de l'histoire sociale française.
Cette histoire bafouille lamentablement, et c'est le sort commun
à tous les argumentaires de la droite de ce pays. Ces temps-ci
cette bêtise répétitive concerne les
étudiants et leur comportement « irresponsable » si
l'on en croit les éditos à répétition de la
presse libérale, et même de certains médias que l'on
classe par un automatisme résolument acritique dans le camp dit
social.
La grande majorité des commentaires concernant les grèves
s'inquiètent en effet des conséquences que
"vont" avoir la prolongation du « mouvement » sur
la qualité des diplômes obtenus cette année,
même si, comme en 68, il faudra peut-être faire une cession
d'examens en septembre. Comme en 68, on peut déjà lire que
ces diplômes ne vaudront pas un clou parce qu'on ne peut pas
bloquer les universités et les lycées et préparer
ses examens en même temps. Bref, le millésime 2006 est
condamné d'avance.
Que l'on se détrompe. Dans la vie active et productive des
étudiants, les quelques semaines consacrées à la
défense de leur destin futur sont d'une qualité
intellectuelle bien supérieure au même temps passé
à écouter en baillant des cours où
l'enseigné est contraint à avaler le savoir comme une
mauvaise potion. En Mai 68 je crois me souvenir n'avoir jamais vu, en
temps normal, des amphis aussi remplis et aussi actifs, des
étudiants aussi motivés et aussi intellectuellement
créatifs entre deux manifs dans les rues. En ces quelques
semaines, ils en auront plus appris sur le monde dont ils
dépendent et dont ils seront un jour appelés à
partager les responsabilités d'une manière ou d'une autre
que pendant des mois d'ennui et de travail imitatif sans autre
portée que celle de satisfaire des enseignants mal payés,
mal considérés et tout aussi peu motivés que les
futurs chômeurs qu'ils avaient en face d'eux.
Et ne vous en faites pas pour les études scientifiques, qui ne
sauraient, pense-t-on avec la même certitude automatique, se
passer du savoir absolu qui s'étale sur les grands tableaux
verts. Dans la science, en effet, tant du côté des
étudiants que de celui des correcteurs, il est tout simplement
impossible de tricher avec les chiffres, les figures
géométriques ou les connaissances objectives des sciences
bio-technologiques , médicales ou autres. On sait ou on ne sait
pas, ce n'est pas comme en philosophie ou en sociologie, où on
pourrait même bénéficier de la sympathie des
correcteurs, seul véritable soupçon du patronat
appelé à recruter ces futurs diplômés.
Ce patronat ne s'y est d'ailleurs pas trompé, qui a fini par
dérouler des tapis rouges à tous ces supposés
demeurés, bien plus malins et plus actifs que les jeunes qui
suivirent : la révolution est bel et bien la meilleure des
écoles, pourvu qu'on sache tourner sa veste au bon moment, comme
le dit la chanson...
p
|
