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Shhh Guy et LRDB

29/01/2006
03:27
L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

L'autre fil étant parti en polémiques sur les applications de la TDS, autant déposer dans un nouveau fil la synthèse de ce qui s'est dit ce matin la au micro du djeun' Nicolas Demorand :

L’intro du Deum’ est peut-être lue, peut-être pas. Elle est envoyée sur son ton habituel de camelot, il prend bien soin de détacher les syllabes surtout pour les mots difficiles : pro-né-ta-riat brave Deum' va, Joel de Rosnay va expliquer dans quelques minutes que le monde change, mais le Deum’ lui il ne change pas, misère...

http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/ matins/fiche.php?diffusion_id=38028

L'émission est encore dispo à la réécoute à l'adresse ci-dessus, puisqu'il semble que FC ait étendu la réécoute à un mois.

LN
 
LN

29/01/2006
03:28
1) Le monde change

Premier message de JdR : le monde change. En ce moment même. Les secteurs économiques reposant sur la distribution d’information sont en train de se séparer du modèle de l’économie industrielle. Ce dernier, monde de l’énergie, est en train de perdre la suprématie qu’il avait jusqu’ici pu maintenir sur le monde de l’information. Entre les capitalistes et les internautes (devenus les « pronétaires ») la lutte ne durera pas, parce que les seconds sont les plus forts. Les premiers ne s’accrocheront plus longtemps à leur position : l’opposition est déjà en train de laisser la place à la coopération. Le capitalisme s’adapte, parce qu’il y est forcé.

Il faut donc repenser le mode économique de la distribution et de la rémunération des oeuvres. JdR commence là où le phénomène frappe : il argue que les 8 à 10 millions d’internautes qui consomment de la musique téléchargée ne peuvent être des pirates. Et la réaction répression-sanction que tentent d’opérer les institutions (majors + gouvernements) est tout aussi inadaptée. Dans cette nouvelle économie, ce ne sont plus les industriels qui produisent l’objet physique échangé, mais les consommateurs eux-mêmes. Ce faisant, ils en abaissent tous les coûts (fabrication, transport), et ils en abaissent aussi le prix d’échange. L’échelle de distribution et de rémunération change : le flux des visiteurs accroît le nombre des acheteurs potentiels, ce qui abaisse le point mort de la rentabilité. On peut vendre beaucoup moins cher à une quantité beaucoup plus élevée. avec exactement le même bénéfice.

./...
 
LN

29/01/2006
03:29
2) Nouveaux Media

Second message de JdR : la promotion des media citoyens et de la réflexion sociétale sur les nouveaux medias. JdR passe en revue 5 types de media : édition de texte (livres et presse périodique), radio (son), télé (image), téléphonie, publicité. Ces media seront remplacés respectivement par le blog, le podcasting, la télé en P2P, le téléphone gratuit par Skype, et les narrow/nanomedia très ciblés sur les sites du net. Dans ces nouveaux modes l’info est produite, stockée, relayée, par des agents économiques diversifiés, où les gros ne sont plus en position de force. Dans un premier temps l’empire contre-attaque, puis il intègre le changement : JdR cite l’exemple de Business Week qui, après avoir tenté de bloquer le monde des blogs, l’intègre maintenant depuis 3 mois au point de compter un tiers de ses infos en provenance de pronétaires qui sont à l’origine de la remontée d’info. Or la valeur des contenus suit la consommation : plus un flux d’information est dense, plus il rapporte. En l’occurrence ici il rapporte dans les deux sens par la publicité, tout comme dans les media classiques. On est donc aux antipodes de la gestion de la rareté.

JdR a créé il y a 5 mois Agoravox, journal rédigé sur le net par 1 500 rédacteurs atomisés, indépendants, non professionnels (on entend d’ici hurler les syndicats). 250 0000 lecteurs/mois, et pour les articles les plus lus, repris par la presse classique, 18 000 lecteurs/jour. Agoravox est indexé sur Google comme Libé, Le Monde, et le Figaro. Les media traditionnels (journaux, radio), ne sont pas en train de mourir, notamment parce qu’ils conservent un capital de confiance. Mais ils doivent s’allier avec les nouveaux venus : le système est déjà en voie de rééquilibrage.

./...
 
LN

29/01/2006
03:30
3) Excellent intermède

Dans sa chronique, excellente comme toujours, et ouverte par l’habituel « vous avez tout à fait raison, mais... » Slama expose une thèse sur la révolution numérique, qui bouleverse le monde dans lequel nous vivons depuis les Lumières :
1) la montée de l’individualisme consécutive à l’affaiblissement de l’autorité holiste, par la sécularisation du fait religieux et la perte d’influence de l’ordre divin.
2) l’affirmation de la raison législatrice sur les valeurs et sur l’espace-temps
3) les limites, les frontières, la nation
4) la séparation entre le public et le privé, avec pour corrélats la civilité et la pudeur,

Or le numérique :
1) sépare les individus, qui en sont plus en vis-à-vis, y perdent à la fois la solidarité et l’autonomie, remplacée par l’isolement. Ce faisant ils se soumettent à réseau qui entretient une illusion de savoir total (retour du holisme, régression dans la gnose)
2) change l’ordre des choses et des valeurs en les soumettant aux algorithmes : la recherche automatique se fait dans l’opacité, l’ordre nouveau est multiple, la loi s’efface, le monde disponible est réordonné dans l’aveuglement, avec le risque d’une dictature du relativisme. Les forums du numérique sont, dit-il, les contraires de l’Agora.
3) est un univers illimité, sans frontières ; les réseaux ne reconnaissent ni nations, ni propriété, et même les frontières de l’individu sautent dans une générale inhibition des désirs
4) crée une crise de la civilité, une régression du rapport au pouvoir, substituant à la relation entre l’individu et le monde, une relation entre le moi et le moi

./...
 
LN

29/01/2006
03:31
4) La réponse de JdR

Malgré l’interminable thrombo-passerelle verbeuse de Demorand qui a besoin de 30 secondes pour expulser son gros bouchon, JdR joue le jeu de la réaction « je suis en partie d’accord avec vous dit-il, et .... ».

En fait il n’est d’accord que sur la 4ème point. Le net, dit-il, n’est pas un instrument, ni un média de plus, ni même une technologie de communication. C’est un réseau, un écosystème, une technologie de la relation. Les citoyens n’ont jamais été autant reliés qu’ils ne le sont maintenant grâce au Net. Le savoir disponible n’a jamais été aussi vaste. Et la référence aux lumières, dit-il, devrait laisser la place à une vision du monde futur vers lequel nous allons, et qui aura besoin de réglementation, mais sûrement pas sur le modèle des nations. Ici il reprend l’analyse de Maffesoli : en fait d’homogénéisation générale (mondialisation), c’est la tribalisation et le local qui s’installent, et donc la différenciation. Reste la question de la différence entre le public et le privé, ainsi que le respect du second. Là est la vraie question, dit-il, qui est éthique.

Un forum est-il une agora, demande Demorand ? JdR qui n’a jamais été partisan d’une société de robots, répond qu’il y manque au contraire une simultanéité de masse, celle qui est donnée par les grands événements, et non dans le réseau hyper-intégré de liens multiples.

./...
 
LN

29/01/2006
03:32
5) A la reprise : Agoravox

Après le journal et la chronique de Léon Zitrone à 8h15, la seconde partie est consacrée globalement à un exposé du projet Agoravox : 10 minutes de pub pour JdR qui a décroché ici un excellent créneau pour venir vendre sa salade. Je ne l’ai pas encore goûtée, cette salade, mais je lui fais confiance pour être au moins aussi bonne que les feuilles vendues en kiosque et les babillages de la rédaction de FC. Donc JdR reprend sur le nouveau mode de journalisme qui naît avec Agoravox, et n’est pas fait par des professionnels de la communication, mais par des blogueurs connus très spécialisés, par des rédacteurs spontanés dont les contributions doivent passer quelques barrières de pertinence, par un système de lecteurs organisés en pyramide, qui va choisir de diffuser le texte ou non, « si c’est un libre-propos », dit JdR ( ??). Au 5ème mois la diffusion atteint 250 000 lecteurs. Un bon papier bien relayé aura 20 0000 lecteurs dans la journée : ce fut le cas lors de la crise de novembre, où un article venu de la base a été donné lieu à réponses, commentaires. Les images, la vidéo et la radio vont rejoindre le texte pour donner naissance à un site multimedia. Le modèle économique c’est la gratuité, mais aussi finalement une rémunération indirecte par un système de publicité rémunéré au clic, selon un accord avec Google.

Une régulation du contenu se fait par les lecteurs : une info contestable ou fausse suscitera réaction, débat, comme le courrier des lecteurs mais considérablement plus dynamique et complet. Ce qui d’ailleurs ne va pas sans danger car parfois le phénomène s’emballe et échappe au media, donnant lieu à des modes idiotes, mais aussi à des lynchages internautiques, mais JdR passe rapidement là-dessus.

Suite à incitation de Demorand, JdR fait l’éloge de la wikipedia, qui fonctionnerait sur un modèle assez proche : les articles y sont contrôlés et filtrés sinon en temps réel, du moins en permanence, par itérations successives. Et il y aurait moins d’erreurs dans la wiki que dans beaucoup d’autres encyclopédies, dit-il. Mais il n’en dit pas plus.

Les marques conservent leur importance : les sites les plus consultés sont ceux des grands media : Le Monde, les grandes radios. Les media traditionnels, s’ils savent s’adapter, sont donc loin de leur mort : au contraire ils vont prospérer en utilisant de façon complémentaire les nouvelles source d’information, venues des pronétaires.

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LN

29/01/2006
03:34
6) Le débat - Part 1 : Kroutchev Dudule Zitrone

Après la chronique à Dudule, Demorand ouvre la discussion sur le danger que représente pour l’individu ce flux d’info disponible, inabsorbable. JdR, qui a toujours été un grand accumulateur d’infos, connaît ce problème depuis au moins 20 ans, bien avant l’ère actuelle. Il identifie un « blues des branchés » : on ne peut plus suivre, l’infopollution est déjà là. Face à cette saturation, on peut bien filtrer, grace à des systèmes automatiques. Mais surtout, dit-il, le grand luxe sera bientôt d’être débranché : de ne pas se trimballer avec ses portables, de ne pas répondre aux mails inutile ni les renvoyer en circuit, de se pas connecter en permanence, d’orienter à la baisse ses connexions et ses enregistrements automatiques. Il préconise une diététique de l’information, ce qui nécessite l’élaboration d’un système de sélection personnelle, au moyen d’une échelle de valeur qui ne peut reposer que sur le sens.

Kravetchenketz est perplexe. Le vieux professionnel affiche son scepticisme : lui ne croit pas à l’existence de cette classe de pronétaires contributeurs. Selon lui, les bons amateurs deviennent à terme les nouveaux professionnels, car la fiabilité, selon lui, est l’apanage des pros. JdR répond en évoquant la dimension démocratique de ce réseau qui donne le pouvoir de s’exprimer à tous, et non plus seulement à la profession, loupant de peu le mot de corporation, mais il n’utilise pas ce mot-là. Cela dit, il n’use pas non plus du mot « classe », qu’il refuse notamment pour désigner les pronétaires.

Suit la question de Dudule toujours lourdement droit-de-l’hommiste : lui ne voit que le risque de totalitarisme, arguant que dans les dictatures, le pouvoir usera de la censure internautique, contrôlant les mails, bloquant les infos, emprisonnant les fautifs. Ce à quoi JdR ajoute la possibilité d’organiser la désinformation, ce qui est encore pire. Mais le système est en gestation, dit JdR, et là il est encore trop tôt pour parler d’échec.

Léon Zitrone, quant à lui, se lance dans une thèse pompeuse sur le progrès parallèles de la démocratie, de la centralisation administrative, et de la mobilisation de masse (pour le meilleur et pour le pire) que rendirent possible les progrès des transports, puis des télécommunications. Selon lui, les trois ne peuvent que s’amplifier : plus de démocratie, mais aussi davantage de contrôle, et moins de garde-fou. Le nouveau système crée ses propres anti-corps, dit JdR : le contrôle venu d’en haut (top-down) on n’en veut pas, et le contrôle par l’utilisateur (bottom-up) il ne marche pas, du fait de l’atomisation. Ce qui peut se mettre en place, dit-il, c’est une co-régulation citoyenne, participative, qui habillerait de neuf la vieille idée de l’auto-gestion, qui devient enfin possible grâce aux réseaux qui permettent une réappropriation de l’internet comme bien commun.

./...
 
LN

29/01/2006
03:35
7) Le débat - Part 2 : Et dieu dans tout ca ?

Codotussyl s’intéresse pour sa part au nouveau business qui va en sortir. Noter que pendant qu’il est occupé à causer, il y en a un autre qui se charge de tousser à sa place. JdR, de plus en plus jargonnant, répond que la bulle internet a crevé en 2001 et elle a coûté fort cher, parce qu’elle reposait sur un feed-forward (financier, ça il ne le dit pas) avec espoir de gain à court terme. Le nouveau Net se fondera sur le feed-back (marketing, mais ça il ne le dit pas). On passerait donc d’un info-web (google) à un socio-web (yahoo) : c’est moins la puissance qui va faire la différence (ça c’est le système google) que le réseau répercuté, qui repose sur le feed-back pertinent. A ce moment il ressort apparemment sans complexe ce qu’il appelle « l’équation de DeRosnay » et qui repose sur un formidable panurgisme internautique : Flux + Buzz = Bizz (Le Buzz est le bouche à oreille du Net) qui sert de support à de profits atomisés à coût faible mais qui rapportent gros vu la quantité.

Mais le nouveau modèle économique, c’est aussi la généralisation du pay per view anywhere anytime anything : la fluidité complète, le produit voulu à l’heure voulue. Bref la fin de la domination de l’offre, et la toute puissance de la demande. La PitoPi-TV est pour demain, dit-il, aussi triomphant que l’assistance est médusée, car elle est du siècle dernier (mais pas Joël, et ça s’entend, le plus drôle c’est qu’il est certainement le plus âgé de tout le studio et c’est lui qui a les orteils dans le futur quel gag).

Le Deum’ en bon inrock, pose la question des auteurs, de leurs droits et de leur protection : JdR préconise d’abandonner la logique d’exclusion (ou/ou) qui imposerait de choisir entre la liberté et l’interdiction. Il préconise de mettre en place un système de rétribution qui serait à la fois un cocktail, un éventail, un mix de mesures intermédiaires savamment panaché (logique et/et). Là il se paie le luxe de dire que le politique n’est pas encore rompus à ce genre de traitement des problèmes, car leur logique est restée binaire, linéaire, et analytique. En remplacement de quoi il préconise une vision matricielle, complexe, systémique. On comprend son affliction devant cette triste pensée binaire typiquement française, notamment dans la conception de l’économie comme un jeu à somme nulle (cf 95% des bistrots et même quelques DDFCiens). Pour le Policy Mix qu’il préconise, JdR cite à toute vitesse une série de mesures dont il ne peut détailler les mécanismes : décentralisation de la gestion des droits ; production et diffusion en ligne sous une autorité de réglementation nouvelle ; soutien financier de l’état aux créateurs débutants pour les préserver des majors. Il en a une douzaine en réserve, dit-il, à proposer aux ministres et au législateur. Et pour finir il juge indispensable de cesser de réprimer : mieux vaut écouter les pronétaires. Mais à ce stade de la discussion, JdR a depuis longtemps passé la surmultipliée, et vu le temps dont il dispose, il ne peut plus que survoler le sujet et de plus en plus haut, de plus en plus loin du sol, y perdant ainsi en clarté, donnant plutôt l’impression d’un visionnaire excité qui plane à on ne sait combien de kilomètres du sol. C’est bien dommage, car il a visiblement réfléchi depuis longtemps à tout ça, et surtout il est évident qu’il alimente sa réflexion à un méga-think-tank d’internautes et d’experts. L’ensemble a probablement pas mal de longueurs d’avance sur le politique, et bien aussi sur la population du studio de plus en plus sidérée par ce type qui pourrait presque être le grand-père de Demorand... Ah si Guy du faux avait fait son stage au M.I.T., caisse qu’on s’instruirait dans ses fils titrés en majuscules sur DDFC !

./...
 
LN

29/01/2006
03:36
8) J'ai faim

Ca se clôture par une question très « terrain-terrain » de Demorand, qui signale que les forums et les blogs sont surpeuplés d’attaque ad hominem, de rumeur, d’aigreur. Pour une fois le Deum’ sait de quoi il cause (ya longtemps qu’on lui a pas envoyé de bégonias, au fait...). Alors quid, dit-il, de l’élévation du niveau d’exigence des pronétaires pour eux-mêmes ? JdR explique les aspects négatifs de l’internet par la nouveauté du phénomène : il faut attendre, dit-il. L’expression est toujours chaotique dans les débuts, surtout quand elle a été longtemps réprimée. Mais la qualité et le sens iront probablement en croissant (primo que ce soit vrai aussi sur France Culture, sinon le Deum’ a pas fini d’attraper des aigreurs à lire les nôtres...). Dans un dernier souffle, Joël prévoit l’émergence prochaine de la co-éducation, mais il n’a pas vraiment le temps de dire de quoi il s’agit.

Bon. Voila en gros ce qui s’est dit ce matin là. Ce résumé est bien long, probablement trop détaillé. Mais ainsi il permet à ceux que ça intéresse d’aller écouter une séquence courte qui les intrigue. Il leur suffit de viser un peu. J’ai laissé sur la fin quelques uns de mes commentaires, parce qu’à écouter c’est quand même pénible vu l’emballement de la conversation, alors faut bien que je me défoule sinon ça va encore tomber sur qui-vous-savez....

LRDB
 
LN

29/01/2006
03:39
J'oubliais

Avant de regarder passer les boulets rouges de ceux qui diagnostiquent là-dedans 100% de fumisterie, j’ai au moins 3 mini-remarques à faire sur les 10 premières minutes :

a) JdrR donne l’exemple : il a convaincu son éditeur de mettre le livre sur l’internet avant même la sortie en librairie. D’autres maisons d’édition ont fait ce pari, depuis plusieurs années. Je signale (j’ai déjà signalé sur DDFC) les Editions de l’Eclat : Michel Valensi, éditeur de Phil K. Dick et de Korzybski, s’en était brillamment expliqué à Disputes en 2000 : un livre disponible sur le net se vent plus et mieux, point final. Dans ce cas l’éditeur ne tortille pas : il fait ce qui lui permet de vendre plus, et mieux...

b) Concernant l’industrie du disque : en 1975 j’avais été frappé d’apprendre que sur la totalité des professionnels qui contribuaient à la fabrication d’un 33t vinyl, l’artiste était le moins payé (2%), tandis que l’agence qui fabriquait la pochette plastifiée contribuait à hauteur de 16% du coût. Je ne sais pas ce qu’est devenue cette répartition des coûts avec le CD, mais je comprendrais que les artistes acceptent de vendre 20 fois moins cher si leur marge augmente (et il y a aussi les coûts du transport et de la commercialisation). Pour contester le bien-fondé de l’évolution, il n’y aura bientôt plus que les défenseurs des autres emplois impliqués. Or l’histoire de l’économie a toujours donné tort sur le long terme aux corporations qui avaient voulu freiner un changement, et cela qu’ils usent du racket, du lobbying, de la destruction, de l’assassinat de l’ingénieur, ou de quelqu’autre moyen démocratique. Pas besoin de remonter aux moines copistes qui ont perdu leur emploi du fait de l’imprimerie. Tout ceci est assez longuement et clairement expliqué par Alfred Sauvy dans « la machine et le chômage » (Clamann-Lévy 1978).

c) La partition entre le monde énergétique et le monde informationnel est une des bases de la systémique. Parce que l’information n’obéit pas aux lois de conservation (les lecteurs et les étudiants de Bruno Lussato en tiennent compte, disons depuis 1971). On peut lire avec profit Le Macroscope, ou bien La Parole et l’outil (Attali 1975), ou encore Bruno Lussato : Introduction critique aux théories d’organisation (Dunod 1971) ; L’échelle humaine (Laffont 1996).

Et now j'ai soif...
 
catherine

29/01/2006
09:41
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

vous ne dormez jamais !
 
shhh

29/01/2006
10:16
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

"Dans cette nouvelle économie, ce ne sont plus les industriels qui produisent l’objet physique échangé, mais les consommateurs eux-mêmes. Ce faisant, ils en abaissent tous les coûts (fabrication, transport), et ils en abaissent aussi le prix d’échange. L’échelle de distribution et de rémunération change : le flux des visiteurs accroît le nombre des acheteurs potentiels, ce qui abaisse le point mort de la rentabilité. On peut vendre beaucoup moins cher à une quantité beaucoup plus élevée. avec exactement le même bénéfice. "

De quelle(s) marchandise(s) parlons nous ?
 
paddy

29/01/2006
10:51
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

Je crois qu'il parle des livres et des cds que les internautes impriment et gravent eux-mêmes.
 
shhh

29/01/2006
11:26
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

Ils veut dire qu'on peut écrire des livres, ou faire sa musique, le publier sur internet, et le lecteur il peut l'imprimer ou le graver, c'est pas cher et ça va vite. C'est ça ?
Mais pour les fromages de chèvre ça marche pas.
 
shhhh

29/01/2006
12:56
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

"Dans sa chronique, excellente comme toujours, et ouverte par l’habituel « vous avez tout à fait raison, mais... » Slama expose une thèse sur la révolution numérique, qui bouleverse le monde dans lequel nous vivons depuis les Lumières :
1) la montée de l’individualisme consécutive à l’affaiblissement de l’autorité holiste, par la sécularisation du fait religieux et la perte d’influence de l’ordre divin.
2) l’affirmation de la raison législatrice sur les valeurs et sur l’espace-temps
3) les limites, les frontières, la nation
4) la séparation entre le public et le privé, avec pour corrélats la civilité et la pudeur,

Or le numérique :
1) sépare les individus, qui en sont plus en vis-à-vis, y perdent à la fois la solidarité et l’autonomie, remplacée par l’isolement. Ce faisant ils se soumettent à réseau qui entretient une illusion de savoir total (retour du holisme, régression dans la gnose)
2) change l’ordre des choses et des valeurs en les soumettant aux algorithmes : la recherche automatique se fait dans l’opacité, l’ordre nouveau est multiple, la loi s’efface, le monde disponible est réordonné dans l’aveuglement, avec le risque d’une dictature du relativisme. Les forums du numérique sont, dit-il, les contraires de l’Agora.
3) est un univers illimité, sans frontières ; les réseaux ne reconnaissent ni nations, ni propriété, et même les frontières de l’individu sautent dans une générale inhibition des désirs
4) crée une crise de la civilité, une régression du rapport au pouvoir, substituant à la relation entre l’individu et le monde, une relation entre le moi et le moi"

A lire ça, je me demande pourquoi je m'emmerde, vu qu'on doit pas du tout parler de la même chose. En plus que je me croirais revenue à mes 20 ans, ou on causait comme ça, juste pour pas dire qu'on attendait d'aller baiser, une fois sacrifié aux civilités de la conversation pseudo métaphysqiue.
 
shhh

29/01/2006
13:11
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

"En remplacement de quoi il préconise une vision matricielle, complexe, systémique. On comprend son affliction devant cette triste pensée binaire typiquement française, notamment dans la conception de l’économie comme un jeu à somme nulle (cf 95% des bistrots et même quelques DDFCiens). Pour le Policy Mix qu’il préconise, JdR cite à toute vitesse une série de mesures dont il ne peut détailler les mécanismes : décentralisation de la gestion des droits ; production et diffusion en ligne sous une autorité de réglementation nouvelle ; soutien financier de l’état aux créateurs débutants pour les préserver des majors. Il en a une douzaine en réserve, dit-il, à proposer aux ministres et au législateur."

Tout ça pour dire comment et combien ça coûte, comment et combien on fait payer. Comment et combien on va gagner.

 
shhh

29/01/2006
14:28
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins


03:28 1) Le monde change

"Premier message de JdR : le monde change. En ce moment même. Les secteurs économiques reposant sur la distribution d’information sont en train de se séparer du modèle de l’économie industrielle. Ce dernier, monde de l’énergie, est en train de perdre la suprématie qu’il avait jusqu’ici pu maintenir sur le monde de l’information. Entre les capitalistes et les internautes (devenus les « pronétaires ») la lutte ne durera pas, parce que les seconds sont les plus forts. Les premiers ne s’accrocheront plus longtemps à leur position : l’opposition est déjà en train de laisser la place à la coopération. Le capitalisme s’adapte, parce qu’il y est forcé."

Alors là, il veut dire: la capitalisme peut se faire avec des produits industriels, manufacturés, ou bien on peut vendre des accès au réseau, et là ça concerne plein de monde, et ces consommateurs là, pour qu'ils achètent faut qu'ils y aient un intérêt, et l'intérêt c'est que ils peuvent aussi causer dans le poste, c'est mieux que la télé.
Alors les consommateurs ils sont nombreux, donc c'est juteux, mais bien sûr faut un peu changer la facturation. Et pis faut faire attention, parce qu'on a plus le monopole de l'information. Comme à la télé, y a plus seulement les théatreux qui font du théâtre. Il y a les autres gens aussi. Et on peut aussi en profiter et eux aussi et blablabla...
C'est pas très nouveau que le captalisme s'adapte. On est contents pour lui. Si, c'est nouveau ?
Parait que bientôt, grâce aux puces électroniques, mon aspirateur il obéira à ma cafetière qui lui dira quand faut enlever la poussière. Et j'aurai plus qu'à contempler ma cafetière et mon aspirateur en train de se causer.
 
LN

29/01/2006
14:39
au lieu de péter les plombs

vous devriez vous calmer...
 
LN

29/01/2006
14:49
Ne pouvez vous cesser de déconner ?

C'est terrible de ne pas pouvoir lire l'économie sans placer partout le capitalisme et la lutte des classes. C'est du catéchisme ou de l'incantation ?

En quoi les artistes qui diffuseront autrement leur travail sont-ils des capitalistes ? En quoi le modèle du réseau est-il justiciable des imprécations causées par le tropisme marxiste ? Je ne suis pas spécialement accroché au tableau de Joel De Rosnay, ni acquis corps et âme au changement annoncé, mais enfin on peut essayer de commprendre non ? En quoi vos ruades systématiques nous aident-elles à y voir clair, en quoi nous (vous) permettent-elles de réfléchir ?

Le capitalisme s'adapte, et quoi de nouveau demandez vous ? Mais cette question n'a strictement aucune validité : c'est du jeu transactionnel à deux ronds, du sable dans les yeux, comme vous dites. Si vous n'entendez pas le changement que Rosnay décrit, vous devriez écouter l'émission au ralenti...

Ne pouvez vous cesser de déconner ? Je sais pas moi prenez un valium...

Laurent
 
shhhh

29/01/2006
15:20
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

Non, vous avez raison, j'entends louer des changements, qui ne touchent qu'à la forme.
Et c'est habituel que la forme change.
Aucun système n'est figé.
Les réseaux internet, connus ( tiens comme par hasard) depuis les années 60, ont amené des changements c'est évident. Au même titre que n'importe quel technologie qui réussit, modifie les comportements. Le tracteur et le cheval. Pas de quoi hurler. L'agriculture a changé, le commerce a changé, les transports ont changé.

 
Agnès

29/01/2006
16:11
en passant

Laurent,
Je ne lis jamais autrement qu'en diagonale les fils consacrés aux débats sur l'interprétation du monde contemporain. Une question cependant : que vous vous attachiez à démontrer que tel système d'interprétation du monde, de la société et de l'histoire soit moins valide qu'un autre, soit. (la lutte des classes, p. ex). Mais en quoi cela justifie-t-il que vous mettiez en cause l'intelligence ou encore la générosité de vos interlocuteurs, (s'ils ne sont pas bêtement "psittacistes", comme on dit à l'iufme). Lutte ou pas des classes, il va de soi que nombre des formes de notre vie sociale se désagrègent, et ce au détriment en particulier de bien des petites gens que les instances administratives, politiques ou économiques, nationales et internationales, ne semblent pas avoir pour priorité. D'où une incompréhension, une révolte, et une souffrance qui suscitent les tentatives d'analyse généreuses de shhh ou de Lionel. Ils ont peut-être tort dans leur méthode intellectuelle, mais je ne trouve pas dans vos démonstrations d'éléments qui permettent de comprendre comment on pourrait éviter l'alternative humaniste et crétin ou lucide et indifférent.


 
Laurent

29/01/2006
17:24
allons bon

Eh bien si j'ai donné dans ce débat l'impression de mettre en cause l'intelligence des interlocuteurs (en fait il n'y en a qu'une), alors je lui présente mes excuses car là n'étaient ni mes intentions, ni mon propos.

Néanmoins, j'ai réagi et je le ferai encore, parce que je vois dans cet échange un classique détournement :

1) Dans ces deux fils nous parlons de changements, de révolution technique qui touchent le monde culturel. On suit De Rosnay ou pas, ou un peu, ou en partie, et c'est mon cas pour quelques unes de ses analyses, et un peu moins pour ses enthousiasmes.

Alors je m'insurge contre les réponses du type "oui et alors ? il y a toujours des changements...".

Pourquoi je m'insurge ? Mais bon sang, ce sont peut-être des changements considérables ! Nous sommes des auditeurs de France Culture, c'est-à-dire des gens pour qui l'écrit et l'information ont de l'importance. Alors quand des changements considérables se profilent dans ces domaines, les prendre du haut d'un "oui, bof, après tout, tout change, et alors ?", ca ne fait que fermer l'espace du débat. Celui ou celle qui croient que le changement est sans importance, ferait mieux de dire pourquoi. Il faudrait également ne pas négliger ce qu'il y a de forcément spéculatif dans des propos qui parlent du futur. Rosnay et ses sbires parlent d'un futur possible. Bon. Est-ce que ça mérite un tel flingage ? Et si on ne peut pas répondre au flingage, alors que faisons-nous ici ??

2) Autre danger pour la conversation :
------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------
ici je dépose ma réponse sur l'autre fil :
http://www.broguiere.com/culture/forum2/index.php3?lecture=7 513&debut=0&page=1
------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------

Ma conclusion :

Quant à dénigrer la vision du monde de l'interlocuteur, eh bien il faut aller relire le débat de l'autre fil, et vous verrez bien par qui s'initie le jeu du dénigrement... Néammoins, ma réponse ne se voulait pas telle, et malgré cela il semble qu'elle l'ait été elle aussi. D'où mes excuses plus haut. Je tire de cet échange l'impression que la communication en forum est très difficle quand les convictions et les bases théoriques des interlocuteurs sont incompatibles.

L.
 
LN

29/01/2006
17:51
Suggestion pour tenter de débattre

Reprenons : de la contrib princeps de Shhh j'extrais ceci on vérifiera aisément si l'extrait change le sens :
http://www.broguiere.com/culture/forum2/index.php3?lecture=7 170&debut=0&page=1

<< J’ai entendu un laudateur des progrès techniques vendus pour le moteur d’évolution des rapports sociaux. C’est grotesque. Aussi grotesque qu’en son temps Peyrlevade clamant son amour et sa croyance en un capitalisme tout de douceur de calme de volupté et d’honnêteté. On a vu ce qu’il en était, de l’honnêteté du gars.
C’est aussi stupide de clamer qu’internet est un nouvel art de la vie sociale, que de prétendre que la télévision a révolutionné le monde. D’ailleurs à la télé aussi tout le monde vient causer dans le poste. De tous temps des crétins viennent nous vendre une technologie quelconque comme ce qui va changer notre vie. Et à l’arrivée on est encore plus pauvre qu’avant. Plus frustré, et plus aplati. >>
------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------

C'est ce jugement que je voulais initialement contester (si on m'en laisse le droit) : Shhh jauge le changement dans un seul sens, celui du maintien ou du renforcement de l'aliénation et de la stupidité.

a) c'est d'abord parfaitement méprisant pour le monde internautique dont d'ailleurs nous faisons ici partie. Sommes nous plus aliénés et plus stupides parce que nous venons sur DDFC ? Je laisse Shhhh répondre

b) ensuite , je crois que c'est tout simplement faux. Une réduction unilatérale d'un phénomène certainement plus ambivalent que cela. L'imprimé a répandu aussi bien de la propagande, des sermons, des formulaires, des ordres d'incarcération, des manuels scolaires, des modes d'emploi de machines. Dans l'ensemble l'alphabétisation a avancé. Si vous croyez que l'alphabétisation soutient un trend d'aliénation croissante, inutile de me répondre : envoyez moi simplement un mail "pauvre con". D'avance merci.

Je fais le même raisonnement pour l'internet : sites de cul, sites révisionnistes, marché de l'électroménager d'occase, programmes télé, programmes radio, partis politiques, associations, forums de drague, forums à étripage, édition indépendante, blogs.

Voici ma question : sur quoi s'appuient ceux qui en tracent un bilan unidirectionnel et aliénant ?

Je n'ai pas de réponse, hormis mon propre cas : la Galaxie Gutenberg + les media electroniques sont présents et indispensable dans la quasi-totalité des cas où un événements culturel ou intellectuel est parvenu à ma connaissance. Je ne dis pas que mon cas est général, mais je crois qu'il est très très répandu. A ceux qui pensent le contraire, je réclame simplement quelques faits pour étayer leur thèse, qui jusque là ne me semble être qu'une impression négative raccordée au nihilisme contemporain

Si on veut voir dans mes lignes une apologie angléique du progrès technique, eh bien allons-y. Mais dans ce cas je pose la question : que faites vous ici ? Pourquoi avez vous chez vous un ordinateur, et aussi une bibliothèque ?

L.
 
shhh

29/01/2006
17:56
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

Agnès, merci pour votre intervention pleine de chaleur.
Je ne crois pas avoir été insultée par la Reine.
Je peux comprendre qu'il accorde crédit à un intervenant de FQ qui lui paraît apporter quelque chose de neuf. Et sans doute m'en vouloir ne pas prendre pied à pied, terme à terme les propositions émises. Ce n'est pas pour la reine, un mode de débat. A cause sans doute de la méthode, qui n'est pas très universitaire.
Ce que j'essaie de dire, avec ma grille de lecture ( on ne se refait pas), c'est que ce qui lui parait neuf, me parait dangeureusement semblable à des choses déjà rencontrées ça et là. Je dis dangeureusement parce que cette exaltation a toutes les allures de directives. ( je parle de JdeR ).
Laurent, si vous estimez que j'ai détourné le débat, sachez que j'ai cru y être. Sachez que j'ai une profonde méfiance pour la pensée dite spéculative, et c'est précisément ce dont je soupçonne JdeR. Un manque d'humilité dans son accaparement d'une technologie pour des besoins d'une analyse qui lui est propre, et que je n'approuve pas.
J'ai connu internet du temps ou c'était uncore une application née dans les laboratoires militaires d'abord, puis de recherche, ( cern, sismologie etc..), puis je l'ai vu devenir un produit de consommation courante. A partir de là il était évident qu'internet rentrait dans le cycle à la fois commerçant et spectaculaire des marchandises à succès.
Voilà pourquoi le panégyrique des réseaux comme s'ils marquaient un tournant décisif dans les modes de fonctionnement sociaux, alors que les différents états de la pauvreté, de la destruction, de la guerre aussi, eux n'ont pas changé, m'a fait (un peu) bondir.
Je n'ai pas tu, dès le départ, la différence de point de vue notable qui apparaîtrait nécessairement.
 
shhh

29/01/2006
18:03
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

Pourquoi m'accusez vous d'une pensée aussi simpliste qui consisterait à dénigrer une technologie en soi? Bien sûr que c'est un progès, le progrès est constant dans ces domaines là comme dans tous ceux des applications pratiques. Il n'a pas pour autant des vertus magiques.
L'alphabétisation pour tous est arrivée non quand les livres ont été imprimés, mais quand une volonté politique, traduisant une volonté sociale, l'a imposée.
Avant l'invention de l'imprimerie déjà, des gens savaient lire.
 
shhh

29/01/2006
18:08
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

"Voici ma question : sur quoi s'appuient ceux qui en tracent un bilan unidirectionnel et aliénant ? "

Sur l'importance accrue des difficultés et des vicissitudes de toutes sortes, qui sembleraient faciles à résoudre dans un système social qui ne pronerait pas l'enrichissement personnel comme valeur ultime.
 
LN

29/01/2006
18:10
rectif sur 17h51

hum hum j'ai écrit "parfaitement méprisant"
mieux eut valu
écrire (et donc lire)
"c'est tout de même férocement sévère"

L
 
Agnès

29/01/2006
22:34
Tentative de poursuivre la réflexion

"Je tire de cet échange l'impression que la communication en forum est très difficile quand les convictions et les bases théoriques des interlocuteurs sont incompatibles", écrit Laurent.
Pourquoi incompatibles? Le bât me semble blesser précisément à cause de ma dernière question à laquelle vous ne répondez pas : *je ne trouve pas dans vos démonstrations d'éléments qui permettent de comprendre comment on pourrait éviter l'alternative "humaniste et crétin" ou "lucide et indifférent"*.
Non que je prétende que vous ne soyez pas humaniste. Mais votre exigence proclamée de rigueur intellectuelle et de déboulonnage des idoles à la mode aboutit facilement à l'invective sans proposer d'issue à un effort intellectuel visant à la compassion et non à la moraline. Il y a déjà eu un cas semblable à propos de Nestlé. Votre défense et illustration n'offre pas d'issue intellectuelle. Je ne veux pas dire de solution toute faite. Mais même de réflexion sur d'éventuels moyen de penser la chose et d'agir dessus. D'où un curieux sentiment d'impuissance pour l'interlocuteur ou le simple lecteur.

A part ça, ce que j'en dis, mon bon monsieur...
 
shhh

30/01/2006
10:35
calmons le jeu

Et pour en revenir au coeur de la question:
La technologie est-elle la source d'un changement des rapports sociaux.
Et surtout dans quel sens.
Vous conviendrez que si on parle des progrès des réseaux, et qu'on y cherche l'essence d'un progrès, on peut aussi évaluer les résultats d'autres inventions qui ont eu une importance vitale à leur époque, comme la machine à vapeur.
Nous sommes d'accord qu'il ne s'agit pas d'émettre un jugement sur la nature de la technologie, qu'on peut supposer neutre, (dans certaines limites quand même, si l'on songe à toutes celles qui n'ont pas été développées).
Il s'agit bien de l'usage qui en est fait, et de l'intention qui guide cet usage .
Est-ce que dit comme ça, on repostionne le débat sur des bases qui vous semblent correctes ?


 
shhh

30/01/2006
18:00
suite de mon effort

C'est qu'entre temps je suis allée aux sources, lire des extraits de Morin (non, bien sûr, pas tout).
Donc j'ai mieux compris pourquoi vous considériez que j'étais totalement hors débat.
Cela dit, j'ai quand même à objecter. Et pas qu'un peu.

 
shhh

30/01/2006
18:37
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins


Malheureusement, voilà ce que je trouve aussi:
http://www.philagora.net/philo-fac/edgar-morin/
Et là, j'ai vraiment du mal.
Je crains que ce ne soit encore pire que mes a priori de départ.

 
LN

31/01/2006
02:11
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

Eh non Agnès, en effet je n'ai pas de solution toute faite. Je ne savais pas qu'on pouvait m'en tenir grief.

Je n'ai pas non plus d'explication passe-partout (le matérialisme historique par exemple).

Si ce sont là des torts je les assume bien volontiers.
 
shhhh

02/02/2006
07:23
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

J'aimerais qu'on arrête de confondre l'objet avec ses falsifications. Une fois nommé, on se permet d'oublier tout le travail que comporte le matérialisme historique, et tous ses fondements. La part de vérité que comporte l'analyse qui l'élabore, vous en venez à la nier, en ne vous inspirant que de ses détracteurs. Lesquels, à ce que j'en vois sur le site pré-mentionné, préfèrent verser dans la mystique, qui se vend toujours très bien.

Vous êtes confrontés au même problème quand vous débattez avec des interlocuteurs qui confondent le libéralisme avec les étiquettes malveillantes qu'on lui colle, en se dispensant de toute connaissance sur sa nature, et sur la démarche qui conduit à le proposer.












 
Dom

05/02/2006
00:41
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

arf, je prends du retard et decouvre ce fil, en fait il est surtout consternant de voir les francais a la traine, pataugeant dans des systeme acrchaiques de distribution de presses et autres materiels de ventilations, on en revient toujours a la minute de cerveau disponible et de savoir aquel moment on pourra caser a l'homme sa part d'occupation/consomation afin de lui éviter l'ennui, alons aux faits!

""En plus que je me croirais revenue à mes 20 ans, ou on causait comme ça, juste pour pas dire qu'on attendait d'aller baiser, une fois sacrifié aux civilités de la conversation pseudo métaphysqiue."""
voila, c'est ce style pour tout, enrobage permanent d'un squelette.
on dégueule des kilometres de paroles ou d'ecrits, simplement pour cacher, soit son ignorance, soit son doute, soit son commerce( que je sois bien compris ce n'est pas une attaque contre toi Laurent).
l'attractivité de l'intervention fera vendre

Mais ce qui est plus ennuyeux c'est que cet homme au demeurant fort érudit qu'est Joel de Rosnay , n'a pas vu que son pays partait a la d"érive et n'etait plus competitif en matiere de production scientifique, faire une projection d'avenir sur l'homme symbiotique, n'est pas difficile, prevoir les carburants de demain c'est plus complexe, et deja les US se tournent vers ces types de carburants, internet n'est qu'un loisir ou un moyen de payement, loisir d'apprendre ou loisir de consommer, rien de plus.
 
Laurent

05/02/2006
12:24
La degringolade de la recherche en France

Si c'est ça, alors l'internet dépasse le divertissement et le moyen de paiement : c'est aussi le système de livraison de tout ce qui peut se numériser. L'économie de transport est pharamineuse, et pas seulement sur les produits finis (toutes matières premières, le personnel tous les jours, je ne dis rien des machines). Après tout, à quoi bon transporter en librairie des livres qui ne seront pas achetés, qu'il faudra retransporter jusqu'au pilon ? Et même les livres achetés, de totues façons, qui ne sont pas lus. Mieux vaut télécharger : le lecteur payera 10 fois moins cher, et il imprimera ce qu'il jugera utile d'imprimer. Le livre actuel ne restera vivant que pour une minorité d'oeuvres : classiques, best sellers, etc. Et pour le reste, adieu le point mort bas de la grande série.

Mais c'est quand même une alternative au transport physique, ça, non ? Tout ce qui est numérisable n'aura plus à être transporté. Ca marche pour tous les produits culturels reproductibles : news, romans, films, musique, feuilletons et dramatiques télé et aussi la télé dramatique.

Donc pas le spectacle vivant (guy, enfin ce qu'il en reste de vivant), pas les fromages de chèvres (shhh), pas les fruits et légumes (dom), pas la Pelforth (laurent) ni la Pabst Blue Ribon (LRDB), ni les coups de la matraque syndicale (guy derechef) sur les concurrents anti-corporatisme, et pas non plus ceux de la matraque policière sur les manifestants (lionel), etc etc . Tout cela ne se numérisera pas...

Pour en revenir à Rosnay, avant de diriger la Cité des Sciences dont il est aujourd'hui conseiller (ceci sent bon la retraite déguisée), il était voici 30 ans Directeur des applications de la recherche à l'Institut Pasteur. Je passe sur la maffia du médicament : guy ouvrira le fil là-dessus pour arguer que De Rosnay est vendu à la trilatérale. Non ce que je veux dire sans trop vouloir défendre JdR plus que cela, c'est que ceux qui se penchent aujourd'hui sur les problèmes de carburant, ce sont ses homologues des générations suivant la sienne. Et pour savoir ce que lui en pense, de ça et de la déliquescence de la recherche en France, euh... je crois qu'il faut lui poser la question. Sur son blog peut-être ?

Laurent
 
shhh

05/02/2006
12:54
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

Une mise à la retraite, ou une mise à l'écart.
Dans les mileux scientifiques, un institut qui meurt devient un musée. Un directeur de recherches qui pose problème, pour l'une ou l'autre raison, devient directeur de musée.
Un scientifique qui vieillit (je ne parle pas d'âge) fait dans l'histoire de la science, ou dans la +ou- philosophie de la science. Quelques uns ont été brillants dans ce domaine, comme Ernst Mach, d'autres sont devenus médiatiques, comme Cousteau, la plupart ont disjoncté.
Ce n'est peut-être pas le cas de JdeR, mais sur ce que j'en ai lu, je réserve mon opinion.
Et pour ce qui est de la "déliquescence" de la science, je voudrais juste rappeler que le dernier prix Nobel d'un savant français a récompensé des travaux réalisés il y a + de 30 ans, et encore parce que les américains qui ont développé les applications en découlant, ont demandé à ce qu'il soit associé à leurs succès. Alors les critères de jugement de "déliquescence", quels sont-ils ?
 
Laurent

05/02/2006
13:18
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

La retraite déguisée c'est de passer du poste de directeur au poste de conseiller (cf Pébereau, Pierre Richard, Noel Goutard). Sur le passage de l'Institut Pasteur à la Cité des sciences, il faudra enquêter pour en savoir plus.

Concernant la déliquescence de la recherche en france, pour Guy le critère sera la baisse des emplois de chercheurs appointés par l'état. Mais guy mélange tout, il juge le système à l'aune syndicale plutôt qu'aux résultats.

Comme je n'ai mesuré aucun résultats ni à la hausse ni à la baise, je dois bien reconnaitre que pour moi le critère c'est la rumeur. C'est par pure modestie et pour éviter le procès en contrefaçon, que je n'ai pas commencé ma contrib par un "chacun sait que la recherche en France est en dégringoladre...". En fait je n'en sais rien je le reconnais.

Anyway, dans votre contrib de 12h54, de quel prix Nobel s'agit-il ?

L
 
shhh

05/02/2006
14:08
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

Yves Chauvin, pour la metathèse
 
shhh

05/02/2006
14:09
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

C'est en fait le prix Nobel de chimie, et ce sont deux anglais qui lui sont associés (et pas 2 américains).
 
shhh

05/02/2006
14:13
rectif de rectif de rectif de rectif de rectif

deux américains, pas deux anglais.
Je me mêle un peu les pinceaux.
On va dire deux anglosaxons.
 
shhh

07/02/2006
07:41
re : L'intervention de Joel de Rosnay aux Matins

Internet est aussi un outil de surveillance. Plus évolué que les précédents. Conservation des données individuelles de chaque internaute, mais surtout possibilité d'y accéder sur réquisition de la police (conséquence des lois anti-terrorisme).
Pa exemple google books gardera l'identité de l'internaute avec les titres des livres consultés ou acquis.
Un site à consulter:
http://www.foruminternet.org/actualites/lire.phtml?id=1001


 
LRDB

09/03/2006
13:45
Pourquoi faire remonter ce fil

Je fais remonter ce fil pour deux raisons :
- il contient des éléments qui complètent la discussion qui se tient dans l'autre fil "Intervention de Joel de Rosnay"
- il montre comment une discussion peut se prolonger dans une évidente tension, sans que les interlocuteurs en viennent aux mains, et sans qu'ils restent non plus bloqués sur leurs positions du début.

J'aimerais que Lionel et Guy prennent ce dernier "détail" en considération, avant de saisir sur le forum bleu toute occasion de radicaliser les discussions en les politisant, en ricanant connement, après quoi ils viennent ensuite se plaindre qu'on se fout de leur gueule, ce qui en outre n'est jamais fait bien méchamment car on ne saurait être méchant avec des irresponsablables...

Je leur demande pour la Nième fois de cesser de déconner.

LRDB - agacé mais poli
 
Badminton

19/03/2006
21:23
plied : JdR sur la RSR mardi 21

MARDI 21 MARS : Le net, aux mains des citoyens ? Par Anik Schuin
Avec Joël de Rosnay, spécialiste dans le domaine de la biologie et de l'informatique, auteur, avec Carlo Revelli, de La révolte du pronétariat, aux éditions Fayard

Joël de Rosnay aime surprendre voire provoquer. Le titre de son dernier ouvrage le prouve encore: La révolte du pronétariat, jeu de mots qui renvoie à la lutte des classes et met à mal l'infocapitalisme. Evoquant la naissance des blogs, des wikis ou encore des "journaux citoyens" en ligne, le scientifique décrit les principes d'une économie reposant en grande partie sur des relations de pair à pair plutôt que sur la distribution de masse de contenus culturels. Le pouvoir venu d'en haut se voit concurrencé par "l'intelligence collective" qui s'empare de la toile. C'est la naissance, selon de Rosnay, d'une nouvelle forme d'expression démocratique et d'une nouvelle économie. Une économie basé sur la gratuité mais qui, n'en déplaise à l'auteur et tout bien pesé, ressemble fort au bon vieux système capitaliste...
http://www.rsr.ch/view.asp?DomID=1895&clickedDate=03/20/ 2006#lundi

 
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