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Agnès

20/06/2005
06:13
C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Je rassemble sur ce fil les liens avec le 1er fil "Liseron", devenu trop long à charger, et avec le fil "Un peu de littérature" ouvert jadis par Lionel.
http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=12 745&debut=50&page=2
http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=15 08&debut=0&page=1

C'est l'été. Les soirées sont longues. Vacances ou pas, on peut se gaver de lectures à la fraîche. C'est, entre autres, la saison des romans policiers.
La collection "Chemins nocturnes" chez Viviane Hamy, a connu un succès particulier grâce à Fred Vargas, archéologue médiéviste qui publie depuis une quinzaine d'année des romans de plus en plus accomplis, palpitants et improbables. L'avant dernier, "Pars vite et reviens tard", couvert de prix.
Il y a deux héros : le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, et sa compagne épisodique, son amante, Camille Forestier, altiste, compositrice, et plombière à ses heures. Des titres, toujours réussis, ambigus, suggestifs: "Pars vite et reviens tard", "L'homme aux cercles bleus", "Un peu plus loin sur la droite", "Sous les vents de Neptune", "L'homme à l'envers"… titres qui résonnent, à la fois mystérieux et familiers. Des personnages, en foule, qui surgissent, acquièrent au fil des romans l'épaisseur de leurs histoires et de leurs attributs, Danglard, l'érudit rationnel et alcoolique, abandonné par sa femme et affublé de ses cinq enfants, Clémentine, grand-mère nourricière et cordon bleu au langage fleuri de sentences, les "trois évangélistes", historiens marginaux empilés par époque aux trois étages de la "baraque pourrie" qui les abrite, Violette Retancourt, la robuste, hiératique lieutenante qui "convertit son énergie à sa guise", Joss Le Guern, (géniale invention) , marin pêcheur à la dérive reconverti en crieur de nouvelles…la narratrice tisse savamment l'écheveau de leurs histoires entremêlées.
Les deux derniers sont particulièrement réussis: "Pars vite et reviens tard", qu fait surgir le spectre de la peste en plein cœur du Paris le plus contemporain, et rassemble bon nombre de personnages des romans précédents, "Sous les vents de Neptune", où le commissaire vacille, renversé par le brutal surgissement de son plus lointain passé, une affaire de meurtre par trident dont son frère a été accusé, vingt ans plus tôt - cependant que la brigade doit, à la terreur de Danglard, s'envoler pour le Canada, pour s'y initier aux méthodes les plus modernes de la police scientifique. Conflit, entre autres, entre les rêveries perspicaces et insaisissables d'Adamsberg et la rationalité sourcilleuse du commandant Aurèle Laliberté. Le penchant parfois un peu excessif de Fred Vargas à reproduire en détail des conversations oiseuses trouve ici un pittoresque particulier dans les échanges franco-québécois.
Pourtant, la racine des intrigues est souvent totalement improbable. Ici, un jeu de mah jong, là, un poème de Nerval… Constructions psychologiques trop savantes pour être déchiffrées fût-ce par la plus subtile perspicacité, celle du rêveur commissaire. Pourtant, on est saisi, captivé, et pas question de lâcher le roman avant la dernière ligne. Qu'est-ce qui fait donc le charme des romans de Fred Vargas? Sans doute qu'on y soit plongé dans un univers familier aux personnages totalement excentriques, au sens premier du terme. Un univers contemporain et en même temps décalé et intemporel, où trônent marchande aux puces et prostituées cordon bleus, ménagères averties et sentencieuses, femmes rassurantes auprès de qui les hommes vont blottir leurs inquiétudes et leurs violences. Plaisir des conversations oiseuses ou des formules humoristiques, parfums et saveurs d'enfance (il faudrait s'interroger sur le lien que certains polars entretiennent avec la cuisine ou la gastronomie), histoires de familles délétères et fascinantes, érudition et prosaïsme de la vie quotidienne… un univers où le passé n'est pas aboli dans la banalité du présent, où l'excentricité et la générosité réunissent des personnages chaleureux et colorés, où l'imaginaire du lecteur s'étire à son aise, un univers, en somme, où, malgré les meurtres, il fait bon vivre.





 
Yann

21/06/2005
00:30
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Merci beaucoup pour ces conseils, je n’avais aucune idée de ce dans quoi j’allais me plonger cet été. Cet avant-goût donne déjà envie d’y être ! Elle est spectaculaire, Fred Vargas (elle exerce son métier d’archéologue au CNRS et a étudié le sujet du rat pendant une vingtaine d’années !)
Toujours dans le registre vacances (ou plus simplement entre deux gros bouquins, ou alors pour se rincer l’esprit après une lecture bocalement torturée), et d’une absolue légèreté, on peut citer Fredric Brown, écrivain américain des années 50. C’est un parodieur magistral du genre science-fiction, et qui n’a pas attendu que son âge d’or soit terminé pour se lancer dans le pastiche, avec une apparente facilité et une imagination vraiment hilarantes. Il y a trois livres de lui qui sont hautement recommandables :
- Le plus connu s’appelle « Martiens Go Home », et raconte l’histoire d’un pauvre écrivain de science-fiction qui se retrouve privé de sa source de revenus par l’invasion effective de soixante millions de petits hommes verts, qui n’ont en tête que d’humilier la race humaine (ils ont la capacité d’apparaître n’importe où, et assis en tailleur, passent leur temps à se moquer de vous, à vous rabaisser jusqu’à ce que vous vous sentiez comme un moins-que-rien). On a donc le récit de la reconversion pénible de l’auteur de SF, humilié par des petits martiens de passage, jusqu’à la conclusion, très surprenante…
- Ensuite vient « What Mad Universe » (pas moyen de me ressouvenir du titre français), un roman très influencé par Lewis Carroll (l’idole de Fredric Brown), où on suit les tribulations d’une pauvre anti-héros, rédacteur en chef d'une revue de SF à grand succès, jeté dans une dimension parallèle à la sienne, où le vol spatial est maîtrisé (grâce à une machine à coudre…), mais sans identité ni profession (son autre lui ayant pris sa place). Il va devoir apprendre à vivre dans cet univers radicalement autre, où toute erreur peut s'avérer fatale et le faire passer pour un espion.
- Enfin, « Lune de miel en enfer », qui est un recueil de nouvelles, toutes plus drôles les unes que les autres (un ivrogne se fait enlever par des extraterrestres, qui, dépités et passablement agaçés par ce représentant de l’humanité, décident après tout de ne pas réduire la population terrienne en esclavage).
En tout et pour tout, trois petites lectures légères et récréatives pour passer de bons après-midi de vacances, et on en rit beaucoup, kedubon…

Yann

 
Agnès

06/07/2005
09:31
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Un petit thriller pour l'été, en attendant que je trouve les alléchantes et gondolantes aventures galactiques conseillées par Yann : "Le rêve des chevaux brisés" (The dream of the broken horses), - beau titre – de William Bayer, chez Rivages thriller, (super collection, entre parenthèses, et désormais quasi exclusive éditrice de Westlake, dit-elle, car elle avait une légère tendance à la monomanie).
Après un début un peu filandreux, tant que l'on ne sait pas quel lien exact le narrateur entretient avec l'histoire, le récit devient vite très palpitant. Dans une petite ville imaginaire du Midwest, Calista, (plus ou moins "la très belle"), pendant un été torride, le narrateur, brillant dessinateur de portraits-robots et croquis de procès, revient sur les traces de son passé : entre bar à la mode, chroniqueurs mondains et fielleux, journalistes bruyants et superficiels, truands et flics véreux, maisons louches, somptueuses demeures et usines désaffectées, il tente d'élucider le double meurtre de deux amants dans un motel, 26 ans plus tôt. Elle, somptueuse et émouvante garce de la meilleure société, lui, petit prof de français et répétiteur de ses enfants. Mais la femme était aussi la patiente du père psychanalyste du narrateur, suicidé peu après, et le l'homme, son prof de français admiré et honni. Un soupçon d'érotisme, un savant tissage du récit contemporain avec journaux et carnets d'autrefois, l'enquête, comme le récit, est bien ficelée, on s'attache aux personnages, et je n'ai pour ma part, quasi pas lâché le bouquin avant de l'avoir terminé. À vous!


 
Zx

07/07/2005
15:58
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Le titre français de "What Mad Universe" est : "L'univers en Folie" (folio, SF, 291 p).
 
Zx

07/07/2005
16:07
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Le titre français de "What Mad Universe" est : "L'univers en Folie" (folio, SF, 291 p).
 
Agnès

08/07/2005
18:30
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Jeannette Haien : "La pêche au saumon", coll Arcanes, éd Joëlle Losfeld .
C'est un charmant petit livre, le premier publié par l'autrice, pianiste et concertiste d'origine irlandaise, à l'âge de 63 ans.
L'action se situe en Irlande. Le père Declan, robuste prêtre de 63 ans, justement, pêcheur impénitent, décide de consacrer la dernière journée de la saison de pêche, malgré tous les avertissements contraires et un mauvais temps épouvantable, à essayer de capturer un saumon. Battu et trempé par la pluie, dévoré par les moucherons, exaspéré par la mauvaise volonté et la sottise incompétente de son "ghillie" (le gars chargé de l'accompagner sur le parcours), il se bagarre opiniâtrement contre la nature hostile, la berge transformée en boue, la rivière torrentielle, tout en se remémorant avec acuité le récit bouleversant fait l'avant-veille par une de ses paroissiennes, Enda, qui venait de perdre son mari Kévin. C'est ce récit, et l'impression profonde qu'il a faite au prêtre, qui constitue le corps du roman, en contrepoint des mésaventures du pêcheur crucifié dans sa poursuite obstinée et grelottante d'un hypothétique saumon devenu une allégorie du désir. C'est admirablement et sobrement écrit, plein d'humour, d'humanité, et d'amour de la nature. Une histoire belle et simple.


 
w

11/07/2005
11:40
A propos de pêche au saumon...

Ce dernier titre me rappelle un bouquin de chez Rivages que j'ai lu il y a deux étés : «Manuel de chasse et de pêche à l'usage des filles», de Melissa Bank.
Malgré le titre, c'est pas, mais alors pas du tout, un cours de drague ou de séduction.
C'est l'histoire d'une fille de bourgeois de la Côte Est, entre New York et Nantuckett, de l'adolescence à l'âge mûr (chronologie ping pong, mais on s'y retrouve très bien).
Ecriture fluide, discrétion, humour, sincérité (une vraie sincérité, comme diraient d'aucuns). Et finesse. Elle parle beaucoup plus des autres à travers son regard que d'elle, le "je" en est presque transparent. Enfin j'exagère carrément, mais sa modestie change des I, me, mine so trendy et pléthoriques.
Ses jobs dans deux maisons d'éditions nous rappellent des choses, c'est vrai qu'on est encore East Coast et qu'on en trouve encore des comme ça.
Aucun risque de vautrage dans l'angoisse et le ressassement de soi : dans les coups durs, son humour nous épargne fort joliement. Et pas de fioritures.
J'l'ai pas lu sur une plage, paske j'aime les plages que s'il n'y a personne, mais c'était une lecture de vacances de fort bonne compagnie.
Ah, j'oubliais : c'est son premier roman, le titre est on ne peut plus fidèle à l'original (The girl's guide to hunting and fishing), et ça sent l'autobio à plein nez (et de temps en temps le poisson et surtout le homard frais).

 
Agnès

03/09/2005
18:43
un polar pour la route

Ça fait longtemps qu'on n'a pas parlé bouquins sur ce forum, alors, comme je viens de passer à peu près la journée dans le dernier Connelly, "Los Angeles river", [titre français pour "The narrows", ie "les étranglements", ie ceux dans lesquels on a enfermé l'oued qui traverse LA et se met en fureur quand il pleut] et que je l'ai trouvé passionnant, voilà, je vous le recommande. Ça faisait un moment que je trouvais que sa production baissait, à Connelly, et que l'inspecteur Hieronymus Bosch finissait par m'être presqu'antipathique, à force de résoudre ses interrogations métaphysiques avec son flingue, mais là, son affrontement avec le plus grand méchant forgé par son auteur,"le poète", est vraiment bien mené et je l'ai dévoré. Bonne lecture de week end. (Il y en a d'autres : "Les égouts de LA, c'est vraiment très bien.)

Pssssttt ! :J'ai lu "Martiens go home" avec plaisir, d'autant plus que c'était pendant l'offensive de Santalmama triple inconnue, et que cette histoire de martiens indébarrassable ressemblait terriblement à la réalité du forum... Et "lune de miel en enfer", c'est presque encore mieux. Breves, drôles, enlevées,des perles de petites nouvelles.
 
A.

03/09/2005
18:44
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

..."de martiens indébarassableS".
 
paddy

11/09/2005
10:05
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Je fais remonter ce fil avec une question aux littéraires du forum. Est-ce que Ginette a son double dans la littérature chez Balzac, Proust, Zola, ...?
 
guydufau

11/09/2005
10:59
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Chez Balzac, Proust, Zola je ne sais, mais elle pourrait être une soeur des frères Dalton
 
shhhh

11/09/2005
11:42
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Arnheim dans Musil, en plus rustre.
arriviste, brutal, idéologue.
 
Agnès

11/09/2005
15:13
Notre soeur lolotte

Il y a une affreuse tellement dissimulée qu'elle meurt entouré de l'affection des siens (auxquels elle a jeté sans trêve des peaux de banane et dont elle a inlassablement organisé la perte), c'est "La cousine Bette". Personnage gangrené par l'envie et l'aigreur, intrigante de talent, tartuffe en jupons. "La cousine Lolotte", ça ne serait pas mal... Sinon, je n'ai pas relu depuis bien longtemps "Beatrix", qui met en scène entre autres un personnage de femme de lettres très "fabriquée" Béatrix de Rochefide*, qui pourrait bien inspirer des idées. Tiens, ça fait au moins deux mois que je n'ai pas mis le nez dans Balzac, je vais aller y jeter un oeil.

(*Rochefide, qui rime avec perfide, bifide...)
 
Pascale

11/09/2005
15:28
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Peut-être Félicité Rougon, chez Zola : c'est une vieille ambitieuse assez ignoble - mais l'auteur dit qu'elle est très fine, et là, ça colle moins avec Ginette...
 
lionel

11/09/2005
15:41
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

sans oublier Cruella d'Enfer et les 101 producteurs tournants !



 
Agnès

11/09/2005
15:52
Mouarf!

Cruellolotte !

 
Laurent Nadot

11/09/2005
18:03
Du coté de chez Ginette Roblochon

N'oublions pas la Verdurin et ses migraines : Laure Adler et ses Larmes aux yeux c'est tout comme...
 
Agnès

11/09/2005
23:51
euh...

En fait j'ai lu le dernier Sylvie Germain : "Magnus". Très criticable à bien des titres, parce que parfois trop explicite de sa propre intrigue, comme si l'auteur la commentait au lieu de la mettre en oeuvre, sans parler de quelques négligences de langue qui m'ont choquée : l'emploi de la tournure "l'insupporter" ****!!!! par exemple, qui me fait sortir de mes gonds. Mais enfin, cette histoire brisée de jeune garçon dépossédé de sa plus ancienne mémoire, qui se découvre fils de nazi, et se réconcilie progressivement avec son histoire au fil du monde, des soubresauts intimes, des rencontres et des lectures, dans une forme fragmentée assez bien construite, je l'ai lue d'une traite, avec le plaisir de voir que SG, que je n'avais pas lue depuis des années, avait allégé son style, autrefois d'un lyrisme vraiment suffocant. Ses thèmes restent: elle entrelace l'histoire des personnages avec l'Histoire, médite sur les liens de la mémoire collective et de la mémoire individuelle, de la mémoire et du corps, de l'homme avec le monde, avec l'histoire, avec la transcendance. Ce n'est pas un excellent bouquin, mais c'est un conte prenant.

Les deux premiers, "Le livre des nuits", et "Nuit d'ambre", m'avaient autrefois submergée de leur lyrisme. Ecriture vraiment personnelle, et sens du récit. Mais beaucoup de brutalité, et autant de souffle là-dedans que dans du Wagner, avec cette absence totale de répit qui crée la suffocation.
 
shhhh

14/09/2005
22:09
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Je voudrais, à mon tour, signaler un auteur que j'aime beaucoup.
C'est Yasmina Khadra.
Ancien capitaine de l'armée algérienne il a choisi ce pseudonyme par admiration des femmes algériennes.
Il est l'auteur de romans et romans policiers.
Il a campé un personnage de commissaire de police, Llob qui enquête dans ces mileux se disant intégristes et qui sont en fait des voyous recrutés. Il décrit ces itinéraires.
C'est un amoureux de la langue, qu'il aborde à la fois timidement et avec un très grand soin. Son écriture est très belle et très simple.
 
Agnès

18/10/2005
23:05
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Le dernier Mankell est sorti : "Avant le gel", (Seuil, Policiers). Je m'étais bien promis d'attendre…et je l'ai avalé entre hier soir et aujourd'hui. C'est le neuvième que je lis. Il y a des effets de composition systématiques - par exemple, le premier chapitre est toujours la cause "archéologique " de ce qui va suivre - et sans doute des tas de redites : Sur la Suède en décomposition, sur les relations des flics entre eux et avec le corps social, dans le fait que l'on ait affaire à un narrateur omniscient qui distille à son gré notre angoisse. Mais je ne m'en lasse pas.
Celui-ci est particulièrement excitant. Le commissaire Wallander, de plus en plus seul, de plus en plus lourd, y est confronté à des sacrifices d'animaux immolés par le feu, avant de les voir relayés par des sacrifices humains assez impressionnants. Mais cette fois, sa fille Linda, la trentaine jusqu'alors incertaine, le seconde et l'accompagne, puisqu'elle va entrer sous peu dans la police, et qu'une de ses amies a disparu. L'enquête est donc menée, plus ou moins clandestinement, par Linda elle-même, et c'est à travers ses yeux que l'on regarde cette fois agir le commissaire. Ses yeux de fille à la fois tendre, exaspérée et terrifiée par l'image paternelle, par la puissance physique et l'épaisseur humaine du personnage. Ajoutez-y le fait que tout se déroule entre la fin août et la première quinzaine de septembre 2001 sur fond de fanatisme religieux, sans effets excessifs, certes, mais avec une dimension d'histoire brûlante, et vous aurez une petite idée de l'intensité dramatique de ce roman. La présence de Linda, régénère le regard que l'on portait sur le commissaire, les personnages sont intéressants, complexes, ambigus et attachants, c'est bien écrit et bien traduit, pas de quoi bouder son plaisir.

 
Agnès

18/10/2005
23:40
Du bon usage de DDFC

Voilà un an que je fréquente ce forum, qui m'aura fait infiniment plus lire (et rire!) que l'écoute de FQ la même année. J'ai découvert, grâce à vos conseils, chers amis, et avec plus ou moins de plaisir, "Ferdydurke", de Gombrowicz, que j'ai assez vite abandonné d'ailleurs, car le brio extrême de l'auteur ne fait pas oublier la noirceur narcissique de l'histoire, les petits Frederic Brown, "Martiens go home" et "Lune de miel en enfer", qui m'ont fait bien marrer, "Marelle", que j'ai avalé dans sa version chronologique, "L'enfant bleu" et "des fleurs pour Algernon", "L'homme pressé" cher à Nazdeb, dont j'ai partagé le plaisir sinon l'enthousiasme, parce que si c'est en effet admirablement écrit, le personnage a quelque chose de démonstratif et d'allégorique, qui dessèche qq peu le roman, et enfin "le manuel de chasse et de pêche", qui est un très agréable premier bouquin, avec un ton, et une justesse de bon augure, sans parler de tout ce que j'ai relu (Fruttero et Lucentini, quelle causticité réjouissante!), ni des recueils ou des poèmes suggérés ça et là. Brèfle, merci, Paddy!

 
Nazdeb

20/10/2005
12:58
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Eh bien moi c'est la poésie que je découvre avec bonheur grâce à la fréquentation du forum, et le plus cocasse est que ma dette à cet égard peut tout à fait s'inscrire au crédit d'une certaine... Chantal, qui a eu le bon goût de nous traiter un jour de crapauds ! et les poèmes de Corbières et Hugo placardés en réaction m'ont incité à découvrir les recueils entiers. Il y a aussi Allais, évidemment, et parallèlement, la relecture des délirantes et obscènes Onze Mille Verges m'ont converti à la poésie de ce merveilleux fou d'Apollinaire… poésie dont je ne comprends pas les trois quarts mais c’est pas grave, c’est beau. Bref, me voilà le nez fourré dans trois ou quatre recueils simultanément, et ce ne sont que les premiers. J'en fais un grand profit depuis quelques semaines et de plus, ça passe très bien entre deux chapitres de roman pour peu qu’on soit lancé dans un pavé (et pas l’inverse, ha-hem…). En ce moment : Gaspard des Montagnes d’Henri Pourrat, qui offre de belles évocations de la campagne auvergnate et qui fleure bon le folklore, le foin, les brigands et la mangeaille, quoique un peu filandreux comme dirait, justement, Agnès.
Côté livres, par contre, je suis désolé de voir qu’il y a vraiment un registre qui ne passe pas, c’est le policier. J’ai tenté Mankell, quelques Poulpes, mais ce n’est pas à cause des auteurs, c’est la structure même des récits. Premier chapitre : un meurtre ou un cadavre ; deuxième chapitre : on fait connaissance du gars qui va résoudre l’enquête, souvent il est alcoolique, divorcé, etc : que c’est lassant ! (C’est un des quelques points sur lesquels je rejoins Guy, tenez…) Mais je sais d’où ça vient : je suis plus captivé par l’histoire lorsque l’exposition commence directement sur le héros ou l’héroïne, sur sa vie, son histoire, sa personnalité, et quand l’intrigue proprement dite intervient ensuite, au lieu de l’inverse. Les romans sont avant tout des histoires de personnages qui vivent, pas de personnages qui sont morts ?
En tout cas, merci les crapauds…



 
paddy

20/10/2005
13:22
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

En ce moment je n'ai guère de temps pour lire alors je recommande un livre lu il y a longtemps "Le Maître et Marguerite" de Mikhaïl Boulgakov. Où comment le diable débarque à Moscou en 1930 dans la Russie soviétique de Staline et le milieu des écrivains d'état. Un roman politique grinçant et fantastique vraiment étrange...


 
Zx

20/10/2005
13:23
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Pourquoi ne pas lire des romans gothiques ???

Un classique comme Le Moine de Matthew Gregory Lewis par exemple. Un récit qui conserve l'intrigue entremêlée des romans gothiqes "traditionnelles" et qui renoue avec le surnaturel dans la lignée de Walpole.

Pour résumer de manière très succinte et par conséquent, très imparfaite, il s'agit de la descente aux enfers (c'est la cas de le dire !) d'un moine plus que vertueux qui, au départ, fait l'admiration de tout. Avec, à la clef, histoire d'amour, fantôme, apparition, conjuration, présence du juif errant, meurtre, viol, inceste, etc.

Le moine demeure une oeuvre majeure de la langue anglaise, de par son ampleur, sa structure, son usage de sources variées (intertextualité naissante), ses ambiguïtés, etc.

Je déconseillerais la "traduction-adaptation" d'Artaud (sous le titre de "Le moine (de Lewis)") car elle ampute le roman de près de la moitié de sa matière. On trouve en revanche une bonne édition en langue originale sous la direction de D.L.Macdonald et Kathleen Scherf chez broadview litterary texts. A lire !
 
Zx

20/10/2005
13:25
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Oouuuuuuups " gothiques "traditionnels"" bien sûr !
Désolé.
 
Nazdeb

20/10/2005
14:09
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

J'ai assez aimé le Maître et Marguerite mais je n'y ai malheureusement pas compris grand-chose, j'ai dû passer à côté de la plupart des clés. Du même Boulgakov, on peut conseiller Coeur de chien, un roman satirique dans lequel un médecin un peu excentrique teste un expérience sur un chien : le chien, devenu intelligent, grimpe dans la hiérarchie du Parti pour finir en parfait tyranneau : court, féroce et bien senti.

Le Moine ça a l'air intéressant, je me laisserai bien tenter après quelques cours d'anglais...



 
Yann

20/10/2005
14:31
The Lost Stradivarius

Dans la filiation des romans gothiques, on peut mentionner "Le Stradivarius perdu" de John Meade Falkner (fin XIXe), et dans la parfaite filiation du Moine de Lewis (il y a d’ailleurs de grosses citations de celui-ci dans le Stradivarius). Falkner est connu surtout pour Moonfleet, roman de contrebande avec du rhum, des cryptes et de la lande cornique du début jusqu’à la fin. Pour « Le Stradivarius perdu », l’histoire commence avec un jeune bachelor de Cambridge qui découvre par hasard un stradivarius dissimulé dans son appartement d’étudiant. Il en joue, le son en est parfait, voire trop. Quand il commence à interpréter certaines pièces, il entend son fauteuil en liège grincer légèrement comme si « on » s’y asseyait. Quand il termine son morceau, le fauteuil grince à nouveau, comme si « on » le quittait. Les choses iront de mal en pis, pour finir en Italie, au milieu de tribulations néo-platoniciennes sur fond de violoneries démoniaques. Très réussi ! Et pas très long (et en français!)

Yann


 
paddy

21/10/2005
23:52
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

J'ai commencé à relire ma collection de Jack Vance, un écrivain de SF né en 1916, un peu à part car c'est un véritable conteur d'histoires (on pense à l'Odyssée ou à Jules Verne version galactique) et il y a beaucoup d'humour ce qui est assez rare dans la SF.

Son grand talent est de créer des univers baroques avec profusion de coutumes insolites où il jongle avec les quiproquos culturels qui naissent à tout moment quand ses héros pérégrinent d'un continent, d'un peuple ou d'une planète à l'autre. Ainsi dans "Space Opera" (1965), une troupe d'opéra parcourt la galaxie et affronte les incompréhensions variées des publics extra-terrestres face au grand répertoire terrien.

En dehors de l'intrigue, ses romans sont souvent parsemés d'extraits fictifs d'encyclopédies galactiques, de guides touristiques, de journaux, de livres religieux ou de critiques littéraires, etc qui aident à planter le décor et sont l'occasion d'un humour pince-sans-rire assez réjoouissant. Exemple de description de coutume:

<< Le matin, une heure avant le lever du soleil, la femme Darsh éveille l'homme qui revêt maussadement sa tenue de travail, puis sort regarder le ciel. il prononce alors d'une voix creuse une phrase optimiste qu'on pourrait traduire par: "une bonne journée en perspective" et part vers son filon. La femme le suit du regard en prononçant sa propre phrase traditionnelle: "vas-y pauvre con!">>

Parmi ses meilleurs livres :

** La geste des Princes Démons. Une vengeance à la Monte Cristo dans laquelle le héros parcourt la galaxie pour éliminer 5 grands princes du crime:

- Le Prince des Etoiles 1964
- La Machine à Tuer 1964
- Le Palais de l'Amour 1967
- Le Visage du Démon 1979
- Le Livre des Rêves 1981

** Les Baladins de la Planète géante 1975
Deux troupes de théâtre ambulantes et concurrentes qui s'affrontent en remontant un fleuve à destination d'un festival mysterieux

** Alastor. Prétexte à décrire trois planètes aux coutumes étranges dans la constellation d'Alastor, amas stellaire dirigé par un personnage invisible nommé le Connatic

- Trullion: Alastor 2262 (1973) - Ce roman vaut sutout pour sa création d'un étrange sport intergalactique: la Hussade
- Marune: Alastor 933 (1975) - une aristocratie médiévalisante, décor de poisons, dentelles et vieux châteaux
- Wyst: Alastor 1716 (1978) - une experience d'utopie communiste, et l'envers du décor

** Cugel l'Astucieux 1966
Là c'est de l'heroic fantasy, mais en version parodique. Le héros Cugel est une sorte de filou sympathique qui affronte tant bien que mal sorciers et sortilèges.

etc. etc. Voir http://membres.lycos.fr/jackvance/theme.html


 
Zx

23/10/2005
20:55
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

De Vance signalons aussi les 4 tomes du cycle de Tshaï : Le Chasch, Le Wankh, Le Dirdir et Le Pnume.
 
paddy

23/10/2005
21:07
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Ah oui je suis en train de lire Le Wankh et je me rends compte que la principale recette humoristique dans ce livre sont les palabres chaque fois que le héros doit négocier un prix. Que ce soit avec un aubergiste, un passeur, un interprète, un capitaine de navire, un commerçant... Vance s'amuse à faire baisser les prix souvent de 100 à 1

A noter aussi les fameuses "Chroniques de Durdane" mais j'ai un peu oublié l'intrigue


 
Pascale

24/10/2005
10:27
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Je crois qu'on peut aussi préférer l'adaptation d'Artaud à l'original du Moine: elle supprime des pages moins intéressantes, plus plates, et concentre la couleur noire - le résultat est saisissant !
 
Zx

24/10/2005
12:02
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Les pages les moins intéressantes ! Ce sont celles qui ont davantage retenues l'attention à l'époque tout de même. Avec le travail d'Artaud c'est toute la structure du roman qui passe à l'as alors que c'est l'un des éléments les plus caractéristiquse du roman gothique. A cet égard, apprécier la touche personnelle de Lewis sur ce point n'est pas dénué d'intérêt (personnellement cette partie ou plutôt ces passages, car ils courent tout au long du livre, sont mes préférés ^^ )

Maintenant, je n'entends pas dénier toute qualité à l'adaptation-traduction-copiage-collage (de traductions antérieures) d'Artaud. Mais il me semble qu'il vaut mieux se faire d'abord une idée de l'oeuvre originale. Bref, les deux sont à lire !!


Sinon, Melmoth de Charles Maturin est également l'un des quatre plus grands romans gothiques jamais écrits (ou cinq avec Manuscrits trouvés à Saragosse de Potocki ainsi qu' Udolphe, Otrente et Le Moine) et cette fois-ci ( ;-) ) il est disponible en français chez Phébus, dans la collection de poche Libretto. Attention, gros (et grand) livre (600 pages).
 
Agnès

24/10/2005
15:40
Quatrieme synthese


THÉÂTRE
Florence Delay et Jacques Roubaud : Graal théâtre (Pascale)

BURLESQUE
Donald Westlake : Au pire qu'est-ce qu'on risque? (Paddy, A.)
Fredric Brown : - Martiens, go home! (Yann)
- Lune de miel en enfer
- L'univers en folie
Alphonse Allais : Plaisirs d'humour (par ex.) (CA, N)
Jack Vance : Cugel l'Astucieux 1966 (Paddy)



SF
Dan Simmons : Ilium (Paddy)
F.Pohl et C.Kornbluth : Planètes à gogos (VT- smarito questo qui)
Politique fiction : Mikhaïl Boulgakov : - Le maître et Marguerite (Paddy)
- Cœur de chien (N)
Jack Vance (Paddy) : - Space Opera
• La geste des Princes Démons :
- Le Prince des Etoiles 1964
- La Machine à Tuer 1964
- Le Palais de l'Amour 1967
- Le Visage du Démon 1979
- Le Livre des Rêves 1981

• Alastor:
- Trullion: Alastor 2262 (1973)
- Marune: Alastor 933 (1975)
- Wyst: Alastor 1716 (1978)

• Tshaï : Le Chasch, Le Wankh, Le Dirdir et Le Pnume. (Zx)

ROMANS
Hermann Hesse : - Le loup des steppes (Lionel)
- Le jeu des perles de verre (L)
- Narcisse et Goldmund (W)
- Siddartha (W)
Simon Leys - Les naufragés du Batavia (amt)
Jane Austen : Juvenilia (Zx)
Jeannette Haien : La pêche au saumon (A)
Melissa Bank : Manuel de chasse et de pêche à l'usage des filles (W)
Balzac : - La cousine Bette (A)
- Beatrix
Sylvie Germain : Magnus (A)
Paul Morand : L'homme pressé (Nazdeb)
Henri Pourrat : Gaspard des montagnes (N)
Apollinaire : les onze mille verges (N)

THRILLERS
Westlake : Le couperet (Nazdeb.)
Henning Mankell : Avant le gel (A.)
William Bayer : Le rêve des chevaux brisés (A)
• Romans gothiques :
Lewis : The monk (Zx) ou Le moine, traduit par Artaud, (débat entre Zx et Pascale)
John Meade Falkner : Le Stradivarius perdu (Y)
Mathurin : Melmoth (Zx)

POLARS
Fred Vargas : - Pars vite et reviens tard (A)
- Sous les vents de Neptune
- L'homme à l'envers, l'homme aux cercles bleus ( moins bien) etc…
Connelly : Los Angeles river (A)
Yasmina Khadra (sh)

POÉSIE
Apollinaire: Alcools (N, A)
Tristan Corbière : Les Amours Jaunes (A, N)
Hugo : La légende des siècles (N)
Blaise Cendrars : Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, in Du monde entier (A)

AUTOBIOGRAPHIE
Jean-Henri Fabre : Souvenirs entomologiques (Clopine)


 
Zx

24/10/2005
16:23
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Très jolie synthèse ma foi ! Merci ! Et merci aussi à Pascale pour Graal Théâtre que j'ai lu sur ses indications cet été et qui m'a fait passer de très bon moments, entre ciel et terre.

Sinon, je recommanderai, dans un genre très différent et qui ne comprend aucun représentant dans ladite liste, genre qui s'approche de la parodie de fantastique, Les "Chronicles of the enchanted forest" de Patricia C.Wrede, l'histoire d'une princesse qui refuse de se fondre dans le stéréotype de la princesse qui épouse son prince fort, beau et courageux avant d'avoir beaucoup d'enfnats et qui, au contraire, s'entête à prendre des chemins de traverse jusqu'à devenir princesse de dragon (une fonction à mi-chemin entre femme de ménage, bonne à tout faire, aide de camp, bibliothécaire et cuisinière !).
C'est drôle, léger, non dénué de finesse parfois... tout pour passer un moment agréable.

Les quatre tomes :

-Dealing with dragons
-Searching for dragons
-Calling on dragons
-Talking to dragons

Les deux premiers sont paru en français sous le titre :

-Cendorine et le dragon
-Cendorine et le roi de la forêt enchantée
 
Pascale

24/10/2005
19:09
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Merci, Agnès, pour ces synthèses plus qu'utiles : précieuses !
Pour Zx : selon moi, la version du Moine qui a retenu l'attention des contemporains n'est peut-être justement pas celle qui plaît le plus à la nôtre, plus attirée par "la beauté convulsive" et le noir très pur... mais il faut lire les deux versions, c'est évident,et Melmoth et le Château d'Otrante chez Phébus !
 
Agnès

24/10/2005
22:43
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.



 
Nazdeb

25/10/2005
11:23
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Oh oui, merci !
Je pense me plonger dans quelques Vance conseillés par Paddy. J'ai un bon souvenir de Cujel l'Astucieux, lu gamin : un héros joyeusement immoral et une fin cruelle et assez drôle.



 
Nazdeb

25/10/2005
12:06
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

"lu gamin" non, j'exagère, j'étais étudiant...



 
Agnès

04/11/2005
19:57
One more Catulle, un peu de poesie

Une nouvelle traduction de Catulle vient d'être publiée chez Belles-Lettres : Le roman de Catulle par Olivier Sers, un type très fort qui a donné des Satires de Juvénal et du Satiricon de Pétrone des traductions géniales : drôles, vertes, enlevées. Là, il consacre à ce poète génial et si vite disparu un volume qui réunit à la fois l'œuvre complète, réorganisée sous forme chronologique (jusqu'alors, elle l'était par types de vers), sa traduction, infiniment plus juste que celle que Danièle Robert a donnée l'an dernier (cf http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=10 882&debut=0&page=1), parce que crue, mais pas vulgaire, et un "roman" de Catulle, où il reconstitue sa brève et intense existence par chapitres, en le nourrissant de tout le contexte historique et culturel (c'est une période violente et agitée à Rome), et de tout ce que sa passion de l'auteur lui fait imaginer. C'est PASSIONNANT, érudit sans pédanterie, inventif et mordant, brèfle, DÉLECTABLE.

Voici un extrait de la préface, pour vous donner un échantillon de la façon dont un érudit médite sur un problème de langue, qui se trouve être à l'origine de toute notre relation à l'érotisme.
"Ici se pose un problème minuscule et délicat : avant Catulle, la langue latine ne possédait que deux termes pour désigner [le baiser] : osculum (petit bec, comme à Montréal) et suavium douceur, délice. C'est lui qui le premier naturalise le basium qui triomphera dans les langues romanes. On dit volontiers que le mot serait celtique. Or, vérification faite, il n'existe pas dans les idiomes celtiques survivants, qui pratiquent plutôt le "poutou". Alors, quelle langue pouvait donc parler la nounou? Pourquoi pas le ligure? Cette douce petite race, noiraude, robuste, travailleuse, sobre, illettrée, têtue, peuplait l'occident avant que l'arrivée des celtes ne la chasse de la plaine vers les montagnes, dont elle descendra vite travailler la terre au service des vainqueurs. Au temps de Catulle, elle fournissait des laboureurs et des tailleurs d'arbres. Pourquoi pas des nounous? Toujours accrochée à la terre d'Europe dont elle forme depuis trois, quatre ou dix mille ans le tissu ethnique, elle nous a laissé des noms de fleuves, de sources et de dieux. Pourquoi pas celui du premier, du plus tendre, du plus charmant des gestes d'amour?"
Comment continuer à ignorer Catulle? Précipitez-vous!

V. ad Lesbiam
VIVAMUS mea Lesbia, atque amemus,
rumoresque senum seueriorum
omnes unius aestimemus assis!
soles occidere et redire possunt:
nobis cum semel occidit breuis lux,
nox est perpetua una dormienda.
da mi basia mille, deinde centum,
dein mille altera, dein secunda centum,
deinde usque altera mille, deinde centum.
dein, cum milia multa fecerimus,
conturbabimus illa, ne sciamus,
aut ne quis malus inuidere possit,
cum tantum sciat esse basiorum.

Et voici la traduction qu'il en donne : (Il y a des trouvailles, mais ce n'est pas ma préférée)

Tu es à moi, Lesbie, vivons et aimons-nous,
Et fichons-nous comme d'une breloque
De tous les ragots des vieux chnoques.
Chaque soleil éteint se rallume, mais nous,
notre chandelle est brève et ne meurt qu'une fois
pour toutes. L'on s'endort une éternelle nuit.
Alors baise m'encor, rebaise-moi et baise,
Donne-moi des baisers par milliers, par centaines,
Et mille et mille encor, et cent et cent encor,
Puis quand seront comptés ces milliers de milliers,
Brouillons le compte, oublions-le,
Crainte du mauvais œil qu'un jaloux jetterait
Pour avoir su s'être donné tant de baisers.

Je préfère celle-ci, de Pierre Feuga:

Vivons, ma Lesbia, aimons-nous,
Et que tous les grondements des vieillards moroses
Aient pour nous la valeur d’un sou.
Le soleil chaque jour peut mourir et renaître,
Sitôt mort notre bref éclat,
Il nous faudra dormir une nuit éternelle,
Donne moi mille baisers, puis
Cent, puis mille encore, ensuite une autre centaine,
Encore mille, encore cent,
Quand nous aurons atteint ces milliers de mille,
Brouillons le compte dans l’oubli,
Pour que nul malveillant ne soit jaloux d’apprendre
Qu’il s’est donné tant de baisers.





 
Zx

10/11/2005
00:22
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Hopopop ! Je relance ce fil. Toujours avec un roman noir (je ne dis plus gothique car on quitte l'Angleterre et l'Espagne).

"Les Elixirs du diable" d'Hoffmann (celui des contes, oui oui !), toujours chez Phébus (coll. "Libretto", 350 p. sans la préface).

Roman où il est question d'un moine (comme souvent - mais cette fois-ci il évolue dans le siècle) confronté à la tentation (^_^), d'un double, d'une longue malédiction... Les classiques du genre revus et corrigé par le grand "fantastiqueur". L'intrigue atteint parfois des sommets de complexité (cf. le parchemin du peintre) mais on réussit à s'y retrouver (les lignes directrices étant suffisamment robustes pour que l'on ne perde pas de vue l'essentiel, bien qu'au final l'ambiguïté persiste...).

Dans la lignée d'autres réflexions sur le double ou la personnalité pultiple à l'instar du Horla, de Dr Jeckyll et Mr Hyde ou encore de l'Inquiétante Etrangeté de Freud (qui mentionne d'ailleurs ce livre dans cet essai).

Moins important que Melmoth, ce livre mérite toutefois largement que l'on s'y arrête.

A venir : un autre roman gothique, moins connu, Le Nécromancien de Peter Teuthold (cité par Jane Austen dans Northanger Abbey).
 
Agnès

13/11/2005
11:33
Monomane (suite)

Le dernier Westlake est paru !!! Toujours chez Rivages.
"Motus et bouche cousue" , dont le héros est un cambrioleur malchanceux qui n'est pas Dortmunder, appartient à la veine satirique, mais non burlesque de Westlake. A'occasion de la réélection imminente d'un Président des EU, le comité de campagne, désireux d'éviter un nouveau watergate, fait appel à un cambrioleur professionnel pour aller récupérer des documents compromettants. Lequel cambrioleur a été pour l'occasion sorti d'une prison fédérale où il risquait de croupir à la suite d'une fausse manipe. Le héros est attachant, c'est alerte et bien mené, il y a toujours des scènes très cinématographiques et des gags divers et des tas de notations très bien vues sur les gens et les moeurs. ça m'a fait la soirée. Ce n'est pas un grand cru, c'est un bon petit vin.


 
Pascale

13/11/2005
15:35
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

J'ai lu Magnus - je l'ai trouvé émouvant et prenant moi aussi (malgré un côté toujours "too much" chez Sylvie Germain ; et puis, il y a trop de personnages et ils meurent trop vite, un vrai massacre) mais émouvant quand même -
J'aime bien la façon dont elle utilise la Todesfuge de Paul Celan
 
Zx

17/11/2005
13:11
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Je poste rapidement simplement pour vous signaler que le Moine de Lewis est disponible en français en poche chez José Corti (dans une traduction ancienne je crois).
 
Nazdeb

18/11/2005
12:25
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Zx amicalement je vous maudit.
Je me suis procuré Melmoth et je bloque au début qui est d'un ennui mortel. La scène où le narrateur revoit son oncle traîne inutilement en longueur, il n'y a pas grand-chose de pertinent, rien qui suscite la curiosité, rien qui fasse surgir le questionnement. La personnalité de l'oncle est supposée être le ressort de l'intérêt de l'histoire mais sa mise en scène est terne et poussive. Au secours !
Quand est-ce que ça devient passionnant ? Quand voit-on le mal, les trucs horrifiques, le gothique quoi ?
Un roman qui avait pour admirateurs Beaudelaire et André Breton (Hugo, aussi, mais ça ne compte pas), cela aurait dû me mettre la puce à l'oreille...
Groumf !



 
Zx

18/11/2005
18:17
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.




Hum... Ne vous inquiétez pas, l'oncle n'est pas appelé à parasiter le récit très longtemps. Ce ne sera vite (très vite!!) qu'un mauvais souvenir L'oncle ne jouant aucun rôle par la suite.

Par contre le Gothique ce n'est pas le gore alors pour les trucs horrifiques... Disons que je ne sais pas ce que vous attendez d'un tel livre. C'est un habile mélange de terreur et d'horreur... oui ! Un déchaînement de violence... non !

:)
 
Pascale

18/11/2005
19:06
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Dans Melmoth, la couleur s'assombrit peu à peu : après quelques scènes un peu trop imitées de la Religieuse de Diderot, puis de Bernardin de Saint-Pierre (personnellement, je n'ai jamais lu ce noble auteur), on passe progressivement à une violence de plus en plus noire, avec une vierge persécutée qui évoque la Justine de Sade, et c'est là que ça devient gothique et que l'horreur apparaît ! Mais personnellement je préfère de beaucoup le Moine de Lewis (quelle qu'en soit la traduction) à ce roman vraiment truffé d'emprunts et de plagiats qui ne disent pas leur nom...
 
Zx

19/11/2005
08:11
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Hum... en même temps le Moine (que j'aime beaucoup également !!) est truffé de références qui passère pour du plagiat alors qu'il innove en matière d'intertextualité (l'édition anglaise à laquelle j'ai fait allusion recense ces références de façon très précise). D'ailleurs, il n'eut pas la chance d'échapper à de telles accusations.

Melmoth souffre, je crois, de son caractère tardif : venant (bien) après tous les chef-d'oeuvres du genre, il ne peux guère manquer d'y faire penser. Maintenant, nombres de topoi du Gothiques en sont absent (il n'y a guère de brigands dans Melmoth..., l'Italie y est délaissée) et d'autres ont leur apparition (l'amour joue un rôle important, par ex.).

La critique le place souvent au-dessus des romans de Lewis et de Radcliffe. Je l'estime pour ma part autant que le Moine tout en lui reconnaissant des qualités bien différentes. Après c'est une question de goût et d'attentes vis à vis de ce que doit être un roman noir.



Bon, je vais parler du Nécromancien de Peter Teuthold.
il en est fait mention par Catherine Morland dans Northanger Abbey, qui l'oppose aux livres "inintéressant" de Frances Burney (on sourit d'ailleurs en lisant ce jugement si l'on pense à l'entreprise que représente NA et au type de livre qu'écrivait Frances Burney, plus proches d'Austen que de Raddclife).

Guère d'horreur ici, quelques apparitions cependant, mais l'intérêt du roman est ailleurs. Tout d'abord, celui-ci se présente comme la traduction-adaptation d'un livre allemand de Lawrence (sic) Flammenberg. Or, dans la lignée du roman gothique (dont il est l'un des précurseurs puisqu'écrit en 1792, il précède Udolphe, Le moine, l'Italien, et, bien entendu, Melmoth) sa construction se veut fragementée mais cette fois-ci, les fragments sont autants de témoignages prétendument véraces du procès (façon de parler !) qui s'amorce. Ce procès c'est non seulement celui d'un homme, dont l'histoire se dévoile au fil des récits des différents témoins qui ont croisé son chemin, que celui du surnaturel. Car le Nécromancien est divisé en deux parties, la première construisant l'illusion du surnaturel, la seconde la déconstruisant. Pas à la mode raddclifienne, tout d'un coup ou de manière condensée, mais par étapes successives. A vrai dire, ce processus de déconstruction occuppe la place la plus important (les trois-quart du livre).

Enfin, le récit se clôt sur un ultime témoignage dont l'influence est à chercher du côté des Brignads de Schiller plus que d'Otrante, et qui présente la genèse dont est issu un "méchant" gothique, pas un être démoniaque mais un homme qui a souffert de la persécution de ses semblables, des autorités et de la difficulté d'échapper à un destin inexorable une fois la première faute commise.

Livre intéressant également en ceci qu'il ne se passe ni en Italie, ni en Espagne mais en Allemangne ce qui, contrairement au cliché habituel sur le Gothique, est assez exceptionnel (pour des auteurs protestants, ce sont principalement les pays catholiques qui étaient "sauvages" et donc, par conséquent, plus propices à accueillir leurs narrations).

230 pages, éditions Skoob Gothic (pas de traduction française)
 
Agnès

19/11/2005
11:06
A propos de Breton

Une petite phrase à propos de Breton -un type que je DETESTE!!! - et que j'extrais d'un ouvrage dont je viendrai parler quand j'aurai fait mes courses, si j'ai un peu de temps :
"Les titres de "Pleine marge" et de "Clair de terre" révèlent un de ses fonctionnements : retourner le lieu commun. Clair de lune? Clair de terre. Une marge est latérale? Pleine marge. S'il avait écrit ses mémoires, il les aurait sûrement appelés "Profil haut". Ne donnez pas son nom à une rue de Paris : il y a la rue de la Pompe. "

 
Agnès

20/11/2005
15:59
Tout le monde s'en fiche,

mais je vous dis quand même ce que c'est :

Le "Dictionnaire égoïste de la littérature française" de Charles Dantzig (paraît-il romancier, jamais entendu parler de lui au demeurant). Ouvrage infiniment partial , écrit dans un style très "français classique", sec, nerveux, polémique, plein de remarques saisissantes sur tel ou tel auteur : par exemple son Balzac n'est pas le mien, et il m'a donné envie de lire ou relire des tas de romans que je n'ai plus en tête - d'entrées loufoques du genre "Bibliothèques de maisons de campagne", "auteur d'un seul livre" ,"cocteauismes" ou "Convaincre, persuader", cité dans le fil citron... C'est très "écrit" sans pour autant être ringard, un plaisir de lecture, de découvertes (il est très féru en chroniqueurs début 20ème, tout autant, semble-t-il que de la correspondance littéraire de Grimm) et une réserve de fulminations : Marcel Aymé exécuté (il est passé à côté du suc de cet auteur certes pessimiste), Queneau ABSENT, de même que toute la mouvance oulipienne ! que paraît-il, il déteste.
Ouvrage salubre et,quoique polémique, sans morgue.

 
LN

20/11/2005
16:47
Dantzig le dynamiteur de la modernité

Malgré ces surprises crispantes au mileu de la bonne surprise qu'est apparemment ce Dictionnaire, Dantzig est, sachons-le, plutôt un bon zigue : grand Vialattophile, je crois même qu'il a dirigé la réédition complète des chroniques de la Montagne (info non garantie). Ce fut une réédition à double tranchant certes, car ces chroniques, il faut les picorer, mais enfin comme ça au moins on peut...

De même c'est un Gourmontin, aussi le style quasi-vieillot que vous repérez, ça ne m'étonne guère. Et pas non plus qu'il ne prise guère les OuLiPiens : la forme la forme la forme, oui mais les jeux formels pouacre. Ah le petit salaud, et en plus il n'aime pas Marcel Aymé ? La je pige plus. On devrait le choper et le faire parler !!

Mais c'est, répétons le, tout de même le bon zig, et un dandy moyen tout le contraire d'un poussiéreux en gabardine. Les fées du faubourg l'ont aussi gratifié d'une petite veine pamphlétaire, représentée dans la colelction des Iconoclastes (aux Belles Lettres) avec "le style cinquième". Il passe parfois chez Lapouge, suite à ce Dictionnaire, on pourrait bien l'entendre un vendredi prochain à 14h, il va falloir guetter...

Laurent
 
Agnès

20/11/2005
17:07
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Cinq clous, Laurent, pour les précisions. Quant à essayer de le "convaincre" des vertus de Marcel Aymé, surtout pas!! cf fil citron. Il ne parle même pas des "Contes du chat perché", sans doute parce qu'ils infirment sa thèse d'un auteur systématiquement noir, no future, en quelque sorte, et pour qui tout le monde est méchant. Alors que Marcel Aymé est, je pense, le romancier des fantasmes et de rêvasseries des petites gens : il y a dans "La Vouivre", par exemple, des kilomètres de rêves du fossoyeur, Requiem, avec sa bien-aimée la Robidet (une ivrognesse et une putain du plus bas étage, qui l'a plaqué), qu'il imagine, sans changer son nom! en princesse, et il se voit en prétendant commifaut, c'est magnifique de compassion et d'inventivité, et d'ailleurs, Arsène (le "héros", un paysan mélancolique et calculateur, pour ceux qui n'auraient pas lu ce beau roman rustique)ne le dément jamais quand Requiem évoque devant lui ses histoires. Quant à l'amour d'Arsène et de Belette (qui a peur de la Bête Faramine), c'est une des plus belles choses qui soient.
Lisez Marcel Aymé! La Vouivre, mais aussi "Derrière chez Martin", un recueil de nouvelles dont tous les héros s'appellent Martin, il y a "Le romancier Martin", "L'élève Martin", et dans "Rue de l'évangile", un arabe nommé Abd el Martin, ou encore un très étrange roman urbain : "Maison basse", où une maison basse pas encore démolie dérègle une rue constituée d'immeubles. C'est TRES noir. Sûr que c'est pas toujours gai, MA, mais qu'est-ce que c'est bien!

 
w

21/11/2005
10:52
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Bonne idée, d'autant plus que ça fait une éternité que je n'ai pas lu Aymé. Mais quels bons souvenirs.
Sur le PAF, on a pu copieusement entendre ou voir Dantzig. Son éditeur met le paquet.
Je l'ai trouvé très réducteur, et je trouve assommant cet aspect in/out, j'aime/j'aime pas.
Son dictionnaire est égoïste ? Qu'il se le garde à lui tout seul.

 
Nazdeb

21/11/2005
12:55
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Cette nuit sur Inter, il a expliqué qu'il avait initialement intitulé son projet de livre "dictionnaire personnel", mais un ami lui a dit à peu près la même chose : puisque c'est personnel tu n'as qu'à te le garder. Du coup il a changé de titre...



 
w

21/11/2005
15:33
Au moins il sait à quoi s'en tenir



 
Agnès

27/11/2005
08:57
Monomane, again

Quand le téléphone sonna, Parker était dans le garage, il tuait un homme.

C'est ainsi que commence le dernier Richard Stark, Fire break
RS, c'est encore Westlake. Ce qui fait que, ce mois-ci, il sort deux bouquins : un histoire d'escroc versant cocasse Motus_et_bouche_cousue et un "thriller", pour autant que c'en soit un puisque le héros est encore un malfrat, un type sans états d'âme, très doué pour les plans, comme Dortmunder, et qui tue qui le dérange -vraiment -. Au début de Jimmy_the_kid V'là_aut'chose
(cf http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=14 218&debut=0&page=1), Kelp tire le scénario du kidnapping qu'ils doivent accomplir d'un bouquin de… Richard Stark.
Brèfle. Habituellement, je lis plutôt Westlake, mais là, on me l'a offert, donc… j'y ai passé la soirée. Une histoire de vol de tableaux volés dans une villa hyper sécurisée avec chiottes en or, sur laquelle vient se greffer une résurgence du passé de Parker, une histoire de vengeance, et la métamorphose d'un petit malfrat minable mais surdoué pour l'informatique. Très rythmé, écriture sèche et virtuose, construction habile, justesse des personnages et des "types" - et pour la lectrice du W.burlesque que je suis, le sentiment de lire le versant "ombre" de mes romans favoris. Il y a eu une émission à France Inter à ce sujet - que je n'ai pas écoutée et j'en suis marrie - http://www.radiofrance.fr/chaines/france-inter01/emissions/c harivari/, je dois le tuyau à la bienveillance de Yann.
Voilà. Bon dimanche.



 
paddy

27/11/2005
21:05
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Agnès vous a recommandé Joseph Balsamo, Le Collier de la reine, Ange Pitou et La Comtesse de Charny, une belle série de romans historiques d'Alexandre Dumas sur Louis XV, Louis XVI et la révolution (de 1770 à 1794). On peut prolonger cette série par Le chevalier de Maison-Rouge qui s'attache à Marie Antoinette

Il est important de trouver des éditions complètes : j'ai déjà lu un Balsamo en 2 volumes (au lieu de 5 volumes et 164 chapitres) vraiment trop caviardé

Il y a aussi La trilogie des Valois :
La reine Margot
La dame de Monsoreau
Les Quarante-Cinq

à compléter par "Henri III et sa cour"

Vous avez tous les résumés et la plupart des textes des romans d'Alexandre Dumas sur le site
http://www.dumaspere.com/pages/biblio/index.html
http://www.dumaspere.com/pages/dictionnaire/sommaire.html


 
AArgh!!!

27/11/2005
22:55
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Pffff!!! Paddy, puériles lectures que tout cela!!!

Il doit y avoir désormais pas mal de Dumas complets en "Bouquins".
Je réitère au demeurant sur ce fil que les personnages de Dumas -pas tous, certes, mais pas mal - sont plus complexes qu'il n'y paraît. Ange Pitou soi-même en particulier - qui emprunte mine de rien pas mal de traits à Dumas (c'est un écolier buissonnier, braconnier, et le récit de son premier bal est un morceau d'anthologie) - qui mûrit au fil du récit, et dont les relations à la jolie Rose (Elle s'appelle Rose, la fille du père Billot? j'ai un doute) ne manquent ni de douleur, ni d'ambiguïté. Prévoir avant d'entamer la lecture "La comtesse de Charny", car "Ange Pitou" s'interrompt en plein milieu de l'histoire, et quand vous n'avez pas la suite sous le coude, c'est très frustrant!
Les personnages comme Joseph Balsamo sont gravés à grands traits et trop surhumains pour avoir quelqu'intérêt. Mais les plus petits ont une réelle épaisseur humaine, Pascale, je vous assure!
Il y a dans J.Balsamo tout un épisode où le jeune Gilbert - qui viole tout de même Andrée de Taverney alors en catalepsie - vit chez Rousseau et herborise avec lui. C'est épatant.
Dumas, c'est un sacré type!

 
Pascale

28/11/2005
17:35
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Agnès, à douze ans j'ai adoré la trilogie des Mousquetaires (avec un grand faible pour Athos). Ah la mort de Milady !!! Je dirais maintenant que à eux quatre (cinq en comptant le fils d'Athos), ils arrivent à faire une personne complexe ! Cela dit je suis tentée par ce que vous suggérez du viol de Andrée de Taverney en catalepsie, c'est le côté noir de Dumas, mais que je ne peux plus prendre vraiment au sérieux ... je crois aussi que Joseph Balsamo est dans la collection Bouquins
 
Laurent Nadot

28/11/2005
19:24
C'est en brettant qu'on devient Brettonwood

Concernant Dumas, rendez-vous en fil Devinette : un concours sans rien à gagner !!!
http://www.broguiere.com/culture/forum2/index.php3?lecture=6 038&debut=0&page=1

L.
 
Agnès

29/11/2005
00:03
La statue du père(comme écrivait Valles)

Bon voilà, Laurent, c'est déjà trouvé.
Des Dumas, j'en ai lu à la pelle à bien plus de douze ans. Les mémoires, par exemple, qui sont délectables et dont on peut sauter des chapitres entiers, aller, venir, sans risquer de perdre le fil qui nous promène de lui à tous les grands autres auxquels il a envie de rendre hommage Hugo, (dont il raconte l'enfance espagnole) ou Sue, ou Byron, le récit de la première d'Henri III et sa cour devant les hôtes du Duc d'Orléans, ou sa capture épique de la poudrière de Soissons pendant les journées de 48, ou le bal donné par lui avec ses amis artistes contre Louis-Philippe nouvellement couronné et où Delacroix vient le dernier décorer pour lui le dernier panneau de l'appartement loué pour l'occasion.... Il y aussi bien des passages que j'ai sautés, mais on y découvre Casimir Delavigne, Mlle Georges ou Mlle Mars, c'est le XIXème en direct. Mais aussi "Ingénue", dont j'ai parlé plus haut, ou un diptyque : "Le trou de l'enfer" et "Dieu dispose", sacré histoire de société secrète d'étudiants à Heidelberg, d'amour, de viol encore, au chevet d'un enfant malade du croup, puis de rédemption par le chant, ou encore "Conscience l'innocent" pendant l'épopée napoléonienne pas si épique que ça, ou les nouvelles : il y en a une, "une âme à naître" qui est drôle!!! C'est pas du Proust, certes, mais c'est bien loin de mériter le mépris dans lequel il a été si longtemps tenu par les "intellectuels"(???). Moi, en tout cas,, je m'y délecte par accès -il y a des fois où ça cohabite mal, Dumas, quand on lit des auteurs très écrits, genre Flaubert- j'adore son sens du récit, et son écriture si allègre et si aisément identifiable quoiqu'en disent les mépriseurs qui croient que nègre signifie non-relecture et absence de style. Et encore le dictionnnaire de cuisine, où l'on déguste recettes et anecdotes...
Et, encore dans les Mémoires, la rencontre avec Nodier au théâtre de la Porte Saint Martin!!!! ou la première lecture de La reine Christine par le baron Taylor...
J'en ai raconté aussi : ses braconnages et ses démêlés avec l'école, trois séances au lieu d'une prévue initialement à des cinquièmes on ne peut plus urbains voire banlieusards, suspendus à la technique de la marette et de la pipée, un vrai bonheur.

 
Elie Cannettas

15/12/2005
01:29
C'est en crossant qu'on devient Krauss et rond

Karl Krauss qu'on entend en ce moment même grâce à Christine Goémé et aux Nuits, est disponible chez rivages :
- Cette grande époque
- La littérature démolie

Et chez ex-champ libre ça doit être Ivrea now ?
- Pro domo et Mundo
- La nuit venue
- Dits et contre-dits

Et puis chez Agone : La troisième nuit de Walpurgis.
 
shhh

15/12/2005
03:13
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Chez mille et une nuits
-aphorismes
 
w

15/12/2005
10:10
Westlake sur FC

Avec des infos fournies par Laurent, merci à lui, et à la demande d'Agnès, je me fais un plaisir de transmettre un sujet qui marie bien FC et le fil liseron :

SAMEDI 31 DECEMBRE 2005
21h00 – 22h00 MAUVAIS GENRES
par François Angelier
réalisation : Brigitte Mazire
Spécial polar
AVEC l’écrivain américain Donald Westlake (1ère partie)

 
Zx

15/12/2005
15:46
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

De Karl Kraus également :

Les derniers jours de l'humanité (version scénique 250 p.) chez Agone (préface de J.Bouveresse).



 
LRDB

16/12/2005
02:41
un vialattophile en danger..

Il y a un mois et une bonne douzaine de contribs dans ce même fil (donc pas loin vers le haut), le brave Charles Dantzig a été joyeusement torpilled par Nazdeb et Wandalouzia. Si vous avez assez de courage samedi matin, sachez que le Dantzig passe chez Finkie :

- Répliques : L'amour de la littérature
Ake Claude Habib, écrivain et enseignante, spécialisée dans la littérature du XVIII ème siècle.
&
Charles Dantzig,essayiste, poète et romancier.

Préparez vos flèches au curare, et je sens que ça va sarbacaner sérieux samedi midi...
 
w

16/12/2005
10:26
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Au lieu de «l'amour de la littérature», ne sera-ce pas plutôt «onanisme littéraire» ?



 
pascale

16/12/2005
17:55
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Dantzig, j'y suis : le Dictionnaire égoïste dont Agnès nous a parlé ! Il y avait aussi un article du Monde dans le style : "décidément je ne sais pas si j'aime ce bouquin ou pas il y a des choses que j'apprécie et puis il y en a d'autres que je n'apprécie pas, bref à vous de voir vous-mêmes chers lecteurs...
Alors demain : ?(malheureusement il n'y a pas de flèches au curare dans les smileys)
 
CA

16/12/2005
18:56
Premiere impression : pénible...

Charles Dantzig était passé (comme dit Tewfikakem "merci-d'être-passé", comme si c'était chez lui, mais je m'égare), donc, Charles Dantzigue était passé disais-je, chez Voinchmane, fin août. Il avait été insupportable : une logorrhée que même les interruptions de Voinchet ne pouvaient arrêter. Saoûlant. Ce fut pénible. Ce type est constamment survolté, comme en représentation.

Vous pouvez récupérer l'émission là où vous savez, c'est celle du 29 août.

les références sur le site de FC
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/ toutarrive/fiche.php?diffusion_id=34053.

Je n'ai fait que feuilleter distraitement le bouquin en librairie. Je me fie à la bonne opinion d'Agnès, tout en restant sceptique sur l'intérêt du genre. Lorsque l'auteur n'a pas la moindre notoriété, n'est pas connu ou reconnu pour sa propre œuvre, ses philies et ses phobies littéraires ont-elles un intérêt ? Bon, d'accord, on le connaît comme gourmontophile, ou vialattophile, mézenfin, ça n'a jamais fait un génie littéraire de savoir choisir les bons auteurs.

Je crois que la presse s'est extasiée sur sa vaste culture, parce que les gros lecteurs ne courent plus les rues et que les plumitifs de nos journaux qui doivent arriver à lire un livre tous les six ans, au prix de mille souffrances, sont épatés par les boulimiques de littérature. Il vient assurément d'une autre planète et on peut difficilement contester qu'il a beaucoup lu. Est-ce une raison pour être aussi cuistre ? On verra demain si Finkie et l'universitaire arrivent à le calmer.

Sur DDFC, on a le fil liseron, sans la pose de Dantzig.

CA

http://www.remydegourmont.org/sur_rg/rub2/dantzig/notice.htm

Les Chroniques de la montagne ont été rééditées, chez Bouquins, par Pierre Vialatte, fils d'Alexandre, avec une préface de Dantzig.
 
Agnès

17/12/2005
06:35
DDFC on friday

C'est toujours pareil, sur ce forum : tournez les talons une minute, et vous retrouvez une avalanche de contribes (ou alors, parfois, le calme plat / grand mirioir / de mon désespoir...) Hier, une attaque de la Sainte troisyx, une polémique sur Dantzig, menacé d'être expédié au fin fond de la Poméranie sur les bords de la Baltique, un retour en force des Monthy Python... et les dernières inepties de la dame qui a beaucoup de livres, "des livres qu[elle] n'ouvre jamais, d'ailleurs".
Mon rythme de lecture s'est considérablement ralenti ces derniers temps - en fait, je suis toujours dans le "Roman de Catulle" d'Olivier Sers, dont j'ai d'ailleurs découvert qu'il avait dédié sa traduction des "Satires" de Juvénal à Pierre Feuga, le génial traducteur du même Catulle dans le petit volume Orphée des éditions de la Différence http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?debut=0&am p;page=1, communauté de passionnés...
Je bornerai donc ma contribe d'aujourd'hui à ce salut .
Bon samedi à tous et à notre hôte abandonné



 
Agnès

29/12/2005
21:49
Avisse à la population

"A partir du 7 janvier, une nouvelle émission à découvrir sur l'antenne de France Culture.


JEUX D’EPREUVES,
le samedi de 17h à 17h55
par Joseph Macé-Scaron

Ce nouveau rendez-vous littéraire se veut le lieu d'une critique vivante et buissonnière. Un seul a priori : avoir à l’esprit que livre et libre doivent garder la même origine. Un seul souci : être l’interprète de la curiosité publique. Chaque émission est conçue comme un jeu d’épreuves avec pour seule invitée la littérature. Celle-ci sera traitée dans tous ses éclats à travers une table ronde de critiques qui ont pour seul point commun de marier le désir et la réflexion, le plaisir et la connaissance et de célébrer une littérature riche, festive et ludique, qui échappe au ghetto dans lequel certains voudraient la reléguer.

Avec notamment, Angelo Rinaldi, Cécile Guilbert, François Bazin, François Busnel, Alexis Lacroix, Clara Dupont-Monod, Jean-François Colossimo…"


Eh bien moi, ce qui me réjouit, c'est de rencontrer SUR DDFC les autres lecteurs et leurs lectures. Partage, découvertes, complicité et clins d'oeil, au fil des fils - y a qu'à voir comment le fil Devinette sur le forum bleu prospère - c'est un plaisir quasi quotidien, sans esbrouffe ni baratin. Merci donc, vous autres!






 
w

30/12/2005
10:20
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Ah, voilà qui m'éclaire un peu sur la question que je viens de me poser sur le fil de la grille de janvier.
«une littérature riche, festive et ludique», puissent-ils dire vrai ! Je suis nettement moins emballée par l'utilisation de «célébrer». brrr... encore une secte autocongratulante ?
 
CA

31/12/2005
15:53
Les miscellanées indispensables

Une excellente idée pour vos étrennes de livres (ah, la jolie coutume, vivent les étrennes de livres du 1er janvier) : les Miscellanées de Mr Schott, publiées chez Allia, que je viens de recevoir dans un fort joli emballage. L'objet est déjà agréable à l'œil : joli livre, cousu et non collé sur tranche, dans un joli papier ivoire, belle mise en page et belle typographie. Mais le contenu est tout à fait réjouissant. C'est le genre de livre que ne renierait pas mon adoré Vialatte : un vademecum, un almanach, une anthologie de l'honnête homme et de l'honnête femme, qui récapitule tout ce qu'icelui ou icelle doit savoir à tout moment.

Ces miscellanées sont une sorte de carnet de bord éclectique, rassemblant divers savoirs, totalement hétéroclites et parfaitement utiles ou inutiles, on en jugera : cela va de la connaissance des "longueurs de lacets", à la nomenclature des phobies (savoir nommer la peur des foules, la peur des légumes ou la peur des espaces vides, sans oublier la peur d'avoir peur ou Phobophobie), en passant par des recettes et des savoirs pratiques ("savoir draper un sari", "les tables de vêtements : conversions", le "Guidage de s avions sur les pistes", "calcul des tailles de soutien-gorge" , le "menu du dîner à bord du Titanic", 1020 kg de petits pois frais furent embarqués à bord du Titanic ), ou des savoirs plus classiques et attendus (les douze travaux d'Hercule, les 4 chevaliers de l'Apocalypse, les 10 commandements, les 15 batailles décisives, les 10 plaies d'Égypte, les 9 muses) ., mais aussi des savoirs linguistiques ("le jargon des coquillards, l'argot belge, le code irlandais du duel, le jargon de bistrot), sans oublier les savoirs scientifiques (classification de la taille des icebergs, nombres premiers, les gaz nobles) ainsi que les savoirs historiques ("mort insolite de quelques rois birmans") . Et des tableaux qui personnellement me ravissent, comme celui des James Bond 007 : Les films, classé par : Titre du film/ 007 / Méchant/ James Bond Girl / Voiture /
ou encore le tableau des Popstars prématurément décédées.

Bien sûr, l'auteur étant anglais, la part belle est faite aux questions proprement britiches : les fournisseurs de la Sa Majesté Élisabeth II (confiseurs, chocolats, boucherie, peinture des carrosses), les toasts de officiers dans la Royal Navy, les jours où hisser l'Union Jack, les insultes shakespeariennes, où traverser la Tamise, les régates à l'aviron Oxford-Cambridge, etc.), mais l'ouvrage peut concerner tout citoyen européen curieux.

Tout cela est parfaitement pêle-mêle et c'est ce qui fait le charme de ce recueil hautement recommandable.

CA
 
CA

31/12/2005
16:12
Le 31 décembre ne passera pas l'hiver

Pour finir ou pour commencer l'année en beauté, l'Almanach des quatre saisons d'Alexandre le Grand Vialatte est toujours de saison.

Justement, dans le "Petit dictionnaire de la beauté" qui clot ce livre indispensable je lis ceci :

"VIDE (Sentiment de). Il tire les traits. Le conjurer immédiatement. Commander quelques camemberts, d'excellentes bouteilles de bourgogne ; rôtir un mammifère, le flanquer de pintadeaux, gibier de saison, menues volailles. Faire précéder d'un buisson d'écrevisses ou d'une bisque de décapodes et alerter quelques amis. Attaquer le tout en chantant la Madelon dans un mouvement aussi vif que possible, en rythmant l'air sur les assiettes à soupe avec les cuillères à dessert, puis sur les assiettes à dessert avec la louche et les cuillères à soupe. Petit à petit le vide s'amenuise, les traits se détendent, l'âme s'équilibre, on se sent moins seul". .

Spécialement dédié aux membres du très sélect Club des abolitionnistes du Réveillon du 31 décembre.

Bon bout d'an, comme dit la Wandalouze, et meilleure année 2006 à tous les dédéfféciens.

Christine

 
Yann

31/12/2005
16:59
Bonne année à tous

Je me joins aussi au bon bout de 360° autour du Soleil à tous les didièfecistes. Ca paraît difficile de faire autrement après un telle mise en appétit livresque! (et c'est pas parce que l'auteur est un brit que je dis ça, non voyons).
Bon passage d'an, aux réveillonnistes et aux sécessionnistes!

Yann

 
Agnès

31/12/2005
18:09
A l'an que ven ,se siam pas mai, seguem pas mens

Les miscellanées sont dans mon sac depuis déjà un ou deux mois, et je garantis l'authenticité des propos de Christine, en ajoutant que c'est le bouquin idéal à sortir pour tuer le temps, quand on attend chez le dentiste, à la banque ou ailleurs. On est instantanément dépaysé, absorbé, aspiré.

Et n'oubliez pas, dans trois heures, Westlake épisode 1 à Mauvais genres!

A vous tous chers amis de DDFC, seuls ou accompagnés, bonne nouvelle année
A.
 
Zx

01/01/2006
01:30
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Je crois que je vais me procurer le livre de Mr Schott qui a d'ailleurs été chroniqué sur RFI par Yvan Amar qui avait, à cette occasion, invité la traductrice du livre :)

Et bien sûr bonne année à tous et à toutes (et bonne santé !!!)
 
Agnès

01/01/2006
17:18
Un p'tit coup de grand Nord

La notice d'aujourd'hui s'adresse aux amateurs (-trices?) de romanesque. Débridé. Échevelé. Comme l'héroïne des sept volumes que j'ai avalés il y a déjà deux mois, et dont je n'avais pas pris le temps de faire le compte-rendu. Sept sur huit, mais le tome I du second volet manquait dans les librairies comme chez l'amie qui m'avait prêté les 1ers tomes, alors j'ai vaguement fait le lien entre la quatrième de couverture et un résumé pris sur Internet, et je suis passée au tome 2, c'est-à-dire au 5ème de la série, sans pouvoir attendre.
Il s'agit d'une saga, c'est le moment d'employer le terme, puisque l'auteur est norvégienne : Herbjørg Wassmo, Le livre de Dina , 3 volumes – Les limons vides / Les vivants aussi/ Mon bien-aimé est à moi. Puis Fils de la Providence (2 tomes dont je n'ai pas lu le premier), le récit se déplace vers le fils de Dina, Benjamin, qui va faire ses études de médecine à Copenhague. Enfin, L'héritage de Karna (3 volumes à nouveau, et cette fois, c'est la petite fille de Dina, Karna, qui est au centre des histoires : Mon péché n'appartient qu'à moi / Le pire des silences / Des femmes si belles. Trois générations, donc, d'une famille pour le moins étrange et chaotique.
Reprenons les choses dans l'ordre. À l'exception du volume consacré à la vie de Benjamin à Copenhague, l'action se situe essentiellement à l'extrême nord de la Norvège, dans la propriété d'une étrange famille de marins-agriculteurs, où c'est en quelque sorte la maison qui assure les liens de famille plus que les liens stricts d'ascendance ou de descendance - et se déploie des années 1850 au début du XXème siècle. L'héroïne du premier volet est Dina : le récit, extrêmement lyrique est fait à travers on regard de petite fille puis de jeune femme sauvage, livrée à elle-même après qu'elle a été la responsable involontaire de la mort de sa mère, Hjertrud, ébouillantée par une lessiveuse renversée. L'enfant grandit entre un père coléreux et fruste quoique notable local, et un précepteur silencieux, qui la rend à un sens en lui enseignant la musique. Elle devient une sorte de bohémienne virtuose du violoncelle, qui parcourt la campagne au galop de son cheval Lucifer, et accepte de venir jouer pour les hôtes de son père. C'est ainsi qu'elle ensorcelle et enflamme Jacob Grønlev, un ami de son père, homme mûr qui l'épouse et l'emmène avec lui à Reinsnes : Dina rejoint ainsi son domaine.
Le premier volet du triptyque raconte donc Dina, de l'enfant à la femme, à travers le pouvoir que confèrent la musique, le désir, la violence et le meurtre, ainsi qu'un sens aigu du calcul et des affaires. La présence constante autour d'elle de ses fantômes. Son apprentissage de la douceur aussi et de la culture par l'intermédiaire de Mère Karen, l'aïeule, belle-mère de Jacob, qui a parcouru le monde et rempli Reinsnes de livres. Et puis les hommes, attachés au domaine ou aventuriers de passage sur lesquels elle exerce sa puissance. Au prix, parfois, d'une certaine désinvolture de la romancière, qui fait bon marché de la figure masculine la plus dessinée de son histoire. Si le roman s'arrêtait au volume 3, le lecteur resterait sur sa faim. Le tout dans un décor de nature austère, paysages désolés, landes en bord de mer, avec omniprésence de la parole biblique, entre foi et blasphème, sur fond de Cantique des cantiques et de guerre de Crimée.
Du second volet, je n'ai donc lu que la seconde partie, où Copenhague est le lieu de l'apprentissage de Benjamin, fils d'une Dina depuis disparue, jeune homme habité par la violence de sa mère et taraudé par un secret insupportable. Sorte de Peer Gynt romanesque, il se cherche, entre son amitié pour Aksel et l'amour qu'il porte à la fiancée de celui-ci, Anna, et son désir pour Karna, la fille de salle. Cette fois, le fond historique est celui de la chute de Napoléon III, associée à des imbroglios politiques entre Norvège, Danemark et Russie. À la fin du volume, Benjamin, qui a retrouvé Dina, rejoint Reinsnes avec elle et sa fille bâtarde et orpheline, Karna. (la fille de B.)
Ce volume, beaucoup moins lyrique, plus philosophique, évoque l'univers de Munch, de son portrait de Peer Gynt aux sombres couleurs de ses toiles expressionnistes.
Quant à la troisième partie de la saga, il lui échoit de résoudre tout ce qui s'est noué auparavant. L'action est narrée à travers le regard de Karna, la fillette épileptique, si proche de sa grand-mère, dans un monde où l'univers autarcique et familial de Reinsnes s'effondre, au profit d'un nouveau monde citadin, fondé sur les affaires et la spéculation.
En filigrane des trois séries, le chagrin, et le silence qu'il engendre et accumule au fil des générations. Il y a bien çà et là quelques fils qui pendent de la trame du roman sans être récupérés, une tendance indéniable à l'idéologie féministe, et un certain optimisme protestant. Mais Wassmo est une sacrée conteuse, les personnages sont justes et j'ai été embarquée sans pouvoir résister. Encore un histoire du grand Nord, décidément !

(NB: à 7,50 euros environ le volume en 10 /18, ça fait un peu cher de la saga, ils charrient chez 10/18!)


 
w

09/01/2006
10:46
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

By the way, j'ai oublié une direction là :
http://www.benschott.com/
Et c'est comme ça que j'apprends que ses miscellanées sont une trilogie ! Miam !
Regardez ce qui ne saurait tarder à être traduit, si vous n'avez point de librairie britiche (sinon, y a amazon) :

Schott's Food & Drink Miscellany
Schott's Sporting, Gaming, & Idling Miscellany

J'en bave d'avance.

Jetez un coup d'oeil à ses photos au passage.
J'y ai même trouvé un certain Svendsen qui fait du yoga, et si c'est pas la méthode Yengar (prononcer aïengar), ça y ressemble fichtrement.

 
w

09/01/2006
10:49
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Té ! j'étais passée à côté de cette culterie autour du même :

http://www.miscellanies.info/
 
w

19/01/2006
11:02
J Roubaud : des vers à lui

Des vers à soie qui ont fait couler beaucoup d'encre :

Les vers à soie murmurent dans le mûrier
ils ne mangent pas ces mûres blanches et molles
pleines d'un sucre qui ne fait pas d'alcool
les vers à soie qui sont patients et douillets

mastiquent les feuilles avec un bruit mouillé
ça les endort mais autour de leurs épaules
ils tissent un cocon rond aux deux pôles
à fil de bave, puis dorment rassurés

En le dévidant on tire un fil de soie
dont on fait pour une belle dame une robe
belle également qu'elle porte avec allure

Quand la dame meurt on enterre la soie
avec elle et on plante, sur sa tombe en octobre,
un mûrier où sans fin les vers à soie murmurent.

Jacques Roubaud - Les animaux de tout le monde (Seghers)

L'encre et le reste qui suivit :
http://blackbanzai.free.fr/zazievers.htm

 
Agnès

24/01/2006
13:03
Zutre

Y avait Jonathan Coe, ce matin chez le Nic que je n'écoutais pas!! Entendu des bribes dans la voiture, avec un interprète qui emploie le verbe "impacter"!!!!!????????

 
w

24/01/2006
16:45
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

J'ai imaginé Coe soupirant intérieurement après les interventions :
- de Slama sur une totalement improbable analyse de l'évolution du roman dans le monde (qu'est-ce qu'ils mettent dans son café ?)
- du Dem' sur l'interprétation déplacée du «tant qu'on aura un crayon et du papier»

A côté de la plaque, les boys, que Coe a nicely remis sur les rails.

Un peu plus tard, Slama a eu une lueur de lucidité sur l'évolution de la critique littéraire, qui a perdu toute crédibilité parce qu'elle est faite par des salonnards qui ne font que se renvoyer des ascenceurs* (ceux-là pas limités à 800 kg : ils en font des tonnes). Coe a acquiescé et noirci le tableau en précisant que si, c'est devenu tout pareil chez les Brits.

C'est le passage que j'ai pu écouter.

(*) «renvoyer l'ascenceur» : Slama s'est posé la question de la traduction de l'expression, mais je n'ai pas pu l'entendre, because le Dem' a coupé (chop, chop, chop) en soulignant (en beuglant) que pour le traducteur maison rien n'était impossible.
A part impacter, sans doute.

 
Nazdeb

26/01/2006
10:51
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Super jeu ! Le Ravel d'Echenoz a l'air très bien mais combien de fois en avez-vous entendu parler sur FC en dix jours ? Moi, trois : Tout arrive, Jeu d'épreuves, les Mardis littéraires. Ajoutez le titre à la une sur le site de la Fnac et ça commence à faire beaucoup...



 
w

26/01/2006
11:15
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

LRDE (nan, pas Queenie : le Ravel d'Echenoz) est tellement bien promu en rayon partout que je ne puis dire combien de fois j'en ai entendu causer sur FC, paske comme on dit, la couverture médiatique est en l'occurrence une super couette.

Bah, on va pas trop se plaindre. Ici, la répétition est moins irritante qu'à l'endroit de l'Angoissée du Bocal (pour les non initiés, comme de nouveaux bienvenus circulent : Angot). Alias Bicalita.

Wandalita


 
w

26/01/2006
15:46
c'est en relisant qu'on devient...

j)ai brailent des ptovlèmes dz xlavier aijurd'hui !
Alias Bocalita.

Parce qu'au rayon calité, même mono, je vois pas ce qu'elle a en stock.
 
Agnès

26/01/2006
22:22
Une tite synthèse, pour la route

Si on laisse traîner, les bouquins suggérés par les uns ou les autres s'accumulent, quelle avalanche! Et encore, je n'ai pas intégré à la liste certains ouvrages alléchants des différents fils "devinette" du forum bleu.
Pas sûr que j'aie tout mis, ni tout bien mis, mais à la guerre comme à la guerre!

• Parodic fantasy
"Chronicles of the enchanted forest" de Patricia C.Wrede (Zx)
- Cendorine et le dragon
- Cendorine et le roi de la forêt enchantée
• Romans noirs
- Les Elixirs du diable" d'Hoffmann , Phébus (coll. "Libretto") Zx
- Le Moine de Lewis est disponible en français en poche chez José Corti (dans une traduction ancienne).
- Le Nécromancien de Peter Teuthold. Zx
(Il en est fait mention par Catherine Morland dans Northanger Abbey, éditions Skoob Gothic, pas de traduction française) Zx

• Dictionnaires et autres bric à brac
- Le Dictionnaire égoïste de la littérature française de Charles Dantzig (A)
- Les Miscellanées de Mr Schott, publiées chez Allia, (CA)
- Chroniques de la montagne rééditées, chez Bouquins, par Pierre Vialatte, fils d'Alexandre, avec une préface de Dantzig. (CA)
- L'Almanach des quatre saisons, d'Alexandre le Grand Vialatte. (CA)

• Westlake (A)
- Motus et bouche cousue, Rivages.
- Richard Stark, Fire break

• Romans
- Marc Behm : Mortelle randonnée (W)
- Marcel Aymé : La Vouivre / Derrière chez Martin (nouvelles) / Maison basse (A)
- Herbjørg Wassmo, Le livre de Dina , 3 volumes – Les limons vides / Les vivants aussi/ Mon bien-aimé est à moi. Puis Fils de la Providence (2 tomes dont je n'ai pas lu le premier). Enfin, L'héritage de Karna (3 volumes à nouveau, Mon péché n'appartient qu'à moi / Le pire des silences / Des femmes si belles.)(A)

• Romans historiques :
- Joseph Balsamo / Le Collier de la reine / Ange Pitou et La Comtesse de Charny : une belle série de romans historiques d'Alexandre Dumas sur Louis XV, Louis XVI et la Révolution (de 1770 à 1794).(Paddy, A) On peut prolonger cette série par
- Le chevalier de Maison-Rouge qui s'attache à Marie Antoinette (Pady)
- La trilogie des Valois : La reine Margot / La dame de Monsoreau / Les Quarante-Cinq, (P)
à compléter par :
- Henri III et sa cour (P)
- Ingénue (A)
- Les mémoires (pas un roman historique, mais aussi passionnant)(A)

• Satire (?), essais, théâtre
Karl Krauss chez Rivages : (LN, Zx, Shhh...)
- Cette grande époque
- La littérature démolie
Et chez Ivrea
- Pro domo et Mundo
- La nuit venue
- Dits et contre-dits
- La troisième nuit de Walpurgis (Agone)
- Aphorismes :Les derniers jours de l'humanité, Agone (préface de J.Bouveresse).





 
shhh

26/01/2006
22:49
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Il y a aussi ce livre (dans les essais peut-être ?)
"l'humeur
l'honneur
l'horreur "
de Simon Leys
aux editions Robet Laffond
( textes sur la Chine, sur Segalen, sur les voyages sur d'autres choses encore )


 
Zx

26/01/2006
23:47
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Merci pour cette liste !!

Je me permets de rajouter Melmoth de Maturin et, puisqu'il y a une case "dictionnaires", Le fameux Dictionnaire du diable d'Ambrose Bierce.
 
w

27/01/2006
09:52
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Rooooooh, c'est tout bien rangé !

 
Clopine

27/01/2006
10:41
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Grâce à ce forum, je viens de commander 1 livre de Mishima, et les Miscellanées -merci, donc ! Mais je suis un peu déçue qu'Agnès n'ait pas inclu à sa liste les "Souvenires entomologiques" de Jean-Henri Fabre que, petite soit mais présente, j'ai cités et persiste à recommander

Clopine
 
Agnès

27/01/2006
16:20
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Scusez-moi les amis, je vais vérifier de ce pas et je vous mettrai les liens, mais cette synthèse est la 4ème ou la 5ème, et tant Melmoth que Fabre et Bierce y figurent.

 
A.

27/01/2006
16:34
Relisez un coup les fils...

C'est bien la 5ème, avec pour la troisième une version revue par PG.
Melmoth comme Fabre figurent dans la 4ème... Bierce dans la 1ère.
http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=14 004&debut=0&page=1
http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=14 941&debut=0&page=1
http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=16 970&debut=0&page=1
http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=16 993&debut=0&page=1
http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=20 825&debut=0&page=1




 
Zx

27/01/2006
20:58
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Oups pardon. C'était juste histoire de compléter certains des thèmes illustrés ("romans noirs" et "dictionnaires").



En tout cas encore merci (pour les liens également) !!
 
pascale

29/01/2006
08:52
Belle du Seigneur

Agnès : depuis les résultats de la dernière devinette, j'ai relu de grands morceaux de Belle du Seigneur !Alors, une nymphe, Ariane ? Oui, un moment, mais pour devenir au fil des chapitres suivants de plus en plus idiote, défaite et pitoyable, alors que Lui, bien évidemment, rien ne peut altérer sa ténébreuse et fatale beauté de "sombre diamant" (Cohen dixit)!Et puis j'ai du mal aussi avec ce raisonnement bizarre selon lequel les femmes s'aviliraient en aimant les hommes...Bien sûr ça n'empêche pas qu'il y ait des passages superbes et j'aime beaucoup aussi ceux que vous avez cités - au total, un livre que j'aime détester !
 
Agnès

29/01/2006
15:57
Cohen et autres pavés

Quand j'aurai le temps, je consacrerai quelques contribes à mes pavés favoris. ça fait longtemps que je me dis qu'il faut que je prévoie cette rubrique. J' y mettrai Belle du seigneur : j'adore ce livre, parce qu'il déborde de toutes parts. Il va de soi qu'Ariane, qui est radicalement "l'autre", ne rayonne pas d'intelligence. Elle est même complètement idiote, dès le début, avec ses petites mignardises sur les animaux et les chéris et que sais-je encore. Mais que je sache, les idiotes courent les rues, on n'est pas obligées de s'identifier à Ariane, pas plus qu'à Solal, qui fait preuve d'une singulière incapacité à orienter autrement leur histoire perverse et pourrie. Qui l'oblige à venir remplir son devoir quand elle le convoque à coups de Voi che sapete? Mais idiote et salaud , c'est quand même une extraordinaire "histoire" d'amour, le blanc laissé par Tolstoï au sujet des amours d'Anna et de Vronski : c'est une sorte de "roman expérimental" : "que se passe-t-il entre deux amants grandioses DE ROMAN quand ils s'excluent du monde"- et il déploie. Mais réduire le roman à Ariane et Solal, c'est en ignorer tous les autres personnages, la bonne Mariette et ses torrentiels monologues intérieurs sur la nécessité de la tendresse dans le couple, ou les gesticulations piteuses d'Adrien Deume et de son inénarrable mère... la mère Deume et ses s'il te polaît et cette démentielle soirée offerte au SSG qui ne vient pas!!! je jubile en lisant ça, mais aussi la fraternisation du petit père Deume avec qui? Saltiel? ou Mangeclous? et toute l'histoire intime de chacun que font affleurer tous les monologues intérieurs, et qui donnent épaisseur et profondeur aux personnages même à Didi le pauvre tellement maltraité. La 1ère fois, j'en ai sauté des centaines de pages (en particulier l'insupportable démonstration que Solal lui fait des règles de la séduction en ...7 points? et plus de cent pages, parce que j'étais tellement dans l'illusion romanesque que je voulais savoir si elle allait vraiment lui tomber dans les bras "les yeux frits", et je l'ai lu et relu depuis toujours pour y trouver de nouvelles surprises et des perplexités irrésolues. Je ne crois pas que l'on puisse prendre les déclarations de Solal au pied de la lettre, grands dieux! et la polyphonie romanesque est là pour détourner de cette lecture.
Question : la passion amoureuse rend-elle intelligent(e)? et d'ailleurs, est-ce bien la question? Les pages sur Ariane en sa robe voilière marchant glorieusement vers la gare pour aller y chercher son "aimé", c'est peut-être ridicule, mais c'est somptueux! et celle sur le cimetière des anciens amants ? Quand même! Il y a plus de plaisir dans cette littérature généreuse et partiale que dans les crottes de bique constipée de la mère Duraille!!!
Bon, je crois que j'ai parlé de Belle du Seigneur...


 
AArgh!!!

29/01/2006
15:59
Erratum iconographique

"Salaud" : c'était le
 
Agnès

29/01/2006
16:17
Dalva

L'un des invités du petit club de Ph.Meyer - que je mets peu avant le Prof Rollin, un peu faible, je trouve, en ce moment - a conseillé dans ses brèves Dalva , de Jim Harrison. Autre pavé, déjà mentionné. Je souscris à sa recommandation. Au passage, voilà un bouquin qui ne fait pas partie des "sorties de la rentrée"!

 
pascale

29/01/2006
17:14
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Quel plaisir de lire cette contribe !même si je continue à être agacée par le Mâle en majesté !

 
pascale

29/01/2006
18:40
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Et puis, je ne suis pas non plus d'accord avec la définition de la "crotte de bique constipée" de Madame Duraille. Constipée, non. D'après moi, ce serait plutôt le contraire...
 
Agnès

29/01/2006
21:59
De Duras et de son transit intestin

Si, si, crottes de bique pour ce qui est de la syntaxe. ces petites phrases en morceaux avec trois mots dasn chaque, et quels mots! les plus plats de la langue!
Après, pour ce qui concerne ses déballages...


 
pascale

30/01/2006
08:44
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

C'est un peu les deux, disons. Un cas très rare heureusement...
 
w

30/01/2006
09:13
parantèse coprographe

Je peux soumettre le lapin, dans ce cas.
Mon fils en a un, un charmant angora qui vit et sévit dans la cuisine. L'a beau être nain, j'vous jure qu'il défèque d'abondance !
Heureusement que dans son infinie euh... léporiditude, il a défini sa zone de cage (ouverte le jour) à cet effet.

Je peux confesser que lors de la sortie de son «Goncourt», que j'avais acheté, j'avais écouté le chant des sirènes médiatiques. Curieusement, je n'ai néanmoins jamais lu d'autre Duraille.
Pas comme Jim Harrison

 
...

30/01/2006
12:44
la magistrale biographie de Laure Adler

...la magistrale biographie de Laure Adler...

http://www.letemps.ch/livres/Critique.asp?Objet=4031
 
CA

30/01/2006
13:29
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Non, mais je rêve...
CA
 
w

30/01/2006
13:50
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Je sens venir à plein pif les relents commémoriaux de la décennie post Duraille en mars prochain.
Ça va faire mal.
 
Clopine

30/01/2006
14:03
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

ben moi, je l'aime la Vie du Rail, d'abord. Et j'adore la soupe aux poireaux pommes de terre ! Et puis, dans la biographie que l'honnie Ginette a écrite, la photo sur la couverture me plaît bien, na. C'est même pour ça que j'ai acheté le livre. L'élégance très particulière de la Marguerite (elle a dû se lever cinq minutes avant la prise, et je ne sais pas trop dans quel état elle était la veille....) me renvoyant direct à ma propre garde-robe, j'avais eu l'oeil tiré.

Et puis zut Marguerite Duras était habitée, bouffée, transie de littérature !

Moderato Cantabile, par exemple, entêtant comme une fausse note répétée cent fois...

Bon je m'emballe mais vous aurez compris que je n'arrive pas à mépriser, là


Clopine
 
pascale

30/01/2006
20:05
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Clopine, d'accord pour le Barrage, pour Moderato Cantabile et pour le début du Marin de Gibraltar.
Pour moi, c'est après que ça se gâte sérieux...
Marguerite, noyée dans des flots de bibines diverses, se transforme peu à peu et de plus en plus en Pythie bon marché, vaticinante et se délectant de ses N'importe quoi "sublimes" dont elle est, invariablement, très très fière, et c'est bien dommage pour elle et pour la littérature ; enfin c'est comme ça que je le sens.
 
Agnès

01/02/2006
12:26
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Je copie-cole ici l'info épatante déposée par le Sire Nadot sur le fil devinette VII
CARNET NOMADE : Belle du seigneur par Colette Fellous. Réalisation : Vincent Decque

Régulièrement, le carnet nomade ouvrira une oeuvre littéraire qui fait figure de mythe dans la littérature. Après "L'étranger" de Camus, "La Nausée" de Sartre, "Don Quichotte de Cervantès, c'est cette fois le chef-d'oeuvre d'Albert Cohen, "Belle du Seigneur" qui sera offert en partage dans ce carnet nomade, et commenté par des lecteurs de toutes générations et de toutes sortes, metteurs en scène, amis, chercheurs, admirateurs, amoureux, tous viendront raconter leur lecture personnelle de ce livre qui raconte la "passion amoureuse" avec tant de ferveur, d'humour et d'intelligence. Ariane et Solal, comme la figure de l'amour, du destin, de l'absolu. Un livre qui reste si moderne, si vif, si éblouissant, et surtout qui donne l'élan de vivre.

Invité(s) Paula Jacques (écrivain), Hubert Nyssen (écrivain), Clotilde Mollet, Jean-Louis Hourdin, Myriam Champigny, Corinne Gisse


 
Agnès

06/02/2006
12:40
Après Delteil, un autre inventif

Y a-t-il parmi vous des lecteurs de Calvino ? Pour ma part, il y bien des choses que j'aime chez lui, mais j'ai une prédilection particulière pour Le Baron perché , et pour Le vicomte pourfendu , dans la série [(i[Nos ancêtres]i)]_ , qui comporte aussi le_chevalier_inexistant , pour lequel ma sympathie est moindre.
Commençons par le Vicomte, dont je ne me lasse pas, et que j'ai autrefois testé sur des enfants jeunes (moins de dix ans), en épisodes, ça a particulièrement bien marché. Donc, pendant une guerre contre les Turcs, fin XVIIIème en Bohême, le Vicomte Médard de Terralba, fringant jeune noble des environs de Gênes, qui découvre la guerre dans toute sa macabre et fantaisiste horreur, le vicomte Médard, donc, est coupé net en deux par un boulet. Des médecins apprentis-sorciers réussissent à réparer la moitié droite qu'ils ont retrouvée sur le champ de bataille, et notre demi-Médard rentre au pays en litière. Il est à peine arrivé, un soir d'automne, que famille et sujets comprennent que le vicomte est devenu un être malfaisant, qui cause incontinent la mort de son père, pousse l'ingénieux menuisier du village, Pierreclou, à créer de macabres machines, potences à plusieurs branches pour y suspendre des malfrats inoffensifs et faire naître ainsi plus de feux follets au cimetière… tente d'assassiner son neveu bâtard (et narrateur du roman), se débarrasse de sa nourrice Sébastienne de façon machiavélique, et arpente la campagne, fantastique demi-silhouette drapée de noir et arrimée sur un cheval, pour y couper en deux toute manifestation de vie : légumes, fruits, animaux, mollusques, tout est la proie de sa passion tranchante. Le pays, peuplé d'êtres nonchalants et fatalistes, observe les méfaits de celui que l'on nomme de toutes sortes de surnoms évocateurs : le boiteux, le manchot, le borgne, l'efflanqué, le demi-sourd, le défessé, le démonté, le fluet, le bancal, et tente de s'organiser pour résister. On croise, outre le jeune narrateur, l'étrange docteur Trelawney, un ivrogne arrivé au pays à cheval sur un tonneau de Bordeaux (?), peu soucieux des maux des hommes, mais expérimentateur et naturaliste passionné, les lépreux lubriques et inventifs de Préchampignon, mais surtout la fantasque et incohérente bergère Paméla, accompagnée de son canard et de sa chèvre, dont Médard tombe amoureux, à sa manière.
Mais voilà qu'alors qu'il la poursuit de ses assiduités baroques, le pays découvre qu'il est arpenté par un autre Médard, bientôt affublé quoique de façon moins inventive, de ses propres sobriquets : le Bon, le boiteux de l'autre jambe, le manchot gauche. Il s'agit bien sûr de l'autre moitié, qui vous l'aurez compris, est la "bonne" moitié. Tellement bonne qu'elle en est dégoulinante, étouffante et tout aussi insupportable que la première, qui se met bientôt à la haïr, d'autant plus que les deux demi-Médard se découvrent rivaux en amour.
Je vous laisse découvrir le texte, et la fin. C'est évidemment une fable. Mais contée avec allégresse, dans une langue simple et riche, pleine d'inventions – les noms en sont une illustration. De la littérature populaire sans complaisance, gaie et profonde, divertissante et FANTAISISTE, au meilleur sens du terme.
• On pourrait déposer sur le fil devinette le premier message de Médard à Paméla : une demi-chauve-souris, accompagnée d'un demi poulpe sur un pierre. Mais je doute que vous vous montriez aussi perspicaces qu'elle: c'est un rendez-vous : "ce soir, au bord de la mer."


 
pascale

06/02/2006
16:12
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

J'adore les trois mais surtout le Chevalier inexistant !-dommage, ça aurait pu faire une bonne devinette X..
 
Nazdeb

06/02/2006
20:47
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

J’ai de bons souvenirs du Chevalier inexistant, cette brave casserole d’Agilulfe Bertrandinet qui cherche à donner un sens à son inexistence en faisant l’intendant sourcilleux et zélé des armées de Charlemagne, une armée valétudinaire et un peu relâchée qui traîne ses pas aux côtés d’un vieil empereur qui ne cesse de s’émerveiller des canards qu’il croise en chemin. Il y a aussi, comme souvent chez Calvino, un jeu sur la narration où celle-ci dévoile une identité au cours du cheminement, et c’est occasion d’embrayer sur une romance qui nous fait, hélas, abandonner un peu trop longtemps le rassurant Agilulfe. Mais nous sommes bien condamnés à quitter justement ce qui n’existe pas, le véritable chevalier est un mythe, un produit de notre imagination, et le jouvenceau de la romance qui se cherche un modèle et un maître, apprendra à grandir en se séparant de lui, en suivant la route d’une jeune femme tout à fait sympathique, ce qui n’est pas perdre au change…
Je déplore tout de même le goût de Calvino pour la digression, l’abyme, le commentaire de l’histoire qu’il raconte, et ses réflexions sur l’art du récit sont parfois un peu longuettes, voire déplacées. J’ai lu un Arioste commenté par lui et il en fait un peu trop, au point de nous mettre à une trop grande distance du récit.
Ma lecture du Baron perché remonte à plus longtemps mais j’en ai un bon souvenir, là au moins le narrateur était plus calme. Mais l'histoire avait un peu moins de punch...
Quant au Vicomte pourfendu, saperlotte ! je me rends compte que je ne l’ai pas lu…



 
Louise

06/02/2006
22:50
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Oui, le Chevalier inexistant et aussi "Si par une nuit d'hiver, un voyageur..."
 
pascale

09/02/2006
17:12
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Comme promis sur un autre fil, un petit extrait d’Anna Maria Ortese, qui a vécu en Italie (entre 1914 et 1988) dans une misère assez constante malgré quelques prix littéraires et une reconnaissance de « happy few » (je ne sais pas le dire en italien)On peut dire, en allant vite, qu'elle est passée du néo-réalisme de ses débuts de journaliste à une forme proche du "réalisme magique" des auteurs hispano-américains, qui accueille des éléments de fantastique... En tout cas, sa sensibilité excessive, sa compassion presque maladive pour la souffrance et son amour éperdu de la création esthétique - une forme de maternité, selon elle – tout cela lui a fait vivre très mal la dureté de son époque...

« Mais le déluge et sa menace, pour l’heure, étaient passés. Venait une pluie fraîche et belle, comme des larmes attendues, elle venait à Bologne depuis Orte, et tout était plus sombre et plus clair, plus aérien et précis, plus éclatant et tendre. Puis il tonna un peu, puis il cessa de pleuvoir, puis il plut à nouveau, mais doucement, comme les petites larmes d’une veuve, et là, entre ces larmes, se leva comme un rêve un grand arc lumineux.
On vit, dans cet arc de trois couleurs, un beau coteau, avec une maisonnette et deux arbres et, derrière, un nuage couleur abricot, qui ressemblait à un navire. « Et qui donc nous amènera ce navire, me mis-je à penser, qui seront, dans dix ou vingt ans, les nouveaux seigneurs d’Italie ? »
Sur ce navire, il me sembla voir accoudés deux anges du Trecento, peut-être même bibliques, mais on ne comprenait pas s’ils s’approchaient ou bien s’ils nous quittaient pour toujours : leur visage un peu pâle était légèrement incliné, de leurs yeux baissés s’échappait je ne sais quelle parole triste et tendre.
Puis, peu à peu, l’arc-en-ciel se défit en une myriade de gouttes et le train ralentit sur un immense pont de fer : au-delà du pont apparurent deux rives et des barques tranquilles, une plaine enveloppée d’une légère brume.
Ici, dans la vallée du Pô, on eût dit déjà l’automne : ici, ni printemps, ni été ; ici, du fer et la tête vide ; ici, nuit, brume, soliloques, pain. »

 
Agnès

14/02/2006
15:24
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Pascale, de quel roman ce beau texte onirique et poétique est-il extrait?
happy few : pocchi felici? (non sono affatto sicura dell'ortografia )

 
A

14/02/2006
15:32
Ho trovato

J'ai trouvé, sur le site des éditions Verdier : c'est extrait de la nouvelle "Terreur d'été" in "La lune sur le mur".
Comme une grande...

 
w

14/02/2006
19:38
Pastiches

Je note ça dans mes tablettes...

Amis lecteurs, je vous livre ceci, qu'un oulipote a accumulé avec patience :

http://perso.wanadoo.fr/chambernac/biblideale.htm

N'hésitez pas à vous perdre dans les pages consacrées à Jean-Pierre Brisset, dont il est un éminent esssspécialiste.
 
pascale

14/02/2006
19:46
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Je suis trop bête, y a-t-il ici un chapeau à manger ? Ne pas avoir donné de références, non mais quelle gourde. Merci, Agnès, d'avoir réparé ! "La lune sur le mur" chez Verdier - je suis, vraiment, heureuse que cet extrait vous plaise !
 
pascale

15/02/2006
08:25
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Les nouvelles récentes d'Anna Maria Ortese sont toutes chez Actes sud, ses romans (la Douleur du chardonneret,l'Iguane) chez Gallimard ainsi que des recueils de nouvelles plus anciennes (la Mer ne baigne pas Naples, De veille et de sommeil)
La Lune sur le mur est chez Verdier, merci Agnès !
Les Beaux jours et les Murmures de Paris, chez Terrain vague

 
w

15/02/2006
09:44
Le Vésuve non plus

«La mer ne baigne pas Naples», c'est beau comme un rutilant camion australien, ça !
Peut-être aussi parce que j'aime beaucoup Naples, ce qui ne gâche rien.
 
Agnès

15/02/2006
14:28
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Wanda, de quoi faire des dizianes de clavecins bien trempés!
Thanx!

 
Agnès

28/02/2006
13:00
Un ptit polar pour Mardi-gras



La suite de "La cité des jarres", "La femme en vert", d'Arnaldur Indridasen vient de paraître chez Métaillié. Le commissaire Erlendur (dont on apprend que son nom signifie "étranger") toujours déprimé, mène cette fois l'enquête sur un squelette humain découvert dans une butte éventrée au moment de la construction d'un nouveau quartier résidentiel de Reykjavik. Non loin, un surprenant, vivace et fécond buisson de groseilliers. C'est un archéologue scrupuleux aux défenses de morse qui se charge de l'exhumation, personnage pittoresque assez bien campé. L'affaire n'est pas récente, elle remonte à peu près à la fin de la seconde guerre mondiale. Le récit mêle l'enquête menée par Erlendur, bouleversé par l'hospitalisation de sa fille, qui ne sort pas du coma, et ses deux assistants, (lesquels prennent tournure depuis le précédent roman) et les fait plonger dans le passé de la ville, en même temps que le narrateur reconstitue la vie d'un couple : mari tortionnaire, épouse soumise, enfants terrifiés - dont on comprend qu'il a un lien étroit avec l'intrigue.

Je suis bien consciente que mon récit est un peu laborieux, et risque de donner le sentiment qu'il s'agit d'un roman glauque et plutôt pleurnichard. Ce n'est pas le cas. Le récit est bien mené, les personnages ont de l'épaisseur et le bouquin se lit d'une traite. (Pour ceux qui ne snobent pas les polars, naturlich!)


 
Agnès

01/03/2006
13:11
A propos

J'ai oublié de signaler l'autre jour que les Editions - encore - du Seuil ont publié "Le baron perché" en volume relié, illustré par Yan Nascimbene. C'est une édition "jeunesse" certes, mais je trouve les illustrations particulièrement réussies. C'est un joli livre.

 
Agnès

07/03/2006
00:30
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Pour emboiter le pas à Nazdeb, je ne sais plus où sur le 1er fil liseron, j'ai lu hier "Le couperet" de Westlake.
C'est rudement bien. Cette histoire de cadre mis au chômage par suite de restructuration-fusion de sa boîte, qui repère quel est le prochain poste qui devrait être le sien et tue méthodiquement - quoiqu'avec des fortunes diverses - ses rivaux avant d'en faire autant du détenteur du poste,c'est raconté avec talent, sans effet excessifs, c'est glaçant de rationnalisme.

 
Alec Guinness

07/03/2006
00:45
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Et l'idée vient apparemment de Noblesse Oblige, avec Dennis Price et votre serviteur.

Alec
 
Agnès

07/03/2006
11:21
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Alec Guinness. Le brasseur de notre Majesté ?
Pas vu N.O. Une lacune à combler.

 
Agnès

14/03/2006
18:27
Calvino illustré

Voici le lien avec la rubrique Calvino du très joli site de Yan Nascimbene. Au risque de radoter, je vous recommande cette édition "pour la jeunesse" : elle est merveilleusement réussie. On trouve dans le dessin la même légèreté et la même fantaisie parfois foisonnante que dans le roman.
Le site donne toutes les illustrations réalisées pour "Le baron", pour Palomar, et pour un texte que je n'ai pas lu : Aventures.
http://www.yannascimbene.com/fframes.htm

 
A.

14/03/2006
18:28
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Zutre! Il faut cliquer sur Portfolio, puis Calvino.
 
shhh

15/03/2006
12:36
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Je reviens sur le livre qu'Agnès a indiqué: "La femme en vert", d'Arnaldur Indridasen. Après sa recommandation je me suis empressée de le lire, et c'est vrai qu'il est remarquable. Je voudrais juste ajouter à ses propos une remarque au sujet de la construction de l'intrigue, souvent un peu négligée dans les polars où l'auteur privilégie souvent l'ambiance, et qui là est vraiment maîtrisée d'un bout à l'autre.
 
Agnès

15/03/2006
15:58
Thanks

Contente que ça vous ait plu, shhh. En matière de construction, les Westlake-Stark, sérieux ou burlesques, sont remarquables (Pierre qui brûle ou Aztèques dansants - deux burlesques - sont épatants!). Les Mankel aussi, je trouve, quoiqu'un peu répétitifs.


 
shhh

15/03/2006
16:18
re : C'est en lisant qu'on devient liseron, II.

Et Ian Ramkin bien sûr, mais moins construits que "La femme en vert".
Un moment j'aimais beaucoup Charles Willeford ( L'île flottante infestée de requins, Miami blues, Hérésie etc.. ).Dommage, sur la quarantaine de romans qu'il a écrits, on n'en trouve guère que 5 ou 6 traduits. Son héros Hoke Mosley a toujours quelques problèmes avec son dentier mal adapté, et aussi avec sa fille anorexique.
 
Agnès

16/03/2006
15:32
Poor ley zanglay***

*** "ortho"graphe non garantie, mais inspirée d'un des exercices de style.
En tous cas, pour les anglicistes parmi nous, une bibli virtuelle où l'on trouve Balzac et Zola en anglais, mais bien d'autres merveilles tout à fait britanniques :
http://www.online-literature.com/author_index.php

 
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