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edmond

08/09/2006
10:32
La partialité de France Culture

Ci-dessous une lettre à Monsieur David Kessler publiée dans le mensuel Balkans Infos n° 113 de septembre 2006. Je ne résiste pas à la reproduire comme, hélas, une illustration supplémentaire de la conception « très spéciale » du débat contradictoire sur France Culture. Il est vrai que le traitement référendaire (entre autres 4 chroniqueurs pour le OUI et 0 chroniqueur pour le NON pendant deux heures tous les matins de la semaine durant plusieurs mois sur une radio de Service Public) reste encore indépassé.

La partialité de France Culture

Lettre à David Kessler, directeur général de France Culture, 22 juillet 2006.

Monsieur le Directeur général,
France Culture a consacré deux émissions à l’"affaire Handke". C’était bien le moins qu’on puisse attendre d’une radio publique ayant voca¬tion à refléter la vie intellectuelle et artistique du pays. L’intense émotion suscitée par la dite "affai¬re" qui divise les milieux de la culture, pouvait laisser penser qu’elle serait traitée sur votre antenne, sinon avec objectivité, du moins dans un souci de pluralisme et d’honnêteté. Les deux émissions furent une scandaleuse démonstration d’unilatéralisme partisan. On attendait des débats, on eut affaire à des jurys chargés de chanter la gloire de M. Bozonnet et de "lyncher" Peter Handke.
Le premier de ces prétendus "débats" eut lieu dans l’émission Répliques, d’Alain Finkielkraut. Sachant que ce dernier s’est engagé incondition¬nellement aux côtés de l’une des parties du conflit yougoslave, et a pris part à la diabolisation de toute position ressemblant de près ou de loin à celle de Handke, on ne pouvait guère s’attendre à un débat équitable. Mais tout de même ! Le simple énoncé du "panel" de l’émission en résu¬me la teneur. Finkielkraut avait invité Marcel Bozonnet (on n’est jamais si bien servi que par soi-même !) et Olivier Py qui, depuis le début de l’affaire, s’est affirmé comme le contempteur le plus forcené de Peter Handke et le soutien le plus inconditionnel de Bozonnet.
Face à ce commando de choc, dont A.F s’est déclaré d’emblée solidaire, il avait invité Bruno Bayen, lui-même victime indirecte de l’offensive anti-Handke, censé représenter le point de vue adverse. Bruno Bayen avait, d’après ses propos tenus à l’antenne, accepté de participer à l’émis¬sion à condition qu’on y débatte uniquement du problème soulevé par la décision de M. Bozonnet, et non de la question yougoslave, sur laquelle il se déclarait incompétent. Peine perdue ! Après que Finkielkraut eût déclaré, en introduction, que "même si on approuve la décision de Marcel Bozonnet, cela pose tout de même un problème", il n’en fut plus question. Le reste de l’émission fut consacré par les trois compères à réaffirmer, avec autant d’aplomb que de patente ignorance du sujet, les slogans et clichés sur les guerres you¬goslaves que deux d’entre eux s’emploient à ins¬taurer comme vérité officielle depuis une dizaine d’années, et dont le troisième se repaît avec délectation depuis qu’il s’est mis en tête d’écra¬ser Handke. De ce verbiage convenu, il devait res¬sortir que, puisque Milosevic était Hitler (qui pou¬vait en douter ?), Handke était Céline ; et que, puisque Handke était Céline, Milosevic était Hitler !
Devant la circularité du raisonnement (qu’aucun contradicteur — et pour cause ! — ne venait tem¬pérer), le malheureux Bruno Bayen, mal informé (de son propre aveu) des réalités évoquées, n’avait d’autre recours que de citer quelques phrases de Handke montrant que ce dernier contrairement à ses procureurs, n’était pas mani¬chéen. Mais ses remarques de bon sens étaient quasiment inaudibles sous l’artillerie lourde de la vérité dogmatique.
La cause était donc entendue : Handke était acca¬blé de toutes les comparaisons les plus infamantes, et pouvait être condamné avec circons¬tances aggravantes, par un tribunal où la parole ne fut donnée qu’aux procureurs, et où le témoin à décharge n’était qu’un alibi.

La deuxième émission fut plus scandaleuse enco¬re. Il s’agissait du débat (sic) organisé à Avignon, pendant le festival, le 13 juillet, et diffusé le 23 juillet à 14h. L’animateur, Arnaud Laporte, ne s’était même pas donné la peine d’inviter un pseudo-contradicteur, et avait constitué un jury uniforme chargé d'"enfoncer" Handke et d’en¬censer Bozonnet lequel était, à nouveau, l’invité central. Autour de lui siégeaient Jean-Pierre Vincent, Claire Lanne (élève de Marcel Bozonnet et éperdue d’admiration à son égard), et un théâ¬treux d’origine roumaine, du nom de Georges Banu, qui s’est récemment fait connaître en se répandant dans les médias en propos diffama¬toires contre Handke. Tous fervents partisans de la décision prise par Marcel Bozonnet, et défen¬dant la même ligne que lui concernant l’affaire yougoslave.
Cette uniformité de points de vue des participants est d’autant plus condamnable que, ledit "débat" ayant été annoncé à l’avance sur l’antenne de France Culture, plusieurs personnalités ayant publié des articles dans la presse ou s’étant manifestées à l’occasion de l’affaire Bozonnet, avaient pris contact avec Arnaud Laporte, pour proposer leur participation, afin que le débat fût équilibré et équitable. C’est le cas, entre autres, du Dr. Patrick Barriot, auteur d’un livre paru quelques jours avant le débat, et ayant une connaissance hors pair, tant de "l’affaire Handke" (c’est le titre de son livre) que de l’affaire yougoslave. Arnaud Laporte ne daigna pas donner suite à leur propo¬sition de participation. Il ne pouvait pas ignorer, pourtant, qu’il y avait eu autant de prises de posi¬tion en faveur de Peter Handke que contre lui. Il ne pouvait pas ignorer, non plus, que certaines personnes ayant pris position en sa faveur étaient hautement qualifiées pour défendre cette posi¬tion. La volonté d’instaurer un débat à sens unique était donc délibérée. Le débat fut ensuite truqué, comme l’émission d’Alain Finkielkraut : il faut être aveugle pour ne pas voir que le débat autour de la décision de Marcel Bozonnet est inséparable d’un débat ouvert et sans préjugés sur la crise yougoslave. Or, il est clair qu’Arnaud Laporte souhaitait, au contraire, que ce débat soit fermé. Après avoir, dans une phrase d’introduction, envoyé aux pou¬belles de l’histoire les points de vue divergents qui s’étaient exprimés les semaines précédentes, il déclara qu’on se concentrerait sur le sujet ("censuré, Peter Handke ?"), et qu’on ne parlerait pas du fond de la question yougoslave. Moyennant quoi, on ne parla que de cela l Et que pouvait-on faire d’autre, puisque c’était au nom d’une certaine conception de cette question qu’on était unanimes à jeter à l’anathème sur Peter Handke ? Avec l’assurance péremptoire que seule confère l’ignorance radicale de ce dont on parle, on énonça à nouveau interminablement tous les clichés du politiquement correct. Handke fut à nouveau comparé à Céline, au Claudel de "l’ode à Pétain", et autres aimables précurseurs, sans qu’Arnaud Laporte prît la peine de rappeler que des voix s’étaient élevées de toutes parts (à l’étranger comme en France) pour dénoncer ces comparaisons, non seulement comme honteusement diffamatoire vis-à-vis de Handke, mais, en outre, sans le moindre fondement de rationalité. Le Roumain Georges Banu compara Milosevic à Ceaucescu, suggérant par là que Handke approuvait toutes les dictatures sangui¬naires... Pas une voix ne s’éleva pour suggérer, même en demi-teinte, que si Handke refusait de crier haro sur Milosevic, c’était peut-être qu’il avait des raisons de penser même à tort que ce dernier n’était ni Hitler ni Ceaucescu. Claire Lanne, l’élève de M. Bozonnet, déclara que son maître n’était pas seulement un grand homme de théâtre, mais un héros hors catégorie, beau comme l’antique, qui avait tracé la voie à suivre par tous les gens de théâtre, perdus, depuis la Seconde guerre mondiale, dans les brumes de l’incertitude métaphysique. Jean-Pierre Vincent, dans un galimatias pédant — et, à vrai dire, assez difficile à démêler — assénait des lieux communs d’où on devait, semble-t-il, tirer la conclusion que la sanction infligée à Handke relevait de "purification éthique". On eut beau tendre l’oreille, à aucun moment on n’entendit Arnaud Laporte mentionner que d’autres façons de voir s’étaient abondamment manifestées les semaines précédentes. L’una¬nimisme de son plateau était sans doute censé refléter un unanimisme de l’opinion. Comme la condamnation politique ne suffisait pas, on se laissa aller à quelques ragots de bas étage concernant la personne même de Handke. Bref, sans qu’une voix dissonante se fasse entendre, même par citation indirecte, les audi¬teurs de France Culture furent appelés à commu¬nier dans une vénération de Bozonnet, et à renon¬cer à l’infâme Handke, a ses pompes et à ses œuvres...
Est-ce la vocation d’une radio de service public ? Si tel était le cas, France Culture n’aurait bientôt plus grand-chose à envier aux chaînes des anciens pays totalitaires. Il me semble, au contraire, avoir le souvenir que le service public a pour mission de diffuser une information "plura¬liste et honnête".
Le cas me paraît suffisamment inquiétant pour que je me permette de vous infliger la lecture de cette longue interpellation, et de vous demander ce que vous comptez faire pour rétablir un mini¬mum d’équité et de respect du cahier des charges, dans le traitement de cette "affaire".
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Directeur Général l’expression de mes sentiments distin¬gués,

M. P.

 
Kandakof

22/09/2006
20:29
re : La partialité de France Culture

Salut Edmond, ne pas désespérer, absent de France en juillet j'ai lu attentivement la lettre ci-dessus. Je pense que l'auditeur de France Culture reste capable de faire la part des choses. Combien de fois chez moi à haute voix je "gueule" contre ce que j'entends...
 
zeno

23/09/2006
12:18
re : La partialité de France Culture

d'accord pour l'arnaque de Finky dans cette émission avec la mise en présence de forces inégales.
d'accord pour le sentimentalisme et l'humanisme idiots de Laporte (est-ce un scoop ?),
mais faut pas exagérer : Bozonnet a été limogé, viré comme un malpropre et FC n'a pas organisé un comité de soutien pour le sauver.
Faut-il y voir une duplicité ?

 
paul

02/10/2006
06:03
re : La partialité de France Culture

"l'unanimisme de plateau est devenu la marque de fabrique de FC- Adler. On n'y peut hélas rien, sauf tourner le bouton, et c'est ce que je fais.
 
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