Archives 2003-2008 du forum de discussions sur France Culture

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Orang bukit

28/08/2003
08:34
Racontez votre 4 septembre 1999

Le 4 septembre 1999 est la plus grande catastrophe radiophonique du XXe siècle, la liquidation de France Culture par sa nouvelle direction, un coup de force et un culturocide... Racontez.
 
Henry Faÿ

28/08/2003
09:26
une date très sombre

Cher Orang Bukit
C'est vrai, la rentrée 1999 a été une date très sombre pour France Culture. Je m'en souviens comme si c'était hier. J'ai été consterné. Je ne veux pas trop raconter parce que le moi est haïssable.
Très amicalement...............Henry
 
Louise

29/08/2003
23:49
re : Racontez votre 4 septembre 1999

J'étais contente et confiante. Je venais de lire et d'apprécier la biographie de Marguerite Duras par Laure Adler et puis surtout j'avais entendu qu'Antoine Spire était viré et je l'avoue, ça m'a fait plaisir. J'aurais pourtant dû savoir qu'on a toujours besoin d'un Spire, même s'il vous est insupportable.
(D'ailleurs, j'appelais déjà en son honneur le "spire", la petite musique que fait ma voiture quand je veux sortir sans avoir éteint mes phares, cette agaçante musique a toujours raison !)
Et puis j'ai écouté, pensant d'abord, il faut du temps, mais je ne reconnaissais pas du tout ma radio . Alors j'ai écrit, je dois reconnaître qu'on m'a répondu, à côté mais c'était une réponse.J'avais coutume d'écrire à chaque rentrée mais pas le souvenir d'avoir reçu de réponses.
Ce fut un soulagement d'apprendre que beaucoup d'auditeurs râlaient et j'ai vraiment pensé que cela ne durerait pas longtemps. L'émission de Jean Lebrun avec Laure Adler fut pour moi une catastrophe, cela m'est apparu plus grave que je le pensais.
Et maintenant, vous me proposeriez de réintégrer deux Spires pour retrouver ma radio, mais je signe.
C'est toujours comme ça, avec Spire, c'était le bonheur et je ne le savais pas !
Louise
 
Orang bukit

31/08/2003
09:30
re : Racontez votre 4 septembre 1999

Je me souviens de cette émission du Bouillon Racine. C'était à l'automne 1999 et j'y étais.
Savez-vous s'il en existe un enregistrement disponible sur Internet.
Merci
 
Louise

31/08/2003
20:13
re : Racontez votre 4 septembre 1999

Non, je ne le savais pas, mais pour moi, une fois suffit.
Juste que si je me souviens bien, c'est à l'occasion de cette émission que l'on s'est rendu compte que Jean lebrun n'écoutait pas France-Culture et ne pouvait donc pas se rendre compte de la dégradation de notre radio.
N'est-il pas ?
Louise
 
paul kobisch

05/10/2003
06:44
re : Racontez votre 4 septembre 1999

Oh oui, le pire des Spire c'était le paradis ! merci de nous le rappeler.
paul
 
Bernard

08/10/2003
10:55
re : Racontez votre 4 septembre 1999

Pour avoir une retranscription écrite de l'émission Pot au Feu de Décembre 1999 où Jean Lebrun avait invité Laure Adler et les auditeurs, il suffit de saisir l'expression "Jean Lebrun" (sans les guillemets) dans le
champ "RECHERCHER SUR LE SITE" à la fin de la page d'accueil du site d'Acrimed (Action Critique Media) :
http://acrimed.samizdat.net

L'émission est découpée en 5 : "Jean Lebrun reçoit Laure Adler" 1 à 5.

Ci-dessous aussi le texte collecté sur le site acrimed, copier et coller, mais sans garantie qu'il soit coller jusqu'à la fin, étant donné sa longueur:

DÉCRYPTAGE D'UNE ÉMISSION DE DÉCEMBRE 1999
Jean Lebrun invite Laure Adler (1)
PROLOGUE

Première publication : 1er décembre 1999 - Mise en ligne : mercredi 1er décembre 1999
" Pot-au-feu ", France Culture, mardi 14 décembre 1999, 18 h 20 - Emission enregistrée en public au Bouillon Racine et diffusée en direct - Pour apprécier le contenu de cette émission, il faut se souvenir de son contexte : la contestation par les auditeurs et les producteurs de la nouvelle grille de France Culture mise en place par Adler, ainsi que la grève de Radio France. Alors que des réponses sont attendues et qu'un débat public sur l'orientation de la station est manifestement indispensable, Jean Lebrun, producteur à France Culture invite à " son " émission la directrice de la station.
Cette émission est exemplaire : elle montre comment il est possible de tenter de désamorcer une discussion en affectant de l'organiser. C'est pour cette raison que nous l'avons retranscrite. Ce ne sont ni la personnalité ni le talent de Jean Lebrun qui sont ici mis en cause, mais des procédés qui s'imposent aux animateurs, parfois même à leur insu. [1]
Prologue
La veille de la tenue de l'émission le collectif d'animation de l'Acrimed envoyait à Jean Lebrun une lettre où l'on pouvait lire notamment ceci : " Vous avez " invité " Laure Adler, la directrice de votre station, à Pot-au-feu, l'émission régulière qu'elle vous a confiée dans le cadre de la nouvelle grille imposée à la station, pour qu'elle s'explique en direct sur l'avenir de France Culture et réponde aux questions des auditeurs qui pourront se rendre à votre émission ce mardi 14 décembre. Sans doute certains d'entre eux trouveront-ils là une occasion d'exprimer leurs griefs. Mais s'exprimer n'est pas discuter, questionner n'est pas débattre. Interpeller (plus ou moins vivement) la directrice de France Culture ou réagir (plus ou moins passivement) à ses propos : telle est l'alternative, inscrite dans le dispositif même de l'émission, devant laquelle seront placés - nous le craignons - les auditeurs présents. ". Les allusions qui suivent à " telle association " et au " dispositif " qu'elle conteste font office de réponses.
[Générique]
Lebrun : Alors un Pot-au-feu consacré à France Culture. Je constate, Vincent Lemaire [ ?] - vous l'avez préparé avec Emmanuel Giraud [ ?] -, qu'il y a foule autour de lui… de nous, plus que mardi dernier quand Alain Juppé, l'ancien Premier ministre, était venu nous rendre visite. Alors notre thème : qu'est-ce qu'il faut attendre de France Culture ? Comment écoutons-nous France Culture ? Bon, le dispositif qu'on a adopté n'est pas tout à fait scientifique. A Pot-au-feu on travaille à la bonne franquette ; il ne va pas s'agir, comme telle association me l'a écrit hier soir, d'une intervention de la directrice de France Culture que je salue quand même, Laure Adler bonsoir, avec quelques intervention d'auditeurs. Le rapport de forces, vous l'avez vu, n'est pas en notre faveur, nous autres producteurs ou animateurs de France Culture ce soir. On va d'abord donner la parole aux auditeurs qu'on a choisis, en plus de tout ceux qui sont venus nous choisir, d'une façon, bon, pas vraiment scientifique mais un peu technique, Emmanuel Giraud. On a pris le courrier reçu par la direction depuis le mois de septembre et puis aussi, Emmanuel, le courrier de l'hebdomadaire Télérama.
En quelques mots, le cadre et le cap son fixés :
1. " Le dispositif " : des lettres pré-sélectionnées pour être lues à l'antenne, un " premier cercle " composé on ne sait comment, et dont on ne sortira pratiquement jamais…Jean Lebrun laisse entendre - sans le dire - que les auditeurs invités sur le plateau l'ont été en fonction du courrier. On verra que les illustrations sonores font rarement état du mécontentement ; et que les invités au Bouillon Racine auront quelque difficulté à le faire. Invoquer la " bonne franquette " contre la " scientificité " (remarque ironique destinée sans doute à tel sociologue), permet de dissimuler la construction parfaitement délibérée de l'émission
2. " Notre thème " : tel qu'il est présenté, il élude d'emblée toute mise en discussion de l'orientation choisie pour la chaîne. C'est sur l'écoute de France Culture (comment l'écoutez-vous ? Pourquoi l'écoutez-vous, ) qu'est centrée la suite de l'émission : une question qui, aussi intéressante soit-elle, n'offre pas matière à une discussion. Les " invités " sont de simples témoins. Les arguments sont de simples témoignages. Le thème choisi impose même une apologie de France Culture. Peu importe que la stratégie de Jean Lebrun soit ou non toujours intentionnelle : il parle comme s'il existait une nature éternelle de France Culture, indépendante des salariés qui produisent la radio mais aussi de la direction et de ses choix. C'est à l'évocation de ce France Culture (qui génère des " pratiques d'écoute " peu ordinaires) que font appel les questions de Lebrun.
Alors peut commence l'Acte II : Comment disqualifier les auditeurs mécontents ?

[1] Pour les mettre en évidence, les propos de Jean Lebrun sont systématiquement retranscrits, comme ceux de Laure Adler. En revanche, puisqu'il s'agit de dégager la construction de l'émission, les interventions du public et des auditeurs sélectionnés sont en général résumées, sauf quand leur contenu est indispensable à la compréhension de cette construction. L'orthographe des noms propres est souvent douteuses : ils sont donc sont suivis de " [ ?] "
ACTE 1 : COMMENT DISQUALIFIER LES AUDITEURS MÉCONTENTS

Première publication : décembre 1999 - Mise en ligne : mercredi 1er décembre 1999
" Pot-au-feu ", France Culture, mardi 14 décembre 1999, 18 h 20 - Emission enregistrée en public au Bouillon Racine et diffusée en direct - Alors que des réponses sont attendues et qu'un débat public sur l'orientation de la station est manifestement indispensable, Jean Lebrun, producteur à France Culture invite à " son " émission la directrice de la station. D'emblée, le Prologue de Jean Lebrun a fixé le cap : C'est sur l'écoute de France Culture (comment l'écoutez-vous ? Pourquoi l'écoutez-vous, ) qu'est centrée la suite de l'émission. Place à l'Acte I :
Acte I : comment disqualifier les auditeurs mécontents
Emmanuel Giraud : Oui. Bonsoir Jean. J'ai été effectivement à Télérama ; j'ai rencontré Stéphane Jarno, le spécialiste des pages radios à Télérama, et j'ai épluché les 200 lettres reçues par Télérama depuis la rentrée concernant le changement de la grille. Et sur ces 200 lettres, il y a cinq lettres qui sont des lettres, un petit peu, de contentement de cette grille, d'auditeurs absolument ravis…
Jean Lebrun : Vous avez d'ailleurs choisi l'un de ces auditeurs qui ont scripté une lettre favorable, Evelyne Vicky [ ?], c'est la seule qui n'est pas venue ce soir. Mais enfin on l'attend… les embouteillages doivent simplement l'embarrasser un peu. [ Elle viendra. Voir plus loin].
La suite vise à disqualifier les auditeurs mécontents :
Emmanuel Giraud : Et puis parmi les 195 autres lettres d'auditeurs, des auditeurs mécontents, alors sous différentes formes, on a un petit peu tous les types de lettres : des gens très très organisés, très… qui ont écrit de longues lettres, très argumentées, et qui sont à la fois très organisés puisqu'ils envoient la lettre à la direction de France Culture, à M. Cavada également, à Télérama, au Monde et à tous les médias. Donc ce sont des gens qui sont très organisés. D'autre part il y avait des lettres de gens qui étaient un petit peu moins organisés, qui réagissaient simplement aux différents articles qui avaient pu paraître dans la presse et dans Télérama. Quand une lettre d'auditeur mécontent apparaissait, les gens répondaient pour dire : " moi aussi, je suis d'accord ; moi aussi, je ne suis pas content ".
Première tentative de disqualification : les mécontents sont des gens " très organisés " (cette expression revient plusieurs fois…). Seule " preuve " mise en avant : ils envoient leur courrier simultanément à plusieurs journaux, dans l'espoir de le faire paraître !. Cette insistance vise à imposer l'idée qu'il existe un groupe de pression, une minorité agissante qui se livre à une cabale, ainsi que Laure Adler n'a cessé de l'affirmer dans ses déclarations à la presse. Pour la direction de France Culture, les redoutables conspirateurs sont sans doute l'Association des auditeurs de France Culture et l'Acrimed.
Deuxième tentative de disqualification : les mécontents réagissent non à la nouvelle grille, mais aux autres lettres de mécontents.
Jean Lebrun : Donc effet de réaction. Je cite à ce propos…
Jean Lebrun enfonce le clou pour ceux qui n'auraient pas compris : les protestations et leur nombre sont un " effet de réaction " :
Emmanuel Giraud : Et puis peut-être plus de lettres adressées à Télérama en particulier pour…
Jean Lebrun : Oui, alors je cite à ce propos un auditeur de Grasse, André Darchangella [ ?], " j'apprends que des auditeurs mécontent écrivent au journal Le Monde. De qui se moque-t-on ? L'encart de radio-télé de ce journal peut-être ce qu'il veut. Si j'ai a redire pour une émission de radio, j'écris à cette radio. " C'est d'ailleurs pour ça que sans le truchement de la presse, ses filtres, ben on a décider d'engager le débat sans rien cacher du caractère passionnel qui vous attache vous autres auditeurs à France Culture, et qui parfois vous en détache.
Troisième tentative de disqualification : les mécontents ont utilisé le " filtre " de la presse. La première lettre citée vient à point nommé cautionner les choix de Jean Lebrun. On notera aussi que le désaveu du " truchement de la presse " ne vaut que pour les auditeurs : on lira par ailleurs l'ampleur de la véritable campagne de presse menée par Laure Adler. Quant à l'évocation de la " passion ", on se souviendra que, dans certains journaux comme Le Monde, elle permet de lui opposer la " sagesse " de la direction…
Inserts : lecture de trois lettres par des voix sensées restituer par leur ton les propriétés de leurs auteurs. Ces courts textes manifestent un attachement très intense des auditeurs vis-à-vis de France Culture (" France Culture que j'aimais, je te hais, désormais. Il me faut trouver un autre amour ") . Toutes trois sont critiques. [Applaudissements et bravos]
Lebrun : Non mais… Plus vous applaudissez, plus vous perdez de temps de parole. Alors ça ce sont de vrais auditeurs comme ceux qui sont là ce soir. Est-ce que je peux vous faire remarquer Laure Adler que parfois vous répondez à des auditeurs qui n'existent pas ? Il y a des auditeurs qui ont le sens de l'humour et qui inventent des personnages qui seraient mécontents, déçus. Par exemple, on a trouvé dans le courrier de la direction, là c'est plus le courrier de Télérama, une lettre écrite très maladroitement, comme avec une écriture de vieille dame, à laquelle vous avez mis une annotation : " précisez à cette dame ceci, ceci ou encore cela… ". Mais je crois que c'était pas une vraie auditrice…
Quatrième tentative de disqualification des mécontents : ils sont non seulement organisés et réactifs, hypocrites mêmes puisqu'ils s'adressent à la presse, mais certains d'entre eux sont fictifs. Leur écriture est intentionnellement maladroite (dans la salle, plusieurs " vieilles dames " s'indignent de la maladresse que leur attribue Lebrun, mais cela n'est pas perceptible à l'antenne).
Insert lecture de la lettre par une voix chevrotante.
Lebrun : Voilà. On ne redonne pas son adresse parce que le courrier doit revenir, la personne n'habitant pas à l'adresse indiquée, ce qui n'est pas le cas des cinq ou six auditeurs du premier cercle que nous avons composé ce soir, qui ne vont pas monopoliser la parole et qui laisseront le micro à tous ceux qui sont avec nous au Bouillon Racine. Bon je ne vais peut-être pas vous présenter d'affilée les uns après les autres. On va commencer par celui qui a le plus le trac, c'est Christian Florentin. Bonsoir.
Fin de l'acte I : après la disqualification des contestataires, le " débat " va commencer…à côté de ce qui fait débat. Acte II
ACTE II : COMMENT NEUTRALISER TOUT SUJET DE DISCUSSION

Première publication : décembre 1999 - Mise en ligne : mercredi 1er décembre 1999
" Pot-au-feu ", France Culture, mardi 14 décembre 1999, 18 h 20 - Emission enregistrée en public au Bouillon Racine et diffusée en direct - Pusique c'est sur l'écoute de France Culture (comment l'écoutez-vous ? Pourquoi l'écoutez-vous, ) qu'est centrée l'émission, place aux témoingnages. Après la disqualification des auditeurs mécontents, ils permettent de neutraliser tout sujet de dicussion…
Acte II : comment neutraliser tout sujet de discussion
Christian Florentin : Bonsoir.
Lebrun : Est-ce que je pourrais vous demander, parce que je voudrais qu'on commence par là avant d'aborder les thèmes - la place de la musique la place de la fiction, la place de l'information, la place des journalistes, que sais-je ? - je voudrais qu'on commence par un examen avec vous des origines d'écoute et des pratiques d'écoute de France Culture. Je peux vous demander depuis quand et comment vous écoutez France Culture à Nancy Christian Florentin ?
C.F. travaille dans un centre de tri postal où il écoute France Culture depuis 10 ans.
L'option de Jean Lebrun permet de déplacer le " débat " de la critique de France Culture nouvelle mouture à l'apologie du France Culture historique. En interrogeant les auditeurs sur leur mode d'écoute de la radio, il recueille essentiellement des propos flatteurs sur l'originalité et la caractère indispensable de France Culture. Le premier auditeur semble percevoir la chausse-trappe : " je ne parle pas de passé, je préférerais qu'on parle d'avenir ce soir ".
Lebrun : Alors on a aussi trouvé grâce au courrier de tout nouveaux auditeurs qui ne sont pas nécessairement les plus jeunes, Jacques et Claudine Namèche [ ?].
Insert d'une interview des susdits auditeurs, qui auraient découvert cette radio " suite à la nomination de Laure Adler à la tête de France Culture. Ca nous a donné l'envie, parce que on apprécie sa personnalité. Ca nous a donné envie d'écouter France Culture. " C'est aussi le côté " accessible tout de suite " qui aurait séduit ces auditeurs.
Ces " nouveaux auditeurs " viennent à point nommé pour faire l'éloge de la nouvelle grille et de Laure Adler. Leur intervention est une autre façon de désamorcer toute discussion : au lieu de dire en quoi les nouveaux programmes font problèmes, on invoque à l'encontre des mécontents, une opinion favorable. C'est opposer une opinion contre une opinion. Et comme une opinion en vaut bien une autre…Autre avantage des " nouveaux auditeurs " : s'ils sont nouveaux et qu'ils continuent à écouter, c'est qu'ils sont satisfaits, alors que les anciens auditeurs peuvent invoquer les qualités de la grille précédente et critiquer la nouvelle sur la base des changements objectifs imposés par la direction. Les " nouveaux " sont obligés de mettre en avant " l'image " du France Culture traditionnel sans toutefois pouvoir argumenter sur les transformation puisque, avant, ils ne l'écoutaient pas. Ainsi cet auditeur : " France Culture avait pour moi l'image d'une chaîne réservée à une certaine élite culturelle, ce n'est pas notre cas en ce qui nous concerne ".
On notera que le choix de l'échantillon en fonction des lettres reçues à Télérama laisse place à une certaine souplesse…
Lebrun : Alors il y a une première question qu'on peut poser, non pas sur telle ou telle émission : Valérie Tintio [ ?] vous êtes une de nos auditrices du premier cercle. Vous êtes universitaire, doctorante, science de la gestion. Oui, c'est une première question qu'on pourrait poser : souvent l'auditeur de France Culture a une représentation de lui-même qui fait que dans son esprit en tout cas, je ne sais pas si c'est le cas dans la réalité, il n'écoute ou il ne veut écouter que France Culture. Là on a de nouveaux auditeurs qui disent qu'ils sont venus par le hasard des circonstances, comme beaucoup de nouveaux auditeurs sont venus à cause de la libération de la grille modulation de fréquence dans les années 80. Vous-même, vous écoutez plusieurs radios ? Vous vous avouez écoutant plusieurs radios ?
Elle " avoue humblement " écouter RFI et BFM " tout info-tout éco ". Elle a découvert France Culture il y a 10 ans. Elle insiste sur le fait qu'elle " n'avait pas eu un parcours qui [lui] permettait avant d'y accéder "
Lebrun : Il y a un point commun entre nous autres producteurs et vous autres auditeurs : les producteurs se disent : " on ne travaille pas dans un média ; on ne voudrait pas travailler ailleurs ; on est dans quelques chose qui est une radio-exception " et les auditeurs ont aussi le sentiment d'une radio-exception. Alors Olivier Villassa [ ?]. Alors comment m'avez-vous écrit ou avez-vous écrit à la direction de France Culture, je ne sais plus si c'était une lettre personnalisées à l'attention de Mme Adler ou de M. Lebrun.
Le dialogue qui suit illustre assez bien la dissymétrie de la relation entre Jean Lebrun et l'auditeur : d'un côté un producteur malin, qui a l'habitude du micro depuis très longtemps, pose les questions, sait plaisanter pour que la conversation reste superficielle ; de l'autre un auditeur qui se trouve propulsé devant un micro et, d'abord désorienté, s'embarque dans un témoignage personnel. Le résultat est que l'on ne parle toujours pas de la nouvelle grille et des raisons de son rejet par de très nombreux auditeurs.
Olivier Villassa : C'était une lettre personnalisée à l'attention de M. Lebrun.
Lebrun : Ah oui, vous disiez : Cher Jean, je suis un anonyme. Mais on ne se connaît pas ! Pourquoi dites-vous chez Jean ?
Olivier Villassa : Cher Jean… heu… ben parce que je vais pas vous appeler Paul. Je sais pas, moi. Ca me paraît quand même logique. [La réplique est saluée par un bref moment d'hilarité dans la salle]
Jean Lebrun : Alors il paraît que vous êtes un peu âgé pour être l'auditeur idéal, parce qu'il y aurait un auditeur type qu'on voudrait conquérir maintenant. Vous êtes un peu vieux, vous.
Olivier Villassa raconte qu'il écoute France Culture depuis 10 ans (il en a 27). Lebrun lui fait dire qu'il est étudiant et " cyberbranché ". Jugeant cela " pas important ", O. Villassa explique : " il n'y a pas d'auditeur type à France Culture, il y a que soi-même face à France Culture. Il y a peut-être beaucoup d'étudiants cyberbranchés, etc. qui écoutent France Culture, mais dans toute la masse des étudiants, il y en a peu finalement. Je pense qu'on est une population quantitativement trop faible pour tirer des conclusions hâtives "
Lebrun : Mais quand un producteur s'adresse à vous, vous avez l'impression qu'il s'adresse à la cible des 27 ans cyberbranchés, ou vous avez l'impression que c'est quelqu'un qui est un peu à côté de vous et qui s'adresse à vous tout seul.
Lebrun pose une question à laquelle son interlocuteur a déjà répondu quelques secondes auparavant.
L'auditeur développe un discours très passionné : " France Culture, c'est la voie de ma conscience. C'est quelque chose d'intime. […] " par lequel il entend montrer l'importance que tient cette radio dans sa vie. Ces éloges du passé formulées au présent seront ensuite capitalisés par Lebrun. Autre thème développé par cet auditeur :
Olivier Villassa : j'aimerais qu'il n'y ait pas autant d'appels aux auditeurs à France Culture. Parce que ça me montre que je ne suis plus tout seul. [rires] Je crois que c'est ça finalement le problème. Je crois que le problème de cette année, c'est pas une question de grille de programme ou d'horaire ; si il y a des problèmes, ils rentrent dans l'ordre tout seuls par le bon sens comme le prouve la nouvelle grille prévue pour janvier, mais ce qui importe, c'est qu'on reste face à France Culture… on a pas besoin de se sentir en famille, en communauté, ça nous fait perdre du temps ; d'entendre des auditeurs. C'est un peu en contradiction, mais il vaut mieux qu'on reste anonymes…on est même pas des auditeurs… c'est vraiment une espèce de conscience, une réflexion permanente France Culture. Je crois que c'est ça : c'est pas une radio comme les autres, c'est pas une radio. C'est une réflexion permanente.
Lebrun : Ca n'est pas un média.
OV : Média… j'en sais rien, moi. Non, moi quand je l'écoute, j'ai vraiment l'impression d'être en train de réfléchir. J'entends pas une radio : je n'entends pas, j'écoute et je réfléchis en même temps.
Lebrun : Vous réfléchissez, mais vous pouvez aussi écouter France Culture en vaquant à des occupations plus quotidiennes. Je voulais me faire l'écho d'une chronique qu'à Pot au Feu nous avons reçu pendant quatre ou cinq semaines, d'une dame, anonyme - vous aimez les auditeurs anonymes Olivier. Cette dame n'a jamais signé. J'ai identifié par les déplacements qu'elle évoquait qu'elle faisait avec sa famille, notamment avec son mari, Emile, qu'elle était du côté d'une région qui m'est chère, entre la pointe du Groin et les château de la Rouérie en Bretagne, et ce journal est intéressant parce qu'il mêle la vie quotidienne, la conduite des enfants à l'école, l'achat de la brioche vendéenne avec l'écoute de France Culture et notamment du poète préféré de cette dame qui doit être localisable à Périgné [ ?], Ile et Vilaine, j'ai nommé Jean-Louis Esyne, habitant de Pontault-Combault.
Insert du " journal intime " d'une autre personne pour qui France Culture représente manifestement le seul lien avec la culture. On dirait un publi-reportage.
Lebrun : Voilà. De l'écoute poétique de France Culture. Qui est peut-être un peu de la vôtre. Je m'adresse là à un autre des auditeurs que nous avons sélectionné pour le premier cercle ce soir au Bouillon Racine. Louis-Bernard Sagella [ ?]. Vous vous présentez ? Vous êtes plasticien, vous enseignez dans une école d'art. 45 ans, beaucoup plus d'Olivier…
L'auditeur explique que lui-aussi, auditeur " organisé ", a envoyé son courrier aux journaux, à Adler et à Cavada.
Lebrun : Vous avez l'air d'être en doute devant les charmes du direct, parfois, devant les charmes du direct, et en même temps, vous citez Picasso. Qu'est-ce qu'il dit, Picasso ?
Nouvel éloge des " charmes du direct ", alors que la question posée montre que les échanges avec les auditeurs " du premier cercle " ont été soigneusement préparés. Que vient faire Picasso dans cette affaire ? Induire une réponse sur les innovations en cours sur France Culture :
Louis-Bernard Sagella cite Picasso : " à quoi bon faire une chose si on sait ce que l'on va faire ", applique cette citation à la nouvelle grille.
Puis il demande la tenue de débats ininterrompus qui s'arrêteraient " quand il n'y a plus rien à dire "
Lebrun : Mais alors là… les hôtes du restaurant où nous sommes sont inquiets parce que si on veut rester après la fin de l'antenne… Alors, j'aimerais que vous nous parliez au delà de cette proposition du sentiment de la mesure du temps que vous avez quand vous écoutez France Culture. Pour être dans la ligne de la dame de Périgné.
La " ligne " de la dame de Périgné se confond étrangement avec la " ligne " que Jean Lebrun entend suivre dans l'émission.
L'auditeur explique sa " pratique " de France Culture et conclut en estimant que la nouvelle direction n'a jamais réellement écouté la radio. Salve nourrie d'applaudissements.
Lebrun : Vous êtes très applaudi et moi-même je fait amende honorable comme je l'ai fait devant M. Parrot [ ?], ici présent, qui interviendra tout à l'heure ; il me désignait du doigt - pas Laure Adler, hein, qui ne dit rien, qui ne va rien dire avant 19 heures telle que je la connais. Elle peut parfois être impérieuse et souvent silencieuse.
L'allusion à M. Parrot concerne un auditeur présent dans la salle, qui conteste la nouvelle orientation de la chaîne, et qui … ne pourra pas prendre la parole. Quant à Laure Adler, elle " ne va rien dire avant 19 heures telle que je la connais " : la suite montre que cette intervention tardive était prévue " à son heure ". La flagornerie ne parvient pas à dissimuler qu'il s'agit de mettre Laure Adler dans la position de l'écouteuse. Par les thèmes choisis, on élude toute mise en question ; par la place accordée à Laure Adler, on évite les réponses…
Laure Adler : Je sais écouter.
Lebrun : Donc comme François Parrot me désignait du doigt : " vous n'écoutez pas France Culture ! ". C'est le cas aussi - je fait amende honorable - des producteurs.
L'auditeur en question proteste, explique qu'il a envoyé un courrier
Lebrun : Les producteurs n'écoutent pas et ne répondent pas non plus. Alors pour essayer d'abonder dans votre sens, et avant de redonner la parole aux gens qui sont dans la salle et notamment à ceux du premier cercle, vois le témoignage d'une couturière de Vincennes. Vous savez, on avait à Cinq colonnes à la Une la référence à la mercière de Périgueux, alors voici la couturière de Vincennes, appelons-la par son vrai nom, Evelyne Lalba [ ?]
Insert témoignage sur les " pratiques d'écoute ". L'auditrice précise qu'elle n'a pas fait de longues études.
Lebrun : Alors ceux qui sont nostalgiques d'anciennes grilles noteront l'imparfait mais, Christian Florentin, vous écoutez, vous, avec un balladeur au travail au centre de tri postal à Nancy ?
Intervention de C. F.
Lebrun : Monsieur Sagella cite Picasso, vous c'est Juvénal. Alors expliquez-moi. Je ne me souviens plus de la citation.
Christian Florentin : Il faut rire tout en militant. N'asservis pas la force joyeuse de ton désir. C'est un peu pour vous, Jean Lebrun. Je pense que vous militez pour la culture.
Lebrun : Ah non, pour le divertissement aussi. Non mais Comment vous faites la part entre l'université permanente à laquelle vous aspirez, que réclament tant et tant d'auditeurs de France Culture et le plaisir, le divertissement et l'ouverture à l'imaginaire ?
Christian Florentin développe sa théorie des trois E : émanciper, éduquer, éveiller.
Lebrun : Je note qu'une grille doit avoir un rythme ternaire. Jean-Marie Borzeix disait : " le matin le quotidien, en fin de matinée, le mensuel, l'après-midi, l'hebdo ". Vous Laure, c'est… ? C'est quoi votre rythme ternaire déjà ?
Laure Adler [ironique] : Comment ? Vous ne l'avez pas appris par cœur ?
Lebrun [ironique] : Pas du tout, non. Ca ne fait pas partie des obligations des producteurs.
Laure Adler : Oh ! Mais si !
Lebrun : C'est quoi déjà ? E comme évasion…
Laure Adler : Non…
Lebrun : Alors je ne me souviens plus
Adler : Vous êtes un très mauvais élève.
Lebrun : Ben vous le rappellerez tout à l'heure. Quand on vous redonnera la parole, Laure. Et maintenant il y a une dame qui est en face de vous, Laure Adler, Evelyne Vicky qui n'a pas encore parlé. Votre origine d'auditrice de France Culture, Evelyne Wicky ? Vous habitez Paris…
Intervention. Pour elle, France Culture rassemble beaucoup d'autodidactes.
Insert d'une reportage sur un auditeur chauffeur de taxi qui enregistre les émissions, échange les cassettes et n'écoute que France Culture.
" Quand on vous redonnera la parole, Laure " : où il se confirme que le moment de sa prise de parole est volontairement différé.
Lebrun : Le thème de l'enregistrement est important : on rencontre parfois dans le courrier, Vincent Lemaire, des auditeurs qui enregistrent une émission de midi et l'écoutent le matin avec les nouvelles de la veille, ravis.
Lemaire parlent des auditeurs qui écoutent en différé.
Lebrun : ce qui pose la question de la demande d'actualité et de la demande d'informations intemporelles, souvent contradictoires. Philippe Morillon, je ne vous demande pas de faire communauté avec le chauffeur de taxi puisque Olivier nous a expliqué tout à l'heure qu'il n'y avait pas de parti de France Culture. Alors vous, vous appartenez en revanche à une profession intellectuelle ou artistique… Vous êtes directeur artistique d'un journal.
Intervention, sur sa " pratique ". Il écoute en permanence et enregistre quand il s'absente.
Lebrun : Vous n'êtes pas un peu malade, non ? Parce que je me tourne vers un auditeur du deuxième cercle ; vous savez les gens qui répondent au téléphone ou les gens qui animent France Culture, qui sont des gens normaux puisqu'ils n'écoutent pas beaucoup France Culture, vous l'avez dit. Quand un auditeur comme vous monsieur téléphone et dit…
Un auditeur relate le cas d'une de ses connaissances mécontente de la nouvelle grille à qui le standard de France Culture avait reproché sa dépendance à la radio.
A la fin de l'Acte, aucune discussion sur l'oreientation de France Culture n'a été esquissée. C'est un peu long, mais il fallait souffrir pour bénéficier de l'Acte III
ACTE III : OÙ IL EST MONTRÉ QUE JEAN LEBRUN CONNAÎT LA MUSIQUE...

Première publication : décembre 1999 - Mise en ligne : mercredi 1er décembre 1999
" Pot-au-feu ", France Culture, mardi 14 décembre 1999, 18 h 20 - Emission enregistrée en public au Bouillon Racine et diffusée en direct - Le « Pot-au-feu, on le sait, exige une longue cuisson…L'émission traîne en longueur, mais Jean Lebrun est parvenu jusqu'alors à éviter toute discussion. Il y parvindra également pendant toute la durée de l'Acte III. Si le lecteur s'impatiente , il peut passer directement à l'Acte IV …
Acte III : Où il est montré que Jean Lebrun connaît la musique…

Lebrun : Olivier, vous vous écoutez en continuité. Là on va venir maintenant si vous le voulez bien au débat chaud d'aujourd'hui. Olivier, vous écoutez donc France Culture en continuité et depuis la nouvelle grille vous être gêné parce que de temps en temps vous faites des bonds comme Zébulon, à d'autres moments, vous vous endormez ; vous êtes troublés dans la quiétude de l'écoute régulière, obsessionnelle j'allais dire, qui était la vôtre.
L'auditeur explique que son écoute n'est pas obsessionnelle par rapports à d'autres qui enregistrent en continu. Il a cette sortie :
Olivier : […] ce qui m'intéresse, c'est pas le contenu comme je l'ai dit tout à l'heure - tout rentre dans l'ordre grâce au bon sens - mais c'est le superflu qui me gêne cette année à France Culture. Et c'est vraiment la première fois que je ressens ça. […] Il y a des génériques qui m'énervent, qui sont trop forts…
Applaudissements
Lebrun : Non mais laissez parler Olivier, vous allez parler à votre tour…
Olivier raconte ses difficultés pour régler le volume. Il conclut :
Olivier : Le contenu, après, je pense que s'il est bien emballé, c'est pas un problème. Moi, qu'il y ait des horaires qui changent, des animateurs qui arrivent, d'autres qui partent, c'est pas un problème pour moi.
Lebrun : Le son, la musique, premier chantier comme dirait Laure Adler. Un témoignage encore, ça va être un tout dernier. Les lectures qu'on fait du courrier sont telles qu'on a gardé l'anonymat, mais ce sont de vraies lettres, rassurez-vous.
Témoignage d'une quasi-aveugle sauvée de la cécité intellectuelle par France Culture. Puis d'une fille d'ouvrier qui rend hommage à France Culture et se plaint d'être " privée de dessert " par la nouvelle grille, y regrettant la diffusion de programmes musicaux.
Nouvelle insistance sur les " vraies " lettres, par opposition aux fausses, dont un exemplaire a été lu au début de la " causerie ".
Lebrun : Louis-Bernard Szadelja [ ?], vous allez dire que je suis très directif
L-B S : oui.
Lebrun : je ne vous demande pas de chanter, vous ne voulez pas chanter ? Je voudrais que vous restiez dans ligne de ce qui vient d'être dit, et notamment de ce dernier témoignage. Je ne pense pas que les auditeurs de France Culture soient hostiles à ce qu'il y ait de la musique à l'antenne ? On a enfin obtenu la fusion, dans la même direction de France Culture, non seulement de la rédaction mais aussi des programmes musicaux qui étaient demandés depuis longtemps. Ils formaient une enclave à part. Est-ce qu'il n'y a pas une crainte de la part des auditeurs de France Culture que le rôle de France Musique et le rôle de France Culture ne soient plus dissociés ? C'est ça qu'il faut lire dans cette demande de programmes d'abord parlés.
- " Je voudrais que vous restiez dans la ligne " : Jean Lebrun n'entend pas changer de cap…
" C'est ça qu'il faut lire " : Jean Lebrun interprète à sa convenance.
L-B S : Attendez, je réfléchis et je vais essayer de réfléchir vite parce que…
Lebrun : … parce qu'il y a d'autres auditeurs qui vont applaudir… applaudir à votre silence.
L-B S : Apprécie les programmes de musique contemporaine sur France Culture, mais regrette l'irruption des autres styles qu'il affirme pouvoir écouter ailleurs. Puis il essaye de monter en généralité :
L-B S : Je voudrais revenir un peu sur ces quatre points qui pour moi sont fondamentaux
Lebrun : Attendez, on peut rester un peu sur la musique parce qu'il y a deux auditeurs dernière vous qui veulent parler de musique et après je vous redonne la parole. OK ? Vous parlez de musique monsieur l'instituteur. Je vous laisse vous présenter ?
Acte IV : Quand, malgré toutes les précautions, le Pot-au-feu se met à bouillir
L'instituteur : Oui je suis instituteur à la prison de Fleury-Mérogis depuis trente ans, voilà. Donc pour moi, j'ai écouté France Culture effectivement comme tout le monde ici pendant des années avec un plaisir permanent. Et c'est vrai que depuis à peu prés deux ans et demie, avec la musique qui arrive, je suis effectivement catastrophé.
Il dénonce la dérive commerciale de la station. Hausse progressivement le ton. Estime qu'" on veut casser France Culture ". Il appelle à la lutte :
L'instituteur : Je dis : réunissons-nous, battons-nous, unissons-nous, et un petit nombre décidé, et même très nombreux, on peut faire revenir en arrière parce qu'il y a des élections et on peut faire reculer le gouvernement.
Tonnerre d'applaudissements et de bravos.
L'instituteur (il crie) : Et madame Laure Adler et tous ces gens-là qui n'en ont rien à foutre de la culture et qui sont payés…
Lebrun : Bon, euh… Olivier, alors ce n'est plus Olivier Villassa [ ?], c'est un autre Olivier. Vous êtes compositeur, vous allez me dire que c'est formidable qu'il y ait de la musique sur France Culture. Vous approchez le micro et vous faites comme monsieur le maître d'école de Fleury-Mérogis, vous le tenez très fort.
On notera que " monsieur l'instituteur ", qui n'avait pas de nom à l'antenne - il s'agit de Antoine Lubrina - devient " monsieur le maître d'école de Fleury-Mérogis ". Lebrun revient à " son " thème - la musique - pour que son invité lui dise, après ce réquisitoire, " que c'est formidable qu'il y ait de la musique sur France Culture. "
Olivier : Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. […] Si c'est ça la musique, je ne suis pas d'accord pour qu'elle soit à ce niveau là à France Culture. Je trouve que cela n'est pas très bien.
Lebrun : Mais est-ce que vous ne trouvez pas normal qu'il y ait une sorte de formation un peu encyclopédique puisqu'il y a une volonté d'université permanente à France Culture, qui s'étende aussi à la musique et aux formes de musiques que nous autres, messieurs Szadelja [ ?] et moi, quadragénaires, ne connaissons pas ?
L'auditeur regrette les programmes musicaux surnuméraires et la " dilution de la qualité ", la piètre qualité des débats sur la musique.
Lebrun revient à la charge pour que l'auditeur dise ce qu'il veut lui faire dire :
Lebrun : Mais quand vous voyez une émission comme Voie carrossable, qui a lieu en direct dans un autre café situé au nord de Paris, où il y a beaucoup de monde, et où il y a à la fois un concert en direct et une volonté didactique, un philosophe qui peut s'exprimer
[Interruption de cassette : un bref passage de l'émission n'a pas été enregistré]
Henri Faÿ fait l'éloge de l'émission Le rythme et la raison
Lebrun : Bon j'apprécie Henri Faÿ votre esprit de discipline parce que vous parlez du thème qu'on a choisi, la musique, ce qui va être le cas d'Evelyne Vicky, non ?
Le thème qu' " on " a choisi : comme si les auditeurs présents avaient choisi quoi que ce soit. Louer l'esprit de discipline de l'auditeur, c'est en vérité, pour Lebrun, se féliciter de l'avoir discipliné…
E. V. est l'auditrice favorable à la nouvelle grille. Elle reproche aux auditeurs contents de ne pas noter les changements d'horaires ou d'émissions positifs. Mais aussi de ne pas laisser le temps aux nouveaux venus de s'installer. Elle félicite Pierre Assouline. Aujourd'hui, elle " s'y retrouve " : " c'est une radio qui demande de réfléchir, ce qui veut dire : d'avoir l'esprit critique "
Lebrun : Ce que vous voulez dire, si je vous traduis encore, Evelyne Vicky, c'est que c'est un peu un réflexe d'habitués de l'audimat que de vouloir qu'une émission soit sanctionnée au bout de trois éditions.
" Traduction " complètement orientée, qui vise à souligner que ce sont ceux qui contestent la nouvelle grille qui sont conditionnés par l'Audimat, alors que les auditeurs mécontents n'ont jamais évoqué cette question mais seulement le contenu des programmes. C'est la nouvelle grille de Laure Adler qui est inspirée par des considérations d'audience et d'audimat. Au fond, par cette remarque - qui atteint les sommets de la mauvaise foi -, Jean Lebrun trahit le fait qu'il a déjà, lui aussi, l'audimat dans le tête, et qu'il demande seulement un peu de temps pour celui-ci donne raison à la direction de la chaîne…
E. V : Ben bien sûr.
Intervention d'une autre auditrice à propos de l'habillage musical qu'elle juge parasitaire.
Lebrun : Vous voulez dire que les articulations et les charnières et les transitions, c'est très important. Moi j'ai du mal à faire la mienne parce qu'il faut que je me fraie un chemin dans la foule du Bouillon Racine vers un monsieur qui se présente :
« Vous voulez dire " permet de faire dire à l'auditrice tout autre chose que ce qu'elle a dit …
Intervention de Samuel Armand [ ?] : estime que la polémique est une " tempête dans un verre d'eau ". Pour lui, les émissions du samedi matin (animées par les vedettes du Monde, du Monde Diplo et de Courrier international) sont " excellentes ". Appelle au renouveau des " débats politiques " sur France Culture. Qualifie de " un peu dérisoire " le panneau brandi par l'instituteur de Fleury-Mérogis, sur lequel on peut lire : " Laure Adler démission "
Lebrun : Olivier Villassa [ ?], qui va nous quitter, il rentre à côté de Montélimar, une dernière intervention brève et de nouveau la salle. Olivier.
Celui-ci déclare que " les horaires des émissions et les émission en elles-mêmes, ça m'importe peu finalement dans le débat actuel " et critique à nouveau le superflu à France Culture.
Intervention d'un auditeur qui regrette l'ancien France Culture. Il estime qu'il ne s'agit pas d'un simple changement de grille mais d'un changement général : " tout est changé, c'est la vocation de France Culture, les oeuvres les travaux scientifiques, les créations ne sont plus abordés de la même manière : on parle à propos d'elles, mais on ne les commente plus ". Il fait part de son " immense désarroi " dans lequel la direction qui n'a " jamais écouté France Culture " plonge les auditeurs.
Clac & bravos
Intervention d'Olivier Queysannes [ ?] : fustige la volonté de bouleversement de la direction. Il lit un texte.
Lebrun : Qu'est-ce que vous appelez l'ancienne grille ? C'était une grille nouvelle.
Réponse d'Olivier Queysannes : l'ancienne grille " laissait aux choses le temps de se développer, de s'installer, d'être débattues, d'aller dans le fond des choses "
Lebrun : Mais on aurait fait la même émission en public il y a deux ans, après l'ancienne nouvelle grille, peut-être auriez-vous eu les mêmes réactions.
O. Q. : Non
Jean Lebrun reste dans sa " ligne " : attribuer le mécontentement à un excès de précipitation des auditeurs... Mais son argument est étrange (voire absurde), car précisément, deux ans auparavant, il n'y avait pas eu de réactions de rejet massives. Pourquoi manier le conditionnel, quand on connaît la réponse ?
A partir de ce moment, Jean Lebrun perd peu à peu le contrôle de cette émission qu'il avait soigneusement cadenassée :
Lebrun : Alors, madame et puis, quand même, une association, heu…
Un auditeur : Monsieur Lebrun… Monsieur Lebrun… moi j'aimerais bien
Lebrun : Attendez. Madame, et après je voudrais bien donner la parole à Laure Adler. Il faut quand même qu'on entende Laure Adler.
L'auditeur : Monsieur Jean Lebrun ! Non mais moi je vais vous couper la parole parce que comme d'habitude vous êtes extrêmement directif. Là, les questions que vous nous posez - je ne sais pas si le micro est coupé… Je trouve que vous êtes extrêmement directif. Les questions que vous nous posez à propos de la musique, je suis désolé, nous sommes sur France Musique [Il veut dire : France Culture] , je pense qu'il y a quand même des questions, des problématiques bien plus importantes, et je voudrais rappeler qu'il y a quand même pour moi quatre temps forts.
Sous les vivats, il égrène les rendez-vous de l'ancienne grille dont il dénonce la disparition. En référence à la directivité de Lebrun, il finit : " Et ça, ça a été complètement occulté ! "
Lebrun : Madame. Merci. Madame…
Françoise Léglise lit un long texte dénonçant " le ringardisme ", le " conformisme ", " l'introduction dans un circuit marchand ".
Jean Lebrun s'impatiente, l'interrompt (" Je vous arrête, là. Non mais je vous arrête parce que le climat affectif, il existe toujours manifestement ", " très vite, madame ! " ; " Bon, je vous interrompt, madame, je vous interrompt. Bon ! Il nous reste… il nous reste… ", " Bon madame, je vous demande d'interrompre maintenant ! Non, je suis désolé, il me reste dix minutes d'antenne, et il faudrait quand même que d'autres personnes puissent s'exprimer, et sans notes ! Merci ! " ; elle persiste ; on lui coupe le micro ; le public proteste ; sa voix demeure en arrière fond…La salle la soutient : " c'est vrai ce qu'elle dit "

Jean Lebrun : Bon, Laure Adler… Alors, qu'est ce qu'on prend… qu'est ce qu'on prend… qu'est ce qu'on prend ! Merci madame, je suis trop directif et trop long, mais vous aussi. Vous avez pris des leçons, euh, de la part de Jean Lebrun. Laure Adler : il y a une question de fond presque qui se pose : qui doit faire les programmes de France Culture ? Parce que parfois dans le courrier, on lit : " On est les assujettis de la redevance ", comme dirait le président de l'Association des Amis de France Culture, qui est derrière vous. " On est des sujets ; on est des gens de peu ". Euh ! ? Et est-ce que, demandent les auditeurs, on ne pourrait pas prendre une part plus active aux programmes ? Est-ce que c'est le rôle de la direction d'imposer une grille de programmes ?
La réponse confirme que, pour Laure Adler, le rôle de la direction est bien d'imposer une grille de programme :
Laure Adler : Ben bien sûr, c'est pour ça qu'on est là. Moi je voulais dire que j'avais beaucoup appris au cours de cette heure et demie. Quelqu'un qui s'occupe de France Culture et qui a ce grand honneur, c'est d'abord quelqu'un qui doit savoir écouter, donc j'ai écouté attentivement. D'ailleurs je définis mon rôle de directrice d'abord comme une écouteuse : j'écoute les programmes, pas dix-neuf heures par jour, hélas. Mais j'essaye d'écouter vraiment beaucoup beaucoup la chaîne. Je voudrais dire à quel point je suis heureuse et fière de cette… de ce que j'entends à chaque moment de la journée. En venant ici j'ai entendu une émission exceptionnelle de quelqu'un qui s'occupait des autres. Hier il y avait une jeune femme qui s'appelait Nadia et qui expliquait sa détresse. Je voulais dire aussi que hier soir, dans " Surpris par la nuit ", qui remplace " Les Nuits magnétiques " - car l'idée des Nuits magnétiques reste et demeure très très fort à l'intérieur de France Culture -, il y avait une émission qui m'a bouleversée et qui m'a faite pleurer sur les handicapés, qui était tout à fait remarquable ; que à chaque moment que j'écoute France Culture, je ressens ce que doit être l'âme et l'identité de France Culture, c'est-à-dire un tressage entre le savoir et l'émotion que procure le savoir, c'est-à-dire la découverte de nous-mêmes. Je crois que ce soir nous avons assisté à ce qui me paraît être le plus important, c'est-à-dire la passion avec laquelle les auditeurs sont arrimés, comme à une île, à ce France Culture qui représente tous nos espoirs et notre avenir. Un monsieur a tout à fait légitimement, je crois, fait remarquer que nous étions dans une époque un peu de désespérance, un peu de recherche de sens, un peu de recherche d'identité, de repères, on l'a bien vu. Nous tous à France Culture qui avons milité pour l'exception culturelle, nous sommes contents de voir que l'exception culturelle à Seattle a gagnée. Je pense que France Culture représente haut et fort justement une exception culturelle à elle toute seule…
Jean Lebrun : Alors, radio-exception, Laure Adler…
Laure Adler : … je voudrais rajouter une seule chose : je voudrais dire que chacun a son France Culture. A soi. Le jeune homme qui est parti, qui était en face de moi toute à l'heure, a dit des choses absolument… passionnantes. Il a dit qu'il n'y avait pas de communauté des auditeurs de France Culture. Il a absolument raison, parce que chacun a son France Culture dans son cœur et dans son âme. Et c'est ça qui me paraît le plus important. Pourquoi ? Et là je voudrais rendre hommage à tout ces producteurs, ces 130 producteurs, avec toutes les équipes, les chargés de réalisation, les réalisateurs, les techniciens, qui nous tous ensemble… Parce que c'est une équipe, France Culture, c'est une équipe avec un collectif, avec une idée commune, chacun a son idée…
Un auditeur : Madame… il y a aussi… Madame…
Jean Lebrun : Mais reconnaissez, Laure… reconnaissez…
L'auditeur : Non non, mais attendez ! Non, madame, je suis désolé… Tous les producteurs que vous avez congédiés… et ça vous ne pouvez pas accepter ça… C'est un discours… C'est un faux discours !
[Applaudissements dans la salle, brouhaha]
Jean Lebrun : Mais justement, mais attendez… Nous avons peu de minutes
L'auditeur : …C'est un discours complètement démagogique que vous…[inaudible] On ne peut pas accepter des… [inaudible]
Jean Lebrun : Non mais nous avons peu de minutes… Alors, Laure Adler, vous conviendrez…
A partir de ce moment, " l'écouteuse " va changer de ton. Après avoir tenter de faire croire que finalement tout le monde est d'accord avec tout le monde et donc avec elle, elle consomme brutalement la rupture. Elle veut bien faire semblant d'écouter quand on lui dit ce qu'elle veut entendre. Mais dès que des avis divergents s'expriment, les opposants deviennent des gens violents, minoritaires, non démocratiques, etc. , bref des gens qu'il ne faut surtout pas écouter.

Laure Adler [à l'auditeur] : Ah oui, vous pouvez toujours protester… Vous ne les acceptez pas messieurs, mais j'ai le droit de les tenir, parce que j'y crois. Et aussi pour vous dire que vous avez le droit…

Jean Lebrun ; 'tendez 'tendez 'tendez… Vous conviendrez, Laure… Attendez, un peu de discipline ! Vous conviendrez que, je reprends un peu les propos de messieurs, que vous avez tendu l'élastique très loin, voulant viser très loin, et… et… qu'en même temps, avec les modifications de janvier, euh… vous étiez à 10, euh… vous revenez à 7.
Laure Adler : Non, pas du tout. Je ne renonce pas à l'essentiel, c'est-à-dire à l'âme, l'identité, la force et l'avenir de France Culture. Je pense que la culture reste un arme, une arme de citoyenneté…

Un auditeur : C'est pas une arme !
Laure Adler : … de solidarité, de reconnaissance de l'autre. Je pense que France Culture, à chaque moment où nous l'écoutons, représente ça…

L'auditeur : Merde ! c'est pas la culture qui est une arme ! C'est une âme ! C'est pas une arme
[Applaudissements]
Laure Adler : … une âme et une arme de citoyenneté et de solidarité

L'auditeur : Mais dites pas de conneries ! Vous êtes politique [ ?] ! C'est dégueulasse ! [il hurle]
Jean Lebrun : Bon, monsieur, nous essayons de nous exprimer…
Laure Adler : Je voulais dire que… Je voudrais terminer, Jean Lebrun. Je voudrais dire que les auditeurs qui sont là et qui expriment leur propre point de vue ont tout à fait légitimement le droit de l'exprimer. Ce n'est pas la majorité des auditeurs. Ce ne sont pas du tout, du tout du tout, les retours que nous avons…
[Vives protestations de la salle]
Laure Adler : … pas du tout, du tout, du tout…
[Quelqu'un hurle une remarque à propos de la démocratie]
Laure Adler : Et d'autre part je voulais terminer en disant que cette émission s'est déroulée dans un climat de très grande violence, avec un monsieur qui pourtant travaille dans une prison donc il devrait savoir ce que c'est que le désespoir, ce que c'est que la solitude…
[Protestations de la salle indignée]
Laure Adler : … depuis une heure et demie, il a devant lui un papier où c'est marqué : " Laure Adler démission ". Et bien non, je ne suis pas toute seule, je ne suis pas toute seule
Jean Lebrun : Bon ! Est-ce que vous pouvez… Il nous reste deux minutes, est-ce que vous pouvez… …

Laure Adler : … et je voudrais rendre hommage à toutes celles et ceux qui font France Culture à chaque moment de la journée et de la nuit [elle martèle ces mots]. Et je suis très fière et très heureuse de continuer à essayer d'assurer l'âme et l'identité de France Culture.
Jean Lebrun : Est-ce que vous pouvez, Laure, en deux minutes, indiquer quelques une des grandes lignes de janvier ?
Laure Adler : [Silence] Ben je pense que… Nan ! Parce que vous les découvrirez. Je pense que à partir de la semaine prochaine vous découvrirez sur l'antenne déjà des nouvelles émissions. Je pense que puisque vous avez montré à quel point vous étiez passionnés à l'écoute de France Culture, je pense que vous laisserai la joie de découvrir, à vous tous qui êtes des auditeurs passionnés, ces…
Jean Lebrun : Conclusion ! [Il désigne une auditrice invitée en plateau, la seule favorable à la nouvelle grille] Conclusion madame !
Un auditeur : On se battra. On se battra, madame. On a commencé à se réunir et à agir.
L'auditrice : Je pense que c'est quand même formidable que des gens se mobilisent pour tout ça. Et je crois que tout ça, c'est de l'amour.
[Stupeur de la salle devant une telle chute. Puis quelques rires. Lebrun fait signe à la régie de lancer le générique]

 
Louise

08/10/2003
23:11
re : Racontez votre 4 septembre 1999

Quel cadeau Bernard!
La lecture retrouve le souvenir de l'écoute de cette émission.
L'intervention de Laure Adler m'avait affligée, tellement je l'avais trouvée vide, mais je n'avais pas remarqué ce qui suit:
"En venant ici j'ai entendu une émission exceptionnelle de quelqu'un qui s'occupait des autres"
"Hier il y avait une jeune femme qui s'appelait Nadia et qui expliquait sa détresse"
"hier soir, dans " Surpris par la nuit ", (...) il y avait une émission qui m'a bouleversée et qui m'a faite pleurer sur les handicapés, "
"un monsieur qui pourtant travaille dans une prison donc il devrait savoir ce que c'est que le désespoir, ce que c'est que la solitude…"
"Et bien non, je ne suis pas toute seule, je ne suis pas toute seule"

Pas sûr qu'il y ait un pilote dans l'avion ou...
...
 
prof

09/10/2003
08:57
re : Racontez votre 4 septembre 1999

Hum, intéressante démagogie lacrymale de Madame la Directrice.... Mais j'espère que chacun sait que les gens de pouvoir mentent comme ils respirent!
 
Ci-devant_auditeur

13/11/2003
19:31
re : Racontez votre 4 septembre 1999

Je me souviens de la suppression du Panorama, de son remplacement par un jeu radiophonique, du silence à midi.
--
Ci-devant_auditeur
 
Louise

08/10/2004
23:36
re : Racontez votre 4 septembre 1999

Comme j'ai beaucoup fait travaillé ma mémoire pour retrouver cette page, je la remonte, on peut y lire la transcription de l'émisson de Jean Lebrun de décembre 1999 avec L'Or c'est de l'air
 
Laurent Nadot

24/10/2004
03:12
souvenirs de pénombre

- J'étais à quelques mètres de Ginette Roblochon ce jour-là dans la marmite du Pot-au-feu sanglant, rue Racine.

- Je crois que je n'oublierai jamais sa réponse qui commence par un sonore "Nan....".

- Je me souviens d'Antoine Lubrina qui tenait un panneau "Laure Adler démission".
- Je me souviens de ce type qui crié "un immense désespoir que vous ne comprenez pas parce que vous n'avez jamais écouté France Culture". C'était limite vibrant.

Le premier matin de la catastrophe, c'est mon radio-réveil qui avait ouvert le feu avec Première Edition. Pierre Assouline surtout les premiers jours, ça n'était pas du tout désolant, donc il m'avait fallu quelques jours pour m'alarmer. Le signal d'inquiétude est venu assez vite de la tranche 12h-13h30 : c'est avec "la Suite dans les Idées" que j'ai senti une glaciation culturelle tomber sur la fréquence...

LN

 
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