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Benoît Beyer

20/11/2003
19:23
Musique 3 : les émissions culturelles à la RTB

Chers amis,

Bien qu’il ne s’agisse pas directement de France Culture, je me permets de vous soumettre la retranscription de cette émissions diffusée sur Radio Campus en Belgique, au sujet de la suppression des émissions culturelles sur Musique 3, la chaîne culturelle et musicale de la RTBF [sorte de mélange composé de 2/3 d’émissions type « France Musiques » et de 1/3 d’émissions type « France Culture »]. Cette suppression va dans le sens (déplorable de mon point de vue) de la mise à mal du service public, et tout particulièrement de la place de la culture au sein des médias du service public (qu’il s’agisse de la radio ou de la télévision : avec bien sûr les exceptions de France Culture pour la radio, avec l’évolution que nous lui connaissons, et d’Arte et France 5 — hélas impossible à recevoir en Belgique — pour la télévision).

Notre pétition a presque atteint les 1.000 signataires et nous avons bon espoir d’obtenir un résultat : en tout cas, nous n’avons pas l’intention de laisser les directions de chaînes bafouer le volet culturel de leurs cahiers des charges (car la RTBF, en tant que média du service public, doit d’après ses missions promouvoir le développement culturel). Vous voyez que certains combats entre en échos : je crois même que face à la destruction caractérisée de la culture dans le service public, certains ennemis d’hier pourraient devenir des alliés de demain, tellement il est nécessaire de s’entendre pour résister au rouleau compresseur de la logique marchande et maintenir une place — « quelque chose » enfin ! — pour la culture dans les médias du service public.

En espérant ne pas trop déborder du débat autour de France Culture, je vous remercie de l’attention que vous voudrez bien consacrer à cette question, quand bien même elle sort du cadre hexagonal.

Enfin, je rappelle (à ma grande honte, en tant que Belge) que la réception hertzienne de France Culture est toujours brouillée dans mon Pays par la chaîne flamande Q-Music. Sur cette question, et les actions qui ont été menées pour y trouver une solution, voir : http://www.ulb.ac.be/philo/urhm/petition1.html

Bien à vous,


Benoît BEYER de RYKE

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Musique 3 : musique ou culture ?

[notons que Musique 3 s’appelait avant le Troisième programme, nom qui ne prédisposait pas d’emblée l’auditeur à n’y trouver que de la musique, comme c’est le cas à présent]





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Histoire de savoir
SCIENCES HUMAINES
chaque mercredi sur Radio Campus 107.2 FM
deux diffusions : 9:00 et 18:15


Mercredi 19 novembre 2003
Henri Mendras est mort le 5 novembre. Sociologue des "valeurs rurales", il s’était aussi penché sur l’individualisme, "trait commun de toutes les sociétés européennes", dont il distinguait différentes formes en Europe... - "L’Âge d’or de l’Islam" : retour sur la production de cette série en huit épisodes de Mahmoud Hussein et Philippe Calderon. - La pétition pour le maintien d’émissions culturelles à Musique 3 : entretien avec Hubert Roland et Benoît Beyer de Ryke. Site de la pétition : http://users.skynet.be/musique3/Page web de l’émission : http://groups.msn.com/HistoiredesavoirScienceshumaines/_what snew.msnwÉcouter sur internet : http://radiocampus.ulb.ac.bestephane.lecrignier@ulb.ac.be

Présentateur : La suite du programme sur Radio Campus, c’est Histoire de savoir, version sciences humaines, par Stéphane Lecrignier. Avec au sommaire, de la sociologie, l’âge d’or de l’Islam, et enfin Histoire de savoir revient sur la pétition lancée par des chercheurs pour le maintien des émissions culturelles à la RTBF.

Générique

Stéphane Lecrignier : Bonjour à tous, bonjour à toutes, merci de nous être fidèles. Histoire de savoir, un magazine de Radio Campus, la radio de la communauté de l’Université libre de Bruxelles. Stéphane Lecrignier avec vous. Nous allons parler aujourd’hui d’Henri Mendras, le sociologue français qui décrivit la fin des paysans. Au sommaire de l’émission également, Mahmoud Hussein et Philippe Calderon : ils sont les auteurs d’une série télévisée remarquée sur l’Islam, leur film est disponible en dvd. Enfin qu’adviendra-t-il des émissions culturelles sur Musique 3 ? On vous en a déjà parlé dans Histoire de savoir, on y reviendra en fin d’émission.

(…)

Stéphane Lecrignier : « Les émissions culturelles (qu’elles portent sur l’histoire, la philosophie, la littérature ou autres sciences humaines ou exactes) sont rares dans le paysage radiophonique belge. Notre pays n’étant pas doté d’une chaîne uniquement dédiée à la culture et à la création radiophonique comme France Culture, les émissions culturelles parlées trouvent jusqu’à ce jour essentiellement place sur Musique 3 [l’une des radios de la RTBF]. Leur qualité incontestable leur procure un audimat non négligeable (y compris en termes de rentabilité). Aussi sommes-nous très inquiets face à une restructuration profonde de Musique 3 ». Voilà, c’est en ces termes que commence la pétition pour le maintien des émissions culturelles à Musique 3, une pétition [ http://users.skynet.be/musique3/ ] lancée le mois dernier par deux chercheurs, Hubert Roland, de l’Université catholique de Louvain [ www.ucl.ac.be ], et Benoît Beyer de Ryke de l’ULB [ www.ulb.ac.be ], une pétition qui recueille d’ailleurs beaucoup de signatures. Nous en avions déjà parlé le 22 octobre dernier, nous avions signalé cette pétition dans Histoire de savoir, et pour aller un petit peu plus loin, j’ai demandé à Hubert Roland et Benoît Beyer de Ryke de venir nous expliquer les objectifs de cette pétition et j’ai tout d’abord demandé à Benoît Beyer de Ryke de nous rappeler la genèse de cette pétition.

Benoît Beyer de Ryke : L’initiative en revient à Hubert Roland. Il nous a semblé que la suppression des émissions culturelles sur Musique 3, justifiée pour des raisons budgétaires, nécessitait une réaction de notre part, parce que si ces émissions culturelles ne trouvent plus place sur Musique 3, elles ne seront pas récupérées ailleurs. Donc cela veut dire que la RTBF renonce tout simplement à exercer sa mission de service public en radio, du moins cet aspect de ses attributions qui concerne justement la culture [voir sur le site de la RTBF : http://www4.rtbf.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?id=0133 386_pagefiche ]. Il y a évidemment d’autres aspects : il y a l’information, il y a l’éducation permanente, il y a également le divertissement qui font partie des missions de la RTBF, mais parmi ces missions, il y a aussi la culture, et il ne faudrait pas que la RTBF, particulièrement en radio, l’oublie, alors que la radio est finalement un média peu coûteux, tant pour la production que pour l’auditeur qui peut facilement accéder à ces émissions.

Stéphane Lecrignier : Hubert Roland, on peut peut-être préciser de quelles émissions il s’agit, et je voulais vous demander quand avez-vous appris leur possible disparition ?

Hubert Roland : Je prends la liste complète des émissions pour n’en oublier aucune : Mythographies de Jean-Pol Hecq, Polyptyque de Gérald Vinckenbosch et Dominique Mussche, Écritures de Marc Rombaut, Parole donnée de Pascale Tison, La boîte à joujoux de Pascale Vanlerberghe, et Si j’ose écrire de Dolorès Oscari [voir site de Musique 3 http://www.musique3.be/ et voir liens ci-dessous]. Le fait de transformer Musique 3 en chaîne uniquement musicale, c’est un peu un monstre du Loch Ness depuis plusieurs années. Donc cela faisait déjà longtemps qu’une série de personnes intéressées étaient un peu attentives, et l’information a été confirmée dans la presse par le directeur de Musique 3, Gérard Lovérius, il y a deux trois semaines, c’est à ce moment-là qu’il est véritablement sorti du bois et qu’il a dévoilé l’intention de supprimer ces émissions ou de les faire passer en bonne partie sur La Première. Le problème étant que le directeur de la première lui-même n’avait pas l’air particulièrement au courant, et que donc chacun se renvoie la balle [voir l’article de La Libre Belgique du 23 octobre 2003 : « L’avenir polémique de Musique 3 » http://users.skynet.be/musique3/briey.html ]. C’est préoccupant si on resitue les choses dans leur contexte par rapport à ce qui se passe dans les pays voisins, ou même dans communauté voisine. On voit déjà que cette place accordée aux émissions culturelles sur Musique 3 est déjà marginale par rapport à ce qui se fait ailleurs. Si on se tourne du côté de la Flandre, on a Klara [ http://www.klara.be/ ] qui a même déjà beaucoup d’auditeurs du côté francophone parce que c’est une chaîne culturelle et musicale de grande qualité. En France, il y a la tradition de France Culture [hélas brouillée en Belgique par Q-Music, voir la pétition : http://www.ulb.ac.be/philo/urhm/petition1.html ; site de France Culture : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/sommaire/< /A> ; site de l’Association des auditeurs de France Culture : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/sommaire/< /A> ; site pour la défense de France Culture : http://www.broguiere.com/culture/ ]. Ou bien vous regardez en Allemagne, la question ne pose même pas : nous avons des chaînes qui ne font que ça toute la journée. En Rhénanie-Westphalie, en Hesse [les médias, sur le site de l’Ambassade d’Allemagne en France : http://www.amb-allemagne.fr/Nouveau/tempframes/portailemedia .htm ]. Donc, déjà c’était une place relativement inconfortable. Alors si maintenant elle se réduit à peau de chagrin, cela devient véritablement préoccupant, sur le plan politique, sur le plan aussi de la mission d’éducation, de vulgarisation scientifique qui doit être celle d’un média comme la radio.

Stéphane Lecrignier : Vous dites l’un et l’autre émissions culturelles. Plus particulièrement, il s’agit d’émissions d’entretiens, d’émissions parlées, de bavardage diraient certains. Ce sont ces émissions-là qui sont visées ?

Benoît Beyer de Ryke : Voilà effectivement, ce sont les émissions culturelles parlées si vous voulez. Bien entendu la musique fait partie aussi de la culture. Mais ce dont il s’agit, c’est de supprimer toutes les émissions culturelles de fond, pour ne maintenir à Musique 3 que les commentaires de la musique qui est diffusée. C’est-à-dire plus d’émissions d’histoire ou de philosophie, ou d’entretiens avec des chercheurs de sciences humaines ou de sciences dures, mais suppression radicale de tout cet aspect d’une culture exprimée par la parole au travers d’un média, en l’occurrence la radio. Donc, au-delà du cas particulier de Musique 3 qui nous préoccupe ici, il s’agit véritablement de la place de la culture dans le service public et dans les médias, parce que malgré tout c’est dans le service public de manière prioritaire que la culture peut trouver place, puisque on voit bien que sur les chaînes privées — je n’ai pas besoin de citer de noms, tout le monde comprendra — la culture n’y a pas vraiment sa place.


Stéphane Lecrignier : Mais est-ce qu’il s’agit d’un problème de savoir, dans cette grande maison qu’est la RTBF, où mettre ces émissions ? Vous avez dit tout à l’heure qu’il avait été question de La Première. Est-ce que c’est cela le problème, ou est-ce qu’il y a une volonté de ne plus produire des émissions de ce type-là ?

Hubert Roland : Je pense qu’il faut toujours se méfier de la thèse du complot. Je ne pense pas qu’il y ait complot. Mais manifestement il n’y a pas de politique culturelle d’ensemble à la RTBF. Le cas des deux directeurs qui se renvoient la balle est assez éloquent. Il y a une politique concertée pour les sports, pour le divertissement, mais pour la culture, chacun se renvoie la balle. Alors, je rebondis un peu sur ce que vous avez dit plus tôt. Des émissions de bavardage oui, si l’on veut…

Stéphane Lecrignier : Je me faisais l’avocat du diable.

Hubert Roland : Vous vous faites l’avocat du diable, j’ai bien compris. Ce qui se passe, bon, je prendrai un exemple. Une série d’émissions dont on a beaucoup parlé, ce sont les émissions de Jean-Pol Hecq Mythographies, qui on mis en évidence, enfin qui ont pour la première fois remué le sujet de la collaboration intellectuelle en Belgique francophone pendant la seconde guerre mondiale. Il y a eu une série de six émissions où, pour la première fois dans le monde francophone, on s’est rendu compte que oui eh bien la collaboration intellectuelle, ce n’était pas seulement une histoire de Flamands en Belgique en 40-45. Ce sont quand même des avancées significatives et il y a eu un effet extrêmement stimulant, qui rebondit un peu partout, qui rebondit dans la société, qui rebondit dans le débat public, qui suscite de nouvelles recherches au niveau universitaire. Donc là il y a quelque chose qui se passe au niveau des mentalités et qui s’est fait par ce vecteur là.

Stéphane Lecrignier : Alors la pétition a été lancée il y a trois semaines à peu près, bientôt un mois, quels sont les résultats de cette pétition ?

Benoît Beyer de Ryke : Alors la pétition approche des 1.000 signatures à l’heure actuelle ; on est un peu en dessous mais il en arrive tous les jours. Il y a déjà eu beaucoup d’échos dans la presse : c’est-à-dire un article dans La Libre Belgique [ http://users.skynet.be/musique3/briey.html ], Le Soir [ http://users.skynet.be/musique3/carteblanche.html ] et La Libre [ http://www.lalibre.be/article.phtml?id=11&subid=118& art_id=139638 ] ont publié notre carte blanche, il y a eu une quinzaine de mentions dans différents journaux, médias de tous ordres [ http://users.skynet.be/musique3/presseM3.html ]. Donc on espère en tout cas avoir réussi à mettre sur la place publique ce problème. Maintenant on va voir comment il va être résolu, mais on espère en tout cas que cela suscitera débat et que l’on aura l’occasion de faire part de nos doléances et de celles de nombreux auditeurs auprès des instances de direction. C’est en tout cas notre souhait. Maintenant évidemment on va aller jusqu’au bout de la démarche et on espère bien sûr pouvoir infléchir un petit peu cette décision qui effectivement n’émane sans doute pas d’un complot, ou d’une volonté délibérée de supprimer la culture, mais plutôt d’une incohérence je dirais entre les différents directeurs de chaînes et finalement aussi du fait que la culture est de toute façon marginalisée, c’est toujours le parent des projets liés aux médias.

Stéphane Lecrignier : Voilà, Benoît Beyer de Ryke et Hubert Roland, tous deux chercheurs et tous deux partisans du maintien des émissions culturelles, émissions parlées notamment, sur l’antenne de Musique 3. Nous pensions qu’il était important de suivre cette affaire dans Histoire de savoir, qui est elle-aussi une émission culturelle. Et j’espère que ce sujet un petit peu brûlant des émissions culturelles ne deviendra pas une pomme de discorde entre le monde de la recherche (et finalement le public en général) et la RTBF. Voilà en tout cas qui termine notre émission aujourd’hui.

Retranscription accessible également à cette adresse :
http://users.skynet.be/musique3/campusNov.html

EN COMPLÉMENT


Les missions de la RTBF :Le site : www.rtbf.beOrganisme parastatal à sa création, la RTBF est aujourd’hui, grâce au décret du 14 juillet 1997, une entreprise publique autonome à caractère culturel.« En 1935, Paul-Henri Spaak résuma très bien l’ensemble des missions de la RTBF, l’INR à l’époque : « A la fois récréation et école ! » La RTBF a bien sûr évolué depuis mais sa finalité est restée la même : promouvoir le développement culturel, être une source d’éducation permanente et offrir des divertissements attractifs. » [sur le site de la RTBF : http://www4.rtbf.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?id=0133 386_pagefiche ]« Malgré cette autonomie, la RTBF est régie par un contrat de gestion qui lui assigne une série de missions. Les radios et télévisions de la RTBF ont donc, parmi leurs attributions, un rôle d’information, d’éducation permanente et de développement culturel. Le divertissement n’est pas oublié puisqu’il fait également partie des missions de l’entreprise ainsi que la diffusion d’émissions dédiées à la jeunesse francophone, belge et internationale ! » [sur le site de la RTBF : http://www4.rtbf.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?id=0133 221_pagefiche ]


Les liens vers les sites des émissions citées dans Histoire de savoir.

Le site de Musique 3 : http://www.musique3.be/

· Mythographies de Jean-Pol Hecq
http://www.musique3.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?type =node&id=0105220_node

· Polyptyque de Gérald Vinckenbosch et Dominique Mussche
http://www.musique3.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?type =archives&id=0090066_archives&menu=0084427_menulist&pub=RTBF .MUS%2fMUSIC.FR.la_taille.HOME

· Écritures de Marc Rombaut
http://www.musique3.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?type =archives&id=0078775_archives&menu=0084427_menulist&pub=RTBF .MUS%2fMUSIC.FR.la_taille.HOME

· Parole donnée de Pascale Tison
http://www.musique3.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?type =archives&id=0116979_archives&menu=0084427_menulist&pub=RTBF .MUS%2fMUSIC.FR.la_taille.HOME

· La boîte à joujoux de Pascale Vanlerberghe
http://www.musique3.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?type =archives&id=0078875_archives&menu=0084427_menulist&pub=RTBF .MUS%2fMUSIC.FR.la_taille.HOME

· Si j’ose écrire de Dolorès Oscari
http://www.musique3.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?type =pagefiche&id=0100252_pagefiche&menu=0084427_menulist&pub=RT BF.MUS%2fMUSIC.FR.la_taille.HOME


RAPPEL — Site de la pétition :http://users.skynet.be/musique3/
 
la reine des belges

28/01/2005
23:39
Trouvé ceci sur radio-music.org

On notera les points communs avec France-Culture (télé-mimétisme)
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La RTBF est traversée, depuis une semaine, par de nouvelles turbulences. Grève corporatiste? Ou crise d'identité? François Heinderyckx, sociologue des médias à l'ULB, décrypte le malaise en cours.

Le personnel de la RTBF (techniciens, journalistes, réalisateurs,...) dénonce un processus de démantèlement de la RTBF, qui s'accompagnerait d'une perte d'image, de crédibilité, de qualité et de lisibilité des programmes de service public. C'est un constat sévère...

Sans doute, mais il ne me surprend pas. A vrai dire, c'était assez prévisible et c'est probablement une étape nécessaire dans l'évolution de la RTBF. Le plan Magellan a permis d'assurer la viabilité financière de l'entreprise. Aujourd'hui, la direction annonce son souci de se préoccuper du «produit» RTBF...

... un produit délaissé au profit d'une restructuration interne?

Le produit ou le projet audiovisuel de la RTBF a été mis au second plan tellement les inquiétudes structurelles étaient fortes. Mais, aujourd'hui, on est face à des signes qui relèvent de la crise d'identité. On retrouve ces signes dans d'autres télévisions de service public (BBC, France Télévisions,...). Elles sont toutes prises en tenaille entre des contraintes contradictoires: d'une part, il y a des obligations afférentes à leur statut de service public; d'autre part, il y a une nécessité vitale de faire face à la concurrence des chaînes privées. De ce point de vue, les chaînes de service public sont assises entre deux chaises.


Dans ce contexte, certains - comme Théo Hachez (LLB, 27/1) - critiquent la RTBF pour son «mimétisme» à l'égard de RTL-TVI.

La tentation peut être grande, quand on voit son principal concurrent dominer un champ aussi stratégique que l'information, de se laisser séduire par le modèle d'en face. Il est toutefois indispensable que la RTBF trouve un modèle alliant un certain niveau d'audience et de l'audace.

Le modèle à suivre est-il celui de la VRT?

Il faut le considérer avec prudence, même si la VRT a eu l'audace de se fixer des objectifs d'audience pour ses programmes d'information. Et elle y est arrivée malgré la concurrence de VTM. Il ne faut cependant pas le suivre aveuglément. Le contexte concurrentiel y est très différent en comparaison avec le marché francophone. Les comportements télévisuels ne sont pas les mêmes, ce qui complique la tâche de la RTBF.

La RTBF n'a-t-elle pas fait preuve de trop d'inertie par le passé?

Sans doute. Personnellement, je prône un modèle de l'audace. Si le service public ne fait plus preuve d'audace, qui le fera? On sait depuis longtemps qu'il ne faut pas compter sur le privé... Aujourd'hui, la RTBF n'est pas ou plus assez audacieuse. Elle doit absolument retrouver une identité et développer une audace créatrice. Il faut une RTBF qui donne à nouveau le ton et qui ne court pas derrière tout ce qui bouge. Quand on voit le succès de la nouvelle émission royale «C'est du belge», on est malheureusement en droit de se poser des questions sur la RTBF et sur les attentes du public.

Mais l'audace n'est pas toujours payante... Certaines tentatives, comme la nouvelle émission littéraire «Mille-feuilles», attirent des audiences à peine mesurables.

Cela démontre que l'audace dans la création ne suffit pas et qu'il faut aussi de l'audace dans la programmation. Placer une émission littéraire sur la deux à 22h30, c'est pratiquement la condamner.

http://www.lalibre.be/article.phtml?id=5&subid=86&ar t_id=203668

 
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