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Zx

28/08/2006
22:20
re : Michel Onfray, les ultras des lumières

*Tout d'abord je me permet de saluer amicalement Eva (c'est à la suite de votre message, EvaMC² , que j'ai dédigé le mien (on y verra par ailleurs des affinités avec le post précédent de Henry...).*

C'est vrai que ces titres sont ont l'apparence trompeuses des lendemain qui déchantent (hum...) mais ceci n'a rien d'étonnant au regard de ses derniers écrits. S'il a pu séduire le public en alliant réflexions sur le plaisir et anticléricalisme (sagesse et radicalité, conscience de soi et conscience collective, "socio-politique"), cette année, ainsi que je l'ai noté plus haut, il n'a guère été question de plaisir mais bien plutôt de nécessité (les multiples références au mot de Pindare, "Deviens ce que tu es", repris par Nietzsche, en attestent !) En outre, la plupart des thèmes abordés étaient assez réactifs : mon histoire de la philosophie contre l'histoire officielle, ma lecture contre les mandarinades convenues des autres commentateurs ("Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur La Mettrie sans jamais oser le demander car on a tout fait pour vous le dissimuler"), mes penseurs fétiches contre les références classiques (Kant par exemple...), etc.

C'est vrai que ça fait beaucoup. D'autant que les démonstrations avancées ne sont pas très convaincantes, ce dont il a d'ailleurs parfaitement conscience. Lorsqu'il lit Maupertuis, Onfray reconnaît que son proto-utilitarisme est plus que sommaire et, finalement, n'apporte pas grand-chose à la discussion. Il est là. Point. C'est une curiosité historique, sans plus. "Ne vous inquiétez pas, l'an prochain, ce sera plus consistant, on étudiera Bentham et Stuart Mill." Ah ! Me voilà rassuré ! Cette année compte donc pour du beurre ! Tout ceci n'était qu'une étude préparatoire forcément inchoative, sorte de préliminaire douteux devenu un passage obligé asséné à l'auditeur afin de servir la thèse de l'orateur. Quelle thèse ? Morbleu, celle de son dernier succès de librairie ! Mais si, mais si, la fameuse contre-histoire de la philosophie ; sorte de fourre-tout anecdotique à la gloire des seconds couteux dont les ventes, elles, n'ont pas connu le même succès... Une contre-histoire qui, cependant, ne prendra en définitive tout son sens et sa pleine dimension... qu'à partir du moment où nous aborderons les penseurs de l'histoire officielle Futé !

@ Coucou : est-ce de l'anticléralisme que d'exprimer sa réserve devant ces méthodes ? De surcroît, celui qui s'en est pris plein la figure cette année ressemblait davantage à un gibier de potence qu'à une grenouille de bénitier (Sade, en l'occurrence). Parce qu'au final, on a appris que ces matérialistes qu'"on" (n'est-il pas d'ailleurs méprisant celui qui crois jeter une lumière nouvelle sur des textes que d'autres, y compris dans son public, ont lu mais qu'il serait le seul à avoir compris ???) pensait athées, souvnnt ne l'étaient pas. Conclusion, cher Coucou, pour les "messages anti-cléricaux et athéistes [qui] choquent encore" il faudra repasser ou alors se montrer plus attentifs aux propos distillés par votre champion.


On lui a beaucoup reproché le name-dropping et le caractère anecdotique de ses conférences. J'en suis. Cela étant, ce qui pose problème n'est-ce pas avant tout le mélange des genres ? Une manière un tantinet batarde pour le philosophe "hédoniste" (il ne me fait pas plaisir moi, et empêche carrément Eva de rêver) de compenser l'absence de rélexion de fond en "meublant" . Pourtant, ces histoire qu'il narre, s'il n'avait pas la prétention de nous les vendre comme de simple présentations en attendant mieux, pourraient, retravaillées, épurée des effets faciles qui appellent les rires complices du publics, s'avérer parfaitement audibles. Encore faudrait-il pour cela que MO acccepte de se reconnaître pour ce qu'il est : quelqu'un qui a beaucoup lu, qui a sans doute beaucoup d'histoires à raconter, qui pourrait se donner la peine des les rendre audibles mais que gâtent ses prétentions philosophiques.

Une anecdote : il y a une semaine à peine alors que je passais en revue les chaînes de la TNT je suis tombé, heureux hasard, sur un épisode du dessin animé éducatif "Il était une fois les découvreurs" consacré à La Condamine. Le même La Condamine qui mena une expédition parallèlement à celle de Maupertuis. J'eus alors la chance de voir se dérouler sous me yeux , en une vingtaine de minutes à peine, l'histoire fascinante de ses savants explorateurs auquel MO avaient rapidement fait allusion. Je peux témoigner de ce qu'entre le dessin animé et la conférence de MO, entre Gulli (canal 18 ) et FC, le choix était vite fait. Je suis persuadé que MO pourrait faire aussi bien qu'Albert Barillé (non, en fait, je suis convaincu du contraire mais il serait bien inspiré de prendre des notes). Malheureusement cela exigerait de lui un sacrifice auquel rien n'indique qu'il serait susceptible de consentir : servir les auteurs et non se servir d'eux.


Rendez-vous donc l'année prochaine pour une contre-histoire de la philosophie qui nous promet une exhumation en bonne et due forme à laquelles seul un penseur de l'envergure de Michel "Prométhée" Onfray pouvait se risquer... de penseurs aussi méconnus et oubliés que Bentham et Mill. What a man !

P.S. : une dernière remarque qui m'a frappée : ne soyons pas trop caricaturaux quand on aborde ses positions politiques. S'il affiche parfois des convictions paléo-marxistes, on le sent à d'autres moments proche d'un centrisme bon teint (tantôt le travail est assimilé à l'esclavage, tantôt il vante la profondeur de ces chefs d'entreprises qui sont finalement plus intéressants à écouter que les universitaires engagés sur la voie de la réflexion philosophique. C'est tout ou rien.).
 
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