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Benoît Beyer 26/11/2004 00:28 |
Mystique (avec la collaboration de France Culture) |
Colloque international : Mystique : la passion de l’Un, de l’Antiquité à nos jours 9, 10 et 11 décembre 2004 Institut des Hautes Etudes 44, av. Jeanne, 1050 Bruxelles Présentation Que l’on soit croyant ou non, le domaine du religieux ne peut nous laisser indifférent. C’est devenu un lieu commun aujourd’hui de constater que, dans un monde occidental largement sécularisé, la demande de spiritualité n’a pas disparu. Elle est au contraire devenue un phénomène de masse, sans que pour autant l’on se retourne vers les religions traditionnelles. Individualiste et syncrétiste, puisant aux différentes traditions culturelles auxquelles la mondialisation donne accès, la nouvelle spiritualité occidentale emprunte en outre plus volontiers les chemins de la mystique que ceux, institutionnels, du dogme et de la pratique : à la médiation des Églises, on préfère le Dieu immédiat. Dès lors il nous semble intéressant de faire un retour sur la tradition mystique de l’Antiquité jusqu’à nos jours, principalement en Occident, afin de comprendre plus précisément ce qu’est l’expérience mystique, d’en rappeler l’histoire et d’en dégager les enjeux. Le terme mystique vient du verbe grec muô, « se fermer, se taire ». Dans l’Antiquité grecque, l’adjectif mustikos qualifiait l’initiation aux « mystères », cultes de salut d’origine agraire comme les célèbres mystères d’Éleusis. Le mystique ou plus exactement le myste (mustês) était celui qui avait reçu l’initiation : l’initié. C’est au XVIIe siècle que l’on créa le substantif pour évoquer une autre sorte d’initiation : l’union à Dieu moyennant un dépouillement radical des images, des sentiments et des pensées. Toutefois, si le sens moderne du terme date du XVIIe siècle, l’expérience, elle, est plus ancienne. Pour la tradition occidentale, l’origine de la mystique est à chercher dans le courant néoplatonicien, christianisé par Denys le pseudo-Aréopagite et poursuivi au Moyen Âge dans la mystique cistercienne (avec Bernard de Clairvaux et Guillaume de Saint-Thierry), la mystique franciscaine et surtout la mystique rhénane autour des dominicains Maître Eckhart, Henri Suso et Jean Tauler. Cette dernière a été prolongée avec moins d’audace en pays flamand par Jan van Ruusbroec. L’histoire de la mystique occidentale est marquée ensuite par le courant de la devotio moderna, le protestantisme luthérien, l’école espagnole du Siècle d’or (Thérèse d’Avila et Jean de la Croix) et l’école française du Grand siècle, jusqu’au coup d’arrêt donné lors de la querelle du quiétisme au XVIIe siècle, avant une relative résurgence dans l’ésotérisme du XIXe siècle et le New Age contemporain. Par ailleurs, la mystique est un phénomène largement universel, que l’on retrouve — avec des variantes qu’il serait intéressant d’étudier — dans toutes les traditions : il y a une mystique musulmane (soufisme), juive (hassidisme), orthodoxe, des mystiques orientales (hindoue, bouddhiste, chinoise… ), etc. Nous tâcherons aussi de faire, dans le cadre de ce colloque, quelques percées comparatistes vers les aires non-occidentales, sans toutefois prétendre à l’exhaustivité. Inscriptions: 10 EUR. A verser sur le compte n° 001-438479684, avec en communication « Colloque mystique ».(Etudiants de moins de 25 ans: 5 EUR). Renseignements: Carmen Louis : +3226503578 Carmen.Louis@ulb.ac.be. Responsable scientifique: Benoît Beyer de Ryke. Courriel: benoit.beyer@ulb.ac.be Programme Jeudi 9 décembre Matin 9H00: Inscriptions 9H30: accueil des participants. Jean-Philippe Schreiber, Directeur du Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité - CIERL 9H45: Introduction à la thématique du Colloque. Benoît Beyer de Ryke (ULB) 10H15: Les structures mentales de la mystique occidentale. Boris Todoroff (KUL) 10H45: Pause café 11H00: Les techniques de méditation et les inductions ‘théurgiques’ vers les états mystiques. Jean Dierkens (UMH - ULB) 11H30: La référence aux mystères chez Platon et dans l’histoire du platonisme. Luc Brisson (CNRS) Après-midi 14H30: Philon d’Alexandrie et la mystique. Sabrina Inowlocki (ULB) 15H00: L’expérience mystique chez Plotin et chez Denys l’Aréopagite. Ysabel de Andia (CNRS) 15H30: Mystique et rationalité chez les penseurs latins des XI-XIIe siècles. Christian Brouwer (ULB) 16H00: Pause café 16H15: Les fondements anthropologiques de la mystique cistercienne au XIIe siècle : une théorie de l’affectivité. Damien Boquet (Université de Provence Aix-Marseille I) Vendredi 10 décembre Matin 9H30: L’amour de Dieu dans la spiritualité cartusienne, l’héritage du XIIIe siècle. Nathalie Nabert (Institut Catholique de Paris) 10H00: L’Un, l’Être et la Trinité chez Eckhart. Marie-Anne Vannier (Université de Metz) 10H30: Le sommet de la contemplation chez Nicolas de Cues. Jean-Michel Counet (UCL) 11H00: Pause café 11H15: La jouissance mystique selon Thérèse d’Avila et Jean de la Croix. Bernard Sesé (Université Paris X-Nanterre) 11H45: Marguerite du Saint-Sacrement, le roi et le petit Jésus. Jacques Marx (ULB) Après-midi 14H30: Les rapports entre mystique et théosophie (considérations méthodologiques). Antoine Faivre (EPHE) 15H00: Quel amour devons-nous à Dieu ? La querelle du quiétisme. Laurence Devillairs (Collège de France) 15H30: Les premières histoires de la mystique au XVIIe siècle, signes de l’effacement de la mystique. Jacques Le Brun (EPHE) 16H00: Pause café 16H15: L’apostasie mystique de Shabbetai Zevi, le messie de Smyrne (1666). Thomas Gergely (ULB) Samedi 11 décembre Matin 9H30: Mysticisme, Avant-Garde et Marginalité dans le sillage du Monte Verità Wolfgang Wackernagel (Genève) 10H00: Les spéculations sur la féminité de Dieu à la lumière des théologies féministes contemporaines Michel Cazenave (France Culture) 10H30: Impacts de la mystique catholique féminine dans la conjoncture actuelle du fait religieux en France Jacques Maître (CNRS) 11H00: Pause café 11H15: Soufisme et cosmographie musulmane aux XIIe et XIIIe siècles : convergence ou influence à propos d’une conception commune du monde ? Jean-Charles Ducène (ULB) 11H45: De la commensurabilité des expériences mystiques en Occident et en Orient. Une comparaison entre Plotin et Shankara Joachim Lacrosse (FNRS - ULB) Après-midi 14H30: Manger de l’air, manger des mots. La recherche de l’aliment d’immortalité dans le taoïsme chinois Françoise Lauwaert (ULB) 15h00: Conclusions: Baudouin Decharneux, Directeur du Département de Philosophie et de Sciences des Religions 15h30: Concert de musique soufie Avec le soutien du Fonds National de la Recherche scientifique, de la Présidence de la Communauté française, de la Direction générale de l’enseignement non obligatoire et de la recherche scientifique (Communauté française), du Recteur de l’Université Libre de Bruxelles, du Président de l’Université Libre de Bruxelles, du Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres (ULB), de la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des Relations extérieures, du Ministre de l’Économie, de l’Énergie, du Commerce extérieur et de la Politique scientifique, et de France Culture |
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Dom 26/11/2004 22:49 |
re : Mystique (avec la collaboration de France Culture) |
ce qui m'etonne c'est que l'on soutiene avec des deniers publics, une approche religieuse de l'irrationel. loin de vouloir t'agresser Benoit, le mysticisme ou l'explication de la religion par des moyens autre que la raison me surprennent. Incapable de definir l'unité, l'homme cherche une approche spirituelle a une explication qui sera un jour(peut etre) rationelle, partant du simple principe que d'un point on peut develloper tout un ensemble. si tu me permets de te poser la question ainsi qu'a l'ensmble de tout les participant a ce colloque c'est quoi le 1 ? mathematique ou philosophique personne ne pourra repondre si ce n'est la noyade dans des symboliques plus ou moins tordues selon les degrés de civilisations et de mythes. si la nature ne parle pas et n'ecrit pas, c'est que probablement on sait pas la lire ou l'écouter,ce qui est sur c'est si un cadavre pue autant c'est bien pour qu'on s'en ecarte, mais c'est aussi cette odeur qui fera que les charognard viendront. |
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Benoît Beyer 29/11/2004 10:47 |
re : Mystique (avec la collaboration de France Culture) |
Bonjour, Merci de ce message. L'usage de la raison ne peut que nous amener à constater que la raison n'est pas tout. Il y a un "au-delà de la raison" auquel la raison elle-même peut nous conduire. C'est personnellement ce qui m'intéresse dans l'approche mystique (du moins, dans son versant intellectuel; je ne parle pas ici de la mystique affective). Je ne qualifierai pas l'approche développée dans le cadre de ce colloque d' "approche religieuse de l'irrationel", mais plutôt d'approche philosophique (voire "scientifique", au sens des sciences humaines) du phénomène mystique. Enfin, je me permets de signaler, ci-dessous, les thèmes des précédents colloques et séminaires organisés par l'Institut d'études des religions et de la laïcité de l'ULB, devenu depuis peu le Centre interdisciplinaire d'étude des religions et de la laïcité. http://www.ulb.ac.be/philo/cierl/ Les thèmes sont variés, et tous abordés selon l'esprit de libre examen qui caractérise l'Université libre de Bruxelles. Bien cordialement, Benoît Beyer de Ryke |
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IERL 29/11/2004 10:48 |
"Sectes" et "hérésies" |
Colloque "Sectes" et "hérésies" de l'Antiquité à nos jours. Le rapport au pouvoir. Bruxelles ------------------------------------------------------------UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES INSTITUT D'ETUDE DES RELIGIONS ET DE LA LAICITE COLLOQUE INTERNATIONAL "Sectes" et "hérésies"de l'Antiquité à nos jours. Le rapport au pouvoir. UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES INSTITUT DE SOCIOLOGIE Salle Baugniet, 44, avenue Jeanne 1050 Bruxelles 2-3 et 4 mai 2002 Avec l'appui du FNRS, du Ministre-Président et de la Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche de la Communauté française de Belgique. Jeudi 2 mai 14 heures - Exposé introductif - Terminologie : orthodoxie, hérésies, hétérodoxie, sectes… (Pierre Daled – U.L.B.) - Hérésies, sectes et mystères des premiers siècles chrétiens. (Baudouin Decharneux – U.L.B. ) 15h45 – 16h Pause café - Les reproches adressés par Celse à la « secte » des chrétiens. (Y. Thanassekos – U.L.B.) - Les « sectes » au début du christianisme : l'orthodoxie contre la Gnose. (Michèle Broze – U.L.B.) Vendredi 3 mai 9H30 - La répression du paganisme et de l'arianisme dans les conciles occidentaux des IVe-VIIe siècles. (Nicolas Bogaerts – U.L.B.) - Le Moyen-Age et ses dissidents religieux : Cathares et Béguines aux XII-XIIIe siècles. (Benoît Beyer de Ryke - U.L.B.) 10h45 – 11h Pause café - Les « sectes » dans le Judaïsme : Karaïtes, Satmars, Sabbathaïstes de Sabbetai Zvi, Juifs libéraux, Sionistes… (Willy Bok – U.L.B.) - « Vieux-croyants » et grand schisme dans l'Eglise russe au milieu du XVIIe siècle. (Jeannine Vereecken – RUG) Vendredi 3 mai 14 heures - Le protestantisme comme « secte ». (Jean Baubérot, Ecole Pratique des Hautes Etudes, Paris) - Le XVIIIe siècle et la remise en cause des monolithismes religieux. (Jan Roegiers - KUL) - Le cas particulier du jansénisme à la fin du XVIIIe siècle. (Olivier Damme – U.L.B.) - Autorités et dissidence : la Petite Eglise catholique anti-concordataire. (Guy Janssen – EHESS, Paris) 15h45 – 16h Pause café - L'essor de «sectes » chrétiennes au XIXe siècle. ( Régis Deriquebourg - Lille III) 4e page Samedi 4 mai à 9H30 - L'orthodoxie et l'hétérodoxie dans les religions en Chine. (Françoise Lauwaert – U.L.B.) - La diversité religieuse au sein de l'Islam. (Ahmad Aminian – U.L.B.) - Les persécutions contre les Bahaïs en Iran. (Firouzeh Nahavandi – U.L.B.) 10h45 – 11h Pause café - L'implication du pouvoir en France dans le « classement » entre sectes et religions. (Massimo Introvigne - Turin) - Aires de pluralisme et aires de monolithismes religieux à l'aube du XXIe siècle. (Anne Morelli – U.L.B.) 12h – 12h30 Débat Samedi 4 mai de 14h à 17h30 Excursion en car : La diversité religieuse à Bruxelles : les lieux de culte Mormons, Témoins de Jéhovah, Adventistes… (10 EUROS) 5e page Ces journées ont pour but de s'interroger sur la ligne de démarcation qui sépare traditionnellement les religions officielles et les hétérodoxies. Le thème est permanent dans l'histoire et oblige à poser la question du rapport de la sphère religieuse avec la sphère politique de chaque époque. Bien souvent, c'est cette dernière qui intervient (par exemple via les conciles dans les premiers siècles de l'ère chrétienne) pour déterminer les orthodoxies et exclure de la sphère religieuse officielle les « hérésies ».Cette problématique sera analysée chronologiquement et pour diverses religions ( polythéismes antiques, Chine, islam, judaïsme, christianisme occidental…) jusqu'à notre époque . Dans chaque cas on tentera de comprendre comment, et selon quels critères, le pouvoir politique intervient dans les classifications religieuses, quel est le poids des termes utilisés (qui appelle qui « hérétiques » ou « secte » et comment ceux-ci se nomment eux-mêmes),qui accorde le label de religion « licite » à une foi nouvelle, quels sont les modes et les effets de l'exclusion ( depuis l'absence de subsides jusqu'à la persécution violente), quels sont les moyens utilisés pour faire fléchir les « mal-pensants », quelles sont les réintégrations possibles dans la sphère religieuse officielle… Le colloque pourra déboucher sur une réflexion très actuelle sur les aires de réel pluralisme religieux et sur celles où se pratique, peu ou prou, une intervention officielle de classification, voire de persécution, de certaines options religieuses décriées. |
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CIERL 29/11/2004 10:51 |
La sacralisation du pouvoir |
La sacralisation du pouvoir: images et mise en scène, A. Dierkens et J. Marx éd., Bruxelles, Editions de l'Université de Bruxelles, 2003 ("Problèmes d'histoire des religions", t. XIII). Séminaire Le Pouvoir et le SacréBruxelles Séminaire international d’anthropologie religieuse ------------------------------------------------------------------------ -------- Institut d'étude des religions et de la laïcité 17 av. F. D. Roosevelt B-1050 Bruxelles Séminaire international d'anthropologie religieuse : Le Pouvoir et le Sacré L'Institut d'étude des religions et de la laïcité prend l'initiative d'un séminaire international sur le thème Le Pouvoir et le Sacré. Son objectif est de mettre en évidence, dans une optique pluridisciplinaire, les modes de fonctionnement du pouvoir politique conçu comme structure symbolique sacralisée. Autrement dit, le programme d'études tentera de mesurer le degré d'interpénétration entre les représentations religieuses ou sacrales du Pouvoir et les rapports socio-politiques. Les études menées par une série d'historiens de renom sur la monarchie sacrée française ont suscité un important renouveau d'intérêt pour la théologie politique, lieu d'interférence du transcendant et de la souveraineté. Il a, par ailleurs, été avancé que nombre de concepts spécifiquement théologiques — le péché, le remords, la culpabilisation — se sont trouvés transférés dans certaines théories de l'État moderne. Du coup, s'est ouverte la voie conduisant, dans un contexte de sécularisation, à l'investissement du champ politique par un religieux de substitution, comme l'a montré un ouvrage récent publié sous les auspices de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (Paris), inspiré par la mort du Président François Mitterrand : La Mort du roi. Autour de François Mitterrand. Essai d'ethnographie politique comparée, éd. Jacques Julliard, Paris, Gallimard, 1999. La question centrale posée par cet ouvrage est d'une brûlante actualité : la désacralisation de la politique en Occident est-elle définitive, ou génère-t-elle au contraire de nouvelles formes d'irrationalité à substrat religieux ? La perspective adoptée dans le cadre du séminaire se veut anthropologique, dans la mesure où elle fait primer l'analyse des représentations mentales sur l'analyse théorique. Plutôt que la problématique bien connue des relations de l'Église et de l'État seront envisagées les manifestations transcendantales ou surnaturelles par lesquelles le pouvoir politique cherche à se légitimer et se donne à lire : gestes, symboles, formes et figures métaphoriques, rituels publics. L'accent sera donc porté sur la mise en scène religieuse — le " donné à voir " — du Pouvoir politique et sur le processus d'Incarnation de la souveraineté. Le cadre chronologique sera transhistorique et transculturel : pourront être envisagés, dans une optique comparatiste, d'autres cultures que la culture occidentale (on pense aux Écrits sur la royauté sacrée de Luc De Heusch). Le séminaire sera organisé pendant une période de deux ans, à raison de 5 ou 6 réunions par an, auxquelles seront conviés les chercheurs et membres de l'Institut intéressés par la problématique concernée, les membres de la communauté universitaire et les sympathisants de l'Institut. La participation de conférenciers étrangers est prévue. Au terme du séminaire pourrait être organisé un Colloque international consacré à l'un ou l'autre aspect développé au cours des exposés. Sont d'ores et déjà annoncés : Baudouin Decharneux : L'ambasssade de Philon auprès de Caligula Emmanuel Godo (Université catholique de Lille) : La part du sacré dans la pensée politique de Maurice Barrès Émile Poulat (Paris, Groupe de sociologie des religions) : Pouvoir, savoir et sacré dans l'Église catholique contemporaine : l'exemple des intégristes. Frédérique Neau-Dufour (Fondation Charles de Gaulle) : La guerre et le sacré chez Ernest Psichari Gilles Banderier (Mulhouse), La justification de la violence dans les théories politiques des poètes et prosateur protestants de la fin du XVIe siècle Jean-Philippe Schreiber (I. E. R. L) : Les panégyristes juifs de Napoléon Hervé Hasquin (I. E. R. L.) : Sacrilège et blasphème en France sous la Restauration Jacques Marx (I. E. R. L.) : Sur la terre du remords : Le Sacré Cœur et la France Anne Morelli (I.E.R.L.) : L'évolution de la mise en scène du pouvoir du Souverain pontife (XIXe-XXe siècles) Alain Dierkens (I.E.R.L) : Les funérailles royales dans le haut Moyen Age Benoît Beyer de Ryke (FNRS) : Les rituels d'investiture du pape au XIIIe siècle : un exemple de pouvoir sacré Bertrand Levergeois (Alliance française de Paris) : La justification du régicide chez Suarez Pierre Daled (I. E. R. L) : Les écritures sacrés du marxisme Thomas Gergely (I. E. R. L.-Martin Buber) : Théologie de la guerre et judaïsme Lambros Couloubaritsis : Violence et mythe Marcel Meulder : Politique et religion à Rome : le cas de Caius Histilius Mancinus selon Valère-Maxime. |
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CIERL 29/11/2004 10:53 |
Colloque Carl Gustav Jung |
Colloque Carl Gustav Jung, entre histoire des religions et psychanalyse Bruxelles ------------------------------------------------------------ ULB – Département de Philosophie et de Sciences des religions Avec la collaboration de France Culture Colloque international des18 et 19 novembre 2004 Salle des Hautes Etudes – Institut de sociologie Carl Gustav Jung, entre histoire des religions et psychanalyse Argumentaire : Alors que l'œuvre de Jung est depuis longtemps disponible dans son intégralité en allemand et en anglais, la francophonie est occupée à combler ce retard. L'œuvre de Jung fait l'objet d'une redécouverte importante en fonction des traductions qui se multiplient. On se rend compte que le fondateur de la psychologie des profondeurs a laissé un nombre impressionnant d'écrits (y compris une correspondance volumineuse) touchant à l'histoire des religions et de l'ésotérisme. Si la figure du maître de Zurich a été et continue à être explorée de part et d'autre dans sa dimension proprement psychanalytique, en revanche ses travaux touchant à l'étude des religions méritent une approche critique et fouillée qui, jusqu'ici, n'a pas vu le jour (la plupart des auteurs se contentant d'exposer les résultats des recherches du médecin suisse). Jung, que des théologiens chrétiens ont taxé d'hérétique, était aussi à sa manière hérésiologue… Mettre en lumière le personnage de Jung sous l'angle des sciences des religions peut conduire à des découvertes, non seulement sur l'homme, mais aussi sur la réception, l'exploitation et la postérité de son œuvre. Axes d'un colloque : Un colloque international sur cette problématique serait le bienvenu. Il pourrait se développer autour de trois grands axes, qui n'excluent cependant pas les approches plus classiques des mythes, des archétypes et des symboles étudiés par Jung. - Jung et le christianisme (protestantisme et catholicisme) - Jung et les traditions orientales (bouddhisme, hindouisme, tao, zen,…) - Jung et l'hermétisme (gnosticisme, ésotérisme, alchimie, rose-croix, spiritisme,…) Programme définitif Programme définitif Jeudi 18 novembre 2004 – 9h00-12h00. Président de séance : Baudouin Decharneux Allocution d'ouverture par Baudouin Decharneux, directeur du Département de philosophie et de sciences des religions. Introduction au colloque par Michel Cazenave. Sophie Moreaux Carré, « La place de la fonction religieuse dans le processus d'individuation ». Pause Michel Cazenave, philosophe, producteur à France Culture, « Jung et la tradition néo-platonicienne » Discussion Jeudi 18 novembre – 14h00-17Hh00 : Président de séance : Michel Cazenave Ysé Tardan Masquelier (Paris IV Sorbonne), « Le yoga et les Occidentaux, ou comment Jung voyait la rencontre des cultures » Marie-Laure Colona, philosophe et analyste, membre de la Société française de psychologie analytique, « La Fleur d'Or en Occident : Jung et l'extrême orient » Pause Benoît Beyer de Ryke (ULB), « Jung, Maître Eckhart et Nicolas de Cues » Discussion Vendredi 19 novembre 2004 – 9h00-12h00 : Président de séance : Claude-Yves Baum Christine Maillard (U. Marc Bloch Strasbourg), “La pensée de Jung dans le contexte des courants néo-gnostiques”. Pause Bernard Kaempf (U. Marc Bloch Strasbourg), “Jung protestant” Luc Nefontaine (ULB), « Jung hérétique hérésiologue » Discussion Vendredi 19 novembre 2004 – 14h00-17h : Président de séance : Benoît Beyer de Ryke Françoise Bonardel (Paris-Sorbonne), « Opérativité et synchronicité : la question du temps dans l'alchimie jungienne » Guy Jadot, psychiatre, Président de la Société belge de psychologie analytique C.G. Jung (Association internationale de Psychologie analytique de Zurich), « Jung et la pensée hermétique » Jean Dierkens (U.Mons-Hainaut) " L'Hermétisme face à Jung : archétypes organisateurs du cosmos ou seulement du psychisme ? " Discussion Conclusion du colloque par M. Cazenave Comité organisateur Baudouin Decharneux (ULB) Luc Nefontaine (ULB) Pierre Somville (Ulg) Michel Cazenave Bernard Kaempf (U. Strasbourg) Comité scientifique Baudouin Decharneux (ULB) Lambros Couloubaritsis (ULB) Luc Nefontaine (ULB) Pierre Somville (ULg) Bernard Kaempf (U. Strasbourg) Ysé Tardan-Masquelier (U. Paris Sorbonne) |
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CIERL 29/11/2004 10:54 |
La théologie de la guerre |
Séminaire La théologie de la guerre Bruxelles ------------------------------------------------------------ Université libre de Bruxelles Séminaire international de sciences religieuses Séance académique de rentrée Thème : « La théologie de la guerre » À l'occasion de la première séance du séminaire, le nouveau département de Philosophie et de Sciences religieuses vous convie à l’ouverture de l’année académique 2003-2004 Nous recevrons Madame Annette Becker, historienne, professeur à l’Université de Paris X-Nanterre Sa conférence portera sur : Une culture religieuse de la guerre, 1914-1930 Elle se tiendra le jeudi 25 septembre 2003 à 20h., dans les locaux de l’Institut d’Etude des Religions et de la Laïcité, 17, avenue Roosevelt à 1050 Bruxelles La séance sera suivie d'un drink Réservation souhaitée au secrétariat de l’Institut Par téléphone : 02/650 39 48 ou 02/650 35 78 Par courriel : <ktriquen@ulb.ac.be> ou <Carmen.Louis@ulb.ac.be> Avec le soutien de la Communauté Wallonie-Bruxelles |
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dom 30/11/2004 23:39 |
re : Mystique (avec la collaboration de France Culture) |
bonjour Benoit, L'usage de la raison ne peut que nous amener à constater que la raison n'est pas tout. Il y a un "au-delà de la raison" auquel la raison elle-même peut nous conduire. je tourne et je retourne, j'essaye avec mes modeste moyens, mais sans une definition concrete du 1, on ne peux batir.Il faut donc user d'un artifice et créer un 1 artificiel qui n'a de valeur que celle de la creation des mains de l'homme. Pure vue de l'esprit ce 1 a t'il une constante, une periodicité voire un poids, je reste tel le nehanderthalien devant mon cadavre, perplexe ne sachant que faire mettre des fleurs et de la nourriture, des fois qu'il revive?pour me consoler de cette nouvelle solitude je vais créer une autre dimension dans laquelle, ce cadavre revivra de maniere heureuse ou malheureuse, mais c'est vrai aussi que ex nihilo nihil, alors?... La balle est dans votre camp cher érudit, qui se met a la portée du plus petit(merci j'apprecie c'est si rare) salutation |
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Benoît 01/12/2004 00:05 |
re : Mystique (avec la collaboration de France Culture) |
>> "Il y a un "au-delà de la raison" auquel la raison elle-même peut nous conduire." Cela ne signifie pas forcément la religion non plus. Mais l'intérêt des démarches mystiques, particulièrement celles fondées sur la théologie négative, est de nous ouvrir vers un "tout autre", que nous ne pouvons définir. Si je dis que l'infini excède, par définition, ma capacité de compréhension (au sens propre du terme), je ne renonce pas pour autant à l'usage de la raison, mais je prends en considération ce qui la dépasse. De même, à la question "pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?", il n'est pas possible de répondre simplement par un enchaînement de faits. La question garde une dimension de mystère à laquelle je suis personnellement attaché. Je ne souhaite pas vraiment avoir la réponse à cette question. Mais je veux pouvoir continuer de me poser de pareilles questions, sans prétendre de manière quelque peu présomptueuse que la raison humaine est capable d'y apporter des réponses. Pour ma part, je reste résolument agnostique : mais avec une ouverture sur la dimension mystique. |
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Benoît Beyer 06/12/2004 23:21 |
Résumés des communications |
Colloque international Mystique : la passion de l'Un, de l'Antiquité à nos jours Résumés des communications Les structures mentales de la mystique occidentale Boris Todoroff (KUL) Qu'est-ce que la mystique ? Se basant sur son étude approfondie de l'histoire et de l'évolution de la mystique occidentale, depuis ses racines jusqu'à nos jours (parue sous le titre Laat heb ik je liefgehad, Davidsfonds, Louvain, 2002, 476 pages), Boris Todoroff expose les idées maîtresses et les mots clefs de ce qu'est, pour l'occidental, la mystique. Il recherche les présuppositions qui guident les opinions sur les voies d'accès, les modes de connaissance et l'expérience de la mystique ainsi que les reproches qu'on lui fait, et prouve que même la spiritualité actuelle est infiniment redevable de l'héritage millénaire de la mystique occidentale. Ainsi, il trace le cadre mental préliminaire à partir duquel fonctionne toute idée occidentale, programmée en réalité par les siècles passés, de ce qu'est la mystique. Même les tentatives actuelles de " démanteler " et de " trans-former " cette mystique (soit en version New Age, soit en d'autres formes) ne font que s'insérer dans le schéma de base de notre pensée occidentale sur la mystique. Les techniques de méditation et les inductions 'théurgiques' vers les états mystiques Jean Dierkens (UMH-ULB) Les univers des " Entités Spirituelles " sont variés (âmes de défunts, saints, Génies, daïmones, Dieux, Démiurge, etc) et sollicitent des approches spécifiques suivant les préalables religieux utilisés (spiritisme, mysticisme chrétien, soufisme, bouddhisme, chamanisme, etc). La théurgie néoplatonicienne inspirée de la tradition grecque cherche à s'approcher de la seule Divinité Supérieure (considérée comme unique même dans ses aspects multiples), au-delà de la reconnaissance occasionnelle des guides personnels et des Génies. Elle s'appuie à la fois sur des techniques de méditation utilisant d'une manière mesurée le corps dans sa dimension " subtile " et sur l'homologie existant entre les archétypes psychologiques et les dynamismes organisateurs du cosmos. Son but est la création d'un corps de lumière et la fusion avec la Divinité, lors d'extases riches en apports noétiques. La référence aux mystères chez Platon et dans l'histoire du platonisme Luc Brisson (CNRS) Chez Platon, on trouve un usage très fréquent du vocabulaire des mystères associé au passage, par l'âme, de la perception sensible à la contemplation des réalités intelligibles assimilées aux objets sacrés montrés à l'initié au terme d'une cérémonie religieuse. Le même vocabulaire sera utilisé plus tard dans un contexte légèrement différent par les platoniciens, qui pratiqueront une interprétation allégorique permettant de dévoiler sous le sens apparent des mythes, dérisoire ou choquant, le sens philosophique profond qui s'y trouvait caché. Avec Plotin, tout change. Au passage du sensible à l'intelligible, vient se superposer l'union avec l'Un, décrit aussi à l'aide du vocabulaire des mystères, mais interprété en un sens différent. Philon d'Alexandrie et la mystique Sabrina Inowlocki (ULB) Cette communication constitue une présentation succincte des principaux traits de la mystique philonienne ainsi qu'un survol des développements de la recherche moderne sur le mysticisme de Philon. Elle évoquera également quatre des figures exploitées par Philon dans le cadre de sa recherche sur la connaissance du divin : Abraham, Moïse, les Thérapeutes, et Philon lui-même. L'examen de ces figures conduira à la question du rapport entre mystique et prophétie chez Philon. Il sera ensuite question du genre de mysticisme prôné par le philosophe et de la façon dont on a tenté de reconstruire les différentes étapes de sa pratique mystique. La manière dont ce dernier envisage la rencontre avec le divin sera également évoquée. Enfin, la dernière (brève) partie de cet exposé sera consacrée à la recherche sur la réception et l'influence de la mystique philonienne sur les mystiques ultérieurs, dont Plotin. Le statut de l'intellect dans l'union mystique Ysabel de Andia (CNRS) La question du statut de l'intellect dans l'union mystique manifeste la relation cachée entre la philosophie grecque et la mystique chrétienne. Certes les mystiques chrétiens ont une expérience de l'union avec Dieu qui ne doit rien à la philosophie, mais, lorsqu'ils veulent l'exprimer, ils empruntent la voie des philosophes grecs qui ont pensé, chacun à sa manière, la relation de l'intellect et du premier principe, l'Un ou Dieu. Pour montrer ce statut, nous prendrons quelques auteurs représentatifs de différentes positions : 1. l'" union au-delà de l'intellect " (henôsis huper noun) chez Proclus et Denys l'Aréopagite, mais avant eux le texte du Traité 38 de Plotin sur les deux états de l'intellect dont Denys s'est inspiré au chapitre VII des Noms divins, 2. l'" état de l'intellect " (katastasis voos ou tou nou) dans la prière chez Évagre le Pontique, et 3. la " passivité " de l'intellect dans la Ténèbre divine, aussi bien chez Denys que chez Jean de la Croix. Mystique et rationalité chez les penseurs latins des XIe-XIIe siècles Christian Brouwer (ULB) Parmi les penseurs latins des XIe et XIIe siècles, Bernard de Clairvaux est un des grands auteurs considérés comme mystiques. Et c'est à juste titre puisque ses écrits contiennent la description d'une ascension vers l'union de l'homme avec la divinité, voire d'une divinisation de l'homme. Toutefois, en tant que raison, considération ou intellection, la rationalité est loin d'être exclue de cette quête. Il n'est donc pas inutile de déterminer quelle place Bernard accorde à la rationalité dans l'ascension mystique. Ce faisant, l'on est amené à repérer des similitudes avec l'œuvre d'Anselme de Canterbury, connu pour avoir placé la raison au centre de sa recherche de la divinité. En comparant quelques textes significatifs de ces deux grands penseurs, l'on trouvera plus d'un point commun sur le rôle de la rationalité, mais aussi des perspectives bien distinctes sur la possibilité de l'union mystique. Les fondements anthropologiques de la mystique cistercienne au XIIe siècle : une théorie de l'affectivité Damien Boquet (Université de Provence Aix-Marseille I) Les historiens ont souligné la tonalité affective de la mystique occidentale. En revanche, ils ont peu envisagé la réciproque : quel rôle a pu avoir la mystique dans la construction de l'identité affective de l'homme occidental ? Nous posons la question à partir de l'exemple cistercien et de son historiographie moderne. Au XXe siècle, la pensée cistercienne a acquis le statut de " théologie mystique " dont la spécificité résidait dans une théorie originale de l'amour. Cette lecture s'est accompagnée de débats qui se sont progressivement apaisés pour ressurgir à la fin du siècle autour de l'existence d'une " mystique communautaire " de l'amitié. On vérifie ainsi l'interaction entre les perceptions contemporaines de l'affectivité et l'interprétation de la mystique médiévale. Nous en montrons les enjeux en analysant le concept d'affectus, socle anthropologique de la mystique cistercienne, à la fois héritier de la philosophie antique (passion) et ancêtre des théories modernes (pulsion). L'amour de Dieu dans la spiritualité cartusienne, l'héritage du XIIIe siècle Nathalie Nabert (Institut catholique de Paris) Dans les écrits cartusiens, qui fondent la théologie mystique, à partir du XIIIe siècle, sur la pensée de Denys l'Aréopagite, avec Hugues de Balma et Guigues du Pont, et, au XVe siècle, avec Denys le chartreux, l'expression de la passion de l'Un tisse le contenu d'une littérature théorique qui repose sur trois aspects : l'énonciation de la réalité une et trine de Dieu présentée comme l'expression d'une réflexivité aimante et harmonieuse entre les trois personnes, qui se communique à l'esprit tourné vers la contemplation par la médiation du Christ miséricordieux et rédempteur donné à l'imitation de chacun. Le constat d'une incapacité à connaître Dieu et à le nommer qui façonne la rhétorique apophatique et analogique de la théologie mystique exposée par Hugues de Balma à travers les trois voies de l'ascension vers Dieu. Les métamorphoses du désir de Dieu justifiant ces écrits, allant d'une mystique sponsale aux rêveries du ravissement divin, prélude à la vision béatifique des temps eschatologiques, seront observées pour finir. L'Un, l'Être et la Trinité chez Eckhart Marie-Anne Vannier (Université de Metz) Eckhart est souvent classé parmi les penseurs de l'Un, et c'est vrai, le Sermon 71 le montre. Par l'intermédiaire de Denys, en particulier, il est passé de l'ontologie à l'hénologie, mais il a également repensé l'apport de Denys, en fonction de la théologie trinitaire, qui est le sous-bassement de son oeuvre latine. Ainsi la Déité qu'il présente en point d'orgue exprime-t-elle la Trinité immanente. Le sommet de la contemplation chez Nicolas de Cues Jean-Michel Counet (UCL) Nicolas de Cues a consacré plusieurs textes à la contemplation : le De Filiatione Dei, le De Visione Dei, le De Apice theoriae. L'exposé s'efforcera de mettre en évidence les évolutions et les changements d'accents entre ces différents ouvrages, de façon à pouvoir caractériser l'itinéraire personnel du grand penseur tout au long de sa vie. La jouissance mystique selon Thérèse d'Avila et Jean de la Croix Bernard Sesé (Université Paris X-Nanterre) Jouissance : un reflet de la vie éternelle (un viso de vida eterna), selon Jean de la Croix, que l'on ne goûte que par gorgées (a sorbos), selon Thérèse d' Avila. C'est cet instant où " C'était là ", selon l'expression de Michel de Certeau, que cette étude tente d'éclairer. L'étude du champ lexical et du champ sémantique du gozo en manifeste la présence et la violence dans la pensée et l'expérience des deux mystiques castillans. Devenir Dieu par participation, telle est la finalité de l'heureuse aventure, qui advient toujours selon trois modalités indissociables : la jouissance de l'Objet divin, la ressemblance avec lui, la connaissance de ses secrets. Mais la jouissance mystique est paradoxale : l'exultation et la souffrance y alternent, laissant place au désir à jamais infini de jouir de la jouissance même de Dieu dans l'adhésion pure à la Divinité essentielle, à l'Un. Marguerite du Saint-Sacrement, le roi et le petit Jésus Jacques Marx (ULB) Le cas de Marguerite du Saint-Sacrement (1619-1648) pose la question du rôle joué par les pratiques dévotionnelles dans l'adaptation du bérullisme " métaphysicien " à la spiritualité du Carmel. Visionnaire et mystique, la carmélite de Beaune a tenté de conformer son comportement au modèle de l'adhérence bérullienne en frayant les deux voies d'accession à l'enfance spirituelle : la voie imitative et la voie unitive. Dans un premier temps, elle a vécu l'enfance de Jésus comme un exercice spirituel évoquant la nursery, dans un processus de mimétisme fortement teinté de pathos fusionnel. Dans un deuxième temps, elle a célébré la souveraineté de l'enfant-roi en construisant une représentation fortement marquée par l'iconographie carmélitaine. Son cas semble vérifier le fait que la démarche mystique a pu profiter de tout un labeur intime, à la fois contemplatif et pratique, issu des milieux cellulaires, matérialisé par des " divins travaux " menés dans l'ombre des cloîtres et disant la singularité de la " coutume des femmes ". Rapports entre mystique et théosophie (considérations méthodologiques) Antoine Faivre (EPHE) Le champ considéré se situe à l'intérieur du christianisme moderne (notamment, à partir du XVIIe siècle). D'abord, l'auteur propose une définition opératoire (en plusieurs éléments constitutifs) de " mystique " et de " théosophie ". Ensuite, il met en regard l'une de l'autre l'expérience visionnaire du " mystique " et celle du Zentralschau du théosophe. Enfin, il tente de faire ressortir les différences en matière de mode d'écriture et de contenu noétique. Quel amour devons-nous à Dieu ? La querelle du quiétisme Laurence Devillairs (Collège de France) L'Explication des maximes des saints de Fénelon est, à la fin du XVIIe siècle, l'un des derniers systèmes de théologie mystique catholique. La question qui structure l'ensemble de cet ouvrage est la détermination de l'amour que nous devons à Dieu, à un Dieu infini et sans rapport à nous. L'amour ne comble pas cet écart entre Dieu et nous mais le maintient, en exigeant notre désintéressement le plus parfait : aimer Dieu pour lui-même est l'aimer non comme un égal, en le rapportant à nous et à nos intérêts particuliers, mais c'est l'aimer dans son infinité même, qui le place au-delà de toutes les raisons étroites et intéressées que nous pouvons avoir de l'aimer. Cette mystique du désintéressement ne demande pas notre anéantissement mais, bien au contraire, notre détermination libre et volontaire. Formulant une mystique de la volonté, Fénelon donne ainsi l'exemple d'un quiétisme d'un genre inédit et s'oppose à toutes les théologies qui fondent notre relation à Dieu sur le plaisir, la crainte ou l'espérance. Les premières histoires de la mystique au XVIIe siècle, signes de l'effacement de la mystique Jacques Le Brun (EPHE) Ce qu'Henri Bremond appelait la conquête mystique au XVIIe siècle a assuré à cette discipline " moderne " une justification historique, linguistique et théorique, mais les raisons mêmes de son succès expliquent les difficultés qu'elle a rencontrées et les condamnations qui occasionnèrent son déclin. La mystique s'était constitué une " tradition ", s'était découvert des ancêtres, le passé autorisant le présent, tandis que des œuvres théoriques en présentaient les fondements théologiques et philosophiques. Mais par là la mystique s'était " normalisée ", devenait donc soumise à toutes enquêtes historiques, critiques, voire linguistiques, comme toutes les autres disciplines. Les premières " histoires de la mystique " aboutirent à placer cette discipline dans les histoires des " hérésies ", de l' " hétérodoxie ", et des mythes. Les documents de la tradition prenaient place dans des ensembles dont l'organisation constituera par elle-même une interprétation de cette tradition. L'apostasie mystique de Shabbetaï Zevi, le messie de Smyrne (1666) Thomas Gergely (ULB) Né en 1626 à Smyrne (Izmir), Shabbetaï Zevi, fils de modestes marchands juifs, se convaincra, vers ses dix-huit ans, d'être le Messie attendu par Israël. Soutenu dans sa conviction par un certain Nathan, dit de Gaza, son prophète personnel, il se proclamera Messie en 1665 et annoncera la chute de Mehmet IV, sultan de Turquie, pour 1666, date à laquelle il rétablirait temporellement Israël en Terre Promise. À cette nouvelle, pris de frénésie, les Juifs se précipiteront, de partout, à Constantinople. Alerté par l'agitation, le sultan fera arrêter Shabbetaï et lui proposera de décider entre la mort et l'apostasie. Sans hésiter, le prétendu Messie choisira le turban vert, étouffant ainsi, lui-même, les espoirs qu'il incarnait désormais. Ses disciples interpréteront pourtant son apostasie comme une démarche hautement mystique, équivalente à un exil purificateur, mais en islam, destiné à racheter, par le combat qu'il y mènerait, les péchés d'un monde encore indigne de recevoir son Rédempteur. Il mourra, en 1676, dans une prison d'Albanie, où les Turcs, excédés, auront fini par jeter leur encombrant converti. Mysticisme, Avant-Garde et Marginalité dans le sillage du Monte Verità Wolfgang Wackernagel (Genève) Vers 1905, en Europe, le Monte Verità était sans doute l'ultime paradis des " -ismes ", encore vécus avec une certaine innocence. Parmi ces nombreux " -ismes ", on a aussi répertorié le mysticisme. Dans cet exposé, nous allons commencer par présenter un état des lieux de la première phase du Monte Verità, aux environs de 1905, avant de tenter de répondre à trois questions : 1. Comment un groupe de chercheurs marginaux en est-il venu à donner le nom de " Monte Verità " à une colline apparemment vierge, sans histoire et dépourvue de toute dénomination significative ? 2. Quels sont les éléments mythologiques, théologiques et philosophiques traditionnels, qui se sont cristallisés dans cette mouvance éphémère ? 3. Qu'y avait-il au juste de " mystique " dans cette mouvance et dans ce site ? La mystique de la maternité divine Michel Cazenave (France Culture) Le féminin a toujours été le refoulé de la théologie chrétienne. Sous l'attraction de l'Aphrodite Ourania, âme du monde selon Proclus, et médiatrice à l'intellect, le Saint-Esprit sera longtemps considéré comme de nature féminine ? Cf. les polémiques de l'Évangile de Philippe, d'Origène ou de saint Jérôme. Cette veine se perpétuera pourtant en filigrane, et resurgira dans l'orthodoxie contemporaine : quand Soloviev rétablit la Vénus trans-ascendante du néoplatonisme, son égérie de cœur, Anne-Marie Schmidt propose tout uniment une Trinité composée du Père, du Fils et de la Fille, tandis que Zinovia Douchkova transforme aujourd'hui la Trinité en Quaternité divine qui se révèle à travers la Sophia éternelle. Deux positions emblématiques de la nouvelle théologie féministe…. Impact de la mystique catholique féminine dans la conjoncture actuelle du fait religieux en France Jacques Maître (CNRS) La mystique affective féminine catholique qui s'est épanouie au fil du deuxième millénaire connaît aujourd'hui en France une vogue médiatique et éditoriale. Mais l'emprise de l'appareil ecclésiastique sur la société s'est effondrée en un demi-siècle. Le crépuscule des dogmes a fait tomber jusqu'au rang de pathologies psychiatriques les macérations corporelles autrefois valorisées, dont nous trouvons l'écho dans les automutilations adolescentes et dans l'anorexie mentale. En revanche, l'affaissement du quasi-monopole de l'Église dans le champ de la mystique a libéré des forces sociales de créativité religieuse ; nous en voyons les effets avec l'approche déconfessionnalisée de l'expérience mystique et avec la montée de la religiosité comme ressenti émotionnel. La promotion culturelle de la mystique féminine ne porte guère profit au système catholique de croyances et de comportements prescrits. Par rapport au Magistère, elle alimenterait plutôt une émancipation des personnes en quête de vie spirituelle. Soufisme et cosmographie musulmane aux XIIe et XIIIe siècles : convergence ou influence à propos d'une conception commune du monde ? Jean-Charles Ducène (ULB) Ignace Krachkoovski et, après lui, Maqbul Ahmad émirent l'hypothèse séduisante que l'évolution du soufisme aux XIIe et XIIIe siècles ainsi que sa diffusion influencèrent l'apparition des cosmographies arabes, la première du genre étant l'œuvre d'al-Qazwînî qui suivit justement l'enseignement d'Ibn Arabî. Or, si on constate effectivement une valorisation de la création tant chez al-Ghazâlî que chez Ibn Arabî, cette prise en compte n'est qu'une étape dans un raisonnement plus général qui vise à donner à " l'union mystique " une assise philosophique, dans les deux cas à partir du néoplatonisme. L'influence fut tout au plus une inclination à la contemplation de la création et de ses merveilles, signes évidents de la sagesse divine, comme le disent les cosmographes. De la commensurabilité des expériences mystiques en Occident et en Orient. Une comparaison entre Plotin et Shankara Joachim Lacrosse (ULB) Pour qui veut étudier l'expérience dite " mystique " ? et en particulier la description de cette expérience dans un discours donné ? dans une perspective comparatiste (Orient-Occident), les philosophies de Plotin et de Sankara offrent un terrain d'investigation privilégié. Non seulement parce que les univers de signification mis en œuvre par la langue grecque et la langue sanskrite se caractérisent par un mélange de distance et de familiarité, mais aussi parce que ces deux descriptions particulières de l'expérience mystique, au-delà de certaines différences irréductibles, présentent quelques isomorphismes frappants. À travers des questions telles que l'identité entre le centre individuel et le centre universel, la suréminence du Principe, l'ineffabilité de l'Un ou sa description positive dans un discours, nous tenterons de poser le problème de la " commensurabilité " de ces deux descriptions, à la fois si proches et si différentes, de l'expérience mystique. Manger de l'air, manger des mots. La recherche de l'aliment d'immortalité dans le taoïsme chinois Françoise Lauwaert (ULB) Les sinologues s'entendent généralement pour parler d'une " mystique chinoise ". Celle-ci trouve son origine littéraire dans les grands écrits taoïstes ? le Zhuangzi et le Daodejing ? et s'enrichit de strates de commentaires et des traditions méditatives bouddhistes. La comparaison est difficile avec les traditions monothéistes. La manière dont se raconte l'expérience et se définissent les buts diffère profondément, tout comme la langue des chercheurs. Par-delà l'hétérogénéité des récits, on peut toutefois trouver des similitudes dans les pratiques : retrait, méditation/prière, visualisations (parfois), jeûne et austérités… Je voudrais traiter ici de ressemblances apparentes ou réelles ? et aussi de différences ? dans la manière dont fut menée la quête de l'aliment parfait : nourriture du corps et de l'âme. L'hostie pour les mystiques allemandes ou italiennes, les aliments " sauvages " et l'air pour les aspirants à l'immortalité, sont les métaphores puissantes et complexes d'une union problématique entre la chair et l'esprit, union ardemment désirée d'un bout à l'autre du continent eurasiatique. |
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