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pg

03/01/2007
12:44
FC et les jeunes

Sur FC, pas de doute, tout le monde à un grand respect des valeurs humaines.
Ce matin, je tombe sur la fin de "jusqu'à la lune et retour" avec Aline Pailler qui nous souhaite "une année ouverte au monde", puis, j'attends l'annonce de "l'histoire d'écoute" : Le chat botté. Super ! Pas très original, mais enfin une histoire que mon gamin, justement dans la cuisine en ce moment, va pouvoir écouter. Ça changera des "histoires de (brouiller) l'écoute" habituelles qui se passent en banlieues, sous les bombes, ou sous le tropique du troisième degré...
Eh bien, ce matin, France Culture m'a appris que manifestement les gamins ne sont pas à classer parmi les humains respectables, et qu'il est toléré de leur infliger quelques brimades bien perverses en changeant de panoplie.

Mon fiston n’a pas supporté les sévices plus de 2 minutes, et il a vite filé dans sa chambre.
Donc, une recette efficace contre cette espèce envahissante d’imitation d’humain.
Le mieux c’est d’écouter un peu :

http://www.tv-radio.com/ondemand/france_culture/HISTOIRE_ECO UTES/HISTOIRE_ECOUTES20061227.ram

Sur le site :
“ Eugène Green lit Le Chat Botté et Les souhaits ridicules de Charles Perrault
Comme toute œuvre littéraire de l’époque baroque, les Contes de Perrault étaient destinés à l’incarnation par la voix humaine, et l’interprétation du "Chat botté" et des "Souhaits ridicules" que vous allez entendre représente une tentative de retrouver leur réalité sonore, et par là leur capacité de nous émerveiller et de nous émouvoir. ”

Quelle belle prose ! Chapeau ! Du pur Chat Botté vendant un mendiant pour un prince !

Et vraiment très drôle cette image anthropomorphique du petit bambin, d’à peine deux ans, lisant un livre ! On dirait un humain !
 
Agnès

03/01/2007
16:58
re : FC et les jeunes

J'ai pas écouté, mais si c'était E.G, ça devouait être rrroulé et vociférrré à la XVIIème authentiquement reconstitué ! J'imagine la tête des mômes ! C'est absolument hilarant. Pauvre Molière, qui avait voulu rendre naturelle la diction théâtrale à son époque !

 
w

03/01/2007
17:43
re : FC et les jeunes

CQFD : FC = Fée Carabosse !

 
paddy

04/01/2007
20:39
re : FC et les jeunes

<< ça devouait être rrroulé et vociférrré à la XVIIème authentiquement reconstitué!>>

Agnès, j'aimerais bien en savoir un peu plus sur ces recherches phonétiques concernant la langue du XVIIème. Il me semble qu'en 1992, La Place Royale mise en scène par Brigitte Jaques était un peu dans cet esprit. Surprenant au début, mais somme toute la musicalité de l'alexandrin était respectée. Par contre, cet accent françouais avait disparu de la Place Royale version 2006.


 
Agnès

04/01/2007
22:14
Archéologie greenienne

Patrick, je ne suis pas très férue dans ce domaine. J'ai entendu un jour je ne sais plus quelle pièce classique mise en scène par Eugène Green, j'étais atterrée. Je suppose que la démarche intellectuelle est équivalente à la démarche en leur temps des premiers baroqueux, mais ce que ça donne pour la langue est une absurdité solennelle, roucoulée et grandiloquente. De la même façon, j'ai entendu du Verlaine, c'était à hurler. Peut-être que Verlaine lisait ainsi de son temps ( j'ai du mal à y croire) mais notre diction actuelle est infiniment plus proche de la légèreté à quoi vise sa poésie. Idem pour Apollinaire, dont on a un enregistrement du Pont Mirabeau par lui-même. C'est risible. C'est intéressant à titre documentaire, voilà tout. Et si je parlais de Molière, c'est que justement il insiste dans L'impromptu de Versailles sur la nécessité du naturel dans l'art dramatique : un échantillon :
***MOLIÈRE: J'avais songé une comédie où il y aurait eu un poète, que j'aurais représenté moi-même, qui serait venu pour offrir une pièce à une troupe de comédiens nouvellement arrivés de la campagne. "Avez-vous, aurait-il dit, des acteurs et des actrices qui soient capables de bien faire valoir un ouvrage, car ma pièce est une pièce. - Eh! Monsieur, auraient répondu les comédiens, nous avons des hommes et des femmes qui ont été trouvés raisonnables partout où nous avons passé. - Et qui fait les rois parmi vous? - Voilà un acteur qui s'en démêle parfois. - Qui? ce jeune homme bien fait? Vous moquez-vous? Il faut un roi qui soit gros et gras comme quatre, un roi, morbleu! qui soit entripaillé comme il faut, un roi d'une vaste circonférence, et qui puisse remplir un trône de la belle manière. La belle chose qu'un roi d'une taille galante! Voilà déjà un grand défaut; mais que je l'entende un peu réciter une douzaine de vers." Là-dessus le comédien aurait récité, par exemple, quelques vers du roi de Nicomède:

"Te le dirai-je, Araspe? Il m'a trop bien servi;
Augmentant mon pouvoir."

le plus naturellement qu'il aurait été possible. Et le poète: "Comment? Vous appelez cela réciter? C'est se railler: il faut dire les choses avec emphase. écoutez-moi.
(Imitant Montfleury, excellent acteur de l'Hôtel de Bourgogne.)

Te le dirai-je, Araspe?. Etc.

Voyez-vous cette posture? Remarquez bien cela. Là, appuyez comme il faut le dernier vers. Voilà ce qui attire l'approbation, et fait faire le brouhaha. - Mais, Monsieur, aurait répondu le comédien, il me semble qu'un roi qui s'entretient tout seul avec son capitaine des gardes parle un peu plus humainement, et ne prend guère ce ton de démoniaque. - Vous ne savez ce que c'est. Allez-vous-en réciter comme vous faites, vous verrez si vous ferez faire aucun ah! Voyons un peu une scène d'amant et d'amante. "Là-dessus une comédienne et un comédien auraient fait une scène ensemble, qui est celle de Camille et de Curiace,

Iras-tu, ma chère âme, et ce funeste honneur
Te plaît-il aux dépens de tout notre bonheur?
- Hélas! Je vois trop bien., etc.

tout de même que l'autre, et le plus naturellement qu'ils auraient pu. Et le poète aussitôt: "Vous vous moquez, vous ne faites rien qui vaille, et voici comme il faut réciter cela.
(Imitant Mlle Beauchâteau, comédienne de l'Hôtel de Bourgogne.)

Iras-tu, ma chère âme., etc.
Non, je te connais mieux., etc.

Voyez-vous comme cela est naturel et passionné? Admirez ce visage riant qu'elle conserve dans les plus grandes afflictions." Enfin, voilà l'idée; et il aurait parcouru de même tous les acteurs et toutes les actrices.

MADEMOISELLE DE BRIE: Je trouve cette idée assez plaisante, et j'en ai reconnu là dès le premier vers. Continuez, je vous prie.***

Alors pour moi, la démarche de Green est peutêtre archéologique, elle apporte peut-être qqch sur la rythmique ou la diction d'époque, mais après, on en tire les conséquences et on joue comme aujourd'hui ! Cette idée grotesque et prétentieuse d'infliger aux enfants le Chat botté ainsi vociféré. Où est l'adresse à un public ????
Si j'ai d'autres tuyaux, je t'en dirai plus.

 
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