Discussions annexes, bavardages politiques, hors-sujet divers... (archives 3003-2008)

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Lou

13/07/2006
17:58
DLA Les tsiganes

Devoir de vacances.
Livre traduit.

« Des compagnies de Tsiganes travaillent ici dans la voirie, ça leur donne quelque chose à faire et ils y mettent beaucoup de cœur, j'aime à les regarder se battre, torse nu, avec leurs pics et leurs pioches contre la terre durcie et les pavés de la rue, j'aime les voir enfoncés dans la terre jusqu'à la ceinture comme s'ils creusaient leur propre tombe, je les aime, ces Tsiganes: leurs femmes et leur marmaille ne sont jamais très loin de leur lieu de travail, il n'est pas rare de voir une de leurs femmes, aux jupes retroussées, agrandir le fossé qu'ils ont entamé pendant qu'un jeune Tsigane s'amuse avec un enfant qu'il tient sur ses genoux; on a l'impression qu'en jouant ainsi, qu'en cajolant l'enfant les forces lui reviennent, non pas celles du corps, mais de l'âme. C'est qu'ils sont terriblement sensibles, ces gens-là, et comme une belle Madone à l'Enfant, ils ont parfois si bien l'air d'être humains, avec leurs grands yeux remplis de la sagesse d'une culture oubliée depuis longtemps, que le sang s'en glace dans vos veines....
Il parait que, quand nous en étions encore à courir avec des haches et à garder les chèvres, les Tsiganes, eux, avaient un Etat quelque part dans le monde, une structure sociale ayant déjà connu deux fois la décadence; et les Tsiganes d'aujourd'hui, installés à XX pour la deuxième génération seulement, aiment allumer, où qu'ils travaillent, un feu rituel, un feu de nomades joyeux et crépitant pour le plaisir uniquement, une flambée de bouts de bois grossièrement taillés, semblable à un rire d'enfant, à un symbole d'éternité, antérieur à toute pensée humaine, un feu gratuit comme un don du ciel, un signe vivant des éléments que les passants désabusés ne remarquent même plus, feu né dans les tranchées des rues de XX de la destruction de bouts de bois pour réchauffer les yeux et l'âme vagabonde.... »

De retour, le 17 Juillet. Pas d’éclaircissement avant cette date.

 
AArgh!!!

13/07/2006
19:46
ben tiens !

ça s'appellerait pas de la cruauté pure, ça ? Ou alors une faute radicale contre l'hospitalité, que moins tzigane que ça tu meurs !
On t'invite devant une table garnie d'un mets appétissant, et puis non, t'y touches pas, et tu sauras même pas avant trois jours ce que c'est que cette bouffe !

 
shhh

13/07/2006
19:54
re : DLA Les tsiganes

Oui, c'est pas bien comme ça.
Et alors traduit de quoi ? de l'italien peut-être ? mais bof, ça sert à rien de s'escrimer.
 
shhh

13/07/2006
19:57
re : DLA Les tsiganes

Puis d'abord où est-ce que les tsiganes travaillent dans la voirie ? en Roumanie ? ils sont détestés là-bas.
Remarquez, on peut en profiter pour dire du mal, puisque personne n'écoute. Et par exemple, ça fait très roman engagé, ça m'énerve.
 
w

14/07/2006
11:17
Buffet dégarni

Ouais et puis d'abord on sait même pas si ce sont des Roms, des Schmits ou des Reinhart...
C'est pas tout, j'ai ma valise à finir en quatrième vitesse.
Ce sera moins frustrant pour moi puisque je ne rentre que dimanche soir.
 
lou

14/07/2006
22:57
j'ai pitié

J'suis revenu exprès.
XX c'est la capitale d'un pays d'Europe centrale. La plus belle ville baroque du monde, si vous voyez ce que je veux dire.
C'est tout sauf un roman engagé.
Roman? on peut appeler ça comme ça quand ça a 110 pages?
 
AArgh!!!

14/07/2006
23:22
re : DLA Les tsiganes


AH! enfin ! A taaaaable !

Prague, donc.
Et l'auteur, un tchèque ? Un type TRES intelligent qui vit en France ? ((C'est l'hypothèse bêta, la plus facile)
 
lou

14/07/2006
23:22
Y en a pas...

... un/une qui m’a dit si c’était beau ou pas beau.
Il faut me corriger. Je suis un scientifique qui se mêle de ce qui ne le regarde pas. J’voudrais apprendre, j’voudrais bien faire, chui plein de bonne volonté.
Chui venu à FCu parce que la Lolotte a dit que c’était l’Université de la Culture Populaire. Y faut donc que ddfcu ça soille l’Université de la contre-Culture Populaire.
J'ai du mal à me concentrer parce que dehors c'est le feu d'artifice, alors je fonce à la fenêtre dès qu'ça pète.
.
 
lou

14/07/2006
23:31
très intelligent

J'crois qu'il est très intelligent aussi, mais lui il est resté là bas. Une autre différence, c'est qu'il est mort le mien.
J'avais délété un adjectif pour égarer les ddfc:
"comme une belle Madone tchèque à l'Enfant"

J'ai acheté ce livre à Prague, au rayon français d'une grande librairie, sur l'immence place en pente douce dont le nom ne me revient pas, où il y a l'énorme statue équestre en haut et le petit mémorial au milieu, à l'endroit où Jan Palach s'est suicidé par le feu.

 
lou

14/07/2006
23:34
Kundera

Est-ce que Kundera serait capable d'écrire quelques lignes lyriques sur un feu de bois? Je ne crois pas. Son intelligence le perdra.

 
CA

15/07/2006
00:14
re : DLA Les tsiganes

J'ai la réponse, je crois, mais je ne parlerai pas, même sous la torture.

La place Venceslas, Lou, avec la statue à cheval du saint patron, avec ses bâtiments art nouveau, art déco, années 50, 60, son Hôtel Europa, son café où Kafka a lu quelques-uns de ces textes, et le Lucerna, et le Palais Koruna, et les vendeurs de saucisses...

CA
 
Marceldudu

15/07/2006
02:31
re : DLA Les tsiganes

Bonsoir,
J'aimerais bien imaginer que ce texte est de Hrabal. J'ai beaucoup aimé. Il a une folie, de l'ironie, le sarcasme n'est jamais bien loin. Dans cet extrait, il y a du sarcasme, pas vis à vis des tsiganes, bien sûr, mais vis à vis des racistes. Pour ma part, je n'y vois pas vraiment un "engagement", mais plutôt un bras d'honneur bien tourné adressé aux cons. Mais je le trouve un peu trop enrobé, un peu trop "ixième degré". Hrabal était peut-être un peu plus direct.
Alors?
M.
 
Agnès

15/07/2006
08:23
re : DLA Les tsiganes

Bon. Le 14 juillet, ça nous permet des visites rares. CA qui nous nargue, Marceldudu que l'on avait pas vu depuis un bail... et c'est pas Kundera, mais je m'en doutais parce qu'en effet ça me paraît trop lyrique (et d'ailleurs, si je puis me permettre de ronchonner en ce radieux samedi, ce type qui écrit "des choses intelligentes à jet continu", ce qu'il me barbe !)
Beau ou pas beau, Lou ? pour moi, il y a sans doute trop "d'intention" dans ce texte. Mais c'est un bel hommage au feu de bois et aux tziganes!
Quant à corriger ! Il y a de tout et de tous ici, et chacun apporte ce qu'il lui chaut et ce qu'il aime. (Après, y a les commentaires, pas touours charitables. Mais ça fait partie de l'emballage )
Pour le reste, je n'ai rien à proposer. Je ne connais Hrabal que de nom et de prénom.

 
shhh

15/07/2006
09:06
re : DLA Les tsiganes

Pour ce que j'ai lu de la biographie de Vaclav Havel, et comme je trouve au texte un arrière fond politique à volonté pédagogique ( mondieumondieu le style des lendemains de fête, c'est quelque chose quand même!), je le proposerais bien, tiens.
 
Marceldudu

15/07/2006
12:09
re : DLA Les tsiganes

Bonjour,
Quand je dis que j'ai beaucoup aimé, c'est de Bohumil Hrabal que je parle et non de cet extrait. Mais à la relecture, je l'aime bien, cet extrait. Je trouve qu'il manie efficacement le sarcasme, et renvoie les racistes à leur merde sans le dire. J'y trouve quand-même plus d'ironie que de pédagogie. Hrabal ou pas, j'ai envie de savoir.
M.
 
lou

15/07/2006
13:33
bingo!

Oui c’est Hrabal. Mais quel livre?

C’est dans un livre très noir, avec un thème superbe. Je l’ai relu rapidement après vous avoir forwardé l’extrait (j’avais copié ce passage il y a quelques années quand j’avais lu ce livre). À la relecture, les 3 ou 4 seuls passages lumineux du livre ont pour thème les Tsiganes. J’en donnerai un autre plus tard.

Cela dit, je suis déçu par vos commentaires. Je trouve ce passage un moment de pure beauté. Il dit qu’il aime les Tsiganes et pourquoi il les aime, point. Je ne vois aucune intention. Faut-il toujours chercher des arrière-pensées ? Jamais se laisser charmer ? En tant qu’amateur de jazz, le passage sur le feu est beau comme un solo de Charlie Parker, une superbe improvisation planante sur le thème, ça décolle.

Marceldudu a trouvé l’auteur (CA aussi) et il ajoute :
« Dans cet extrait, il y a du sarcasme, pas vis-à-vis des tsiganes, bien sûr, mais vis-à-vis des racistes.... J’y vois un bras d'honneur bien tourné adressé aux cons.... Il manie efficacement le sarcasme, et renvoie les racistes à leur merde ... J'y trouve de l’ironie ».
Ces commentaires me font horreur. Ils sont tellement « français ». J’y vois tout l’antiracisme synthétisé en 1981 from scratch pour nous diviser en bons et méchants. J’y lis la formidable bonne conscience de la « belle âme » autoproclamée, l’irrespirable ton du procureur de la Terreur, celui qui a envoyé Lavoisier à la veuve. C’est cette atmosphère irrespirable qui m’avait fait songer à émigrer quand je vivais à l’étranger.
Un simple extrait suffit à faire resurgir la pseudo division gauche/droite qui empoisonne en ce moment la moitié des fils de ce forum.
POUCE ! POUCE ! POUCE ! POUCE ! POUCE ! POUCE !

 
lou

15/07/2006
21:45
la rencontre

Le narrateur raconte comment il a rencontré dans la rue son amour de jeunesse : « sa Tsigane silencieuse et candide ».

« Je l’avais rencontrée à la fin de la guerre, je sortais de l’auberge, oui, de l’auberge Horky, elle m’emboîta le pas pour ne plus me lâcher d’une semelle, sans jamais se faire attendre ni jamais me dépasser, trottinant sans bruit derrière moi. Je lui parlai par-dessus mon épaule, « Bonsoir, je dois y aller maintenant », lui dis-je, arrivé au croisement ; mais, c’était son chemin, disait-elle ; j’enfilai la rue Ludmila et voulus la quitter, mais elle avait à faire plus bas ; j’arrivai tout exprès au lieu-dit du Sacrifice et lui tendis la main, mais non, sa route était la mienne, et nous continuâmes donc notre chemin jusqu’au quai de l’Eternité où j’habitais alors ; même sous le réverbère de notre immeuble, elle me suivit : « Adieu », lui dis-je, mais c’était aussi sa maison, je m’effaçai alors pour lui laisser le passage, mais rien à faire, elle tenait à me voir entrer le premier dans le couloir obscur ; je descendis les marches de la cour et, la clé sur la porte, je me retournai pour lui dire au revoir, mais elle était aussi chez elle, elle entra donc chez moi et partagea mon lit. »

 
Agnès

15/07/2006
22:13
re : DLA Les tsiganes

N'ayant jamais lu une ligne de Hrabal, je n'ai pas de titre à proposer. Le récit ci-dessus est amusant et alerte, merci Lou. Pour ce qui est des commentaires de Marceldudu, c'est vrai qu'ils sont bizarres, et par rapport au texte, et même par rapport à ses habituelles incursions! Ma...
Buona sera a tutti,

 
lou

15/07/2006
23:16
Hrabal

Agnès, les extraits présentés ne sont pas du tout représentatifs de l’athmosphère ni du thème du livre en question dont je ne donne pas encore le titre. J’ai choisi des passages heureux dans un livre très sombre. Hrabal est très fort pour les changements de tonalité.

Comme je le disais, j’ai découvert par hasard Bohumil Hrabal au rayon traduction française dans une librairie à Prague. Je ne vous conseille pas de commencer par ce livre, assez dur, mais par « Trains étroitement surveillés » (115 pages aussi seulement), le seul autre livre de lui que j’aie lu, bien que j’aie acheté au moins la moitié de son oeuvre. Tour a paru en poche, donc très abordable. Je voudrais lire d’ici à Septembre « Les noces dans la maison ».

Bohumil Hrabal, 1914-1997, né à Brno, actuelle Slovaquie {Si ça mord, je vous raconterai un jour une anecdote perso marrante sur Brno}.
Ce qui suit est extrait de la préface d’un de ses livres.
« Il fait son droit à Prague, mais il n’exercera jamais le métier de juriste. Il est successivement clerc de notaire, magasinier, employé des chemins de fer, courtier d’assurances, commis voyageur, ouvrier dans une aciérie, emballeur de vieux papiers, figurant au théâtre.
Entre 1963 et 1968 il occupe le devant de la scène littéraire, il est l’écrivain le plus populaire du pays. Ce qu’il a publié jusque-là est déjà suffisant pour le faire passer à la postérité. Avec son humour, son art narratif qui récupère au profit de la littérature les affabulations fantastique qui ont cours dans les brasseries populaires, Hrabal est un nouveau fleuron du génie plébéien tchèque ; il réussit l’exploit, un de plus, de faire entrer dans l’imagerie populaire, à travers son oeuvre, non seulement de bonnes doses d’avant-gardisme surréaliste mais aussi l’héritage de l’expressionnisme « existentiel » tchèque beaucoup plus désespéré et considéré comme marginal, qu’il revendique haut et clair.
De 1970 à 1976, puis de nouveau entre 1982 et 1985, Hrabal est interdit de publication : prié de rentrer sous terre. C’est pendant cette période qu’il écrit ses chefs-d’oeuvre (dont celui d'où j'ai tiré les extraits). Aucun de ses livres importants ne sera publié avant 1990. »
 
lou

15/07/2006
23:36
la place Venceslas

CA, la place Venceslas, j'y ai pris une bière pression dans une superbe brasserie art nouveau sur la droite quand on descend. Quelle est son nom déjà?
Quant aux saucisses, oui, j'en ai mangé là, avec de la moutarde, debout, avec une bière dans l'autre main. Je dois dire qu'elles ne sont pas "régime" ces saucisses, très grasses, et puisque nous parlons de Hrabal, soyons aussi franc et direct que lui et disons-le: j'en rote encore.
.

 
Marceldudu

16/07/2006
02:07
re : DLA Les tsiganes

Bonsoir,
Lou, je comprends bien ta réaction, ainsi que celle d’Agnès. Je comprends aussi que tu aies l’impression que pour voir du sarcasme et de l’ironie dans ce texte, il faut un peu le « tordre ».
Mais je crois qu’il faut connaître un peu Bohumil Hrabal..
La culture tchèque est imprégnée de dérision. On pourrait presque dire que la dérision est une « valeur » tchèque. Le « Soldat Schweik » est un peu le symbole de cette dérision.
Kafka en son temps, et Kundera à sa manière, ont pratiqué la dérision. Hrabal ne pratique pas la dérision. Dans certains de ses écrits, on se rend compte à quel point il est pétri de dérision. Il « est » la dérision, avec ce que ça implique de sarcasme et d’ironie, et aussi de délire surréaliste. Chez lui, l’ironie et le sarcasme semblent souvent être les moteurs de sa sensibilité et de son expression.
Moi-même, qui ne suis pas tchèque (pas à ma connaissance, en tout cas, mais, sait-on jamais vraiment ce qu’on est ?), je respire la dérision, et quand j’ai lu Hrabal, j’ai quasiment fraternisé.
Autre chose : Aimer les tsiganes ! Je ne vois pas bien de quoi il s’agit. J’adore la musique tsigane, j’en ai une cinquantaine de disques, et quand je l’écoute, je me sens un peu tsigane, je vibre à l’unisson. Mais, dire : « j’aime les tsiganes » me semble tout aussi dérisoire que dire « Je n’aime pas les tsiganes ».Je n’aime pas les tsiganes, les noirs, les juifs, les arabes, ou les blancs. Par contre je peux parfaitement aimer, ou tout aussi bien détester des gens dans n’importe quel de ces groupes de la race humaine. Avec la musique tsigane, je me suis intéressé à l’histoire des tsiganes, et je ressens une grande compassion pour ces peuples qu’on a bafoués et piétinés à peu près partout.
Revenons à Hrabal. J’ai aimé sa sensibilité et sa façon de l’exprimer. Hrabal n’est pas un romantique, et autant je suis convaincu qu’il n’a rien d’un pédagogue gnangnan (ce serait mal le connaître), autant je suis aussi convaincu que quand il écrit ainsi sur les tsiganes, il a inévitablement une idée derrière la tête, et à sa façon, il règle des comptes avec la connerie (j’admets que je peux me tromper). A ma connaissance, Hrabal ne baisse quasiment jamais la garde, et c’est aussi ce que j’aime chez lui.
Surtout, n’imagine pas, de ma part, une réaction franchouillarde. J’ai beaucoup plus réagi en « hrabalien ». Le deuxième extrait est un peu déroutant et, débarrassé du sarcasme, manifeste plus le côté un peu surréaliste de Hrabal.
A tous ceux qui ne connaissent pas Hrabal, je dis « Lisez-le » ! Ca décape, ça secoue, ça réveille ! Il FAUT lire , entre autre, « Les palabreurs ».
M.

 
Marceldudu

16/07/2006
02:12
re : DLA Les tsiganes

... Je crois bien que c'est Michel Pollak qui me l'a fait connaître, de même qu'il m'a fait connaître Evgueni Zamiatine, un autre grand, pour moi incontournable.

Au fait, je ne sais absolument pas dire de quel livre il s'agit!
M.
 
Agnès

16/07/2006
07:21
Infos ici

http://bohemica.free.fr/auteurs/hrabal/bibliog_hrabal.htm

Je sens que ça va me faire des lectures de vacances. Premier auteur pour la prochaine synthèse !
Bon alors, Lou, le titre ?

 
lou

16/07/2006
22:57
le titre

Le titre : « Une trop bruyante solitude ». Collection poche : Points. Le texte fait 114 pages.

Le narrateur, Hanta, met depuis 35 ans des livres au pilon pour recyclage. Il travaille dans une cave, les livres et papiers de toutes sortes (livres, cartons, papiers sanglants de boucherie, affiches d’exposition de peinture, livres reliés cuir, etc.) lui sont balancés par une trappe. Il a une machine à broyer avec laquelle il fait corps et qu’il veut mettre dans son jardin à sa retraite. Il est fasciné par les livres, les feuillette, sauve ceux qu’il peut sauver et les emporte en cachette chez lui. Ceux qu’il ne peut pas sauver il les emballe dans des paquets qu’il fait le plus beau possible avant de les broyer. Il est intéressant à savoir qu’Hrabal a fait ce métier à un moment de sa vie. On voit la parabole, je ne vais pas faire un dessin surtout que je n’en ai pas épuisé tous les sens, sachant qu’il a été censuré et que la publication de son oeuvre a été retardée de plusieurs décennies. De plus, visiblement, il anticipe une civilisation dans laquelle le livre va disparaître.

J’avais lu ce livre d’une traite il y a quelques années et il m’avait passionné car l’idée est superbe, et la fin, la dernière page, est magnifique, quelle trouvaille ! En le relisant pour en parler aux ddfc, je le trouve très dur. Il y a des passages vraiment trash : égouts, rats, ordures, caca (la pauvre Marinette !).

Les passages sur les Tsiganes sont les seuls passages lumineux du livre :
1- Les deux femmes Tsiganes aux jupons rouge et turquoise (p.50) qui viennent lui livrer des vieux papiers. (4 ou 5 pages d’où j’ai tiré l’extrait initial)
2- La rencontre avec la petite Tsigane « la beauté qui enchanta mes jeunes années » (p. 75 ; 8 pages ; dont j’ai tiré le 2ème extrait) et qui réapparaît à la dernière page... et de quelle manière !

C’est seulement à la relecture que je réalise que les Tsiganes, les seuls personnages vraiment sans taches dans ce livre consacré au livre... sont des ANALPHABÈTES. {Souvenir perso : Un jour, un gitan, au volant de sa Mercedes, me demandant sa route. Je lui dis : rue du président Machin, puis rue Truc Muche député maire de 19 .. à 19..., puis avenue Chouette, conseiller municipal en 19.... Il me regarde avec un grand sourire et dit : dis- moi seulement à droite, à gauche, à droite, à gauche...}
À propos de « taches » la phrase de Goethe en exergue du livre est : « Seul le soleil a droit à des taches ».

Quand on voit les thèmes abordés en si peu de pages, on est épaté par la densité du livre.

Pour le style, bon, je n’ai pas le vocabulaire des bacheliers d’aujourd’hui issus de la réforme Viallat, mais une grande imagination dans les comparaisons et les métaphores, et des changements de tonalité (de registre, on dit maintenant, je crois) abrupts qui m’épatent, toute proportion gardée comme ce que fait le grand William quand il nous fait surgir un bouffon au moment le plus dramatique.

Exemple (p. 25) :
« À la mort de maman tout pleurait en moi, mais je n’avais plus de larmes à verser. Au sortir du crématorium, une petite fumée montait vers le ciel, maman s’élevait joliment dans les cieux... Cela faisait dix ans que je travaillais dans les caves des dépôts de vieux papier : je gagnai par habitude le sous-sol du crématorium, j’avais l’impression de faire la même chose qu’avec les livres. On avait brûlé quatre cadavres, maman était le troisième. Sans un geste, je regardais l’ultime substance humaine, le croque-mort retirer les os pour les passer à la moulinette, puis mettre les derniers restes de ma mère dans une boite en fer, et moi j’écarquillais les yeux comme lorsque s’éloignait le train {de livres} au chargement superbe qu’on vendrait en Suisse et en Autriche une couronne le kilo. Je n’avais à l’esprit que ces vers de Sandburg : il restera de l’homme juste assez de phosphore pour fabriquer une boite d’allumettes et juste assez de fer pour forger le clou d’un pendu. Un mois plus tard, j’entrai dans le jardin de mon oncle avec l’urne qui contenait les cendres de maman que je venais de recevoir. Assis à son poste d’aiguillage, en nous voyant mon oncle s’exclama : « Ah, ma petite soeur, te voilà de retour ! » Il soupesa l’urne ; il n’en restait pas lourd de sa soeur, elle qui faisait bien soixante-quinze kilos de son vivant ! Et de calculer qu’il manquait au moins cinquante gramme à ses cendres. Puis il rangea l’urne sur le haut d’une armoire. Un beau jour d’été qu’il binait ses navets, il se souvint tout à coup que sa soeur, ma maman, raffolait des navets ; il alla ouvrir l’urne avec un ouvre-boîtes et dispersa les cendres de ma mère sur ses navets qu’on dégusta plus tard. »

Bonne lecture.

 
lou

16/07/2006
23:35
on se calme

Bon, Marceldudu, désolé de m’être emporté, mais l’antiracisme est tellement éloigné du propos de Hrabal dans ce livre que j’ai vu rouge. C’était tellement réduire son livre ! Les passages sur les Tsiganes sont les seuls moments de pureté dans ce cloaque.
De plus, on sait trop bien les ravages provoqués récemment dans notre pays par cet antiracisme à fleur de peau, sans arrêt brandi comme un étendard, avec les bons d’un côté et de l’autre tous les ennemis qu’on s’invente et qu’on baptise, avec cet amour des nuances qui nous caractérise : « racistes, xénophobes, fascistes, réacs, nazis, cons, merdiques, etc. ». Je n’en peux plus de ce climat. Y a pas de complot. Le monde n’est pas noir-blanc.... si j’ose dire.

Oui, on peut dire « J’aime les Tsiganes ». Par exemple, en moyenne, je suis plus à l’aise avec les juifs new yorkais qu’avec les red necks du Kansas. J’aime bien les Vietnamiens et les Indiens. Je me sens bien avec eux. Il doit y avoir quelque chose, non ? Mais, il y a des gens qui, lorsqu’on dit « je me sens bien avec ceux là », comprennent « il se sent mal avec les autres, il ne les aime pas ». Non, dans la vie, me semble t'il, il y a une infinité de nuances. Amen.
Révérend Père Lou.

 
lou

17/07/2006
00:01
Hrabal encore

« Trains étroitement surveillés » Folio, p. 48.

Milos, le narrateur, jeune employé des chemins de fer, rencontre Macha :

« Je pensais à Macha, à notre première rencontre, en ce temps-là j’étais encore à l’entretien, le chef nous donna deux seaux de peinture rouge et nous dit de peindre la clôture tout autour des ateliers. Macha débutait aux chemins de fer, comme moi, nous étions l’un en face de l’autre, séparés par cette haute clôture de barbelés, chacun posait à ses pieds son seau de minium, chacun tenait son pinceau à la main, nous regardions droit devant nous, occupés à peindre la clôture, chacun de son coté, toujours face à face, il y avait en tout cinq kilomètres de clôture, nous avons passé comme ça, tous les jours, face à face, pendant cinq mois, et nous nous sommes tout dit, Macha et moi, mais il y avait toujours la clôture entre nous ; un jour, après avoir peint deux kilomètres de cette clôture, je peignais les barbelés, à la peinture rouge, à la hauteur des lèvres de Macha, et je lui dis que je l’aimais, et elle, de son côté, peignait le même fil et elle dit qu’elle m’aimait aussi... Et elle me regardait dans les yeux et, comme ça se passait dans un fossé et que l’arroche montait haut, je tendis la bouche et nous nous sommes embrassés de part et d’autre du fil de fer enduit de minium et quand nous avons ouvert les yeux elle avait la bouche toute barbouillée de rouge et moi aussi, nous avons éclaté de rire et depuis nous étions heureux. »

Bonnes vacances.

 
Marceldudu

17/07/2006
00:13
re : DLA Les tsiganes

Pas de problème, lou. Dés qu'on cause, on peut se comprendre.
Mais j'en reste quand-même à l'idée que quand on peut généraliser dans le positif (j'aime les ceci ou les cela), on fait abstraction de tout ce que la relation a d'individuel, au profit de caractères collectifs auxquels je ne crois absolument pas. Et le jour venu, cette généralisation peut éventuellement te rendre capable de dire " Ceux-là sont tous des fainéants, ou des crados, ou des nuisibles". Et là, il y a forcément danger pour la civilisation.
Voilà que je me sens obligé de dire, moi aussi, amen.
Mais je suis désolé, tout ça nous a éloignés de l'ami Bohumil.
M.
 
Marceldudu

17/07/2006
00:18
re : DLA Les tsiganes

... ton dernier extrait est tout simplement magnifique, et nous éloigne quelque peu du Hrabal que je connais. Merci.
M.
 
Agnès

17/07/2006
08:55
Merci !

Merci Lou, je vais acheter ces deux bouquins dès ma prochaine visite à la librairie de la Ville. J'adore l'extrait sur les cendres de la mère, quant au dernier passage, c'est en effet une merveille : de récit, et de style. Si je peux vous conseiller quelque chose en échange, et dans un (des) genre(s) tout à fait différent(s), lisez Un safari arctique de Jorn Riel http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=14 771&debut=0&page=1 , ce sont les récits d'un conteur, doté d'un sens aigu du burlesque, mais c'est si joyeusement tonique et surtout si "juste"! et Riel ne s'est pas borné à cette veine : La trilogie du Chant pour celui qui désire vivre est beaucoup plus grave, sorte de Saga "familiale" et "inuite" de la nuit des temps à aujourd'hui, comme encore "Le jour avant le lendemain", un beau conte bref et tragique.

 
Lou

17/07/2006
11:34
les grands lecteurs se rencontrent

Merci, Agnès, je suis justement en train de lire la trilogie qui finit par "La fête du premier de tout". J'ai lu le premier et ça fait du bien. Agojaraq et "ses pères" et sa mère adoptive, dont le nom m'échappe, quelle famille!
J'ai connu cet auteur par Philippe Meyer qui l'a chaudement recommandé à la fin de l'Esprit Public, un dimanche récent. Je ne connais pas la Saga familiale, mais, quand on a commencé à lire Riel, on a envie d'en savoir plus.

En lisant Riel, je pense irrésistiblement au Steinbeck de Tortilla flat et Rue de la Sardine. Même héros, soifards, filous, généreux, paumés, braques. Dans Tortilla flat, il y a une courte séquence d'adoption d'enfants par la bande à Danny, mais qui est moins successful que celle des héros inuits. En effet, nos amis prennent sous leur protection une ribambelle d'enfants élevée par une femme qui les nourrit en leur faisant cuire exclusivement des haricots qu'elle laisse tomber à la louche sur le carrelage de la cuisine, haricots que les enfants viennent alors picorer. Nos héros, choqués par cette diététique (la leur est plutôt liquide), organisent une série de chapardages de cageots de légumes frais sur le port. Hélas, dès qu'ils sont nourris correctement, les enfants sont pris d'une diarrhée incoercible et dépérissent. Le retour au régime fayots only, s'accompagne immédiatement d'un retour à la normale du transit intestinal des chers petits qui redeviennent superbes, au grand soulagement de la bande à Danny et du lecteur anxieux.
 
CA

17/07/2006
21:13
En vrac

Je m'aperçois, Lou, que je ne vous ai pas répondu. La brasserie en descendant Venceslas à droite, ça ne serait pas celle de l'Hôtel Europa ? http://www.evropahotel.cz/ Mais la photo du café n'apparaît pas sur le site.

Jorn Riel c'est une bonne découverte que je dois à Agnès, et je vous rejoins tout à fait : le parallèle avec Tortilla flat et Rue de la sardine est excellent !
J'ai beaucoup aimé aussi les histoires de Une épopée littéraire. Où l'on voit que le génie littéraire tient à vraiment peu de chose...

CA, J-2 avant envol pour le pays des !!
 
Agnès

18/07/2006
00:12
re : DLA Les tsiganes

Oui, c'est vrai, il y a des lustres que je n'ai pas relu ce Steinbeck-là qui m'avait ravie autrefois, et les deux auteurs partagent cette truculence et cet amour de leurs héros.
Quant à Une épopée littéraire, c'est une de mes histoires préférées (disparue de la maison, d'ailleurs, de même que le volume où figure le combat de gueule entre Lause, l'homme aux tinettes et le lieutenant Hansen, je ne sais même pas dans quel tome c'est !).
Buon viaggio, Christine
 
CA

18/07/2006
00:36
re : DLA Les tsiganes

Merci, merci... Qui veut une bouteille de " Mezcal con gusano" ? (Cf. je ne sais plus quel fil...)
Quetzcoatlchristine
 
w

19/07/2006
10:15
re : DLA Les tsiganes

Madre de dios ! C'est J-0 !
Buen viaje, Christiiiiiiiiiiine !
 
w

19/07/2006
10:20
re : DLA Les tsiganes

Et en cas de petit creux, le gusano, c'est des protéines et des lipides.
Arriba !

 
Agnès

24/08/2006
15:29
re : DLA Les tsiganes

J'ai lu avec bonheur "Une trop bruyante solitude", merci Lou. Ai acheté "Trains étroitement surveillés", que j'ai offert avant de l'avoir lu -c'est malin - et tiens à votre dispo à partir de lundi (pas là ce w.e) un DLA si y en a assez pour jouer ?

 
Lou

29/08/2006
09:45
re : DLA Les tsiganes

Agnès, j’ai poursuivi mon trip Hrabal avec un bonheur inégal.
Bonheur : Jarmilka (Livre de poche, 3429, une centaine de pages) et Rencontres et visites (Laffont, collection Pavillons, un recueil de nouvelles).
Mitigé : Les noces dans la maison (Points, R569), trilogie de 600 pages, qui est son autobiographie… déguisée puisque le narrateur est sa femme. Ah, le fourbe ! J’ai craqué après la première partie, car la seconde partie est sans ponctuation et je suis classique et paresseux.
En fait, je trouve Hrabal superbe dans la forme courte. Ses inventions stylistiques sont éblouissantes dans Jarmilka et dans certaines nouvelles de Rencontres et visites (Au bonheur des enfants). La nouvelle « Baptême » est très belle. Dudu conseillait plus haut « Les palabreurs ». Je ne l’ai pas encore lu.
D’accord pour un DLA, à condition que les vrais littéraires soient dans le coup, car j’ai d’énormes lacunes et je sèche quasi systématiquement le dimanche à midi. Si les savants ne sont pas rentrés, ça tournera court.
.
 
Agnès

29/08/2006
18:17
re : DLA Les tsiganes

Merci Lou.
je cope-colle ce qui précède sur le fil liseron.
Qu'est-ce qu'un **vrai** littéraire ?? Mais il est exact que c'est plus marrant quand on est nombreux.

 
Agnès

31/08/2006
19:31
re : DLA Les tsiganes

Ce n'est^pas que je me dédise, mais je n'arrive pas, comme d'hab, à mettre la main sur le bouquin. Patience et longueur de temps !
 
Agnès

09/09/2006
09:38
Hommage au beau style ringard

Pas du tout le texte prévu, mais je suis tombée là-dessus ce matin, et comme shhh vient de réapparaître, alléluia, je saute sur ce passage qui ne laisse pas d'avoir quelques rapports avec ce dont on discute en matière de "littérature" ces derniers temps :
"Le dialogue peut être délicieux s'il est stylisé d'une manière dramatique ou comique ou s'il est artistement mêlé à la prose descriptive; en d'autres termes, s'il est un élément du style ou de la structure d'un ouvrage donné. Dans le cas contraire, ce n'est rien d'autre que de la dactylographie automatique, que des discours informes qui se déroulent page après page et que le regard survole comme une soucoupe volante au dessus de la désolation du "Dust Bowl"".
ça me paraît très facile.

 
shhh

09/09/2006
10:20
re : DLA Les tsiganes

Serait-ce un auteur américain, début de siècle ? (à cause de la dactylographie, et du "Dust Bowl")
 
Zx

09/09/2006
10:37
re : DLA Les tsiganes

Je me lance mais ne vous moquez pas (je suis nul à ce jeu !!!! c'est pourquoi habituellement je n'y joue pas d'ailleurs) : Nabokov ?


 
shhh

09/09/2006
10:40
re : DLA Les tsiganes

Et puis il y a un petit côté compassé dans les conseils à l'écrivain. On dirait du Jessica Fletcher en train de faire des cours de roman policier dans les feuilletons de la télé, du moins pour la 1ère partie. Après ça ferait plutôt genre Mark Twain.
 
Agnès

09/09/2006
13:27
re : DLA Les tsiganes

A peine rentrée du marché, je trouve vos messages, et "Zx le nul" a mérité un tonnerre d'applaudissements !!!
Oui, c'est bien le Nabok', auteur américain, donc, si l'on veut, shhh, c'était facile à cause dl'insistance sur le style et sur l'art. C'est dans l'une des intervious de "Partis pris" - Time 1969 - et c'est page 149 du volume en 10/18.
Bon appe à ceux qui n'ont pas encore mangé. J'ai mon prochain DLA sous le coude si personne ne se présente.

 
shhh

09/09/2006
13:52
re : DLA Les tsiganes

Il est fort Zx, hein ?
 
Agnès

09/09/2006
14:27
Enfin !

Achement ! Zx, c'est le plus fort!

Voilà l'autre :

Il grimpe donc l'échelle ; moi, je monte derrière lui sur l'échafaudage. De là, on voit le bonhomme de côté, ce qui est mieux que de dos. Il est plus vieux que P*** et il est nu-pieds. Il porte une salopette sur une chemise blanche qu'a plus de manches et un faux-col avec une cravate qui passe sous le devant de sa salopette. Il a une petite bordure de cheveux blancs autour de la tête, juste au-dessus des oreilles, et, quand il se tourne vers nous, il me fait penser à un type qui gueule après les autos dans un embouteillage, le genre fou furieux. Mais il n'a pas l'air de nous avoir vus.
- Il est trop tard! il crie en agitant son marteau devant la figure de P***.

S'il y en a qui reconnaissent du premier coup, qu'ils se signalent mais ne l'écrivent pas tout de suite !

 
AArgh!!!

09/09/2006
14:28
OUPS!!!!!!!!!!

Il grimpe donc l'échelle
 
shhh

09/09/2006
15:13
re : DLA Les tsiganes

Il est sculpteur ?
 
A.

09/09/2006
15:15
re : DLA Les tsiganes

Non, c'était la seule échelle que j'aie repérée dans les smileys...
 
shhh

09/09/2006
15:29
re : DLA Les tsiganes

Il a un marteau, il est donc maçon ? Il est trop tard pour quoi ? pour réparer un mur ? Est-il le personnage principal du livre ? Et est-ce qu'il s'agit d'un polar ?
A part ça, pas d'autres questions, c'est ce qui est bien quand on ignore tout d'un livre, aucune question pertinente à poser, ça repose.

 
wlz

09/09/2006
15:53
Zzzzz

Chuis complètement à l'ouest post insomnie, phénomène incroyable chez une pionceuse de compète comme ouam, mais «grimper» en transitif dirèque (et pas SUR l'échelle), ça me fait drôle (peut-être rêve-je). Mon grévisse est bien trop lourd pour moi à ç't'heure.
Un acoutrement pareil, c'est ni datable, ni localisable.
Le langage paraît contemporain.
Cohen ? Ah non, on a déjà fait...
 
w

09/09/2006
15:55
Zzzzzzzzzzzzz

AcCoutrement, vérole de vérole.

 
shhh

09/09/2006
16:26
re : DLA Les tsiganes

Ah si, compte tenu de la remarque de Wanda, on peut se demander si c'est une traduction. Et aussi compte tenu du fait que l'auteur qualifie de fou furieux un type qui gueule après les autos dans les embouteillages, vu qu'il me semble qu'en France ça se fait encore assez couramment. Ou alors erreur de ma part, le héros du bouquin est cool, et roule en vélo ou en moto, alors forcément les embouteillages ne lui font rien, et le type sur l'échafaudage lui paraît aussi exotique qu'un automobiliste.
Tout ça pour dire qu'on n'a quand même qu'un minuscule extrait à se mettre sous la dent.
 
Agnès

09/09/2006
17:18
re : DLA Les tsiganes

Voilà, voilà, on arrive !

"-Trop tard pourquoi ?demande P***, qui se recule et me butte desssus.
- Pas la peine de venir maintenant. Je vous avais prévenus. Tous. Mais personne n'a voulu m'écouter. Trop occupés à chasser le dieu dollar, à boire, à mentir et à forniquer dans tous les coins. Et maintenant, il est trop tard.
- Où est S*** ? lui crie P*** dans l'oreille.
- Le péché et la corruption font craquer la terre. L'heure est venue. Je vous avais avertis. (…)"

Voilà la suite immédiate. ça vous éclaire ?


 
w

09/09/2006
17:31
re : DLA Les tsiganes

E italiano ?
Calvino encora ?
A mon avis l'unité «dollar» n'est que symbolique (ah, me revient dans les oneilles l'extrait dé Savador Dali, à nouveau offert par ddfc).

 
w

09/09/2006
17:54
re : DLA Les tsiganes

Alors cette façon de grimper l'échelle, c'est essssprès en français ? Traduit essssprès ? Mal traduit ?

 
shhh

09/09/2006
18:18
re : DLA Les tsiganes

S'agirait-il d'un curé en train de tenter de réparer son église? Et ne serait-ce point un polar espagnol ?
 
shhh

09/09/2006
18:33
re : DLA Les tsiganes

Pourquoi espagnol, je me demande bien. Aucune raison à ce que ce soit espagnol. Mais je m'accroche: est-ce écrit en espagnol ?
 
Agnès

09/09/2006
18:47
re : DLA Les tsiganes



C'est traduit. Vraiment pas mal du tout à ce que je peux en juger. Ni de l'italien, ni de l'espagnol.
Un curé, pas vraiment. Et ce n'est pas une église qu'il ne répare pas, au demeurant. Le dieu dollar n'est pas seulement symbolique.
Courage !
 
w

09/09/2006
19:16
re : DLA Les tsiganes

C'est donc une bonne traduction d'un pays à dollars.
Mais alors qu'est-ce que c'est que cette façon de grimper qui n'a rien de sesssuel ?
Et le neige c'est parce qu'on refroidit, où qu'il fait fraichou ? Les dollars seraient-ils canadiens ? Mais alors que fait ce diable d'homme nu-pîeds (mais agitant un manteau) ?
C'est-y au moins un roman ?

 
w

09/09/2006
19:22
co-raclage

Je vous laisse faire joujou avec mes accents en trop, c'est cadô.
 
Agnès

09/09/2006
20:08
re : DLA Les tsiganes

La neige c'est un commentaire de vos questions. USA.
C'est pas l'auteur qui qualifie le type de fou furieux.
Le marteau c'est pas pour un maçon.
Le héros du bouquin roule assez peu. Mais ya des gens qui roulent, à grands dommages, dans tout le roman.
Intéressez-vous au "style" du propos.
Sorry, j'ai un stock de moules à finir de nettoyer....

 
Zx

10/09/2006
00:33
re : DLA Les tsiganes

"Il est fort Zx, hein ?"

"Achement ! Zx, c'est le plus fort!"




Afin d'entretenir l'illusion je vais m'abstenir de jouer ce coup-ci smile4
 
Zx

10/09/2006
00:34
re : DLA Les tsiganes

voulais-je dire
 
Agnès

10/09/2006
08:11
re : DLA Les tsiganes

Ben voyons!
Ptit joueur, va !

Puisque mon extrait est en souffrance, voici la quasi fin du passage :
- Où est S*** ? lui crie P*** dans l'oreille.
- Le péché et la corruption font craquer la terre. L'heure est venue. Je vous avais avertis. Armaggedon arrive !
- P***, je demande, qu'est-ce que c'est Armaggedon ?
- J'en sais foutre rien. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il l'entendra pas venir quand ça viendra, à moins que ça ne lui passe dessus.
Et P*** se penche, colle sa bouche sur l'oreille du bonhomme et beugle :
- Je cherche après S*** N*** ! Je suis son frère Sam !
- Trop tard, fait l'homme en recommençant à agiter son marteau. Je ne prends pas de pécheurs ni de mécréants avec moi. (...)
 
pascale

10/09/2006
08:15
re : DLA Les tsiganes

Le personnage est un vieux fou de Dieu, il doit appartenir à une secte genre quaker, qui sévit quelque part dans l'Amérique profonde, à part ça il est bizarrement accoutré (salopette et faux col) Misère ou mépris des vanités de ce monde ?
Salut shhh !
 
Agnès

10/09/2006
08:16
re : DLA Les tsiganes

Oui, oui ! Reste à savoir ce qu'il construit !
Bonjour Pascale !
 
shhh

10/09/2006
09:17
re : DLA Les tsiganes

Bonjour à vous aussi Pascale.
Il construit peut-être une nouvelle arche de Noé, ou alors une fusée, mais avec juste un marteau c'est peut-être insuffisant.
 
A.

10/09/2006
09:22
re : DLA Les tsiganes

Oui pour l'arche ! Brava !
 
A.

10/09/2006
09:22
re : DLA Les tsiganes

Z'auriez pas un peu des questions de base du DLA ?
 
shhh

10/09/2006
09:24
re : DLA Les tsiganes

On pourrait penser à Westlake.
 
Agnès

10/09/2006
09:28
re : DLA Les tsiganes

Oui, quoique ce ne soit pas lui, mais il y a un point commun, lequel ?
 
pascale

10/09/2006
09:42
re : DLA Les tsiganes

Le narrateur a l'air candide comme ça, c'est le petit gars de la campagne, mais qui tourne gentiment en dérision l'illuminé - le point commun avec Westlake, ça serait peut-être bien la dérision ?
 
A.

10/09/2006
09:44
re : DLA Les tsiganes

Un peu plus loin : Tout le monde a tourné la tête vers mon oncle F***.
- Qu'est-ce qu'il est en train de construire au juste, demande P***.
- Un bateau, répond mon oncle S***.
- Un bateau ?
Mon oncle S*** fait oui de la tête.
- Eh oui ! F*** a dans l'idée qu'il va commencer à pleuvoir comme vache qui pisse d'ici peu. Et quand ce jour-là arrive, lui s'en va peinard en croisière, pendant que nous autres pêcheurs, propres à rien et sacripants que nous sommes, on sera tous noyés. Un moment, il avait eu dans l'idée d'emmener Bessie, puisqu'elle est sa sœur, mais quand il a vu qu'elle faisait tant de chichis à cause des cabinets, il lui a dit qu'il avait parlé de la chose à la Vision et que la Vision lui avait dit qu'elle aille se faire foutre, qu'elle serait noyée comme nous autres.

 
Agnès

10/09/2006
09:46
re : DLA Les tsiganes

Oui, oui ! Le narrateur est un petit gars apparemment candide et à la campagne. Quant à la dérision, elle est omniprésente, et pas seulement de la part du petit gars, qui n'est pas le héros, mais l'observateur.
 
shhh

10/09/2006
09:48
re : DLA Les tsiganes

Un point commun dans le style ? ou peut-être dans l'utilisation de plusieurs pseudos pour écrire ?
Dans le premier cas, certains romans d'Elmore Leonard se rapprochent un peu de cette sorte d'humour, ou même Charles Willeford, mais c'est moins appuyé, et moins gai. Dans le deuxième cas, je ne sais pas.
Alors sinon, en points communs, je verrais l'état d'origine de l'auteur, le nombre d'enfants, la date de naissance, l'université,le nombre de films adaptés, une conversion religieuse, leur tailleur, et si ça ne suffit pas, j'en cherche d'autres. Y a qu'à me dire.
 
A.

10/09/2006
09:48
re : DLA Les tsiganes

L'autre point commun avec Westlake, c'est que ce bouquin me fait rire aux éclats, comme vous savez peut-être, je suis bien meilleur public pour ce genre-là (lequel ?) que pour les angoteries ou autres breillateries.
 
A.

10/09/2006
09:52
re : DLA Les tsiganes

Il y a, bien involontairement, dans la dernière contribe de shhh, des éléments de la réponse. Eléments très indirects, dirais-je. Pour le reste, je ne crois pas que l'auteur utilise un pseudo, et je ne sais rien sur sa bio.
Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression que cet auteur aurait pu figurer dans la bibliothèque de BJ.
Au demeurant, l'ouvrage en jeu est magnifiquement servi par un illustrateur.
 
A.

10/09/2006
09:56
re : DLA Les tsiganes

Egalement adapté à l'écran.
 
shhh

10/09/2006
09:57
re : DLA Les tsiganes

Il y a aussi cette histoire de fabrication d'alcool à la campagne pendant la prohibition, avec toutes les ruses des péquenauds pour échapper aux flics. Me souviens plus du titre, ni du nom de l'auteur, Jim Thompson ?
 
A.

10/09/2006
09:57
re : DLA Les tsiganes

Eh bien nous y voilà ! I faudrait !
 
A.

10/09/2006
09:59
re : DLA Les tsiganes

Il y a au coeur de l'intrigue un détail qui entretient un lien étroit avec un fil qui m'est particulièrement cher sur DDFC.

 
A.

10/09/2006
10:03
re : DLA Les tsiganes

Jim Thompson , c'est 1275 âmes! Westlake doit lui rendre hommage dans "Dégâts des eaux" (?), où un personnage s'appelle Tim Johnson....
 
pascale

10/09/2006
10:10
re : DLA Les tsiganes

Au fait, l'époque : contemporain ? Un détail me fait penser que non : le faux col, ça fait au moins un siècle qu'on n'en porte plus, même les très vieux dans la campagne profonde, ou alors peut-être chez les amish ?
 
Agnès

10/09/2006
10:11
re : DLA Les tsiganes

Shhh a donné tous les éléments, il ne lui manque que le titre, et l'auteur !
 
A.

10/09/2006
10:18
re : DLA Les tsiganes

A l'heure qu'il est, shhh est en train de fouiller dans sa mémoire, ses archives, et peut-être bien la grande toile !
 
A.

10/09/2006
10:22
re : DLA Les tsiganes

Encore que l'auteur, elle en a déjà des fragments....
 
shhh

10/09/2006
10:39
re : DLA Les tsiganes

Fantasia chez les ploucs ?
 
shhh

10/09/2006
10:41
re : DLA Les tsiganes

Et donc l'auteur serait Charles Williams ?
 
Agnès

10/09/2006
11:27
Williams après Westlake



Monument de la littérature burlesque. Sous le regard naïf de Billy, le jeune narrateur, s'agitent une série de créatures toutes plus caricaturales les unes que les autres. P*** est "Pop", le père, frénétique parieur venu se mettre au vert après qqs ennuis avec la justice (qui ont laissé le pauvre Billy la proie des dames patronnesses). S*** est l'oncle Sagamore Noonan, traqué sans trêve par le shériff et ses deux adjoints qui le soupçonnent à juste raison de distiller clandestinement - et auxquels il fait subir tout au long du roman les plus réjouissantes avanies, F*** est son beau-frère, Finley, ex-prédicateur marron qui vaticine sur son arche branlante , et il y a aussi Miss Harrington, venue soigner son anémie sous la garde sévère du "Docteur" Severance, et qui vêtue de son seul diamond bikini * , un liseron tatoué sur le sein gauche, apprend à Billy à nager dans le lac voisin malgré la présence inquiétante de chasseurs de lapins aux chaussures bicolores armés de mitraillettes.
* C'est le titre original. Les illustrations de Tardi pour l'édition Folio junior sont épatantes. La traduction est de Marcel Duhamel, c'est une garantie, sinon d'exactitude, du moins de qualité. Quant au film, c'est pour moi d'abord un souvenir de perplexité enfantine. Il passait au cinéma du quartier, et le titre, qui me paraissait fort suggestif, ne signifiait rien pour moi (ni "fantasia", ni "ploucs"). Quant à l'affiche, c'était un dessin à la Sempé où l'on voyait, si mes souvenirs sont exacts, Miss Harrington (Mireille Darc) cavaler à l'extrême gauche poursuivie par une farandole de petits personnages frénétiques. En fait c'est un film de Gérard Pirès, (si, le type de Taxi), et il n'est pas si mal adapté que ça, illuminé en outre par la présence de Lino Ventura dans le rôle de Sagamore, de Jean Yanne dans celui de Pop, et de Dufilho dans celui du prédicateur. Quant à Mireille Darc, quoique blonde, et privé de son liseron objet de si poétiques observations de la part de Billy, elle est assez convaincante dans le rôle. (J'ai fini par le regarder, tout récemment, mais n'ai retrouvé ni l'affiche, ni le frisson de mystère de mon enfance.)

 
AArgh!!!

10/09/2006
11:43
re : DLA Les tsiganes

Tout FAUX ! La voilà, l'affiche, et la course se fait de gauche à droite, et il n'y a pas tant de personnages que ça.

http://images.google.com/imgres?imgurl=http://www.ducanard.c om/IMG/fantasia_ploucs.jpg&imgrefurl=http://www.ducanard.com/article .php3%3Fid_article%3D26&h=600&w=450&sz=51&hl=fr&star t=1&tbnid=t_b8DdmP4JFx5M:&tbnh=135&tbnw=101&prev=/images %3Fq%3Daffiche%2Bfantasia%2Bchez%2Bles%2Bploucs%26svnum%3D10%26hl%3Dfr%2 6lr%3D%26rls%3DRNWE,RNWE:2006-29,RNWE:fr%26sa%3DN
 
pascale

10/09/2006
11:45
re : DLA Les tsiganes


 
shh

10/09/2006
15:34
re : DLA Les tsiganes

"Il y a au coeur de l'intrigue un détail qui entretient un lien étroit avec un fil qui m'est particulièrement cher sur DDFC"
Oui ? mais encore ?

Il me semble que je l'avais lu dans la série noire, et peut-être même que c'était encore la couverture cartonnée.
 
Agnès

10/09/2006
16:31
Une jolie fleur...

"Miss Harrington, venue soigner son anémie sous la garde sévère du "Docteur" Severance, et qui vêtue de son seul diamond bikini * , un liseron tatoué sur le sein gauche"...

 
shhh

10/09/2006
17:53
re : DLA Les tsiganes

ahhhhhhhh oui.
 
lou

05/10/2006
18:41
d'un auteur cité plus haut

« Je crois que c’est en cela que réside tout le sens de la création littéraire : dans l’art de décrire des objets ordinaires tels que les réfléchiront les miroirs bienveillants des temps futurs ; dans l’art de trouver dans les objets qui nous entourent cette tendresse embaumée que seule la postérité saura discerner et apprécier dans les temps lointains où tous les petits riens de notre vie simple de tous les jours auront pris par eux-mêmes un air exquis, un air de fête, le jour où un individu ayant revêtu le veston le plus ordinaire d’aujourd’hui sera déguisé pour un élégant bal masqué. »
 
Agnès

06/10/2006
11:58
re : DLA Les tsiganes

Oh, shh, quelle bonne idée ! Sinon que je n'ai quasi pas de temps aujourd'hui et pas là ce week end.
Un russe cosmopolite ?
 
w

07/10/2006
18:41
Veston sur mesure

Pas évident de sexuer l'auteur, ni de dater, ni de localiser...
smiley coracle ste Rita
Je tente :
- une femme
- début XXe (à défaut fin XIXe)
- et puis allez, tiens, on va dire que c'est traduit, un petit parfum, comme ça, dans la 2e ligne
- serait-ce un roman (à défaut une nouvelle, sinon, je vois pas), un plaidoyer précoce pour la génaralisation de l'anticipation ? Un plagiat par anticipation, comme on dirait en Oulipoland ? Un à la manière de ?

Heu... en tout cas, c'est pas Orwell, ou je bouffe mon châpio !

Je note le goût de l'écho dans la syntaxe : «dans l'art de..., dans l'art de...» puis «un air exquis, un air de fête», et enfin le passage entonnoir «de tous les jours...» au «jour où un individu...).
Bref, c'est construit.
Tiens, le navigateur à vue est pas mal aussi :

 
pascale

08/10/2006
09:32
re : DLA Les tsiganes

Un petit côté mondain et peut-être british, je dirais - et daté plutôt fin 19è ou début 20è, parce que croire spontanément que les temps futurs seront bienveillants, c'est bien une idée du bon vieux temps, ça, justement...
 
Agnès back

08/10/2006
22:33
re : DLA Les tsiganes

SHHHHHH!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ?????????????????
 
lou

08/10/2006
22:45
re : DLA Les tsiganes

- Une femme

Pas de veine, w

- début XXe (à défaut fin XIXe)

né fin XIXe, mais trop jeune pour avoir écrit au XIXe, mort après les ¾ du XXe

- et puis allez, tiens, on va dire que c'est traduit, un petit parfum, comme ça, dans la 2e ligne

traduit, mais de quelle langue ? Il en savait tant !

- serait-ce un roman (à défaut une nouvelle, sinon, je vois pas)

une nouvelle

- un plaidoyer précoce pour la généralisation de l'anticipation ? Un plagiat par anticipation, comme on dirait en Oulipoland ? Un à la manière de ?

c'est fichtrement lui-même

- Heu... en tout cas, c'est pas Orwell, ou je bouffe mon châpio !

inutile d’en arriver à cette extrémité

- Je note le goût de l'écho dans la syntaxe : «dans l'art de..., dans l'art de...» puis «un air exquis, un air de fête», et enfin le passage entonnoir «de tous les jours...» au «jour où un individu...).
Bref, c'est construit.

Je le trouve, en effet

- Un petit côté mondain et peut-être british,

British, par adoption. Si tous les mondains pouvaient écrire comme ça!

- et daté plutôt fin 19è ou début 20è

début 20è, en effet, car c’est une œuvre de jeunesse

- parce que croire spontanément que les temps futurs seront bienveillants,

c'est bien une idée du bon vieux temps, ça, justement...

ça, c’est joli

Vous devriez être aidées par le titre de mon message : « un auteur cité plus haut ». De toute façon vous avez presque trouvé…

Une demi-page plus haut dans cette nouvelle, cette description d’une rame de tramway en bout de ligne :

« En bout de ligne, la voiture avant se détache, s’engage sur une voie de garage, fait le tour de la voiture restante pour approcher d’elle par-derrière. Il y a quelque chose qui fait penser à une femelle soumise dans l’attitude de cette voiture qui attend pendant que l’autre, le mâle avec son trolley lançant un petit crépitement lumineux, s’approche pour s’accoupler »

C’est un tramway différent de celui de Claude Simon.

 
AArgh!!!

08/10/2006
23:29
re : DLA Les tsiganes

Mince, c'était lou qui avait proposé le DLA, quelle andouille ! Sorry, lou. Vous n'avez pas relevé mon russe, qui au demeurant n'était pas british par adoption, quoique polyglotte.
 
lou

09/10/2006
00:01
le russe cosmopolite...

... ben oui, c'est lui, j'comprenais plus rien aux dialogues croisés.
Avec British, je faisais allusion à son premier exil, à Cambridge, je crois.

Extrait d’un recueil de nouvelles :
Vladimir Nabokov, « Détails d’un coucher de soleil » (du nom de la première nouvelle de la série), 10/18, domaine étranger.
En 4ème de couverture : « dernière série de ses nouvelles russes écrites entre 1924 et 1935 », mais c’est traduit de l’anglais. Le passage cité était tiré de la nouvelle : « Guide de Berlin ».

Deux nouvelles dans la série sont extraordinaires et laissent même un cynique comme moi la gorge serrée : « Noël » et « L’arroche ». Plusieurs autres sont de toute beauté. Si les navets baptisés par le Deum sont « de très, très beaux livres », quel adjectif pour ces nouvelles ?

Bon, c’est pas tout ça, je viens de shooter dans ma bière sur la moquette, faut éponger. Heureusement, une urgence Kronenbourg, c’est moins grave qu’une urgence Gévéor.
.


 
w

09/10/2006
13:43
re : DLA Les tsiganes

NaboKronembourg ! Bon sang mais c'était bien sûr !
Zut, ite missa est.

 
lou

09/10/2006
16:37
le magicien

Comment transformer une scène banale en joyau.

Opus cité plus haut, Guide de Berlin, 1. Les canalisations, p57-58.

« Devant la maison où j’habite, une gigantesque canalisation noire est couchée le long du bord extérieur du trottoir. À moins d’un mètre de là, dans le même alignement, il y en a une autre, puis une troisième et une quatrième, entrailles métalliques de la rue, encore désoeuvrées, qui attendent d’être portées en terre, profondément sous l’asphalte. Les premiers jours, après qu’on les eut déchargées des camions en un bruit creux de ferraille, des petits garçons s’amusaient à courir dessus d’un bout à l’autre et à ramper à quatre pattes dans ces tunnels ronds, mais, une semaine plus tard, personne ne jouait plus et il tombait une neige épaisse ; et maintenant, lorsque, testant avec prudence la surface traîtresse et luisante du trottoir avec ma grosse canne à embout en caoutchouc, je sors dans la lumière grise et sans relief du petit matin, une bande régulière de neige fraîche s’étire le long de la crête de chaque tuyau noir tandis que sur la courbure intérieure à l’endroit où tournent les voies, le reflet d’un tramway encore illuminé remonte brusquement tel un éclair de chaleur d’un orange vif. Aujourd’hui quelqu’un a écrit « Otto » avec son doigt sur le ruban de neige vierge et je me suis dit que ce nom, avec ses deux O délicats encadrant ce couple de tendres consonnes, convenait merveilleusement à la couche de neige silencieuse sur ce tuyau, avec ses deux orifices et son tunnel muet. »
.

 
Agnès

09/10/2006
19:06
re : DLA Les tsiganes

J'avais pourtant dit que je n'achetais plus de bouquins...
 
Zx

11/11/2006
11:15
re : DLA Les tsiganes

Je vais me risquer à vous proposer un DLA :

"D'abord sa bonté naturelle lui fit craindre de me brouiller avec le ciel ; mais bientôt, la peur de la mort l'emportant, elle me pria d'essayer ma conjuration. Je savais par coeur quelques vers français de Racine ; je les récitais à haute voix devant la pauvre fille, qui croyait cependant entendre le langage du diable. Puis, frottant son cou à différentes reprises, je feignis d'en retirer une petite agate rouge que j'avais cachée entre mes doigts. Alors j'assurais gravement qu'elle était sauvée. Mais elle me regarda tristement et me dit : "Tu te trompes ; tu avais cette pierre dans une petite boîte, je te l'ai vue. Tu n'es pas un magicien." Ainsi ma ruse fit plus de mal que de bien. Dès ce moment elle alla toujours de plus en plus mal."
 
lou

11/11/2006
14:44
euh...

... Jean-Jacques?
 
Zx

11/11/2006
15:27
re : DLA Les tsiganes

Non, mais - cela ne vous étonnera pas - c'est un français (je lache déjà des indices !!).
 
lou

11/11/2006
19:23
les vers

"les vers français de Racine"
il en aurait aussi écrit en latin?
 
Zx

11/11/2006
19:41
re : DLA Les tsiganes

Le narrateur est à l'étranger et s'adresse à une autochtone.
 
pascale

11/11/2006
20:09
re : DLA Les tsiganes

Du vrai XVIIIème, ou bien une copie par un auteur du XIXème ?
L'autochtone est-elle d'Italie, d'Espagne ou de Corse comme l'imaginaient les amateurs d'exotisme et de couleur locale ? Une gitane peut-être bien ?
 
Zx

11/11/2006
20:50
re : DLA Les tsiganes

Il s'agit d'un auteur du XIXe (1ère moitié) et l'autochtone sans être gitane, est originaire de l'Est de l'Europe (je préciserai davantage s'il le faut).
 
Zx

11/11/2006
20:55
re : DLA Les tsiganes

Un indice : la partie du corps de cette femme que le narrateur frotte avec son agatte n'est pas anodine...
 
Zx

11/11/2006
20:56
re : DLA Les tsiganes

"agate"
 
lou

12/11/2006
00:05
des bubons?

Yersinia pestis? Un écrivain voyageur: Nerval, Chateaubriand?
 
Agnès

12/11/2006
04:32
re : DLA Les tsiganes

Super idée, Zx !
ça me fait penser à Mérimée, mais je ne sais pas à quoi. Mais comme Pascale, je flaire une gitanilla* dans la "pauvre fille", (quoique "la bonté naturelle"...)
Ce sera tout pour ce soir, je le crains. A demain si quelque perspicace ne se manifeste pas d'ici-là !

*Ce doit être à cause du titre de ce DLA!
Message différé (je l'ai écrit hier soir) à cause d'un bug internet.


 
lou

12/11/2006
11:02
écrivains voyageurs

Ce n'est pas ce qui manque en ces temps là.
Musset et Sand à Venise ont-ils croisé la peste, comme Visconti?
 
Zx

12/11/2006
11:08
re : DLA Les tsiganes

Bien vu Agnès : c'est Mérimée !!!

La jeune femme est serbe (enfin, ce n'est pas dit comme cela...).

Je dirai d'où provient cet extrait après les Papous si personne ne trouve d'ici-là
 
Agnès

12/11/2006
12:34
re : DLA Les tsiganes

Ah ! ah! smiley mains frottées...
Alors voyons un peu : On a le choix entre le recueil Lokis, mais ce n'est pas cette nouvelle-là je pense, Clara Gazul mais c'est du théâtre, et la Guzla, mais c'est de la poésie "illyrique" () et je n'ai lu ni l'un ni l'autre. Dans les recueils plus classiques, je ne vois pas, mais je vais me creuser un peu la cervelle pendant le repas. Au diable les maisons où les livres ne sont pas à leur place !
 
Zx

12/11/2006
12:39
re : DLA Les tsiganes

C'est l'un des trois
 
Agnès

12/11/2006
14:47
re : DLA Les tsiganes

Lokis ?

 
Zx

12/11/2006
16:50
re : DLA Les tsiganes

Non, La Guzla ! Le passage en question raconte l'agonie d'une jeune femme qui s'est faite mordre par un vampire (d'où l'indice concernant la partie de son corps que le narrateur frotte avec son agate : ce sont évidemment les traces de morsure qu'il entend effacer de la sorte).

La Guzla c'est l'équivalent français des poèmes d'Ossian (à ceci près que l'écrivain n'entend pas produire une littérature "nationale" oubliée mais faire goûter le parfum sulfureux et exotique de la poésie "illyrique" - comme l'a justement noté Agnès, ses vampires, ses vendettas, sa violence, sa rudesse, sa barbarie, etc.). Publié en 1827, admiré (et parfois traduit) par Pouchkine, Minckiewicz ou Goethe (qui révélera la supercherie après que Mérimée lui eût envoyé un exemplaire signé - libérons le subjonctif après "après que" !), on a d'abord pensé que ce texte était un authentique recueil de traduction et non un faux véritable. Je l'ai lu car il en est parfois fait mention lorsqu'on parle du fantastique ou du gothique et qu'on lui cherche des représentants gaulois (Nodier, etc.).

On en trouve une édition de poche chez Kimé datant de 1994 (la précédente remontait à 1928 !).
 
Agnès

12/11/2006
18:47
re : DLA Les tsiganes

D'où je déduis que cette poésie est "traduite" en prose, c'est cela ?
Merci à vous en tout cas, c'était bien trouvé, même si Mérimée a une patte que l'on reconnaît, je trouve. J'aime beaucoup au demeurant, et je viens de retrouver un vieux Livre de poche classique (reliure toile rouge) où figurent des nouvelles que je ne crois pas avoir jamais lues (et comme j'ai fini avec le Goncourt !!!)
 
Zx

12/11/2006
20:41
re : DLA Les tsiganes

Ce n'est que de la prose en fait et je ne sais pas si Mérimée prend la peine de préciser où que ce soit le statut des textes "originaux". Cela dit, certains traducteurs ont bel et bien rendu sa prose sous une forme versifiée, affirmant avoir "découvert sous [cette] prose le mètre des vers illyriques" !

S'agissant de cette dernière, elle est divisée en paragraphes, certes, mais l'appellation "poésie" peut tout de même induire en erreur. Disons que c'est une forme intermédiaire entre la poésie en prose et le conte.

M'enfin, reconnaître ce style du premier coup, chapeau !!


 
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