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shhh 06/05/2006 12:39 |
du regroupement conceptuel, ou de l'amalgame |
Reprise d'une discussion en fil "habeas corpus et violence révolutionnaire" La reine : ca vaut peut-être le coup de poursuivre ici le débat initié dans le fil UTLS, débat qui s'achemine vers le simple rappel de ce fait bien connu que la france, avec sa fameuse révolution et si fière de cet héritage, est la matrice des totalitarismes staliniens et cambodgiens shh "...le simple rappel de ce fait bien connu " C'est pas l'équivalent de "tout le monde sait" ? "...est la matrice des totalitarismes staliniens et cambodgiens" C'est pas l'amalgame que vous avez si souvent dénoncé ? Si les mots ne veulent plus rien dire, autant aboyer. la reine : Je ne crois pas que citer un fait historique reconnu par une partie des historiens (gens qui réfléchissent et débattent entre eux) soit l'équivalent de l'erreur qui consiste à apposer le fameux "chacun sait" sur des faits à moitié inventés et interprétés par les amateurs que sont les militants (qui feignent de débattre mais réfléchissent fort peu) Mais si ça peut vous faire plaisir, j'admets volontiers que ma formulation gagne à être remplacée par "je rejoins le diagnostic de René Viénet (la ref est sur ce fil en date du 23 avril 2004) et de certains historiens que je crois lucides, il me semble que la révolution française est la matrice des totalitarismes etc etc " Notons que ça ne change rien au propos. Pourtant je crains que cette correction ne vous engage sur un chemin de traverse, et ne vous pousse à confondre le recours à la citation, avec l'argument d'autorité ? Voila qui va me permettre de placer un mot sur votre dérive dans l'usage de la notion d'amalgame... la reine /... A vous lire en effet j'ai bien peur que vous n'ayez pas une vision très claire de ce qui distingue un amalgame d'avec un concept générique. Si vous interdisez les regroupements conceptuels, en fait c'est vous-même qui pratiquez l'amalgame entre "conceptualisation" et "amalgame". Bref vous faites de l'amalgame de second niveau, comme eut dit Bateson. Comme ce ne sont pas là vos habitudes sur DDFC, je pense que votre réponse procède non de l'analyse, mais du rejet d'un point de vue qui vous déplait. C'est dommage, car ça brouille pas mal de choses, à commencer par la réflexion. Il faudrait se pencher un instant sur le principe de l'amalgame : si vous appelez "amalgame" la démarche mentale qui consiste à rapprocher une série de faits historiques à partir de leurs points communs (en l'occurrence le crime de masse et l'idéal moral) alors vous vous condamnez à rejeter presque tous les regroupements conceptuels. C'est courageux, notez bien, mais c'est un brin rétorsif, et ca impacte un rien négativement sur la production (rassurez vous je sais que vous ne chérissez guère la production). Serait-ce là une application du fameux principe de précaution, qui permet à certains de freiner la marche de l'économie ? En l'occurrence l'innovation serait de bloquer également la réflexion. Mon rapprochement est-il un amalgame, ou bien un argument rhétorique, une analyse de forme ? En quoi est-il systémique ? Systématique peut-être ? Chi lo sa ? Le grand leader phénoménal José Bové surement aurait une réponse. Et Pol Pot en aurait une autre (voyez : ici ya pas d'amalgame) In fine, votre sortie sur l'amalgame me fait un peu penser à ces gens qui, heureux d'avoir découvert le concept de pléonasme ou même de redondance, se mettent à les traquer un peu partout et à inventer des fautes qui n'existent que dans leur imagination. J'ai un bel exemple en tête : il fut un temps où les mini-censeurs de la langue, j'ai nommé non les grammairiens normatifs ni même les enseignants stricts, mais les ânes du purisme benêt (toujours des amateurs), s'étaient convaincus que la locution "baser sur" était fautive, et tentaient de nous en évangéliser. Si l'analyse de cette énormité vous intéresse, je sugggère qu'on en débatte en fil "solécismes". A mon humble avis, cette dérive à fins de censure est la même, en grammaire et dans la police de la pensée. La vraie question est : cherche-t-on la vérité ou bien cherche-t-on à imposer sa vérité ? Mais faites comme vous voulez hein, nous on est la pour discuter et c'est bien ce qui se passe à 7h31, à et en ce moment même. A 8h10 c'est autre chose, c'est le frustré de service qui applaudit aux points marqués par les autres, puisqu'il n'en marque jamais un seul, huh La reine (ake sa tête bien fixée) |
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shhh 06/05/2006 12:45 |
re : du regroupement conceptuel, ou de l'amalgame |
Je ne répondrai pas sur l’idée que je n’aime pas la production, convenez que ce n’est pas la teneur de mes propos, parlez plutôt de mode de production, qui n’est pas une donnée intangible. La production elle-même me semble totalement indissociable des hommes. J’appelle amalgame la méthode qui à partir de points communs de discours ou de faits historiques apparente des évènements, jusqu'à les assimiler les uns aux autres. Mais sur les évènements examinés, quels qu’ils soient, s’il y a des points communs (et incontestablement les discours de Robespierre évoquent la folie paranoïde de Staline), il peut aussi y avoir des divergences fondamentales, qui excluent cette parenté. En l’occurrence entre la révolution française, le stalinisme, le nazisme, le fascisme ou Pol Pot, il y a des différences structurelles, sociétales, économiques ou historiques, qui non seulement ne permettent pas de les regrouper sous le même vocable, mais justement doivent obliger à les distinguer, et éventuellement par cette distinction, les prévenir, ce qui n’est pas le cas du regroupement conceptuel que vous proposez. Le totalitarisme de Staline se présente comme un système de gouvernement, dont Lénine était déjà le précurseur, et avant lui les tsars. On a même pu croire qu’il était le seul possible des dans ces états ou la propriété privée n’existait déjà pas. Marx avait même indiqué à quelqu’un qui lui posait la question de la transformation de la Russie, qu’il lui fallait passer par la propriété privée avant de pouvoir envisager le socialisme. C’est dire ! Celui de Robespierre est opportuniste, il s’inscrit dans un cadre d’évènements extrêmement tendus, et un temps limité. Peut-être aurait-il pu l’emporter et s’imposer dans la durée, mais justement l’histoire ne l’a pas permis, parce que la Révolution Française s’est rapidement imposée comme une révolution bourgeoise, qui devait accomplir en très peu de temps ce qui était déjà réalisé en Angleterre. Et certes elle a été violente, mais pas du fait uniquement de Robespierre. Bon, le fil d’où on vient en parle largement, pas la peine de reprendre les arguments. Pour Pol Pot, que je ne connais pas très bien, il me semble quand même qu’il s’est imposé sur une structure encore très agraire. Certains historiens ont fait le rapprochement Hitler Staline, en montrant le parallélisme de leur montée au pouvoir, et effectivement ils me semblent plus proches entre eux qu’entre Robespierre et Staline. A cause de l’industrialisation qui était l’arrière plan de leur action à tous deux, et qui ne l'était pas encore en 1789. L'amalgame est dangeureux, mais son euphémisme, regroupement conceptuel, l'est tout autant, portant le risque d'éluder ou de gommer des points essentiels. |
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Laurent 06/05/2006 14:54 |
DDFC est un paradis quand nous pouvons discuter |
D'accord sur tous ces recadrages. Vous avez raison : on ne peut pas assimiler tout et n'importe quoi au vu de quelques ressemblances. Enfin je dis d'accord, mais je veux dire : pour la Révolution Française et les autres totalitarismes, çà mérite discussion. Mais enfin dans l'ensemble j'adhère au principe exposé. Pas d'accord du tout sur le dernier point : le regroupement conceptuel est un outil incontournable. S'il est mal utilisé (ce qui est peut-être le cas ici, admettons), ça ne condamne pas l'outil. C'est pas un mésusage qu'on prète le flan à la critique. Tant que ça reste de la critique, nous discutons. Ou plus exactement, nous allons discuter... ./... |
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laurent 06/05/2006 14:56 |
comparons |
./.. Ainsi je ne crois pas que la propriété privée n'existait pas en Russie. Il y a bien eu collectivisation et échec agricole. Ensuite, la morale justifiant le crime de masse ça reste quand même une donnée de fond qui transcende, à mon avis, une grande partie des différences conjoncturelles. Lionel n'a pas tort quand dans le fil précédent, il rappelle que la période historique considérée (fin du XVIIIème) est plus violente que la nôtre. Mais justement : jusque là elle ne l'était pas à ce point, violente. Et l'absolutisme royal, qui n'est nullement une tyrannie autocratique (relisons les historiens de l'ancien régime), a été remplacé par un modèle dictatorial. Probablement transitoire, admettons. Mais le régime soviétique n'était-il pas, lui aussi, présenté comme transitoire avant l'instauration du communisme ? L. |
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shhh 06/05/2006 15:03 |
re : du regroupement conceptuel, ou de l'amalgame |
Outil, oui. Mais l'outil ne doit pas imposer la méthode. On peut parfaitement chercher des analogies, mais si on ne les dépasse pas, et qu'on s'en tient au jugement facile qu'elles suggèrent, on se plante complètement, et on rentre dans le domaine de l'idéologie. Pour l'analogie c'est visible, pour d'autres outils, même si c'est moins apparent, le risque est le même. |
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shhh 06/05/2006 15:09 |
re : du regroupement conceptuel, ou de l'amalgame |
En tout cas, le paysan n'était pas propriétaire de sa terre Je crois aussi que le régime successorial était totalement différent, la transmission d'un bien, même dans les classes aisées, n'était jamais acquise. Je crois bien que le régime soviétique s'est simplement coulé dans un moule pré-existant. |
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shhh 06/05/2006 15:17 |
re : du regroupement conceptuel, ou de l'amalgame |
Pour ce qui est de la monarchie, il me semble que le roi disposait de tous les pouvoirs, et qu'on pouvait le qualifier d'arbitraire. A ce titre il représentait bien un frein pour une économie bourgeoise, qui a besoin de règles certaines. Moralement, je pense que Louis XV et XVI, (ce dernier surtout) étaient certainement estimables, mais ça ne change rien à la nature du régime, qui devenait intolérable. |
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shhhh 06/05/2006 15:20 |
re : du regroupement conceptuel, ou de l'amalgame |
Est-ce que vous connaissiez ce livre de Wittvogel ? |
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shhh 06/05/2006 17:05 |
re : du regroupement conceptuel, ou de l'amalgame |
D'ailleurs, finalement, pourquoi s'est-il écroulé ce régime soviétique ? On s'est pas tellement posé la question. |
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