Archives 2003-2008 du forum de discussions sur France Culture

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Louise

18/06/2005
22:06
Mauvais Genres

Je reproduis de nouveau cet extrait qui colle (ou plutôt décolle ) avec l’émission Mauvais Genres de ce soir : la décapitation.
Tiens, tiens, la décapitation.....
Non, sûrement une coïncidence.

"L’épuration froide traîna toute l’année 1932.(...)L’immeuble de la Kochstrasse [ à Berlin ] devint un lieu de peur et d’insécurité, écho de la peur et de l’insécurité du pays. Nous continuions à arpenter les longs corridors silencieux, avec l’air important des ministres en exercice, mais nous nous observions à la dérobée en nous demandant qui serait la prochaine victime. Il arrivait que les collègues d’un homme le sussent promis à la hache, tandis que la victime elle-même continuait à se pavaner au milieu d’eux, ignorant qu’elle était sur le point d’être congédiée. La situation se résumait assez bien dans une anecdote cruelle qui circulait à l’époque dans toutes les salles de rédaction. C’est la seule historiette chinoise comique que je connaisse, et elle mérite d’être contée, car elle symbolisa l’atmosphère de la République allemande en ces derniers mois.

Sous le règne du second empereur de la dynastie Ming vivait un exécuteur des hautes œuvres nommé Wang Lun. Il était maître en son art, et sa réputation s’étendait dans toutes les provinces de l’empire.
De nombreuses exécutions avaient lieu en ce temps là, et il arrivait qu’il n’eût pas moins de quinze ou vingt hommes à décapiter en une seule séance. La méthode de Wang Lun était de se tenir au pied de l’échafaud en arborant un sourire aimable, son yatagan dissimulé derrière son dos, et, tout en sifflotant un air agréable, de décapiter sa victime tandis que celle-ci gravissait l’échafaud.
Or Wang Lun avait, dans la vie, une secrète ambition, mais il lui fallut cinquante ans de grands efforts pour la réaliser. Il rêvait de pouvoir décapiter une personne d’un coup si rapide que, conformément à la loi d’inertie, la tête de la victime demeurât posée sur son torse de la même manière qu’un plat garde sa position sur une table dont on tire la nappe d’un brusque mouvement.
Le grand moment de Wang Lun vint au cours de la soixante-dix-huitième année de son existence. Ce jour mémorable, il avait seize clients à dépêcher de ce monde de misère dans celui de leurs ancêtres. Il se tenait comme d’habitude au pied de l’échafaud, et onze têtes rasées avaient déjà roulé dans la poussière à la suite de son inimitable coup de sabre. L’instant de son triomphe s’avança avec le douzième condamné.
Lorsque celui-ci commença de monter les marches de l’échafaud, le sabre de Wang passa à travers son cou avec une alacrité telle que la tête de l’homme resta où elle était et qu’il continua à gravir les marches sans savoir ce qui lui était arrivé. Parvenu au sommet, l’homme s’adressa à Wang Lun en ces termes :
- Ô cruel Wang Lun, pourquoi prolonges-tu le supplice de mon attente, alors que tu as traité les autres avec une rapidité si charitable et si charmante ?
En entendant ces mots, Wang Lun comprit que le chef d’œuvre de sa vie était accompli. Un sourire serein éclaira son visage, et puis il dit avec une exquise courtoisie à l’homme qui l’interrogeait :
- Saluez, je vous prie.

Nous nous rencontrions dans les couloirs de notre citadelle de la démocratie allemande et nous disions, avec un pâle sourire : « Saluez, je vous prie. » Puis nous passions un doigt sur notre nuque pour nous assurer que notre tête était toujours bien là."

Arthur Koestler, "Oeuvres Autobiographiques" pages 208-210, édition Bouquins

 
Hercule

18/06/2005
22:26
re : Mauvais Genres

Espérons que le subtil sous-entendu de ce soir ne file pas la métaphore de l'hydre de Lerne...
 
Agnès

24/11/2005
18:22
re : Mauvais Genres

Vous allez trouver que j'ai l'esprit très vif, mais je viens de m'apercevoir qu'il n'y avait plus de forum de l'émission "Mauvais genres" (alors que j'ai visité le site des Papous plusieurs fois... et que j'aurais dû m'apercevoir que la page était réduite...) Quelqu'un sait pourquoi? C'est lié à leurs problèmes de personnel? En fait, je n'ai pas écouté l'émission depuis la rentrée. Le site propose un forum, mais il est vide. Quid? Il était pourtant très fréquenté, et souvent intéressant!


 
Agnès

17/12/2005
07:58
Délice du Réveillon

A propos de Westlake en chair et en voix, annoncé sur Mauvais genre à la Saint-Sylvestre, il existe, pour ceux que ça intéresse, un intéressant roman de science fiction du même, Anarchaos, chez Denoël / Présence du Futur, en poche. Suivi d'une nouvelle pas très optimiste sur une société carcérale où les détenus sont tracés par des puces électroniques, nouvelle dont le titre m'échappe, et naturellement le bouquin n'est pas là où il pourrait être...
Sinon je rappelle, au cas où ma monomanie aurait échappé à quiconque, que Westlake publie à la fois sous ce nom et sous celui de Richard Stark, dans une double veine, noire ou burlesque. Le pompon dans ce domaine revenant aux aventures de Dortmunder, l'escroc malchanceux, en particulier dans Jimmy the kid, Pierre qui brûle ou Dégâts des eaux, et , histoire sans Dortmunder mais avec Jerry Manelli et l'exquise Bobby, Aztèques dansants, un des livres les plus drôles que j'aie lu.

 
Agnès

31/12/2005
22:20
Mauvais cru

Oui, eh ben, c'est pas Westlake qui m'a déçue, mais l'émission, qui manquait de rythme, et m'a semblé préparée par dessus la jambe : Ils font l'éloge des Dortmunder, et même pas fichus de citer un autre titre que Pierre qui brûle et V'là aut'chose!!! lequel vient d'être réédité chez Rivages sous son titre original de Jimmy the kid. De même quand ils proposent de rééditer les Parker en Quarto... Westlake s'est faché avec Gallimard et a tout déménagé chez Rivages.
Quand même, j'en ai appris sur les différentes éditions de Westlake : hard cover (??) ou Paper back pour publier ses romans "sérieux" ou ses thrillers de la série des Parker, sur les relations qu'il entretient avec ses personnages, toujours nés d'un problème littéraire : par exemple, Dortmunder, qui porte le nom d'une marque de bière, est né de la question : que se passerait-il si Parker -qui ne s'énerve jamais - devait recommencer plusieurs fois le même casse. Forcément, ça l'énerverait. Mais ça ne serait plus Parker.
Sur son 3ème hétéronyme aussi, Tucker Coe, et le personnage de déprimé y afférent, dont j'ai oublié le nom : Lynch?
Mais vraiment, ça traînait. ça manquait d'enthousiasme, et de réelle connaissance de l'oeuvre et de l'auteur.

Bon, ce coup-ci, à l'année prochaine!




 
Yann

09/02/2008
14:27
re : Mauvais Genres

Aujourd'hui, émission sur Maigret et parmi les invités : David Kessler. Interrogé le premier, on s'aperçoit qu'il est invité parce que... il a lu des livres de Simenon pendant qu'il voyageait en train.

???????


 
Yann

09/02/2008
14:42
re-gasp

... et irruption d'une chronique marjorienne : on a envoyé une ado visiter une expo Simenon, et elle revient avec un exposé écrit au stylo plume bleu, qu'elle lit avec le ton derrière le bureau à toute la classe...
 
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