Archives 2003-2008 du forum de discussions sur France Culture

Le forum de discussions sur FRANCE CULTURE du site DDFC est fermé mais vous pouvez accéder en lecture aux 35.000 messages d'auditeurs archivés, ainsi qu'aux fameux SMILEYS et DÉCALCOS. Mention légale : les textes, idées et contenus présentés ici n'engagent que leurs auteurs à titre personnel et non le propriétaire du site DDFC.


 La pétition SOS France Culture continue sur le site sosfranceculture.free.fr        Dictionnaire TLF 
 Recherche :
 Dans le fil

Retour à la liste des messages
Armelle Braun

16/03/2006
10:28
Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Telerama]

J'ai trouvé éprouvante l'interview du jeune enseignant à qui vient d'être décerné le nouveau prix "France culture/Télérama (décidément Télérama est partout)pour son bouquin.La façon maternante dont cet estimable jeune-homme explique le sens de l'adjectif "autrichien" à son élève chinois qui l'ignore vaut son pesant d'or; à l'entendre, cela n'aurait pas grande importance parce quel'Autriche serait un petit pays de peu de poids,pas très sympathique. Je suppose alors que l'on peu très bien se permettre d'ignorer jusqu'au nom de sa capitale,Vienne,et l'immense culture dont elle est dépositaire. Aucun des journalistes présents n'a moufté. Il paraîtrait que le livre est un chef-d'oeuvre.
 
paddy

16/03/2006
14:25
re : Emission infos jeudi 16 mars

Je serais bien étonné que ce livre soit un chef d'oeuvre littéraire. Cela semble être plutôt un documentaire sur un collège "sensible" écrit par un professeur de lettres acquis au pédagogisme et qui prend le contrepied d'un mouvement comme "Sauver les lettres". Sa remarque bête et assumée sur l'Autriche tient probablement à sa belle âme anti-Jorg Haider. Demorand est inhabituellement pugnace ce qui rend l'interview instructive. Ainsi on apprendra de Bégaudeau que la montée de la culture orale au détriment de la culture écrite accompagne la démocratie, que les tenants de la littérature classique savent qu'ils ont perdu (ce qui les rend grincheux et réactionnaires), que Bourdieu a bien décrit que l'école classique reproduit les inégalités, etc.

Quant au prix lui même, je vois dans le jury au moins 5 personnes sur 12 dont je doute un peu des compétences littéraires :

- Bruno Patino, président du directoire de Télérama, directeur général du Monde Interactif, membre du comité de direction du Monde SA,
- David Kessler, directeur de France Culture
- Laurence Bloch, Marc Voinchet, Arnaud Laporte, producteurs peu littéraires

Pour le reste du jury, Pascale Casanova et Francesca Isidori sont effectivement spécialistes
littéraires mais je ne connais pas les 5 autres personnes de Télérama (Fabienne Pascaud, Michel Abescat, Michèle Gazier, Martine Laval, Christine Ferniot)

L'interêt de ces partenariats, c'est quand même que Télérama (propriété du groupe Le Monde) et Le Monde ne critiqueront jamais la politique de programmes de David Kessler, ou alors très mollement.



http://www.tv-radio.com/ondemand/france_culture/MATINS/MATIN S20060316.ram
(vers 18:50 Demorand critique FC et Télérama devant Kessler !)
 
lou ravi

16/03/2006
14:43
chui snob

« Chui snob » chantait Boris Vian.
« Chui snob » me disais-je ce matin en écoutant, consterné, le dialogue entre le Deum et ce professeur de collège (pardon ! ce « prof ») lauréat du prix littéraire de France-Culture, dialogue en présence de David Kessler, membre du jury.

Accablement à l’idée que France-Culture puisse s’associer à un journal comme Télérama pour décerner un prix littéraire. Qui se ressemble s’assemble. Le président du jury, journaliste à Télérama, souligne « la formidable harmonie entre Télérama et France-Culture » (sic).

Accablement devant la bouillie des concepts, la pauvreté de la pensée et du style, la grossièreté du vocabulaire, les fautes de syntaxe, les erreurs de liaison du Deum et du lauréat.

Accablement devant l’immense contentement de soi des deux protagonistes.

Accablement devant cet océan, ce tsunami de vulgarité. « On va évacuer le président » dit le Deum pour signifier à DK que l’émission va continuer sans lui. (Le Deum n’est pas fayot, c’est un « rebelle », de la variété des « rebelles subventionnés »). Au point où il en est, il aurait pu dire : « Dégage, DK ».

Accablement de voir que DK est le témoin direct de cette médiocrité et qu’elle se perpétue. Ce n’est plus la peine de lui écrire pour protester. Il est au courant et il approuve. Il trouve que « c’est bien assez bien pour nous ».

Armelle, cette émission d’une heure est d’une vulgarité d’anthologie. Je ne relève rien car il faudrait tout relever. On pourrait faire un mémoire à son sujet, un DEA.

« On est pas vulgaire, on est vivant !» proclamait fièrement une critique du « Masque et la Plume » en réponse au courrier d’un auditeur qui se plaignait du relâchement dans la forme après le départ de François-Régis Bastide.
Il faut nous y faire, la langue de la Radio Nationale se doit d’être la langue entendue sur les quais du métro, dans les supermarchés et les cours de récréation. C’est obligatoire. Nous imaginions pouvoir trouver autre chose sur France-Culture, pouvoir dire « Pouce ! ». Nous sommes dans l’erreur.

Ainsi, la langue que j’ai appris deux ou trois décennies avant le Deum et le lauréat est déjà morte (J’avais écrit « apprise », mais le correcteur d’orthographe proteste: Participe passé invariable pour un verbe sans C.O.D. antécédent. Vrai ? Help !).

Au cours d’une émission (date ? chaîne ?) où l’on interrogeait des enfants des petites classes sur la vieillesse, quelqu’un pose la question : « Qu’est-ce que c’est pour toi « être vieux » ? ». Une petite fille répond : « On est vieux quand on a été là trop longtemps ».

Merci le Deum de me rappeler cette vérité première chaque jour.

Écouter « Les Matins », c’est apprendre à mourir.

.

 
AArgh!!!

16/03/2006
15:21
BEURK!

J'ai entendu, partagée entre accablement et fureur, la fin de cette émission. Le type avait un lexique et une syntaxe totalement relâchés, à un moment donné, il a employé une expression que je m'était promis de retenir, mais je l'ai quand même oubliée, une histoire de "gap" flanqué d'un adjectif non répertorié dans le mien, de lexique. Le type, prof de lettres au collège, qui dit tranquillement qu'il n'est pas très bon en grammaire, autant pour ses élèves. Mais je me suis interrogée : il a aussi dit qu'il était issu d'une prépa. Or, vu son âge : 34 ans, et le fait qu'il est déjà dans le sérail FQ (il est l'auteur d'un feuilleton récent sur Mick Jagger), ne serait-ce pas tout simplement un con-disciple du deum & co? En tout cas, ce que j'ai entendu de la conversation (Kessler n'était plus là) faisait terriblement copinage.
Il y a une autre chose qui m'a frappée, pendant la semaine de lecture d'extraits des romans sélectionnés : la syntaxe en était toujours la même, post- durassienne, petites phrases mornes juxtaposées. Cela donnait un sentiment d'uniformité terrible, on avait l'impression qu'il s'agissait de la lecture du MEME "***roman***". Emmerdement superlatif. En tout cas, je suis sûre que je ne le lirai pas, son roman!
 
guydufau

16/03/2006
15:56
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Tele

Je réponds à Armelle qui a ouvert ce fil.
J'ai trouvé très pertinente la réponse de ce prof à ce petit chinois qui demandait le sens du mot autrichien.
J'ai trouvé très intéressant les Matins de ce jour, très agréable le duo Demorand-Bégaudeau.
Je me fous du pédigrée des membres du jury qui a attribué le prix en question et j'ai aimé la phrase de Demorand : "on va évacuer les présidents et les directeurs"... car après cette évacuation le plaisir de l'écoute est arrivé!
Enfin sur France Culture, on a respiré un air pur qui n'est pas l'habituel air vicié d'Alain Finkielkraut.
J'achéterai son livre.
 
shhh

16/03/2006
16:46
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Tele

Il s'agissait d'un gap HUMORAL, quand à "autrichien", en ignorer le sens, c'est faire de la discrimination positive envers le petit chinois, et comme il dit l'écrivain qu'a quand même gagné le concours, c'est quand même un peu vrai qu'on s'en fout. Ben, il est sympa quoi!

A part Guy, y a vraiment des gens qui entravent rien sur ce forum!

 
shhh

16/03/2006
16:48
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Tele

Je crois même qu'on va le retrouver d'ici peu chroniqueur à FC. Sur la littérature par exemple.
Tellement qu'il est sympa, et qu'il cause bien.
 
paddy

16/03/2006
16:55
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Cul

Cette anecdote (1h07:40) de l'élève chinois questionnant le sens du mot "autrichien" montre que ce prof a une pédagogie particulièrement débile. Au lieu de lui dire tout simplement "ce sont les habitants de l'Autriche" il a inventé une fable visant à éviter une humiliation potentielle à l'élève dans le style "ce n'est pas grave d'ignorer le mot <autrichien> car l'Autriche est un petit pays sans importance"

Qui lui dit que l'élève aurait été humilié par une explication simple?
Pourquoi n'a-t-il pas l'autorité pour faire cesser d'éventuelles moqueries des autres élèves?
De quel droit assène-t-il un mensonge (raciste) sur l'Autriche à toute la classe?

Pour compléter le tableau, cet ancien khagneux s'est vanté d'avoir agi par discrimination positive! Il s'est vanté aussi de devoir à la télé des années 1980 un tiers de ses connaissances.

En fait, ce prof, France Culture et Telerama font du bizness sur le dos des analphabètes qu'ils contribuent eux-mêmes à créer en leur refusant une éducation sérieuse.

Il faut donc aller dans les librairies déchirer et maculer ce livre de cons !


 
AArgh!!!

16/03/2006
16:58
VIVE les DEMAGO -gos

le "gap humoral". C'EST ÇA!!!!!!!!!
Ça me le sape, tiens, le moral.

"Enfin sur France Culture, on a respiré un air pur qui n'est pas l'habituel air vicié d'Alain Finkielkraut"...
et l'air "putréfié" de DDFC?

Je ne sais pas, moi, je n'ai pas entendu l'épisode du petit chinois, mais pour ce qui concerne la grammaire, je me suis dit que, s'il est normal d'avoir des lacunes, il est aussi légitime d'essayer de les combler, on le doit, me semble-t-il, à ses élèves, avant de se consacrer à sa propre carrière d'écri-vain déjà oublié... (sauf du salon gdf, mais ça....) Mais hein, je fais partie des ronchons vaincus qui n'ont pas su s'adapter (beurk, le darwinisme à deux balles, on croirait Villepin, tiens!). Et il est vrai que je ne suis pas du tout sensible à l'"insolence" deumienne. Rebelle subventionné, c'est tout à fait ça.

 
AArgh!!!

16/03/2006
17:03
Ttttt....

Tout doux, Paddy! laisse ce livre s'abîmer dans sa propre insignifiance.
Ce pauvre type était parfaitement arrogant. Un allégorie de la fatuité et de la platitude. Mouarf! ses réflexions sur la "posture - littérature" et son travail de ***mise en forme*** de l'oralité!
Vanitas vanitat-choum!

 
AA.

16/03/2006
17:04
Oups!


 
AArgh!!!

16/03/2006
17:10
A propos:

Bienvenue, Armelle! Ne vous préoccupez pas de la délicate contribe de 15h 56, nous y sommes habitués... Il y a des contributeurs qui manquent un peu de...discernement? http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=15 600&debut=0&page=1
Comme vous pouvez le lire, d'autres partagent votre accablement, votre détresse, et votre dégoût. Quant au contributeur peu subtil, il aime à citer Musil. Paradoxes de l'humaine nature!

 
pascale

16/03/2006
17:22
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Tele

Je l'ai trouvé en bibli,le bouquin en question et même je suis en train de le lire ! Honnêtement y aurait pas de quoi fouetter un chat, c'est une histoire bien gentillette de bon prof un peu taquin avec ses petits élèves si sympa et si vivants malgré leur espièglerie, avec leur spontanéité, leur "oralité",etc. ! si le Deum ne l'avait pas poussé à exagérer dans le sens de ses bêtises : l'anecdote raciste avec l'autrichien est REVOLTANTE ! Se vanter d'avoir raconté aux élèves, comme une vérité objective, que l'Autriche était un petit pays sans aucun intérêt, en appelant ça de la discrimination positive, j'étouffe !
J'ai un doute : respirons-nous un air pur et non vicié (par Finkie ???) ou un air comment déjà ? putréfié ? mais par quoi ?
 
paddy

16/03/2006
21:32
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Cul

Pascale, sitôt le livre terminé il faudra nous donner une notation du point de vue littéraire. Qu'on ait une petite idée de la valeur du prix France Culture Telerama. Gentillette c'est 8/20 ou 12/20?


 
CA

16/03/2006
23:13
Les Matins : tombeau de la littérature

Tout compte fait, et de façon extrêmement cynique,je me demande si on ne devrait pas se réjouir que ce jeune homme si talentueux et si sûr de sa valeur sévisse dans la littérature ou dans ce qu'il en reste. Après tout, il y rejoindra la cohorte des faiseurs de phrases persuadés que la Littérature commence avec eux. Ceux que personne n'étudiera jamais dans vingt ou trente ans, quand le temps et le public auront fait le tri. Et on épargnera quelques générations de ce danger public.

C'est étonnant ces entretiens littéraires dans lesquels on n'entend citer pas un seul auteur, pas un seul livre, pas un seul contenu de cours, pas une once d'amour ou de connaissance de la littérature, mais une description infiniment complaisante d'une "démarche" personnelle que l'on croit tellement originale. Sans parler de la réflexion sur l'oralité à deux sous, signalée par Agnès. Évidemment, je n'ai pas lu le livre et ne peux en juger mais quelle indigence dans ce discours... Et notre Agrégé de Lettres matutinal incapable de poser une question pertinente...

Le plus triste dans cette affaire est ce que vous signalez tous : que France Culture serve la soupe à de tels faiseurs, en partenariat avec les médias culturoïdes les plus médiocres. Après cela, il reste à France Culture à tenter un partenariat littéraire avec Télé7jours ou Femme actuelle. Le niveau monte.

Si vous voulez une autre expériénce littéraire forte, ne ratez pas la réécoute du Jusqu'à la lune et retour d'hier mercredi. Une A. Paillier dans un état de transe inquiétant interviouve un jeune slameur :

Extrait : A. P. - Et est-ce qu'on peut slamer sur Victor Hugo ?
Thomas Roche (?) : - ouais ouais ouais ouais ouais, 'fin, moi ch'sais, j'aime beaucoup, j'aime beaucoup, 'fin, j'aime beaucoup, j'aime beaucoup des poètes comme Queneau ou Prévert qui jouent avec les mots qui m'inspirent au niveau de l'écriture au niveau du slam c'est des poètes, quoa, c'est des slameurs, quoi, c'est vraiment c'est très facile de les slamer".

Je vous laisse découvrir la suite.

C





 
w

16/03/2006
23:48
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Cul

Je jurerais avoir vu et entendu ce sinistre sire sans doute un mercredi, car sur canal+ en clair, en compagnie d'un institutionnel de l'académie qui le soutenait.
Il était là forcément parce qu'il avait un bouquin à vendre.
Il reconnaissait son rapport difficile avec l'orthographe, en tant que prof de français.
J'étais consternée par l'ensemble. Mais qu'importe.

Cette acceptation de la réduction de l'Autriche telle que vous nous la montrez, Armelle (j'ai vraiment pas envie de pot-de-caster sur ce coup-là) me donne envie de gerber.
Merci à vous d'avoir mis cet accent là.

Je crois que je vais encore écrire à la rédaction, c'est vraiment trop nase.

 
Louise

17/03/2006
00:07
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Tele

J'ai déjà entendu ce prof et je pense sur F-C, si bien que ce matin, j'ai écouté 2 minutes, et j'ai pensé, ils ont ré-invité ce prof pour parler des grèves et j'ai coupé;
Je n'avais pas compris qu'il avait eu un prix.

Recherche :
sur france-Inter : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-inter01/emissions/c harivari/fiche.php?did=40227
Mais c'est pas là que je l'ai entendu;

Et voilà :
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/ jour_lendemain/fiche.php?diffusion_id=38384

Quand on va sur Gogole, on constate qu'il a plein de potes le prof.
 
Louise

17/03/2006
00:22
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Tele

Il le repasse cette nuit!
émission du vendredi 17 mars 2006
François Bégaudeau / Prix France Culture-Télérama / Rediffusion du 15-02-06



 
CA

17/03/2006
00:29
En boucle

Et il brille dans les dîners mondains parce qu'il a des copains à FC ? Hé hé. Ou alors c'est nous qui brillons parce que nous l'écoutons ?

En ce moment, il repasse chez Veinstein.
Super : Bégaudeau au lever / Bégaudeau au coucher. Bégaudeau en boucle, parce qu'en plus il dit exactement les mêmes choses dans les deux émissions. Et toujours avec le même contentement de lui-même, toujours avec le même sérieux pontifiant. Ce jeune homme a les clefs de tout.

Bégaudeau, arrêtez de nous pomper l'air, arrêtez d'aligner des lieux communs sociologiques à deux balles. Lisez d'urgence Vialatte, ça vous fera un bien fou de lire les aventures de M. Vantre, velui qui faisait des "classes héroïques", et qui conseillait fortement à ses élèves "d'exécuter des choses grandes et magnifiques". (Voir fil citron, magnifique extrait cité par LN).

CA


 
Agnès

17/03/2006
01:06
Chapeau bas, Christine!

Depuis cet après-midi, l'homme au gap humoral a un visage. Il fait la couverture de télérama. Très intrigant, le visage: le poil gainsbourien, noir et pas rasé de trois jours, ce qui comme chacun sait demande un sacré entraînement, d'avoir tous les jours une barbe de trois jours. Un visage ovale, au tissu affaissé, fendu dans un rictus, yeux fermés, posé en quelque sorte sur un livre que sa main gauche tient ouvert, dos vers l'extérieur, et sur lequel ladite tête repose, en somme. (Un peu comme la tête de muse de Brancusi, mais moins glabre, et verticale, comme les éditions, au lieu d'être couchée, comme la muse). Le livre en question, épais, format petit dico, blanc, à l'exception de deux culs de lampe dorés en forme de masque, sur le dos. On s'interroge sur ce livre blanc et sur ce visage blême et hilare. Alors on ouvre téléramages. Et on retrouve, pleine page, le jeune homme assis devant une table, les yeux toujours baissés sur ce livre toujours blanc ouvert cette fois devant lui, et sur lequel nulle trace d'imprimerie ne figure. Il est tout de noir vêtu, le jeune homme. C'est sobre. C'est digne. Et c'est barré de la profonde et mallarméenne formule qui fait frissonner, et que j'ai citée sur le fil citron parce qu'elle le vaut bien : "La musique est l'horizon ultime de la littérature". Je commence à comprendre. Ce livre vierge, comme la page blanche qui donne le vertige, c'est le clin d'œil au grand Stéphane, le Maître, et la formule en travers du buste, c'est le lien entre les mots et le corps, parce que cette écriture est tellement corporelle, que les mains suspendues au-dessus de la page (ai-je dit quelle était vierge?) vont y communiquer par osmose l'écriture. C'est très beau. C'est sobre et ça suggère d'enfer. Et le pull est noir car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx / avec ce seul objet …). En bas de la page de droite, un entrefilet doré vous informe : "Après s'être intéressé au foot, aux soirées qui finissent mal et à Mick Jagger, François Bégaudeau nous emmène cette fois-ci à l'école." Simplicité du propos. Modestie, mais tout est dit. Alors, fascinés, vous tournez encore la page. Et là, sur une petite photo en haut de la page de gauche, l'évidence vous saute au visage : cette silhouette noire aux yeux toujours baissés, prostrée dans un angle de mur blême : c'est un christ! Un christ aussi mystérieux et riche d'indices et de détails que ceux que commente chaque jour Daniel Arasse. Car, voyez-vous, ses bras pendent, mains croisées, devant son pubis. Et le bout de ses doigts gonflés de sang, tuméfiés, un peu rougeauds, car le corps, n'est-ce pas, est aussi flux, le bout de ses doigts donc tient LE LIVRE, ouvert, et vierge, plus que jamais. La posture interroge. Elle a quelque chose de maladif. Le livre dissimule. Quoi? Une incontinence? (L'auteur nous a avoué qu'il avait des problèmes de digestion, bouleversant aveu de celui qui se sait corps…) une érection incontrôlée ? Peut-être. Il est tentant d'unir ainsi par ce geste création et éjaculation, jaillissement du sperme et jaillissement du verbe. Et la souffrance sereine du visage qui dit et qui dérobe, à travers les yeux fermés, invite à cette interprétation, comme la page obstinément blanche rappelle au lecteur que l'écriture, en fin de compte, est aussi sa propre création, qu'il n'y a pas livre sans le trio amoureux auteur-lecteur-livre. Avant même la lecture de l'article, tout est dit. On sent qu'un grand écrivain nous est né. Et l'on sait que l'horizon ultime de la musique est le silence.
 
CA

17/03/2006
05:57
Respect et tremblement

Oui, oui, je m'incline humblement, on ne rigole pas devant une icône, on s'incline avec révérence et on frappe sept fois son front respectueux sur le sol (™).

Sur la photo du site de TRMA, http://livres.telerama.fr/edito.asp?art_airs=M0603131118350& amp;rub=3&page=a_la_une&srub=3, il fait l'imposition des mains sur un livre blanc, le sien, – car ce gros pavé qu'il contemple, absorbé, est LE livre, le sien, un objet sacré – , en espérant sans doute que l'Écriture ou le Sens se lève, comme dirait Arasse.

La p(r)ose, c'est l'homme.
 
pascale

17/03/2006
08:34
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Tele

Oh Agnès, qu'est-ce que vous allez chercher ! Bégaudeau mérite-t-il cet excès d'honneur ?
Je n'arrive pas à finir son bouquin !
 
guydufau

17/03/2006
10:04
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Tele

"l'anecdote raciste avec l'autrichien est REVOLTANTE !"
puis
"Il faut donc aller dans les librairies déchirer et maculer ce livre de cons !"
en ajoutant
"Bégaudeau, arrêtez de nous pomper l'air, arrêtez d'aligner les lieux communs sociologiques à deux balles."
enfin
"Depuis cet après-midi, l'homme au gap humoral a un visage...

Ca me rappelle les gaillardes de Georges Brassens, furies déchaînées rossant les pandores.
 
AArgh!!!

17/03/2006
10:13
La furie cohérente

Si l'on explicite l'analogie ci-dessus, ce serait l'humoral le pandore....
Moi, ça me va bien. Il a en effet quelque chose du poulet!

 
pg

17/03/2006
10:23
prix France Cul

Ce n'est pas tant l'auteur qui serait à contester (j'connais pas, pas lu) que ceux qui l'ont couronné.
Encore une fois "les éditions verticales" sont honorés par France Culture et ses amis...
Bientôt quand tous les amis seront à l'intérieur, France Culture pourra s'attribuer le Prix France Culture.

Tiens, je propose un nom plus approprié pour cette radio très tendance : In' Culture.
 
Germaine...

17/03/2006
10:23
... du marché de Brive-la-Gaillarde

C'est bien lui que j'avais vu à la télé, pour son livre «Entre les murs». Mazette, Louise, j'ai 'fectivement lâché le retreiver Google sur le gonze, eh bé ! Il a definitively galore of chaps.
Plein de génies de la littérature n'en ont pas le dixième (sur google).

w
 
Gaillarde de Brive

17/03/2006
23:05
au marché

Fini le Bégaudeau !
Pour Paddy : plutôt 8 que 12, s'il fallait absolument le noter...
Il a une certaine habileté : alors que les vrais entretiens retranscrits bruts de décoffrage sont souvent ennuyeux,il arrive par moments à rendre ceux-là plutôt drôles - mais pour moi, un laxisme assez effarant dans sa manière d'enseigner, une certaine démagogie omniprésente et un contentement de soi total et pas toujours justifié rendent la lecture souvent pénible - enfin, je veux bien être une furie déchaînée pour rosser les pandores de l'In'culture qui s'extasient devant cette petite histoire gentillette je maintiens
 
roger

18/03/2006
18:48
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Tele

Le lectorat de "Télérama" est consitué en majorité de profs...
L'auditorat (?!) de France-Culture est constitué en majorité de profs...
Télérama et France-Culture décernent un prix... à un prof, qui parle des profs...
Cohérente, l'opération marketing, non?
 
AArgh!!!

20/03/2006
16:25
L'ivre du salon

L'homme au gap humoral était en effet au salon du livre. Pour ma part, je le déplore, je n'ai pas assisté au débat avec Brighelli, ça devait être distrayant : un colérique caustique contre un fat filandreux. Tant pis. En tout cas, cet homme peut être glabre. Hier, il était rasé de frais, chemise bleu ciel, pull V bleu marine, tout du bon élève propre sur lui. C'était juste à la fin du débat, et les fidèles se précipitaient (pas en foule, non) pour l'adorer . Et lui, au centre , tel une silhouette de Mucha (en moins féminin et moins gracile) laissait échapper de sa personne de sinueuses volutes d'auto-satisfaction . C'en était presque émouvant. Une allégorie de la vanité littéraire contemporaine . Pauvre petit Bégaudeau..
 
lou ravi

20/03/2006
17:25
l'écrivain lauréat

Ça va lui donner la grosse tête!
.
 
L'Autriche

20/03/2006
17:45
emmerde Bégaudeau...

D'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit (extrait)
------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------
<< Du fond des étroites rues, les autos filaient dans la clarté des places sans profondeur. La masse sombre des piétons se divisait en cordons nébuleux. Aux points où les droites plus puissantes de la vitesse croisaient leur hâte flottante, ils s’épaississaient, puis s’écoulaient plus vite et retrouvaient, après quelques hésitations, leur pouls normal. L’enchevêtrement d’innombrables sons créait un grand vacarme barbelé aux arêtes tantôt tranchantes, tantôt émoussées, confuse masse d’où saillait une pointe ici ou là et d’où se détachaient comme des éclats, puis se perdaient, des notes plus claires. A ce seul bruit, sans qu’on en pût définir pourtant la singularité, un voyageur eût reconnu les yeux fermés qu’il se trouvait à Vienne, capitale et résidence de l’Empire. >>
------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------
Ceci est tiré du 1er chap. d'un roman passé inaperçu en son temps. On peut gager que l'actuel Télérama ne lui donnerait certainement pas un quart de colonne. Quant à la radio France Culture, grace à qui j'ai connu ce livre, eh bien on attend toujours qu'elle renaisse de ses cendres avant que ces dernières ne soient aussi froides que le coeur de Ginette Roblochon.
 
pascale

20/03/2006
17:52
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Tele

La grosse tête, il l'a déjà... Agnès, j'aime bien le portrait du fat :"il laissait échapper de sa personne de sinueuses volutes d'auto-satisfaction"!
En revanche, Brighelli est plutôt sympa,non ?
 
Agnès

20/03/2006
23:08
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Tele

Pascale : Brighelli est un type cultivé et inventif. Jeteur d'anathèmes, et dumassophile. Toutes vertus, à mes yeux.
Mais je n'ai pas encore lu La fabrique du crétin. (faut dire, j'en ai ma dose quotidienne...)

Laurent, je n'arrive pas à mettre la main dessus : c'est L'homme sans qualités, isn'tit?

 
Laurent

20/03/2006
23:14
Robert Musil petit ecrivain d'un petit pays

oui oui, le premier chapitre même
second paragraphe, juste après l'intro climatique
(dans la traduc de jadis, je n'ai pas encore la révisée récemment sortie)
 
Agnès

20/03/2006
23:20
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Tele

L'ancienne trad', c'était Jaccottet? Je ne savais pas qu'il y en eut une nouvelle. Me semble avoir entendu critiquer Jaccottet soupçonné de fioritures, mais comme je suis ignorante en germanophonie...

 
AArgh!!!

20/03/2006
23:22
Frappée de bégaudisme

Me voilà affligée d'un gap orthographique : qu'il y en eût!

 
Laurent

21/03/2006
00:11
Nouvelles du front des petits ecrivains

Oui Jaccottet.
C'est une édition de poche en 2 volumes chez Point-Seuil ake en couvertures 2 affiches Sécession de Klimt.
Il me semble que la révision sortie en 2004 ou 2005 est d'ailleurs encore de Jaccottet.
 
pascale

21/03/2006
08:54
re : Emission infos jeudi 16 mars [prix France Culture -Tele

Je viens justement de commencer la Fabrique du crétin. J'aime bien ! Saine colère, réjouissante et roborative. Mais dumassophile ?
 
Agnès

21/03/2006
10:15
Si, si, Dumassophile!

Avec ses compères Biet et Brighelli, il est l' auteur du "Dumas ou les aventures d'un romancier" chez Découvertes Gallimard. Membre de l'assoce des amis, etc...
 
AArgh!!!

21/03/2006
22:14
et ça donne des leçons aux copines!

Devait guère être meilleur que celui de Wanda, mon état : Brighelli avec ses compères Biet et Rispail!
 
Retour à la liste des messages

Page générée en 0.15 seconde(s) par la technique moderne