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victor malicheff 25/02/2007 20:02 |
Mécénat d'Etat & supermarchés de l |
Masse critique, a eu le privilège de recevoir ce samedi H. Loyrette le « président « du Louvre qui a présenté sa stratégie de développement de notre établissement, présentation qui pour faire moderne était émaillée d’un vocabulaire anglo-américain que ne renierait pas un vendeur de grde surface commerciale. Consternant, d’autant que le producteur de l’émission était flanqué de JC Fredet rédac chef du Nl Obs , puis de F. Benhamou pour justifier les opérations d’Atlanta et d’ Abou Dhabi . Lamentable & méprisant pour les auditeurs. Car les conservateurs sont absents du débat : des ringards qui ne comprennent rien . F. Choay signataire de la pétition initiée notamment par F. Cachin , que je cite, déplore ce mécénat d’ Etat qui est conditionné par l’absence de toute cultureplastique à tous les échelons de l’instance décisionnelle ( sauf celle des conservateurs ) , elle ajoute : la non-information sinon l’inculture, sont susceptibles de l’arbitraire le plus désastreux dans le domaine des musées comme celui des « grands travaux « ou des petits « embellissements » telles les obscènes colonnes qui, sous caution d’avant-garde, ont été conviées à détruire la cour d’honneur du Palais-Royal. Le projet pédagogique & démocratique des musées français est devenu l’alibi qui dissimule une visée mercantile : le ministre du tourisme indiquait le 9/9 1986 « que le patrimoine doit se vendre avec les mêmes arguments et les mêmes techniques que ceux qui ont fait le succès des parcs d’attraction « . Elle ajoute dans le cadre des lois de décentralisation un décret créant la réunion des musées nationaux les a doté d’un statut « d’établissement public à vocation commerciale « Puisque FC bâillonne l’opposition à ce système qui confisque la culture française je propose que nous en parlions dans ce forum . Vous aurez remarqué que les présidentiables ne l’évoquent pas et pour cause J.Lang et R.D.. de Vabres même combat. D’ailleurs comme vous l’avez remarqué lors des la remise des César, Pascale Ferran la réalisatrice de Lady Chatterley qui reçu le César du meilleur film , a lu une lettre de la profession à l’attention de R.D.deV. sur l’état de la production cinématographique et le statut inchangé des personnels la servant : elle conclu par ces mots : « Il reste 55j ours aux candidats pour oser prononcer le mot culture « . Victor |
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Henry Faÿ 25/02/2007 22:11 |
d'un fil à l'autre |
![]() <<Puisque FC bâillonne l’opposition à ce système qui confisque la culture française je propose que nous en parlions dans ce forum.>> Je ne vois pas comment on peut dire que des opérations qui portent haut les couleurs des plus grands musées français confisquent la culture française. Sur les opération de partenariat mises en cause par Françoise Cachin, Jean Clair et Roland Recht, il y a eu sur cette question un débat de l'émission de Brice et Julie, Jean Clair y participait. En tout cas, si quelqu'un en a parlé abondamment, c'est moi, j'ai ouvert un fil, "l'art et les millions de dollars", j'ai écrit, et comme d'hab, je n'ai guère eu de réponse, ou comme toute réponse, "c'est pas la peine, on n'arrivera jamais à le convaincre", un peu court. C'est pourquoi je remets le cop'coll d'une de mes interventions, réponse à une synthèse d'un article paru dans le Monde diplo: <<L'article (du Monde dipl) dénonce surtout la commercialisation des musées. A Atlanta et à Abou Dhabi nos tableaux s'insèrent dans un dispositif qui n'est culturel qu'en surface ; il s'agit surtout d'attirer le plus possible de touristes. Abou Dhabi se préocupe surtout de construire des hôtels, marinas, golfs etc dans lequel le musée est une cerise posée au sommet de l'édifice.>> Culturel en surface, c'est l'auteur de l'article qui le dit, qu'en sait-il? J'ai du mépris pour ce mépris du tourisme! Le touriste, c'est vous et moi. Le touriste n'est pas forcément idiot, il ne l'est pas s'il cherche à s'initier à l'art. Les hôtels, je trouve ça très bien, en tout cas très nécessaire. Pourquoi ne pas dire qu'autour un musée on construit des hôtels, des marinas, des golfs? <<Dans l'entourage de M. Renaud Donnedieu de Vabres on déclare : "L'image de la France est aujourd'hui essentiellement culturelle ; c'est cette carte à jouer qui nous singularise et que nous devons utiliser au mieux dans la mondialisation ».>> Ce n'est pas faux et c'est même très vrai et je ne vois pas ce qu'on peut trouver à y redire. << Innénarrable Donnedieu de V. qui se glorifie d'avoir permis le tournage de films dans les palais et musées.>> Mais il a eu mille fois raison, pourquoi l'interdire? C'est l'interdiction qui est un scandale. Est-ce bien intéressant d'obliger un producteur de film à construire Versailles en carton pâte s'il veut tourner un film sur Marie-Antoinette? <<Bref la culture et la PRESERVATION passent au 2ème plan.>> Je ne vois pas comment on peut l'affirmer. Justement, ces opérations permettent de financer la préservation des oeuvres, comme l'avait dit Yves Michaud, qui s'en félicitait. <<Les musées développent tout un tas d'activités parallèles pour tirer le maximum d'argent du touriste au risque d'y perdre leur âme.>> Ils l'ont toujours fait et ils ont eu raison, pour moi, la librairie est une extension normale et indispensable du musée et de l'exposition et je regrette qu'en France les cafétérias des musées soient plutôt exigües. Dans une conférence sur les industries culturelles de l'université des tous les savoirs, j'ai appris que pour un voyage culturel, seulement 3% des dépenses alaient aux institutions culturelles, le reste va en transports et en restaurants. Il ne serait pas mal de faire un peu augmenter ce taux. <<Plus loin on peut lire : "On peut à présent déambuler dans le Louvre sur les traces du héros de Da Vinci Code. « Une mise en intrigue [moyennant 10 euros la location de l'audio-guide]" ... No commment.>> Si ça les amuse... Moi, ça ne me dérange absolument pas. On peut utiliser un musée avec la grille de lecture qu'on veut. <<On loue les salles du musée pour des tournages de film ou pour de l'événementiel (manifestations de prestige) ; un bien public unique et fragile est à la disposition de qques happy few.>> Mais arrêtez avec votre puritanisme d'insupportables coincés, ça profite à tout le monde, c'est moins grave que de laisser des salles fermées parce qu'on n'est même pas capable de payer les gardiens. <<On envisage la libre circulation dans les appartements privés du roi à Versailles. Mais tout ceci ne concerne que les musées prestigieux. Les autres peuvent végéter, car il n'y aura pas de partage des bénéfices. Ne parlons pas des projets de M. Breton qui envisage de pouvoir vendre et louer les oeuvres.>> Les louer, on le fait, les vendre, on n'y est pas. <<Bref nous sommes bien loin de l'art lorsqu'on a 8 millions de visiteurs (le Louvre).>> Et voilà, les huit millions de visiteurs, revient en force cet écrasant mépris de la masse inculte, d'un côté on critique des hapi fiouzes, de l'autres on méprise la masse des japonais, mais sait-on que les japonais ont chez eux des écoles d'histoire de l'art, qu'un tableau comme l'Angélus leur parle à eux plus qu'à nous, qu'on enseigne chez eux l'art à l'école et que même s'ils étaient totalement ignorants la visite du musée les rendrait moins ignorants. <<D'ailleurs sans carte d'accès privilégié il devient impossible de rentrer dans les musées certains jours.>> Certains jours peut-être mais d'autres, j'ai pu récemment le constater, les salles du Louvre dans bien des départements sont très loin d'être saturées. <<Les oeuvres qui passaient de l'amour au grenier peuvent passer de l'amour au musée, mais ça ne vaudra pas mieux, écrivait André Malraux. Toute oeuvre est morte quand l'amour s'en retire. »>> S'il y a des preuves d'amour, c'est bien les immenses queues qui se forment devant les musées et les grandes expositions. <<Avant d'ajouter, cette fois en tant que ministre d'Etat chargé des affaires culturelles, que la culture, « c'est ce qui répond à l 'homme quand il demande ce 'il fait sur la terre, (...) ce n'est pas l'utilisation des loisirs » dont le premier souci est de nous distraire pour gagner de l'argent.>> Pas bien compris. Etes-vous dans la tête du ministre? ![]() 2/02/2007 09:48 pour que ces lieux revivent Parmi les idioties de cet article du Monde diplo, très représentatif de la mentalité de ce journal, il y a cette idée que le Ministre n'aurait pas dû autoriser le tournage de films dans les palais et les musées. Patate! Ca se fait depuis que le cinéma existe, enfin presque. Où donc a été tourné si Versailles m'était conté de Sacha Guitry? Dans les studios de Billancourt? Les tournages sont, je le suppose, des fêtes, puisque Louis XIV, Molière et Lully, leurs comédiens, leurs musiciens et leurs danseurs sont morts, quelle belle occasion de faire revivre ces lieux habités par l'esprit, de revêtir les costumes d'époque sans être ridicule. Je suis allé dans les jardins de Versailles lors des grandes eaux. C'est très beau. Les travaux de restauration des fontaines sont dignes d'éloge, il faut voir pendant qu'elle sont là ces dorures qui ne tiendront pas longtemps. Ils ont eu la mauvaise idée de diffuser de la musique ancienne dans sonos pourries, j'aurais adoré qu'ils fassent appel à des musiciens en chair et en os. ![]() |
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victor malicheff 25/02/2007 22:15 |
re : Mécénat d'Etat & supermarchés |
le titre du thème c'est bien mécénat d'Etat et supermarchés de la culture Victor |
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Henry Faÿ 25/02/2007 22:36 |
que voulez-vous dire? |
![]() Si j'ai bien compris, le sujet du fil, c'est encore la mise en cause des opérations de partenariat du Musée du Louvre avec Atlanta et Abou Dhabi, à l'occasion de l'interviou d'Henri Loyrette, Président du Louvre, invité de masse critique qui les a mise en oeuvre, et qui bien entendu, les défend. Qu'ont-elles de répréhensible ces opérations qui assurent au Musée un rayonnement de ses collections et du savoir faire de ses collaborateurs? On ne me l'a pas encore expliqué, les arguments du Monde diplo ne sont absolument pas convaincants, s'il y a d'autres arguments, donnez-les. Mécénat d'Etat, oui, il y a un mécénat de l'Etat par le canal du Ministère de la Culture, de ses institutions et de ses allocations budgétaires et aussi par les dégrévements des successions. Supermarchés de la culture. C'est une métaphore, je suppose, qui peut être à double sens, ou bien laudative en se félicitant que les biens culturels soient aussi accessibles que les sont les produits des super-marchés, ou bien péjorative en déplorant que les produits soient bas de gamme, en tout cas, elle n'est pas bien claire, je ne vois pas comment elle s'applique aux opérations de partenariat du Musée du Mouvre avec quelques pays riches. Que voulez-vous dire? ![]() |
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victor malicheff 25/02/2007 22:50 |
re : Mécénat d'Etat & supermarchés |
Henry, bonsoir, je n'ai pas le temps de vous répondre ce soir, mais l'opération Louvre/Atlanta/AbouDhabi est un épiphénomène qu'il faut replacer dans le contexte diacronique & synchronique de la politique culturelle de ce pays, qui est confisquée à ceux , les artistes, qui la produisent, les conservateurs du patrimoine à qui nous confions les oeuvres, niée enfin auprès de ceux auquelle elle est destinée. Comment admettre de subir l'arbitraire de cette technocratie centralisée inculte. A-t'elle proposé les colonnes de D. Buren à Atlanta & à Abou Dhabi ? Elle n'a pas osé. Victor |
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grim 25/02/2007 23:04 |
re : Mécénat d'Etat & supermarchés |
Pour des infos plus lucides sur ces opérations, lire http://www.latribunedelart.com/Debats/Debats_2007/Page_Debat _Abu_Dhabi.htm |
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dom 25/02/2007 23:21 |
re : Mécénat d'Etat & supermarchés |
merci henry, je n'ai rien compris au message de Victor |
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dom 26/02/2007 17:17 |
re : Mécénat d'Etat & supermarchés |
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/ masse_critique/index.php j'ai trouvé ce lien |
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K 06/03/2007 10:53 |
re : Mécénat d'Etat & supermarchés |
Au final il s'agit juste d'une operation gros sous (quid des commissions occultes?) pour implanter un Louvre sur une île pour milliardaires et non sur un lieu touristique : avec l'ump, la culture on s'en torche le cul http://www.liberation.fr/actualite/economie/238690.FR.php http://www.liberation.fr/actualite/economie/238691.FR.php |
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Henry Faÿ 06/03/2007 15:41 |
vivent les projets pharaoniques! |
<<En revanche, dans les musées français, personne ne veut entendre parler de cette affaire «insensée». Il faudra beaucoup d'insistance, notamment celle de RDDV, pour que le président du Louvre, Henri Loyrette, accepte d'entrer en négociation : afin de ramener dans des proportions acceptables pour les Français (y compris du point de vue de la liberté artistique) un projet pharaonique et sans limites.>> Lisant ceci, je me dis que décidemment, la France est un pays où on ne sait plus voir grand. ![]() |
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Nazdeb 06/03/2007 16:19 |
re : Mécénat d'Etat & supermarchés |
On a un peu mélangé deux choses dans cette affaire, oui vous me direz elles sont indissociables, sauf que dans l'ordre du symbole on peut tout à fait les séparer, et elles doivent l’être. Louer des œuvres contre rétribution c'est une chose, ça se discute, en tout cas il n’y a pas mieux que les envoyer sur une île à millionnaires pour renforcer le stéréotype arts = loisir de riches. C’est à mon avis tout le contraire de la mission qu’est supposé poursuivre un ministre de la culture. Mais vendre le nom "Louvre" à un autre lieu que le palais lui-même qui a ce nom me semble tout à fait préoccupant. On virtualise le monde : les lieux célèbres ne sont plus des lieux, avec toute l’histoire qui va avec, et même autour ; ils deviennent des choses virtuelles, pour ne pas dire des marques. Le ministre dit que c’est l’image de la France que cette opération va servir, alors qu’elle consiste symboliquement à dire : le Louvre n’est plus seulement en France, il est aussi ailleurs. Pour voir le Louvre, plus besoin d’aller à Paris, de savoir que le château a eu une histoire, de voir son environnement, la Seine et les autres institutions proches, etc. Non, il suffit d’aller sur une île. Si ce sont les œuvres qu’on importe, d’accord, prêtons ou même louons-les, mais les musées devraient rester situés là où ils sont. Exporter les institutions phares de l’histoire d’un pays à une telle distance risque d’en éloigner davantage les citoyens et contribuables. Aller vous plaindre après ça de la perte des « valeurs », de la disparition du sens patrimonial, du respect du passé, etc. Si le passé devient off-shore, les gens finiront par n’en plus vouloir. ![]() |
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Henry Faÿ 08/03/2007 16:24 |
une métonymie, rien de plus |
![]() <<Mais vendre le nom "Louvre" à un autre lieu que le palais lui-même qui a ce nom me semble tout à fait préoccupant. On virtualise le monde : les lieux célèbres ne sont plus des lieux, avec toute l’histoire qui va avec, et même autour ; ils deviennent des choses virtuelles, pour ne pas dire des marques. Le ministre dit que c’est l’image de la France que cette opération va servir, alors qu’elle consiste symboliquement à dire : le Louvre n’est plus seulement en France, il est aussi ailleurs. Pour voir le Louvre, plus besoin d’aller à Paris, de savoir que le château a eu une histoire, de voir son environnement, la Seine et les autres institutions proches, etc. Non, il suffit d’aller sur une île. Si ce sont les œuvres qu’on importe, d’accord, prêtons ou même louons-les, mais les musées devraient rester situés là où ils sont. Exporter les institutions phares de l’histoire d’un pays à une telle distance risque d’en éloigner davantage les citoyens et contribuables. Aller vous plaindre après ça de la perte des « valeurs », de la disparition du sens patrimonial, du respect du passé, etc. Si le passé devient off-shore, les gens finiront par n’en plus vouloir.>> L'idée qu'un Musée du Louvre virtuel prendrait la place du Musée du Louvre réel, ça pourrait être assez beau, mais il ne faut pas en avoir peur, ce n'est pas demain la veille qu'on le verra. Quand on dit Musée du Louvre d'Abou Dhabi, personne, je suppose ne se méprendra sur la signification de cette formule, c'est l'utilisation d'une métonymie, (ou si on veut un raccourci), on veut dire [(u[musée_qui_fonctionne_en_partenariat_avec_le_Musée_du_ Louvre]u)]_. Le Musée du Louvre il n'y en a qu'un, il est à Paris et il y sera, on l'espère pour longtemps. Ce Musée d'Abu Dhabi sera comme une bande annonce, un avant goût du grand musée national qui normalement ne devrait éteindre le désir de visiter le vrai Louvre mais le renforcer. Si on n'adopte pas cette façon de voir et si on veut considérer le Louvre non plus comme un musée mais certain nombre de musées mis en réseau, c'est une conception osée et pour le moment totalement fausse, pour le Guggenheim, elle serait peut-être valable, mais qui non seulement ne me choque pas mais me plaît beaucoup. ![]() |
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Henry Faÿ 08/03/2007 16:26 |
en rouge si ça marche |
[(u[musée_qui_fonctionne_en_partenariat_avec_le_Musée_du_ Louvre]u)]_ ![]() |
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Nazdeb 09/03/2007 14:01 |
re : Mécénat d'Etat & supermarchés |
Henry tu es bien le meilleur des hommes : tu évalues les choses comme si tous les individus avaient ta façon de voir, pour ne pas dire ta sagacité et ta faculté de recul. Je pense personnellement que c’est loin d’être le cas, à commencer par la clientèle à laquelle le projet d’Abu Dhabi est destiné. Tu demandes aux citoyens du pays qui voit une partie de son patrimoine devenir une marque commerciale transnationale de ne pas se méprendre sur ce qui resterait une métonymie et de se dire que le Louvre continue d’être à Paris, et pas ailleurs. Mais alors observe le parallèle : c’est justement cette méprise qu’on attend des clients qu’accueillera l’île de Saadiyat ; on veut les attirer par l’attrait publicitaire du nom « Louvre » importé là. Si les concepteurs du projet avaient réellement eu l’idée que les golfeurs et affairistes d’Abu Dhabi étaient capables de ne pas se méprendre sur la métonymie, et de se dire que Louvre n’est qu’à Paris, alors il n’y aurait aucun sens à nommer Louvre le nouveau site, personne n’achèterait une métonymie plusieurs centaines de millions d’euros. L’opération symbolique est explicite : on fait passer l’idée publicitaire que le Louvre cesse d’être un site localisé à Paris, et qui ferait donc partie de son histoire. Exploité aujourd’hui par les politiciens et les diplomates (non plus par les conservateurs et spécialistes d’art), il s’implante ailleurs comme une multinationale qui va s’offrir à des publics huppés et internationaux : ce n’est donc symboliquement plus notre patrimoine. Il se rapproche du coup de la fondation Guggenheim que tu évoques à juste titre : il devient un réseau ne s’adressant non pas à un peuple qui en partage la propriété, mais à une élite transnationale qui en est le client. Je pense que cet acte va contribuer à éloigner les citoyens de leur patrimoine et des arts. ![]() |
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parmenide 11/03/2007 16:49 |
re : Mécénat d'Etat & supermarchés |
Henry, Pour ce bref retour je veux seulement te dire ceci : le touriste c'est toi, c'est pas moi. Et ton chateau de cartes s'écroule net car je suis loin d'être le seul à réfuter l'éthique touristique, très loin : elle appartient à ce qui détruit la culture et en même temps les lieux de vie. salut. P |
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Henry Faÿ 11/03/2007 18:49 |
un lieu commun redoutable |
![]() S'abstenir d'être touriste, c'est bien. Personnellement, le tourisme de masse je m'en passerais bien et je cherche à l'éviter. J'ai réussi à visiter les Temples d'Angkor un jour où ils étaient vides, j'ai des photos qui l'attestent. J'aimerais avoir les grandes eaux de Versailles pour moi tout seul et quelques amis et c'est moi qui choisirais la musique. Je ne sais pas en quoi consiste une éthique touristique, peut-être s'abstenir de pratiquer le tourisme sexuel. Cette critique du tourisme, c'est un redoutable lieu-commun, qui ne date pas d'hier, déjà Pierre Loti s'indignait du flot de touristes en Egypte et de la pollution que provoquaient les bateaux à vapeurs qui les convoyaient sur le Nil. Ca me fait penser aussi à la réaction d'Emile Guimet, le fondateur du musée Guimet qui au Japon qu'il visitait pendant l'ère Meiji disait qu'il était le dernier à voir le Japon parce que le Japon, c'était fini, c'était fini parce que le pays s'industrialisait, c'était dans un très beau film passé sur Arte. Cette critique du tourisme de masse n'est pas fausse sur toute la ligne mais il faudrait discuter les cas séparément et je n'aurai pas dans tous les cas les solutions. Dire que le touriste est par définition inculte, c'est faux, c'est un préjugé, j'ai donné comme exemple que l'Angélus de Millet parle plus aux japonais qu'à nous-mêmes. Je crois que la visite des musées peut être un mode d'accès à la culture, je ne vois pas pourquoi il ne le serait pas. J'ai noté que le Louvre est en apparence saturé, c'est ce qu'on pense quand on voit les queues qui se forment à l'extérieur mais quand on y va, on voit qu'il n'en est rien, dans les salles des principaux départements la fréquentation est à un niveau raisonnable. Ce sont les grandes expositions qui provoquent les grandes congestions. La dimension économique du tourisme ne peut pas non plus être négligée. Qui peut se désintéresser des emplois et des revenus que le tourisme procure? ![]() |
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victor malicheff 26/03/2007 21:55 |
re : Mécénat d'Etat & supermarchés |
Françoise Cachin & Michel Laclotte viennent d’être évincés du Conseil Artistique des Musées Nationaux par R.D.V. Ce gouvernement est vraiment insupportable il n’écoute rien & sanctionne ceux qui le contredisent. Je souhaite à cet équipage qui s’emballe d’être sanctionné d’une façon ou d’une autre. Victor |
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