Samedi, alors que je m'apprétais à aller voir et entendre
le Crépuscule des Dieux, ultime représentation au
Châtelet de la Tétralogie de Wagner qui m'avait tenu en
haleine depuis mon retour de l'Angola, ouvrant le quotidien du soir,
j'ai appris la mort de Claude Maupomé et ce sont des lustres de
bonheur radiophonique et mélomaniaque qui ont
défilé dans mon esprit.
Claude Maupomé avait animé pendant quinze ans deux
émissions "le concert égoïste" puis
"comment l'entendez-vous?" dans lesquels elle invitait des
personnalités du monde des lettres, des arts, du spectacle, des
sciences ou de la politique, voire des sportifs, à
présenter des oeuvres musicales de leur choix; ces
émissions, je ne les manquais jamais, elles ont enchanté
mes fins d'après-midi dominicales et rien n'a pu les remplacer,
de même que les chemins de la connaissance. J'en conserve de
nombreuses cassettes qui doivent se démagnétiser lentement
dans la cave de chez mes parents, en attendant que je parvienne à
les reporter sur un support qui supporte l'épreuve du temps.
Je cite la notice nécrologique, signée Gérard
Condé que Le Monde lui consacre:
"Tous les auditeurs de France Musique avaient dans l'oreille le
timbre de la voix, le ton modulant au bord de la défaillance, de
Claude Maupomé mais, en dehors de cela, les sources
d'informations restent muettes; Quel fut son parcours? seuls ses proches
et quelques amis intimes pourraient le savoir..."
Les questions de Claude Maupomé évitaient le jargon
technique et l'on parlait de tout et de rien, de soi et des autres, de
souvenirs adolescents, de rêves à jamais suspendus. Le ton
de bonne compagnie, très culturel, voire un peu mondain,
confortait l'illusion que que la musique adoucit les moeures... Et tout
cela, qui avait nécessité des heures de studio et de
montage, paraissait parfaitement naturel; les longs silences; les longs
silences, les lapsus étaient conservés..."
"Des heures de studio et de montage..." Une pierre dans le
jardin de la Grande Philistine (et de son successeur?) pour qui "la
radio, c'est d'abord et avant tout le direct", (moyennant quoi les
chemins ont été mis en direct, aberration totale).
Cette notice qui ne donne aucune indication sur la disparue nous apprend
cependant qu'elle avait partagé la vie d'Antoine Blondin.
Je l'avais un tout petit peu connue, elle m'avait parlé de sa
prochaine émission avec Jacques Attali dont elle essayait
péniblement de lire le livre et de son chat qu'elle était
impatiente de retrouver.
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