Archives 2003-2008 du forum de discussions sur France Culture

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Benoît Beyer

27/01/2005
22:33
Radio Canada et la culture

Cher(e)s Ami(e)s,

Les programmes culturels des radios de service public semblent en crise dans toute la francophonie : France, Belgique, Suisse et, dernier exemple en date, le Canada.

Radio Canada a décidé de supprimer sa chaîne culturelle : merci d'apporter votre soutien à nos amis d'outre-Atlantique qui militent pour un service public de qualité dans le domaine radiophonique.

Le site (très complet) de la pétition
Mouvement pour une radio culturelle au Canada (MRCC)
http://radioculture.ra.funpic.de/
 
Laurent Nadot

27/01/2005
23:32
destruction, double langage

Effarant.
Mais n'est-ce pas ce qui s'est passé en Belgique ?
En tous cas, les déclarations du dirigeant sont la copie conforme du double langage de Laure Adler :
http://radioculture.ra.funpic.de/id17.htm#declaration

Sommes nous en train d'entrer dans un hiver culturel ou dans une ère glaciaire ?

Pour finir une question : la libération de la fréquence est-elle un des enjeux de cette affaire ? Peut-on imaginer une survie par le cable, le net, ou autres statagèmes ?

LN
 
Une lettre

28/01/2005
10:54
re : Radio Canada et la culture

Montréal, le 4 octobre 2004

Monsieur Sylvain Lafrance
Madame Christiane LeBlanc
Société Radio-Canada
Relations écrites avec l'auditoire
C.P. 6000, succ. Centre-ville
Montréal (Québec) H3C 3A8


Disparition de la Chaîne culturelle


Monsieur,
Madame,


Lorsque, au printemps dernier, votre société a fait part de son intention de remodeler sa chaîne culturelle radiophonique, j'ai opté pour donner une chance au coureur. Un peu de " dépoussiérage ", me disais-je alors, ne peut qu'être bénéfique.


Mais ce n'est pas un ménage que vous avez fait, c'est un carnage. Congédiés Michel Garneau, Edgar Fruitier et l'intelligente et compétente Élisabeth Gagnon, et ce au profit de gens que je préfère ne pas nommer, et que vous avez de toute évidence engagés pour leur nom plutôt que pour leurs capacités, qui sont plus que douteuses dans bien des cas. Les animateurs qui ont survécu à votre cyclone en sont réduits à présenter des heures durant une musique populiste qui, sous prétexte qu'elle provient des quatre coins du globe, devrait susciter l'enthousiasme et l'adhésion de tous les auditeurs. Un peu de chanson et de musiques du monde, oui, je veux bien, mais pas de cette piètre qualité, pas dix heures par jour et, surtout, pas au détriment de la musique classique et de la musique contemporaine, désormais reléguées au rang de parents pauvres de votre programmation. De ce côté, votre niveau est maintenant ridiculement bas, inférieur même à celui de Radio Classique, ce qui n'est pas peu dire !


Votre nouvelle programmation ne fait aucune place au théâtre, à la littérature, aux arts visuels et à la poésie, de même qu'à la critique et à l'analyse des arts. Pourquoi avoir limité votre rôle à la seule diffusion d'émissions musicales ? D'autres stations s'en chargent déjà, tels CHOM, CKOI, etc., en plus de CJPX sur la part de marché de laquelle vous empiétez désormais joyeusement. Le rôle d'une radio d'État est de contribuer à élever le niveau culturel de la population, pas de courir les cotes d'écoute. En tant que radio d'État, vous avez la responsabilité d'offrir aux universitaires et aux créateurs de toutes les disciplines des occasions d'exposer leurs créations et leurs recherches, de confronter leurs idées. Toute cette dimension artistique et humaniste est maintenant jetée aux orties. Vos choix illustrent éloquemment que " changement " n'égale pas " progrès ". La société francophone du pays vient de perdre un important et dynamique outil de promotion culturelle en plus de se priver d'un précieux débouché sur le marché du travail pour les diplômés des disciplines artistiques.


Permettez-moi, Monsieur, Madame, de préciser que les remarques que je vous soumets sont partagées par les gens de mon entourage qui étaient de fervents auditeurs de la chaîne culturelle de Radio-Canada. Comme moi, ils espèrent un changement de cap de votre part. Entre-temps, ils cherchent une solution alternative et commencent, eux aussi, à apprécier grandement le silence...


Marie-Hélène Benoit-Otis
Étudiante au doctorat en musicologie
Université de Montréal et Freie Universität Berlin
 
Suite

28/01/2005
10:59
Je souligne ce passage

En tant que radio d'État, vous avez la responsabilité d'offrir aux universitaires et aux créateurs de toutes les disciplines des occasions d'exposer leurs créations et leurs recherches, de confronter leurs idées. Toute cette dimension artistique et humaniste est maintenant jetée aux orties. Vos choix illustrent éloquemment que "changement" n'égale pas "progrès".
 
Paul

28/01/2005
11:13
re : Radio Canada et la culture

La voilà donc dans la dimension institutionnelle , cette mondialisation qui ne veut pas dire son nom. A mon avis, ce qui se passe est assez simple : depuis Davos (mais avant Davos il y avait Bilderberg pour les initiés, ou bien Rockfeller-Center), "ils" ont compris un principe qui consiste à regarder chez les autres ce qui "marche bien". Les Canadiens ont admiré l'efficacité de Laure Adler et du gouvernement français et ils imitent. Et en plus les lieux de rencontre de tous ces "responsables" se multiplient et on rationnalise partout. Je me demande souvent pourquoi on s'aveugle sur le fait que toute culture est naturellement de gauche, et qu'il n'y a qu'une seule manière de détruire la gauche (mondialement) c'est d'anéantir toute culture digne de ce nom. Onfray a au moins bien décrit ce qui tient lieu de culture aujourd'hui et de philosophie dans l'école. J'ai lu avec consternation le cours de philo de ma belle-fille hier, et j'ai trouvé un cours d'histoire des idées mâtiné de théologie. Ce qui m'inquiète le plus, c'est que les enseignants se plient depuis plus de vingt ans à ces programmes vides de sens et de questionnements.
Je regarde beaucoup les télés allemandes et suisses, et je dois reconnaître que ce sont les dernières antennes qui émettent de la culture et qui refusent de détruire toute interrogation sur la vie et l'existence. Mais il faut savoir l'Allemand. Quelle Europe !
p
 
Benoît Beyer

28/01/2005
11:50
Et la Belgique...

Ce qui se passe au Canada fait penser à ce qui s'est passé en Belgique, où les émissions culturelles parlées ("à la manière de France Culture") ont été supprimées de la chaîne chaîne culturelle et musicale "Musique 3", rebaptisée "Musiq'3" et recentrée uniquement sur la musique classique.

Pour rappel, le site de la pétition qui contestait cette nouvelle orientation.

http://users.skynet.be/musique3/

Ceci, alors que la diffusion hertzienne de France Culture en Belgique reste toujours brouillée...

http://www.ulb.ac.be/philo/urhm/petition.html


 
lionel

28/01/2005
12:08
re : Radio Canada et la culture

Qd je constate tous ces carnages culturels, je me demande pourquoi notre société génère en majorité des élites et des décideurs incultes.

En France nous avons desormais à droite le néant culturel sarkosien (culture TF1 popstars) et à gauche le néant culturel lauradlérien (sous culture branchouille)


 
Jean Portugais

28/01/2005
16:51
Chers amis européens

Chers amis européens de la radio culturelle

Bonjour

Je remercie M. Beyer de Ryke de son intervention qui est
extrêmement importante pour nous du Mouvement pour une radio culturelle au Canada (MRCC). Les auditeurs canadiens francophones (et de nombreux amis du Canada anglophone aussi) qui écoutaient depuis près de quarante ans la Chaîne culturelle de Radio-Canada ont été effarés, meurtris même, de constater la disparition de cette chaîne le 7 septembre 2004. Le MRCC s'est constitué en réaction à cette situation aussi brutale qu'entièrement antidémocratique du point de vue des lois canadiennes.

Nous contestons d'ailleurs juridiquement la décision de la
Société Radio-Canada de supprimer la Chaîne culturelle.

Mais les appuis politiques et les appuis internationaux
comptent aussi beaucoup dans cette lutte pour le maintien
d'un service public de radio consacré à la culture, aux
idées, à la littérature, à la musique, aux arts et aux sciences. C'est pourquoi le geste de M. Beyer de Ryke est si important.

Nous vous encourageons donc à appuyer notre déclaration officielle en signant la pétition suivante et en nous la retournant directement à l'adresse indiquée. Il suffit
de copier le passage suivant dans un e-mail. Une stratégie
suggérée consiste à expédier une liste de plusieurs appuis dans un seul message.

''Le Mouvement pour une radio culturelle au Canada (MRCC) soutient et revendique une radio publique francophone de qualité en matière culturelle. Il conteste la décision de Radio-Canada de supprimer la Chaîne culturelle sur la bande FM. Le mouvement demande au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes(CRTC)la tenue d'audiences publiques sur la situation actuelle et sur
l'avenir de la culture à la radio d'État, tant en ce qui concerne la musique classique que la littérature, le théâtre, la philosophie, les beaux-arts, la danse, le cinéma et les sciences.''

Nous, soussigné(e)s, voulons exprimer notre appui à la présente déclaration du Mouvement pour une radio culturelle au Canada (MRCC), dans les termes que ce Mouvement propose.

NOM, Prénom, Ville, Pays

À adresser à : radioculture@videotron.ca

ou par la poste à

Mouvement pour une radio culturelle au Canada (MRCC)
2441, rue de Chambly
Montréal, Québec, Canada
H1W 3J6

Vous êtes également invités à visiter notre site :
www.radioculture.tk ou bien
radioculture.ra.funpic.de

Bien cordialement
Jean Portugais
porte-parole du MRCC
 
edmond

29/01/2005
14:48
re : Radio Canada et la culture

Dans un même secteur et dans différents pays (RTBF, Radio Canada, France Culture…) ou dans un même pays et dans différents secteurs (France Culture, Musée de l’Homme, Monum, Education Nationale…) les attaques sont similaires.
Pour les tenants de la thèse selon laquelle tous ces démantèlements ne sont pas programmatiques et qu’ils ne sont dus qu’à l’incompétence circonstancielle et contingente de quelques directeurs du Service Public (une preuve de plus d’ailleurs qu’il faut en finir avec cet archaïsme qu’est le Service Public et aller enfin vers… le paléo-archaïsme : la jungle, la ‘struggle for life’, le néo-féodalisme), la position devient de plus en plus dure à tenir…

 
Laurent Nadot

29/01/2005
15:50
Le complot n'est pas plus plausible

Il est très abusif d'introduire dans ce débat l'EducNat, mammouth unique en son genre, et victime de bien d'autres vices. En l'occurrence un démantèlement de l'EducNat ne serait pas un meurtre, mais le dépeçage de ce que les réformes ont depuis longtemps assassiné : l'EducNat qui t'a formé Edmond, n'existe plus, grace aux réformateurs de la Vème république, tous inspirés par des idéologues se croyant progressistes, et qui l'ont méthodiquement détruite depuis le début des 70's. Mais ceci est un autre débat...

La thèse de l'incompétence est au contraire plus solide que jamais, au moins pour la France qui a fait ses preuves en la matière. Ce qui n'induit aucunement la conclusion d'une nécessaire suppression du service public, mais plutôt sa nécessaire réforme en matière de nomination et de mission de ses dirigeants, et bien sur de statut du personnel, mais ça vous ne voulez pas en entendre parler donc n'en parlons pas. En tous cas, quel que soit son contenu, cette réforme pourrait très bien prendre la forme d'une consolidation du Service Public, si du moins elle ne se limite pas en entériner les privilèges du Secteur public.

Quant à la thèse du "programme", constater la simultanéité des torpillages sur les medias culturels d'Etat ne suffit pas pour crédibiliser cette forme à peine modifie de la théorie du complot. Il conviendrait de l'étayer au moins par une hypothèse sur le centre décideur ou prescripteur de ce "programme", car ce dernier suppose une volonté consciente de plusieurs personnes dépositaires du pouvoir. Un peu comme celui qui a assassiné l'Educnat en france depuis environ 35 ans (cf plus haut).

J'attends toujours qu'on me démontre en quoi cette thèse remaniée du complot serait plus crédible que celle d'une mode gestionnaire s'installant dans le ciboulot des dirigeants des Etats démocratiques. De même que j'attend qu'on m'explique en quoi le capitalisme financier international qui a déjà assez de péchés sur la conscience, pourrait être à l'origine d'un "programme" visant à pomper les 1% d'audience de quelques radios nationales culturelles d'état, sachant qu'on ne peut pas espérer un report massif de leurs auditeurs sur les radios commerciales, et pas plus vers la télé commerciale.

Pour parvenir à y comprendre quelque chose, encore faut-il avoir l'esprit clair et non pas brouillé par des hypothèses paranoiaques.

LN
 
edmond

29/01/2005
18:20
re : Radio Canada et la culture

Les deux thèses en présence sont donc en gros :
- LA est une mondaine sans scrupule bombardée là pour appliquer sur France Culture des politiques de casse décidées en amont.
- LA est simplement incompétente à diriger la chaîne ce qui se traduit par la casse de cette radio. Les instances politiques soucieuses de préserver la qualité sur France Culture auraient néanmoins nommé par erreur une personne incompétente (erreur de casting) et ne s’en seraient pas aperçues au bout de six ans. Ce serait d’ailleurs la seconde erreur de casting puisque la casse avait commencé deux ans auparavant avec Gélinet, incompétent lui aussi.
Je crois avoir compris que LA serait sur le départ, prochainement. Alors, un moyen infaillible pour départager ces deux thèses sera de constater ou non si son successeur remet la chaîne dans l’état où Gélinet et LA l’avaient trouvée !
S’il nous remet Le Panorama, Le Pays d’Ici, Perspectives Scientifiques, Les archives de nuit, etc., vire tous les journalistes de presse écrite qui colonisent la chaîne, stoppe les promos culturelles, l’actuo-centrisme, le tout-direct, la généralisation des magazines fragmentés, la première thèse pourra éventuellement être modulée.
Mais je crains fort que… et alors combien d’erreurs de casting faudra-t-il pour ouvrir les yeux aux tenants de la seconde thèse ?


 
la reine des belges

29/01/2005
20:20
Ouvrir les yeux

Quelques remarques :

- La politique de casse volontaire pour raison idéologique et/ou capitaliste est un pur fantasme de militant. Le mot même de "casse" est une maladresse tactique, qui grille d'avance celui qui l'utilise auprès de tout analyste sérieux. Même s'il est d'un bon rendement dans les milieux nourris de vulgate marxiste (cf vulgate au sens du dictinaire Robert).

- La seconde thèse est de loin la plus crédible si on y ajoute un point aussi essentiel qu'essentiellement déprimant : en France le politique se contrefout de la culture, et ne voit dans France Culture qu'un boulet budgétaire. Au même titre que la Recherche, d'ailleurs.

- Tu notera Edmond qu'il y a déjà de quoi chialer à l'examen de cette explication par l'effondrement du politique, suffisante pour rendre compte des coupes dans les deux budgets qui n'ont pas de rentabilité électorale immédiate : la culture, la recherche. Donc pas besoin d'y ajouter des procès d'intention idéologiques, ni de tenter d'éclairer ce foutoir avec la lumière diffuse des vieilles lunes du complot capitaliste.

- Je ne sais pas qui peut croire que le politique s'intéresse sincèrement à la culture (et donc à France Culture) autrement que comme un boulet budgétaire. Tout comme la recherche semble un surcoût à ceux qui confondent l'investissement avec la dépense. Crachez sur Mitterrand autant que vous voudrez, mais c'est bien sous son règne que Culture et Recherche ont connu leurs belles années budgétaires.

- Compte tenu de cette indifférence idéologique alliée à cette obsession budgétaire, la nomination d'un successeur encore un peu plus loufoque que Laure Adler (Thierry Ardisson est pressenti) ne prouverait rien de plus ni de moins. Le dogme de la réduction de dépenses (en fait des économies de bout de chandelle) continuera à faire toujours un peu plus mal à FC.

- Certes on peut réver d'avoir une personne moins ambitieuse, plus respectueuse des créateurs et documentaristes de la station. Mieux : un personnage conjuguant les trois compétences de technicien, d'homme de culture, et de gestionnaire. Disons un homme de la trempe de Schaeffer, lequel d'ailleurs a tout fait pour s'affranchir du droit du secteur public à fins de remplir la mission de service public (ceci est soigneusement ignoré de nos idéologues).

- La décroissance du volontarisme culturel et scientifique en France sont assez évidemment constatables. L'ajout d'une couche explicative inspirée par les arrivistes du mouvement altermondialiste n'apporte aucun supplément d'explication plausible. Renoncez donc à cette vieille lune qui n'éclaire même pas le chemin parcouru, et engageons plutôt un combat sérieux contre l'incurie des pigoufs qui dirigent ce pays comme des manches. Soyons concrets bordel !

Paola 45
 
Paul

29/01/2005
21:59
re : Radio Canada et la culture

L'effondrement du politique et celui de la culture sont un même phénomène. L'étonnante remarque de Fabiola à propos de Mitterrand le prouverait abondamment : la liquidation de l'état n'était pas encore à l'ordre du jour, ou du moins était freinée des quatre fers. Mais l'explication budgétaire ne tient pas, même si en effet la culture coûte cher. Une tête nucléaire pour MAM coûte pas mal d'émissionss de haut niveau, et dans quelle logique significative se place un tel investissement ? La réponse est chez Bataille avec sa Part Maudite, exactement comme la guerre en Irak (et bientôt ailleurs) représente le délestement sacrificiel de la richesse américaine. La culture est née en Grèce contre le Roi et cet usage de la Part Maudite, tentative furtivement relayée par Rome sous la menace Carthaginoise, mais vite abandonnée par les coalitions des barbares et des latifundistes romains secrétés par la guerre.
Question à Fabiola : que signifie l'exhortation à "être concret" ?
P

 
la reine des belges

29/01/2005
22:39
recadrons ?

(Concret en l'occurrence signifie ne pas se laisser égarer par des fantasmes d'intellectuel)

A part ça on continue à se gourrer de fil et à emmerder ceux qui s'intéressent à un cas précis, celui de radio-canada.

- Le politique est-il aussi dégradé là-bas que chez nous ? est-ce seulement possible ?
- Quelle est la part de l'incurie fonctionnaire au Canada ?
- Ont-ils un ministère de la culture comme la France ?
- La gestion des fréquences et les budgets du non-marchand sont-ils affectés de la même peste gestionnaire ?

Ce sont ces questions là, que nous pose ce fil.

LN

 
arcoquin

30/01/2005
05:31
re : Radio Canada et la culture

Pour répondre aux questions de la reine des belges, il existe un ministère de la Culture à Québec et un ministère équivalent au fédéral (ministère du Patrimoine). Le problème ne vient pas de l'incurie fonctionnaire mais du crétinisme politique : l'étranglement de Radio-Canada (tout comme celui de Radio-Québec d'ailleurs) est la conséquence de décisions politiques d'il y a plus de 20 ans... C'est à partir du moment où on a politisé la culture qu'on est tombé dans une forme de populisme culturel auquel souvent des fonctionnaires essaient de s'opposer sans succês.
 
edmond

31/01/2005
10:49
re : Radio Canada et la culture

Petite mise au point qui n’est pas du tout hors sujet, vu son actualité canadienne, sur le mot casse : ce mot est certes populaire (des mondains s’en plaindront), mais ramasse bien la colère qui nous a tous saisis le 1er septembre 1999, quand on a allumé notre poste radio. La direction de France Culture ne s’est pas embarrassée, elle, d’euphémisme ni de politiquement correct quand elle a pris en otages un million d’auditeurs : plus de 100 heures de bonnes émissions liquidées sur 168 heures que compte une semaine et remplacées par la mauvaise bouillie que l’on sait. Près des deux tiers du volume horaire ! À partir de combien d’heures de bonnes émissions supprimées le mot de casse se justifie-t-il ? Faut-il attendre qu’on supprime purement et simplement cette radio, comme hélas pour Radio Canada, pour appeler un chat un chat ? Et pour être concret, Laurent, dans ce cas limite de la casse (100 % de bonnes émissions supprimées), je pense que tu auras du mal à démontrer à un auditeur qui constate le silence radio de son poste, comme pour nos amis canadiens, que ceci peut être expliqué par l’incompétence circonstancielle du directeur de la chaîne et que ce serait pur fantasme intellectuel que de le nier…
 
guydufau

31/01/2005
11:45
re : Radio Canada et la culture

L'offensive contre la culture ne peut se mesure au peu d'audience que cette culture recueille,ni aux à ce qu'elle coûte au budget de l'Etat.
Le sens de cette offensive est expliqué par le fait que la culture est le dernier bastion de résistance contre... l'aculturisme. Un aculturisme nécessaire à l'avancée néo-libérale où tout est évalué en monnaie : un américain vaut tant de dollars.
 
la reine des belges

31/01/2005
13:51
contre le parler creux

- "Casse" et "prise d'otage" sont des termes déplacés. Je ne sache pas que le premeir soit particulièrment populaire, et je ne sais pas s'il plait ou déplait aux mondains. Mais pour qui s'attache à la neutralité de l'analyse de telles expressions sont inutilisables. Le verbiage des leaders syndicaux ayant aboutit à la dégringolade de la syndicalisation en France (plus faible taux en pays développé), faut-il parler de "casse" des syndicats par leurs propres dirigeants ?

- Dans ma contrib du 29 à 20h20, je n'ai pas attribué la baisse des programmes exclusivement à la direction de la chaine, mais bien plus à une cause en amont : l'incurie du politique et la mesquinerie bugétaire. Ceci étant précisé, et comme je n'ai aucune raison de douter de ton honnêteté intellectuelle, je suppose que maintenant c'est plutôt cette thèse que tu mettras en balance ou en parallèle avec la tienne (celle de la destruction volontaire). On verra bien ce qui semblera le plus utile ou le plus crédible aux gens intéressés. Et pour ceux qui cherchent à comprendre ce qui se passe vraiment, eh bien qu'ils choisissent l'angle d'analyse qui leur semblera le plus pertinent, où est donc le problème ?

- Pour ma part, quand les programmes dégringolent en qualité je ne suis pas le dernier à le dire et à l'écrire. Quand France-Culture serait fermée ou supprimée, je parlerais alors de suppression ou de fermeture, mais pas de casse, parce que je n'ai pas besoin du jargon syndical pour m'exprimer. Est-ce une faute contre l'esprit ?

La reine des casses
 
edmond

31/01/2005
20:29
re : Radio Canada et la culture

Je prends acte de cette 3ème thèse, disons thèse budgétaire, et de la marginalisation partielle de la 2ème thèse, disons thèse de l’incompétence hiérarchique.
Mais comment expliques-tu le caractère synchronique, voire symphonique de ces mesquineries budgétaires, dans un même secteur et dans différents pays (RTBF, Radio Canada, France Culture…) et dans un même pays et dans différents secteurs (France Culture, Musée de l’Homme, Monum, Education Nationale…) ?

 
la reine des belges

31/01/2005
21:00
Je ne vois pas de troisième thèse

Edmond ce que tu appelles la troisième thèse englobe mais ne marginalise nullement la seconde, qui est son corrolaire, et à laquelle je suis plus attaché que jamais. C'est dommage qu'aux temps de nos réunions parisiennes toujours suivies d'agapes, j'étais toujours saoulée trop tôt pour pouvoir en arriver à ce point de mon explication. Maintenant que je vis à Ploudalmézeau avec mon teckel Badminton, c'est Guy qui me saoule avec sa philosophie de garçon de bain. D'accord vous êtes soulagés de ma présence, mais est-ce vraiment meilleur pour ma santé ?

Laurent

 
la reine des belges

31/01/2005
21:55
Connaitre avant de fantasmer

Cher Edmond,

La convergence avant de l'expliquer, il faudrait déjà la décrire correctement. Ca supposerait d'étudier sérieusement la situation de ces autres radios d'Etat, au lieu d'inventer des complots capitalistes inspirés de nos grands faussaires co-édités chez Liber, Acer, Agone, Toxone, et autres maisons d’éditions affublées de noms de médicaments. Et mis à part l’incompétente vanité des dirigeants de notre secteur public, est-ce bien correct d’amalgamer à nos media martyrisés les autres institutions éducatives et culturelles ? Est-il vraiment judicieux d’unifier ainsi des phénomènes disparates ? Franchement je me le demande, ou pour être franc je ne me le demande pas. Décrire correctement le phénomène, ça supposerait plutôt de distinguer ce qui a un rapport avec notre problème (les radios culturelles d’Etat) et ce qui n'en a pas :

- L'Educ Nat est en dégringolade constante depuis 35 ans. Ca fait un peu tôt pour un acte de naissance du complot néolibéral, surtout quand il apparait que la dégradation est à mettre au compte de maitres-pédagogues nourris d'idéologies compassionnelles directement inspirées de l’après-mai 68, de Bourdieu et du Dr Spock. Sacrée galerie d’apprentis sorciers, certes. Mais hormis l’incompétence de ces diafoirus, je ne vois guère de point commun avec ce qui arrive à France Culture.

- Les Monuments Nationaux sont-ils en voie de liquidation ? Le patrimoine est-il aujourd’hui moins chéri et privé de ressources ? Je le croirai quand on me montrera les chiffres de la réduction bugétaire. Ici encore, l’erreur de casting, l’incompétence, le délire managérial, sont les points communs avec France Culture. Mais de quelle « casse » s’agit-il ? Je suis tout prêt à ouvrir les yeux, mais donnez moi quelque bonne raison svp. Quant à la vente des pièces déclassées, pour l’instant ça me semble certes un peu plus crédible que le délire de Guy sur l’AGCS, mais enfin j’aimerais bien qu’on m’en donne quelques exemples.

- L'opération du Musée de l'Homme est plutôt un coup et un coût au service des vanités et des démagogies (et peut-être même de la culture, qui sait), mais où est le démantèlement ? Où est la casse quand on construit, au contraire, plusieurs musées pour remplacer les précédents ? Je passe sur ce « point de détail » que le musée ethnographique est odieux au même titre que les zoos humains, recèle essentiellement des objets volés qu’il convient de restituer aux peuples qui en sont les légitimes propriétaires etc etc. Tout cela est trop connu pour que j’insiste. Au reste je n’en préconise pas la liquidation, simplement j’espère pouvoir un jour parcourir des musées ethnographiques autrement conçus, et devenus des antidotes à l’ethnocentrisme si la chose est possible. Certes pour le restant de mes jours je regretterai aussi bien les salles de Chaillot que celles de Laprade, mais pas plus (ni moins) que l’escalier de la rue Vilin ou le Paris-Loisirs-Bowling du boulevard Ornano. Bref je confesse un chagrin de parisien normalement constitué, c’est-à-dire nostalgique par nature : la forme de ma ville change plus vite que le cœur de mon beefsteak, c’est comme ça. Vu l’accélération de l’Histoire et surtout des rotations urbaines, je te donne rendez-vous dans 30 ans pour la liquidation de Branly et du Mucem : a ce moment nous verrons les descendants de mon teckel Badminton regretter les allées et les murailles de ces temples, qu’ils auront entre temps arrosées de leur pisse, leur conférant ainsi une fonction hygiénique certainement prévue par nos élus qui pensent à tout.

Amicalement à toi

Laurent
 
lionel

31/01/2005
22:38
re : Radio Canada et la culture

Ce qu'il faudrait étudier, c'est la récente disparition du désir politique de cultiver et d'éduquer les masses. Cf les maisons de la culture de malraux ou le TNP comme aboutissement logique des Lumières.

Plutôt que libéralisation, doit-on alors parler d'américanisation des esprits? Car il me semble que ce pays n'a jamais eu de tels objectifs culturels, contrairement à la vieille Europe. Peut-on parler aussi de triomphe du protestantisme si on songe à la splendeur artistique et populaire qui accompagna le catholicisme?


 
LRDB

31/01/2005
23:29
Réponse à Lionel

Franchement, je trouve plus crédible cette hypothèse d'une acculturation : indubitablement, la modernisation à l'américaine a fait plus que s'infiltrer dans notre mode de vie. Elle nous frapperait, autrement que les eskimos certes, mais suffisamment pour saper la fibre cultureuse et l'asservir à l'économique (ou au gestionnaire ?). Si le problème est là, c'est contre ce déséquilibre qu'il faut lutter, pas contre des ennemis idéologiques imaginaires.

Pour ce qui est du monde protestant, il faudrait regarder ce qui se passe en Europe protestante (allemagne, pays-bas et scandinavie, suisse, éventuellement grande-bretagne) avant de refaire le coup de la saint-bart'

L.
 
edmond

01/02/2005
01:42
re : Radio Canada et la culture

Simplement en extrayant 2 passages des deux avant-derniers messages (lionel et laurent), on reconstitue une généalogie très clouscardienne de la logique qui va de la Libération à nos jours :
1ère étape : Le Plan Marshall : rupture avec la société traditionnelle (celle qui va des Lumières au Front Populaire, à la Résistance, à la Libération), implantation du « rêve » américain : « Ce qu'il faudrait étudier, c'est la récente disparition du désir politique de cultiver et d'éduquer les masses. Cf les maisons de la culture de malraux ou le TNP comme aboutissement logique des Lumières. Plutôt que libéralisation, doit-on alors parler d'américanisation des esprits? Car il me semble que ce pays n'a jamais eu de tels objectifs culturels, contrairement à la vieille Europe. »
2ème étape : Mai 68 (ratification du Plan Marshall) : psychodrame qui débloque les potentialités du marché du désir qu’avait initié le Plan Marshall ; battage idéologique (émancipation transgressive) : « L'Educ Nat est en dégringolade constante depuis 35 ans. Ca fait un peu tôt pour un acte de naissance du complot néolibéral, surtout quand il apparait que la dégradation est à mettre au compte de maitres-pédagogues nourris d'idéologies compassionnelles directement inspirées de l’après-mai 68, de Bourdieu et du Dr Spock »
3ème étape : Le libertaire a retiré le masque : c’était un libéral (Casse de France Culture, etc.).


 
La reine des belges

01/02/2005
02:09
Guillaume d'Ockham

Le problème c'est que la 3ème étape n'apporte aucun élément d'explication ni même de description qui soit utile. Au contraire elle brouille la vision d'ensemble. Laisse donc tomber Clouscard et milite pour Laurent/Lionel, les Laurel& Hardy de DDFC...

LN
 
edmond

01/02/2005
11:52
re : Radio Canada et la culture

Au contraire cette 3ème étape est cruciale. C’est la nôtre ! Elle est au résultat du processus historique et permet d’en révéler la logique intime (Le Plan Marshall était un cheval de Troie, Mai 68 une tartufferie), qui avait pu échapper jusqu’alors à la plupart, au commun (j’en suis). On est en train d’y laisser tous les sédiments progressifs déposés des Lumières à la Libération et même avant (« Quarante rois de France pour faire la République. » Michelet). A l’heure où l’Etat, ultime sédiment de ce progrès est dans le collimateur (Europe, décentralisation), on comprend toute la portée et les conséquences de ce mauvais rêve. Cette 3ème étape fait apparaître qu’il n’y a pas de rupture – disons – entre Deleuze et Aron, entre Cohn-Bendit et Madelin, entre Bourmeau et Slama, mais au contraire collusion objective, puisqu’aujourd’hui il est clair que les casses sociales dont les apologètes directs ont été – disons – Aron, Madelin et Slama sont réalisées au nom des idéologies dont les promoteurs ont été – disons – Deleuze, Cohn-Bendit et Bourmeau (jeunisme, spontanéisme, dépoussiérage, transgression, présentisme, communautarisme, « autonomie », « communication », pathos bêlant, etc.). Ceci n’était pas clair pour tous il y a encore quelques années, en tout cas, pas pour moi. Merci Laure ! Laure, Grande Dialecticienne, par une telle intrusion du négatif, un tel électrochoc, ces 6 dernières années, aura voulu en fait contribuer à provoquer la synthèse… (Là je déconne).
 
edmond

01/02/2005
19:09
re : Radio Canada et la culture

Nos amis canadiens ont mis sur leur site la lettre de soutien d’Antoine Lubrina président du RACCFC, avec un lien sur le site DDFC :
http://radioculture.ra.funpic.de/id4.htm

 
la reine des belges

01/02/2005
23:57
Plaignons nos amis Canadiens

Euh je ne pense pas que les crimes des gestionnaires canadiens méritent un tel châtiment. Piting une lettre d'Antoine, ya de quoi faire encore chuter la température du pays de 20° en plein hiver c'est pas sympa de leur faire ça.

A part ça Edmond je ne comprends pas ta contribe de 11h52 : mais quels sont donc les dégats objectifs occasionnés sur nos sociétés par cette infiltration de la société marchande ? Au contraire on n'y voit que prospérité, liberté d'expression, progrès de l'industrie, du commerce, de la culture et des consciences. La France est un pays riche, grâce à sa splendeur culturelle passée, et à son invasion récente par l'american way of life (acculturation hélas partielle hélas, d'où ce chômage endémique dont les amerlos eux sont préservés, par quel miracle). Ce qu'il faudrait c'est réussir à maintenir les deux : prospérité et culture.

Notons que les effets sus-mentionnés sont à l'opposé de ceux qu'a produit partout dans le monde l'autre grande manipe de la même période (depuis 1945 si g bien suivi), celle qui a voulu nous importer de l'Est non pas le confort l'électronique et les boutiques d'ice-cream, mais bien la misère, le totalitarisme, la privation des libertés fondamentales (expression, circulation), et pire que tout, des magasins vides et des mers asséchées. Manipe menée par ceux que tu dis être les suppôts du complot occidental, d'ailleurs, alors qu'ils se sont déclarés marxistes (ou post) ce qu'assurement ils furent, bien plus que libéraux (complices ou manoeuvrés, là je ne comprends pas ?). En tous cas c'est au moins sans hypocrisie que le noyautage venu de l'est a tout fait pour semer chez nous stagnation économique, division sociale, et le bouquet : l'abrutissement complet de nos intellectuels, ce dont la France ne s'est toujours pas relevée puisque Sartre a encore des lecteurs, et même Boubou a encore des émules, quelle farce !

Cela dit Edmond je le sais bien que tu n'es pas soviétiste, alors quoi ? Tu ne préconises tout de même pas le malthusianisme économique et, pire que tout, la généralisation de micro-sociétés de néo-ruraux ? I mean des SECTES ? Pouah ... !

La reine des belges
 
DDFC

02/02/2005
10:50
Un article intéressant :

http://www.lemonde.fr/web/imprimer_article/0,1-0@2-3260,36-3 93207,0.html

Mark Twain : "A chaque fois que vous fermez une école, vous devez construire une prison. Ce que vous gagnez d'un côté, vous le perdez de l'autre"


 
???

18/02/2005
10:46
Les titres d'émissions culturelles...

... sur Radio Canada...

Cela en dit long...

Allez, c'est le retour
Des airs de toi
Écoute pas ça
Fréquence libre
Indicatif présent
Je l'ai vu à la radio
Macadam Tribus
Porte ouverte
 
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