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paul kobisch

12/09/2003
18:52
Attention Glücksmann !



Décidément je travaille au réflexif ou au sentiment comme on voudra, mais j'en ai lourd sur la patate ce matin. En ce moment j'entends, mais je vais couper le son car je vais craquer, Glücksmann défendre la politique de Bush et, bien sûr, la guerre en Irak. Il va jusqu'à prétendre que dès le départ le président US a fait appel à l'ONU alors que tout le monde ne sait qu'une seule chose, c'est qu'il a fait l'impasse sur l'ONU et qu'il est parti seul avec ses complices attaquer un pays qui ne lui avait rien fait. Cet "intellectuel" français, qui n'arrête pas de dégueuler sur Heidegger auquel il ne comprends pas une goutte, est du genre rouleau compresseur : une grande puissance qui impose au monde entier sa vision de l'existence, de la démocratie (comme s'il existait la moindre démocratie dans le pays de Bush), bref qui sort son flingue et tire sur tout ce qui bouge. Et ce même Glücksmann est par ailleurs un grand commentateur de la Shoah, un Prophète dont le courroux se déchaîne à n'importe quelle occasion contre cette horreur comme s'il en jouissait inconsciemment au point d'avoir besoin de l'évoquer à la moindre occasion. Hé bien, mon cher nouveau philosophe, t'as tout faux. Bush et son armée de cloportes, dont je te signale en passant qu'il ont été plus de 500 à mourir et pas 200 comme tu le prétends, mais tu devrais te renseigner de temps en temps, cette agression américaine est une agression fasciste qui a pissé sur la seule instance qui avait un droit à déterminer la nécessité ou non de faire la guerre à Saddam Hussein. Hier j'aurais aimé t'entendre pour rappeler la belle croisade de Nixon et de son successeur au Chili et l'assassinat prémédité d'Allende, suicide calculé dans les machines du Pentagone. J'ai rien entendu. Ce que je constate c'est que tu dis des conneries de ton air indigné en pensant que cette indignation suffit pour faire passer tes approximations. A ta place j'irais m'acheter une paire de Rangers et j'irais donner un coup de main aux GI's, ça, ça aurait au moins de la gueule. Sinon il vaut mieux que tu la fermes.




 
Henry Faÿ

13/09/2003
18:43
répondre à Glucksman sans l'insulter

Chers amis
J'ai écouté l'intervention d'André Glucksman lors de l'émission de vendredi dernier de Nicolas Demorand. Je me suis dit, ce Glucksman, il devrait aller voir le Pentagone et leur dire: "si vous avez besoin d'un porte parole, faites appel à moi".
C'est que ce n'est pas n'importe qui, André Glucksman. Il est presque le seul à attirer l'attention sur le sort de la Tchétchénie. C'est comme s'il prêchait dans le désert. Il prend la parole à des manifestation sur l'esplanade de Beaubourg qui sont plutôt squelettiques cent à deux cents personnes et que je m'efforce de ne jamais manquer. N'oublions pas non plus la contribution de Glucksman à la défense de l'oeuvre de Soljénitsine qui a tant fait pour ruiner définitivement la réputation du communisme.
Glucksman a présenté la guerre en Irak comme une opération destinée à mettre fin à une des plus effroyables dictatures de notre époque. On ne peut pas être complètement insensible à cet argument mais il est loin de convaincre. Cette guerre en Irak, de toute évidence visait à renforcer l'emprise des Etats-Unis sur le Moyen-Orient ce qui a été proclamé haut et fort par ses inspirateurs que l'on nomme néo-conservateurs. Ceux-ci prétendaient que ce Moyen-Orient devait être "remodelé". L'un d'entre eux a dit qu'ils feraient "mieux que les Romains". On voit mal ces gens-là se préoccuper vraiment du sort de la population irakienne. L'argument selon lequel les Etats-Unis ont fait appel à l'ONU est également totalement indéfendable. Faisant preuve d'une arrogance incroyable, les Etats-Unis faisaient comme si l'ONU ne pouvait rien leur refuser et en même temps prévenaient que dans le cas contraire, ils passeraient outre, ce qu'ils ont fait. Entre-temps, ils faisaient subir toutes sortes de pressions pas très dignes aux pays les plus sensibles à ce genre de manoeuvres.
Quand Glucksman dit qu'après une si longue nuit dictatoriale un pays ne peut retrouver la stabilité en quatre mois, on pourrait lui répliquer qu'une occupation est une occupation et que dans ce pays qu'ils ignorent et où ils n'ont pas d'appui on ne voit pas se dessiner la moindre dynamique d'un retour à la normale.
Voilà ce que j'aimerais répondre à Glucksman.
Très cordialement.............Henry
 
paul kobisch

13/09/2003
19:16
re : Attention Glücksmann !

Répondre sans insulter.
Merci pour votre contribution au portrait de G. Je ne sais pas si mon argument vaut grand chose, mais la Tchétchénie et l'Ingouchie sont les cauchemars des souverains russes depuis Pierre le Grand. C'est un peu comme le Sri Lanka, conflit qui remonte à peu près au 12ème siècle. Ce sont pour moi des bras morts de l'Histoire, intéressant comme tels (comme l'Irlande du Nord) mais certainement pas à la portée de G. J'ai plus de réticences quant à la cause de Soljenitsine, personnage trouble qui représenterait quelque chose comme un poujadisme féodal, dont la mentalité me paraît assez proche de celle de G. L'ennui de G est qu'il expie ses choix de jeunesse (Mai68), représentant ainsi pour moi une catégorie particulièrement répugnante de personnage impuissant à aligner son destin sur ses paroles, et tâchant, vaille que vaille de faire le contraire.
Votre titre est une bonne question : faut-il insulter ou non ? J'ai choisi la liberté de parole au sens de Debord et de Hebert, l'éditeur du Père Duchesne. Ce choix a pour objet d'exprimer des sentiments que notre langage cartésien ne tolère que dans le peuple d'en-bas dont je fais partie.
Bien à vous
Paul kobisch

 
Henry Faÿ

14/09/2003
15:19
le cas Glucksman (sans décalcos)

Cher Paul
Le conflit en Tchétchénie n'est pas un bras mort de l'histoire, c'est un point de fixation de cette longue liste de conflits due à l'expansion russe, cette volonté d'atteindre les mers chaudes. C'est aussi un cas particulier de l'affrontement entre pays chrétiens (de culture chrétienne) et les pays musulmans. C'est aussi, comme en Algérie la conséquence tragique d'une colonisation qui a trop bien marché qui a suscité tant de liens qu'on n'arrive pas à les rompre. Quelles que soient les complications historiques, l'affaire tchétchène peut et doit être pensée en fonction du principe universellement reconnu du droit des peuples à disposer d'eux mêmes. De toutes façons, pourquoi nier à André Glucksman la capacité de penser cette question. Glucksman est tout ce qu'on voudra mais sûrement pas un imbécile et s'il passe une grande partie de ses jours à se consacrer à cette question, il peut arriver à la connaître mieux que quiconque.

Soljenitsine, selon toi "personnage trouble qui représente un poujadisme féodal". Ciel! Soljenitsine, c'est un des géants du XXe siècle, une des plus grandes icônes (c'est le cas de le dire). C'est un immense romancier (le pavillon des cancéreux), le plus grand des dissidents, un témoin de tout premier ordre, un homme d'un courage et d'une habileté extraordinaires qui a réussi à écrire pendant sa détention qui a échappé par miracle à la mort et qui parle pour ceux qui ne sont plus. Qu'il soit animé d'une grande ferveur religieuse et patriotique ne lui enlève rien, au contraire d'autant plus que sous le régime soviétique ces sources d'inspiration étaient autant de motifs de condamnation. Je ne vois pas d'écrivain qui au XXe siècle ait joué un rôle aussi éminent. Maintenant, il est marginalisé, peut-être sa santé est-elle détériorée mais c'est que les Russes ne veulent désormais plus entendre parler de cette époque.

André Glucksman est-il "impuissant aligner son destin sur ses paroles". Je ne vois pas qui peut préjuger du destin d'André Glucksman à part André Glucksman lui-même et pourquoi donc suggérer une quelconque trahison à un idéal de jeunesse? Lorsqu'il se rend en Tchétchénie il prend forcément des risques. Aurait-il fait des voeux? Je ne vois pas pourquoi il aurait à expier quoi que ce soit. Je ne vois pas pourquoi on le soupçonnerait de ne pas être fidèle à lui même.
Je suis déconcerté par ses dernières prises de position sur la guerre en Irak. Sans doute, pour lui, l'argument devant lequel cèdent tous les autres c'est la chute d'une abominable dictature mais pour mieux comprendre sa pensée sur cette question il faudrait que je prenne la peine de lire son livre.
Très cordialement......................Henry
 
paul kobisch

15/09/2003
09:48
re : Attention Glücksmann !

Qu'est-ce qu'un peuple Monsieur Faÿ ? Glücksmann s'est particulièrement distingué dans la critique du Völkisch heideggerien. Les "Blut und Boden" tchétchènes auraient-ils des vertus singulières ? La notion de peuple et elle seule permet de décliner : expansion / colonisations /guerre de religion (cujus regio ejus religio). Structure d'explication qui articule une idéologie morte. L'Europe va ou doit-t-elle constituer un "peuple" pour vous, M Faÿ ? Pas pour moi, pour moi elle est un concept, celui de l'ouverture et justement de la fin des peuples. Ce point de vue ne s'autorise certes pas à légitimer les méthodes de l'armée russe ni le terrorisme qui lui répond. Deux poids deux mesures : terrorisme négatif pour les ennemis de l'Amérique et terrorisme positif pour ceux du Kremlin ? On pourrait poser la même question pour la Palestine.
Soljenitsine : Je considère Céline comme le plus grand écrivain du siècle dernier. Mais, hasard des analogies, il est aussi de ceux qui ont tourné leur veste humaniste par manque de discernement et par dépit (connaissez-vous les ambitions politiques de Soljenitsine après la chute du communisme ? en 1992 il était loin d'être un anachorète contemplatif, il entamait une véritable campagne électorale personnelle ). Combien d'Européens se trouvent dans ce désarroi culturel et ontologique prêts à faire comme Céline ? Ou Soljenitsine ?
Justement, G s'est défini à un moment crucial de son existence comme un révolutionnaire, les yeux fermés sur l'essence stalinienne de son action : une telle cécité appelle forcément expiation, ou guérison, si cette guérison est possible, ce que je ne crois pas. Au résultat cependant, G passe du Kremlin au Pentagone. Excusez du peu, mais il y a des analogies troublantes.
"Abominable dictature " : là vous plaisantez ou vous ne connaissez rien à l'histoire du Moyen-Orient. Quand Saddam Hussein a tué pour prendre le pouvoir il luttait pour le seul état laïque de tout l'Orient. Quand il a fait la guerre à l'Iran, il était le héros de la démocratie toujours laïque, quand il a massacré des Chiites et des Kurdes, il a massacré des ennemis de l'intérieur alors que le pays était attaqué de l'extérieur. Mais tout cela n'est pas destiné à défendre un despote, mais seulement à vous suggérer de regarder tout autour de l'Irak et de chercher, en allant jusqu'à Pékin, un seul pays démocratique digne de ce nom. En cherchant bien, vous trouverez l'horreur même sous le pavé de la belle démocratie de Singapour. Mais voilà, la Corée du Nord n'a pas de pétrole, le sort de son peuple n'intéresse donc personne, pourquoi s'en prendre à Kim jung Ill ? Syngmann Rhee, Park Chung Rhee : qui connaît ces dictateurs amis de l'occident, comme le furent Mobutu, Suharto, Pinochet et j'en passe des dizaines et des dizaines. Et la Chine ? Faudra-t-il faire une guerre pour libérer ce grand peuple opprimé ? Pourquoi G ne fait-il pas de manifestations sur la place Tien An Men ?
Bon, soyons sérieux : la Tchétchénie est un abscès de fixation mis en place par les Américains à partir de l'Afghanistan, une infection locale comme celle-là est toujours bonne à prendre pour l'avenir. Et tant pis pour les gogos comme G.
Pour nuancer tout cela, car il est si facile de tomber dans la spéculation "géopoliticienne", il faudrait remonter très haut dans l'histoire de l'humanité, dans les moments où furent faits des choix du genre Blut und Boden. A ce moment-là l'humanité s'est déchirée en deux, certains y voient même une nouvelle spéciation, celle du consommateur sédentaire opposé au nomade originel(Néanderthal-Cro-Magnon). Les bras morts de l'histoire font référence à cette déchirure-là de laquelle suppure la religion, c'est à dire la nécessité de "religere" ceux qui fondent la Cité. Le pire crime que l'Amérique ait commis est de s'être servie de la religion comme arme de guerre. Et cette arme, maintenant, se retourne contre eux. Et pourtant les Américains sont des nomades, qu'ils le veuillent ou non.
cordialement
paul kobisch
 
Henry Faÿ

16/09/2003
13:30
questions en vrac

Cher Paul
Beaucoup de questions en vrac. j'essayerai d'apporter quelques réponses.
1. Qu'est-ce qu'un peuple? A qui peut s'appliquer le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes? Oui, il y a là une difficulté. Si les bourguignons se mettaient en tête de rétablir leur ancien duché dans ses droits, ils auraient du mal à faire aboutir leur revendication. En l'occurence, le cas tcétchène ne pose pas trop de problème. Il s'agit bien d'un peuple. Les tchétchène ont une langue, qui n'est pas le russe, une religion, qui n'est pas l'orthodoxie, un territoire qui a été conquis et surtout par leur résistance acharnée, ils ont fait la preuve de leur volonté de vivre leur vie en tant que nation.

2. Expansion, colonisation, guerres de religion. Expansion et colonisation, l'histoire n'est faite que de ça depuis le deuxième millénaire avant JC dans la Mésopotamie antique et je me suis parfois dit qu'il n'y avait pas de raison que ça s'arrète. Les guerres de religions, elles, sont apparues plus tard et elles sont plus rares. La première guerre de religion, c'est, je crois, celle de Juda Machabée contre le séleucide Antiochos IV Epiphane au IIe siècle avant JC. La religion brouille les pistes, elle fait office de marqueur d'identité. Les Polonais se proclament catholiques, c'est une manière de dire aux Russes orthodoxes et aux Allemands luthériens: "vous n'avez aucune chance de nous assimiler". Les Irlandais sont catholiques, c'est une manière de dire aux Anglais: "vous et nous, ça ne sera jamais pareil". Dans un certain nombre de cas, expansion, colonisation peuvent donner de bons résultats. Si notre échange a lieu dans un idiome latin, c'est grâce à Jules César. Parfois, ça aboutit à des situations impossibles, des conflits interminables et cruels. Ces situations sont le fait de colonisations qui en apparence ont trop bien marché; la puissance coloniale se met à croire à sa légitimité et n'envisage plus qu'un départ soit possible. C'était le cas de la France en Algérie.

3. Les Européens constituent-ils un peuple? De toute évidence non. L'Europe est une entité encore difficilement définissable. Ses détracteurs disent que c'est un nouvel empire mais ce n'est certainement pas le cas. L'Europe, l'Union Européenne, c'est une confédération d'Etat inaboutie et son succès n'est pas garanti même s'il est plus que souhaitable.

4. Le cas Soljénitsine. Il faut, il est vrai, distinguer entre le grand écrivain, le témoin courageux, le grand dissident et le politicien improvisé qui a ressorti de vieilles utopies slavophiles qui ont surpri et qui ont fait sourire. Ce n'est pas ce dernier personnage que Glucksman a défendu mais il y avait quelque chose de délicieusement donquichottesque dans cette démarche qui de toutes façons a fait long feu. Il y avait aussi de la part de l'écrivain une volonté de protester contre la décomposition de la société post-communiste et son extraordinaire degré de corruption.

5. Céline. Je ne vois pas ce que ce pauvre Céline peut ajouter à ce débat. Cet homme délirant ravagé par le ressentiment est vraiment un cas psychopathologique.

6. Revenons à Glucksman. Ce serait faire injure au philosophe, ce serait le mésestimer que de penser qu'il serait plus de trente après encore dévoré par le remords de ses péchés de jeunesse, au demeurant bien pardonnables. Il faudrait qu'il manque singulièrement de distance et de maturité, ce qui pour un philosophe, serait grave. Glucksman est passé du Kremlin au Pentagone, c'est vrai, j'aimerais comprendre pourquoi. La bonne méthode serait de ne pas se contenter de bribes d'intervious et de prendre la peine de lire son livre. Le point de vue du philosophe, ce serait de tout observer de la planète Sirius ou mieux encore de l'étoile Alpha-Centaure. J'ai lu dernièrement dans Le Figaro un article de Guy Sorman qui m'a comme on dit "interpellé": "face au nouvel empire américain, l'Europe sans armée, sans commandement et sans constitution reste interdite (...) Qui, sinon les Américains exerceraient la gouvernance mondiale avec quelques européens en troupes supplétives?"

7. Irak abominable dictature, c'est indéniable, c'est archi-prouvé. En face de pareils régimes, le fait qu'il soit laïc ou pas ne pèse plus grand chose. Il faire une petite distinction entre les régimes de terreur et les régimes doucement autoritaires, où les prisoniers politiques, adoptés par Amnesty International, se comptent en dizaines ou en centaines, ce doit être le cas à Singapour; c'est certes moins bien que la démocratie mais c'est moins l'horreur que les régime de terreur où les morts se comptent par centaines de milliers et où la torture se pratique à une échelle industrielle. Ca ne relève pas du même traitement international.

8. Reprocher à André Glucksman de s'occuper de la Tchétchénie et pas de la Chine, voilà un mauvais procès. La Chine, tout le monde en parle, la Tchétchénie, tout le monde s'en moque, c'est paraît-il, un bras mort de l'histoire!

9. Comment peut-on affirmer que la Tchétchénie est un abcès de fixation mis en place par les Américains? En voila une idée paranoïque autent qu'absurde. C'est de la politique fiction. Où sont les preuves ou les indices? Les Etats-Unis sont trop occupés de part le monde pour se livrer à de pareils coups tordus et la Russie est pour eux un précieux allié. Par ailleurs, le conflit tchétchène a sa dynamique propre, il n'a pas besoin de recevoir des explications aussi extravagantes.

10. Remonter très haut dans l'histoire et même au-delà, au récit biblique, Caïn le paysan et Abel le pasteur, pourquoi pas? Pour le faire, il faudrait être un peu plus explicite que tu ne l'es. Dire qu'il y a une déchirure entre les nomades et les sédentaires dans laquelle va suppurer la religion, ce sont des propos énigmatiques qui n'éclairent pas ma lanterne. En tout cas, les Américains ne sont absolument pas des nomades. Les Américains ont la chance d'avoir une terre vaste et riche, qu'ils chérissent. Les nomades vivent dans des tentes, las Américains sont les plus grands constructeurs d'immeubles qui montent jusqu'au ciel. Les GIs stationnés en Irak n'ont qu'une parole à la bouche: "we want to go home", ce qu'ils disent presque en pleurnichant. Ce ne sont pas des paroles de nomades. On aurait sans doute pas entendu cela dans la bouche des guerriers de Gengis-Khan. Celui, Kagan ou Kristoll ou un autre je ne sais plus qui a dit, "nous les Américains, nous ferons mieux que les Romains", je crois qu'il aurait mieux fait de se taire. Je ne crois pas que l'aventure américaine en Irak aura un grand avenir.

11. Le guerre en Irak n'est pas une guerre de relogion. L'idée n'est pas de convertir au christianisme dans sa version évagélique baptiste un seul irakien mais bien plus classiquement de renforcer l'emprise des Etats-Unis sur le Proche-Orient, région considérée comme stratégique en raison de ses immenses ressources pétrolières.
Très cordialement.............Henry




 
paul kobisch

17/09/2003
09:12
re : Attention Glücksmann !

Cher correspondant,
Notre dialogue prend le tour d'un échange théorique qui devient de plus en plus complexe mais qui fait du sur-place.
Votre contradiction réside dans le fait que vous voulez défendre à tout prix un homme dont vous reconnaissez vous-même des errements essentiels. Pour ma part je ne crains pas la contradiction, elle est même nécessaire, mais dans le cas de G il ne s'agit pas de contradictions mais précisément d'entêtements qui ont leurs origines dans un pathos personnel inacceptable dans le cas d'un prétendu philosophe. Je vous répète que je ne considère pas G comme un philosophe, mais comme un polémiste semi-mystique, et si vous le connaissiez physiquement, si vous l'aviez pratiqué un jour face à face, vous ne sauriez nier le caractère pathologique de ce mysticisme.
Assez sur ce sujet. Si mes remarques et ma pensée vous intéresse au-delà de cette dispute à propos de G, je vous propose de vous rendre sur mon site personnel où sont rassemblés la plupart de mes écrits structurés ou non. Il y a notamment un ouvrage complet sur l'actualité historique du doublet nomade/sédentaire qui s'appelle Atopie.
Voici donc l'adresse de mon site qui porte le nom de ONeON.

http://perso.wanadoo.fr/paul.kobisch

Au demeurant tous les moteurs de recherche vous conduiront à mon site à partir de mon seul nom.
Très cordialement
Paul Kobisch
 
Henry Faÿ

18/09/2003
08:52
des questions sans réponse, un bottage en touche

Cher Paul
Je veux bien qu'on laisse de côté le cas Glucksman mais que de questions sans réponses, que d'affirmations extravagantes non étayées.
Soljénitsine, un personnage trouble qui représente un poujadisme féodal.
Le conflit tchétchène, un bras mort de l'histoire, tout juste un abcès de fixation mis en place par les Américains.
Pas sûr que les tchétchènes constituent un peuple.
Irak de Saddam Hussein et Singapour, c'est kif-kif.
L'Amérique s'est servi de la religion comme arme de guerre (rappelons que les églises étaient contre la guerre en Irak).
Les Américains sont des nomades, qu'ils le veulent ou non.
Les religions suppurent dans la déchirure entre nomades et sédentaires, c'est ça qui provoque les bras morts de l'histoire et c'est pourquoi votre fille est muette.
Je demande quelques explications et tout ce que j'obtiens, c'est un magistral bottage en touche "allez-voir mon site". Jadis, on disait "c'est dans mon livre".
Cher Paul, je reste sur ma faim.
Très cordialement.................Henry

 
lionel

18/09/2003
21:33
re : Attention Glücksmann !

Bonjour Henry,

Je ne vais pas trancher votre debat mais j'ai vu que l'essai de Paul "atopie" http://perso.wanadoo.fr/paul.kobisch/atopie.html fait pas loin de 100 pages (ce qui implique un telechargement assez lent)

Peut-etre y trouverez vous des reponses?


 
Henry Faÿ

19/09/2003
12:57
merci Lionel

Merci, cher Lionel, l'existence de ce texte ne m'avait pas échappé mais si je me mettais à l'imprimais, ça épuiserait quelques cartouches et surtout je trouve que c'est trop facile de botter en touche comme ça: "allez voir mon site". Je suppose que Paul se fera une joie de nous rendre claires comme le jour ses décoiffantes théories.
Très cordialement..................Henry
 
paul kobisch

19/09/2003
20:15
re : Attention Glücksmann !

Je ne prétends pas à la nouveauté de ma pensée ni à son originalité, cher Henry. Elle est cependant assez éloignée du mainstream idéologique pour avoir du mal à se diluer dans des messages de forums. Voilà pourquoi je me suis permis de vous renvoyer à mes écrits ultérieurs parfaitement téléchargeables sans obligation d'impression. Mais quand-même : quand je vous dis que la notion de peuple est une notion suspecte pour la seule raison qu'elle a été l'alibi des pires barbaries du vingtième siècle, soyez beau joueur. Tant qu'à faire pourquoi ne parlerions-nous pas du peuple basque ou corse ? Lorsque je vous dis que les AMéricains sont nomades quoiqu'ils en aient, c'est au Mayflower que je pense et à leur vie quotidienne en mobil homes, sans parler de leur impérialisme voilé sous toutes sortes de missions mondiales, et ce dès le dix-neuvième siècle. Sans parler de leur surveillance policière planétaire venue désormais d'un ciel qui leur appartient, avec l'aide, tiens tiens, d'un morceau de Grande Bretagne. Comme disait un ami, Gladio II n'est pas loin.
Mais encore, on peut jeter quelques idées neuves sur un forum, ces idées travaillent elles-mêmes dans tous les esprits et à partir de là on peut commencer à se reconnaître. Mais ne comptez pas sur moi pour faire d'un forum une Sorbonne de poche ou un cours de formation politique.
Très cordialement
Paul Kobisch
 
jean-marc

19/09/2003
21:38
re : Attention Glücksmann !

Impayable Glücksmann. Eternel VRP du libéralisme. J'ai écouté une grande partie de l'émission. Navrante mais édifiante. Si quelqu’un a pu l’enregistrer, il serait intéressant de la retranscrire par écrit (cas d’école).
Pour compléter votre échange et pour l’anecdote – ce n’est pas relevé dans votre échange – Glücksmann n’y a pas hésité entre autres à dire (de mémoire) : « Les Russes, ce n’est pas des gens de pays sous-développés, ils sont intelligents. »
Sans commentaire.

 
Louise

19/09/2003
21:51
re : Attention Glücksmann !

Et ce soir, j'ai bien cru entendre Chevènement dire que même des fils de paysans avaient pu apprendre le grec et le latin !
 
Henry Faÿ

20/09/2003
09:06
les Américains nomades? une absurdité

Cher Paul
Dire que les Américains sont des nomades, c'est une absurdité.
Les Américains sont les plus grands bâtisseurs du monde et c'est chez eux qu'on trouve les plus grands architectes Frank Lloyd Wright et combien d'autres. Ils font pousser leurs édifices jusqu'au ciel. Quand on bâtit, c'est pour s'installer, quand on s'installe on n'est pas nomade. Nomadisme et construction sont antinomiques.
La classe moyenne a une pratique de fourmi de bâtisseuse. La préoccupation majeure de l'Américain moyen, c'est de payer les traites de la maison et aussi de payer les études du petit (ce qui est une autre pratique d'enracinement dans la culture, dans les institutions).
Les Américains ont un très grand attachement à leur pays, à leur terre qu'ils ne cessent d'exalter dans leur littérature. Les grandes réserves naturelles sont leurs monuments nationaux.
C'est assez intéressant de voir qu'ils font tout pour soutenir leur agriculture, en lui consacrant des subventions colossales. Outre les intérêts économiques qui s'y attachent, on peut y voir une forme d'attachement à la terre.
Les mobil homes? A côté des millions de maisons particulières, ces mobil homes sont plus que marginales. C'est peut-être une mode passagère. En outre, ces mobil homes ce sont plutôt des baraquements, ils sont en fait très peu mobiles.
Les pélerins du May Flowers? Ce n'était pas des nomades. C'était des fugitifs, ce n'est pas la même chose. Le nomade ne cesse de périgriner, il n'a pas d'attache. Le fugitif obligé de quitter sa terre pour s'installer dans une autre avec sa progéniture, ça n'a absolument rien à voir. En outre les pélerins du May Flower, sont emblématiques, une sorte de mythe mais ils ne sont pas toute l'Amérique.
L'impérialisme ne signe pas le nomadisme. Les vrais impérialismes qui réussissent sont le fait des sédentaires et ça se comprend très bien. Pour exercer un impérialisme, il faut avoir une base forte. Les perses achéménides n'étaient pas des nomades, les romains non plus, pas plus que les britanniques les portugais ou les espagnols. Il y a eu des impérialismes de la part des nomades, je pense en particulier aux deux grandes vagues mongoles qui ont submergé une grande partie du monde. Les mongols mais aussi les huns sont parvenu à construire d'immenses empires mais ils n'ont pas sû les faire fonctionner et les conserver très longtemps.
Dans le rôle de nomades guerriers, disons plutôt de déplacés plus que de nomades, mais c'est à leur honneur, les Américains font pâle figure. Voyez comme ils sont piteux, ces GIs américains stationnés en Irak dans leur combinaisons sophistiquées dans lesquelles ils crèvent de chaleur. Ils ne savent quoi faire, ils sont morts de trouille, ils ne pensent qu'à rentrer à la maison
Quand les beatniks Jack Kerouac en tête se sont mis à
faire leurs drop out et à pérégriner, c'était une forte transgression, ça ne se faisait pas ça et si ça a marqué les esprits, ça n'a pas eu un grand avenir.
Il y a un nomadisme, si on veut, qui est celui des riches or les Américains sont riches, enfin, pas tous. Ce nomadisme n'en est pas vraiment un car toutes ces personnes qui passent leur vie dans les avions gardent de fortes attaches avec leur pays originel. En outre ce type de nomadisme n'a rien de spécifiquement américain.
Au total je ne vois pas un seul argument sérieux qui permette d'affirmer que las Américains sont des nomades.
Très cordialement....................Henry





 
Murièle Berha

20/09/2003
10:47
re Yankees entre ciel et terre

Finalement, le monde est beaucoup plus court et jeune que je ne pensais, les plus grands architectes sont américains ( H.FAy, 20/9), donc au mieux deux siècles, et encore n'allons pas si "loin", le concepteur de leur capitale fut un Français (pour faire des kms de néo )..donc Frank Lloyd Wrigh, 1ère moitié du 20è siècle.

Les Américains construisent beaucoup, c'est indéniable, mais ils déménagent encore plus.

« Voir une forme d'attachement à la terre » dans les subventions US à l'agriculture? C’est très judicieux, mais il ne faudrait pas oublier la nécessité de maintenir la terre présentable en attente de la Parousie ; pour recevoir le « Seigneur », il ne faut pas lésiner sur la dépense, rien ne saurait trop coûter.

Cette clef d’interprétation ( complmentaire ) rend mieux justice à leur inspiration ( divine ), qu’un vulgaire attachement à la terre, nous ne sommes pas là chez les ploucs à la Bové, mais chez des métaphysiciens tendus vers le ciel, preuve en est de leur architecture ( qui préfigure la Résurrection, une image d'icelle...)

Murièle Berhault

 
paul kobisch

05/10/2003
06:05
re : Attention Glücksmann !

Cher Henry,
Vous avez sans doute manqué l'interview de Tim Sebastian à Singapour. Il demandait en toute simplicité au Premier Ministre de ce pays pourquoi Singapour figurait en haut de la liste d'Amnesty International pour les atteintes aux Droits de l'Homme. En donnant évidemment force détails, notamment sur les 2000 prisonniers politiques qui croupissent sans jugement et sans inculpation dans les geôles de la belle Suisse asiatique. Réponse : nous sommes élus par 59 % des habitants de notre ville-état. Alors, je vous rends votre : renseignez-vous !
Vale
Paul Kobisch

PS : le débat sur le nomadisme ne concerne pas votre culture, Henry, mais votre existence.
 
Henry Faÿ

05/10/2003
09:21
Je ne suis pas un défenseur du régime de Singa

Cher Paul
Je ne suis pas du tout un défenseur du régime de Singapour et je suis bien entendu de tout coeur avec ceux qui le dénoncent.
Je n'ai rien compris au Post Scriptum "le débat sur le nomadisme ne concerne pas votre culture mais votre existence". Ce sont des propos énigmatiques. Je vais essayer de réfléchir à ce que ça peut vouloir dire mais je ne suis pas sur d'y arriver.
Très cordialement........................Henry
 
paul kobisch

10/10/2003
10:32
re : Attention Glücksmann !

Seulement pour vous signaler, cher Henry, que j'ai répondu à votre question sur mes propos énigmatiques, mais apparemment cette réponse n'a pas plu au Webmaster, et je me demande bien pourquoi. A moins que je n'ai commis une erreur technique ? De toute façon nous aurons l'occasion d'y revenir.
Bien à vous
Paul
 
DDFC

10/10/2003
22:52
re : Attention Glücksmann !

> apparemment cette réponse n'a pas plu au Webmaster,

C'est pas le genre de la maison d'effacer les messages des habitués du forum...

> A moins que je n'ai commis une erreur technique ?

probable...
 
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