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bosseur nyctalope

01/09/2004
03:38
ça bouille!

L'HUmanité du 31 aout

Bouillon de Culture
Le pari de la rentrée sur France Culture ? Bousculer pour fidéliser.

" Une petite conférence pour une grande radio ", s’enorgueillit Jean-Paul Cluzel, le patron de Radio France, au côté de Laure Adler. Certes, si la barre des 1 % d’audience est enfin franchie, lorsque la directrice annonce que " France Culture, c’est un patrimoine qui doit évoluer ", des inquiétudes s’expriment, comme lors du CE de vendredi dernier. Les raisons de la colère ? La disparition d’émissions emblématiques comme les Décraqués ou les Chemins de la musique, un recours moindre aux producteurs tournants histoire de " fidéliser des auditeurs qui butinent " et davantage de magazines et de direct (comme, par exemple, les Chemins de la connaissance) pour une radio dont le mot d’ordre est pourtant : " Notre arme est le temps. "

Cluzel s’est donc empressé de préciser que " le budget consacré à la fiction ne baisse que de 0.5 % ". Et d’après Laurence Bloch, directrice adjointe : " Si nous avons supprimé plusieurs émissions musicales parce que malheureusement elles ne faisaient pas assez d’audience, on a toujours six heures trente de fictions par semaine et plus de dix heures de documentaires. " Et ce, " à budget constant, avec des moyens de production à l’identique, aussi bien en termes de personnel technique que de personnel de production ", assure-t-on en interne. Un producteur reste dubitatif : " Ils essayent de nous faire avaler la notion de "direct élaboré" ou de faire passer du reportage pour du documentaire. " Et la CGT de pointer du doigt les " deux fins de collaboration " et " la mise à la retraite " de Bertrand Jérôme, pilier des Décraqués ".

Qu’importe, Laure Adler compte sur cette nouvelle grille pour " fidéliser " les auditeurs. D’abord en renforçant les tranches d’info mais aussi à travers trois nouvelles émissions. Si le Premier Pouvoir, d’Élisabeth Lévy, sur les médias le samedi matin s’annonce des plus classiques (qu’attendre des joutes verbales entre le directeur du Fig Mag et celui de Charlie ?) à l’instar de Relations internationales par Madeleine Mukamabano (le dimanche soir), en revanche, Bouge dans ta tête, tous les samedis à 17 heures, menée par Benjamin Stora sur l’actualité culturelle du bassin méditerranéen, permettra la rencontre entre les auditeurs de France Culture et ceux de Beur FM. Et le patron de Radio France d’annoncer qu’il aura, comme son homologue de France Télévisions, à ses côtés le journaliste béninois Jean-Luc Aplogan comme " conseiller pour tous les problèmes de diversité culturelle et d’intégration ".

Par contre, Arnaud Laporte, en brandissant les captations théâtrales et la dramatique en direct du Studio 106 diffusées une fois par mois dans Culture plus (chaque soir à 20 h 30), peine à masquer l’absence de créativité consistant à jouer trois soirs par semaine la carte de la rediffusion. Surprise aussi de ne pas entendre parler des deux radios sur le Net que devrait lancer la station. Et aucune évocation de la place consacrée à la musique. Ni de la venue ou non de VGE pour nous parler d’Europe. En revanche, les inénarrables Max Gallo et Alexandre Adler seront les premiers de cordée d’Histoire de., feuilleton quotidien à la première personne diffusé à l’issue de Tout arrive (de 12 heures à 14 heures).

Et comme pour éluder les polémiques, Laurence Bloch de lâcher : " Moi, ce qui me préoccupe, ce n’est pas tant la disparition de telle ou telle émission mais le fait que l’orientation "sociétale" de l’antenne pourrait nous amener à délaisser d’autres champs. " À voir. Mais surtout à entendre.

Sébastien Homer
 
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