Archives 2003-2008 du forum de discussions sur France Culture

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paul

01/03/2005
09:35
J'ai bien rigolé ce matin, merci Mr Szchiffrin

Panique à bord à mourir de rire : De Maure ne reçoit les textes (!!!! quel aveu !) des éditos que quelques minutes avant la diff !!!
arrêtez, je n'en peux plus ! Aidz-moi !

 
La reine des belges

25/03/2005
23:51
Andrew Schiffrin, homme estimable

André Schiffrin est donc passé 3 fois en sur FC en 3 semaines : les Matins, la Fuite dans les idées, et Jeudis Littéraires. J'en ai profité pour lire son dernier livre "Le contrôle de la parole", et pour relire le précédent : "L'édition sans éditeurs".

Entendre Schiffrin à la radio ou à la télé c'est toujours une épreuve : l'homme est hyper-sympathique, il défend la cause la plus noble qui soit (l'Edition), sa connaisance du sujet n'est pas douteuse, enfin qu'il frappe dur. Le problème c'est qu'il est totalement orienté, et que donc entre deux raisonnements d'experts (donc instructifs) et quelques infos capitales que lui seul nous donne (à croire que tout le monde nous les cache), on trouve çà et là dans ses deux livres et dans ses interventions média quelques oublis bizarres (pas toujours explicables) et aussi quelques évidentes faussetés mais de la part de l'éditeur de Chomsky c'est à prévoir.

Etant donné que Schiffrin parle d'économie culturelle, autant utiliser ce fil pour consigner ce qu'il dit d'intéressant. Si en cours de route il y a des éléments trop choquants dans ses propos (qui dérivent couramment vers le gnagnan idéologique défense de l'emploi haine des affairistes humanisme neuneu bref les niaiseries habituelles) je les signalerai poliment.

Soyons cool, quoi...

LRDB
 
La reine des belges

26/03/2005
01:19
Andfre Schiffrin aux Mardis Litteraires

Mardi dernier :
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/ jeudis/fiche.php?diffusion_id=29315

J'ai entendu des remarques qui me semblent belles et bonnes et même amusantes, même si toutes ne sont pas neuves elles méritent d’être rappelées donc :
- Messier a fait preuve d'une extraordinaire incompétence gestionnaire, par gourmandise capitalistique. L'achat d'une maison d'édition américaine, suivi de la revente à perte, a couté à Vivendi 1/2 milliards de dollars : "pour perdre une telle somme dans l'édition il faut vraiment un talent exceptionnel" ironise Schiffrin..
- L'Elysée a clairement oeuvré à la création d'un monopole Hachette, sous prétexte d'une solution franco-française, argument absurde car le groupe Lagardère appartient pour 51 % à des actionnaires étrangers.
- Bizarrement la cession s'est faite sans débat public : même les éditeurs indépendants n'ont pas réagi contre cette concentration de l'édition : c'est le quasi-monopole de la diffusion qui a déclenché leur réaction.
- L’Edition concentrée a pour principe d’accroitre la pression sur l’éditeur en lui retirant l’exploitation de ses titres en poche, le privant ainsi d’une source importante de profit qui lui apportait la stabilsation sur le long terme. Ceci n’est pas fait par bétise (bien que ce soit bête). Schiffrin explique ainsi la chute de Random House.
- Les grands magasins qui vendent 50% des livres, exercent une censure. Raflant le marché des best-sellers, des dictionnaires, et des livres de poche, et ils privent de ressource les libraires. Quoique ce raisonnement semble juste et acceptés apr tous, il me semble faux sur un détail : les livres de poche vendus en hypermarché ce sont quelques best-sellers et des scolaires, mais pas l’éventail large des catalogues de poche. Enfin ça ne retire pas beaucoup de poids à l’argument, donc passons..

Voila quelques saines vérités entendues dans ces mardis littéraires...

LRDB
 
LRDB

26/03/2005
01:21
Entracte

Avant de dire ce qui m'a déplu dans les interventiosn de Schiffrin, je signale deux détails, deux points de langage qui méritent d’être signalés :
- Schiffrin parle (pour ses propres maisons) parfois de profit, parfois de non-profit. Il aurait beaucoup à dire sur l'emploi du mot "profit" par les tenants de l'anti-économisme...
- Il emploie comme Nick et les autres journalistes maladroits, l’expression horripilante de « grands groupes », choquante par son impropriété.


 
LRDB

26/03/2005
01:30
Mais tout n'est pas estimable

A côté de ça, Schiffrin s'offusque, toujours sur le même ton qu'on lui connait depuis son coup d'éclat de 1998, et c'est donc de façon quasi-obsessionnelle :

- 70% des publications françaises sont entre les mains des fabricants d'armement. On retrouve ici l’argument sans pertinence, déjà agité par Politis. Sans pertinence : le problème en l’occurrence c’est pas l’armement, c’est la dépendance aux commandes publiques. Il n’y aurait pas l’armement, il y aurait encore et surtout les manuels scolaires qui représentent peut-être 25 ou 30% du chiffre total de l’édition. Il ne faut donc pas se tromper de morale. Le pacifisme anti-marchand d’armes c’est très bien (enfin c’est un peu facile) mais ici c’est hors-sujet. Et du coup la dosette de moraline c’est pas bon signe…

- La Découverte, maison d'édition de dissidence, appartient maintenant au patronat. Sauf que les événements récents ne sont nullement responsables de cette situation : à l'étape précédente, La Découverte appartenait à Vivendi, n’était donc pas en tellement meilleure situation.

- Il n'y a presque plus d'éditeurs indépendants dit Schiffrin. Mais son livre montre (p 22 et 23) au contraire 30% d’indépendants. C’est peu, mais ça n’est pas si réduit que ça. Surprise : le tableau de Schiffrin ne mentionne pas les PUF, parmi les éditeurs indépendants. Pourtant Minuit et Bourgois y sont représentés, malgré une importance (en volume et en CA) qu’on peut croire assez inférieure à celle des PUF. Comment expliquer cette absence d’une maison représentative de l’édition intellectuelle, dont Schiffrin ne peut ignorer l’existence ?

- Schiffrin n’a pas digéré ni le premier mandat de Georges Walker Bush, ni la guerre d’Irak, dont il fait porter la responsabilité sur le silence des éditeurs américains, « alors que la population américaine était contre cette guerre ». On voit ici la dérive vers le politique, mais ça n’est pas pour surprendre ceux qui ont lu ses livres et savent qu’André Schiffrin, grand éditeur, est cependant moins un éditeur qu’un militant idéologue.

- Schiffrin déplore un consensus des éditeurs parisiens contre les auteurs marxistes (le cas Hobsbawm) et contre Chomsky, pourtant auteurs de qualité puisqu’ils se vendent bien (sic). Ces jérémiades sont insensées, car elles nient aussi bien le libre-arbitre de l’entrepreneur d’édition, que les vertus de la concurrence. Après tout les textes sont maintenant diffusés, et servent de fond de commerce à des maisons indépendantes et sympathiques (Agone etc). Ego cette jérémiade est sans objet, et montre que Schiffrin est motivé avant tout par un souci idéologique : la diffusion des bons textes est certes importante, mais elle vient en second, après le fonctionnement de l’édition : Schiffrin voudrait bien que tout le monde aie sa morale.

L’inconvénient avec les marchands de morale, et l’histoire l'a montré, c'est que quand ils arrivent au pouvoir, il y a des atrocités à la clé…

LRDB
 
LRDB

26/03/2005
01:48
Yavait de quoi pleurer avec les 2 autres

Dernière note dissonnante dans cette émission pourtant stimulante : il y a deux autres invités qui ne sont absolument pas à la hauteur.

- Le premier c’est Bernard Wallet, fondateur (maintenant démissionnaire) de Verticales. Ce type ne dit rien qui ne soit du cliché, et surtout ne dit rien qui ait été vérifié. Une calamité pour la radio sérieuse. Son argument principal semble être « bon voila » (une douzaine d’occurrence en 3 minutes). Il manie à l'occasion le sophisme : selon lui « n’importe quel livre de sciences humaines se vendait autrefois à des dizaines de milliers d’exemplaires », et il cite comme « preuve » l’exemple de Montaillou village occitan. Il ne dédaigne pas l’argument d’autorité (je le sais ça fait plusieurs dizaines d’années que je travaille dans l’édition donc je le sais). Selon lui dans l'actuelle horrible situation que traverse le livre en France, les fautifs ce sont les lecteurs manipulés par la propagande (comme quoi les clichés non vérifiés, mais au contraire infirmés par l'observation concrète, on ne les lit pas que sur DDFC hein). Autres fautifs : les éditeurs qui refusent les textes et c’est inadmissible. Là il cite ses deux meilleurs auteurs qui ont été refusés mais heureusement le second s’est suicidé en ayant la certitude qu’elle était reconnue comme écrivain et donc voila c’est un de mes plus grands bonheurs (je n'invente rien il dit ça texto, quelle bouillie mentale). Délirant. A écouter le baratin de ce tendeur de sébille, il existerait un droit à être publié, et donc une sorte de devoir de l’éditeur peut-être, d'éditer n'importe quel clampin qui s'est cassé à pondre un texte. Ben on n'est pas sortis de 'lauberge avec des intellectuels pareils huh. Vers la fin du débat il parle d’une « paupérisation » des auteurs. Le mot (ridicule et bêtement tiré d'un lexique non pertinent)a probablement pour fin de faire croire que c'est là une nouveauté, car pauvreté et misère des auteurs, elles, ne sont surement pas un effet de la récente mainmise du capitalisme financier sur l'édition. Bref ce mec débloque.

- Le second invité tout aussi loufoque c'est l’éditeur de Schiffrin en France, Eric Hazan, qui d'ailleurs a déjà raconté plusieurs fois comment par incompétence gestionnaire il a perdu la superbe maison d’édition d’art qu'avait fondé par son père, récupérée par le groupe de la Cité, depuis il passe son temps à sortir son mouchoir et à regretter toutes sortes de paradis perdus, notamment l'époque des bonnes librairies. Là où c’est franchement comique c’est quand il cite un exemple : la librairie Maspero. Et il enchaine : parce qu'aujourd’hui tout a changé, à cause de la surproduction (depuis cette époque dit-il ça a du être multiplié par 10 ou par 20 peut-être j’en sais rien mais enfin c’est « énormément plus » - noter la précision) heh bien voila le résultat c’est que le lecteur ne peut plus suivre, et doit passer par les « choix théologico-politiques » du libraire. Ben voyons. Parce qu’avec un type comme Maspero, il n’y avait pas de choix idéologique peut-être. Et puis si les bons livres ne se vendent pas c’est la faute de la critique, dit-il. Bon on comprend qu’avec un tel art du raisonnement ce mec aie vite bouffé la ferme et torpillé la maison du paternel du coup on est en droit de s’inquiéter pour l’avenir de son actuelle boite quelque chose me dit qu'en 2009 Schiffrin devra se trouver un autre éditeur que La Fabrique, pour son troisème volmume de... "L'édition sans éditeur" (ouarf)

- Heureusement Pascale Casanova recadre assez rapidement les plus grosses bourdes de ces deux rigolos, et rend périodiquement la parole à l'invité principal. On aurait gagné à ce que cette table ronde soit un tête à tête entre la productrice et celui des trois éditeurs qui avait quelque chose d'original à raconter.

LRDB

(ps : je ne dis rien ici de la dernière séquence de l'émission, assez réussie mais consacrée à un autre sujet : les années françaises du père de Schiffrin, émigré russe et inventeur de la collection de la Pléïade, son amitié et sa correspondance avec Gide etc etc).
 
La reine des belges

26/03/2005
01:52
Mort d'une idole

Et là je suis en train d'écouter Les Matins du 1er mars, j'entends un truc incroyable dans la bouche de Schiffrin : il dit explicitement que "le Figaro est un des meilleurs journaux du Monde".

Je suis désespérée.

LRDB
 
La reine des belges

26/03/2005
02:44
Schiffrin dans la cage aux fauves

On en avait un peu parlé sur le fil Les Nouveaux matins (attention temps de chargement long) : http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=75 40&debut=0&page=1
Mais on avait surtout évoqué le petit accroc ake le Duem’ et aussi le Duhamel, lors de la dernière partie de l’émission. A réécouter l’ensemble, j’entends un peu différemment les arguments de Schiffrin, quasi les même que mardi dernier chez Casanova, en un peu plus poussés il me semble. J'entends aussi qu'il ne se laisse pas démonter par les pignoufs du studio.

- La création d’un monopole de l’édition s’est fait dans le silence et avec la bénédiction (sur incitation même) du gouvernement. Le duopole était d’ailleurs déjà une situation malsaine. Au reste, la diffusion était déjà quasi totalement contrôlée par Hachette, entre temps devenu un groupe de moins en moins français vu la part importante des actionnaires étrangers. Par ironie, Vivendi s'est ruiné en voulant s’aligner sur un profil de multinationale américaine.

- Schiffrin avance que l’Etat a exigé (un peu plus tard il dira « accepté », puis « proposé ») la constitution d’un possesseur de 70% de l’édition française.

- Ici Nickito place en réponse, que l’Union Européenne a tout de même bien fonctionné non ? L’invité n’a pas de mal à rétorquer que c’est de l’intérieur du pays que l’opposition aurait du se faire, à l’instar de ce qui s’est passé pour la fusion entre les grands casinos. Mais le gouvernement français aime le monopole, dit Schiffrin, et se satisfait très bien que la presse appartienne à Lagardère et à Dassault. Mis à part le manque de débat généralisé et chronique en France, Schiffrin n’arrive pas à expliquer ce goût du monopole en France. Il cite l’intervention isolée de Pierre Cohen-Tanuggi qui a proposé dans le monde une alternative au monopole, mais ça n’a pas suffit à faire temporiser en attendant que se présente une meilleure solution.

- Les structures françaises dit-il n’encouragent pas le débat. Il redoute une certaine lâcheté des auteurs, et cela malgré un risque faible : il signale quand même qu’en cas de rétorsion, se voir relégué chez Gallimard c'est quand même pas une disgrâce. Or les sociétés d’auteurs n’ont pas manifesté de désaccord. De même on n’a pas lu d’enquête de journaliste sur le passé de la gestion de la Martinière, ni sur la démission du directeur de la boite américaine rachetée par La Martinière. Ce qui aurait évité sinon les événements qui ont suivi (au Seuil), du moins la surprise…

- Ensuite vient la chronique de Slama, qui se dit moins inquiet d’une prise de pouvoir par un actionnaire, que d’une crétinisation des contenus : Murdoch n’est pas implanté en France, mais dans le monde anglo-saxon. Cette vacherie tombe à plat et les deux duellistes potentiels restent à distance.

- Pour Schiffrin l’édition du livre n’est pas un secteur capitalistique. Le travail d’édition est possible de façon quasi-artisanale, et la production en quantité est peu coûteuse. On peut vendre à peu de frais de très grandes quantités. La presse est certes soumise à la concurrence des journaux gratuits (et à la logistique de distribution).
(et c’est LA, en passant, qu’il affirme que le Figaro est un des meilleurs journaux du Monde piting je m'abonne dès demain).

- Après la chronique d’Adler, Schiffrin continue sa description : les éditeurs ne peuvent plus vraiment fonctionner artisanalement, n’ont plus même la possibilité de lire les manuscrits, disent « ne pas les lire personnellement » et c’est vraiment dans le meilleur des cas qu’ils lisent eux-mêmes la fiche de lecture. (hum hum il faut considérer que c’est déjà pas mal ?)

- Selon Schiffrin la fusion récente, en tant qu’événement, a été traitée correctement par la revue Esprit, ainsi surtout que par les Inrocks et ce fut un modèle d’information dit-il (arghle). Et il préconise de retourner aux origines de 1944, quand il y avait 38 quotidiens parisiens à but non lucratif. Il répète que la fabrication d’un journal n’est pas coûteuse, mais il ne dit pas grand-chose sur la distribution, or celle-ci en passant du niveau local au niveau national, devient ruineuse. Concernant FC qu’il ne veut pas critiquer, il rappelle que la charte de création de PBS et de NPR (les chaînes américaines) supposait une optique non lucrative et une indépendance de l’audiomètre. C’est à ce moment précis qu’il est clairement fait référence à la p 88 du « Contrôle de la parole », qui induit que FC était différent « naguère ». Ce « naguère » fait réagir d’abord Nickito qui nie énergiquement avoir des consignes d’audience. Puis Duhamel signale que d’abord le travail de JM Roberts reste conforme au modèle artisanal, ensuite que contrairement aux déclarations de La Martinière (« chaque livre doit être rentable ») le Seuil continue à ne pas demander une rentabilité de chaque livre, enfin Duhamel invoque la totale liberté dont lui-même bénéficie sur FC. L’autre lui cloue le bec en répondant qu’une fois retirée au Seuil la diffusion, La Martinière a coupé littéralement les vivres de l’éditeur. Mais seul l’avenir dira si la structure ainsi modifiée peut permettre au Seuil de rester ce qu’il était.

LRDB
 
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