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Benoît Beyer

20/11/2003
10:36
Portrait de Jacques Le Goff

Chers amis,

Voici le portrait, paru dans Libération, de quelqu’un qui a fait beaucoup pour France Culture. Je l'écoute depuis des années et il n'est pas pour peu de chose dans ma vocation de médiéviste. Même s'il a pris des positions auxquelles je n'adhère pas lors de la crise de 1999, je lui garde toute mon estime et toute mon admiration. En espérant que plusieurs d'entre vous partagent cet avis, je me permets de vous donner à lire ci-dessous le portrait de ce grand historien et homme de culture qu'est Jacques Le Goff.

Bien à vous,

Benoît Beyer de Ryke



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PORTRAITS
***********

Jacques Le Goff, 79 ans. Pape de l'histoire en France, ce spécialiste du
Moyen Age reste un auteur aussi limpide que prolixe et un chercheur
boulimique.

Monument historique

LIBERATION, mercredi 19 novembre 2003
Par Antoine de BAECQUE

Jacques Le Goff en 9 dates
********************

1er janvier 1924
Naissance à Toulon.
1950
Agrégation d'histoire.
1964
«La Civilisation de l'Occident médiéval».
1972-1977
Directeur des Hautes Etudes.
1977
«Pour un autre Moyen Age».
1981
«La Naissance
du Purgatoire.»
1985
«L'Imaginaire médiéval».
1996
«Saint Louis».
2003
«L'Europe est-elle née au Moyen Age ?»
(Seuil).
«Une histoire
du corps au Moyen Age» (Liana Lévi).
«Le Dieu
du Moyen Age» (Bayard).

L'ogre historien est un peu fatigué. Par l'âge (il va fêter ses 80 ans) et
par une mauvaise chute qui, l'été durant, l'a tenu alité avec un bassin en
capilotade à l'hôpital de Quimperlé. Mais ni par les honneurs (colloques,
hommages, doctor honoris causa le célèbrent comme l'un des «plus grands
historiens vivants»), ni par le travail : Jacques Le Goff achève la préface
du second volume que lui consacre, en janvier, Gallimard et sa collection
«Quarto», Héros du Moyen Age. Le Saint et le Roi, près de 2 000 pages qui
reprennent une part de l'oeuvre du médiéviste.

Le Goff reçoit au milieu des livres qui encombrent son bureau, sa tête ronde
apparaissant entre deux piles au hasard d'un emportement ou d'un rire.
Auparavant, Hanka, sa femme depuis plus de quarante ans, Polonaise à la
longue silhouette, avait introduit dans l'appartement modeste d'un immeuble
banal proche du canal de la Villette. «J'ai rencontré Hanka en Pologne à la
fin des années 50, la soeur d'une collègue, elle était médecin, elle
m'impressionnait par sa vaillance, c'était ma femme de marbre. Je l'ai
épousée à Varsovie en 1962. Elle me faisait penser autant à mon père qu'à ma
mère...»

Le père était enseignant à Toulon, droit, honnête, dévoué à sa tâche, et
grand bouffeur de curés. La mère, au contraire, était une catholique
fervente, mais de gauche et sociale. Compromis au sommet : le jeune Jacques
fait son catéchisme mais sera rouge : «Un rouge chrétien, j'ai vécu le Front
populaire, à 12 ans, avec enthousiasme.» Ce que le jeune homme apprend
surtout, c'est la tolérance, «le vrai sens de mon éducation». L'éducation
scolaire, elle, suit son cours avec un passage bienfaiteur de Toulon («je
n'aime pas cette ville, qui était raciste et le reste») et à Marseille («que
j'ai tout de suite adorée, métisse, frémissante de vie»).

Après le bac à 18 ans, et le maquis de Haute-Provence («Parce que j'ai
immédiatement été hostile à Pétain, dès mai 1940»), c'est l'Ecole normale
supérieure qui lui ouvre ses portes, à Paris, rue d'Ulm, en 1945. «J'y ai
été heureux, comblé par la qualité des enseignants et des garçons côtoyés.»
Paris, c'est aussi deux passions enfin assouvies : le cinéma («je dirigeais
le ciné-club de l'ENS») et la musique qui le conduit à fréquenter les
Jeunesses musicales et les premiers concerts de Pierre Boulez. Mais la
grande affaire reste l'histoire. La vocation est apparue tôt : la scène
originelle se passe en 4e, à 12 ans, avec la France au Moyen Age au
programme : «J'ai très vite eu l'idée de "faire du Moyen Age"», confie Le
Goff en reprenant le jargon du métier. L'«éveilleur», c'était Henri Michel,
son prof d'histoire et futur grand résistant.

Médiéviste, mais aussi voyageur. Comme ces lettrés cosmopolites qui,
d'université en monastère, parcouraient l'Europe du XIIe siècle. Prague,
Oxford, Rome, autant de «bourses» dans l'après-guerre. Pour le trentenaire,
ces voyages ont une autre vertu : ils complètent l'éducation politique en
dégoûtant à jamais du communisme. «J'ai vu de mes yeux Gottwald, le chef du
PC tchèque, en appeler à l'Union soviétique lors d'un discours à Prague.
Dans le regard désespéré des étudiants, j'ai lu que le danger était là...»
S'il n'avait pas été ainsi «vacciné de visu», Le Goff aurait pu devenir
comme pas mal de ses jeunes collègues, Le Roy Ladurie ou Furet, chantres de
l'avenir radieux du stalinisme. Le Goff abandonne aussi l'autre tradition
politique marquante de l'après-guerre, le socialisme chrétien : à 30 ans,
«d'un coup sec», le voilà agnostique et déçu de la SFIO. Il professe dès
lors un désintérêt pour le militantisme, mis à part un court épisode au PSU,
au début des années 60 : «Le pouvoir corrompt. Faire de la politique c'est
trahir plus ou moins ses idéaux.»

L'agrégation en poche (en 1950) et un poste d'assistant à la fac de Lille,
le «goût de la recherche» devient l'unique obsession. Un de ses mentors,
Maurice Lombart, parle de «ce jeune médiéviste qui sait toutes les langues»
à Fernand Braudel, patron autocrate des Hautes Etudes et de la nouvelle
histoire, qui le prend sous son aile. Là, bien calé, ça s'accélère : maître
assistant puis directeur d'études (à 38 ans) aux Hautes Etudes,
coresponsable, avec Marc Ferro et Emmanuel Le Roy Ladurie, des Annales, la
revue de référence, Le Goff est le quadra qui monte chez les historiens.
«Les Hautes Etudes furent un endroit exceptionnel : liberté des sujets,
accueil grand ouvert des étudiants, enseignement lié à la recherche.» Dans
ce cocon, le travail redouble et les livres pleuvent.

Ses «publications», comme il dit, Le Goff n'en est pas peu fier. «Je n'ai
rien écrit que je n'ai eu envie d'écrire, même les commandes. C'est mon
critère, l'envie d'histoire.» Tous ses ouvrages évoquent un Moyen Age aux
antipodes des clichés («d'un côté l'obscurantisme lugubre, de l'autre le
temps mièvre des troubadours»), parcouru de contradictions et de tensions,
un «âge total» tenu entre «tradition très ancrée» et «forte capacité
d'innovation», un Moyen Age qui, surtout, serait un «tremplin pour
l'avenir». Et Le Goff a façonné une écriture pédagogique, simple, limpide,
pleine d'images évocatrices. Georges Duby, l'ami rival, parcourait
l'histoire médiévale en chevauchant le destrier de l'épopée. Le Goff la
décrit avec l'ampleur et le calme de la synthèse. Devant l'un de ses livres,
tout lecteur se sent intelligent et érudit.

Le Goff reconnaît trois mots pour dire son apport. «Civilisation», en
version globale : «L'histoire du passé ne se comprend qu'en unissant par
l'interprétation tous les éléments de la vie d'une société.» «Imaginaire»,
en cheval de bataille : «Je suis de la seconde génération des Annales, celle
qui a utilisé une nouvelle clé, plus intérieure, susceptible de compléter
l'approche sociale ou économique.» «Intellectuels», au pluriel, puisqu'il
fut l'un des premiers à réintroduire ce terme pour désigner un domaine
historiographique désormais en pleine effervescence.

Ainsi pourvu d'une oeuvre, Jacques Le Goff s'est aussi imposé comme le
numéro un des historiens français par son art de la stratégie. Directeur de
l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess) à la retraite de
Braudel, en 1972, élu à la quasi-unanimité, il a assuré l'autonomie de
l'établissement, tant financière qu'administrative, négociant serré avec le
ministère de l'Education et les recteurs des universités, souvent hostiles,
garantissant peu à peu à l'Ehess le pouvoir et le prestige du plus renommé
des lieux de savoir hexagonaux. Son seul échec sera sa non-élection au
Collège de France, «le vrai gratin», victime de rivalités et de combines
bien françaises.

Jacques Le Goff a enseigné aux Hautes Etudes jusqu'en 1994, à 70 ans, avant
de prendre sa retraite. «Après une fête mémorable, une fête d'ogre», dit
l'un de ses collègues. Boulimique, l'historien l'est resté, achevant son
Saint Louis (plus de mille pages) en quelques mois, et lançant son dernier
défi : une collection, «Faire l'Europe», publiant simultanément des livres
d'histoire en allemand, anglais, espagnol, italien et français. Car, à la
question «l'Europe est-elle née au Moyen Age ?», Jacques Le Goff n'apporte
qu'une réponse, en forme de boîte à idées pour europhiles : «Oui, et c'est
une bonne nouvelle.»

LIBERATION, mercredi 19 novembre 2003
http://www.liberation.fr/page.php?Article=158722&AG< br />
***********************************************************
POUR RAPPEL :



Les Lundis de l'histoire
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/lundis//pr esentation.php

Sur le site de France Culture
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/sommaire/< /A>

Chaque semaine deux séquences :

Le grand entretien, mené par l'un des historiens de l'émission , vise à débattre avec un auteur, présenter son travail ainsi que l'intérêt historiographique de son ouvrage.

L'histoire autrement, animée par Arlette Farge, veut capter l'histoire en mettant en avant sa puissance d'actualité. Cherchant à relier passé et présent, cette séquence s'appuie sur de nombreux supports, vecteurs du passage de l'histoire : expositions de peinture, cinéma, photographie, théâtre, poésie, ouvrages de faible notoriété.

L'équipe :
Producteurs : Roger Chartier, Arlette Farge, Jacques Le Goff, Philippe Levillain et Michèle Perrot
Attachée de production : Anne-Catherine Lochard
Réalisation : Pierrette Perrono
 
Yann

20/11/2003
11:45
re : Portrait de Jacques Le Goff

Souuuuuuuupir... Quand je m'interesse à l'histoire médiévale je m'intéresse à l'histoire médiévale, par à Jacques Le Goff... Tout éminent qu'il est, je privilégie toujours la matière à son transmetteur. C'est dommage que les chercheurs par ici ne soient pas plus humbles devant leur matière. On en arrive à diviniser des individus pour leur recherche... La panthéisation, vieux réflexe de l'humanité...
Yann
 
Benoît

20/11/2003
14:33
re : Portrait de Jacques Le Goff

Cher Yann,

Il ne s'agit pas de cela : il est évident que Jacques Le Goff n'est pas le seul médiéviste (il y en a beaucoup d'autres, et de très excellents : mais il a joué pour la profession un rôle considérable). Son oeuvre a été pionière pour l'étude du Moyen Age. Et si j'ai posté un message à ce sujet sur ce forum, c'est parce que Le Goff a aussi beaucoup fait pour la connaissance du Moyen Age sur France Culture (sujet principal de ce forum, je le rappelle). Je profite de ce message pour regretter l'agressivité et l'hyper-critique qui règne chez certains participants de ce forum : vous n'aimez pas Le Goff, très bien. Mais quel besoin avez-vous de me faire grief d'attirer, pour ceux que cela intéresse, l'attention des auditeurs des Lundis de l'histoire sur ce grand historien du Moyen Age qui est aussi un grand vulgarisateur radiophonique.

Bien courtoisement,

Benoît Beyer de Ryke
 
Yann

20/11/2003
16:39
re : Portrait de Jacques Le Goff

J'apprécie beaucoup Jacques Le Goff, que j'ai beaucoup lu et écouté, et qui a été un complément indispensable à mes chères études, mais il faut voir cela comme une gentille provocation: de plus en plus l'individu prime sur le sujet, et on finir par entendre les promoteurs se répandre sur l'érudition de tel ou tel. On ne sait plus alors de quoi on parle, mais on sait qui l'a dit ou étudié. Il m'est arrivé plusieurs fois sur France Culture d'entendre uniquement parler de maisons d'éditions, de chercheurs et d'éditeurs dans des émissions au programme pourtant prometteur. Où est le fond? On n'apprend rien. On peut simplement dire: voici tel sujet, machin a beaucoup écrit sur la question, mais voyons où on est à ce sujet là. La déification du chercheur-écrivain m'insupporte de plus en plus, parce qu'elle se fait au détriment de la matière elle-même. Ne voyez dans la virulence de propos de certains qu'une exagération de gens en réalité très pondérés, mais si le propos n'était pas ainsi grossi, il serait moins entendu, ou mémorisé.
Donc vive la matière d'abord, et ensuite le chercheur (mais sans s'y appesantir). Pour retrouver ce culte malsain, je vous renvoie à Radio Contraire d'Incivilité (RC). FC n'en est pas encore là, Zeus merci.
Yann
 
dom

20/11/2003
18:24
re : Portrait de Jacques Le Goff

bonsoir ,

bien le portrait du type dans libé, j'ecouterai Benoit,

par contre vu le peu de texte sur le site de FC bof on en sait pas plus.

au fait je me suis permis de faire une recherche sur le web tu n'as pas l'air mal non plus dans le genre et rien a lui envier,impressionant!



 
Benoît

20/11/2003
18:40
re : Portrait de Jacques Le Goff

Merci...


 
Benoît

22/11/2003
00:02
Pour juger sur pièces

Pour juger sur pièces, écoutez l'émission de lundi prochain : Les lundis de l'histoire, 24 novembre 2003 - Le grand entretien de Jacques Le Goff : Boniface VIII . Avec Agostino Paravicini Bagliani, auteur de Boniface VIII, Payot.
Site de l’émission : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/lundis/
Vous verrez que le Moyen Age a encore de beaux restes sur France Culture !




 
Benoît

24/11/2003
10:18
Le Goff... et ses invités

Il n'y a pas que Jacques Le Goff, il y a aussi ses invités. Celui de ce matin est vraiment passionnant !

Le conflit entre Philippe IV le Bel et Boniface VIII est une grande page de l'histoire de France, de l'histoire de l'Eglise (dans ses rapports avec l'Etat) et de l'histoire du Moyen Age tout court. Par ailleurs, Boniface VIII est un personnage fascinant, bien que très irritant : il est assurément mégalomaniaque , poussant aussi loin que possible la logique théocratique selon laquelle le pape est l’incarnation de l’Eglise et le représentant du Christ sur Terre.

Possibilité de réécoute sur le site :

http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/lundis/

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LES LUNDIS DE L’HISTOIRE. Boniface VIII, pape hérétique ? Le grand entretien de Jacques Le Goff. Réalisation : Pierrette Perrono (lundi 24 novembre 2003). À l’occasion de la parution de Boniface VIII : un pape hérétique ? (Payot, 2003), avec l’auteur Agostino Paravicini Bagliani, et André Vauchez, ancien directeur de l’École Française de Rome. Bibliographie : Antoine de Levis-Mirepoix, L’Attentat d’Anagni. Le Conflit entre la papauté et le roi de France (Gallimard, collection « Trente journées qui ont fait la France », 1969). / Jean Coste, Boniface VIII en procès. Articles d’accusation et dépositions des témoins (1303-1311), édition critique, introduction et notes (École française de Rome, 1995). / Agostino Paravicini Bagliani, La cour des papes au XIIIe siècle (Hachette Littératures, 1995). L’auteur reconstitue ici les principaux aspects de la vie de cour des papes : les résidences et les voyages, le système assez complexe de dons et de cadeaux qui s’ajoutent aux revenus traditionnels, les soins du corps et les attitudes face à la mort. Le pape est, avant tout, un seigneur spirituel et la vie à la cour reste marquée par un rythme liturgique intense. / Agostino Paravicini Bagliani, Le corps du pape (Seuil,1997 ; traduit de l’italien par Catherine Dalarun Mitrovista). À travers une période allant du XIe siècle à la fin du Moyen Age, une analyse du rituel et du discours qui mettent en place la distinction entre corps mortel du pape et papauté éternelle. / Agostino Paravacini-Bagliani, Boniface VIII : un pape hérétique ? (Payot, collection « Biographie Payot », 2003). Retrace la vie et surtout les volontés pontificales de Boniface VIII. En effet, il tint à affirmer, à la suite d’Innocent III, la suprématie de l’universalisme pontifical sur les puissances temporelles. Cette détermination lui valut d’être molesté par des émissaires de Philippe le Bel et d’en mourir. / André Vauchez, La Sainteté en Occident aux derniers siècles du Moyen Age : d’après les procès de canonisation et les documents hagiographiques (École française de Rome, collection « Bibliothèque des écoles françaises d’Athènes et de Rome », n° 241, 1994). Un instrument de travail pour ceux qui s’intéressent à l’évolution des formes du culte des saints, aux attitudes face aux miracles et aux phénomènes surnaturels et, plus généralement, à l’histoire des mentalités religieuses dans l’Occident médiéval.
 
dom

24/11/2003
11:22
re : Portrait de Jacques Le Goff

bonjour Benoit,
premiere impression,on dirait que M. Legoff suce un bonbon,ou a des problemes de colle dentaire, pas assez devellopé et trop orienter sur la promotion du livre a acheter, on aurait voulu en savoir plus, mais sans depenser un rond, eh oui c'est le coté rapia, mais pour investir sur un ouvrage il m'en faut plus, la bulle cadaverique etait connue mais il faudra que j'ecoute d'autres emissions pour avoir une vue d'ensemble.

Par contre la suite, est navrante l'art de melanger une guerre civile, avec Sangatte, fallait le faire rapprocher, confondre refugiés politiques et refugiés economiques et ca passe sur France Culture!

Merci pour toute la bibliographie que tu fournis,sur ce site

a+et merci

smileyrat


 
edmond

24/11/2003
11:29
re : Portrait de Jacques Le Goff

Je manque rarement d’enregistrer « Le Grand Entretien » des « Lundis de l’Histoire » de Jacques Le Goff ou de Roger Chartier, etc… Emissions toujours très intéressantes.
Quelques remarques cependant sur l’évolution de cette ancienne émission depuis quelques années :
1/ Fragmentation : Jacques Le Goff dit souvent à son invité dans l’émission : « Nous n’avons malheureusement pas le temps d’aborder cette partie très intéressante de votre ouvrage… ». On pourrait lui souffler que s’il avait pour ce faire 30 minutes de plus comme il y a 5 ans, peut-être aurait-il le temps… Et les auditeurs ne pourraient que s’en réjouir.
2/ Promotion d’événements culturels : Si Arlette Farge nous ravissait dans les « Lundis de l’Histoire » avant 97-99, on se demande ce qu’apporte la deuxième partie de cette émission aujourd’hui (« L’Histoire Autrement »), qui une fois sur deux n’est que la promotion d’un événement culturel (expo, etc…). Les auditeurs ne veulent pas de l’Inrockuptible amélioré ni du Télérama amélioré, mais ce que cette émission leur apportait avant, la seule transmission du savoir à travers l’ouvrage d’un chercheur. Les auditeurs peuvent toujours acheter ces hebdomadaires ou d’autres s’ils veulent se tenir au courant de l’actualité des expos.
Bien sûr ces griefs (fragmentation, promotion d’événements culturels) ne sont pas propres aux seuls « Lundis de l’Histoire », mais récurrents dans la nouvelle grille de France Culture depuis 97-99.
3/ Il faut rappeler cependant la position de Jacques Le Goff, qui en 1999, avait cautionné la nouvelle grille de France Culture, ce qui avait donné lieu, je me rappelle, à des échanges avec JF Parrot de l’AFC et à un courrier de l’ACRIMED.

 
Benoît

24/11/2003
12:42
30 minutes de plus...

Evidemment, ce serait très bien : mais il faut aussi se rappeler que Patrice Gélinet avait voulu supprimer l'émission, et l'a finalement réduite à 45 minutes. C'est sous Laure Adler que Les lundis de l'histoire ont récupéré 15 minutes (et ceci n'est peut-être pas étranger aux prises de position de Jacques Le Goff en 1999).

 
dom

24/11/2003
12:49
re : Portrait de Jacques Le Goff

« Nous n’avons malheureusement pas le temps d’aborder cette partie très intéressante de votre ouvrage… ».

bonjour,

les emissions d'histoires, vues sur les medias televisuels ne traitent jamais de livres mais du morceau ou fragment d'histoires choisie, c'est de l'histoire documentaire et non de l'histoire promotionelle,en vente au rayon du supermerché x a coté de la promotions du kiwi de Nouvelle Zelande, sachant que ce bouquin en plus on l'aura en solde a la foire du livre, c'est la ou on peut etre en attente d'apprendre quelque chose, et non de savoir qu'aux quatrieme chapitre de tel auteur, a la page x de l'alinéa 3 il y a une citation memorable, dont tout le monde se fout,on pourrait etre en droit d'avoir deux historien nous racontant l'histoire,mais cela doit etre moins facile et plus cher, comme nos politiciens on vient nous vendre du pret a lire, dans ce ya t il un un offre SFR ou mieux une reduc pour un nouveau FAI?
et apres je pourrai epater la galerie en montrant ma biliotheque, sur des livres ou probalement je n'aurais rien compri,non vraiment j'essaie de trouver du positif, en vain,
je n'ai pas appris grand chose sinon que Payot avait un bouquin de plus que je n'acheterai pas, et cette carotte n'est pas suffisante pour que je porte la main a ma CB.
faites carrement une actualité du livre, au fait si on en achete deux on a une remise?Mais a ce rythme bientot un ppartenariat avec France loisir, un ad on dans cosmopolitan...

si il n'a pas le temps, et bien qu'il le prenne et au lieu de traiter d'un livre qu'il traite d'un sujet, qu'a la fin on fasse reference a une bibliographie quoi de plus normal,
la presentation n'offre pas de choix rien qu'un sens et une seule diction un seul courant,et ainsi vint l'uniformité tous se ressemblaient...même les couleurs.
c'est un coup de gueule et oui! ca arrive.
 
Benoît

24/11/2003
14:44
Les lundis de l’Histoire

Source : enquête AFC (Charles Genet)

LE LUNDI

9H10-10H30 Les lundis de l’Histoire
Le grand entretien : Michèle Perrot, Jacques Le Goff, Roger Chartier et Philippe Levillain
L’Histoire autrement :Arlette Farge
C’est une des plus anciennes émission de la grille des programmes de France Culture et une des très rares émissions à ne pas avoir été déplacée dans la grille ou momentanément supprimée (les autres étant toutes les quatre, des émissions du dimanche : La messe, Les papous dans la tête, la fiction de l’après-midi et les Ateliers de Création Radiophonique). Autant dire que Les lundis de l’Histoire sont une institution. De toutes les émissions thématiques hebdomadaires, c’est la préférée des auditeurs de France Culture et cela depuis longtemps. On peut se référer à toutes les enquêtes précédemment menées auprès de l’auditoire. C’est d’ailleurs parfaitement cohérent quand on sait quelle est la première revendication que les auditeurs de la chaîne réclament. Ils attendent que l’on sache y prendre de la distance par rapport à l’actualité, que l’on prenne du recul. On préfère le regard de l’historien à celui du journaliste. Avec plus de 10 % des auditeurs l’ayant citée, elle se place au 7ème rang à égalité avec les deux grands magazines du matin et de midi que sont Première édition et La suite dans les idées. Il faudrait ajouter à ces 10 % les personnes ayant répondu « Les émissions d’histoire » sans préciser le titre et dans ce cas Les lundis de l’Histoire apparaît comme une des 5 émissions préférées des auditeurs sondés. La forme en est classique et les auditeurs qui l’ont citée ont en moyenne 54,4, soit environ 6 ans de plus que la moyenne d’âge des personnes interrogées. L’émission n’ayant jamais changé de place dans la grille ni de titre, elle a eu tout le temps de se constituer un auditoire fidèle. Ceci dit, certains auditeurs regrettent qu’à présent l’émission soit scindée en 2 parties et qu’il n’y ait plus un seul sujet traité et vraiment approfondi.
 
Yann

24/11/2003
14:47
re : Portrait de Jacques Le Goff

On en arrive à la situation extraordinaire où c'est le bouquin qui sort qui fait l'émission, et ça passe. Imaginez une seconde que les éditeurs, ou les chercheurs, ou les écrivains fassent la grêve de la parution: pendant ce temps là, sur FC, on aurait l'équivalent d'une mire radiophonique (Vincent Delerm pendant des heures, qui voudrait ça? ). Le fait qu'une émission tourne autour d'un bouquin décrédibilise la démarche tout entière (alors si on rajoute "plic" "ploc" "slack" "slouitch" issus de la bouche de l'auteur)(je penche pour la colle de dentier, dom)...). On se retrouve avec une radio vérouillée entre les "intérêts supérieurs" de sa direction et l'immobilisme de ses syndicats (sans lesquels on aurait des productions indépendantes, et non plus des animateurs, qui, de façon bien compréhensible, n'ont plus la "flamme", après s'être usés aussi longtemps à tourner en rond dans leurs émissions d'invités).
France Inter s'est consacrée au disque (émissions sur l'histoire du disque, de la musiquette branchouille toutes les 10 minutes, des "artistes" chanteurs qui viennent marmonner devant des micros etc...). Apparemment, France Culture veut se consacrer au livre. Ca sera interessant de voir comment ils vont nous vendre tout ça. C'est un véritable suicide culturel, ces perpetuelles bande-annonces littéraires. Si vraiment FC s'interessait à la littérature, la démarche serait tout autre, et pas dégoulinante de promotion comme on le voit trop (adaptions d'oeuvres de la littérature, par ex). Ca n'est pas rendre justice à la culture. Tant que le culte du "chercheur-écrivain-dieu" sera exercé, la véritable transmission du savoir sera six pieds sous terre. Il n'est pas inutile de rappeler que Radio Courtoisie fait E-X-A-C-T-E-M-E-N-T la même chose, avec les écrivains de ses propres (et nauséeux) intérêts. FC a les deniers publics en main, quand même, on mérite mieux que des bruits de dentiers de Mr Le Chercheur-Ecrivain qui a découvert l'électricité, l'eau chaude et dont personne n'est digne de lécher les divines chausses. Tant qu'on aura ces "portraits", ces "rencontres", ces célébrations d'égo, il ne restera rien, sinon le "Et Dieu, dans tout ça" de Jacques Chancel. Charmant programme.
Laissons la promotion des livres à ceux dont c'est le métier, et les vaches seront bien gardées.
Yann
 
Henry Faÿ

24/11/2003
20:35
un pape hérétique? un titre accrocheur

Un pape hérétique? Voilà qui serait intéressant. Au moins pour ceux qui à un titre ou à un autre s'intéressent au catholicisme et à son fameux dogme de l'infaillibilité pontificale.
La personnalité de Boniface VIII qui a succédé au pittoresque et malheureux Célestin V est certes digne d'intérêt, l'émission l'a bien montré. Elle a bien resitué ce pontificat dans l'histoire de la fin du XIIIe siècle.
Ce qui a marqué ce pontificat, c'est avant tout la lutte acharnée avec le roi de France Philippe IV le Bel et ses terribles légistes, et parmi eux le célèbre Guillaume de Nogaret avec le fin tragique du pape brutalisé lors de l'attentat d'Agnani, nous avons appris ça à l'école et l'émission nous a rafraîchi la mémoire.
Les accusations d'hérésie viennent de l'adversaire français, elles s'accompagnent de toutes sortes d'allégations plus que douteuses: impiété, démonisme, idolâtrie etc. Elles ne sont pas le moins du monde crédibles. Boniface VIII, un pape hérétique est donc un titre accrocheur, qui, si on s'en tient à l'émission n'est pas justifié (bien entendu, il faudrait lire le livre). J'imagine très volontiers une intervention de l'éditeur pour faire augmenter les ventes, un coup éditorial comme on en voit tant.
A part ça, y a-t-il eu dans l'histoire des papes hérétiques? Ceci ruinerait le dogme de l'infaillibilité pontificale. Il me semble que oui. Que les spécialistes de l'histoire de l'Eglise, s'il y en a sur ce forum me renseignent. Après le feuilleton sur l'historicité des Ecritures, ça fera un sujet de débat qui ne passionnera peut-être pas tout le monde.

 
lionel

24/11/2003
20:57
re : Portrait de Jacques Le Goff

Il me semble qu'il y eu une periode avec 2 papes dont 1 surnommé "antipape" et soutenu par un empereur allemand, non? (excusez mes approximations historiques)

PS : on dirait que regrette
 
Louise

24/11/2003
23:11
re : Portrait de Jacques Le Goff

Et ce pape qui était une femme ?

PS, en effet Lionel, on dirait mais
 
lionel

24/11/2003
23:47
re : Portrait de Jacques Le Goff

Hummm, Louise tu parles de papesse et hop Google m'oriente sur des amis de Murièle : http://www.zetetique.ldh.org/papesse.html

Pour antipape, j'ai découvert un curieux projet "d'encyclopédie libre" : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antipape

Moi je regrette Murièle car ce forum sans elle c'est un peu comme un cirque sans lionne (si je peux me permettre la métaphore hardie et approximative du cirque...)
 
Benoît

25/11/2003
08:18
Réponses

Plusieurs réponses à apporter, sur la formule (déjà plus que trentenaire ! cf. ci-dessus "c’est une des plus anciennes émission de la grille des programmes de France Culture") des "Lundis de l'histoire" et sur les papes "hérétiques" (pseudo-papesse Jeanne, etc.). Pas le temps pour le moment.
 
Henry Faÿ

25/11/2003
08:20
papes, antipapes et papesse

Je vois que le débat sur la papauté est en passe de remplacer le débat haletant sur l'historicité des Ecritures dont nous ne sommes pas encore remis.
Des antipapes, il y en a eu des dizaines et des dizaines. Il faut dire que l'histoire de l'Eglise est pleine de fureur et de confusion avec des épisodes croquignolets. Effectivement, les empereurs d'Allemagne s'y connaissaient pour susciter des antipapes quand le pape ne leur plaisait pas.
Un épisode parmi d'autres: l'empereur Louis IV de Bavière fut excommunié par Jean XXII et pour se venger, il suscita l'antipape Nicolas IV. Tous les grands théologiens du temps, Marsile de Padoue, Jean de Jandun et le célèbre Guillaume d'Occam (celui qui servit de modèle à Umberto Ecco dans le nom de la rose) ont pris le parti de Louis IV et de son antipape. Je ne sais pas tout ça par coeur, ma source, ce n'est pas Google, c'est tout simplement le Petit Robert des noms propres.
La papesse Jeanne, c'est une légende, dont les anticléricaux ont fait leurs choux gras.
Mais tout ça ne me dit pas s'il y a eu un ou plusieurs papes hérétiques, ce qui mettrait à mal le dogme de l'infaillibilité pontificale. J'ai un candidat de pape hérétique, mais il faut que je révise un peu le sujet.
J'appelle tous les spécialistes du forum, il doit bien y en avoir des dizaines à se pencher sur cette question.





 
dom

25/11/2003
09:06
re : Portrait de Jacques Le Goff

Muriele et ses petits amis, non Lionel, ca n'as pas l'air d'etre ça, plutot un autre cirque,mais ce qui m'a fait rigoler c'est que le site te renvoie sur un autre site, sophia antipolis ou tu peux y lire qu'un pourcentage elevé des gens de l'EN croient au paranormal et autres fadaises.


au fait, Monsieur Benoit, que fait Dante a Paris au même moment?

a+
 
lionel

25/11/2003
09:36
re : Portrait de Jacques Le Goff

Hello Dom, je parlais de Murièle car le cercle zététique a publié un dossier "Jesus, info ou intox" http://www.zetetique.ldh.org/jesus.html
 
Benoît

25/11/2003
10:28
La papesse et les lundis

Pour la Papesse Jeanne, voir le livre d'Alain Boureau : tout s'y trouve (d'accord avec ce qu'en dit Henry).

Flammarion Champs
Date de parution : 01.01.1993

"Une femme, travestie en homme, aurait occupé la chaire de saint Pierre vers 855. Ce récit met en jeu le refus du sacerdoce féminin par la culture catholique. L'auteur propose une théorie de l'historicité des modes de croyance."

Alain Boureau (1946)

Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) à Paris et directeur du Groupe d’Anthropologie Scolastique (GAS), au sein du Groupe d’Anthropologie Historique de l’Occident Médiéval (GAHOM) fondé en 1978 par Jacques Le Goff dont il est un des principaux disciples, Alain Boureau est un médiéviste de réputation internationale, auteur de plus de cent trente articles et d’une dizaine de livres, parmi lesquels La Légende dorée. Le système narratif de Jacques de Voragine (+1298), préface de Jacques Le Goff (Paris, Cerf, 1984), L’Aigle. Chronique politique d’un emblème (Paris, Cerf, 1985), Le Simple corps du roi. L’impossible sacralité des souverains français, XV-XVIIIe siècles GAHOM (Paris, Les Editions de Paris, 1988), La Papesse Jeanne (Paris, Aubier, 1988) Histoires d’un historien. Kantorowicz (Paris, Gallimard, 1990), L’Evénement sans fin. Récit et christianisme au Moyen Age (Paris, Les Belles Lettres, 1993), Le Droit de cuissage. Histoire de la fabrication d’un mythe (XIIIème-XXème siècles) (Paris, Albin Michel, 1995), Théologie, science et censure au XIIIe siècle. Le cas de Jean Peckham (Paris, Les Belles-Lettres, 1999), La loi du royaume, Les moines, le droit et la construction de la nation anglaise (XI-XIIIèmes siècles) (Paris, Les Belles-Lettres, 2001).


Pour "Les lundis de l'histoire", je m'étonne de la réaction de Yann : il ne s'agit pas ici d'une nouvelle version, qui remonterait à la période Adler, Gelinet, ni même Borzeix ou Jaigu : elle date des années 1960 (1966, je crois ?), sous Pierre de Boisdeffre (à vérifier). Je trouve pour ma part la formule excellente : elle permet d'être informé des publications majeures en histoire. La seule chose que l'on a souvent reproché à cette émission (à juste titre, mais je ne m'en plains pas), c'est d'être le porte-parole de la "nouvelle histoire", l’histoire (déjà ancienne en réalité) des Annales. Enfin, dernière chose : rappelez-vous que Jacques Le Goff va vers ses 80 printemps, il est donc possible que cela se ressente dans sa manière de parler. Mais il serait dommage de se priver de son apport, sous prétexte qu’il n’est plus de toute première jeunesse.

Bien à vous,

Benoît

 
dom

25/11/2003
10:57
re : Portrait de Jacques Le Goff

bonjour Benoit,

personne ne reproche son age, ni ses qualités,pour ma part je critique l'emission et non l'homme qui a un probleme technique buccal,l'emission de l'apres midi sur Kenedy etait bien car elle fait parler les gens,ce que je souhaiterai c'est d'entendre parlé les gens avec leurs convictions, en gros plus de narratif historique et moins de technique livresque.

je maintiens qu'une des meilleure emission entendue de mes oreilles a ce jour fut celle de l'histoire de l'art avec Daniel Arasse,il ne reste que la derniere sur le site, dommage,mais ca c'est de la radio je ne sais pas qui a fait ca, mais c'est proffessionel, et je peux vous certifier que je ne suis pas un doué en art, mais qu'avec lui j'ai vu les choses.
salutation Benoit
 
edmond

27/11/2003
22:32
re : Portrait de Jacques Le Goff

J’ai retrouvé le courrier que l’ACRIMED avait adressé à Jacques Le Goff suite à son article dans Libération, ainsi que la réponse qu’avait faite un groupe d’auditeurs de l’AFC autour de JF Parrot et d’autres à propos de ce même article :

1/ Extrait de l’article de Jacques Le Goff dans Libération (26/11/99) et réponse de l’ACRIMED (receuilli sur le site internet de l’ACRIMED) :
Dans une lettre publiée par Libération en novembre 1999, Jacques Le Goff, conseiller de Laure Adler prétend que « France Culture va dans la bonne direction » et dénonce vivement la contestation et les contestataires. Acrimed lui répond…
- Une lettre de Jacques Le Goff : « France culture va dans la bonne direction »
Jacques Le Goff, Coproducteur des « Lundis de l'Histoire » à France Culture, dans une lettre publiée dans Libération du 26 novembre 1999 (p.6) écrit :
« L'émotion qui s'est manifestée à France Culture semble en voie d'apaisement. Tant mieux. Et il faut encourager Laure Adler qui avait annoncé, dès la mise en place de la nouvelle grille, que celle-ci était perfectible. Je voudrais souligner que cette nouvelle grille est dans l'ensemble novatrice tout en respectant la tradition de la chaîne d'illustration d'une authentique culture et du respect de la diversité de ses auditeurs. Je voudrais aussi souligner que la contestation (qui a souvent retrouvé un écho complaisant dans les médias) a été le fait d'une minorité constituée de l'étrange conjonction entre quelques producteurs mécontents de leur situation, parfois à juste titre mais depuis longtemps, d'une association dite des Amis de France Culture composée surtout d'anciens combattants autoproclamés de la culture, et d'une poignée d'intellectuels de courage et de talents, que je vois avec regrets glisser vers une sorte de poujadisme de l'esprit. »
Une mise au point d'Acrimed : « Une déclaration d'apaisement ? »
La lettre de Jacques Le Goff, que vous avez publiée dans Libération du 26 novembre, titrée « France Culture va dans la bonne direction », et qui nous met allusivement en cause, appelle de notre part la mise au point suivante :
Comment ne pas s'interroger, alors que la grève de Radio France vient juste de se terminer, sur l'opportunité de la déclaration publique de soutien à la directrice de France Culture, venant d'un universitaire qui est également coproducteur des « Lundis de l'Histoire » sur cette même station ? On aurait pu s'attendre à plus de réserve et de discrétion.
Comment ne pas être frappé par une déclaration d'apaisement qui concède que certains producteurs ont quelques raisons d'être « mécontents de leur situation » alors que rien n'a été fait pour eux et que, en réalité, c'est quasiment la majorité des producteurs qui, dans le cadre de leur association, se sont déclarés consternés par l'orientation nouvelle de la station et se sont mis en grève ?
Comment ne pas être étonné qu'un historien scrupuleux puisse, dans un texte pourtant court, multiplier les approximations et les erreurs. Affirmer que « la contestation a trouvé un écho complaisant dans les médias » est une contre vérité aisément vérifiable. Mentionner l'action occulte d'une mystérieuse « association dite des Amis de France Culture », c'est désigner pour le moins curieusement la très officielle association des « Auditeurs de France Culture », qui présidée actuellement par un haut fonctionnaire, existe depuis 1984 et tient chaque année, dans les formes légales, son assemblée générale.
Comment enfin ne pas regretter que cet historien préfère, plutôt que de participer à une discussion légitime et de réfléchir comme nous avons essayé de le faire, sur le poids des structures, soutenir la thèse du complot qui est également complaisamment répandue dans les médias par Laure Adler (dont il est l'un des conseillers) ? Le recours à des dénonciations qui seraient injurieuses si elles avaient le moindre sens (« anciens combattants autoproclamés de la culture », « poujadisme de l'esprit »), à des attaques ad hominem volontairement vagues et l'emploi d'un vocabulaire que l'on s'attend plutôt à trouver chez des responsables du maintien de l'ordre (les troubles seraient le fait d'« une minorité constituée de l'étrange conjonction », d'« une poignée d'intellectuels », etc.) ne sauraient tenir lieu d'argument : on en cherche en vain dans cette « contribution ».
Il aurait été souhaitable, avant de prendre la plume, que cet historien « de courage et de talent » s'informe davantage sur les changements actuels qui menacent l'audiovisuel public et peut-être écoute plus attentivement, sur France Culture, d'autres émissions que celle qu'il a le privilège de coproduire.
Patrick Champagne et Henri Maler, pour l'ACRIMED.
Libération n'a pas cru bon de publier cette réponse.

2/ Réponse d’un groupe d’auditeurs de l’AFC autour de JF Parrot et d’autres à propos de l’article de Jacques Le Goff dans Libération (26/11/1999).
Le MACAC (Mouvement des « Anciens Combattants Autoproclamés de la Culture ») s'interroge sur les raisons objectives qui poussent le Professeur Jacques Le Goff à soutenir l'œuvre de démolition de France Culture menée par Laure Adler et Jean-Marie Cavada.
En tant qu'auditeurs soucieux de la qualité des émissions de la chaîne, de la pérennité de l'identité et de la spécificité de France Culture, nous avions déjà entre autres vivement protesté en 1997 lors de la suppression des « lundis de l'histoire ». Or, nous ne souhaitons pas à présent que les (?) producteurs des « lundis de l'histoire » soient les seuls à se féliciter de la nouvelle grille. Avant octobre 1997, la grille ne comportait qu'une succession de bonnes émissions. La situation s'est encore aggravée depuis septembre 1999. Que sont devenues des émissions comme « philambule », « le pays d'ici », « les chemins de la connaissance », le « temps des sciences », « question d'époque », « les grands débats », « permis de construire », le « panorama », « archipel médecine », etc... Les « perspectives scientifiques » n'ont pas été rétablies et la part réservée au domaine scientifique se limite à 140 minutes par semaine (contre 400 dans la grille Borzeix, par exemple). Si d'autres émissions n'ont pas disparu, elles ont été placées dans des tranches horaires peu favorables (« l'histoire en direct », « enjeux internationaux », etc...), ou bien, par exemple dans le cas de l'archéologie, réduite et insérée dans « fabrique de l'histoire ». Sans parler des découpages internes, le fractionnement des temps d'écoute n'est pas supportable (dans la semaine, 40 émissions de 3 minutes, 45 émissions de 8 minutes).
Dans son commentaire paru dans le journal « Libération », Monsieur Le Goff fait peu de cas de la « piétaille » d'un auditorat qui devrait se contenter des miettes qu'on lui lance, et il fustige, toutefois avec ménagement (il faut sans doute savoir préserver l'avenir), les intellectuels qui se sont fourvoyés dans une critique qu'il juge sans fondement.
Monsieur Le Goff a été consulté par Laure Adler, ainsi que trois autres intellectuels, pour l'aider à définir les nouvelles orientations. Le résultat est éloquent. Et que dirait-il si c'était lui qui était mis à la porte, avec son seul salaire de « producteur», lui qui bénéficie par ailleurs des émoluments de la fonction publique ?
Ce médiéviste donnant dans le « jeunisme » serait-il tombé sur la tête en mettant ses rollers ?

 
Benoît

27/11/2003
22:45
Complément au message d'Edmond

Merci Edmond pour ce rappel : toutefois, je crois que les raisons de cette défense de la nouvelle orientation des programmes par Jacques Le Goff en 1999 tiennent à ce que j'ai eu l'occasion de souligner plus haut. Je reprends donc mon texte à cet égard : "il faut se rappeler que Patrice Gélinet avait voulu supprimer l'émission, et l'a finalement réduite à 45 minutes. C'est sous Laure Adler que Les lundis de l'histoire ont récupéré 15 minutes (et ceci n'est peut-être pas étranger aux prises de position de Jacques Le Goff en 1999)".

Pour le reste, Jacques Le Goff fait vraiment "du" France Culture comme nous l'aimons !
 
glork

28/11/2003
08:10
re : Portrait de Jacques Le Goff

tzzzzz!schloïck,schtik! slurppp!une pastille Benoit?un tres beau livre? du fc comme tu l'aimes pas comme nous...
 
Benoît

28/11/2003
12:26
Juste une mise au point...

A part sur ce forum, je n'ai jamais rencontré personne qui a désigné cette émission comme l'une de celles qui dévalorisent France Culture (et j'ai tout de même rencontré pas mal d'auditeurs, ou lu plusieurs enquêtes). Pour ce qui est de Jacques Le Goff (qui n'est pas le seul producteur de l'émission), je rappelerai qu'il a près de 80 ans, et qu'il fait cette émission depuis environ 30 ans : la qualité de cet historien vaut largement que l'auditeur face un petit effort. Je pense qu'à sa suite, Jean-Claude Schmitt ou Alain Boureau reprendront sa succession (peut-être les deux) : ils ont tous les deux une excellente voix pour la radio, et ce sont d'excellents médiévistes. Mais il reste à souhaiter que "Les lundis de l'histoire" puissent se maintenir, ce qui n'est pas certain si l'évolution de France Culture continue de privilégier l'actualité et le direct. Mais je le redis, je trouve que France Culture ne va pas si mal en ce moment.
 
edmond

29/11/2003
10:47
re : Portrait de Jacques Le Goff

Quand bien même : 15 minutes hebdomadaires de gagnées pour 100 heures hebdomadaires de perdues donne un rapport de 1 sur 400 ! A mon avis, Jacques Le Goff et surtout les auditeurs se sont faits avoir dans l’Histoire…
 
Benoît

29/11/2003
11:14
re : Portrait de Jacques Le Goff

Là, je ne peux pas te donner tort Edmond : mais c'est sans doute aussi que nous (auditeurs) n'avons pas suffisamment réussi à faire entendre notre point de vue auprès de la presse et des intellectuels. Je crois (je sais) aussi que beaucoup de personnes qui travaillent à France Culture n'ont pas le temps d'écouter cette chaîne et la connaissent finalement beaucoup moins bien que nombre d'auditeurs qui l'écoutent presque toute la journée.

Enfin, il ne me semble pas que « Les lundis de l'histoire » soient l'émission à critiquer : par contre, « Les Matins » et leur empiètement sur les émissions de la matinée..., le déplacement des « Chemins de la connaissance » à une heure de moins bonne écoute et leur amputation de dix minutes, voilà de vrais sujets de colère. ?

Je regrette le temps des deux séries quotidiennes de « Chemins de la connaissance »… Peut-être cela reviendra-t-il un jour ? On peut rêver, non ?

 
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