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Henry Faÿ

27/08/2007
17:18
l'économie sur France Culture

: <<L'exposé de Patrick Artus de ce matin sur l'économie, pourquoi les bulles, ce que veut dire financiarisation, pourquoi la France perd etc, était du plus grand intérêt.>>

rondecuir 27/08/2007
15:35 économie
***'exposé de Patrick Artus de ce matin sur l'économie... était du plus grand intérêt.***

Dans ce pays de fonctionnaires (dont moi) où la culture économique du quidam est consternante, quelques topos comme celui de Patrick Artus remonteraient un peu le niveau et nous éviteraient peut-être d'entendre beaucoup d'entre nous fustiger la "logique comptable" dans la gestion des deniers publics, tout en respectant une stricte "logique comptable" dans nos affaires personnelles.

PS ça n'a rien à voir avec l'éloge du savoir, mais c'est monsieur Henry qu'a commencé... c'est pas beau d'être "rapporteur", je sais...

Monsieur Henry saisit cette occasion pour créer le fil qui manquait:
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l'économie sur France Culture
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S'il y avait un smiley avec une arête de poisson, je l'insérerais en cette place, mais je ne veux pas préjuger de l'avenir. J'ai dit le bien, je veux dire le peu de bien que je pensais de l'émission terne de Dominique Rousset.

stanley jevons 27/08/2007
16:06 eloge du savoir ou critique de l'ignorance

Détrompez vous : il s'agit bien du problème (effarant) que pose le rapport déséquilibré entre savoir et ignorance. Il est bien inquiétant de constater que 130 ans après leur publication, ces lignes de Stanley Jevons n'ont pas perdu, hélas, de leur actualité :
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<< J'ai essayé, en composant ce petit traité, de donner aux vérités de l'Économie politique, une forme appropriée à l'instruction élémentaire. [...]. On ne peut douter qu'il soit très désirable de propager par tous moyens les principes de cette science dans toutes les classes de la population. C'est de l'ignorance de ces vérités que proviennent la plupart des calamités sociales, les grèves, les lockouts, l'opposition au progrès, l'imprévoyance, la misère, la charité mal entendue, l'insuccès décourageant de tant d'efforts.
[...]
Bien des erreurs ont cours sur la science que nous allons considérer, chez des gens qui devraient mieux la connaître. Elles proviennent souvent de ce qu'on croit tout savoir en économie politique, sans l'avoir jamais étudiée. Aucune personne de bon sens ne s'aventure à contredire un chimiste sur la chimie, un astronome sur les éclipses ou même un géologue sur les roches et les fossiles. Mais chacun a son opinion, d'une façon ou d'une autre, sur le commerce mal entendu, sur l'effet des hauts salaires, sur le tort que fait l'offre du travail à bas prix, enfin sur cent questions d'importance sociale. Ces gens ne voient pas que ces matières sont en réalité plus difficiles à comprendre que la chimie, l'astronomie ou la géologie et que toute une vie d'étude ne nous suffit pas pour nous permettre d'en parler avec certitude. Et, cependant ceux qui n'ont jamais étudié l'économie politique, sont d'ordinaire les plus remplis d'assurance.

./...

Stanley Jevons 27/08/2007
16:07 in "L'économie politique" (1878)

./...

Le fait est, que de même qu'on haïssait autrefois la science physique, il y a aujourd'hui une sorte de défiance ignorante, d'impatience contre l'économie politique. L’homme aime à suivre ses propres impulsions et ses préjugés ; on le vexe en lui disant qu'il fait justement ce qui le conduira à un but diamétralement opposé à celui qu'il cherche. Prenons le cas de la soi-disant charité. Bien des personnes charitables pensent qu'il est vertueux de faire l'aumône aux pauvres gens qui la demandent, sans considérer l'effet qu'elle produira sur ces gens. Ils voient le plaisir du mendiant qui reçoit cette aumône, mais ils n'en voient pas les effets ultérieurs, c'est-à-dire l'augmentation du nombre des mendiants. La pauvreté, les crimes que nous avons sous les yeux sont en grande partie le résultat de la charité mal entendue du passé, charité qui fut cause qu'une bonne part de la population est devenue insouciante, imprévoyante et paresseuse. L'économie politique prouve qu'au lieu de donner des aumônes accidentelles et irréfléchies, nous devons veiller à l'éducation du peuple, lui apprendre à travailler, à gagner sa vie, à épargner quelque chose pour aider sa vieillesse. S'il persiste dans sa paresse et son imprévoyance, il doit en supporter les conséquences. Mais comme cette manière d’agir peut sembler sévère, les économistes se voient condamnés par des gens au cœur sensible mais abusé. La science passe pour inflexible, impitoyable et on en conclut qu'elle n'a pour objet que de faire le riche plus riche et de laisser périr le pauvre.

Tout cela n'est que méprise.

L'économiste, quand il recherche comment l'homme peut le plus facilement se procurer les richesses, n'enseigne pas que le riche doit garder son bien comme un avare, ni le dépenser en luxueuses folies comme un prodigue. Il n'y a absolument rien dans la science pour dissuader le riche de dépenser sa richesse d'une façon tout à la fois généreuse et sage. Il peut aider avec prudence ses parents et ses amis. Il peut fonder d'utiles institutions publiques, telles que bibliothèques, musées, parcs, hôpitaux, etc., favoriser l'éducation du peuple ou créer des établissements d'éducation supérieure ; il peut soulager ceux qui soufrent d'infortunes contre lesquelles ils n'auraient pu se prémunir. Les infirmes, les aveugles, tous ceux à qui il est absolument impossible de s'aider par eux-mêmes, sont naturellement désignés à la charité du riche. Tout ce que veut l'économiste, c'est que la charité soit réellement la charité et ne fasse pas de tort à ceux qu'elle veut aider. Il est triste de penser que jusqu'ici beaucoup de mal a été fait par ceux qui ne voulaient que le bien.

./..


Stanley Jevons 27/08/2007
16:08 Lutter contre l'ignorance

./...

Il n'est pas moins triste de voir des milliers de personnes essayer d'améliorer leur position par des moyens qui ont justement l'effet contraire, par les grèves, par la résistance à l'emploi des machines, par des restrictions apportées à la production de la richesse. Les travailleurs se sont fait une économie politique à eux; ils veulent devenir riches en s'efforçant de ne pas produire trop de richesses. Ils voient l'effet immédiat de ce qu'ils font, mais non le résultat final.

Il en est de même dans la question du Libre-Echange. En Angleterre, nous avons fini par avoir la sagesse de laisser le commerce libre. Dans les autres pays, et même dans les colonies australiennes, il existe encore des lois pour rendre les gens plus riches en les empêchant de profiter des produits abondants des autres pays. Beaucoup de personnes se refusent encore à voir que la richesse doit s'augmenter en la produisant où on peut la produire avec le plus de facilité et d'abondance. Chaque place de commerce, chaque ville, chaque nation doit fournir ce qu'elle peut céder à meilleur marché, et les autres produits doivent s'acheter aux endroits où on peut aussi se les procurer le plus facilement.

L’économie politique nous apprend à regarder au delà de l'effet immédiat de ce que nous faisons, et à chercher le bien de toute la communauté et même de l'humanité tout entière. La prospérité présente de l'Angleterre est due en grande partie à la science qu'Adam Smith donna au monde dans sa « Richesse des Nations ». II nous apprit la valeur du travail libre du commerce libre, et aujourd'hui, cent ans après la publication de ce grand livre, il ne devrait pas y avoir tant de gens abusés s'efforçant vainement de s'opposer à ses leçons, Il est certain que si le peuple ne comprend pas une économie politique vraie, il s'en fabriquera une fausse à sa façon. De là, l’impérieuse nécessité, que personne, homme ou femme, ne soit élevé sans quelque idée de la science que nous allons étudier.

L’économie politique nous apprend à regarder au delà de l'effet immédiat de ce que nous faisons, et à chercher le bien de toute la communauté et même de l'humanité tout entière. La prospérité présente de l'Angleterre est due en grande partie à la science qu'Adam Smith donna au monde dans sa « Richesse des Nations ». II nous apprit la valeur du travail libre du commerce libre, et aujourd'hui, cent ans après la publication de ce grand livre, il ne devrait pas y avoir tant de gens abusés s'efforçant vainement de s'opposer à ses leçons, Il est certain que si le peuple ne comprend pas une économie politique vraie, il s'en fabriquera une fausse à sa façon. De là, l’impérieuse nécessité, que personne, homme ou femme, ne soit élevé sans quelque idée de la science que nous allons étudier. >>

LRDB

27/08/2007
16:20 Stanley Jevons

Source : Stanley Jevons - L'économie politique (1876). Traduction en français éditée chez Germer-Baillière (1878).

Toutes mes excuses pour cette longue citation qui multiplie par 3 le péché de hors-sujet. Jevons est un auteur à redécouvrir, moins par un apport à la science économique, que par le bon sens qui imprègne ce texte, et dont je ne trouve d'équivalent en France qu'avec Alfred Sauvy. Ce qui est frappant, c'est que sous le ton qui sent bon sa fin XIXème, on trouve des vérités qui, hélas, n'ont rien perdu de leur actualité, au moins pour la France. Cela dit, le ne crois pas que le bon sens et le savoir économiques soient inexistant en France. Il ne s'agit, probablement, que d'une illusion due au talent rhétorique des leaders et à l'aveuglement des militants, qui luttent avec acharnement contre leur propre bien-être.

Le texte entier de Jevons est disponible à l'adresse suivante :
http://classiques.uqac.ca/classiques/jevons_w_stanley/econom ie_politique/economie_pol.html

 
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