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Henry Faÿ

11/04/2004
19:18
de fil en aiguille... et si nous parlions d'opera

Toujours soucieux qu'il y ait un quelconque rapport entre le sujet d'un fil et son contenu, je poursuis l'échange en vérité hors sujet, j'espère qu'on ne nous en voudra pas que nous avons entamé dans le fil tout arrive parfois aussi le meilleur sur l'opéra et plus particulièrement sur la représentation au Châtelet de Tannhäuser de Richard Wagner.
Cette matinée de Pâques, je l'ai consacrée à la lecture du livret de Tannhäuser et de quelques commentaires.
Mes amis, quelle trahison que cette mise en scène glaciale d'Andreas Homoki! Cette mise en scène a bien méritéles huées dont elle été objet. On a vraiment envie de dire: "remboursez!"
La bacchanale qui inaugure le premier acte est décrite avec force détails: "les nymphes avaient ccommencé autour du bassin écumant de la cascade une danse provocante destinée à attirer les jeunes gens vers elles; les couples se mèlent et se forment; la danse s'organise autour de ces recherches, fuites charmantes et agaceries. Un cortège de bacchantes débouche du lointain et se rue dans les rangs des couples amoureux, les invitant à de fougueux ébats etc etc il y en a comme ça une bonne page et rien de tout cela ne se retrouve dans la mise en scène d'Andreas Homoki.
Ce livret, j'avais pu m'en rendre compte en assistant à la représentation, est une merveille, une merveille de poésie et nous plonge dans l'univers philosophico-religieux du XIIIe siècle dont les conceptions inspiraient les chants des Minnesänger.
De toute évidence, le catharisme inspire ces conceptions puisque l'amour charnel, qui ne peut être que païen est en totale opposition et même en lutte féroce avec l'amour chrétien beaucoup plus éthéré que représente Elisabeth.










 
Henry Faÿ

11/04/2004
19:25
le public de l'opéra

Pour Guy
Qu'ai-je dit qui laissait entendre que le public de l'opéra était infatué de lui-même?

 
Guy Dufau

11/04/2004
21:22
re : de fil en aiguille... et si nous parlions d'opera

Un public infatué de lui-même,il y a mieux pour qualifier,je le reconnais,le public de l'opéra
Comme le public, amateur de théatre de boulevard,il attache une grande importance au décor.
Opinion personnelle,il y a beaucoup de superficiel,lié à ce goût.
Comme le public des corridas,il est sans pitié,prêt à manifester,à tout moment, son hostilité,sans mesure,sans nuance.
Quel abime le sépare du public du Théatre Populaire de Jean Vilar,qui s'enthousiasmait quand il assistait à des spectacles où tout décor était absent.
 
Guy Dufau

11/04/2004
21:26
re : de fil en aiguille... et si nous parlions d'opera

...où tout décor était absent,ou réduit à sa plus simple expression(je me méfie d'Henry,le chipoteur!)
 
laurnet nadot

11/04/2004
21:38
Expérience scientifique

Guy me rappelle certains de mes profs de psycho (j'en ai au moins 3 en mémoire) qui ne citaient que des références que de chercheurs ou d'autres prof officiellement avalisés par le PC. Evidemment ça donnait des cours pleins de trous. Un peu comme il a lui même le cigare plein de trous d'air, avec son apologie du TNP.

Eh, pssst, Guytou !! Il y a un monde théatral en dehors du TNP, il y a de l'architecture ailleurs que place du Colonel Fabien, il y a des livres autres que ceux des Editions Sociales (qui furent dirigées par Antoine Spire, tiens).

De mon côté, on ne peut pas dire, mais moi au moins je progresse : je nourrissais il y a encore 10 minutes une curiosité toute scientifique : "combien de temps faut-il pour que Guy du Faux vienne écrire une connerie dans un fil nouvellement ouvert ? ". Diablement important comme question... Grace à ce fil sur l'opéra j'ai un élément de plus pour calculer une moyenne qui, je gage, donnera un chiffre assez bas.

On peut maintenant faire une autre expérience : combien de temps me faut-il en moyenne pour répondre à une connerie de Guy ? Huh, je pense que la réponse doit être une durée encore plus brève que celle qui sert de réponse à la question précédente...

Laurent
 
Henry Faÿ

14/04/2004
19:18
Tannhäuser psychanalysé par Antoine Golea

comme il n'est plus tellement question de religion et qu'il est question d'opéra, je reprends le fil opéra.
Merci Guy pour cette citation d'Antoine Goléa. Oh que oui, je me souviens de lui: "j'ai l'oreille absolue, j'ai l'oreille absolue, J'AI L'OREILLE AB-SO-LUE". Comment voulez-vous discuter avec quelqu'un qui a l'oreille absolue? Et il n'était pas tendre le bonhomme, il était teigneux: "c'est laid, c'est laid" dit avec infiniment d mépris et de dégoût. Imaginez la tête de l'interprête visé à l'écoute! C'était un grand parano devant l'Eternel, pas tout à fait autant que Richard Wagner mais dans le genre, il n'était pas mal, lui non plus.
Resquiescat in pace
Richard était un très grand égocentrique, délirant peut-être. Dire qu'il aurait pu être un grand pédéraste (comme dit Goléa) est absurde; par sa vie, par son oeuvre, il a bien montré à quel point il a su aimer les femmes.
Je ne veux pas nier en bloc la validité de l'interprétation d'Antoine Goléa car je sais bien que les grandes oeuvres sont comme on dit à France Culture polysémiques mais je ne suis en vérité pas d'accord. J'ai l'impression que ce jugement d'Antoine Goléa est daté, qu'il vient d'une époque où la psychanalyse faisait fureur, on en usait et on en abusait.
Je ne suis pas d'accord avec le thème de l'impuissance. Que dit Heinrich Tannhäuser à Wolfram von Eschenbach?
O Wolfram à entendre ton chant
combien l'amour m'est apparu fâcheux!
Si chacun languissait en tremblant comme toi
assurément le monde entier bientôt serait tari.
Pour louer Dieu, lointain dans ses hauteurs célestes
levez les yeux, contemplez les étoiles!
l'adoration convient à de telles merveilles
puisqu'elles sont insaisissables!
Mais ce qui s'offre à vos caresses
ce coeur, ces sens, tout prêt des vôtres
ce corps fait de la même chair
qui se blottit tout contre vous en une douce étreinte
ô source délicieuse, hardiment me voici
toi qui jamais n'a coulé pour le lâche!
Car ta fontaine ne saurait tarir
et mon désir a toujours soif.
Ainsi, brûlant d'une éternelle envie
je trouve à cette source un éternel réconfort.
Sache le bien, Wolfram, telle est pour moi
le plus authentique essence de l'Amour
là seulement, dans ce plaisir, je sais ce qu'est l'Amour

C'est beau comme le médiéval
"Je sais ce qu'est l'Amour". Ce ne sont pas des paroles d'impuissant.
Les impuissants, ce serait plutôt les autres chevaliers chanteurs. Eux ils s'accomodent de cet amour courtois qui consiste à adorer sa dame de très loin, au besoin sans l'avoir jamais vue. Au bout de dix ans de ce petit manège, on ne lui aura pas touché le bout des doigts. Je les soupçonne, ces petits chevaliers-poètes, d'être un peu homos sur les bords ou très inhibés. quand Heinrich Tannhäuser leur envoit à la figure moi, je vous le dis, l'amour ce n'est pas ça, parce que moi, je sais ce que c'est, il fait preuve d'une belle maturité contrairement à ce que prétend Antoine Goléa, mais je sens bien qu'on est sur un terrain difficile et qu'on pourrait épiloguer pendant des heures sur ce sujet.
Que l'opéra Tannhäuser présente deux mondes irréconciliables, celui de la luxure et de la mollesse, Venusberg et celui de la sévérité, de l'effort, de la culpabilité, le monde des chevaliers poète de la Wartbug et des pélerins, c'est dans le texte, on ne peut pas le nier.
Que ceci soit la transcription des doctrines cathares, ce n'est pas dans le texte, mais cela ma paraît s'imposer à l'esprit pour deux raisons:
cette opposition tranchée entre les deux mondes est vraiment caractéristique du dualisme des cathares. De quelle autre source d'inspiration pourrait-elle procéder?
les romantiques allemands connaissaient très bien ces doctrines et ils savaient que les doctrines cathares avaient influencé les troubadours et autres minnesänger.

A part ça rien n'est moins barbant que Tannhäuser, j'espère en avoir donné une idée. Le dialogue entre Tannhäuser et Venus du premier acte est un peu long surtout que ce chameau d'Andreas Homoki a sucré la bacchanale, quelle honte.
Il n'est jamais trop tard pour aller à l'opéra.

 
Guy Dufau

14/04/2004
23:32
re : de fil en aiguille... et si nous parlions d'opera

J'ai interrogé ma femme:
-Te souviens-tu de Golea?
-Je pense bien,pourquoi?
-Est-ce qu'il disait souvent "j'ai l'oreille absolu"
-Ha non,je ne l'ai jamais entendu dire çà,il était trop intelligent...
C'est à Goléa que revenait principalement l'intéret de cette émission,il était,de loin,le plus musicien des participants de cette tribune.Il avait voulu être violoniste,mais ses doigts ne le suivaient que de loin.
 
laurent nadot

15/04/2004
02:29
Les aventures de badminton

J'ai interrogé mon teckel :
- Donne moi un "la"
- ouah
- merci badminton
(il s'appelle badminton)

Fin.

Laurent Nadot
 
laurent nadot

15/04/2004
02:31
Les aventures de badminton, le film

C'est à Badminton que revient principalement l'intérêt des matches de foot, il est de loin le meilleur joueur à la maison. Il aurait voulu être un chat mais il manquait de dispositions


 
Henry Faÿ

15/04/2004
09:50
in memoriam Antoine Goléa

In memoriam Antoine Golea et la tribune des critiques de disques.
Antoine Goléa était très calé, un véritable as, il était passionnant à écouter mais les autres participants étaient excellents eux aussi, Jean Roy, Armand Panigel, Jacques Bourgeois. C'était une magnifique émission. Nous avons passé de bons moments en compagnie de ces critiques passionnés.
J'ai l'oreille absolue, j'ai l'oreille absolue, je l'ai entendu, je ne l'ai pas inventé. Il faut dire qu'il ne laissait pas passer une fausse note et de son point de vue de critique, il avait raison.
Antoine Goléa était très sûr de lui et très dogmatique. Il disait c'est mauvais, il était incapable de dire selon moi ce n'est pas si bon que ça. Il était d'une dureté incroyable, il a dû traumatiser plus d'un musicien par ses jugements à l'emporte pièce.
On pourrait aussi dire que l'histoire ne lui a finalement pas donné raison car avec des arguments tout à fait plausibles il condamnait sans appel le baroquisme, les interprétations de musique ancienne sur instruments anciens en allant rechercher les anciens diapasons or ce baroquisme n'a fait que croître et embellir jusqu'à constituer une des branches essentielles de l'activité musicale en France, merci William Christie! La démarche a même été étendue à la musique romantique. John Eliot Gardiner a remporté à l'automne dernier un triomphe avec son orchestre romantique et révolutionnaire constitué d'instruments anciens ou reconstitués dans l'interprétation des Troyens de Berlioz. C'était un très grand moment. Nul doute qu'Antoine Goléa aurait condamné cette démarche.

C'est Félix qui est bien d'accord!
 
Guy Dufau

15/04/2004
12:00
re : de fil en aiguille... et si nous parlions d'opera

"Il condamnait le baroqisme,les interprétations de musique ancienne sur des instruments anciens"
oui,Henry,mais il ne condamnait pas la musique baroque,il a écrit:
"Cette musique[la baroque]sera,dans un certain sens,un retour au primitif,c'est à dire un retour au chant pur.Mais ce "primitif" s'ornera,évidemment,de tous les raffinements d'une civilisation et d'une culture tendant,déjà, à l'apogée....
Monteverdi et Bach:voici les deux pôles,dans le temps,dans l'espaceet dans le style de l'époque que nous abordons.L'"Orfeo" est de 1607,"La Passion selon saint Matthieu" de1729.C'est entre ces deux oeuvres que tout nait,que tout vit dans la splendeur de la musique baroque.Les derniers livres des madrigaux de l'un,l'Art de la Fugue de l'autre.Saluts au passé,bouleversés et bouleversants.Pour l'oeuvre de Bach se sera un salut définitif.
Jouer de la musique classique sur des instruments anciens est,en effet une entreprise bizarre,que Golea n'ait pas apprécié,n'est pas surprenant.
 
Henry Faÿ

15/04/2004
16:10
les controverses à propos du baroquisme

Bien évidemment, Antoine Goléa ne contestait pas la valeur des chefs d'oeuvre de l'art baroque. La question, à l'époque, c'était dans les années soixante dix, c'était: faut-il les jouer sur instruments de notre époque ou sur des instruments d'époque originaux ou reconstitués avec d'autres débats annexes portant sur les diapasons à adopter. Avec de forts arguments, je dois dire, Antoine Goléa faisait partie du camp des opposantes aux baroqueux. Il disait: nos intruments ont fait des progrès, pas la peine d'aller rechercher de vieilles épinettes et de vieilles violes de gambe criardes; par ailleurs, argument majeur, notre oreille a évolué. C'est notre oreille qui compte. Toute cette archéologie est vaine et n'a aucune pertinence artistique. Les baroqueux disaient qu'en utilisant les instruments anciens, ils retrouvaient des nuances disparues, qu'ils faisaient ressurgir dans son authenticité un patrimoine mal interprété.
Il se trouve que ce sont les baroqueux qui ont gagné, incontestablement. Ils ont livré un rude combat, il n'y avait pas qu'Antoine Goléa qui les attaquait et ils ont remporté la victoire. Ils ont réussi à convaincre le public qui maintenant leur fait fête. C'est un succès qui ne se dément pas. L'argument selon lequel notre oreille ne serait plus capable d'entendre la musique telle qu'on la jouait autrefois n'est plus valable puisqu'avec tous les concerts, tous les disques qui ont été faits, notre oreille a bien eu l'occasion de s'adapter à cet art ancien remis avec soin au goût du jour.
Par ailleurs, les baroqueux ont fait un immense travail pour redécouvrir et réhabiliter un répertoire qui était tombé en désuétude, bien injustement. C'est ainsi que Jean-Philippe Rameau, Marc-Antoine Charpentier et bien d'autres ont été tirés de l'oubli. Des opéras dont les livrets dormaient dans les bibliothèques sont joués et remportent un succès fou, en Europe et en Amérique. C'est un immense succès, tant pis pour ce ronchon qu'était Antoine Goléa.
Par ailleurs, je n'accepte décidemment pas son interprétation psy de Tannhäuser. Il a très mal mal vu cette histoire. Heinrich Tannhäuser est le seul minnesänger un peu adulte dans ce monde de petits puceaux refoulés. Sa réaction lors de la joute est courageuse très saine. par la suite, il est persécuté, il est vrai. Antoine Goléa a mal lu le livret et un type dont la psycholgie est aussi sujette à caution n'aurait pas dû s'aventurer dans l'interprétation psy.

 
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