Archives 2003-2008 du forum de discussions sur France Culture

Le forum de discussions sur FRANCE CULTURE du site DDFC est fermé mais vous pouvez accéder en lecture aux 35.000 messages d'auditeurs archivés, ainsi qu'aux fameux SMILEYS et DÉCALCOS. Mention légale : les textes, idées et contenus présentés ici n'engagent que leurs auteurs à titre personnel et non le propriétaire du site DDFC.


 La pétition SOS France Culture continue sur le site sosfranceculture.free.fr        Dictionnaire TLF 
 Recherche :
 Dans le fil

Retour à la liste des messages
paul

24/11/2005
20:05
Ricot ou le stoïcisme pragmatique

Cet a-m nous avons eu droit à un cours de philosophie morale d'un certain Monsieur Ricot, professeur comme de juste, mais qui possédait bien son sujet et défendait assez bien ce qui pourrait être une éthique du vrai bonheur. Bref, il connaissait son sujet et les épicuriens ( ou ceux qu'on s'obstine à nommer faussement les hédonistes ) n'avaient qu'à bien se tenir. Il est vrai que les Stoïciens se sont débrouillés pour pouvoir être mangés à toutes les sauces, à quelques conditions près, l'acceptation de la souffrance quand elle s'impose, une théologie négative quand la positive ne marche pas, un certain opportunisme qui ne se refuse pas au plaisir mais se garde de courir sus.

Plus important, il avait le don d'introduire à l'ontologie, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Il a parlé du présent comme don (la donation est un concept cher aux phénoménologues contemporains auxquels il me semble qu'il appartiennent en douce, Marin, Taminiaux et quelques autres). En résumé il faut savoir saisir la substance de tout présent, quel qu'il soit, et y découvrir ou y prendre – et c'est là qu'apparaît un spinozisme non avoué car théologiquement impossible – quelque chose comme le bonheur.

Fort bien et fort bien dit dans un dialogue somme toute agréable à écouter. Reste l'essentiel : l'ignorance de l'impossibilité d'enseigner une pareille morale. Il fallait choisir entre la reconnaissance de la nécessité du travail du concept et donc du concept de travail comme chez Hegel, soit celle de la grâce augustinienne qui descendrait, elle, sur terre pour répandre ses bienfaits au hasard ou selon la volonté divine. Je veux dire par là d'une sagesse innée, comme serait innés un talent ou le génie. Autrement dit, Monsieur Ricot ne nous présente qu'un résultat, jamais une éthique pratique ou une explication onto-théologique pour nous persuader de la pertinence de sa « recette » ou plutôt de l'état d'extase qu'il nous propose.

C'est aussi un moyen d'éviter de mêler l'Histoire à la problématique du bonheur humain, et d'en faire un affaire cartésiennement subjective : soyez heureux dans votre solitude et ne comptez surtout pas sur l'Histoire ou la transmission des choix et des pratiques du passé pour traiter le sujet. Je pense n'avoir pas entendu une seule fois le mot de progrès. Nous voici donc de retour dans les bons cours de la Sorbonne scolastique d'avant Descartes qui eut au moins le mérite d'ouvrir un guichet sur la réalité, comme Kant ouvrira toute l'aperception humaine à l'existence sans accepter de spéculer dans l'abstraction, sauf in fine, encore qu'il serait revenu sur tout ça dans ses vieux jours, en réintroduisant le divin par la porte du soi-disant sublime. La grande vidange de l'Histoire a commencé depuis quelques décennies avec la nouvelle histoire et les liquidateurs de la Révolution Française. Elle continue dans ce retour à ce qui me rappelle notre vieux manuel de Brunschwig (orthographe?) qui a précédé la malheureuse révolution de la philosophie des sciences humaines.
Comme quoi, cette fois, les penseurs de l'actuelle Restauration n'oublient aucun détail et semble décidés à ne laisser aucun domaine aux mains de l'adversaire. Voilà qui éclaire bien ce qui est perçu par tous comme le déclin de France-Culture.
Paul Kobisch
 
Retour à la liste des messages

Page générée en 0.67 seconde(s) par la technique moderne