément. Ou pire : se complaire dans l’analyse et retarder l’action. La systémique est un bon outil au service de la praxéologie, à condition encore que le but soit l‘action...
 
LN répond

14/03/2006
00:07
à Shhh 11h21 le 10-03

<< ... Donc cette analyse ou cet outil systémique, comporte lui aussi sa part de présupposés, dont n'est-ce pas, on aimerait bien s'affranchir. >>

Entièrement d'accord. Il n’y a pas d’analyse sans présupposé. Le chercheur conserve sa part de décision et même d'arbitraire. De même qu’il n’y a pas de phénomène sans contexte. La systémique ne permet pas d’échapper à l’incomplétude. Elle n’est pas une transcendance. C’est déjà beau qu’elle permette de voyager de niveaux en méta-niveaux. Mais ce sont des niveaux factuels, et même plus : vivants.
 
LN répond

14/03/2006
00:09
à Shhh 13h41 le 10-03

b) << les changements d'échelle ne sont pas faciles, et même je ne sais pas si on y a abouti. Ca me paraît bien prétentieux. >>

Je ne suis pas certain de comprendre cette remarque : le changement d’échelle, c’est le principe de subsidiarité. On change d’échelle chaque fois qu’on explique (même partiellement) un fait par une détermination découverte à una uter niveau : dans le contexte (découverte d’une détermination externe), ou bien dans l’environnement intérieur (détermination chimique de certains comportements, ça doit exister ça, au moins partiellement)

c) << Il faut que la possibilité du grain de sable existe, pour que la connaissance avance, pas comme dans le processus industriel où au contraire il ne faut pas qu'il intervienne. De quel côté nous plaçons nous ? celui de la connaissance ou celui de l'efficience ? >>

Les éléments individualisés (grains de sable), ça n’est pas ce qui manque. Ils sont indispensables à la science mais aussi à l’industrie, qui les attend et les accueille parfois (innovations). A condition encore de considérer l’économie industrielle comme un système vivant, évolutif. Si on n‘y voit que reproduction pure, alors c’est un système froid, mort, qui ne ressortit pas à la systémique.

Mais pour ce qui est de la dernière ligne, je crois qu’on est toujours des deux côtés : connaissance et efficience ; conscience et action. Des deux côtés, de façon complémentaire et dialectique. Mais toujours selon l’objectif de départ, qui ressortit à l’arbitaire et aux présupposés de celui qui fait l’analyse. Cet arbitraire, ces présupposés, ne sont toutefois qu’un cadre, susceptible d’évoluer. On peut s’embarquer pour une recherche à un niveau donné, et finalement aboutir à un autre niveau, plus pertinent, avec un projet différent, ayant muté enter temps.
Cette ouverture est même une définition de l’attitude scientifique.

 
LN répond

14/03/2006
00:10
à Shhh 15h34 le 10-03

<< "Car dans les deux cas, le systémiste a des choses à dire : les forces de cohésion, la régulation, l’emportent sur les forces de séparation, l’explosion. Il faut dire quelles sont ces forces, sinon c’est une rhétorique un peu vide. "
Mine de rien, c'est une vision un théologique. Duale. >>

Si duale est à prendre au sens de « binaire », alors non. Et c’est moins théologique que concret : un système vit ou meurt. Une falaise se maintient ou s’effondre. Une théorie est infirmée ou non. Alors cette vision serait duale s’il y avait coupure et incompatibilité entre les deux extrêmes. Au contraire, je crois que cette vision est bipolaire tant qu’elle place les deux futurs possibles sur un continuum (par exemple un continuum de probabilité). En tous cas ça reste vrai tant qu’on est au niveau du potentiel.

Si on passe à l’actualisation, càd à l’histoire concrète du phénomène, de sa dynamique effective, alors c’est par certaines de ses propriétés que le système étudié donne une image dualiste. Il reste stable ou non. Il se maintient ou il évolue ou il meurt. Il conserve sa cohésion ou non. Distinguer les différentes trajectoires des faits est un acte de classement, qui ne fait pas de la théorie employée quelque chose de dual, ni de dualiste. Le regard, lui, reste ouvert. Ce sont des lois de l’histoire (petit « h ») qui s’appliquent. On peut donc trouver des séparations, des bifurcations, ds discontinuités, des ruptures, des faits réversibles, des faits irréversibles, et enfin des faits qui ont des propriétés contraires selon le niveau : nos cellules meurent mais notre structure d’êtres vivants, elle, se conserve. Cette contradiction selon les niveaux est propre à tous les phénomènes : mécaniques, vivants, sociaux.
 
LN répond

14/03/2006
00:11
à Shhh 7h59 le 13-03

<< « Il existe généralement un niveau-clé, celui où il est plus pertinent de commencer l’analyse. Et il existe d’autres niveaux qu’il n’est pas pertinent de prendre en compte. Lesquels ? Posez la question si vous le voulez, et j’y répondrai ou plutôt j’essaierai."
Oui, je pose la question.
Comment fait-on pour démarrer une analyse, sans avoir en tête le but poursuivi, ou la certitude qu'on veut imposer ? >>

La systémique est un dispositif qui permet une compréhension du monde. C’est-à-dire qu’elle aide l’homme (l’homme moyen) à se fabriquer un modèle, au sens scientifique du terme. Notre homme doit au moins savoir quelle est sa question : d’ordre descriptif (comment ça marche ?), explicatif (pourquoi observe-t-on ce fait) ou prédictif (que va-t-il se passer ?). Ensuite, pour trouver le niveau pertinent pour attaquer l’analyse, à la fois je dirais qu’on peut tâtonner, mais que la question comprend toujours un niveau de description qui sera le niveau d’entrée. Ensuite, ça peut changer, peu importe. L’important est qu’au fil de l’étude, on intègre dans la description du phénomène certains éléments de son contexte. S’ils deviennent déterminants, on changera de niveau de référence, pour centrer sur le ou les niveaux de détermination (il peut y en avoir plusieurs, c’est même fréquent car la systémique pousse à la reconnaisance multicausale). Ca peut aussi se faire dans l’autre sens : chercher le niveau infra dont notre phénomène n’est que le contexte. Ce qu’il faut, c’est :
- se garder d’aller chercher trop profond. C’est une erreur que commettent certains psychanalystes qui montent en épingle des faits dont on peut douter qu’ils jouent un rôle dans la névrose à soigner : tout fait biographique de la vie de X n’est pas forcément impliqué dans la névrose de X, sauf à déposer du sens de façon forcenée. Cette erreur abonde dans les écrits de Freud
- ni vouloir englober la totalité de l’univers dans l’environnement pertinent pour l’analyse (illusion holiste, ou réduction holiste, disons)

Au risque de déclencher une dérive de la discussion (si Guy nous lit, càd s’il n’est pas encore au lit avec son bonnet), je prendrai le cas de l’entrepreneur capitaliste, dont le comportement ne peut s’expliquer uniquement par l’appât du gain. Il faut tenir compte du contexte capitaliste, de la pression de la concurrence, de la morale de l’entrepreneur, des données économiques (prix des ressources, prix du marché). Tout cela est banal, dira-t-on, ça se trouve même chez Marx. Très juste. Précisément Marx fait partie des auteurs reconnus comme précurseurs de la systémique : il tient compte de différents niveaux. Mais aussi, c’est que la systémique est somme toutes fort modeste, et fait largement appel au bon sens. Elle a permis de dégager et d’appliquer certaines lois neuves (rétroaction, variété requise), mais dans l’ensemble, elle n’est qu’un pas en avant dans l’analyse. Pour résumer je dirais :

La systémique est un langage de description qui a pour but de permettre une vision globale du phénomène. Cette vision nécessite de découvrir et d’intégrer les différents niveaux pertinents pour l’analyse du fait étudié. Biologie, économie, écologie, sociologie, devraient être par nature systémiques...

 
shhh

14/03/2006
17:43
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Etant clair, que je ne cherche nullement à avoir le dernier mot. Et j'espère que ce n'est pas le but du jeu.

Il faut que je reprécise certaines de mes questions, qui ont peut-être été trop lapidaires.
Je crois que votre système d’explications est lui-même un langage. Il ne décrit que ce qui peut-être décrit dans ce langage, qui visiblement est la sociologie. Je pense que tous les phénomènes ne ressortent pas de ce langage. Je parlais de l’art, et je crois que vous n’avez pas tout à fait répondu à ma question. En fait, je crois que l’art ne peut pas se réduire à une description qui ferait appel à l’esthétique, à la symbolique, etc.. même si je ne rejette pas du tout ces approches. Mais il me semble qu’il nous dit quelque chose qui n’est pas de l’ordre de l’expression. Il s’adresse à nous, et même parfois ne s’adresse pas à nous, sur un mode qui ne se laisse pas saisir autrement que par empathie. Je ne vous convaincrai pas de la beauté d’une oeuvre, si vous ne la saisissez pas vous-même. Je vous l’expliquerai, mais jusque là ce ne sera pas encore de l’art. On est dans un domaine qui exclue en partie la compréhension logique. Mais aussi, et c’est là l’essentiel, un peintre peut changer la vision du monde. Comment ? je ne sais pas. Mais il est certain que ce n’est pas de la sociologie. La lumière n’a plus été la même après Bonnard, aucune autre raison à cela, qu’un regard différent. Et vous ne pouvez pas non plus établir une typologie dans l’art. Il n’est pas quantifiable, ni descriptible, et les relations qui existent avec d’autres éléments disparaissent.

Un autre point, sur lequel je n’ai sans doute pas été claire, c’est celui du grain de sable. Le grain de sable n’est justement pas ce qu’on espère pour aller plus loin, il est même destructeur dans une première intention. Einstein ne réalise PAS la théorie unificatrice de la gravité et de la mécanique quantique. Autrement dit, ce grain de sable, c’est la négation d’un système de croyance. Ca s’appelle le travail du négatif. Ensuite, et c’est la dialectique, on trouve le concept qui résout les contraires. Et dans une entreprise c’est peut-être la négociation, mais c’est un sens abâtardi du concept. Le concept, ce n’est pas le compromis.

<< les changements d'échelle ne sont pas faciles, et même je ne sais pas si on y a abouti. Ca me paraît bien prétentieux. >>
En sciences, en tout cas, les changements d’échelle sont très ardus. Un phénomène modélisable à une certaine distance, ne se décrit pas du tout de la même façon à une autre distance. Vous souvenez vous de l’histoire de la longueur des côtes de la Bretagne ? Je n’ai pas vu de cas ou une étude pouvait se généraliser d’une échelle à l’autre., sans faire beaucoup (trop) d’approximations, et finalement devenir fausse.



 
shhh

14/03/2006
17:50
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Suite 1


D’ailleurs la science ne s’inscrit pas dans un système visionnaire, sauf à faire l’économie de tous les paradoxes, toutes les incertitudes, tout le travail obscur nécessaire. De cela, visiblement, la sociologie n’est pas informée.

Je n’aime décidément pas votre système qui fait feu de tout ce qu’il peut happer dans différents domaines, pour croire produire un système ( !) de pertinence. Franchement je le trouve un peu ridicule. Il n’est pertinent que si on redescend sur terre, et qu’on veut bien y retrouver les bonnes vieilles catégories. Du reste Abraham Moles, avait fini par péter les plombs avec sa petite cour de disciples, à qui il voulait démontrer que le but ultime était de pouvoir baiser dans une piscine (authentique). Ca a fait ricaner pas mal de monde.
Parce que c’est quand même, sous des dehors complexes, assez naïf, et finalement assez réducteur, de croire qu’en complexifiant les choses en voulant tout résumer dans quelques notions connues, actions, réactions, boucles, toutes choses empruntées par ci par là à des domaines ou ces notions recouvrent un sens très précis, assez naïf dis-je, qu’on s’économise par une néo-religion, la sociologie, une véritable réflexion, sur les constituants fondamentaux des sociétés des hommes, sur la science, ou sur la démocratie.

Le cancer, par exemple, n’est pas ce que vous dites. C’est un phénomène qui n’est pas le même suivant les tissus concernés, ou suivant le type de cancer. On commence seulement à soupçonner qu’il est un phénomène compréhensible par l’embryogenèse, et peut-être, sans qu’on n’en soit sûr encore, lié à l’évolution. En ce sens que c’est un mécanisme (non élucidé) d’indifférenciation des cellules semblable au stade embryonnaire des cellules , avant de devenir des cellules du foie, ou de tout autre organe. Mais suivant les cas, il peut n’être qu’un désordre architectural des tissus, il peut être aussi dans d’autres cas d’origine virale, et dans ce cas c’est peut-être le virus qui serait facteur d’évolution, ou un dépassement des barrières immunitaires, mais il peut aussi s’agir de cellules parfaitement différenciées, identifiables, et dont la prolifération reste inexpliquée. Bref on ne peut pas comme vous le faites, faire des analogies, et s’en servir comme descripteurs d’autres entités parce que « ça ressemble ».

Le maître mot de votre théorie systémique, c’est l’analogie. Analogie à comparer un système social, avec un organisme vivant. Analogie à comparer un individu à une cellule.

Bien sûr que l’entrepreneur capitaliste n’a pas que l’appât du gain en tête. (Encore qu’à la fin je me demande ce qu’il peut bien lui rester dans la tête). Et alors, en quoi ça rend le capitalisme moins critiquable ? Ce sont les circonstances qui font des hommes ce qu’ils sont. Et c'est sur celles-ci qu'on espère tous intervenir.

 
LN

14/03/2006
19:31
parenthèses

En effet il ne s'agit pas de dernier mot, mais d'une discussion où l'on s'autorise le temps pour répondre. Dans l'immédiat, je n'ai pas besoin de temps pour placer juste ces parenthèses :
- ni le mot "ridicule" ni le mot "critiquable" ne font partie du langage de description dont j'ai essayé de rendre compte
- quant à redescendre sur terre, je dirais plutôt qu'il s'agit de garder les pieds dessus,
- enfin, que Moles aie pété les plombs, ça ne suffit pas à invalider tous ses écrits, dont certains ont vieilli bien avant ce que vous dites, et que j'ignorais (cette histoire de piscine). De même que la triste fin de Nietzsche ne saurait invalider l'entièreté de son oeuvre.

Pour le reste (l'Art, l'analogie), je prends mon temps...
 
shhh

14/03/2006
19:58
re : L'intervention de Joel de Rosnay

C'était une anecdote, sans plus. Je n'ai rien voulu invalider de cette manière. Je la trouvais amusante.
 
LN

14/03/2006
20:46
filons l'anecdote

Ceux qui ne connaissent pas Moles peuvent se demander de qui on parle. Mais il faut dire que l'anecdote de baiser dans la piscine n'est pas ce qu'il y a de plus comique chez ce grand farfelu devant l'éternel, sinon grand excentrique.

J'ai encore sur cassette une émission de 1986 de la série "Histoire du futur" (aye aye,j'ai aussi celles de Rosnay et celle de Morin, merci de ne me pas taper sur la tête), où Moles pérore, pérore, parle de prospective (c'est intéressant) avec son ton qui le fait ressembler tantôt à un vieux pochetron, tantôt à un Bachelard jeune...
 
shhh

14/03/2006
21:06
re : L'intervention de Joel de Rosnay

A une époque il espérait sérieusement convaincre les informaticiens du centre de calcul de lui programmer ses visions cybernétiques. S'est fait éjecter.
 
shhh

15/03/2006
14:21
re : L'intervention de Joel de Rosnay

Un autre maître mot de la méthode systémique, semble être le formalisme. Le contenu des phénomènes, leur réalité sensible, disparaît dans les rapports qu'ils entretiennent entre eux. Je suis gênée par la proposition d'appréhender des phénomènes d'ordre différent, par une description unique. Je ne jetterais pas à la poubelle une explication d'un phénomène parce qu'elle ne tiendrait pas compte du contexte. Le dit phénomène est d'abord manifesté, et reconnu dans sa singularité. Il se peut qu'il entretienne des liens avec son contexte, mais ce lien peut être ténu, ou indirect ou parfois même inexistant dans l'état actuel des choses. Pourquoi devrait-il s'interposer entre l'objet de ma connaissance et moi ? Est-ce important pour un statisticien de savoir que les statistiques sont parfois mal employées ? si l'on s'en tenait à ça, on ne construirait aucun outil méthodologique.



 
shhh

16/03/2006
08:49
re : L'intervention de Joel de Rosnay

"Biologie, économie, écologie, sociologie, devraient être par nature systémiques... "
- la biologie l'est, je crois bien que c'est même la science dans laquelle le mot système a été utilisé pour la 1ère fois
- écologie, pour le moment c'est un vaste fourre-tout incluant les voeux pieux, les impératifs énergétiques la préservation (?) de la diversité, (mais je ne sais pas trop ce que ça veut dire) la santé, enfin bref toutes ces entraves à la tentation de la démesure
- économie, ouais..., des modèles à la hache qui atteignent vite leur conclusion dramatique, ou alors des choses très complexes et calculatoires dont je me demande si qui que ce soit les prend vraiment au sérieux
-sociologie, je n'en sais strictement rien

Alors c'est vrai que le tout est très lié, et qu'il est tentant d'y voir un système, du moins on en a l'intuition.
Mais, et je vous pose la question, ne pensez vous pas que le moteur de tout ça est l'économie, que celle-ci a fini par se constituer de façon terriblement autonome ? Et que les autres domaines lui sont inféodés ? Il n’est qu’à voir le faible degré de liberté des politiques vis-à-vis des grandes tendances. Les nécessités du libéralisme ou au contraire d’un contrôle accru ne naissent pas de choix politiques, mais de contingences dictées par la loi du marché, qui bizarrement nous restent assez obscures. Le niveau de l’entreprise, dont vous semblez penser que celui-là au moins est maîtrisable, s’est pourtant dessaisi de pas mal d’options. Même un savoir faire spécifique n’est pas la garantie de la réussite de telle ou telle production, tant se sont indifférenciés les savoirs faire, ou les lieux.
Même le rôle de la monnaie, ou de la part du salaire dans les coûts de production, qui pourraient être des régulateurs du marché sur lesquels on aurait une prise, sont affranchies des options politiques, et ne dépendent plus que des heurts avec d’autres places de marché. On est sur le fil du rasoir, et on en arrive à compter sur la prochaine crise pour espérer reprendre les rênes.

 
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