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clopine trouillefou

19/10/2004
08:51
l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink


après sa mémorable émission de samedi dernier (j'aurais bien aimé en discuter ici même, mais j'étais traumatisée) , revient ce matin sur ce même sujet, sa marotte comme il le dit lui-même : l'école, la transmission du savoir, l'élite et l'émulation, qu'il oppose de toutes ses forces à ce qu'il estime être un "nivellement vers le bas droit de l'hommiste" où l'effort, l'accès à la culture, seraient barrés par un égalitarisme, une flatterie de l'élève...

En filigrane, on entend derrière l'exaspération Finkelkrautienne un conservatisme bon teint, certes, mais aussi comme une crainte (à juste titre ?) d'être détrôné par une société de i'mmédiat, des technologies, où il n'aurait plus sa place. L'idée que les nouveaux professeurs "issus du collège unique", renverrait les débats post-68 "aux calendes grecques" le fait grincer des dents...

Je l'écoute et je ne peux m'empêcher de faire un parallèle entre ce qu'il dit de la "nouvelle école" et ce que Laure Adler assigne comme vocation à la "nouvelle radio" : rencherche d'un auditaorat jeune, renvoi des émissions de savoir au profit des émissions d'actualité immédiate, etc.

Alain F., qui, me semble-t-il, n'a pas tout-à-fait tort quand il décrit la mutation de la transmission des savoirs (notamment lorsqu'il pointe l'absurdité d'une vocation à faire de l'élève "un citoyen du 21è siècle", c'est vrai que la formule est particulièrement débile) ne voit-il donc pas que le lieu d'où il parle est lui-même contaminé ?

Je ne sais si je suis claire, mais ce parrallèle m'a sauté aux oreilles ce matin.

A part cela, je n'aime pas beaucoup Alain F Même si je suis une auditrice fidèle de répliques... Parce que quelqu'un qui, de son aveu même, n'aime pas la musique, me fait toujours un peu froid dans le coeur !

là faut que je bosse je ne peux pas continuer à écouter l'émission...

clopine
 
Guillaume

19/10/2004
09:09
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

Bien sûr, le parrallèle est évident entre France Culture et l'école : pourquoi ? parce que les deux reflètent l'évolution sociale. Voilà pourquoi notre combat est un combat de ronchons : nous ne sommes pas en phase avec le société.
 
guydufau

19/10/2004
11:28
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

Elles nous obligent à une sérieuse prise de tête les deux réflexions précédentes .
La dernière émission de "Répliques" était un débat entre un soutien à une méthode d'enseigner, aujourd'hui adoptée, et l'autre méthode qui depuis une trentaine d'années a été abandonnée.Le partisan de la méthode abandonné,Le Bris,étant très convaincant.Au cours de cette émission Finkielkraut n'était pas le radoteur habituel.Il est un inlassable radoteur quand il accuse les profs d'abandonner toute autorité,les juges d'être acharnés contre les hommes politiques,l'opinion d'être antisémite...
La critique de Finkielkraut concernant l'Ecole,a un caractère nostalgique et quelquefois acceptable,mais incomplet :
il n'explique pas la volonté de "l'entreprise" d'entrer dans l'Ecole (1)ni les causes de la présence de la violence à l'Ecole,violence qui envahit aussi les tribunaux de justice.
"Nous ne sommes pas en phase avec la société" dit Guillaume.C'est vrai.Mais chercher les raisons de ce déphasage,ça fait partie de la culture et ce n'est pas deux minutes d'infos qui vont nous y aider.

(1)La justice vient d'interdire un concours à l'intérieur de l'Education nationale qui consistait à donner des prix à des élèves qui avaient mieux su jouer à la bourse.Le ministre qui avait autorisé ce concours s'appelait Jack Lang.
 
clopine

19/10/2004
14:20
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

Alain F avait commencé son émission de samedi comme cela : l'école encore et encore, quel ressassement, quel radotage...

et ND a rappelé cette entrée mot pour mot ce matin... j'ai donc embrayé moi aussi là dessus...

euh, quelqu'un a vu Henry Faÿ ?

Clopine

 
guydufau

19/10/2004
15:10
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

Mais il n'y a pas de mal,Clopine,à ouvrir un fil sur l'Ecole,c'est mieux que de parler de l'inévitable m'a-tu-vu Sarkozi ou des contrats de Chirac ramenés de Chine.
L'école...les colles...on s'y colle...et ça colle !
 
clopine trouillefou

19/10/2004
16:28
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink


Je dois dire que les arguments d'Alain F. me donnent à réfléchir, surtout quand, comme samedi dernier, un instituteur de primaire met toute sa force de conviction à démontrer que les processus d'acquisitions préconisés par les IUFM ignorent superbement ce qu'est un enfant.

Vaste question "ce qu'est un enfant" ; mais c'est vrai qu'un enfant marche à l'émulation (au moins le mien réagit comme cela) et qu'il ne rechigne certes pas à l'effort ou à la découverte de ce qui lui est étranger, ce qui contredit les actuelles directives de "bannir l'humiliation", "éloigner les grands textes" réputés trop difficiles..;

Anecdote perso : mon fiston était bien petit quand, délaissant le répertoire plus traditionnel, je me suis mise un soir à lui chanter " à l'ombre du coeur de ma mie", de Brassens, en guise de berceuse.. Il avait gardé un silence tellement religieux pendant toute la chanson que j'ai cru qu'il était endormi, ou que la chanson, très difficile (tournures archaïques de certaines phrases, trois à quatre protagonistes dans la chanson, références à des dictons inconnus de lui) lui était "passée au-dessus de la tête"; je comptais donc revenir vers les comptines soi-disant plus "à sa portée", du genre qui finissent bien, quand, après bien quinze secondes de silence à la fin de la chanson, mon garçon se retourna vers moi et me dit, d'un ton pénétré et admiratif "ben dis donc, maman, quelle histoire !". Je l'interrogeais : il avait absolument tout compris, jusqu'aux plus petites subtilités du texte ! Comme quoi il faut vraiment laisser venir aux beaux textes les petits enfants, et qu'il n'y a pas de fatalité à ce qu'ils préfèrent les rengaines de la star'academy à Brassens !)


fin de l'anecdote de la "mère super-fière de son rejeton" et retour au débat.

Le problème est à mon avis la politisation du débat, qui en fausse la pertinence. En gros, les gens de gauche assumeraient un passé soixante-huitard, permissif, structuraliste, droit de l'hommiste et tellement égalitariste qu'il remet en cause les processus de transmission du savoir, tandis que les gens de droite, eux, affirmeraient l'autorité comme première condition de cette transmission, accompagnée de la compétitivité, d'une admiration de la culture, et du retour au texte, si possible en latin et en grec.

Or ce clivage amène des positions figées et inopérantes en ce qui concerne les enfants.

Et tourner le dos au monde moderne, "faire classe" en faisant mine d'ignorer que les enfants passent de plus en plus de temps devant des images et des écrans, ne peut résoudre le problème, non ??

Clopine, qui s'interroge ...



 
Babar

19/10/2004
16:50
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

C'est plutot le "RADIOteur"... qui lui conviendrait le mieux...
 
Nazdeb

19/10/2004
17:47
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

Passionnant débat dans lequel je ne suis pas spécialiste mais j'ai malgré tout envie d'apporter des précisions.
Nous semblons prisonniers de l’opposition binaire entre d’une part la grande culture, les textes, associés à l’autorité, à l’humiliation des mauvais, les punitions publiques, etc., d’autre part des savoirs planchers médiocres associés à l’égalitarisme benêt et au laisser-aller. Finkie est dans ce schéma : intellectuel de droite, il voit dans la dérive de l'école une source unique : un mélange d'« humanitarisme », d'égalitarisme et de droit-de-l'hommisme, c’est-à-dire une menace de gauche. Mais ce faisant on se borne à ne pas voir l'autre force qui agit dans le sens de la dégradation de l’enseignement qu'est effectivement (Guy l’a évoqué) l'idéologie libérale et marchande, en vue de l’adaptation au moule de laquelle les enfants ne devraient plus développer de compétences que dans ces « fondamentaux » que sont l’anglais commercial, le calcul et la maîtrise des outils informatiques (*).

En fait le schéma binaire aurait besoin, dans la mesure du possible, d’être un peu éclaté : d’un côté la méthode, de l’autre les contenus (pour autant que la distinction soit opérationnelle). Je rêve pour ma part d’un enseignement alliant méthodes plus épanouissantes, motivantes, respectueuses, etc. et des contenus culturels riches.
Par exemple, pourquoi « humilier » les élèves qui ont de mauvaises performances serait-il bon ? Cela aggrave leur situation. Un stéréotype de « cancre », une image de soi négative (si facilement acquise par exemple quand un enseignant distribue publiquement et nominativement les notes obtenues à un contrôle), influencent en retour négativement le comportement scolaire. Voici un fait que je tire d'un livre récent écrit par des chercheurs en psychologie sociale ("Le défi éducatif. Des situations pour réussir", dir. Toczek) : Mettez des élèves qui ont tous pour point commun d'être des cancres en maths aux prises avec une tâche consistant à recopier de mémoire une figure complexe : aux uns vous dites qu'il s'agit d'une épreuve visant à tester leur niveau en géométrie -> ils échouent à la tâche ; aux autres vous dites que c'est une épreuve pour tester leurs capacité de dessin -> ils réussissent. Si la discipline invoquée est celle dans laquelle les enfants se voient comme nuls, leur réalisation est affectée, la tâche devenant double : ils sont confrontés en même temps à l’exercice en lui-même et à la pénible gestion de leur mauvaise image, c’est-à-dire l’enjeu social que la tâche active. En outre, placer des enfants dans une mauvaise image de soi pousse facilement ceux qui sont en difficulté à se rapprocher mutuellement, donc à s’écarter des autres élèves, et à former des groupes où ils pourront générer leurs propres normes vis-à-vis desquelles acquérir l’image positive qui leur fait défaut (désinvestissement scolaire, délinquance). Voilà des phénomènes d’une éducation réfléchie devrait prendre en compte. Mais je crois que toutes les préconisations de type autoritaire, traditionnel, visent surtout à apporter une satisfaction aux élèves qui s’en tirent mieux, à leurs parents, au prof : elles confortent l’idéologie actuelle qui veut que le faible soit entièrement responsable de sa faiblesse et légitime à partir de là le fait qu’il soit laissé sur le bord de la route.

(*) Concernant l’informatique, tout le monde est convaincu qu’il faut absolument apprendre aux enfants à utiliser l’ordinateur quasiment dès la maternelle de peur que le monde qui s’annonce les laisse sur le carreau, alors que je vois tous les jours autour de moi des gens qui maîtrisent très bien l’outil informatique (bureautique et gestion, forums, loisirs, etc.) et qui n’ont pourtant manié leur première souris qu’à l’âge adultes !

PS : L'anecdote perso du fiston de Clopine est jolie et encourageante, les enfants dès le plus jeune âge adorent les chansons et peuvent écouter énormément de choses !



 
lionel

19/10/2004
18:50
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

J'aime assez Finkie. Je ne suis pas souvent d'accord avec lui mais ce n'est pas très grave, il a sa place sur FC

Quant à l'école, débat sans fin, je crains qu'à droite comme à gauche, beaucoup de gens soient complices dans ce nivellement vers le bas: pédagogues, parents, profs, enfants...

Au lieu de nous assommer de débats de société, et si FC transmettait des savoirs?


 
guydufau

19/10/2004
19:19
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

Avant de "transmettre des savoirs",il est souhaité de savoit comment il faut les trasmettre.
C4est la moralité issue de ce fil .
 
h²so4

19/10/2004
20:02
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

Avant de "transmettre des savoirs",il est souhaité de savoit comment il faut les trasmettre.
C4est la moralité issue de ce fil
voui la bourde du jour a Guy lol il regle tout au C4, boum lol.

visiblement quelle est la difference entre un petit animal, et un enfant?
Brassens ou pas le gosse aimera ce qu'on lui soumettra.
et si deja on l'onreient et c'est comme le gout il aimeras certaines choses et d'autres pas.
Vos bons principes egalitaires ne ferontjamais d'un ane un cheval de course.
Nazdeb me fait bien marrer, on prepare les enfants a devenir actifs dans la société et non pas des lettrés, il y en a suffisement et le nepotisme ambiant se charge de caser ses fils d'eveques, l'adaptation aux machines de l'homme est normal il s'agit d'avoir un boulot a la fin du cursus, c'est le but de l'enseignement, suivant les epoques on en fera a la demande de la chair a canon ou des cadres, le tout etant bien une reponse aux besoins de la société.
L'ensignement est fait par des ringards plus soucieux de leurs retraites que du metier qu'ils pratiquent, Une certaines obligation de resultat dans les acquis de base serit tres neccessaire.

 
guydufau

19/10/2004
20:36
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

Il y avait longtemps que tu n'avais pas changé de pseudo,dom,mais il est dans tes moyens? h2so4,d'imiter ton gourou LRDB.
 
la reine des belges

19/10/2004
20:53
sur ses jeans était écrit : GUY DU FAUX

Mon pauvre Guy je vois que ta prostate a pris la place de ton cerveau (il a fallu tasser apparemment).

A part ça, j'attends qu'on m'explique en quoi la marchandisation du monde est reponsable des tératologies pédagogiques post-68ardes que furentla méthode globale, et cette ridicule peur de l'humiliation née de l'échec (une des conneries à la Spock qui remontent à 58) ?

Le répliques de samedi matin a bien rappelé que l'école de Jules Ferry était bien suffisante pour des lardons pré-collège. Les andouilles qui ont fabriqué patiemment au fil des années la merde actuelle sont tout sauf des marchands, ou plutôt ce sont des marchands de peur, des marchands de morale, des marchandes de culpabilité, des marchands d'idéologie.

Même Howard Zinn serait d'accord avec ça.

La reine des belges
 
Louise

19/10/2004
22:37
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

"Je ne sais si je suis claire, mais ce parrallèle m'a sauté aux oreilles ce matin"Clopine
Je me faisais la même réflexion ce matin sur le bout que j'ai écouté, ce qu'il reproche à "l'école" ressemble fort à la dérive de france-culture.
Il faudrait avoir le courage (trop grand pour moi) de réécouter l'émission et on pourrait le citer en remplaçant "école" par "france-Culture" pour décrire le déclin de F-C.
 
dom

20/10/2004
00:30
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

Tout n'etait pas a jeter ce matin, il s'est dit de bonnes choses aussi,ce que les preformatés de la Republique decadente appellent l'egalité des chances c'est le nivellement par le bas ou l'usine a mediocres, pour éliminer les cancres on fabrique des cancres en masse, si les parents ne sont pas derriere a faire bosser leurs progenitures c'est l'echec assuré, car les prof sont bien la seule profession qui n'est pas obligée d'avoir des résultats.de toutes les facons ils expliqueront leurs multiples echecs par l'exclusion, l'environnement famillial ect..par contre pour motiver les élèves a la greve et les prendre en otages ça ils savent faire, certes tout les enseignants ne sont pas comme ça, mais ceux qui pourrissent la vie et l'enseignement sont connus.
le modele del'instruction le trouduc de l'orientation proffessionelle qui commençait a parler de droit et de salaire, avant de commencer à travailler.
la seule chose que nous avons gagné avec 68 c'est la perte totale de la notabilité de l'enseignant, le voila rendu au même rang social que le charcutier du coin.
IL est ou mon prof de Francais qui se desesperait de notre avenir, qui convoquait les parents, en leurs disant essayez d'en faire un bibliothecaire, non rien de tout ca 35 heures, metier assuré et retraite sur fond de camif, la vie des betes couplées a 50 millions de consomateurs.
Guy C4, j'ai pas besoins de plaggier Laurent, le jour ou en anglais on arretera de traduire des textes d'amnesty, au profit d'auteur anglais je reviserai ma position.

ne perd pas de vue que l'ecole c'est pour trouver du boulot plus tard, et pas une garderie encore moins une centrale de formation aux jeunesses socialistes ou quelque soit l'inclination politique sinon a l'image des ecoles coraniques faites donc une ecoles du parti, mais la dessus je parie fort que l'ecole de droite gagnera.
amusant d'ailleurs qu'un cursus bien fait se termine aux USA ou en Suisse.
Sort avec un diplome de Harward ou de Zurich, tu verras la feuille de paye,
qui plus est une fois former prets a etre rentable, ces même pleurnichards se plaignent de la fuite des cerveaux , ben tiens ils ne vont pas en plus se faire racketter. la Gnack, Guy, La Gnack!
mais notre vieux monde se complait en discutions byzantines,
 
Clopine

21/10/2004
10:14
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

je voudrais répondre à Nazdeb sur le constat qu'il dresse des résultats de l'"humiliation" sur les performances des élèves. Qu'il me dise si j'ai bien compris : les résultats d'un enfant sont perturbés s'il est renvoyé à une image dévalorisée de lui-même, et ainsi une sorte de "spirale de l'échec" intervient : "je ne suis pas très fort en telle matière, mon prof (et mes notes) me le fait sentir donc j'intériorise, donc je dois affronter une double difficulté qui m'entraîne à accélérer mes échecs, d'où repliement sur la bande de potes qui sont dans le même cas que moi, etc."

Je suis tout-à-fait d'accord avec ce constat, Nazdeb, et il est vrai que Fink fait joliment l'impasse sur cette problématique de l'humiliation. C'est sans doute, le "poil à gratter" de son discours, dans sa critique de l'école actuelle qu'il oppose à l'image idéalisée qu'il trimballe, celle d'une école - escalier vers la société hiérarchisée à laquelle il aspire, dans laquelle il se reconnaît (ah ! les longues plaintes d'Alain Finkelkraut sur le malheureux sort des élites intellectuelles, plus reconnues comme avant ma bonne dame !)

Cependant, cependant, si j'ai bien suivi les débats, la problématique de l'"humiliation du cancre " a certes été analysée, reconnue et combattue, mais pas dans le bon sens. Tout s'est passé comme si les "pédagogues" (universitaires, profs d'IUFM, sociologues, etc) ayant reconnu le processus que tu décris, l'avaient traité "à l'envers". Pour valoriser l'enfant, pour casser la spirale de l'échec, pour rendre l'école plus égalitaire, ils n'ont pas changé les pratiques éducatives mais les contenus des savoirs et des modes d'apprentissages. Gravissime erreur, que je vais tenter d'illustrer.

Le premier effet pervers, c'est qu'il est désormais interdit (l'exemple que je vais citer est décalqué de multiples témoignages) de demander à un élève de lire et d'étudier une pièce de Racine, parce que "trop difficile", elle risquerait de "l'humilier" (!!).

De même, l'enseignement du français ne passe plus par la découverte des textes. Il est entendu que le français est "autre chose" que la littérature. Donc, les textes ne sont plus abordés "en tant que tels", mais, par un effet boomerang, mal maîtrisé (et complètement con !)des théories strucuturalistes et derridiennes, il est demandé à l'élève un travail d'analyse structurelle du texte, avant même, à la place de, la compréhension dudit texte.

On demandera ainsi à des bouts'd'chou (le mien, dix ans aux fraises) d'appliquer les mêmes traitements à tous les extraits de texte (extraits, évidemment, car un texte complet est trop difficile pour eux ce qui risque d'être humiliant et que de toute manière la découverte de ce texte n'est plus le propos)qu'on lui met sous les yeux. Qu'il s'agisse d'un article de journal, de Madame Bovary ou d'un poème d'Hugo, l'enfant devra décrypter "le point de vue du locuteur", "le champ lexical", "la construction segmentée", etc, etc.

Le deuxième effet pervers, c'est que le rapport de l'apprentissage est inversé. Pour "gommer" les différences de niveau entre les élèves, pour ne pas "stigmatiser" les mauvais, les évaluations du niveau des élèves sont proscrites. Certes, sur le point discipline ou comportement, on revient à la vitesse du cheval au galop au culte de la sanction.. Mais au point de vue des savoirs, les résultats de tel ou tel élève n'influent en rien sur sa destinée scolaire. Cancre, tu traîneras ton ennui et ta flemme jusqu'à 16 ans minimum, que tu le veuilles ou non, car notre école, n'est-ce pas, est égalitaire. Du coup, le prof ou l'instituteur n'est plus investi d'une parole de "valeur". ce n'est plus lui qui affirme la valeur (ou non) d'un élève. Cela lui est même interdit ! Du coup, son prestige en prend évidemment un coup (ça, on s'en foutrait encore) mais surtout les parents se comportent comme si l'école n'était plus qu'un "prestataire de services" comme un autre, dont il convient simplement d'obtenir le maximum de pretations pour le même prix.

ravages, ravages...

Tout le monde sait bien que le problème n'était pas là. Il y avait des profs de français qui faisaient des classements, qui lisaient à voix hautes les bons devoirs, qui parfois se permettaient d'ironiser sur tel ou tel comportement ou résultat de tel ou tel élève, et qui en même temps stimulaient une classe entière, vous faisaient aimer Stendhal ou Jean-Paul Sartre, vous ouvraient toutes grandes des fenêtres éblouissantes de lumière. Certes, tous les élèves ne sautaient pas illico par la fenêtre ainsi ouverte (*), mais au moins ils avaient la possibilité de le faire !

et puis il y a des profs très "gentils" qui ne t'apprennent rien, parce que leur enseignement est couleur muraille, qu'au fond ils s'en foutent et que, formatés par les IUFM, ils se contenteront d'appliquer les programmes "à la lettre"...

Le processus de l'humiliation, de l'intériorisation de l'échec, n'est pas à mon avis lié à la performance de l'enfant, ni au contenu des savoirs que les instits ou les profs essaient de transmettre. Le problème a été pris à l'envers. On a travaillé le contenu, au lieu de travailler le contenant, si vous voyez ce que je veux dire Nazdeb ?

Une métaphore : les élèves n'ont pas tous les mêmes capacités, certes. Mais aujourd'hui, on prend comme jauge le niveau du réservoir du plus faible. Forcément, on ne va pas bien loin avec ça. Et on tombe en panne sèche en rien de deux !

N'empêche que la question reste entière : les constats sont là, reconnus, notre savoir des processus psychologiques d'apprentissage est de plus en plus pointu, nos outils pédagogiques potentiels de plus en plus performants. Or, nous savons aujourd'hui que les changements opérés depuis les trente dernières années ont eu des résultats catastrophiques.

Mais que mettre à la place ?

certes pas revenir aux bon vieux temps de finkel, écrémage, élitisme, refermement de l'école sur elle-même, ce qu'on appelle aujourd'hui le "repli identitaire".

Mais quoi, alors ?

Clopine, qui s'excuse de ce trop long message...

(*) : évidemment, votre servante, vous l'avez deviné, s'est jetée par la fenêtre décrite en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je dois dire que la chute m'a été très agréable, en fait, je flotte depuis ce temps-là... Que serais-je devenue sans mes profs de français ?

et je comprends tellement un Albert Camus qui dédie son nobel à son instit, Monsieur Germain..

idéalisation de l"'avant", nostalgie de l'école républicaine issue de Ferry : c'est sans doute la raison du succès du documentaire sur l'école, qui a récemment défrayé la chronique à cause des exigences financières de l'instit. Pauvre mythe ! Assassiné par celui-là même qui l'incarnait sur l'écran !

clopine, qui doit s'arrêter quand même


 
lionel

21/10/2004
23:41
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

Il faudrait affiner, mais en gros je pense que les idées éducatives issues de 68 sont démagogiques et catastrophiques pour l'élève. Je trouve en effet qu'on ment à un gamin et qu'on l'envoie au casse pipe social si pendant sa scolarité on lui répète "c'est pas grave si t'es nul en maths, c'est pas grave si t'es nul en français" et qu'apres on le lache désarmé dans la compétition féroce du monde du travail actuel.

Et pendant qu'on envoie les gamins des classes populaires dans des écoles garderies, les classes aisées financent une solide instruction à leurs gamins pour les aider à décrocher les meilleurs jobs.

Quant à cette peur d'humilier le gamin par des mauvaises notes, c'est démagogique car dans n'importe quel domaine on ne peut progresser que si un maître vous propose d'aller plus haut en mesurant vos résultats En plus, lorqu'on supprime la compétition au mérite de l'école républicaine, sous prétexte d'égalité, on ne fait que renforcer dans la classe d'autres compétitions, d'autres humiliations bien plus injustes et même impitoyables: l'élève riche (fringues, ordinateur, mobile dernier cri...) domine l'élève pauvre, le beau domine le moche, le mince domine l'obèse, le violent domine le pacifique...

À mon avis, la seule chose à réformer dans les classements, c'est peut-être de décréter l'équivalence des matières, qu'un nul en maths puisse se rattraper du point de vue narcissique par ses dons en histoire ou autre...

Quant aux mirages techno-éducatifs du genre l'informatique à l'école, on oublie une évidence toute simple: la révolution micro-informatique (concepteurs et premiers utilisateurs) a été entièrement réalisée par des gens qui n'ont pas eu d'ordinateurs dans leur enfance des années 60-70-80 mais une solide éducation générale!

Pour finir, j'ajouterais que cette destruction de l'école républicaine par les idées d'une certaine gauche rejoint la destruction de l'école par les idées libérales (couper les crédits publics et favoriser les écoles privées) et les idées vieille droite (il n'est pas utile d'instruire les pauvres).


 
lrdb

22/10/2004
10:48
et saint boubou dans tout ça ?

Et que veut dire Finkie mardi matin, avec son "ce sont les réformateurs inspirés de bourdieu qui ont fait de l'école un lieu encore moins démocratique aujourd'hui que celle d'il ya 30 ans"

QUi peut m'expliquer ce miracle ?

LRDB


 
rbresson

06/11/2004
12:30
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

Le débat sur l'école et de manière générale l'antagonisme peu fécond voire funeste entre principe démocratico-égalitaire d'une part et principe méritocratico-élitaire d’autre part (ces deux principes devant, ce me semble, fonctionner ensemble comme ciment républicain) ne sera résolu que lorsque l'on aura répondu à cette question : peut-on concevoir un Homme indépendamment du donné génétique, social, historique et géographique ? Autrement dit, l’homme n’est-il qu’un produit de l’acquis ou existe-t-il une part, aussi infime soit-elle, d’inné ?
 
Louise

04/01/2005
22:07
re : l'inlassable, l'insatiable, le radoteur Alain Fink

http://www.acrimed.org/article1870.html
 
la reine des belges

19/01/2005
06:08
Louons maintenant les bons radioteurs...

Commentaire sur le titre de ce fil : c'est vrai que Finkie radote. Mais comme il est quasi le seul représentant de certaines vérités sur la station (disons avec Philippe Meyer), comment lui en vouloir, de radoter ?

Merci Finkiekrault, continuez, votre émission est meilleure quand vous vous impliquez, même si l'un de vos meilleurs supporteurs, Denis Grozdanovitch, qualifie votre style oratoire de "progressive exacerbation en apnée" (cf Num 8 de la revue L'Imbécile -Janvier 2005).

Loué soit Alain Finkielkrault

Laurent Nadot
 
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