Archives 2003-2008 du forum de discussions sur France Culture

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Agnès

15/01/2005
21:50
C'est en lisant qu'on devient liseron

c'est en lisant qu'on devient liseron...

Je me permets de me citer moi-même ("c'est bientôt Noël"), pour ouvrir un fil "POSITIF"!!! qui nous permette éventuellement de partager quelques petits plaisirs livresques. Il y a des lustres que je n'ai ni eu envie de lire ni d'acheter un bouquin évoqué sur FQ. Alors peut-être que les passions et les plaisirs des uns et des autres...

"Si je puis me permettre, en guise de présent tout à fait de saison, puisque l'action se déroule entre les abords de Noël et la Saint Sylvestre, lisez donc le très burlesque "Drôles de frères" ("Brothers' keepers", je crois, en anglais)de Donald Westlake, chez Rivages poche.L'histoire d'un couvent de moines contemplatifs en plein Manhattan, qui doit être détruit pour être remplacé par des tours de bureaux. Il y a là dedans, entre autres, une conversation entre deux des frères et un requin du bâtiment qui me ravit au plus haut point.
(DDF est aussi une histoire de mise en mouvement de soi...)"


 
pb

15/01/2005
23:39
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Intrigué par un message de CA, je me suis plongé dernièrement dans le Don Quichotte de Cervantès. Oeuvre hautement recommandable. Si LRDB l'achète elle aura du mal à le classer dans sa bibliothèque : philosophie, aventures ou loufoquothèque???

Aussi dans le genre picaresque, mais plutôt du style Candide et la guerre de 30 ans :
Les aventures de Simplicius Simplicissimus
Jacob von Grimmelshausenn 1669
Attention, c'est un gros pavé et il ne faut pas prendre la version très raccourcie d'Actes Sud.

Dans le genre burlesque, déjà cité sur DDFC : l'énorme "Conjuration des imbéciles" de John Kennedy Toole. De JKT, "La bible de néon" est beaucoup plus intimiste.

Dans le genre galactico-poético-religieux et en référence à john Keats, la tétralogie de Dan Simmons : "Hypérion, La chute d'Hypérion, Endymion, L'éveil d'Endymion"

Dans le genre monde magique, version parodie burlesque de Tolkien : Terry Pratchett et ses "Annales du Disque Monde" (environ 20 volumes parus)
http://www.fluctuat.net/dossiers/pratchett/
 
lrdb

16/01/2005
01:37
Sans FC y aurait pas de littérature polonaise

La radio fait lire...

Peut-être bien que je ne connaitrais pas, que je n'aurais jamais lu Gombrowicz, si je n'avais pas écouté jadis quelque Panorama ou Jeudi littéraire. En ce moment même Ferdydurke est en feuilleton à 11h chaque matin au fait. Cela dit, je crois que sans Gombrowicz je vivrais mieux. Ce que j'ai préféré de Gombrowicz c'est bien le "Une vie une oeuvre" de 1996 rediffusé l'été dernier.

La radio fait lire : je suis très reconnaissant à Une vie une oeuvre de dimanche dernier (Jan Potocki par Chrisitne Goémé, louée soit-elle) de m'avoir appris qu'une meilleure traduction du Manuscrit trouvé à Saragosse était sur le point d'être disponible : elle prendra probablement pace non dans ma loufocothèqe, mais dans ma Picarothèque, aux côtés de Gil Blas, Don Quichotte, et la Recherche du temps perdu.

LRDB
 
guydufau

16/01/2005
12:46
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Je suis content que soient invités par FC des auteurs dont j'ai lu au moins un livre. C'est le cac pour JP Dupuis,M Onfray, M Serres, E Morin, P Pignarre, R Passet,S George, JC Guillebaud, E Hazan,A Jacquard, etc...
 
lionel

16/01/2005
14:26
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Pas très gais les textes ci-dessus. En generalisant abusivement, je reproche aux essais de souvent defendre en 200 pages une thèse qu'on pourrait resumer en 2 à 10 pages.

Dans le chapitre distraction, la plupart des Grands Détectives de 10-18 sont très réussis:

# Le Scribe Huy, de Anton Gill (Égypte antique),
# Le Juge Ti, Robert Van Gulik (Chine des Han, VIIe siècle),
# Frère Cadfael, d'Ellis Peters (Angleterre, XIIe siècle),
# Hugues Corbett, de Paul C. Doherty (Angleterre, XIVe siècle),
# Le rabbin David Small, créé par Harry Kemelman, (USA, 1950)
# Sauve-du-Mal, de la papoue Dominique Muller (France de la Régence, XVIIIe siècle),

(Les dates concernent l'époque où exerce le detective du roman) etc. http://encyclopaedic.net/franc/ro/roman_policier.html

A propos de Don quichotte j'ai vu dans Libé que c'était le quadricentenaire et que l'Espagne prepare 2000 manifestations culturelles (!) Nul doute que la gaveuse culturelle Laura Culture nous prepare ses propres tartines quichottesques pour bientôt.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=268259


 
Agnès

16/01/2005
17:55
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Et l'inénarrable et bogartesque Gordien, à Rome entre les débuts et l'apogée de Cicéron. "Du sang sur Rome" et les suivants, en particulier "Un égyptien dans la ville" qui met en scène mon cher Catulle. ça se gâte nettement après l'assassinat de Clodius, et la traduction est de plus en plus mauvaise (euphémisme).
Michel Serres! Guy! Jamais réussi à en lire plus de trois pages...
Oh! à propos, je viens de me gondoler en découvrant "le Jourde et Naulleau", petit guide de la "littérature à la mode" et des initiés du Durassic park.
A.

 
guydufau

16/01/2005
19:15
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Lionel,en généralisant,l'enquète d'un détective peut se résumer en un mot : le nom de l'assassin.
 
AArgh!!!

16/01/2005
19:36
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

En fait, Lionel lit tout le temps le même livre....
 
Henry Faÿ

16/01/2005
19:55
un petit chef d'oeuvre de hônnerie

C'est en moussant qu'on devient moussaillon-on-on
c'est en filant qu'on devient philémon
c'est en pavant qu'on devient pavillon
c'est en perchant qu'on devient percheron
c'est en lisant qu'on devient liseron
chanté par un certain François Corbier à qui un choeur d'enfants donne la réplique.
Coïncidence? C'est passé comme chanson hôn de la semaine dans l'émission de Philippe Meyer la prochaine fois je vous le chanterai d'hier.
Je ne la connaissais pas, cette petite merveille de hônnerie mais c'est peut-être un classique du genre, en tout cas, elle en a le charme.
Dans cette émission, Philippe Meyer a passé
di dou da da dou dou
nous avons bien rigolé
la fanfare a défilé
avec les pompom avec les pompon avec les pompiers
dans le pays toute entier
on a fait tous les cafés
avec les pompons avec les pompons avec les pompiers
.......
Ca c'est l'histoire, ça c'est l'histoire, ça c'est l'histoire des pompiers
chanté par... les comedian harmonists (les comedian harmonists! vous avez quel âge Faustin? On se le demande)

 
CA

16/01/2005
20:05
Marcel chez les Picaros


Cette semaine, et comme France Culture ne pouvait pas passer à côté d'une commémoration, un Travaux public, à El Sur, sera consacré à Cervantes et don Quichotte, avec Jean Canavaggio, auteur de la traduction en Pléiade et l'un des meilleurs spécialistes de l'œuvre. Si l'on pouvait éviter la quinzaine commerciale à la suite, ce serait une chance. Éviter, par exemple, une série estivale, d'il y a bien cinq ou six ans (mémoire défaillante), qui fut un ratage complet : une laborieuse reconstitution de l'itinéraire suivi par l'hidalgo (?), avec force bruitages de sabots et cliquetis d'armes.
Merci pour les conseils de lecture des uns et des autres (certains déjà lus, j'approuve). Et pour l'article de Libé, qui laisse augurer du pire.
Marcel chez les Picaros, une idée à creuser.

C.

Guy Dufau, si vous le permettez, il est urgent de vous mettre à la lecture de rompols...


 
Agnès

16/01/2005
20:09
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Pure coïncidence!!! j'ai adopté il y a bien longtemps cette devise qui convient à ma fibre bucolique et papivore, et puis le liseron est une mauvaise herbe, une vraie vérole pour les jardiniers.
A part ça , "chers amis de DDFC", s'il s'agit de donner envie de lire tous ces très très très passionants ouvrages, fendez-vous d'un poil de commentaire, ou de citation, comme le fait si bien François Chaland (?). Pas de simple "name dropping". Enfin, ce que j'en dis...
A
 
CA

16/01/2005
20:10
C'est en lisant qu'on devient liseron

À ma connaissance, "c'est en lisant qu'on devient liseron" est une phrase de Raymond Queneau. Mais je ne sais s'il l'a lui-même reprise ailleurs. Je vérifie.
La chanson est très jolie.
C.
 
guydufau

16/01/2005
21:03
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Christine, des rompols ? Je préfère certainement des roll mops (un quasi anagramme).
 
CA

16/01/2005
21:11
Encore plus difficile

Et qui vous empêche de lire des rompols en mangeant des rollmops ?
(Scusatemi, on dit une anagramme, mais c'est pas grave).
C-
 
Henry Faÿ

16/01/2005
21:27
c'est en lisant qu'on devient liseron

C'est bien Raymond Queneau. C'est ce que m'a dit Google, qui connaît aussi François Corbier mais pas cette chanson.

 
Pascale

17/01/2005
09:49
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Liserons, Liseronnes, lisons tous le Jourde et Naulleau - comme c'est écrit sur la couverture, c'est du brutal, mais ça fait du bien !
 
guydufau

17/01/2005
10:52
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Christine : perche, per me i rompols (gialli) sono farraginosi.
 
lotte

17/01/2005
13:31
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

petit dico jubilatoire
le dictionnaire du diable (dictionnary of the devil)
d ambrose bierce, qui apres une existance traumatisante (il faisait pas bon vivre durant la civil war) a disparu de facon si tragique que nul n a jamais su comment!

bonne annee quand meme!
 
Agnès

17/01/2005
18:18
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Donc: le "Jourde et Naulleau" est un pastiche du Lagarde et Michard, appliqué à des auteurs que J&N considèrent comme des imposteurs, et dont les noms dominent le "monde" des lettres d'aujourd'hui. Entendons, celui de Josyane Savigneau, désignée comme Jo(bip)S.(bip) puisqu'elle a cherché des poux dans la tête de Jourde qui l'aurait attaquée en tant que FEMME...ça vous rappelle quelque chose?
Il y a donc une brève bio des auteurs accompagnée d'un commentaire sur leur oeuvre et leur style, suivi d'extraits avec notes en bas de page dans le plus pur style Papous, et enfin des exercices scolaires tels que dissertations et autres réécritures. C'est hilarant.
Par exemple, il y a du Dominique de Villepin à traduire en français et inversement.Je ne l'ai déjà plus, je viens de le prêter, sinon, je vous aurai cité qqs extraits de l'article Camille Laurens. Parmi les auteurs commentés: Madeleine Chapsal, BHL, l'autre c.a. (j'insiste sur les minuscules)i.e Christine Angot, Alexandre Jardin et un type dont j'ai découvert avec un ahurissement insondable la prose: G.dustan, qui mériterait d'être frappé de damnatio memoriae.Pas forcément utile de l'acheter, mais à feuilleter entre copains, surtout qu'on y retrouve les auteurs de FQ!

 
CA

17/01/2005
20:25
J&N, première partie

À propos du J&N, ainsi que des autres ouvrages de Pierre Jourde, voir le fil ouvert par Lionel, "À voix nue, Christine Angot", page 5. Il y était déjà question du livre. Quelques extraits et d'autres références.

http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=87 72&debut=200&page=5

Je crois qu'il en est encore question dans un autre fil, mais ma mémoire défaille. Il me semble d'ailleurs que j'avais évoqué les deux titres qui suivent. Pardon pour les quasi inévitables radotages.

- de P. Jourde, une dissection de la littérature française (ou de l'imposture littéraire) des dix dernières années, La littérature sans estomac, Agora, 2002. À partir des mêmes auteurs et d'autres encore.

- autre ouvrage à deux mains, contre le "littérairement correct" et certaine criitique littéraire constituée en église, avec ses papes, papesses, prêtres et prêtresses : Eric Naulleau, Petit déjeuner chez tyrannie & Pierre Jourde, Le crétinisme alpin, désormais en rééd. Livre de poche.
La polémique avec J. Savigneau est l'objet de ce livre.

C.



 
la reine des belges

17/01/2005
20:40
Lecteurs sans frontières

Il y a une querelle juridico-littéraire : depuis une dizaine d'années, Pierre Jourde (essayiste, directeur de revue, très fin analyste de Vialatte) ne contente pas de stigmatiser la médiocrité de quelques auteurs. C'est tout le fonctionnement de l'édition qu'il met en cause, avec l'aide du sien d'éditeur, Eric Naulleau. Selon que vous aimez les pastiches ou bien les pamphlets, vous êtes lecteur naturel du J&N, ou bien des précédents épisodes de la querelle :

1) "La littérature sans estomac"
- est sorti en 2002, sur la base d'articles précédemments parus en revues (Hespéris, Critique, L'Atelier du Roman). Edité par Eric Naulleau (L'esprit des péninsules) et depuis repris chez Pocket, c'est le livre initiateur de la querelle. Il est au Jourde & Naulleau ce que "La littérature à l'estomac" est au "Lagarde & Michard".
- On y trouve une assez belle série de costards taillés à quelques pseudo-écrivains Angot, Darrieussecq, Beigbeder, Laurens, Rolin, Toussaint. On y trouve aussi et surtout exposé le décorticage d'un système où les ténors du journalisme littéraire consacrent leurs colonnes, les ressources du journal, et le temps des lecteurs, à la promo systématique des copains. Jourde démonte non une collusion, mais le régime en tandem du couple Edition/Presse, la seconde se chargeant de promouvoir les livres de la première sur des critères de relations perso et non pas des critères littéraires. Il ne reste qu'une place réduite pour parler de littérature, parce que ceux qui sont torchés-packagés pompent l'air des livres réels, ceux qui sont, tout simplement, écrits.
- Lionel trouvera peut-être qu'il n'y a rien là de bien neuf, je suis à la fois d'accord et pas d'accord : ce que décrit Jourde a toujours existé, mais peut-être pas au point d'atteindre les sommets qu'il décrit dans "La littérature sans estomac".

2) "Petit déjeuner chez Tyrannie", de Naulleau suivi de "Le crétinisme alpin" (Jourde).
- Celui-là est paru en janvier 2003 chez La Fosse aux Ours, maison d'édition montée pour la circonstance et pour servir de bouclier à L'Esprit des péninsules. Car Eric Naulleau, déjà tacticien doué et connaisseur de la justice depuis depuis cette affaire, sait qu'un mauvais procès peut envoyer une maison d'édition au cimetière. Dans ce second volume ils se sont mis à deux, Naulleau signant l'essai principal ("Petit déjeuner..."), et Jourde ajoutant "Le crétinisme alpin : ses symptômes, ses effets pernicieux, les traitements pour l'éradiquer." Les deux auteurs enfoncent le clou en racontant les suites de l'affaire, notamment la réaction du Monde des livres, les mises en demeure, les menaces. On trouve copie des courriers de Savigneau
- Ce second livre est tout aussi tonique et instructif. Encore plus sainement prophylactique.


Ah, il me faut également signaler que sur tout le France Culture que j'écoute, je n'ai entendu que Philippe Meyer pour faire l'éloge du Tandem, et ceci, dès le début de la querelle. Dans la foulée, Meyer a signalé également deux livres qui participent de la même dénonciation :
- Le cadavre bouge encore. Précis de réanimation littéraire. Livre collectif édité par un ex-bon camarade de Veinstein, et depuis repris chez 10/18.
- Qui a peur de la litétrature. Par Jean-Philippe Domecq. (1001 Nuits)

lrdb
 
lrdb

17/01/2005
20:42
répétitions

argle, cette fois c'est Don Adam qui m'a doubled, gaspe et sorry. suis décidement bien lent au réveil ...
 
Agnès

17/01/2005
21:27
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Autant pour moi, je n'avais pas lu le fil concerné, et donc pas vu que je faisais double emploi. Mais j'étais dans l'hilarité de la découverte.
A
(A propos, un potin: Jobip Sbip serait sur le départ. On hésiterait sur son remplaçant. On aurait en magasin un monsieur de moindre envergure dont le nom prête au calembour. A suivre)
 
CA

17/01/2005
21:36
Auteur bifrons ?

Si c'est moi Don Adam, ce que je crains (I'm kidding) pas de mal, votre topos est infiniment plus complet que mes rapides références aux deux livres.

Pour poursuivre la réflexion dans d'autres voies, qui nous préoccupent fort ici même, voir d'Emmanuel Pierrat, Le bonheur de vivre en Enfer, Maren Sell éd. , 2004. Il se trouve qu' Emmanuel Pierrat est l'avocat de JosySav dans l'affaire Jourde. Celui-ci l'épingle de la belle manière dans une lettre reproduite p; 189 de la rééd. de poche du Crétinisme alpin (lettre précédée de celle d'E. Pierrat). Or E. Pierrat est un spécialiste ... de la censure, avocat entre autres de Houellebecq. Ça ne manque pas de sel, l'anti-censure qui défend la cause de ceux qui combattent toute forme de critique .
Pierrat était passé un jour chez Demorand.

Le livre (un très très très beau livre) a la tournure d'un témoignage personnel, badin, et un peu complaisant, sur son activité nocture d'expert ès littérature licencieuse, assorti de considérations sur la censure et les censeurs, à partir des causes qu'il a défendues.

Viens de le commencer mais ne vois pas la moindre allusion à la fameuse polémique.

C-
 
CA

17/01/2005
21:41
La plus que lente

Agnès, tu m'as doubled, cette fois. Je répondais à LRDB.
Ah bon ? Et si c'était LA le Monsieur ? Une Mme de Staël ( ou Stal ? ) au Monde des Livres, ce serait pas mal, non ?


 
Pascale

18/01/2005
19:14
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Quelques extraits de littérature sublime, cités par Jourde et Naulleau :
"Venez, viens, je, tu, vous,j'avoue, je tue, prenez, ceci est mon corps, je suis l'amante religieuse, je me dévoue à vous, je vous tue, ceci est ton sang, je pourrais si je voulais, j'aurais pu si j'avais voulu...j'ai dit : Venez, allez-y,venez, Jacques, j'ai pensé, viens Jacques, j'ai pensé, viens..." etc.
Camille Laurens
et celui-ci, mon préféré :
"Je me réveille, je suis explosé au lexo, je décide de me laver now, ça me réveille un petit peu, je note des trucs à faire, j'étends les slips sur la poignée de porte, les débardeurs aussi, les cho7 dehors sur l'appui de fenêtre...
Guillaume Dustan
Jourde et Naulleau dégustent ça et en font des pastiches,du brutal, je ne vous dis que ça
 
dom

18/01/2005
21:44
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

"Je me réveille, je suis explosé au lexo, je décide de me laver now, ça me réveille un petit peu, je note des trucs à faire, j'étends les slips sur la poignée de porte, les débardeurs aussi, les cho7 dehors sur l'appui de fenêtre...
Guillaume Dustan
y m'a niquer ma meule c' batard, taing un scoot custom relooker, 3 ans de deal a la sortie du bahut, j'vais y faire sâ mere, a c'bouffon, c'est qui la pouffe en jogg?

c'es beau la création!
 
pb

18/01/2005
22:58
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

trois extraits de Terry Pratchett trouvés sur internet :

- "il est tellement bête qu'il ne trouverait pas son cul avec ses deux mains"

- "Selon les mages, l'Université reposait sur un terrain magique, elle était donc exempte de tout impôt, et puis on ne taxe pas le savoir. Selon le Patricien, si, on le taxe. C'était deux cents piastres par tête ; si ça les gênait par tête, on pourrait en faire sauter quelques unes.

Selon les mages, l'Université n'avait jamais payée d'impôts à l'autorité civile. Selon le Patricien, il ne comptait pas rester civil longtemps.

Selon les mages, ils pourraient peut-être obtenir des facilités de paiement. Selon le Patricien, c'était justement des facilités qu'il leur proposait. Ils n'aimeraient sûrement pas qu'il leur parle des difficultés.

Finalement, il fut convenu que les mages ne paieraient bien sûr pas d'impôts, mais qu'ils feraient une donation parfaitement spontanée de... oh, disons deux cents piastres par tête, sans parti pris, mutatis mutandis, sans conditions, à n'utiliser impérativement que dans des buts non militaires et respectueux de l'environnement.

C'est cette interaction dynamique de blocs d'influence qui faisait d'Ankh-Morpork une ville si passionnante, stimulante et surtout vachement dangereuse où vivre.

- "On disait que la vie ne valait pas cher à Ankh-Morpork. C'était, bien entendu, archi-faux. La vie coûtait souvent les yeux de la tête, c'est la mort qu'on pouvait avoir pour rien."
 
lionel

19/01/2005
00:14
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Est-ce que quelqu'un ici a tenté "La Maison des feuilles" de Mark Z. Danielewski?


 
Agnès

19/01/2005
00:26
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Le smiley signifie-t-il que ce roman (?) est un excellent somnifère?
 
lionel

19/01/2005
00:39
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Je ne sais pas. Il parait que c'est un roman très bizarre de 700 pages. Ca se passe dans une maison qui est plus grande à l'interieur qu'à l'exterieur et où des nouvelles pièces apparaissent sans arrêt...

http://www.premonition.fr/premor.php3?lien=chro/chrohm.php3X 1Xcid=211201X3X211201&ta=5
http://www.lire.fr/critique.asp/idC=43391&idTC=3&idR =217&idG=4



 
lionel

19/01/2005
00:45
Le lien ci-dessus ne fonctionne pas ?

http://www.lire.fr/xp_tousAuteurs.asp/idE=34997
 
Agnès

27/01/2005
09:59
"Rationnel, mathématique et inhumain"

J'enchaîne sur une remarque de Lionel, fil "les pieds sur terre" (18h..)

Il y a un terrible pamphlet de Jonathan Swift, édité chez Mille et une nuits.
"Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres d'être à la charge de leurs parents ou de leur pays, et pour les rendre utiles au public".
Swift, se posant en philanthrope, évoque la situation catastrophique de l'Irlande, ravagée par la misère et la famine. Chiffres à l'appui, il propose la solution la plus rationnelle. C'est à la fois hilarant et suffocant.On le lit en 10 minutes, et on en reste hanté.


(Délit d'initiée: pour ce qui concerne "la maison des feuilles", attendons un peu. Peut-être aurons-nous qq jour une notule avertie, quoique peu élogieuse.)

 
Nazdeb

27/01/2005
12:47
Bouteille à la mer

Moi je ne sais pas quoi lire, ce n'est pas faute d'essayer mais hors les classiques j'enchaîne les déceptions depuis quelque temps. Serais-je difficile ?

- "La conjuration des imbéciles" : oui, très bien, mais la longueur parfois inutile de certaines scènes (bien que drôles), sans toujours beaucoup de signification, fait que je n'ai toujours pas repris ma lecture suspendue vers la page 80

- Pratchett : les extraits sont très bien mais je doute de pouvoir m'en farcir des centaines de pages... en fait je suis plutôt intéressé par le Grand livre des gnomes, malheureusement épuisé

- lu quelques complices de la bande à BJFT : un Mordillat burlesque, limite cartoon ("Il faut calmer monsieur Braque") puis son livre autobiographique, émouvant, drôle mais très vite pollué de passages inutiles et convenus qui m’ont fait renoncer ("Rue des Rigoles") ; le premier Joncour, au style réjouissant et parfaitement maîtrisé ("Vu"), et puis qui tombe lentement à plat dans son petit dernier, bien qu'avec joliesse ("L'idole") ; quant à Jouet, quelques nouvelles issues de résidences d'écrivain, très frivoles et bavardes, m'ont fait penser que ce n'était pas la peine de tenter plus loin.

- quelques livres conseillés par Mauvais genre, émission que je rate peu : il y a de l’intéressant, comme un Denis bretin qui déploie d’impressionnants souvenirs fantômatiques de la Grande guerre qui assaillent un gamin paumé dans un hôpital à moitié fou ("Le Mort-homme"), mais il y a aussi du très mauvais... normal, c’est le genre

- quelques polars psychiatriques de Virginie Brac, un plutôt tordu et pas crédible du tout ("Tropique du pervers"), un autre au style plus travaillé ("Notre-Dame des Bargeots"), mais des intrigues assez confuses dans les deux cas

- j’ai tenté du Van Cauwelaert récemment, trouvé excellent "Rencontre sous X", une jeune star internationale du foot qui rencontre une actrice porno, aux prises avec la sordidité de leurs milieux respectifs décrits de manière impitoyable et convaincante (ha hem), si l’ont veut bien oublier quelques invraisemblances et croire un minimum à la fin, heureusement brève ; puis gros bof de déception en tentant "l’Orange amère", histoire d’une ado qui part sur les routes mais où l’auteur (du moins dans les premières pages, je ne peux parler de la suite) semble incapable de rentrer le moindrement dans ses personnages et de nous faire croire à leurs vies, déjà si ternes dans ce village de montagne déserté hors saison

- un jour que je faisais une infidélité à ma librairie et cherchais des dvd à la Fnac j’ai jeté mon dévolu sur un livre stampillé Coup de cœur du magasin, un premier roman racontant les journées d’un étudiant qui se retrouve à Londres puis ailleurs ("Piétinements") ; mais le narrateur, étudiant en droit des affaires, n’a manifestement pas lu beaucoup de livres... ça me servivra de leçon, je ne recommencerai pas

- j'ai fini en vitesse l'avant dernier Laurent Gaudé, celui de son Goncourt des lycéens ("La mort du roi Tsongor"), la destinée d'un royaume déchiré par la guerre qui éclate à la mort du roi, qui devient le spectateur tragique des morts qui passent, ses fils, amis, sujets etc. C'est une guerre de Troie décrite dans une langue traversée de quelques traits de génie, avec quelques superbes idées sur le plan de l'histoire et des rapports entre personnages, mais avec un style le plus souvent sec, solennellement ennuyeux, à des lieues de l'idée que je me fais d'un Goncourt...

- mon dernier bon souvenir de lecture remonte en définitive à Daniel Keyes, "Des fleurs pour Algernon", l'histoire écrite à la première personne d'un attardé qu'on guérit à l'aide d'une méthode révolutionnaire, qui devient l'humain de plus intelligent du monde puis qui entrevoit, en expérimentant sur une souris qui a eu le même traitement que lui (Algernon), que son état va bientôt se dégrader, pour le ramener finalement à un niveau mental pire qu'au début : l'idée est forte, très bien traitée, c’est poignant et efficace

- je lis en ce moment "L’Enfant bleu" de Henry Bauchau, la relation entre un enfant violent et replié avec sa psychologue ; rien de très réjouissant au menu mais c’est bien écrit, avec justesse et beaucoup de bienveillance. Ce n’est toutefois pas un écrivain dont je lirais toute l’œuvre.

- à part ça je pourrai bien relire du Swift, Gulliver n’est plus trop d’actualité mais la "Modeste proposition" a un goût de cynisme moderne assez pertinent... Et puis Yann pourrait me conseiller du Quignard mais ma clause de conscience anticapitaliste m’y rendrait sourd.

Bah voilà, mes goûts sont variés, j'aime tous les genres, et il n'est pas évident d'être satisfait par tout. Dans tous les cas j'aime croire à ce que je lis, que chaque phrase m'incite à lire la suivante, ne pas tomber sur des ficelles trop grosses, etc. J’ai parfois l’impression que les écrivains aujourd’hui cherchent à en faire des tonnes, sont bavards, que la forme prévaut sur le fond et que le style devient lourd, tordu…
Allez, z’auriez pas des conseils ?



 
Nazdeb

27/01/2005
12:48
Hou là

Je ne m'étais pas aperçu que mon message était aussi long, désolé. C'est moi le bavard finalement...



 
AArgh!!!

27/01/2005
13:06
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Je DETESTE "la conjuration des imbéciles". Il n'y a que le titre qui me séduise, (je l'ai écrit à Patrick qui envisage avec bienveillance ce qu'il considère à l'évidence comme une infirmité). Il n'y a pas là-dedans UN personnage qui donne le sentiment que son auteur "l'aime" (scusez les grands mots), et pour lequel j'aie pu le moins du monde éprouver l'ombre d'un intérêt. ça m'est tombé des mains, j'ai trouvé ça crade, et je l'ai jeté parce que je ne voulais ni en encombrer ma bibliothèque, ni le donner. Dans le même genre de titre, j'ai ri à la lecture déjà lointaine de "La prédominance du crétin" - d'une brûlante actualité par les temps qui courent - de Fruttero et Lucentini. C'est amer et dégoûté, caustique et réjouissamment réactionnaire. Il y a en particulier un "blouson de Monsieur Sartre", qui dépoussière joliment l'idole. C'est un recueil de chroniques, ça se lit très bien.
 
Yann

27/01/2005
13:43
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Oui, je pourrais conseiller du Quignard , par contre, je ne sais pas trop ce que veut dire : "mais ma clause de conscience anticapitaliste m’y rendrait sourd".

???

Je dirais même plus: ?????????

Quignard, c'est la tentative de retrouver un état pré-langagier, de se souvenir de se moment où le monde n'était pas circonscrit, encerclé, recensé par le langage. Pour ça, il puise dans des milliers de sources (le Moyen-Age chinois, l'art rupestre, le chamanisme jusqu'au nouvel état du monde post-11sept., etc etc etc...). Bon, il est plein de gravité (il n'a "aucune compréhension pour les choses légères"), souvent très sec, quelquefois complètement obscur et un peu cryptique avec des réseaux de signes pour initiés, mais il est à l'opposé de la pose, de l'angotisme, de la beygbederité. C'est un auteur qui tranche parce qu'il a quitté la forme pour se dévouer au sens (il a essayé le roman, l'essai et d'autres formes et maintenant se consacre exclusivement au fragment, qui contient en quelques paragraphes l'essentiel d'une pensée).
On peut commencer en douceur avec Tous Les Matins Du Monde, qui est une gentille initiation aux signes quignardiens, et on peut alors se consacrer à La Leçon de Musique, la Haine de la Musique, et Carus, qui est déjà beaucoup plus hardu. Eviter les gros volumes écrits pour les prix littéraires (les Salons du Wurtemberg ou les Escaliers de Chambord).
Bon, il ressasse un peu (il veut s'assurer qu'on l'a compris) et avance des théories qui peuvent être fausses, mais en le lisant, on reste avec l'impression qu'il fera date...
J'ai du mal aussi avec la production contemporaine. On m'a conseillé la Part de l'autre, d'E.E. Schmidt, l'autre jour, mais j'ai dû m'arrêter au milieu. Le précepte peut être intéressant (deux version d'Hitler juxtaposées, celui qui a réussi et est devenu peintre viennois, et celui qui a échoué (recalé à l'académie des beaux-arts et est devenu ce que l'on sait)) mais c'est tellement lourd de clichés journalistiques, tellement prévisible qu'on doit laisser tomber, sous peine de se laisser contaminer...
A part ça, en BD, il y a Will Eisner, qui était (RIP cette année) dessinateur New-Yorkais. Sa vision de la ville (et de ses habitants) depuis les années 20 jusqu'à maintenant vaut le détour. Un genre de Woody Allen de la bande dessinée.

Alala faut pas me parler de Quignard, j'accours comme un chat qui entend le froissement du sac de croquettes... Mrwar.
Yann

 
bon vent

27/01/2005
14:32
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

A Nazdeb, je conseilleirais de persister dans sa lecture de la "conjuration des imbéciles".
Commme toi, je ne parvenais pas à dépasser le seuil de la page, ..? je ne sais plus combien, et ceci plusieurs fois...et pendant longtemps, jusqu'au jour où j'ai décidé de le lire, je ne me souviens pas des circonstances qui m'ont poussé à cette replongée "volontaire".
A partir de là je m'y suis scotchée, ce personnage
totalement désespéré, vivant avec sa mère dans un bled
paumé de la nouvelle orléans. Même si c'est une traduction, le traducteur a su transcrire le parlé, la langue, semble-t-il luxuriante, de la nouvelle orléans. C'est jubilatoire !

bon vent (une internaute qui a vu de la lumière et a ouvert la porte de ce forum).
 
Nazdeb

27/01/2005
15:23
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Merci Yann !
Je dois avouer que j'avais commencé il y a quelque temps le Sexe et l'effroi, de plus en version album. Je l'ai laissé en plan vers le tiers (par flemme ?) et pourtant ç'a m'a laissé tout à fait admiratif, avec l'idée que je pourrais revenir y repiquer quelques sensations quand je voudrais, par flânerie. Il faut que je reprenne, et puis je tenterai bien quelques titres parmi ceux que tu conseilles.

Sinon rassure-moi tu es bien un capitaliste non ?...

Bon vent, merci pour le conseil mais alors il faut me (con)jurer que l'histoire décolle un peu au-delà de la page 80...
(contrairement à Argh je n'ai pas jeté le livre). En tout cas la porte de ce forum vous est ouverte, soyez bienvenue.



 
guydufau

27/01/2005
15:42
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

J'ai abandonné la lecture de "L'homme de qualité" de Robert Musil avant la fin du premier volume.
y a- t-il des arguments pour m'inciter à poursuivre?
 
Nazdeb

27/01/2005
16:33
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Heu, moi j'ai abandonné à la page 2 ou 3, désolé je n'ai donc aucun conseil !


 
guydufau

27/01/2005
16:41
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

C'est "L'homme sans qualité", j'ai encore oublié quelque chose.
 
CLOPINE

27/01/2005
17:35
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

et tu as, cher Guy, encore encore oublié quelque chose : "s" des qualités que l'homme en question ne possède donc pas, contrairement à toi !

La "conjuration des imbéciles", n'est-ce pas ce seul et unique roman d'un auteur qui se suicida juste après l'avoir écrit , et qui décrit les pérégrinations d'un obèse-vendeur de saucisses entretenant une relation étouffante avec sa mère ? Si c'est bien ce livre-là, je l'avais trouvé "tordant", comme on se tord de rire -ou de désespoir...


Moi ce que j'ai trouvé illisible, c'est "métalepse" de Gerard Genette. Il est vrai que c'est une lecture savante destinée à des initiés. Qu'allais-je donc faire dans cette galère ?


Clopine

 
Nazdeb

27/01/2005
17:44
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

C'est bien la conjuration, oui, distinguée par un Pulitzer en 1981.
Allez, je retourne à Scarron...

 
guydufau

27/01/2005
22:32
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

C'est vrai,Clopine j'ai paumé le s.
je ferai,ces jours-ci connaitre la dizaine de mensonges de l'économie de J.K.Galbraith qui, à 97 ans publie encore.
 
Agnès

27/01/2005
23:03
Hasards de l'édition

C'est bien ce que je pensais: "La prédominance du crétin" est épuisé.
Mais les éditions Arlea affichent désormais, des mêmes, un "Retour du crétin" et "La sauvegarde du sourire"... (que je n'ai pas lus)

 
laurent nadot

27/01/2005
23:21
Fruttero & Luccentini

On trouvait il n'y a pas si longtemps encore "La prédominance du crétin" en Livre de Poche numéro 6756. Il y a toute une section "Fier connard et autres propos", et aussi un chapitre "Marxistes volants non identifiés". Pas toujours si réactionnaires a part ça les deux gus de La Stampa, car ils font l'éloge de Manzoni. Je leur doit ebaucoup : ils m'ont un peu remis les idées en place, il y a une dizaine d'années. Et à défaut de m'avoir fait passer à droite, ils m'ont fait comprendre qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond à gauche.

Les deux autres volumes (nov 89 et mai 93) chez Arlea sont exactement de la même farine, mais je crains qu'ils ne soient un peu épuisés, et hélas pas parus en Poche. Dans "La sauvegarde du sourire" il y a toute une section de pastiches qui devraient vous plaire ainsi qu'à Christine & Clopine : "Classiques, péchés, et voyages".

Je pense qu'on doit pouvoir trouver ces trois volumes sur le marché de l'occasion : j'ai acheté les 3 chez Gibert-Vieux, à l'angle Ecole de Médecine, entre 95 et 99). On les trouve peut-être chez livre-rare.com ?? Et le volume poche chez les bouquinistes de province, je le vois de temps en temps. En tous cas ça vaut la peine de partir chiner.

Je vois sur le rabat de la couverture de "La sauvegarde du sourire" que la librairie Arléa était située au 8 rue de l'Odéon, et à l'enseigne des "Fruits du congo" mais oui !! (Je n'aurais pas connu Vialatte sans France Culture et les Décraqués).

Enfin il y a une série de romans parus chez Romans Point Seuil, (La femme du dimanche, etc etc) je ne les ai pas lus, ca vous dit quelque chose Agnès ?

Laurent Nadot
 
Agnès

27/01/2005
23:30
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

J'ai adoré "la femme du dimanche", qui est un roman policier, celui d'une femme et d'une ville : Milan. Et aussi "l'amant sans domicile fixe", sur le même principe, mais la ville cette fois est Venise. En revanche, j'ai eu plus de mal avec "Place de Sienne, côté ombre", (très joli titre, au demeurant), qui m'a paru un peu...obscur.
Le site d'Arlea affiche "le crétin2" et "le sourire" comme disponibles à 18,65 euros. J'ignorais que ces livres fussent si anciens.

 
laurent nadot

27/01/2005
23:40
Pas de panique

Un libraire de Lyon "Au décervelé" (04 78 30 73 19) propose le premier "Crétin" pour 9 euros.

Un autre Lyonnais, la librairie Diogène (04 78 42 29 41) le propose à 13 euros de même qu'un libraire Montilien (de Montélimar) 04 75 51 79 62.

Ces luibraires vous les envoient par la poste, suffit d'ajouter 2 euros de port. Il y a de quoi servir trois lecteurs de DDFC !! (Et tout ça rien que pour le broché : des Poche doit y en avoir un peu partout)

LN
 
Agnès

28/01/2005
08:50
Errrare humanum

J'ai le sentiment d'avoir écrit une sottise, mais pas moyen de vérifier, parce que je ne sais fichtre pas où peut être passé ce bouquin. Ce n'est pas Milan, c'est Turin, la ville de la femme du dimanche. Dont j'ai vu qu'elle avait été traduite par Philippe Jaccottet, c'est un gage de qualité, et adaptée en 75 par Commencini.
De façon générale, les romans de F&L que j'ai lus sont écrits avec brio et élégance, tendresse (pour les lieux, pour les gens) et qq préciosité. J'aime beaucoup.
Merci pour les infos ci-dessus. D'où viennent-elles? librairie compagnie?

 
A.

28/01/2005
08:51
Oups!

...une sottise
 
laurent nadot

28/01/2005
16:45
a la recherche de nos introuvables

Hello, en tous cas la Stampa est le quotidien turinois, nos lecteurs pourraient bien avoir rectifié.

Les infos sur les librairies proviennent du site de livre-rare.com, ils ont un moteur de recherche qui carbure à l'alcool de jujube.

- J'avais cherché pendant 20 ans un certain pamphlet d'Arnold Van Gennep. J'ai fait des centaines de bouquinistes à Paris et dans au moins 25 villes de province (dont St malo). Bredouille 20 ans (mon record).
- On m'a indiqué livre-rare.com où il m'a fallu 3 minutes pour trouver le libraire (à St Malo) et un peu moins de 3 minutes pour me mettre d'accord avec lui par téléphone. Le fait que les prix soient indiqués sur le site n'est pas pour rien dans la facilité des échanges, qui se font ensuite par la poste.

Bon tuyau donc..

LN.
 
lionel

28/01/2005
18:21
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Dans le polar "la femme du dimanche" la pointe d'humour se situe dans le choix de l'arme du crime, à savoir un phallus de pierre (et pourtant ce roman n'est pas du tout assommant)

> bon vent (une internaute qui a vu de la lumière et
> a ouvert la porte de ce forum).

Malgré la présence des dingues , il ne faut pas hésiter à pousser la porte du forum!


 
Agnès

28/01/2005
20:15
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Lionel!!!
Ne "déflorez" les fins de roman!!!

 
lionel

28/01/2005
21:22
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

tsss... le coup du phallus de pierre est indiqué dans la 4ème de couv (points seuil)



PS : "pierre" n'est pas un prénom !
 
pierre

28/01/2005
21:48
a ce cafteur de lionel

euh pierre est un prénom : le mien
j'en ai tué plus d'une avec vsavez koi

signé le serial qui leurre
 
Agnès

28/01/2005
22:15
re : C'est en lisant qu'on devient liseron


 
pb

28/01/2005
22:47
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

De Robertson Davies (1913-1995) je vous recommande La trilogie de Cornish qui se déroule avec pas mal d'humour dans les milieux universitaires et artistiques canadiens. On y parle de littérature (tome 1), de peinture (tome 2) avec l'histoire d'un faussaire de génie et de musique (tome 3) avec une compositrice caractérielle :

* Les Anges rebelles (1), Payot (1990)
Drame, dans une université canadienne, provoqué par la découverte d'un manuscrit inédit de Rabelais. Roman publié à New York en 1971, par un acteur, metteur en scène, directeur de journal et auteur ontarien de premier plan. L'oeuvre, à la fois érudite et gaillarde, comporte aussi une dimension sentimentale. Par certains aspects, on peut la rapprocher du Nom de la rose.

* Un homme remarquable (2), Payot (1990)
Ce deuxième volume de la "Cornish Trilogy" reconstitue la biographie d'un personnage qui apparaissait dans les marges des Anges rebelles: le richissime mécène Francis Cornish. Raconté successivement par son ange gardien et son démon, ce destin hors pair qui prend son essor dans une bourgade ontarienne mêle les mondes de l'art et de l'espionnage dans une intrigue enlevée, sous laquelle se dissimule une intense méditation sur la lutte que mène tout individu pour transformer le lot qui lui est issu à la naissance en un destin librement accepté. Un roman d'éducation d'une force et d'une originalité rares.

* La lyre d'Orphée (3), Payot (1990)
Dans ce dernier volume de la trilogie Cornish, on retrouve les principaux personnages des Anges rebelles à la tête d'une fondation artistique qui entreprend de montrer un opéra inachevé de E. T. A. Hoffmann. Un roman érudit, qui met en scène une brochette réjouissante d'excentriques, dans une somptueuse célébration de l'Art.


Dans un autre genre, la Trilogie de Deptford est également très réussie. Elle raconte la vie du "plus extraordinaire magicien des temps modernes depuis Robert Houdin", de sa naissance dans l'Ontario des années 30 à sa mort assez mystérieuse.

* L'Objet du scandale (1), Payot (1989)
* Le Manticore (2), Payot (1990)
* Le monde des merveilles (3), Payot (1990)
 
Yann

29/01/2005
18:03
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

A Nazdeb: Ah oui, et pis Vie Secrète. Le genre de livre qu'on sort nonchalamment du rayonnage, on lit un fragment au hasard, et on est finalement obligé de s'asseoir, parce qu'on y trouve toujoure une vérité profonde qu'on a déjà ressentie.
Si par capitaliste tu entends avoir fait un peu de commerce de fraises tagada (très profitable) dans la cour de récré, et aimer avoir un peu d'argent pour le mettre à profit à la Fnac, alors j'imagine que oui...
(ça me fait penser à ce que je viens de lire dans un autre fil au sujet de "la culture qui est forcément de gauche", par Paul... piting.........)
Yann

PS: ah oui, et pis aussi l'Occupation Américaine, de Quignard, qui vaut un peu le détour (pas son meilleur, il n'est pas trop à l'aise avec le roman). Le contexte est la présence américaine en France après la 2e GM, et la lutte d'un jeune adolescent qui quitte son père et trouver dans cet occupant un père de substitution (qui tournera au vinaigre de framboise, comme on peut le deviner).
 
lionel

29/01/2005
23:27
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

"Des fleurs pour Algernon" de Daniel Keyes, c'est plutôt émouvant.

Après ça on peut retrouver le sourire en lisant le Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des biens nantis de Desproges :

Pangolin
Du malais panggoling, qui signifie approximativement pangolin. Mammifère édenté d'Afrique et d'Asie couvert d'écailles cornées, se nourrissant de fourmis et de termites.
Le pangolin mesure environ un mètre. Sa femme s'appelle la pangoline. Elle ne donne le jour qu'à un seul petit à la fois, qui s'appelle Toto.
Le pangolin ressemble à un artichaut à l'envers avec des pattes, prolongé d'une queue à la vue de laquelle on se prend à penser qu'en effet, le ridicule ne tue plus.



 
Lise(ron)

03/02/2005
18:58
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Chez les "petits éditeurs" : un roman un peu étrange et baroque,tout en échos de mémoire et de miroirs : les Vestiges de Janvier, de Jeanne Bresciani, aux éditions Petra...
 
pb

03/02/2005
20:16
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Est-ce que qq'un (LRDB?) a étudié la Sémantique générale d'Alfred Korzybski? Ce livre est cité en exergue de la fameuse trilogie de SF "Le Monde des non-A" (auteur AE Van Vogt, traducteur Boris Vian) mais je ne l'ai jamais trouvé en français
 
La reine des belges

03/02/2005
22:26
J'obtempere mais n'y revenez pas

"Science and sanity" le livre fondateur de la sémantique générale, a été écrit par Alfred Korzybski mais n'est pas traduit en français, en partie parce qu'il n'est pas très bien écrit en anglais. Cela dit, certains passages parmi les plus signifiants ont fait l'objet d'une traduction sous la direction de Didier Kohn, publiée aux Editions de l'Eclat. Et si l'éditeur Michel Valensi n'a pas changé de doctrine en la matière, le texte doit être disponible sur le net : de cela il s'est expliqué jadis dans l'émission "Dispute". Je ne vérifie pas, mais voici l'adresse : il y a dans la catalogue de cette maison d'édition pas mal de merveilles (une de ces maisons dont Guy écrit qu'elle n'existent que dans mon cerveau déréglé) :
infos@lyber-eclat.org
Le titre du livre est "La carte n'est pas le territoire".

Van Vogt fit partie de l'Institut de Sémantique Générale, et produisit entre autres une série d'axiomes qui sont cités en exergue des chapitres du second volume de la trilogie (Les Joueurs).

Un des livres les plus clairs et les plus utiles produits par l'Institut est réputé être : "Language in thought and action" (Hayakawa) mais il n'y a pas de traduction disponible en français, ce qui est dommage. Michel Valensi m'avait dit avoir pour projet de faire réaliser cette traduction. C'était en 2000. Il semble que ça ne soit pas fait. Ca n'est peut-être pas si facile, et il y a aussi probablement un problème de droits.

Il y a donc très peu de textes disponibles en langue française, et ce sont surtout des livres de formation de qualité inégale (Eds Le courrier du Livre). Ils ont toutefois la qualité de présenter les concepts de Korzibski de façon assez claire. Pour les applications c'est autre chose. Le plus récent à ma connaissance est signé Harry L. Weinberg.

On trouvera en bibliothèque au moins UN ouvrage assez directement rattaché aux recherches menées à l'Institut :
- Linguistique et anthropologie de Benjamin Lee Whorf (Eds Denoel).
et quelques autres très ouvertement inspirés, au moins pour partie, de la pensée de Korzybski. J'en cite un :
- "La nature et la pensée " (Mind and nature). Gregory Bateson. Eds Seuil.

Malgré le nom de "sémantique" générale, le courant de pensée désigné comme tel est bien plus à rattacher à la philosophie et aux sciences cognitives qu'à la linguistique. Globalement on peut qualifier la thèse de Korzibski et de ses épigones, comme une hygiène mentale destinée à éviter les contresens induits par la structure même de la langue. La Sémantique générale a joué un rôle non négligeable dans la pensée de certains de ses lecteurs : on peut citer Gregory Bateson, Edward Hall, Paul Watzlawick, Edgar Morin, Henri Laborit, et tant qu'on y est ajouter Bruno Lussato, et puis constater que ces gens sont des systémistes.

Si l'article de la Wiki (dû à l'excellent FDA) est toujours présent là-bas, il devrait être plus intéressant que mon babillage, lequel n'a pour excuse que ma célèbre humilité : au pied levé et avec DU Faux dans les parages, je ne me hasarde pas à donner ici les bases de la SG. FDA, Lussato, Weinberg, et Watzlawick, font tout ça tellement mieux que moi...

La reine des humbles
 
Agnès

08/02/2005
09:15
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Et "Testament à l'anglaise"? Quelqu'un par ici a-t-il lu "Testament à l'anglaise"? de Jonathan Coe (What a carve up! = quelle "mise en pièces" en anglais. 1994). Si ce n'est que ce bouquin est si virtuosement construit qu'il est impossible d'en lire un petit bout chaque soir avant de s'endormir, et qu'il faut prévoir le temps d'avaler ses qqs 680 pages à tête reposée, c'est un régal de férocité.
Le narrateur est un jeune homme déprimé, obsessionnel (?), insomniaque et solitaire, qui se trouve chargé par une vieille et richissime folle de mener une enquête sur sa très aristocratique, dépravée et puissante famille de l'establishment anglais, famille souillée par un meurtre mystérieux et resté irrésolu dans les années 40. Ladite famille comporte au moins un membre au pouvoir dans chacun des domaines les plus essentiels de la vie publique, santé, banque, armes, media, agriculture, le tout tissé avec l'histoire personnelle du pauvre narrateur, ce qui est l'occasion d'une série de portraits et de scènes dévastatrices, dans l'Angleterre de Maggy Thatcher. Et TOUT s'emboîte d'une façon vraiment excitante, c'est conté avec talent et TRUFFE de références, c'est TRES bien, beaucoup mieux que tout ce que l'auteur a fait depuis. (Encore que "La maison du sommeil" ne soit pas mal du tout). Bonne lecture!
?

(Dès que j'ai le temps, j'essaie de faire une petite synthèse de l'avalanche de bouquins évoqués jusqu'ici!)


 
Laurent nadot

13/02/2005
22:26
Amblystomie et néoténie

Ah tiens j'ai justement sous les yeux comme dirait Finkie le programme de cette nuit et je vois qu'à 1h c'est la rediff d'un Surpris par la Nuit de 2001 consacré à Cortazar.

C'était un dimanche de 1983 ou 1984 j'ai vu pour la triosième et dernière fois un film d'Alain Tanner au St André des Arts : "Dans la ville blanche". Synopsis : un mécanicien de la marine marchande (Bruno Ganz) abandonne la mer et se fixe à Lisbonne, intrigué par une réflexion du capitaine du cargo qui lui a dit "vous êtes un axolotl". Après pendant tout le film ou presque le type passe son temps à glander, ça donne un film épatant vraiment en tous cas moi ça me va très bien. Entre autres aventures immobiles, le type écrit à sa femme restée en Allemagne, pour lui demander ce que le capitaine a bien pu vouloir lui dire avec cette drôle de réflexion. Dans le courrier de réponse de son épouse il y a entre autres une phrase de Cortazar tirée de la nouvelle "Axolotl" : "il semblait capable d'abolir l'espace et le temps par une immobilité pleine d'indifférence" (ou quelque chose comme çà). Ensuite le mec continue à glander. Vraiment bien quoi.

Le lendemain ou le surlendemain, j'ai enregistré la nouvelle Axolotl diffusée en milieu d'après-midi sur la fréquence de France Culture, lue par un excellent comédien (Denis Manuel).

Voila. La suite ? Bah je crois qu'entre 85 et 90 j'ai lu presque tout ce qui était traduit en français. Presque tout a été disponible encore chez NRF, traduit par Laure Guille-Bataillon, ce qui conserve une unité à l'oeuvre. Il y a aussi un livre d'entretiens avec Omar Prego. Dire qu'il y a des gens pour ignorer que la radio fait lire. Les éditeurs eux ils le savent très bien en tous cas.

La nouvelle Axolotl est dans le recueil "Les armes secrètes". Accessoirement ça se passe à Paris, et même au Jardin desdPlantes. Ca peut sembler assez original pour un portègne mais c'est pas si surprenant : Cortazar était un écrivain de Paris, où il est définitvement installé depuis le 14 février 84 (au cimetière du Montparnasse je dis pas ça pour les nécrophiles du forum hein).

De Cortazar, les Papouphiles et les OuLiPotes apprécieront particulièrement
- Un nommé Lucas
- Les autonautes de la cosmoroute
- Le tour du jour en 80 mondes
- Marelle
- Maquette à monter ???

Et les 'Pataphysiciens qui commenceront demain à lire "Cronopes et fameux" (folio 2435), pourraient bien l'avoir encore dans leur sac de voyage d'ici 20 ans (donc je dis : DANGER !!)

LN
(oui cette contrib aurait tout aussi bien pu se retrouver en fil "Les Nuits" ou "Le documentaire sur France Culture", mais ça ira très bien ici non ?)
 
CA

13/02/2005
23:26
Instructions pour lire Cortazar

Pour lire Cortazar, il faudrait des "instructions" au moins aussi sérieuses et fondamentales que celles de Cronopes et fameux...

À propos de Cortazar et de l'OuLiPo, ceux qui aiment Cortazar et qui sont également Oulipophiles (ça va souvent de pair), seront contents de savoir que les Jeudis de l'OuLiPo ont ouvert cette année sur une séance Cortazar, le 7 septembre dernier. Le vingtième anniversaire de la mort de l'écrivain (voir date rappelée ci-dessus par LN ) fut prétexte à
Jacques Jouet pour y lire la lettre de candidature imaginaire qu'un Cortazar aurait bien pu écrire à l'OuLiPo et la réponse négative, tout compte fait, de celui-ci (vote de la salle). Lecture entrecoupée de textes, ma foi, très bien choisis et assez bien dits.

Tout, absolument tout est à lire chez Cortazar. La traduction de Laure Bataillon est une œuvre en soi (dispo en folio). On peut difficilement faire mieux.

Chez les hispanisants, il y a, en gros, deux catégories d'humanité : celle qui a lu Marelle (qui se passe aussi à Paris, en partie, et quel Paris ), et celle qui n'a pas lu Marelle. Boutade, mais à peine.

FC n'a pas l'air d'avoir prévu de se souvenir de Cortazar, dans son calendrier surbooké en semaines spéciales, commémorations et semaines nécro diverses. Qu'y a-t-il d'autre à part cette rediff (Merci !) ?

C.

Un conte de Cortazar, c'est souvent aussi bref que vertigineux. Un exemple :


§§§§§§§§§§§§ §§§§§§§§§§§§ §§§

CONTINUITE DES PARCS (in : Les armes secrètes, folio, trad Laure Bataillon)


Il avait entamé le roman quelques jours auparavant. Il l'abandonna pour régler quelques affaires urgentes et ne l'ouvrit de nouveau que dans le train qui le ramenait à sa propriété; il se laissait lentement emporter par l'intrigue et la description des personnages. Ce soir-là, après avoir rédigé une lettre à son fondé de pouvoir et discuté d'une question de métayage avec l'intendant, il reprit la lecture dans la tranquillité du bureau qui donnait sur le parc des chênes. Agréablement installé dans son fauteuil préféré, dos à cette porte, symbole irritant d'une éventuelle intrusion, il laissa sa main gauche caresser encore et encore le velours vert et se mit à lire les derniers chapitres. Son esprit retenait sans effort le nom et les traits des personnages, l'illusion romanesque le gagna presque immédiatement. Il jouissait du plaisir presque pervers de se laisser arracher ligne après ligne à ce qui l'entourait tout en sentant que sa tête reposait confortablement sur le velours du dossier, que les cigarettes restaient à portée de main, qu'au-delà des baies vitrées dansait l'air du soir sous les chênes. Mot après mot, absorbé par le ballet sordide des personnages, se laissant emporter jusqu'à ce que les images prennent place, couleur et mouvement, il fut témoin de la dernière rencontre dans l'abri forestier. Inquiète, la femme entrait la première, maintenant suivie par son amant, le visage griffé par un branchage. De ses baisers, elle étanchait admirablement le sang, mais lui, repoussait ses caresses, il n'était point venu pour répéter le cérémonial d'une passion secrète, protégée par un univers de feuilles mortes et de sentiers discrets. Le poignard tiédissait contre sa poitrine et, dessous, était tapie la liberté palpitante. Un dialogue haletant coulait au fil des pages tel un ruisseau de serpents, et l'on sentait que tout était écrit depuis toujours. Jusqu'à ces caresses, qui enlaçaient le corps de l'amant comme si elles cherchaient à le retenir et le dissuader, dessinaient abominablement l'image d'un autre corps qu'il fallait supprimer. Rien n'avait été omis: alibis, imprévus, erreurs possibles. Dès lors, chaque instant serait minutieusement employé. Impitoyable, la vérification concertée s'interrompait à peine le temps de la caresse d'une main sur une joue. La nuit commençait à tomber. Sans plus se regarder, complètement absorbés par la tâche qui les attendait, ils se séparèrent sur le seuil de l'abri. Elle devait suivre le sentier qui allait vers le nord. Lui, depuis le sentier opposé se retourna un instant pour la voir courir les cheveux au vent. Il courut à son tour, au couvert des arbres et des haies, jusqu'à apercevoir dans la brume mauve du crépuscule l'allée qui menait à la demeure. Les chiens ne devaient pas aboyer, et ils n'aboyèrent pas. A cette heure, l'intendant n'y serait pas, et il n'y était pas. Il monta les trois marches du porche et entra. Au-delà du martèlement du sang dans ses tympans, lui revenaient les paroles de la jeune femme: d'abord une salle bleue, puis une galerie, un escalier recouvert d'un tapis.

En haut, deux portes. Personne dans la première pièce, personne dans la seconde. La porte du salon, et alors le poignard à la main, la lumière des baies vitrées, le dossier d'un fauteuil en velours vert, la tête de l'homme installé dans le fauteuil en train de lire un roman.


§§§§§§§§§§§§ §§§§§§§§§§§§ §§§§

Pour les hispanophones, beaucoup de textes en ligne à http://www.juliocortazar.com.ar/.

 
w

14/02/2005
13:23
Liserons ensemble

Merci Christine de ce partage !
Et cette photo sur le site de Cortazar : quel regard, crédiou !

Je n'ai pas lu ce Coe-là (Testament à l'anglaise, rien que pour pouvoir écrire "Coe-là"), j'en suis restée à la Maison du Sommeil, que j'ai aimé lire. La trame est complexe et bien ficelée.

Dans mon cabinet de lecture-écriture (une sorte de sac en corde contenant un ou deux bouquins, et un cahier épais avec de quoi écrire dessus), que je trimballe à peu près partout, j'ai un Jim Harrison (de Marquette à Véracruz), et j'avais un meilleur souvenir de Harrison; je ne suis pas sûre des titres, mais il me semble que ceux que j'ai lus c'est "Julip" et "Légende d'automne" ou "En route vers l'Ouest", chépu), et "Oublier le temps", les mémoires de Peter Brook, que je traîne depuis un moment mais que je n'ai toujours pas commencé, donc je n'en dirai rien. Voilà, ben c'était bien la peine. Scusez ma blondeur...




 
Agnès

14/02/2005
16:06
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

je sens que je vais JAMAIS réussir à la faire, ma petite pause-synthèse...
"Marelle" me nargue, bien en vue. Mais j'attends d'avoir le temps de le lire.
De Jim Harrison, [-suis-je sentimentale? - oui.] j'ai adoré "Dalva", histoire d'une femme tricotée avec l'histoire de l'Amérique. C'est un grand roman passionnant et émouvant, dont je trouve qu'il sonne juste, sincère, fraternel. Après, il y a la suite "La route du retour", mais la seule chose dont je me souvienne, c'est d'un certain nombre de désinvoltures de traduction qui m'ont fort irritée, Brice Matthieussent étant censé être, outre le traducteur de JH, son ami! L'impression du gars qui fait son beurre sur le dos du copain. Peut-être qd même que ce volume-là était plus faible?

 
LRDB

14/02/2005
16:44
Traduttore : Terminatore

Vous voulez dire que le style se relache par moments ? Vu la carrure de BM, ça peut aussi sentir la pression du temps, peut-être du côté de l'éditeur non ? Mais si c'est dans l'original, faut-il maintenir les faiblesses ? La question est intéressante : quand l'auteur se relache un peu, est-ce que le traducteur attitré et habituel doit/peut redresser la barre ? (perso je pense que oui il peut et s'il le peut alors il doit tonnerre).

Kskevouzendites ?

LRDB
 
Louise

14/02/2005
20:29
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Oh oui, merci Christine pour ce conte. Est-ce que cela n'a pas un nom , cette forme ? (Excusez la comparaison mais c'est pour me faire comprendre) comme pour la vache qui rit où on voit la vache dans la boucle d'oreille qu'elle porte, la vache qui elle-même .....
Je cherche ce nom depuis un bout de temps, on m'a dit "mise en abîme" mais il me semble qu'il y avait autre chose ????
 
lionel

14/02/2005
21:16
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Ne met-on pas un y dans l'expression "mise en abyme"?


 
CA

14/02/2005
21:29
La vache est dans l'abîme

Non, non, c'est parfait, Louise, l'image de la vache qui rit pour caractériser ce procédé, qui s'appelle en effet la mise en abîme, ou "abyme", comme le signale Lionel, si vous reprenez la formule de Gide, dans son Journal. Gide parle d'écu ou de blason, à l'intérieur lesquels sont représentés des scènes miniaturisées.

La formule est très productive et un rien fourre-tout, puisque, pour faire vite, on y range aussi bien le théâtre dans le théâtre, que les textes dans lesquels les écrivains se représentent à l'ouvrage, que les récits enchâssés dans d'autres récits plus amples, etc.

On peut dire que le conte de Cortazar est une mise en abîme ou abyme du lecteur, mais je ne sais pas ce qu'en pensent les doctes.

J'ai écouté, d'une oreille passablement endormie tout de même, l'émission sur Cortazar qui m'a paru fort bonne. Il y parlait beaucoup de la dimension ludique et fantastique de son œuvre. Tout de même quel plaisir ces émissions consacrées à des écrivains, des grands, j'entends. Il y a peu, une Nuit a également proposé la rediff d'entretiens avec Bioy Casares. Formidables.

C.

 
pb

17/02/2005
13:43
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Comme excellente série de polars, il y a les Nouveaux Mystères de Paris (Grand Prix de l'humour noir 1958) de Léo Malet (collection Bouquins). Série d'enquêtes réalisées dans 15 arrondissements de Paris par le détective Nestor Burma. Comme l'auteur est un poète anarchiste proche du mouvement surréaliste on y trouve une forme d'humour très différente du polar américain. En général "Dynamite Burma", l'homme qui met le mystère K0 et directeur de l'agence Fiat Lux (!) se fait copieusement dérouiller dans chacune de ses enquêtes. Il est aidé par Hélène sa secrétaire débrouillarde et sexy, Marc Covet journaliste alcoolique et à l'occasion le commissaire Florimond Faroux.

<< Je mets le mystère knock-out. Je traînaille des jours et des jours, et puis, crac! à un moment donné, on ne sait pourquoi, une étincelle jaillit, dans ma tête. Généralement à la suite d’un coup de matraque. Vous avez des détectives qui fonctionnent à l’alcool, à la bière, au tabac. Moi je marche au tabac, mais surtout au coup de matraque>> (Corrida aux Champs-Élysées).

<< Je reçus un coup de téléphone comme il est préférable de n’en point recevoir trop souvent. Je fus branché sur le réseau Étoile (36 et la suite). Il y a eu de la friture et enfin, on coupa. Je partis dans les pommes>> (Les Paletots sans manches).

<< Je me suis établi détective, un peu comme je me serais installé poète>> (La Nuit de Saint-Germain des Prés,

<< Le métro me cracha à Saint-Germain-des-Prés. Je sortis du wagon pour ainsi dire à la nage, tellement je transpirais.>>

<< à côté de nous, le couple aux allures cinématographiques jouait la scène du baiser jusqu'à essoufflement. Apparemment, ni l'un ni l'autre n'étaient asthmatiques.>>

<< un ivrogne cuvant son vin, faisant consciencieusement et avec ardeur la nique à la Ligue nationale contre l'Alcoolisme, dont le siège social est à deux zigzags.>>

<< Qu'il se soit suicidé (comme tout voulait le laisser supposer), ou qu'on l'ait buté (ce qui était plus probable), le Noir n'avait pas poussé l'humour de même couleur jusqu'à succomber sous les coups d’une arme blanche.>>


* Le soleil naît derrière le Louvre NMP(1) (1954)
* Des kilomètres de linceuls NMP(2) (1955)
* Fièvre au Marais NMP(3) (1955)
* Du rébecca rue des Rosiers NMP(4) (1958)
* Micmac moche au Boul' Mich' NMP(5) (1957)
* La nuit de Saint-Germain-des-Prés NMP(6) (1955)
* Corrida aux Champs-Élysées NMP(8)(1956)
* Boulevard... ossements NMP(9) (1957)
* M'as-tu vu en cadavre ? NMP(10) (1956)
* Casse-pipe à la Nation NMP(12) (1957)
* Brouillard au pont de Tolbiac NMP(13)(1956)
* Les rats de Montsouris NMP(14) (1955)
* Les eaux troubles de Javel NMP(15) (1957)
* Pas de bavards à la Muette NMP(16) (1956)
* L'envahissant cadavre de la plaine Monceau NMP(17) (1959)

Les autres enquêtes de Nestor Burma sont également très réussies.

http://www.mediatheque-vandoeuvre.net/malet%20times/extraits _choisis.htm
 
Agnès

18/02/2005
18:57
traduttore...

Réponse, juste un petit mot, à LRDB, après coma informatique: Il m'a semblé, parfois, reconnaître des calques de l'anglais, qui, je crois, ou ai-je cru, relevaient d'une trad' mal fignolée.
Je ne pense pas que l'on puisse imputer ces faiblesses à JH, qui a voulu donner une suite immense à un immense roman, lequel devait donc lui tenir à coeur. Il n'en reste pas moins que j'ai un souvenir vivace de "Dalva", pas de "la route du retour".
Quant à ces histoires de traduction, c'est un problème inextricable. Forcément, qq part, ça relève de l'éthique du traducteur, non? Il n'est pas impossible, en tout cas, que l'éditeur, Bourgois, ait poussé à une publication rapide d'une pointure source de profits faciles...
A
 
CA

21/02/2005
12:20
Javier Marías dans AVN

On est en pleine quinzaine commerciale espagnole. Personnellement, je trouve ça un rien saoulant. D'une part, ces fichues semaines mono-thématiques sont la négation même de la diversité et d'autre part, lorsque j'entends des accords de guitare andalouse, pour commencer toute émission consacrée à l’Espagne, j'ai envie de couper la radio ou de casser la guitare, ou les deux.

Bon, la première mauvaise humeur passée, on peut quand même signaler la série d’À voix nue consacrée à Javier Marías, qui commence aujourd'hui (série due à Michel Braudeau).

Javier Marías (1951-) est d'abord un excellent traducteur de l'anglais, en particulier de Sterne (sa traduction de Tristram Shandy est excellente), mais aussi de Thomas Hardy, Joseph Conrad, Th. Browne, etc. Comme la plupart des romanciers espagnols de sa génération, il est plutôt anglophile. Lecteur en langue et littérature espagnoles à Oxford, il a tiré de cette expérience un roman ironique, parfois désopilant, sur les mœurs universitaires oxoniennes, intitulé "Le roman d'Oxford" , dans la trad. fse, 1989, le titre originel du roman étant "Todas las almas", clin d’œil à All Souls College.

Mais le meilleur est venu après avec "Un cœur si blanc" (« Corazón tan blanco » ), grand succès de librairie en France et en Allemagne, et "Demain dans la bataille pense à moi" ( « Mañana en la batalla piensa en mí»), publiés et disponibles chez Rivages-Poche (à noter, les titres des romans, toujours tirés de Shakespeare, (Macbeth, Richard III). À mon avis, ses deux meilleurs romans (lecture du premier hautement recommandée). Depuis peu , Marías s’est lancé dans un cycle assez ambiteux : deux livraisons pour l’instant : Ton visage, demain I. Fièvre et lance (Gallimard, trad. Jean-Marie Saint-Lu), la deuxième livraison n’est pas encore traduite en français (II. Baile y sueño, Danse et rêve ou danse et sommeil, c’est selon...).

Marías est proche de Cervantes et des romanciers du XVIIIeme siècle, notamment, par l’ironie, le goût de la digression, mais aussi de Proust, Faulkner ou Nabokov. Les histoires de Marías ? Difficiles à définir, ce sont des histoires de familles, de naufrages (le mariage, le couple), de silences, de secrets et de mensonges, de perceptions du temps ( histoires garanties dans gnangnanterie, malgré l'énumération de ces thèmes). En vérité, toute l’action se passe sous un crâne, celui du narrateur. Il faut donc aimer les intrigues et actions immobiles, purement cérébrales, mais qui n’en sont pas moins palpitantes. Et l'ironie. C’est toujours sombre, drôle et intelligent. Et la vache, que c'est bien écrit.

Un avertissement : je me demande ce que donnera Marías dans ces entretiens qui, de surcroît, seront traduits (donc peu fluides). Javier Marías est plutôt du genre éteignoir en public, piètre professeur et assez médiocre causeur (bien que doté d'un solide humour très britiche). Après tout, on lui demande de savoir écrire. Espérons que ces AVN donneront tout de même envie de le lire.

Présentation sur le site (y se sont pas foulés).

21 Février 2005 Javier Marias par Michel Braudeau
à l'occasion de la semaine consacrée à l'Espagne
réalisation de Jean Claude Loiseau
traduction de Patricia Goulemot
Qu’est ce qu’un grand écrivain ? Peut-on le reconnaître comme tel de son vivant ? A l’heure du Da Vinci Code et du déballage auto-fictionnel, on en vient à se demander si l’espèce des anciens écrivains n’est pas aussi menacée que celle des pandas et des vigognes.Il existe pourtant des critères qui permettent d’identifier la présence d’un écrivain authentique sans se tromper, à commencer par le style.
Bonne nouvelle on en signale quelques-uns uns en Europe, la vieille Europe. Ainsi le romancier espagnol Javier Marias, 53 ans, auteur de nombreux romans parmi lesquels Un cœur si blanc, Demain dans la bataille pense à moi, Ton visage demain, est de ceux que l’on peut considérer comme un des classiques de notre temps.


 
CA

23/02/2005
01:32
Marías-II

Pas terribles, pas terribles, ces deux premiers AVN. Et le Marías, quelle tchatche, je n'en reviens pas. Il a mangé du lion, ma parole, en face d'un Braudeau, complètement mou. Le contenu est très anecdotique et biographique, sans grande réflexion littéraire. Mais Marías est plutôt assez enjoué et distrayant. Aujourd'hui quelques notations sur les liens entre traduction et écriture.

Je crois qu'il est prévu de parler d'une invention de Marías, à laquelle il a déjà fait allusion, le royaume de Redonda.

Redonda est un ilôt rond, comme son nom l'indique, perdu en pleine mer des Caraïbes, près des îles de Antigua et de Montserrat, mesurant 1,5 km de long sur 0,5km de large, et peuplé de mouettes, de rats et de lézards. Impossible de dire s'il s'agit d'une légende littéraire, d'une île fictive ou réelle, ou bien d'un simple canular. Mais le fait est que Marias en aurait hérité, via un obscur poète anglais décédé, s'en est proclamé roi, – Xavier I– , a créé une noblesse, composée d'amis auxquels il a attribué des titres loufoques (toujours mi-anglais, mi-espagnol), et un prix littéraire, décerné chaque année. C'est à la fois très sérieux et totalement potache.
http://www.javiermarias.es/main.html

Quelle indigestion, cette semaine espagnole. Tout ça à cause du référendum ? Rien que pour mardi : les mardis littéraires, la fabrique de l'histoire, les chemins de la connaissance, un poco agitato, AVN, j'en oublie ? C'est trop et on ne retient rien.

Il n'y a pas de fil spécial pour les semaines thématiques, véritable plaie d'une programmation pilotée par les événements, vrais ou faux, du moment. Les analyses et commentaires sont un peu dispersés ici et là, mais je me demande s'il ne faudrait pas les réunir.

C.

 
la reine des belges

23/02/2005
02:55
De Rrredonda à Clipperton

Hmmm c'est un peu leur CLipperton à eux alors.

L'occasion de signaler que derrière Frédéric Pagès et le groupe des Botuliens, le numéro 3 de la séminale revue "Les cahiers de l'enclume" fut consacré au séjour de Botul à Clipperton. La parution de ce numéro 3 a donné lieu à soirée délirante rue de Verneuil, en octobre 2000 je crois, il y avait le king Frédéric Pagès himself, solidement assisté de Nelly Kaplan, jean Hugues Lime, Patrice Minet, et le point culminant de la soirée : une visite du musée Botul par Emmanuel Brouillard au sommet de sa forme.

On trouve les Cahiers de l'enclume numéro 1 et 3 (le deux a été intégralement volé par une société secrète) dans un dépot de livres de la rue st jacques au croisement du St Germain (angle oppsoé du jap' wasabi) et aussi bien sur dans la partie de ma bibliothèque qui est restée dans des cartons voila pourquoi je regrette de ne pas en dire plus tant pis.

LN
 
Nazdeb

24/02/2005
11:02
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Agnès, si je peux me permettre, il faut vraiment que vous fassiez cette synthèse, je suis en train de dévorer Testament à l'anglaise de Coe, auteur que je n'avais jamais lu : c'est épatant, réellement épatant ; c'est mon plus grand plaisir de lecture depuis Graham Green (ces anglo-saxons, ils font certes des guerres mais ils savent, eux, *raconter des histoires*) voire depuis les aventures de Fabrice Del Dongo...
Et qu'est-ce que c'est drôle ! Et qu'est-ce que c'est féroce !
J'en ai du coup suspendu ma lecture de "La découverte de la lenteur" de Nadolny, récit (écrit vers le milieu des 1980) d'un gamin lent d'esprit, contemplatif béat, qui devient au début du XIXe siècle, en tirant de ses défauts une profondeur de regard sur le cours des choses, l'un des plus grands capitaines de la marine britannique. Ca me plaisait bien mais le Testament m'a happé dès la première page en sortant de chez mon libraire - bah je reprendrai plus tard.

Merci en tout cas pour le conseil



 
Nazdeb

24/02/2005
11:04
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Nadolny : heu rien à voir un diminutif du patronyme caché avec la reine des belges, c'est un allemand
A moins que la reine démente arf



 
Nazdeb

24/02/2005
11:06
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Désolé le "avec" s'est trompé de place : il faut lire "rien à voir AVEC le diminutif du patronyme caché de la reine"...



 
Nazdeb

24/02/2005
11:08
Oubli

Mon cop-coll de mes impressions sur le Testament n'a pas repris ma chute sur la lecture du Nadolny : pour lire "La découverte de la lenteur" faut pas être pressé
arf...



 
Agnès

24/02/2005
18:07
chic alors!

Bien contente que ça vous plaise.
La synthèse va venir.
A
 
DDFC

24/02/2005
19:23
Synthèse d'Agnès

Eh bien, les amis, après un mois, les livres pleuvent sur le fil. Tentative de petite synthèse, donc, et j'espère que ça vous donne des envies de lecture. (Pour ma part, je l'avoue à ma honte extrême, je vais être obligée d'attendre un peu, mais ce n'est que partie remise!) (Les initiales entre parenthèses désignent les "conseilleurs" du "bouquin", pour parler comme Lolotte.) J'ai essayé de ne rien oublier, quant à mon classement, j'ai le sentiment aigu qu'il n'est pas très académique... Donc, on peut sans risque d'erreur ouvrir une rubrique

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POLARS
Collection grands détectives chez 10/18 (L)
- Le Scribe Huy, de Anton Gill (Égypte antique),
- Le Juge Ti, Robert Van Gulik (Chine des Han, VIIe siècle)
- Frère Cadfael, d'Ellis Peters (Angleterre, XIIe siècle)
- Hugues Corbett, de Paul C. Doherty (Angleterre, XIVe siècle)
- Le rabbin David Small, créé par Harry Kemelman (USA, 1950)
- Sauve-du-Mal, de la papoue Dominique Muller (France de la Régence, XVIIIe siècle),
- Du sang sur Rome,
- Un égyptien dans la ville, de Steven Saylor (Gordien détective romain en plein Ier siècle av..JC) (Ag)

- ND des bargeots de Virginie Brac (N)
- Rencontres sous X de Van Cauwelaert (N)
- La femme du dimanche de Fruttero et Lucentini (A., L)
- L'amant sans domicile fixe: F&L (A)

Léo Mallet :
- Les nouveaux mystères de Paris, (par quartiers), chez Bouquins (PB)

--------------------------------------------------------------
CRTIQUE LITTERAIRE ET PAMPHLETS
- Le Jourde et Naulleau, manuel de l'imposture littéraire contemporaine, avec notes en bas de page et exercices (CA, Pascale, LN/LRDB, A)
- La littérature sans estomac: (LN, CA)
- Petit déjeuner chez tyrannie, suivi de
- Le crétinisme alpin (LN, CA)
- Le cadavre bouge encore, Collectif, 10/18
- Qui a peur de la littérature, de J.Ph. Domecq (CA)
- Le bonheur de vivre en enfer, d'E.Pierrat (CA - essai sur la littérature licencieuse et la censure)
- La prédominance du crétin, (LN, A) Le retour du crétin, et Sauvegarde du sourire de Fruttero et Lucentini

- Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres d'être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public. Jonathan Swift (A)

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BURLESQUE
- Dictionnaire du Diable d'Ambrose Bierce (Lotte)
- Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien-nantis de Pierre Desproges (L)

- Drôles de frères de Donald Westlake (A)
- Il faut calmer M. Braque de G.Mordillat (N)

- La conjuration des imbéciles de J.K.Toole, très controversé, certains adorent, d'autres détestent

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CONSTRUCTIONS VIRTUOSES
Cortazar : tout, et en particulier : Marelle (CA)
- Les armes secrètes (Axolotl) (CA / LN)
- Un nommé Lucas
- Les autonautes de la cosmoroute
- Le tour du jour en 80 mondes
- Cronopes et fameux

Jonathan Coe :
- Testament à l'anglaise (A)
- La maison du sommeil (W, A)

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AVENTURES UNIVERSITAIRES ET ÉRUDITES
Robertson Davies : la trilogie de Cornish (PB)
- I - Les Anges rebelles
- II - Un homme remarquable
- III - La lyre d'Orphée
- Javier Marias : Le roman d'Oxford (CA)

--------------------------------------------------------------
AUTOBIOGRAPHIE ET TÉMOIGNAGES
- Rue des rigoles de Gérard Mordillat (N)
- L'enfant bleu d'Henry Bauchau (N)
- La découverte de la lenteur. de Nadolny (N)

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ROMANS
- Vu de Serge Joncour (N)
- La mort du roi Tsongor de Laurent Gaudé (N)
- Un coeur si blanc de Javier Marias (CA)
- Demain dans la bataille pense à moi de Javier Marias (CA)
- Ton visage demain I : Fièvre et lance de Javier Marias (CA)
- Le mort-homme de Denis Bretin (N)
- Les fruits du Congo d'Alexandre Vialatte (LN)
- Dalva, (A)
- Julip, (W)
- Légendes d'automne (W), de Jim Harrison
- Vestiges de janvier de Jeanne Bresciani (Lise)
- La Trilogie de Deptford, vie du "plus extraordinaire magicien des temps modernes depuis Robert Houdin" : (PB)
- I - L'Objet du scandale , Payot (1989)
- II - Le Manticore , Payot (1990)
- III - Le monde des merveilles, Payot (1990)

--------------------------------------------------------------
QUIGNARD : (Yann, addict)
- Tous Les Matins Du Monde
- La Leçon de Musique
- La Haine de la Musique
- Carus, (déjà beaucoup plus ardu.)
- Le Sexe et l'effroi (N)
- Vie Secrète.
- L'Occupation Américaine

--------------------------------------------------------------
SF, FANTASY , ANTICIPATION ,
- Les annales du disque monde (PB)
- Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes (N, L)
- Hyperion, tétralogie de Dan Simmons : "Hypérion, La chute d'Hypérion, Endymion, L'éveil d'Endymion" (PB)
- Le monde des non-A d'A E Van Vogt, traduit par Boris Vian (PB)

--------------------------------------------------------------
PICARESQUE

- Miguel de Cervantes : Don Quichotte (CA, PB)
- Jacob von Grimmelshausenn : Les aventures de Simplicius Simplicissimus (PB)
? dans quelle rubrique faut-il "ranger"
- Ferdidurke de Witold Gombrowicz
- Le manuscrit trouvé à Saragosse de Potocki (LN)
- Gil Blas de Santillane d'Alain-René Lesage(LN)

--------------------------------------------------------------
REVUE :
- Les cahiers de l'enclume no 3 : Botul à Clipperton (LN)


PS: Si vous avez lu et aimé, dites-le!
 
Sylvain

25/02/2005
17:58
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Merci pour cette synthèse, Agnès !

Depuis ma lecture (enthousiasmante !!) des romans de Jonathan Coe, je suis devenu accro aux constructions romanesques savantes (ma liseronite personnelle...).

Deux bouquins m'ont récemment rappelé la virtuosité coesque : "La flèche du temps" de Martin Amis, qui nous raconte une vie à l'envers(les lettres des anciennes maîtresses naissent dans les cheminées, les enfants rétrécissent jusqu'à retourner dans le ventre de leur mère...); et "La caverne des idées" de José Carlos Somoza, polar athénien et fausse traduction d'un texte antique dans lequel, à la manière de "Feu pâle" de Nabokov, une intrigue secondaire se développe dans les notes en bas de page...


Auriez-vous d'autres références ? Je n'ai pas lu la trilogie de Cornish, mais elle me semble séduisante...
 
Agnès

27/02/2005
15:13
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Eh bien, j'ai lu "Des fleurs pour Algernon ce matin". Avec au début, une certaine irritation devant le procédé insistant des fautes d'orthographe, qui ne me paraissait pas coller, pas très "réaliste". Puis j'ai été captée par l'histoire, qui est indéniablement intéressante et attachante et bien menée…jusquà la fin, où le retour des fautes d'orthographe a ranimé un léger agacement. D'où je déduis que c'est un bon livre, un apologue intéressant, un peu faible dans sa forme (en fait le parti-pris du journal du narrateur, de la voix unique qui raconte).
Mais merci à Nazdeb et à Lionel de l'avoir mentionné. C'est un bon livre de dimanche matin, l'hiver, avec un peu de neige.



 
Nazdeb

28/02/2005
14:59
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

A propos d'auteurs britanniques (Coe etc.), quelqu'un a-t-il lu Will Self ?
Déjanté, tordu et satirique, on me le conseille.



 
w

28/02/2005
16:17
Polar

Si on cause polars, je ne peux faire l'impasse sur James Ellroy, j'avais commencé avec le Dahlia noir, vers 1993, et à chaque page je me disais, les cheveux dressés sur la tête «la vache ! il peut pas faire pire que ça !» et force m'était de constater, page après page, que si. James Ellroy, avec son look à la James Joyce, ment sans arrêt lors des interviews, autant pour se cacher dans un labyrinthe, ou derrière un masque très flou, que par goût de la provocation. Malgré la noirceur, c'est bien écrit et ça accroche en diable. Dès que j'ai eu fini, alléché par mes réflexions, mon cher et tendre me l'a pris des mains. Il en a parlé à un ami qui s'est précipité l'acheter, le lendemain il demandait un rendez-vous supplémentaire en urgence à son analyste.
Ce que je sais, c'est que ce livre ne m'a nuit en rien, et que rapîdement après, Jean et moi avons acheté tous les Ellroy sur lesquels nous tombions.
En poursuivant la série bouquins qui font faire des bruits avec la bouche, tout en dressant les tifs sur la tête (et qu'on a du mal à lâcher), toujours polar US (mais il vit en France et ses bouquins ont tendance à être d'abord traduits et diffusés en France), Marc Behm. Il n'en a pas pondu des masses, mais «Trouille», «A côté de la plaque», c'est du polar inventif. Du même auteur, dans un autre registre, «La reine de la nuit» (le tout chez Rivages Noir ou Mystères), m'a sciée. C'est l'histoire d'une allemande, au début toute gamine chez qui tout va bien, puis elle perd un à un ses parents, et va devoir très vite apprendre à savoir nager, à l'arrivée de la seconde guerre mondiale.
Très troublant.

Bonne fin de journée à tous

Isabelle
 
la reine des dingues

28/02/2005
16:18
télégramme

Will Self fut encensé au Panorama par les mêmes qui élogisaient Charyn et Bartlett je crois bien que c'était pour son Block de crack gros comme le ritz dépèche-toi les Editions des 1001 nuits sont en train de fermer la boutique pour avoir un block de crack va falloir plonger sous le rideau kest en train de descendre et après pour ressortir t'as qu'à gueuler on viendra ake des pied-de-biche pour le soulever le rideau vu la taille du bloc va falloir le monter haut je commence dès aujourd'hui à manger du yaourt fortifiant a part ça will self c'est un sacré grand délirant stop
 
LN

28/02/2005
16:27
Ellroy et Cie

Il parait qu'un flic de L.A. à la retraite une espèce d'as des as, un super-limier, a réussi à démontrer que c'était son propre père, à la fois chirurgien doué, ancien dur des bas-fonds, pianiste virtuose, ami de man ray (est-ce seulement crédible tout ça ?) qui avait jadis trucidé non seulement Elizabeth Short (le dahlia noir) mais aussi la propre mère d'Ellroy. Cette histoire de serial killer dévoilée après la mort du coupable mais aussi plus de 40 ans après les faits, au moyen d'une enquête longue de plusieurs années, vient de faire l'objet d'un livre et aussi parait-il d'émissions de télé sur Arte, est-ce vrai, est-ce que cette histoire atroce et bouleversante vous semble fiable ?

LN

 
pb

28/02/2005
17:05
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Sur le lien ci-dessous il y a plein de livres du domaine public à télécharger. Intéressant pour se faire une idée avant de se procurer une édition papier ou pour retrouver un extrait

http://www.gutenberg.org/browse/languages/fr

Cliquez sur un livre puis suivez les liens
Plain text ou Rich Texte Format -------> ibiblio
 
CA

28/02/2005
17:22
Inquiétude

Euh, la reine des moquettes, vous pouvez nous la refaire en un peu moins speed, s'il-vous-plaît ? Parce qu'on n'a pas tout suivi mais seulement compris que les Mille et une Nuits étaient en train de fermer la boutique. Non, ça ne peut pas être vrai ? Les Mille et une nuits sont formidables, on y trouve des perles introuvables ailleurs.
Vous pouvez en dire un peu plus ? Ou c'est juste un délire dû au crack ? Merci.
C.


 
w

28/02/2005
17:54
Ouiiin ! il m'a raconté la fin !

Hello Laurent,
En fait, j'ai acheté "Ma part d'ombre", le pavé pour une fois autobiographique d'Ellroy, où il parle de ses recherches avec le flic à la retraite qui s'était acharné même après que les autorités ont décidé d'arrêter l'enquête au sujet de l'assassinat de sa mère, alors qu'il avait à peine dix ans. Ca vous marque une destinée !
Mais là, le bouquin m'était un peu tombé des mains, et je l'ai abandonné bien avant la fin.
Bah, du coup, je vais peut-être le reprendre.

Isabelle Flinois
 
Agnès

28/02/2005
19:28
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Patrick, c'est une mine d'or, ton lien !!! y a même des Balzac! "contes bruns", dont un sur Hallow'een. Et aussi bien "la muette de Portici" de Casimir Delavigne, que "l'origine des espèces".... Je sens que je vais y faire des visites régulières.
Dans le même genre, la Bibliothèque municipale de Lisieux a mis en ligne des dizaines de nouvelles et d'articles exhumés de la presse du XIXème - début XXème: Mirbeau, Allais, V. de l'Isle Adam, Schwob, Léon Bloy, Daudet, j'en passe...
http://www.bmlisieux.com/litterature/litterat.htm

 
la reine des belges

28/02/2005
19:55
1001 nuits

Après vérif la mauvaise santé des 1001 nuits n'est pas du tout confirmée,
au contraire leur site fait comme si de rien n'était donc il est fort possible que rien ne soit.
Certes g entendu la nouvelle par un des plus fiables in FC Chaslin ou Meyer ou Jeanneney jsaisplus
Certes c'est confirmé par la bibliothécaire du comité d'entreprise de mon usine à Ploudalmézeau
mais ça, ça ne prouve rien car la bibliothécaire c'est moi.
Pour le moment ça reste donc de la rumeur que j'espère non fondée je fais mes excuses aux supporters de la maison.

LRDB
 
w

01/03/2005
10:26
oulipo et 1001 nuits

Pour les oulipotes, un minuscule et indispensable opus des mille et une nuits, le célèbre "Abrégé de littérature potentielle". Pour 2,5 zorros.



 
Agnès

01/03/2005
12:55
L'enfant bleu


Je viens de lire "L'enfant bleu". Il était à la maison, et visiblement personne encore ne l'avait lu. Un pavé. Beaucoup trop long, je pense. Mais écrit par un homme de 90 ans, ça mérite le respect devant l'entreprise. Erreur dans la synthèse ci-dessus, ce n'est pas un témoignage, cela s'affiche comme un roman. Et il y a qqch de prenant dans ce récit, - puisque j'en ai mené à bien la lecture, 350 pages - , dans le rapport qui s'instaure entre un enfant "bazardifié", psychotique et doué pour les arts plastiques, et une thérapeute attentive, blessée et hors de tout académisme. Leurs vies se mêlent et s'ouvrent respectivement à la découverte de l'autre, de soi-même, et de l'art. Des arts, peinture, dessin, musique, poésie, gravure. Le problème, c'est d'abord le fil des séances avec leurs rituels, leurs "dictées d'angoisse", les progrès et les régressions et le récit au fil de la cure de tous ses avatars, qui a parfois qqch de fastidieux, et aussi de forcément artificiel. Et puis tout ce qu'il y a autour. Les personnages annexes, plus proches de l'allégorie que d'êtres de chair et de sang - il y a des dialogues de la vie quotidienne qui frisent le ridicule – et qui mettent en évidence ce qu'il y a de démonstratif dans ce texte. Belle démonstration au demeurant, qui met en avant la vitalité du "peuple du désastre", et un parcours d'environ quinze années, pour amener un être blessé à s'assumer comme lui-même avec ses ruines mais aussi son génie, dans l'échange.
La question est celle de la forme. On est à mi-chemin entre analyse narrée, récits d'un thérapeute et roman. Ordre d'une narration traditionnelle, et béances de la folie. Et ça, ce n'est pas réussi.
A, en veine de réserves, par les temps qui courent.

 
Nazdeb

01/03/2005
14:00
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Vous dites avec talent des choses remarquablement justes et profondes, bravo.
Parmi les personnages auxquels on ne croit pas, il y a évidemment ce compagnon à la fois musicien et technicien, bon génie qui permet d'asseoir un couple très idéalisé, surtout destiné à orner ou révéler en surimpression des schémas de la relation avec l’enfant. Il occupe une telle fonction dans l’histoire, et il y a une telle distance entre le bonhomme plus tout jeune qu’est l’auteur et la narratrice qu’il n’est pas, qu’on a comme l’impression qu’il ne s’est pas soucié d’atteindre une crédibilité sur ce plan.
La forme est curieuse, en effet, elle m’a dérouté mais assez séduit, je m’y laisse entraîner.
Bon, je dis ça, mais comme vous je le trouve long et parfois fastidieux, et, heu… je ne l’ai pas terminé en fait.
D’ailleurs je viens malencontreusement d’ouvrir les "Mémoires d’un gentilhomme corsaire" de Edward John Trelawney, un récit considéré comme assez authentique d'un capitaine qui fut ami de Shelley et démystificateur de Byron, marin britannique, puis rebelle, puis corsaire aux service des Français, chef d’œuvre et sommet des récits d’aventures à en croire Alexandre Dumas et d’autres.

Petite précision : que personne - et surtout pas vous, Agnès - ne se mette à lire tout ce qui a pu figurer dans ma liste, j’en serais horriblement gêné ! ND des Bargeots de Brac par exemple a été repris dans la synthèse, mais il ne tient certainement pas la route à côté de Mallet ou d’un Pouy...



 
Agnès

02/03/2005
15:03
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

.
Et le "Testament", vous l'avez terminé avec le même plaisir?
La prochaine fois, il faut que je prenne le temps, je remettrai une petite dose de Westlake, mais le Westlake burlesque, qui est mon préféré. C'est d'actualité, puisqu'on a parlé ce midi du "Couperet" (Costa-Gavras, si j'ai bien compris) qui est adapté d'un roman noir d'icelui.

 
Agnès

02/03/2005
21:11
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Je ne sais pas si les lecteurs de romans policiers de ce forum ont déjà essayé les romans du suédois Henning Mankell, et en particulier les enquêtes du commissaire Kurt Wallander, inspecteur quinquagénaire, solitaire, DÉPRIMÉ et intuitif, à Ystadt, en Scanie, dans une Suède dont la boue est une image de la décomposition morale et sociale. Le problème, c’est qu’ils publient maintenant les romans les plus anciens, cette année, « L’homme qui souriait », qui fait suite aux « Chiens de Riga », alors que notre héros a une histoire personnelle qui évolue, et que pour ma part, j’ai déjà lu les 1ers parus, c'est-à-dire les plus récents dans la vie de Wallander. (Vous me suivez ?) Quoi qu’il en soit, je trouve que ces polars sont absolument palpitants, chaque fois que j’y mets le nez, je n’arrive pas à m’en décrocher avant d’avoir fini. Je suppose que le rythme d’un par an est une bonne moyenne, sous peine de déprime carabinée, ou peut-être de voir de trop près les effets de répétition stylistique ou narrative. A vous de voir. En tout cas, il y en a pas mal en poche, désormais, quoique je préfère pour ma part les lire dans la grande collection Seuil Policiers.
Outre les deux cités plus haut, on peut lire « Le guerrier solitaire », « La cinquième femme », « La muraille invisible », « Les morts de la Saint Jean »…[ « La lionne blanche », paru l’an dernier, c’est bien, mais ce n’est pas dans la même série.]


 
Nazdeb

04/03/2005
15:45
Avec retard...

Oh que oui j’ai terminé le Testament, il m’a vraiment emballé, je rame depuis quelques jours pour trouver quelque chose qui me captive autant.
La fin m’a tout de même sacrément dérouté, la partie « thriller » dans la grande demeure lugubre, une plein orage. C’est l’épisode qui concentre sans doute le plus grand nombre de références dont la plupart, à ma honte, ont dû m’échapper - à part les plus évidentes ou les plus galvaudées (Agatha Christie…), ou d’autres dont je suis moins sûr (le film Le limier…).
Le stéréotype trouve bien sa place du point de vue de l’intrigue, d’autant qu’il est plus ou moins annoncé, mais il impose une telle distanciation vis-à-vis des points de vue des personnages (la loi du genre voulant que tout le monde soit suspect) qu’on ne lit plus le même bouquin. J’ai trouvé cela un peu abrupt, même si ça semble bien traité. Après avoir trouvé le récit drôle et féroce, j’appréciais énormément l’immersion dans la vie des personnages, leur richesse biographique, réaliste et convaincante, leurs sentiments, leur originalité (le vieux détective homo est excellent…), etc. ; avec en même temps cette satire sociale, l’exploration d’un milieu par quelqu’un d’extérieur, toute cette construction un peu à la Thackeray (qui doit être une des références, d’ailleurs). C’est avec cet état d’esprit que j’aurais voulu quitter l’histoire, c’est d’ailleurs celui que je garde en repensant à cette histoire…
Avez-vous lu les Nains de la mort du même Coe ? Il ne semble pas compter parmi ses meilleurs mais le sujet a l’air bien.



 
A.

04/03/2005
16:19
Coe

Non, je n'ai lu que "La maison du sommeil", qui est un excellent bouquin, très complexe, avec personnages attachants, et la présence insistante du cinéma, dont l'un des personnages est passionné. Très virtuose, aussi.
L'an dernier est paru "bienvenue au club", ou était-ce il y a deux ans?, qui a)n'est pas fini!!! la suite ne devrait pas tarder b)m'a plu à la lecture...et ne m'a laissé AUCUN souvenir précis. On croirait que Coe a perdu, ou s'est lassé, de la virtuosité architecturale qui faisait le plaisir des deux bouquins évoqués.

 
Agnès

04/03/2005
17:50
Eloge de Westlake

C'est l'heure de WESTLAKE : Ma libraire, qui me connaît, vient de m'appeler pour m'annoncer la publication, en Rivages poche, de JIMMY THE KID!!!
"Jimmy the kid" est un très ancien roman de Westlake, autrefois publié, et visiblement mal traduit, chez Gallimard Super Noire, 17 francs, sous le titre de "V'là aut'chose!" Il était depuis des lustres indisponible, et je n'avais pour ma part jamais récupéré les exemplaires prêtés. Or c'est le 1er Westlake que j'aie lu, avec jubilation.
Première remarque importante, il appartient à la série des Westlake burlesques, pas des W.noirs.
2ème remarque: C'est l'un des épisodes des aventures de Dortmunder et de sa bande. Dortmunder est un escroc neurasthénique et malchanceux, mais un génie absolu du PLAN. Toutes ses aventures, avec sa bande de collègues excentriques, comme Murch, qui est taxi, vit avec sa mère, est passionné d'itinéraires (chaque fois qu'il se déplace dans New York, il tente d'expliquer aux autres par où il est passé ou va passer), écoute des disques d'enregistrements de bagnoles et boit de la bière saupoudrée de sel, toutes ses aventures donc sont des successions de plans tous plus géniaux et grandioses les uns que les autres pour récupérer des objets improbables et inaccessibles, comme l'émeraude du Malamoko (?) dans "Pierre qui brûle" (excellent), Folio noir Gallimard. C'est drôle, enlevé, très bien écrit… et inégal, parce que Westlake publie visiblement à peu près un bouquin par an, sous son propre nom, et sous deux pseudos, dont celui de Richard Stark (que je n'ai jamais pratiqué).
"Jimmy the kid" est donc le récit, non pas d'une chasse à l'objet, mais d'un kidnapping, suggéré à Dortmunder par Kelp, autre copain-boulet, qui en a lu le récit dans un ouvrage de …Richard Stark. Lequel récit est si minutieusement mené que les malfrats n'ont plus qu'à faire comme dans le livre, intéressante variation sur Don Quichotte ou Madame Bovary. Naturellement, rien ne va marcher comme prévu. Je suis certainement très bon public, mais ça me fait pleurer de rire.
Autres bons titres de la série: "Mauvaises nouvelles", et surtout, "Dégâts des eaux".

Après, il y a encore un roman de Westlake que je trouve génialement drôle, c'est "Aztèques dansants". Ce n'est pas un Dortmunder, il vaut mieux le lire quand on a du temps tant ça grouille de personnages, c'est une histoire de statuette d'or volée dans une république d'Amérique du Sud, et perdue au milieu d'un lot d'imitations en plâtres éparpillées aux 4 coins de New York, les personnages principaux sont hyper attachants, c'est construit de façon très cinématographique et virtuose, et franchement, certaines scènes sont des chefs d'œuvre. Comme celle du détournement d'avion par le gardien de musée crétin et ivre, c'est du grand burlesque.
Voilà. Fin de l'épisode lyrique Westlake.


 
La Même

05/03/2005
19:11
Après RE-lecture.


"Jimmy the kid", c'est encore MIEUX que "V'là aut'chose".


Erratum: l'émeraude du "Balabomo" (citée in JTK.)
A, irrémédiablement futile

 
Agnès

08/03/2005
08:26
Gastronomie et Littérature

Pour rendre à César, ou plutôt à Alexandre, ce qui lui revient, le texte signé Grimod de la Reynière sur le fil "Amphitryon" revient à Alexandre Dumas, père naturellement, dans un roman à peu près introuvable quoique PASSIONNANT intitulé "Ingénue", qui s'ouvre au Palais Royal sur une rencontre entre Danton, Marat et Hébert, se poursuit chez Danton par le repas cité en hommage à Patrick, et narre pour faire court (!) les amours contrariées de la fille de Rétif de la Bretonne avec le fils né d'un viol de Marat sur une comtesse polonaise….
Je vous laisse explorer à la recherche de cette petite merveille "les abîmes secrets des bibliothèques".
A

 
Zeuxs

11/03/2005
11:29
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Bonjour ! C'est mon premier message ici ! JE n'interviendrait donc pas uniquement pour faire remonter ce fil mais aussi pour parler de livre (quelle surprise !). En l'occurrence de livres fantastiques puisqu'il s'agit des "Chroniques de Narnia" de C.S. Lewis, l'histoire de jeunes enfants partant à la découverte d'un monde étranger... C'est de la littérature pour "enfant" mais il y a de quoi apprécier ces livres à tous les âges, d'autant que leur auteur, C.S. Lewis, ami de Tolkien, s'est aussi fait remarquer pour ses réflexions sur la religion (le chritianisme), les miracles, etc. ainsi qu'à l'occasion d'un débat sur le "Naturalisme" avec G.E.M. Anscombe, l'auteur d'Intentionn et élève de Wittgenstein.

Enfin voilà, tout ça pour dire qu'il s'agit d'un classique de la littérature anglaise qui n'a pas chez nous l'aura qui est sienne dans le monde anglo-saxon. A découvrir chez Galimard jeunesse.

P.S. : Testament à l'Anglaise : très très bon livre !
 
pb

14/03/2005
21:57
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Cette année Jules Verne ressort en Livre de Poche (hachette - cherche midi) dans une jolie presentation noire, rouge et argentée avec les gravures d'origine Hetzel.

"Paris au XXème siècle", sans être un chef d'oeuvre, est très intéressant. En 1863, JV imagine un Paris de 1960 dans lequel "le français, les belles lettres, le latin et le grec" sont devenus objet des moqueries. A la place, le culte de la finance et de la technique...
 
pb

14/03/2005
23:10
précisions

"Paris, 1960 : une métropole splendide, étincelante d’électricité, reliée à la mer par un gigantesque canal, sillonnée d’autos et de métros silencieux… Tel est le monde fascinant qu’ont forgé, conjuguant leurs efforts, la Finance et la Technique. Pourtant, cet avenir radieux a son envers. Seuls quelques marginaux, méprisés, bientôt vaincus par la misère et la faim, persistent dans le culte de l’Art et de la Poésie,
tandis qu’un état omniprésent organise la distribution du savoir scientifique…
Composé avant les « Voyages extraordinaires », refusé par l’édi-teur Hetzel, ce roman aura attendu cent trente ans avant de revoir le jour. Surprenant par la pertinence de son information scientifique, il vaut aussi et surtout par l’acuité de son analyse des intrications de l’économie, de la technique et de la politique. Une vision ambiguë qui fait justice de l’image d’un Jules Verne chantre béat du Progrès. Et d’abord un roman prenant, coloré, où le grandiose se teinte volontiers d’un humour des plus sombres…"

http://www.images.hachette-livre.fr/media/imgArticle/LgfLivr eDePoche/2005/9782253139416-G.jpg
http://www.livredepoche.com/Livre_De_Poche/_FindAuteurServle t?IdAuteur=000000006561&TXT_LANGUE=francais&Idorinus=01

 
Agnès

16/03/2005
22:48
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Je ne suis pas du tout une spécialiste de littérature nordique, et pourtant... Après les romans policiers d’Henning Mankell, mentionnés plus haut et vraiment palpitants, j’ai lu hier un polar d’un islandais, Arnaldur Indridason, traduit par Eric Boury chez Métailié, « La cité des jarres ». C’est moins bien que Mankell, parce qu’il n’y a pas une atmosphère spécifiquement islandaise, je veux dire qu’à part les noms, et quelques affirmations sur les meurtres à l’islandaise, on ne voit pas la spécificité des paysages ni des modes de vie des gens (alors que chez Mankell, sans pittoresque excessif, on a l’impression de visiter la Suède). Les personnages sont moins bien campés et caractérisés, aussi. Le flic, Erlendur, un quinquagénaire très déprimé, encore un, a deux assistants un peu incolores et interchangeables quoique de sexes différents. Mais l’enquête sur le meurtre d’un retraité qui se révèle un très sale type est bien menée, et nous entraîne dans des péripéties imprévues, qui tiennent en haleine jusqu’à la fin. Brèfle, ça se lit bien.

Dans un tout autre genre, jubilatoire, je voudrais faire un éloge enthousiaste d’un écrivain que j’ai lu presque par hasard, et qui m’a ravie. Le danois Jørn Riel, auteur d’une série de « Racontars arctiques » dont je raffole. Il y a chez 10/18 au moins six volumes de petits recueils de « nouvelles » ?, « contes » ? qui mettent en scène les chasseurs de phoques, ours, renards…au nord-est du Groenland. Habitant à deux ou trois, parfois seuls, des cabanes isolées à des journées les uns des autres, ils se réunissent régulièrement pour être ensemble, boire, (beaucoup), manger, mettre en œuvre leur dernière marotte et se raconter leurs dernières histoires. Le narrateur principal est l’étudiant Anton, un intellectuel venu chercher là-bas son Groenland littéraire rêvé, et qui y a trouvé des compagnons, un mode de vie et à terme, sa vocation d’écrivain. La nouvelle « une odyssée littéraire », où il perd son unique bout de crayon je vous dirais pas comment en pleine crise de création est un délire d’inventivité burlesque. Evidemment tous ces hommes manquent de femmes, et il existe à leurs désirs, outre les visites à la ville pas voisine du tout, des exutoires imprévisibles. Ça c’est « La vierge froide et autres racontars », et « Un safari arctique ». D’ailleurs, je vous conseille de commencer par le second, qui maintient un suspense extraordinaire dans la nouvelle « c e qu’il advint d’Emma par la suite ». C’est aussi dans celui-là qu’arrive l’étudiant Anton, et sa saison dans la même cabane qu’un chasseur totalement lymphatique qui passe l’essentiel de son temps de cabane à dormir, comporte un quiproquo particulièrement divertissant. Il y a aussi le combat solitaire de Siverts contre un ours, et pêle-mêle, au fil des volumes, l’odyssée d’un cadavre, celle d’une puce, celle d’un rat, le curé d’enfer, la visite du technocrate venu rationaliser les méthodes de chasse, un serpent boa !!!, des planteurs de vigne ET viticulteurs, un tricoteur, les visites bisannuelles du capitaine Olsen qui apporte le ravitaillement, récupère les peaux en truandant au max sur les prix et amène les nouveaux, ou nouvelles venu(e)s… Sans vouloir jouer les bas-bleus, cela tient par la modestie des sujets et des personnages, de Tchékhov, par la dimension épique et l’admirable talent du conteur, d’Homère, et par la technique des personnages récurrents, parce qu’à la fin, tous, avec leurs manies, leurs vices, leurs passions et leurs tics, nous sont familiers, de Balzac, ma foi ! Pour autant, cela ravit lecteurs et non-lecteurs, intellectuels et chasseurs, (nooooon, je n’ai pas dit que les chasseurs n’étaient pas intellectuels !!!!), jeunes et vieux, et peut-être même, qui sait, les idéologues ? Il y a là-dedans en tout cas une défense et illustration du RECIT comme ciment social, comme nécessité psychologique et artistique même chez les plus frustes, qui me réchauffe l’âme.
Après, il y a d’autres Jørn Riel, y compris beaucoup plus graves (magnifique et bref « le jour avant le lendemain »). Mais commencez par les racontars, ce sont des récits « qui donnent un beau visage », autre titre de Riel, car en eskimo, tel est l’effet du rire.
A votre tour ?

 
Agnès

20/03/2005
06:50
Deuxième mois,

...seconde synthèse.

• Fantaisie, anticipation, SF
*La flèche du temps de Martin Amis
*Les chroniques de Narnia de CS Lewis (Folio Junior)
*Paris au XXème siècle de Jules Verne

• Polars
*La caverne des idées de José Carlos Somoza (construction virtuose et polar athénien et platonicien)
*Le dahlia noir de James Ellroy
*Ma part d’ombre (polar et autobio) de James Ellroy

*Trouille,
*A côté de la plaque,
*La reine de la nuit de Marc Behm

*Un bloc de crack gros comme le Ritz de Will Self
Les enquêtes du commissaire Kurt Wallander, d’Henning Mankell
*Les chiens de Riga
*La muraille invisible,
*L’homme qui souriait
*Le guerrier solitaire,
*La cinquième femme,
*Les morts de la Saint Jean.

* La lionne blanche, (enquête et politique en Afrique de Sud) d’Henning Mankell

*La cité des jarres d’Arnaldur Indridason

• Escroqueries burlesques et virtuoses
*Jimmy the kid,
*Pierre qui brûle,
*Mauvaises nouvelles,
*Dégâts des eaux,
*Aztèques dansants, de Donald Westlake

• Roman historique
*Ingénue d’Alexandre Dumas père

• Romans
*Les nains de la mort
*La maison du sommeil de Jonathan Coe

*Le jour avant le lendemain de Jørn Riel

• Jørn Riel : Racontars arctiques :
*La vierge froide et autres racontars
*Un safari arctique
*Un curé d’enfer et autres racontars
*Un gros bobard
*La passion secrète de Fjordur
*Le voyage à Nanga
*La canon de Lasselille (c’est celui que j’ai le moins aimé)
Une trilogie : la maison de mes pères :
*Un récit qui donne un beau visage
*Le piège à renards du seigneur
*La fête du premier de tout

• Abrégé de littérature potentielle chez mille et une nuits

• Deux liens vers des sites de textes en ligne :
http://www.gutenberg.org/browse/languages/fr
http://www.bmlisieux.com/litterature/litterat.htm


 
Pascale

21/03/2005
21:06
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Le Graal théâtre, de Florence Delay et Jacques Roubaud à (re?)paraître en mai prochain
une merveille,exactement entre les "vrais" romans de chevalerie et Monty Python...
 
pom

21/03/2005
22:23
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

the knigth who said NI?
so! NI NI NI!
 
Pascale

22/03/2005
09:45
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

himself !
 
guydufau

23/03/2005
12:07
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

___________________________________

Don Faucheur :

Ô rage! Ô désespoir! OGM ennemi,
N'ai-je donc tant lutté que pour cette alchimie,
Et ne suis-je gazé par la gendarmerie
Que pour laisser pousser cette saloperie?
Mes plants qu'avec respect tout le monde réclame,
Mes plants qu'avec ferveur les connaisseurs acclament
Garantis, certifiés en toute bonne foi
Seraient donc récoltés pour la dernière fois!
Ô cruel avenir de notre agriculture
Mise en coupe réglée, véritable imposture,
Industrie mortifère aux portes de l'horreur,
Nouvelle tombe ouverte pour tout agriculteur,
Faut-il baisser les bras, se cacher, morts de honte,
Et disparaître ainsi sans demander des comptes?
Faucheur fait à présent office de sauveur,
Son statut n'admet point un homme qui a peur.
Et de son bras armé d'une efficace faux
Il tranche avec ardeur ce maïs par quintaux.
Et toi qui as coupé tant de fois l'OGM,
Reste encore en service, c'est nécessaire, même.
Aiguise le tranchant de ta lame de fer
Et renvoie l'OGM pour de bon en enfer.
Liquide à tout jamais ces substances immondes
Et ouvre par là-même la voie d'un meilleur monde.


Patrick Mignard

Détournement de Pierre Corneille - Le Cid (Acte I-scène 4)

La Belette - La tirade de Don Faucheur (acte pas manqué
 
pat

25/03/2005
00:21
Pour Dame Agnès...


 
Ecrivaine

25/03/2005
09:14
Bon thé, Divine !



L’année dernière, je voulais t’écrire une sorte de, je dirais de journal.
A l'époque cela faisait déjà un an que je suivais des pistes qui n'aboutissaient à rien.
Chaque jour tu te dis que tu vas être obligée d'arrêter d'écrire puisque tu n'arrives qu'à des impasses. Comme lectrice j'aime bien avec un écrivain être dans le doute. Même sur la qualité de son écriture.
De toute manière, il n’y a ni morale ni responsabilité en écriture. De même que le lecteur n'a aucun droit, il n'a rien à attendre de l'écrivain.

La nécessité d’écrire vient de l'intérieur du corps, de la voix intérieure du dedans empreinte de toutes les choses entendues à l'extérieur, l’extérieur du dehors du corps.

Tu vois, c’est évident que j’ai largement influencé, ensemencé tous ces jingles de France Culture. Mais les accents sont pas de moi. C’est normal que cette radio me célèbre à ce point, les autres sont des cons.
Je voulais te parler de l’écrivain que je suis.

La littérature exprime le noyau dur inatteignable de l'individu. Et donc, la société veut forcément la broyer puisque ce noyau dur ne s’intégrera jamais au dénominateur commun nécessaire à la vie en société avec les autres, les gens. Or, dès que la société croit s'occuper d'écriture, elle ne s'occupe pas de littérature, c'est impossible.

C’est comme boire, par exemple du thé. On ne peut pas boire du thé et le cracher en même temps. Thé d’été ou d’hiver. J’ai mal au pied et il faut que je le dise, parce que sinon, je me trahirais.
L’anniversaire ne se définit pas, il se vit. Et il faut que tu le vives.
Alors je pense que j’ai le droit de te le dire, oui, tu ne rêves pas :

BON ANNIVERSAIRE AGNES !
Et c’est moi, moi-même, qui te le dit.

C. Angot





 
Agnès

25/03/2005
09:28
...




 
Pouet pouet

25/03/2005
09:45
Coing coing



Il était une dame_pectine ,
Dans son verger de cognassiers,
Sa bibli remplie de comptines,
En latin, en grec ou françouais

Elle doit réviser
Laisser ses bas bleus
Pour être agrégée
Excusez du peu !

Il était une dame tricotine
Spécialiste du coing en gelée
Qu'on osait nommer Bécassine
Trop gaffeuse s'il faut comploter

Mais dans ses recettes
La plus réussie
C'était pour Ginette
La brassée d'orties !

Il était une dame papouphile
Spécialiste du contrepet
Connue de tous les bibliophiles
Elle jonglait avec les versets

C'était la plus douce
Des cordons bleus
Habile dans les mousses
Et mets délicieux !

Il était une dame pectine,
Dans son verger de cognassiers,
Sa bibli remplie de comptines,
En latin, en grec ou françouais !!!!!!!!


 
Mich Houel

25/03/2005
09:54
Ouais, c'est moi la Miche

Nous sommes tous à peu près identiques. L’individualisme est une catastrophe qui nous entraîne vers le malheur et le meurtre. Les gens veulent absolument être différents les uns des autres. Renoncer à être exceptionnels nous aiderait à aller mieux. (il rote, baisse la tête, et ricane)

Je ne suis pas réactionnaire. Pour l’être, il faudrait croire qu’on peut revenir en arrière. Or, tout est irréversible. Sur le plan littéraire, je ressens vivement la nécessité de deux approches complémentaires ; le pathétique et le clinique. (il tire une taffe qui fait diminuer la longueur de sa cigarette d'un cm)

Je n’ai pas l’impression d’écrire des romans à messages, mais l’enseignement en l’occurrence, me paraît redoutablement clair. Le désir est vain, douloureux et meurtrier ; la sagesse et l’humour sont vains, impraticables et finalement douloureux.

Et comme je me la pète grave et que j'ai désoûlé au Malibu au ptit déj', Agnès, je te le dis tout net :

BON ANNIVERSAIRE



Ouais, le bègue (quand j'ai trop bu)


 
Raymonde Quenotte

25/03/2005
10:34
Limerick d'anniv'

D’Agnès c’est l’anniversaire,
Celle dont nous sommes si fiers
Elle bosse en apnée,
Elle trime, poil au nez
Croisons les doigts les jours pairs.

D’Agnès c’est l’anniversaire,
Ces jours-ci, oui, c’est l’enfer
C’est bientôt la quille
Et pour toi on grille
Une bougie les jours impairs.

Moins usuel et un peu moins rythmé que le 88558, mais bon, ça se fait aussi en 77557.





 
MD

25/03/2005
13:23
Ce serait en lisant, là, qu'on lirait.

La page, là, elle serait vierge,
et le dire va venir en elle,
et ce serait pour célébrer.
Mais la fête secoue les tripes,
ça se ressent, et il y a du sang sur la page.
ça serait là, le moment venu, maintenant,
pas autre part, qu'il faudrait le dire.
Les mots, ça ne sort pas, ça ne pourrait pas,
parce que c'était déjà là l'année dernière,
et déjà là après, l'année suivante,
ce serait toujours là. Et ça se fêterait, en disant
des mots, des paroles que l'on dirait, comme :
"bonne année, hiver sert, ah niaise". Mais ça se tairait
l'émotion, car ça ne se froisse pas, là sur le papier.
Le gâteau est un tigre, là, et il te regarde avec ses dents,
sublime, énormément sublime.

par delà le bien, le mâle, et l'au-delà,
La mante en glaise,
Margoton la Duraille

 
Guillaume du Temps

25/03/2005
13:56
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

" Je me réveille, je suis explosé au lexocoing transgenik, je décide de me laver now, ça me réveille a little bite, putain plu question de sodo now, j'étends les slips sur la poignée de porte, les cho7 dehors sur l'appui de fenêtre, today c'est l'anniv d'Agnès, hun, hun, faut que je moove "

 
Philou Sollers

25/03/2005
17:29
De ma part à moi personnellement

Contre la légende pieuse des dévots communistes ou académiques; contre, aussi, le dépit amoureux d'un certain gauchisme et l'agressivité programmée des réactionnaires de tout poil (cela fait beaucoup de monde), je déclare encore ouvert l'anniversaire d'Agnès.
Et j'emmerde Jourde.

Le plus solaire de tous.



 
A...

25/03/2005
19:39
re : C'est en lisant qu'on devient liseron



 
Charles Pernod

25/03/2005
20:01
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Hélas, hélas, à minuit précise tout s'effiloche ! La robe de bal de Pectine se change en Gaffiot et le forum se transforme en citrouille : voilà notre princesse fort marrie !

Heureusement sa bonne fée veille encore. Les libertins qui détournent Pectine de ses devoirs sont défaits d'une giclée de GCS. Elle se remet sereinement à la tache et au bout de ses épreuves ne tarde pas à trouver, enfin, le Diplôme charmant !

THE END
 
Louise

25/03/2005
22:46
encore un chouïa

L'OISEAU DU COLORADO

L'oiseau du Colorado
Mange du miel et des gâteaux
Du chocolat des mandarines
Des dragées des nougatines
Des framboises des roudoudous
De la glace et du caramel mou.

L'oiseau du Colorado
Boit du champagne et du sirop
Suc de fraise et lait d'autruche
Jus d'ananas glacé en cruche
Sang de pêche et navet
Whisky menthe et café.

L'oiseau du Colorado
Dans un grand lit fait un petit dodo
Puis il s'envole dans les nuages
Pour regarder les images
Et jouer un bon moment
Avec la pluie et le beau temps.

Robert Desnos
==========================================
L'oiseau du Colorado
danse avec la nièce au rose écho


 
dom

25/03/2005
23:14
re : C'est en lisant qu'on devient liseron


L'OISEAU DU SOURIRE

L'oiseau du Nihiliste
Mange du balai brosse et des lingots d'or
Du canard laqué des crottes de nez
Des couettes des courbatures
Des voitures télécommandées des pois cassés
De la margoulette et du plaisantin mou.

L'oiseau du Membre
Boit de l'aspirateur-traineau et du bel orifice
Suc de mine anti-personnel et lait d'autruche
Jus d'ananas glacé en cruche
Sang de tête d'enclume et navet
Whisky menthe et café.

L'oiseau du Canidé
Dans un grand lit fait un petit dodo
Puis il s'envole dans les tuiles
Pour débroussailler les droites parallèles
Et jouer un bon moment
Avec la noix de coco et le chat persan temps.

Robert «One more time Baby» Desn

un pti coup de debilitron la dessus, parce que, m'a pas plus ce poéme, skuse Louise!
 
A.

26/03/2005
16:00
A tous


 
Louise

29/03/2005
23:29
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

LE PROGRAMME EN QUELQUES SIÈCLES

On supprimera la Foi
Au nom de la Lumière,
Puis on supprimera la lumière.

On supprimera l'Âme
Au nom de la Raison,
Puis on supprimera la raison.

On supprimera la Charité
Au nom de la Justice
Puis on supprimera la justice.

On supprimera lˆAmour
Au nom de la Fraternité,
Puis on supprimera la fraternité.

On supprimera lˆEsprit de Vérité
Au nom de lˆEsprit critique,
Puis on supprimera lˆesprit critique.

On supprimera le Sens du Mot
Au nom du sens des mots,
Puis on supprimera le sens des mots

On supprimera le Sublime
Au nom de l'Art,
Puis on supprimera l'art.

On supprimera les Écrits
Au nom des Commentaires,
Puis on supprimera les commentaires.

On supprimera le Saint
Au nom du Génie,
Puis on supprimera le génie.

On supprimera le Prophète
Au nom du poète,
Puis on supprimera le poète.

On supprimera les Hommes du Feu
Au nom des Eclairés
Puis on supprimera les éclairés.

On supprimera lˆEsprit,
Au nom de la Matière,
Puis on supprimera la matière.


AU NOM DE RIEN ON SUPPRIMERA L'HOMME ;
ON SUPPRIMERA LE NOM DE L'HOMME ;
IL N'Y AURA PLUS DE NOM ;


NOUS Y SOMMES.

Armand Robin Les Poèmes Indésirables

http://armandrobin.org/txtpi.html
 
Agnès

01/04/2005
10:15
Help!!!

Quelqu'un aurait-il par le plus extrême des hasards enregistré le "Radio libre" sur Jean Cayrol que je viens de tenter d'écouter et qui avait disparu? Auquel cas, si c'était transmissible, je lui vouerais une reconnaissance quasi éternelle!
 
LRDB

02/04/2005
05:26
Jean Cayrol

Ah je viens d'essayer : ça marche...
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/ radio_libre/
(il faut dire que certains des sites de la station ne sont pas à jour, par ex Les Matins, Radio libre...).

LN
 
bon vent

02/04/2005
16:54
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Jean Cayrol se trouve plus précisément sur ce lien :

http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/ radio_libre/fiche.php?diffusion_id=29561
 
A.

02/04/2005
17:32
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Merci!
 
Louise

05/04/2005
23:39
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Pater noster

Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terrre
Qui est quelquefois si jolie
Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la Trinité
Avec son petit canal de l'Ourcq
Sa grande muraille de Chine
Sa rivière de Morlaix
Ses bêtises de Cambrai
Avec son Océan Pacifique
Et ses deux bassins aux Tuilleries
Avec ses bons enfants et ses mauvais sujets
Avec toutes les merveilles du monde
Qui sont là
Simplement sur la terres
Offertes à tout le monde
Éparpillées
Émerveillées elles-même d'être de telles merveilles
Et qui n'osent se l'avouer
Comme une jolie fille nue qui n'ose se montrer
Avec les épouvantables malheurs du monde
Qui sont légion
Avec leurs légionnaires
Aves leur tortionnaires
Avec les maître de ce monde
Les maîtres avec leurs prêtres leurs traîtres et leurs reîtres
Avec les saisons
Avec les années
Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l'acier des canons.

Jacques Prévert
 
Laurent Nadot

07/04/2005
11:13
La radio fait lire

La radio fait lire. Jean-Marc Roberts Dixit. Eh oui les bons éditeurs savent ça.

Ergo je ne savais pas trop où déposer ces lignes : les fil "Un peu d'air frais" ou encore "Papoulâtres" eut été tout aussi approprié. Donc voila : suite à la récente matinée consacrée au délicieux Max jacob par la radio Suisse Romande Espace2 j'ai ressorti "Le cornet à dés ", qui réunit une série de textes courts semi-parodiques. Beaucoup de fantaisie poétique dans ces textes courts, quoique c'est pas vraiment du poème en prose. Plutôt des badinages semi-humoristiques généralement sur un argument assez faible. Ca rappelle un peu le Jarry de "la chandelle verte" en plus léger et surtout avec la férocité en moins. Ca se lit tout seul en continu ou alors en picorant aux fil des pages (série de coups de dés). Il y a un tome II qui fut édité par Orphée/La différence, celui-là semble plus porté sur la rigolade et un rien moins poétique. Enfin si on veut on peut aussi lire les journaux oui.

LN

Max Jacob : Le cornet à dés. Poésies-Gallimard (collec poche).
 
gt

07/04/2005
22:33
J'ai testé pour vous...

... les bons conseils de la liseronne. Le Westlake "Jimmy the Kid" que j'obtins à des conditions de rêve(*), est effectivement un régal. L'histoire est vraiment marrante. Le style original fait largement appel à des effets de cinéma. L'écriture est très agréable et on rit à chaque page.
Merci à la conseilleuse

(*)"les conseilleurs sont les payeurs".

 
AArgh!!!

16/04/2005
02:04
?????????????

Tout le monde est plongé dans la constitution européenne, sur ce forum? Attention, l'asphyxie menace!
Pour dépayser un peu tout le monde, un tout petit livre, un heure de lecture, une histoire belle, mystérieuse, sobre, entre Japon et Cévennes, sur fond de vers à soie:
"Soie", d'Alessandro Baricco.
Ils avaient fait la fine bouche, à FQ. Moi, j'ai dévoré.

 
guydufau

16/04/2005
10:02
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Une petite bouffée d'asphyxie donc :

Ekphrasis du "Mouton noir chiraquien"
Selon Théon d'Alexandrie l'ekphrasis est un discours périégétique qui met sous les yeux, avec évidence, ce qui doit être montré, en faisant le tour de l'objet de la description. Délaissons l'abracadabrantesque pschitt et revenons au "Mouton noir chiraqien" pour en faire le tour !

Engloutissement de Francoy Batave dit le Hollandais

Les moutons suivent aveuglément le vieux bélier qui entraine le troupeau. Cette disposition singulière a été mise en lumière au XVIe siècle dans son livre Pantagruel par Rabelais. Le compagnon de Pantagruel, Panurge dit le Sarko, partant mollement pour l'Union des lanternes, s'est embarqué sur un bateau où a pris place Francois Batave dit le Hollandais, marchand de moutons qui emmène un troupeau avec lui. Panurge dit le Sarko, ayant obtenu pour un prix élevé l'une des bêtes, la saisit et la jette à la mer. tous les moutons suivent et se précipitent dans les flots. Francois Batave dit le Hollandais est englouti avec eux. C'est dit-on un 29 mai. Depuis cette époque l'expression " les moutons de Panurge" désigne les gens qui suivent les autres sans réfléchir.

Bêlant à qui mieux mieux, ils suivent le troupeau,
Confiants, les yeux fermés, ils se jettent à l’eau
Pour peu que cela urge…,

Les moutons de Panurge,
Les moutons de Panurge.

Pas de brebis galeuse, pas d’autres convictions,
On les maintient en dehors de toute contagion,
Au besoin on expurge…

Les moutons de Panurge,
Les moutons de Panurge.

Ils vivent d’opinions qui ne sont pas les leurs,
D’idées prédigérées dont on loue la saveur :
Il faut bien qu’ils se purgent…

Les moutons de Panurge,
Les moutons de Panurge.

Ils savent leurs leçons sur le bout de leurs doigts,
Sans l’ombre d’une erreur mais parlent par la voix
De quelque thaumaturge,

Les moutons de Panurge,
Les moutons de Panurge.

Mais que je me fourvoie, que j’aille à l’aveuglette,
Bon dieu, si vous avez quelque autorité, faites
Que jamais, jamais je ne sois…

Un mouton de Panurge,
Un mouton de Panurge.

Chanson de Jacques Goudeaux
 
La reine des belges

16/04/2005
10:42
Guy Du faux : dernier urinoir avant le cimetiere

ces rimes de mirliton sont une offense à tout l'air frais que je lis dans ce fil. Cette contrib n'incitant à aucune lecture, n'ayant aucun rapport avec la poésie, je demande l'effacement.

Et puis je recouvre cette merde de tryphon avec un ti trukamoi.
 
Laurent nadot

16/04/2005
10:55
pour redresser la barre

On trouve dans Les Dossiers H consacrés à VIalatte (eds L'Age d'Homme) sa "version libre" d'un texte connu :

Le collège d'Ambert

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal
Las d'user leurs habits sur les vieux bancs de chêne
Du collège d'Ambert partaient, brisant leurs chaînes
Des potaches, bien loin du vieux Blaise Pascal.

Ils allaient conquérir ce diplôme idéal
Qu'on délivre en des universités lointaines
Et le chemin de fer les menait par centaines
Aux examinateurs de ce Clermont fatal.

Chaque soir potassant leurs formules d'optique,
Le sens mystérieux des pages de physique
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré :

Et, penchés sur leur livre et bourrant leur cervelle
Ils regardaient monter dans un ciel ignoré
Du fond des dynamos des milliers d'étincelles.

A-V.

Accessoirement, il y a dans ce recueil Vialatte des textes de Philippe Meyer, de l'excellent Pierre Jourde (spécialiste d'A-V) et même un d'Hervé Gaymard et enfin une véritable merde de Marc-Edouard Nabe, qui me rappelle lointainement Guy Du faux avec un brin de style en plus tout de même.

Dossiers H : Alexandre Vialatte
Eds L'âge d'homme.
Coordonné par Pascal Sigoda - 1997

(Parmi les autres volumes : Léon Bloy, René Daumal, Péladan, Dominique de Roux, François Perroux)

Laurent nadot
 
Agnès

16/04/2005
23:01
Une rareté

En 1987 paraissait un charmant ouvrage, j'ignore s'il est encore disponible. Brodant sur un remarque de Genette: "On peut par exemple récrire ‘Madame Bovary’ en quittant le point de vue d'Emma", Sylvère Monod, traducteur talentueux de Dickens et de Conrad, entre autres, publiait chez Belfond "Madame Homais", ou les aventures de Marie Hommet, épouse du sinistre imbécile qu'est le pharmacien d'Yonville, ou plutôt de Ry, Auguste Hommet dans le roman. Enchaînant sur le dernier chapitre de Madame Bovary, où Homais (Ho! Mais! … et le nom porte toute la sentencieuse stupidité du personnage ) se prépare à recevoir la croix d'honneur, le roman s'ouvre sur les préparatifs de la cérémonie. C'est le pharmacien qui prépare lui-même anonymement l'article destiné au "Journal Normand": ""L'apothéose d'un apothicaire…"
La vie de Marie Hommet, femme discrète mais malicieuse et décidée, s'écoule à Ry entre l'arrivée et la mort de Delphine Bivarot, et après, jusqu'à la publication du scandaleux ouvrage d'un certain Flaubert, "Madame Bovary". Ouvrage dont les effets seront aussi imprévus que dévastateurs. Si seulement il pouvait en être de même pour tant d'imbéciles en liberté, conjurés ou solitaires et de crétins prédominants et arrogants!!!
En attendant, si vous tombez dessus, ne boudez pas votre plaisir: c'est érudit sans pédanterie, malicieux à souhait, alerte et plein de surprises. On sourit, c'est une forme de revanche solitaire contre la prédominance des cuistres incultes et arrogants de tout poil.
smiley 374

 
Jury member

21/04/2005
19:12
J'en profite pour faire remonter le fil

«"Soie", d'Alessandro Baricco.
Ils avaient fait la fine bouche, à FQ. Moi, j'ai dévoré.»
M'enfin, il faut donc réexpliquer la littérature ?
Des trucs qui se dévorent ! J'vous demande un peu !
Il faut SOUFFRIR en lisant, bailler, vomir, c'est pour ça que le prix 2005 FC de littérature a été attribué à Christine Angot, té, pârdi.
Le plaisir de lire ? Pouah, quelle horreur, c'est trop vulgaire, dépassé.

(arf !)






 
Yann

21/04/2005
20:20
*crunch*crunch*crunch*

Aah ouii! Un très bon souvenir, celui-là. De fait, se dévore encore plus vite qu'un bookworm à soie ne croque sa feuille. Très quignardien dans l'esprit , avec les voyages multiples au Japon, le silence, la lenteur, la solennité, les symboles un peu partout.
Est-ce que Barrico a tissé d'autres choses recommandables, éminent Jury Member (avec une partialité suspecte pour la Nouvelle-Guinée)?

Yann

 
Agnès

21/04/2005
20:50
Syntaxe chaotique

Moi, j'ai adoré "Novecento, pianiste". Un monologue ahurissant, logorrhéique et envoûtant. Dit sur scène par Jean-François Balmer,c'était magnifique.
Après, c'est bizarre et inégal. Ce type oscille entre la surabondance verbale, très "baroque",- comme disait autrefois Roger Vrigny sur FQ, un jeudi matin, pour encenser Garcia Marques au détriment de "Tieta d'Agreste, ou le retour de la fille prodigue", 800 pages bon poids de jubilation feuilletonnesque avec neveu séminariste et tante prostituée de haut vol dans un paradis terrestre grouillant de personnages du Nord du Brésil menacé par une usine très chimique,il y a aussi des concours de billard pour obtenir la "queue d'or"... et il l'avait PAS LU le salaud qui critiquait, paix à ses cendres - donc Baricco très barocco dans "Océan mer" par exemple, indéniablement beau, ou "City", dont je ne sais pas si je l'ai aimé parce que c'est vraiment bien ou parce que j'étais toute fière de m'être avalé ce pavé en italien. "Sans sang", en tout cas, le dernier, c'est dans le genre dépouillé, mais je n'ai pas été vraiment séduite...
Un peu incohérent, vous dites, le propos ci-dessus?... Soit!

 
A.

21/04/2005
21:03
un oubli

"Tieta d'Agreste", c'est de Jorge Amado, auquel il faudra un jour consacrer l'hommage qu'il mérite.

 
Zx

22/04/2005
00:55
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

La "trilogie" Phébus :

- Aussi loin que mes pas me portent : La Traversée de l'Asie d'un fugitif allemand évadé du Goulag, 1949-1952 de Joseph Martin Bauer

L'histoire de la captivité puis de l'évasion d'un prisonnier de guerre allemand, Clemens Forell, captiuré par les Russes en 1944, évadé puis repris, incarcéré et jugé à la Loubianka en train aux fin fond de la Sibérie, tout près du détroit de Béring pour y purger une peine de 25 ans de travaux forcés dans une mine de plomb.

Forell tente de s'évader du camp une première fois. Repris, bastonné par ses camarades que les brimades imposées en représailles par leurs geôliers ont rendu fous, ce n'est que trois ans après son arrivée qu'il s'évadera à nouveau, cette fois pour de bon.

Commence alors pour lui une longue marche de plus de trois ans avant de pouvoir franchir le rideau de fer et atteindre l'Iran.

- A marche forcée : A pied du Cercle polaire à l'Himalaya (1941-1942)de Slavomir Rawicz

Raconte la longue marche de sept prisonniers échappés du goulag russe, durant l’hiver 1941. Cette cavale de plus de 6 000 km à pied mènera les fugitifs du cercle polaire à l’Inde, à travers la Sibérie, la Mongolie, la Chine, le Tibet et le Bhoutan, en passant par le désert du Gobi et l’Himalaya. Ils mettront deux ans à atteindre l’Inde anglaise. À sa première publication en 1956, certains s’interrogèrent sur la véracité du récit, tant les invraisemblances y sont nombreuses, comme la description "saharesque" du désert de Gobi...

- Betes, hommes et dieux : l'énigme du roi du monde
de Ferdynand Ossendowski.

Raconte cette fois la fuite de l'auteur à partir de la Sibérie centrale, en hiver 1920, lorsqu'il apprend qu'il est attendu par un peloton d'exécution bolchevik. Il va traverser l'immensité sibérienne, la Mongolie, le désert de Gobi, le plateau tibétain, puis l'Himalaya...


Trois récits de voyage (de fuite devrait-on dire !) publiés au même moment par les éditions Phébus. (FC en a d'ailleurs parlé dans l'émission de Brice Couturier et Jacqueline Henard).
 
w

22/04/2005
11:32
Rendons à César...

Yann, je n'avais fait que citer Agnès 2 ou 3 msg plus haut
1) je voulais faire remonter le fil, suite à une réaction à propos sur un autre fil
2) faire une comparaison avec l'angoissée du bocal
3) je n'ai même pas - encore - lu Barrico, mais ça motive !

Jury member



 
pat

29/04/2005
11:35
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Pour les amateurs du barnum rock des années 60-70 un très curieux roman foisonnant de Salman Rushdie, "La Terre sous ses pieds" qui raconte l'ascension planétaire d'une sorte de doubles indiens de John Lennon et Janis Joplin.

L'interview ci-dessous en dit un peu plus http://www.humanite.presse.fr/popup_print.php3?id_article=29 7650 (curieusement il y a une erreur sur le titre de l'interview)

Les versets sataniques sont aussi à lire ou relire. Il y a une très grande drôlerie qui surprend quand on songe au contexte de fatwa de la parution


 
pg

29/04/2005
15:40
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

À propos de barnum, connaissez vous Steven Milhauser ?
Je m'apprête à lire le "Musée Barnum", des nouvelles aux allures oulipiennes.
Pour l'instant chacun de ses livres m'a promené et séduit.
Je l'ai découvert avec les très belles nouvelles de "la galerie des jeux". Dans " la vie trop brève d'Edwin Mullhouse" il nous entraîne dans un gros récit surprenant : La vie d'un enfant racontée par son copain biographe (le titre original serait plutôt : "Edwin Mullhouse. Vie et mort d'un écrivain américain.1943-1954, par Jeffrey Cartwright").
"Le royaume de Morphée" est un voyage au pays des contes, alors que "La nuit enchantée" se visite comme une suite de tableaux nocturnes dignes de Edward Hopper ou de Paul Delvaux.
Une littérature d'un "onirisme oulipien", très fluide, dans un style "pictural" très évocateur, nostalgique et contemplatif et avec un zeste d'humour distancié...
mouais...le mieux c'est de le lire.
Cet auteur à déjà été "trop mal encensé" par la critique, trop comparé aux plus grands, et finalement il se retrouve aujourd'hui plutôt ignoré.
Et n'étant pas d'actualité, FC ne risque pas d'en parler.
 
w

29/04/2005
17:53
Que nenni !

Je prends des notes, Patrick, c'est... appétissant !
FC en parler ? effectivement, ça semble impossible, ça ferait de l'ombre à Angot, Laurens et autres clients de Jourde & Nalleau. ce qui va bien avec le plus d'actu, de direct, et surtout moins d'imagination.
Ben oui : l'imagination, c'est comme le patrimoine.

C'est un peu tard pour l'heure du goûter, mais je balance un truc pondu pour mon schtroumpf unique et préféré ('tassion, après un coup comme ça, redoutez une projection diapo des vacances au Club Med de Djeda) :
contraintes : sept pieds, vers decrescendo

Un goûter qui fait tache

à Gauthier


Un marmiton un peu las
Rêve à des jeux oubliés ;
Soldats de plomb et lutins
Tournoient de-ci et de-là.
Bientôt la cuisine retentit
Des cris de ces trublions.

Lors le rêveur laisse choir
La louche de crème au sol
Bing ! l’apprenti sursaute,
Zap ! évanouis les jeux
Et les bruyants avatars.

Le chef cuistot s’retourna
Balançant de la sauce
Sur la nappe d’organdi
Dont le blanc se macula.

Holà fanfaron rêveur !
Ton incurie me fâche !
Reprends tes billes et va.

Mais c’est d’un air attendri
Qu’il lui tendit son goûter :

Un clafoutis au clin d’œil.


Isabelle Flinois
Le 4 novembre 2002, La Jumellière

ça c'est un peu calmé depuis deux ans et demi, mais vous l'aurez compris, ça s'adresse à un lardon fort tonique et imaginatif. Et c'est beau comme ça.
Valà, une miette de tendresse dans ce monde de brutes.







 
w

29/04/2005
17:56
Géonulle

Heu... ça doit plutôt être Djerba, non ?

 
Agnès

06/05/2005
00:42
Autre clafoutis

Troisième synthèse... malgré la constitution !
• Théâtre
Graal théâtre, de Florence Delay, adaptation vivante et pleine d’humour des romans de la Table Ronde, que l’on a entendue à FC (Pascale)
Novecento, pianiste. d’Alessandro Baricco (un monologue magique) (A)
• Poésie
Poèmes indésirables d’Armand Robin (L)
Le cornet à dés de Max Jacob (LN)
• Récits de voyage (ou plutôt de fuite de la Russie soviétique ou du Goulag) (Zx)
Aussi loin que mes pas portent de J.M.Bauer
A marche forcée de Slavomir Rawicz
Bêtes, dieux et hommes, l’énigme du Roi du monde de F.Ossendowski
• Nouvelles : virtuosité et onirisme oulipien
Le Musée Barnum,
La vie trop brève d’Edwin Mulhouse,
Le royaume de Morphée,
La nuit enchantée de Steven Milhauser (PG)
• Romans
Tieta d’Agreste ou le retour de la fille prodigue de Jorge Amado (Exotisme, billard, amours torrides, intrigues politiques et industrielles dans un paradis du Nordeste) (A)
Soie, (brève splendeur poétique entre Cévennes et Japon, fin XIXème)
Océan mer,
City d’Alessandro Baricco (A)
Madame Homais de Sylvère Monod, (variations en forme d’hommage tendre, drôle et plein de brio, sur Mme Bovary )(A)

• Dossiers H : Alexandre Vialatte (LN)


 
AArgh!!!

06/05/2005
00:46
Oubli

• Romans
La terre sous ses pieds,(Barnum rock des années 60-70)
Les versets sataniques de Salman Rushdie (Pat)


 
Magic Childzx

06/05/2005
09:38
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Preuve d'amour d'Edith Wharton (Flammarion, 2005 - pas encore de format poche)

Un recueil de six nouvelles inédites jusqu'ici en français. Entre fantômes plus ou moins morts et assassins plus ou moins coupables, ces quelques nouvelles présentent une facette différente de l'oeuvre d'E.Wharton, sans toutefois prétendre au génie. Mais parfois c'est bon aussi de n'y point prétendre :)

P.S. : merci pour ces synthèses :D
 
Pascale

06/05/2005
16:03
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

D'Edith Wharton aussi : Chez les heureux du monde (L'Imaginaire Gallimard) : un monde vraiment cruel, décrit avec des petites touches très, très fines et précises...
Et merci pour les synthèses !
 
pg

06/05/2005
17:27
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Je reprends la troisième synthèse pour y apporter un petit correctif et faire la petite M.à.j (merci Agnès)

• Théâtre
Graal théâtre, de Florence Delay, adaptation vivante et pleine d’humour des romans de la Table Ronde, que l’on a entendue à FC (Pascale)
Novecento, pianiste. d’Alessandro Baricco (un monologue magique) (A)

• Poésie
Poèmes indésirables d’Armand Robin (L)
Le cornet à dés de Max Jacob (LN)

• Récits de voyage (ou plutôt de fuite de la Russie soviétique ou du Goulag) (Zx)
Aussi loin que mes pas portent de J.M.Bauer
A marche forcée de Slavomir Rawicz
Bêtes, dieux et hommes, l’énigme du Roi du monde de F.Ossendowski

• Nouvelles :
"Le Musée Barnum" - "la galerie des jeux" de Steven Milhauser
"Preuve d'amour" d'Edith Wharton (Flammarion, 2005)

• Romans
Tieta d’Agreste ou le retour de la fille prodigue de Jorge Amado (Exotisme, billard, amours torrides, intrigues politiques et industrielles dans un paradis du Nordeste) (A)
Soie, (brève splendeur poétique entre Cévennes et Japon, fin XIXème)
Océan mer,
City d’Alessandro Baricco (A)
Madame Homais de Sylvère Monod, (variations en forme d’hommage tendre, drôle et plein de brio, sur Mme Bovary )(A)
"La vie trop brève d’Edwin Mulhouse" - "Le royaume de Morphée" - "La nuit enchantée" de Steven Milhauser (PG)
"La Terre sous ses pieds" de Salman Rushdie,
"Les versets sataniques" de Salman Rushdie
"Chez les heureux du monde" D'Edith Wharton (L'Imaginaire Gallimard)

• Dossiers H : Alexandre Vialatte (LN)
 
Agnès

08/05/2005
15:28
Lecture du dimanche

Pour être écrit, c’est écrit, "La femme du dimanche ".
Que je viens de relire, entre trains et grasse matinée, après l'avoir racheté, puisqu'il avait disparu (très laide couverture, chez Points seuil, où vont-ils chercher leurs maquettistes? Et qui ne colle en rien avec le roman).
Qui dira le plaisir de relire? J'avais totalement oublié qui était l'assassin. Mais il me restait une atmosphère, intacte, un style, inimitable, à la fois complice et "suspendu", l'allusion, le "hint*", distillés comme un des beaux-arts (*il y a un américaniste inénarrable de médiocrité dans l'histoire). Délicieusement égaré, le lecteur suit à travers les rues de Turin et les bosquets des collines environnantes, des avenues sinistres au Balùn, le marché aux puces, une guirlande de personnages disparates réunis par leur intimité avec la ville: aristocrates ou grands bourgeois ineffablement bien élevés, évêque érudit, petits employés, virago exaspérée par la dégradation des mœurs… et le commissaire Santamaria, si correct quoique méridio, et l'exquise Anna Carla pleine de grâce.
Traduction ciselée par Philippe Jaccottet. Un régal.


 
pat

08/05/2005
16:44
Deux impressions de lecture

"Au pire qu'est-ce qu'on risque?" de Donald Westlake EO1996 / EF2001
(Auteur recommandé par Aargh!!!)

Une sorte de polar assez délirant avec beaucoup d'humour et très peu de sexe. Le héros est un cambrioleur new yorkais embarqué dans des combines improbables avec des complices hauts en couleur. L'humour est obtenu par des situations invraisemblables et par des remarques plutôt pince sans rire. Ex : "la police du comté de Suffolk disposait d'un matériel suffisant pour envahir la Syrie à condition que la question des heures supplémentaires soit préalablement réglée".

Il y a aussi quelques piques sur la société américaine. A un moment, les protagonistes renonçent à prendre un train de la compagnie Amtrak avec le dialogue suivant:

- Amtrak appartient au gouvernement et les républicains se foutent de l'entretien parce que ça coûte cher

- D'accord, dit Dortmunder, mais je n'ai pas le temps d'attendre le retour des démocrates

- Ca ne servirait à rien, expliqua Andy. Les démocrates sont incapables de gérer une entreprise. Oublie Amtrak, je vais nous trouver une chouette bagnole.


****************************************
"Ilium" de Dan Simmons EO 2003 / EF 2004

Roman de science fiction qui m'a déçu, notamment parce que beaucoup d'explications sont laissées en suspens à la fin (il faudra attendre le tome 2). Néanmoins les ingrédients de départ sont vraiment étonnants. Ils concernent trois lieux du sustème solaire dans un futur lointain

Sur Mars, la guerre de Troie fait rage à l'identique du récit d'Homère avec les guerriers, les héros, les habitants de Troie et de vrais dieux qui habitent sur le cratère du Mont Olympe. Quelques universitaires du XXème siècle sont ressuscités par les Dieux pour observer le déroulement de la bataille.

Les habitants des planètes extérieures, inquiets de ce "déchainement quantique" sur Mars, envoient des robots étudier la question. Les 2 principaux robots ont la particularité insolite d'avoir de longues conversations sur Proust et Shakespeare. Dans le roman, le mot quantique est employé dans le sens "apparition d'une situation impossible"

Quant à la Terre, elle n'est plus peuplée que d'un million de survivants qui vivent de façon hédoniste une vie limitée à 100 ans. Ils ont accès à un jeu qui leur permet d'observer la guerre de Troie comme un spectacle virtuel.

Voilà pour la présentation prosaïque de ce roman...
 
Agnès

08/05/2005
17:03
Dortmunder

"Au pire qu'est ce qu'on risque?", c'est un Dortmunder!!!!!!! I.e cet escroc déprimé, génial, et malchanceux. Il n'est pas mal, mais beaucoup moins drôle que les trois ou quatre que j'ai cités plus haut: Jimmy the kid, Pierre qui brûle, Dégâts des eaux. Bonne lecture, Paddy!
NB: La femme du dimanche, c'est de Fruttero & Lucentini, je ne l'ai pas redit.

 
pat

08/05/2005
17:24
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Bon je prends note de ces 3 là. Grand amateur de bibliothèques publiques je n'ai pas toujours le choix du titre... J'ai aussi commencé avec amusement "La vierge froide et autres racontars" de Jorn Riel. Bouquin offert par la conseilleuse qui fut la payeuse comme dirait Grouik
 
VT

08/05/2005
19:10
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

"Planètes à gogos" célèbre roman de SF écrit en 1953 en plein macarthysme par Frederik Pohl et Cyril M. Kornbluth. Publié d'abord sous forme de feuilleton en 1952-53 puis de roman en 1958. Traduit notamment chez Denoël en 1971. Dans cette satire féroce, les auteurs imaginent un futur où la planète est entièrement dominée par les publicitaires. L'envers du décor et des paillettes est particulièrement terrifiant (quoique traité avec un certain humour). La conquête de nouveaux pays se fait avec des armées équipées de canons "campbelliens" qui projettent sur les peuples primitifs l'envie irrésistible de consommer. La plupart des protagonistes sont endettés et accros à une boisson pétillante nommée Moke. Avec un don d'anticipation rétrospectivement assez étonnant, les auteurs prédisent à la riche Amérique de 1953 la prolifération de SDF qui dormiront au pied des gratte ciel...

http://www.cafardcosmique.com/Voyage_dans_le_Temps/PlaneteGo gos/VdlT.PlaneteGogos.html
 
Agnès

16/05/2005
12:48
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Pour changer un peu, un TRES MAUVAIS roman de la collection Grands détectives chez 10/18 : "Parce sepulto" (Epargne celui qui est enseveli, c'est une citation de Virgile) d'une certaine Danila Comastri Montanari . ça se passe dans la Rome de l'empereur Claude, mais ça pourrait aussi bien se passer en Chine ou en Egypte à n'importe quelle époque tant le contexte est transparent, avec de temps en temps des tartines "pédagogiques" mal amenées et indigestes . Personnages sans couleur ni intérêt, intrigue plate, et surtout, c'est écrit avec les pieds . A côté des aventures de Gordien, dans la même collection ("Du sang sur Rome" et les 4 suivants), c'est de la piquette.


 
lionel

16/05/2005
14:38
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Bien à l'abri dans ma tour d'ivoire (renforcée de plomb en prévision d'une forte radio-activité référendaire) j'en profite pour relire et vous recommander l'excellent "loup des steppes" et le quasiment sublime "jeu des perles de verre" de Hermann Hesse

Le premier livre parle en quelque sorte de la tour d'ivoire du misanthrope, le second de la tour d'ivoire de l'intellectuel. Arf ça donne le vertige.

Bon je retourne voir les dames de Hollande avec l'ami Molette



PS : bouh qu'il est ennuyeux le forum bleu !
 
AArgh!!!

16/05/2005
18:18
sul forum bleu on rigole un ptit peu

Pas sur le fil "L'émotif désaxé". On y rigole bien depuis que la TRES SAINTE INQUISITION y opère es qualités....
smiley 376
 
A.

16/05/2005
18:19
re : C'est en lisant qu'on devient liseron


 
w

16/05/2005
19:24
qu'Hesse que c bien !

De Hesse, j'ai vraiment super aimé Narcisse et Goldmund (j'espère que ça s'écrit bien comme ça). Et aussi, toujours dans son rayon spirituel, Siddhartha. De toutes façons, tout Hesse est recommandable.

Pis sul même forum bleu, je fais mon coming out.

 
Agnès

17/05/2005
18:31
Un petit pot sur la morte?

En hommage aux Décraqués: "le pou d'Estelle" (Elle est parfaite, ya plus qu'à inventer l'histoire...)
Ou "le pou des stèles", variante.


 
Agnès

02/06/2005
13:59
Valeur sûre

Je copie-colle ici une remarque annexe de Nazdeb sur le forum bleu, parce qu'elle y a bien sa place, et qu'elle fait l'éloge d'un auteur qui m'est cher :


"Oh mais dites donc, à propos d’identification et de partage d’expérience, je suis encore tout retourné de ma lecture de mon premier Westlake, que je viens de finir :
«Le couperet», fable moderne qui a inspiré le film récent de Costa-Gavras. Un cadre de l’industrie du papier qui a perdu son emploi entreprend d’aller abattre ses concurrents potentiels afin d’obtenir une nouvelle place. Autant dire que j’ai été moi-même ce cadre (ce qui me valorise, au passage) et ce tueur (euh, là aussi !) pendant ces quelques jours de lecture. Le récit à la première personne fait ressentir toute l’angoisse et la brutalité du meurtre, ça m’a personnellement procuré des sensations aussi fortes que Crime et châtiment, voire pire : les victimes ont le même profil que l’assassin, de sorte que, si l’identification avec le narrateur fontionne, on perçoit les victimes comme nos propres doubles. Saisissant et terrible !"

 
vigie picrate

02/06/2005
15:14
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

(euh vous avez fait passer nazdeb à droite c pas cool)
 
Nazdeb

03/06/2005
15:04
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

(c'est pas grave le forum reste rouge krrrrrrrriiii chuis comik)

 
àmontour

03/06/2005
15:41
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

J'ai lu un livre de Simon Leys, au sujet du naufrage du Batavia. Je l'aime toujours autant pour sa langue et sa finesse d'esprit.
Et dans la foulée, parce qu'il le conseillait je lis l'Archipel des hérétiques, (histoire détaillée et documentée du Batavia.
Et puisque je prends la parole, j'ajoute que je me sens plus qu'insultée en écoutant le Demorand matinal, par son ton grasseyant de bonimenteur.
et na.
 
w

04/06/2005
16:27
C'est en demeuré qu'on devient demorand

Asontour a fichtrement raison (lire les traitements qui lui sont réservés par exemple sur le fil «Laure Adler Partez - Roman interactif») :
http://www.broguiere.com/culture/forum/index.php3?lecture=73 96&debut=0&page=1
Le Dem', parcequ'il le vaut bien.

Je répète ici qu'il fait une émission mensuelle sur Arte (ou France5 TNT, chépu, bref c'est un vendredi soir sur 4), et Fidèle Castra vidant les lieux radiophoniques en septembre, ça sent le parachute.

Z'y va, Nicky, on t'attend !


 
Zx

04/06/2005
16:42
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Le club Majipoor ? (France 4 ou 5 TNT) ou l'émission avec L.A. (france 5) ? Il squatte de plus en plus la télé. Ajoutez à cela les amphis de la 5e et l'on constate que le Bibendem' est partout !!

Bref...

Autrement je conseille à tout le monde de lire les Juvenilia de Jane Austen. De la satire à tout va et sans retenu ! Ah, comme elle l'aurait bien "décapité" (V.Woolf) le Dem' tantine Jane...
 
Merlin

07/06/2005
19:45
re : C'est en lisant qu'on devient liseron

Graal théâtre en entier est réédité, par les "scribes Florence Delay et Jacques Roubaud", chez Gallimard : "Il contient tout ce qu'i doit contenir et nul après... ne pourra y ajouter ou retrancher sans mentir"
 
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