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DDFC 06/10/2004 11:18 |
Hommage à Poésie sur parole |
J'aimerais proposer sur le site un article / hommage à cette émission qui, comme les Papous, a perdu sa diffusion quotidienne et ne subsiste plus que le dimanche depuis la calamiteuse grille de septembre 2004. Merci de proposer vos idées, analyses, remarques ou articles complets ![]() PS : L'hommage se trouve à l'adresse http://www.broguiere.com/culture/poesie.htm |
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Nini 06/10/2004 21:12 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
André Velter est un être rare. Lui ne colle pas à la sacro-sainte actualité dont on nous rabache les oreilles, et à toutes les sauces. J'ai acheté, il y'a qques années de cela, ses poèmes pour Chantal Mauduit dans le recueil "L'amour extrême". J'ai bp aimé. Très touchée par cet amour au delà de la mort. |
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josué 06/10/2004 22:11 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Petites intrusions poétiques quotidiennes qui nous font aujourd'hui grand défaut. |
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Gr ! 08/10/2004 17:28 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
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Nazdeb 08/10/2004 17:33 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Eloquent, excellent, tragiquement bien vu ! ![]() |
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AArgh! 08/10/2004 18:29 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Elle est magnifique, cette affiche! |
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Nini 08/10/2004 18:34 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Ah oui, superbe! |
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josué 08/10/2004 23:08 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Yeeeeeees! ça c'est du smiley!!! Gr!, comment et à qui diffuser ce tract visuel? siley998 |
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josué 08/10/2004 23:08 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
flûte! ![]() |
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DDFC 08/10/2004 23:10 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Patience, les diverses images de GR! seront bientôt sur le site DDFC en plusieurs resolutions ![]() |
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Nini 09/10/2004 13:57 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Cette affiche est devenue mon fond d'écran. Gr! merci. ![]() |
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Andrey Malrau 09/10/2004 16:45 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Avec ce genre d'engin (tract en jpg ou pdf) on peut imaginer une campagne d'envois électroniques ciblés. |
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CA 09/10/2004 17:25 |
Campagne internetaire |
Oui, magnifique et éloquente affiche, hommage à Gr ! et à ses dessins et affiches toujours excellents. (Ici, smiley applaudissant à tout rompre, mais je ne trouve pas, ![]() À Andrey Malrau, c'est déjà imaginé, pensez bien. La campagne papier est aussi en bonne voie. Je suppose qu'avec l'accord de l'auteur on pourrait diffuser l'image avec un texte bien senti pour le rétablissement de la quotidienne de Poésie sur parole. Ça ne ferait pas de mal à André Velter et à Jean-Baptiste Para qui doivent se sentir bien lâchés. Ne les oublions pas. CA |
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Andrey M. 09/10/2004 17:44 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
CA: {…c'est déjà imaginé, pensez bien. La campagne papier est aussi en bonne voie.} Ouhlalala… vous attisez ma curiosité!!!!! |
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DDFC 09/10/2004 22:26 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Les images de GR! sont en ligne : http://www.broguiere.com/culture/images.htm ![]() |
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Nini 09/10/2004 22:43 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Excellent! |
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Audrey Malran 09/10/2004 22:53 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
les images de GR! ne concernant pas que les papous, et risquant d'être enterrées dans les fils du forum, peut-être DDFC pourrait-il tisser un lien vers la page images.html à partit du menu 'documents'?? |
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DDFC 10/10/2004 12:00 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Bonne idée, le lien sur la page Documents est fait. Entre temps, un flyer supplementaire pour photocopies NB a été ajouté sur la page Images ![]() |
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Agnès 22/02/2005 23:23 |
re : Hommage à Poésie sur parole, paroles perd |
Quel meilleur hommage rendre à André Velter que de poursuivre ici, au fil de l'inspiration, ce qu'il nous dispensait autrefois si généreusement chaque jour sur France Culture? Voici pour ce soir: Carmen LXX NVLLI se dicit mulier mea nubere malle quam mihi, non si se Iuppiter ipse petat. dicit: sed mulier cupido quod dicit amanti, in uento et rapida scribere oportet aqua. "Je ne voudrais m'unir à nul autre que toi, Pas même à Jupiter, dit la femme que j'aime", Mais ce que femme dit à un amant épris, Ecris-le sur le vent et sur l'eau qui s'enfuit. Catulle. (traduction Pierre Feuga, La Différence, collection Orphée) ![]() |
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Agnès 22/02/2005 23:31 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Paroles perdues... |
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paul 23/02/2005 16:45 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
L'assassinat de la poésie est l'essence même de la nouvelle stratégie dite "libérale". Toute chose étrangère au fonctionnement doit disparaître, c'était la philosophie première de Staline et de Hitler. Même l'opposition gauchiste est la bienvenue tant qu'elle "fonctionne", mais jamais la poésie. paul |
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Yann 23/02/2005 18:02 |
My name is Rimbaud, Arthur Rimbaud |
Paul, il n'y a sans doute pas de complot de la CIA pour éradiquer la poésie. S'il y a désaffection, c'est parce qu'elle passe par-dessus la tête de gens occupés à poursuivre d'autres choses (sans doutes plus vaines), et la loi du marché veut que le moins populaire soit placé en dernier dans l'ordre des priorités. Mais la théorie du complot, par pitié... A quand une cellule d'intervention anti-rimailleurs à l'Elysée? On dit que le système Echelon a perfectionné son procédé d'écoutes au point de pouvoir détecter deux phrases consécutives se terminant par la même sonorité lors d'une conversation téléphonique. Les ingénieurs du contre-espionnage sont en train de perfectionner le système pour détecter les rimes croisées. Yann (qui fait une pause dans sa lutte contre les bestioles virtuelles) ![]() |
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CA 23/02/2005 19:00 |
Fantasmes |
Yann "virus killer" Sancatorze Yann se bat contre les virus ![]() C'était une parenthèse, mais je souscris entièrement à ce qui vient d'être dit. . Prétendre qu'il y a un complot politique pour "assassiner" la poésie est proprement délirant. S'il y a désaffection ou crise de la poésie (création, édition, public), les causes en sont sans doute infiniment plus complexes. C. |
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dom 23/02/2005 19:29 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
bah pour etre sensible a la poesie il faudrait etre eduquer pour, sinon cela ne reste qu'un tas de lettres alignées, comme ce que je viens d'ecrire. |
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paul 23/02/2005 19:48 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Que signifie "les causes en sont infiniment plus complexes". Réponse : rien. Je n'ai jamais dit qu'il y avait un complot contre la poésie, ILS seraient bien incapables de le monter, mais la poésie est comme la mauvaise herbe, (celle de Brassens entre-autres), elle est éliminée instinctivement du paysage. La poésie est tout ce qui reste de l'instinct ontologique de l'être humain, cet instinct gêne toute autre fonctionnement. On gomme sans faire de complot en se disant, comme vous le dites vous-mêmes, que de toute façon la poésie ne concerne qu'un happy few dont on n'a rien à foutre. Un peu de finesse SVP merci paul |
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Agnès 24/02/2005 09:10 |
Hommage à la poésie, à l'usage des & |
Éloge de la poésie ![]() Avia Pieridum peragro loca nullius ante trita solo. iuvat integros accedere fontis atque haurire, iuvatque novos decerpere flores insignemque meo capiti petere inde coronam, unde prius nulli velarint tempora musae; primum quod magnis doceo de rebus et artis religionum animum nodis exsolvere pergo, deinde quod obscura de re tam lucida pango carmina musaeo contingens cuncta lepore. id quoque enim non ab nulla ratione videtur; nam vel uti pueris absinthia taetra medentes cum dare conantur, prius oras pocula circum contingunt mellis dulci flavoque liquore, ut puerorum aetas inprovida ludificetur labrorum tenus, interea perpotet amarum absinthi laticem deceptaque non capiatur, sed potius tali facto recreata valescat, sic ego nunc, quoniam haec ratio plerumque videtur tristior esse quibus non est tractata, retroque volgus abhorret ab hac, volui tibi suaviloquenti carmine Pierio rationem exponere nostram et quasi musaeo dulci contingere melle; si tibi forte animum tali ratione tenere versibus in nostris possem, dum percipis omnem naturam rerum ac persentis utilitatem. ![]() Au domaine des Piérides je parcours une région ignorée que nul mortel encore n'a foulée. J'aime puiser aux sources vierges, j'aime cueillir des fleurs inconnues et en tresser pour ma tête une couronne unique, dont les Muses n'ont encore ombragé le front d'aucun poète. C'est que, tout d'abord, grandes sont les leçons que je donne ; je travaille à dégager l'esprit humain des liens étroits de la superstition ; c'est aussi que sur un sujet obscur je compose des vers brillants de clarté qui le parent tout entier des grâces de la poésie. N'est-ce pas une méthode légitime ? Les médecins, quand ils veulent faire prendre aux enfants l'absinthe amère, commencent par dorer d'un miel blond et sucré les bords de la coupe ; ainsi le jeune âge imprévoyant, ses lèvres trompées par la douceur, avale en même temps l'amer breuvage et, dupé pour son bien, recouvre force et santé. Ainsi moi-même aujourd'hui, sachant que notre doctrine est trop amère à qui ne l'a point pratiquée et que le vulgaire recule d'horreur devant elle, j'ai voulu te l'exposer dans le doux langage des Muses et pour ainsi dire l'imprégner de leur miel : heureux si je pouvais, tenant ainsi ton esprit sous le charme de mes vers, te faire pénétrer tous les secrets de la nature et te convaincre de l'utilité de ces études. Lucrèce, "De rerum natura", poème sur la Nature, ouverture du livre IV. (Traduction de Henri Clouard, Garnier frères) Smiley 374 |
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AArgh!!! 24/02/2005 09:11 |
à l'usage des épais |
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dom 24/02/2005 23:37 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
hem! je reste perplexe... c'est bien tourné,mais donner des bonbons amers d'arriere gout,si ces derniers camouflent un purgatif, la surprise sera desagreable, d'autant que seules le guêpes sont attirées par le sucre, a moins que le dit miel ne soit encore gardé par les abeilles, ce qui est pire car et avant et apres les picotements douloureux se feront sentir. |
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Agnès 25/02/2005 09:09 |
piqûres, Epicure... |
![]() Ce n'est pas un purgatif ![]() ![]() ![]() C'était la minute bas-bleu ![]() ![]() A. ![]() |
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w 25/02/2005 13:42 |
Absinthe |
Merci, Agnès, j'ai failli passer à côte, ç'eut été dommage. Dom, l'absinthe ça sert à ça : Tonique et apéritive, l'absinthe est utilisée contre la paresse digestive, le manque d'appétit des anémiques et des convalescent. Vermifuge contre les petits vers intestinaux. Mais faut y aller mollo, c'est toxique. Valavala, c'était ma minute pouët pouët. Ici (Anjou), il re- ![]() |
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clopine 25/02/2005 13:54 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
pour moi, l'absinthe, c'est une petite cuillère plate et percée d'ouïes comme un violon. On met un morceau de sucre dessus, et on verse très lentement de l'eau et de l'absinthe sur le morceau de sucre. C'est un truc de grands, de pères par exemple, qui font ça le dimanche devant la marmaille émerveillée. C'est un de mes seuls regrets d'héritière : ne pas avoir retrouvé la cuillère à absinthe. Parce qu'elle était belle et mystérieuse... Sinon, où donc viens-je de lire que le danger de l'absinthe réside dans un glycol qui occasionne l'épilepsie, mais qu'on vient de trouver un procédé qui évite ce léger désagrément et que donc l'absinthe va être de nouveau légale, dès cette année, chez nos voisins suisses ? ici(pays de Bray), il ![]() voilà c'était ma minute pouet pouet à moi itou. Clopine |
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CA 25/02/2005 16:15 |
Moins poétique |
Clopine, URGENT ![]() ![]() CA |
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Yann 25/02/2005 18:38 |
La poésie dans votre assiette |
Dans un style différent, et avec un autre métaphore (pour la même fin): "L'huître. L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos. A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords. Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner." C'est de Francis Ponge (Le Parti pris des choses). Pas mal du tout, is it not? ![]() J'essaie d'apprendre par coeur l'éloge de la poésie d'Agnès, mais damned, damnis, damnorum, en latin c'est pas évident. Yann ![]() |
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dom 25/02/2005 22:32 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
vouais, ce fil est interressant un peu de pochtronerie sur fond de poesie, ou plutot l'inverse, nous voila avec les huitres, le probleme c'est qu'en principe ,Yann, je t'ouvres une fine de clair en moins de deux avec cet outils nommé couteau a huitre, que l'on orne le gorgerin ( celui la m'a vraiment plu) d'une de ces perles eventuellement trouvée, faut il encore la trouver. me reviens également a l'image ces souvenirs de l'ile d'Oleron, ou armé d'un galet j'explosais la coque superieurs du coquillage, pour le manger a même le rocher( he oui Paul j'ai mon epoque nehanderthalienne). mais passons ""C'était la minute bas-bleu , promis je ferai plus, ..." bien au contraire j'espere bien que tu continuera a nous envoyer ces textes, c'est un réel plaisir de les lire Agnes, bien que mes reponses ne soient pas de la meilleures cuvée, au moins ce que tu exposes changera ou confirmera peut etre ma façon de voir, ne te genes surtout pas. dom toujours perplexe. qui sait peut etre reussira tu a vaincre le coté oiseux de ma petite personne. |
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Skakespeare 25/02/2005 22:52 |
Oui d'accord mais |
http://www.basbleu.com ou http://www.basbleu.net ? Là est la question ![]() |
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AArgh!!! 25/02/2005 22:55 |
Scrongneugneu! |
Je venais de mettre un message signé "le bas bleu de service", mais j'avais oublié mon nom, et je tombe sur le lien de Lionel!!! Je recommence ![]() |
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Agnès 25/02/2005 23:08 |
Catullus, le grand |
DICEBAS quondam solum te nosse Catullum, Lesbia, nec prae me uelle tenere Iouem. dilexi tum te non tantum ut uulgus amicam, sed pater ut gnatos diligit et generos. nunc te cognoui: quare etsi impensius uror, multo mi tamen es uilior et leuior. qui potis est, inquis? quod amantem iniuria talis cogit amare magis, sed bene uelle minus. Tu disais autrefois ne connaître que Catulle , Lesbia. Pas même pour Jupiter, tu ne m’eusses Laissé. Je t’ai chérie alors, non d’un amour vulgaire Mais comme un père chérit ses fils et ses gendres. Maintenant, je te connais ; et si je brûle plus ardemment, Tu es pour moi beaucoup plus vile et plus légère. Comment, dis-tu, est-ce possible ? C’est qu’une telle trahison contraint un amant à une passion plus grande mais amoindrit sa tendresse. C'est le poème qui fait suite à celui cité plus haut,une variation sur le même thème. Mais aussi bien plus: en huit vers, ce jeune homme qui ne sait comment exprimer le sentiment intense qui l'unit à sa maîtresse, celle qu'il a appelée plus haut "mulier mea", ma "femme", ce qui ne veut rien dire en latin, l'associe ici au sentiment qui peut l'unir à des hommes, les plus proches, de sa propre famille. C'est l'un des plus beaux poèmes que je connaisse sur ce qui est une borne sur le chemin de l'amour. Et il l'a appelée Lesbia, en hommage à Sappho, fondatrice de la lyrique grecque comme lui fonde la lyrique romaine. La prochaine fois, un distique, à la même, encore plus beau. (Et plus facile à apprendre, Yann!) Merci, Dom, pour ton petit mot! Donc: la bas bleu de service ce soir ![]() |
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Oups! 25/02/2005 23:13 |
BB and BB |
![]() ![]() ![]() ![]() Oups! Je n'avais pas ouvert le second lien... ![]() ![]() |
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dom 26/02/2005 14:58 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
arf lionel, plié le 2 eme site est moins mémère! Oups, mon oeil! le gorgerin descendait si bas, que le bleu de sa dentelle intime paraissait de mille feux ! ce fil est bien on est mené a la distraction de maniere bien agréable. bon a dans qq jours |
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lionel 26/02/2005 15:12 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
(c'est bien sûr dans un but culturel et en l'honneur de la semaine de l'Espagne que j'ai indiqué un lien olé olé) Mais c'est bien agréable qu'Agnès nous fasse connaître des poètes latins ![]() |
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Agnès 26/02/2005 17:22 |
rattrapé par les jarretelles |
"c'est bien sûr dans un but culturel et en l'honneur de la semaine de l'Espagne que j'ai indiqué un lien olé olé"... ![]() Vous avez dit "jésuite"? ![]() ![]() |
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Agnès 02/03/2005 14:51 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Puisqu'il neige un peu partout sur la France, au moins au nord, un peu de poésie. ![]() Voilà le plus beau de tous les poèmes de Catulle. Evidemment, il se comprend en référence aux torrents de tendresse et d'invectives qu'il a précédemment déversés sur Lesbia. Mais concentrer en deux vers une telle tension, et la quasi disparition du sujet, c'est magnifique. LXXXV – ODI et amo. Quare id faciam, fortasse requiris. Nescio, sed fieri sentio et excrucior. Je hais et j’aime. Comment cela se peut-il, demandes-tu peut-être. Je ne sais mais je le sens et je suis crucifié. ![]() |
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dom 02/03/2005 21:46 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
hé hé, L'eusses tu cru qu'il soit possible de manger les cruciferes, parles a Racine. puisque de crucifié te voila donc ad patrese, ne contemplant plus que les racines. sans pouvoir ni aimer ni hair. ainsi va la vie. pfiou tu parles il ya de la neige jusqua fin fond de l'Espagne, j'en reviens et il fais froid la bas. |
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Agnès 03/03/2005 02:02 |
Massacreur de Catulle! |
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Agnès 03/03/2005 20:04 |
La 1ère femme de Lettres française |
Une petite ballade de Christine de Pisan, pour réparer le tort de l'avoir oubliée sur le fil "Moyen âge". J'ai modernisé l'orthographe, à un ou deux mots près, c'est très compréhensible. Balade LXXVIII Que ferons nous de ce mari jaloux ? Je prie à Dieu qu'on le puisse écorcher. Tant se prend-il de près garde de nous Que ne pouvons l'un de l'autre approcher. A male hart* on le puisse attacher, ..............* corde L'ord*, vil, vilain, de goutte contrefait ! ..............* sale Qui tant de maux et tant d'ennuis nous fait ! Etranglé puisse être son corps des loups, Qu'aussi ne sert il, mais* que s'empêcher ! ..............* à part (?) A quoi est bon ce vieillard plein de toux, Fors à tancer, rechigner et cracher ? Diable le puisse aimer ni tenir cher, Je le hais trop, l'arné*, vieil et défait, ..............(* ce n'est pas un compliment) Qui tant de maux et tant d'ennuis nous fait. Hé! qu'il dessert bien qu'on le face coux* ..............* cocu Le babouin qui ne fait que chercher Par sa maison ! hé quel avoir ! secoue Un peu sa peau pour faire aller coucher, Ou les degrés* lui faire, sans marcher, ..............(*les escaliers) Tôt avaler*, au vilain plein d'agait, .............. * dégringoler Qui tant de maux et tant d'ennuis nous fait ! ![]() |
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dom 03/03/2005 21:27 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
C. de Pisan vivait avec un vieux ? pour que ces lamentations de jouvencelles detestent a ce point les chenus. C'est pas mal, sauf que le coté tuberculose du vieux crachant ses poumons, glaviotant de ci de la ne cache que la dote convoitée par la plaignante. |
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Yann 04/03/2005 00:26 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Euh, oui, enfin, elle est tombée veuve à 25 ans... C'est ce qui l'a motivée à gagner sa vie en devenant "homme de lettres" (femme de lettres, c'était un peu l'ovni du Moyen-Age). Plutôt que penser à la dot, elle en était bien navrée...: "Seulete suy et seulete vueil estre, Seulete m'a mon doulz ami laissiee, Seulete suy, sans compaignon ne maistre, Seulete suy, dolente et courrouciee." Ballade ![]() ![]() Yann ![]() |
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Agnès 04/03/2005 07:08 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Il faut que je retrouve "C'est douce chose que mariage Je le pourrai par moi prouver Pour qui a mari bon et sage Comme Dieu me l'a fait trouver...." ![]() mais Christine de PiZan sur la toile, (apparemment, c'est désormais l'orthographe officielle), c'est pas une sinécure! De toute évidence,elle fait partie des proies de la littérature "de genre" aux USA. [Non, Dom, la ballade ci-dessus est un poème humoristique, sur un thème très classique au Moyen-âge, le sel étant que l'auteur est une femme.] ![]() ![]() |
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Visitation 04/03/2005 14:09 |
Pour en revenir à Poésie sur parole |
Faut bien dire que cette émission s'est tuée elle-même dans la routine et la sclérose formelles...Plus prévisible et formatée, tu meurs! Le contraire de la poésie, non? |
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AArgh!!! 04/03/2005 16:46 |
DDFC= Sainte Elizabeth? |
Ma foi, dans ma routine personnelle, entendre de BELLES voix lire brièvement de beaux textes infiniment renouvelés, c'était un plaisir que je recherchais. J'y ai découvert des poètes dont j'ignorais tout, de tous les lieux et de toutes les époques, voyages immobiles dans l'espace et dans le temps. (Des poètes aussi que j'ai détestés, mais pourquoi pas?) et André Velter et JB Para sont des hommes de passion et de radio, dont les voix absentes se font cruellement sentir dans ce vacarme quotidien de chroliiiiques, de voix criardes ou pseudo-juvéniles, ce débit ininterrompu de leçons en tous genres, routinées d'emblée, mais loin de toute FORME. ![]() |
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la reine des belges 04/03/2005 21:14 |
euh mais quelle routine ? |
Hello. Content de trouver un fil où on peut parler de radio. A "Visitation" : je ne suis pas certain de comprendre la qualification de routine : c'est sur que PSP y avait une sorte de régularité et assez peu de surprise. Mais on peut en dire autant de n'importe quelle collection : les recueils de "poésie-gallimard", ou bien "poètes d'aujourd'hui" chez Seghers, on peut aussi bien les taxer de routinières. Et même les fables de La Fontaine y a aussi de la routine alors tant qu'on y est. la poésie n'en est pas expulsée pour autant. Donc non, la routine là vraiment je ne comprends pas. Au contraire, l'émission de milieu d'après midi cassait la routine radio... Laurent Nadot |
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dom 05/03/2005 00:29 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
c'est vrai que ce fil est tres calme,Agnes mene le bal alimentant chaque jour une nouveauté, du moins pour moi,tranquille et amusant que ce fil. j'ai même pas envie de savoir si C De Pizan etait de gauche, des fois que l'on puisse politiser le Moyen Age. en fait c'est tres bien, moi qui ne suis pas sensible a ce genre de texte, voila que je les lis . merci Agnes continue. |
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dom 05/03/2005 19:28 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
au fait, Agnes ce ne serait pas toi, par hasard, l'auteur du texte en vieux français contre ![]() |
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Agnès 10/03/2005 09:09 |
Le poème du jour |
Le portrait d'un solennel imbécile, - inventé par Henri Monnier, M.Prudhomme est le type du bourgeois solennel et pompeux, sentencieux et déclamatoire, qui s'égare dans ses métaphores ("Le char de l'État navigue sur un volcan") – et concentré en un sonnet fort divertissant par un Verlaine très en verve. Monsieur Prudhomme ![]() Il est grave : il est maire et père de famille. Son faux col engloutit son oreille. Ses yeux Dans un rêve sans fin flottent insoucieux, Et le printemps en fleurs sur ses pantoufles brille. Que lui fait l'astre d'or, que lui fait la charmille Où l'oiseau chante à l'ombre, et que lui font les cieux, Et les prés verts et les gazons silencieux ? Monsieur Prudhomme songe à marier sa fille Avec monsieur Machin, un jeune homme cossu. Il est juste-milieu, botaniste et pansu. Quant aux faiseurs de vers, ces vauriens, ces maroufles, Ces fainéants barbus, mal peignés, il les a Plus en horreur que son éternel coryza, Et le printemps en fleurs brille sur ses pantoufles. Paul Verlaine, Poèmes Saturniens. ![]() |
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w 16/03/2005 16:39 |
Anna ma soeur, ne vois-tu rien venir ? |
Je la ramène en la matière, apèrs notre chère Agnès, aux chevilles de laquelle je n'arrive point et de loin, avec le seul et unique bouquin (même si en 3 tomes) bilingue latin-français de ma bibli : L'Enéide de Virgile. S'il m'en souvient, Agnès, c'est bien le livre IV que tu me vantais avec lyrisme, right ? V'la l'début : At regina graui iamdudum saucia cura uolnus alit uenis et caeco carpitu igni. Multa uiri uirtus animo multusque recursat gentis honos ; haerent inflixi pectore uoltus uerbaque, nec placidam membris dat cura quietem. Postera Phoebea lustrabat lampade terras unemtemque Aurora polo dimouerat umbram, cum sic unanimam adloquitur mal sana sororem : « Anna soror, quae me suspensam insomnia terrent ! quis nouos hic nostris successit sedibus hospes, quem sese ore ferens, quam fortis pectore et armis ! Credo equidem, nec unana fides, genus esse deorum. Degeneres animos timor arguit. Heu, quibos ille iactatus fatis ! quae bella exhausta canebat ! Si mihi non animo fixum immotumque sederet ne cui me uinclo uellem sociare ingali, postquam primus amor deceptam morte fefellit ; si non pertaesum thamali taedaeque fuisset, huic uni forsan potui succumbere culpae. Mais la reine depuis longtemps blessée d'un mal inguérissable nourrit sa plaie du sang de ses veines et se consume d'un feu caché. Sans cesse la valeur, sans cesse la noble ascendance du héros se représentent à son esprit ; traits du visage, parole restent gravés dans son coeur et le mal dont elle souffre refuse à ses membres l'apaisement, le repos. Le lendemain, l'Aurore illuminait les terres du flambeau de Phébus, avait, à peine, au ciel dissipé l'ombre humide que, l'esprit égaré, elle s'adresse ainsi à sa soeur, son autre âme : «Anna ma soeur, quelles visions nocturnes m'inquiètent et m'effraient ! Quel est ce nouvel hôte entré dans nos demeures ! Quelle assurance sur son front ; quelle force dans son coeur et dans ses armes ! Oui, je le crois, et sans me tromper, il est bien de la race des dieux. La peur découvre les âmes sans noblesse. Lui, hélàs ! quels destins l'ont éprouvé ! Quelles guerres il nous contait, épuisées jusqu'au terme ! Si je ne retrouvais en moi, gravé dans mon âme, aussi ferme que jamais, le refus de m'unir à un homme dans les liens du mariage, après cette déception d'un premier amour que la mort m'a ravi, si je n'avais pris en horreur l'hymen et ses flambeaux, il est le seul pour qui j'ai pu avoir une faiblesse. Enéide, Virgile, début du livre IV (Tome 1), Les belles Lettres, Texte établi et traduit par Jacques Perret (que je trouve quand même lourdingue notamment sur le début du 2e paragraphe «Le lendemain, l'Aurore illuminait... avait...» et un poil décalé dans l'utilisation de la virgule, mais la critique est aisée). J'ai hésité avec le fil «liseron», un des miens préférés. Je voudrais surtout pas passer pour une latiniste distinguée : là je viens de ramer grave. Mais c'est histoire d'ajouter une petite brique au soutien du latin et du grec (j'ai rien en VO grecque dans ma bibli, même pas Homère, et quand je me suis trouvée en Grèce actuelle, lire les panneaux routiers, les menus... me faisait ânonner péniblement avant de tenter de traduire ce que je pouvais, c'est à dire pas grand'chose). Tiens, j'avais noté une référence - toujours recommandée par Agnès - du style "le grec pour les nuls" ou "méthode assimil de grec", je l'ai en bas, mais pas sous la main. Ah oui, tout ça serait bien sur «liseron» ! Une question : ça signifie quoi «texte établi par» ? Ca laisse des "libertés" de retouche sur l'original ? Zaza la Vandale |
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A. 16/03/2005 21:11 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
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w 18/03/2005 14:14 |
One more traduc' |
Je ne trouvais pas la traduction d'une joliesse extatique, "lourdingue", disais-je. Et comme en plus Agnès la trouve "discutable", j'ai fait un tour sur le site de remacle (merci pour le lien, Dom !) http://remacle.org/ ... et je trouve ça plus sexy, j'espère que les sauts de lignes qui respectent les vers ne parasitent pas trop la lecture. 4, 1 Mais la reine, blessée par l'angoisse oppressante de l'amour, entretient son mal en ses veines, se consume en un feu secret. Sans cesse lui reviennent à l'esprit la grande valeur, l'immense prestige de la race du héros, dont les traits et les paroles restent fixés en son coeur ; 4, 5 l'inquiétude ne laisse point à ses membres la douceur du repos. L'Aurore suivante parcourait la terre portant le flambeau de Phébus ; elle avait à peine chassé du ciel les ombres humides que, l'esprit égaré, Didon s'adresse ainsi à sa soeur, son intime confidente : "Anne, ma soeur, des songes terrifiants me laissent perplexe ! 4, 10 Tu vois cet hôte qui vient d'entrer en nos demeures ! Quelle noblesse il porte sur son visage, avec ce coeur vaillant et ces faits d'armes ! Il est de la race des dieux, je le crois vraiment, et je ne me trompe pas ! La crainte dévoile les âmes viles. Mais lui, comme les destins l'ont malmené ! Et les guerres qu'il nous a contées, vécues jusqu'à l'épuisement ! 4, 15 Si en mon coeur n'était arrêtée, fixe et irrévocable, ma volonté de ne m'unir à aucun homme dans les liens du mariage, depuis que la mort m'a déçue, me privant de mon premier amour, si je n'avais pris en horreur la couche et les torches nuptiales, pour lui seul peut-être aurais-je pu succomber à cette faute. ![]() |
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Agnès 18/03/2005 18:14 |
Un petit point de traduction |
Merci, Wanda, celle-ci n'est pas mal, elle est de qui? et elle a l'avantage de la disposition en vers, qui respecte qqch de la "respiration" du texte. Mais "Sororem unanimam", c'est magnifique, c'est la soeur avec laquelle elle n'a qu'une seule âme, je dirais "la moitié de son âme"... ![]() |
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Louise 19/03/2005 23:45 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Aujourd'hui fut beau et demain, c'est le Printemps ++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ Impression de printemps Paul Verlaine Il est des jours - avez-vous remarqué ? - Où l'on se sent plus léger qu'un oiseau, Plus jeune qu'un enfant, et, vrai ! plus gai Que la même gaieté d'un damoiseau. L'on se souvient sans bien se rappeler... Évidemment l'on rêve, et non, pourtant. L'on semble nager et l'on croirait voler. L'on aime ardemment sans amour cependant Tant est léger le coeur sous le ciel clair Et tant l'on va, sûr de soi, plein de foi Dans les autres, que l'on trompe avec l'air D'être plutôt trompé gentiment, soi. La vie est bonne et l'on voudrait mourir, Bien que n'ayant pas peur du lendemain, Un désir indécis s'en vient fleurir, Dirait-on, au coeur plus et moins qu'humain. Hélas ! faut-il que meure ce bonheur ? Meurent plutôt la vie et son tourment ! Ô dieux cléments, gardez-moi du malheur D'à jamais perdre un moment si charmant. |
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Agnès 20/03/2005 06:00 |
re : Hommage à Christine...de Pizan |
Merci Louise, pour ce joli Verlaine ! C’est agréable de sentir passer le cours de la vie et le souffle de l'air printanier sur ces fils ! Quant à moi, j’ai trouvé le poème de Christine de Pizan que je recherchais. Seulement, je le tire d’une vieille anthologie qui a adapté les textes en français moderne – au plus près, pour les rendre lisibles – , je ne suis donc pas sûre de l’exactitude absolue du poème, mais somme toute, ce n’est pas grave ! C’est une ballade. C’est douce chose que mariage – Je le pourrais par moi prouver – Pour qui a mari bon et sage Comme Dieu me l’a fait trouver. Loué soit celui qui sauver Me le veuille, car son soutien, Chaque jour je l’ai éprouvé, Et certes, le doux m’aime bien. La première nuit du mariage, Dès ce moment, j’ai pu juger Sa bonté, car aucun outrage Ne tenta qui dût me blesser. Et avant le temps du lever Cent fois me baisa, m’en souviens, Sans vilenie dérober, Et certes le doux m’aime bien. Il parlait cet exquis langage : « Dieu m’a fait vers vous arriver, Tendre amie, et pour votre usage, Je crois, il voulut m’élever. » Ainsi ne cessa de rêver Toute la nuit en tel maintien, Sans nullement en dévier, Et certes, le doux m’aime bien. Envoi : Princes, d’amour peut m’affoler Quand il me dit qu’il est tout mien ; De douceur me fera crever, Et certes, le doux m’aime bien. ![]() Et voici la plus célèbre ballade, (citée brièvement par Yann plus haut), où elle pleure la mort de son mari. Seulette suis et seulette veux être, Seulette m'a mon doux ami laissée, Seulette suis, sans compagnon ni maître, Seulette suis, dolente et courroucée Seulette suis en langueur mésaisée, Seulette suis plus que nulle égarée, Seulette suis sans ami demeurée. Seulette suis à huis ou à fenêtre, Seulette suis en un anglet muchée, Seulette suis pour moi de pleurs repaître, Seulette suis, dolente ou apaisée, Seulette suis, rien n'est qui tant me siée*, Seulette suis en ma chambre enserrée, Seulette suis sans ami demeurée. Seulette suis partout et en tout être, Seulette suis,où je voise ou je siée* Seulette suis plus qu'autre rien terrestre, Seulette suis de chacun délaissée, Seulette suis durement abaissée, Seulette suis souvent toute éplorée, Seulette suis sans ami demeurée. Princes, or est ma douleur commencée : Seulette suis de tout deuil menacée, Seulette suis plus teinte que morée*, Seulette suis sans ami demeurée. *(seye) *(ou que j’aille ou m’asseye) *(plus sombre que la mûre ?) ![]() |
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Toufoulkan 21/03/2005 11:08 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
En raison de Poésie sur Parole, le Carême protestant n'est plus diffusé à partir du 21 mars. |
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dom 21/03/2005 17:27 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
c'est bien ce fil, c'est calme. |
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Agnès 22/03/2005 22:05 |
Franchement inconvenant... |
...ce soir. Mais délicieusement exprimé. Madame, je vous donne un oiseau pour étrenne Duquel on ne saurait estimer la valeur; S'il vous vient quelque ennui, maladie ou douleur, Il vous rendra soudain à votre aise et bien saine. Il n'est mal d'estomac, colique ni migraine Qu'il ne puisse guérir, mais surtout il a l'heur Que contre l'accident de la pâle couleur Il porte avecque soi la drogue souveraine. Une dame le vit dans ma main l'autre jour Qui me dit que c'était un perroquet d'amour, Et dès lors m'en offrit bon nombre de monnoie; Des autres perroquets il diffère pourtant: Car eux fuient la cage, et lui, il l'aime tant Qu'il n'y est jamais mis qu'il n'en pleure de joie. Isaac de Bensérade (1612 – 1691) ![]() ![]() ![]() |
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w 23/03/2005 10:18 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Pas fait un tour sur le forum depuis qq jours, désolée pour le retard de réponse, Agnès : la traduc est des Remacle boys, c'est celle que j'ai trouvée sur le précieux site que Dom nous a indiqué. |
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Laurent Nadot 23/03/2005 12:40 |
Il va falloir écrire... |
Poésie sur parole n'étant pas détruit, et la suppression de la séquence quotidienne étant très récente, on peut espérer la renaissance de cette dernière si la nouvelle direction entreprend non pas de défaire (lire : refaire) ce que Ginette a fait (lire : démoli), mais simplement si France-Culture est un peu restaurée en accord avec sa vocation et son cahier des charges. En tous cas, les amateurs de ce fil sont concernés par une rediff de Une vie une oeuvre (autre merveille radio, pépinière de docus peut-être sauvée de peu apr le départ de Ginette) : dans la nuit de lundi à mardi, de 1h à 2h25 Une vie une oeuvre : Claude Hopil Prod Michel Cazenave. 1ère diffusion : 21/11/99 LN |
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CA 23/03/2005 13:09 |
Soyons prêts |
Oui, je me fais exactement la même réflexion pour PSP que pour les Décraqués et leurs quotidiennes supprimées par diktat adlerien. Dans un cas, comme dans l'autre, il ne s'agit que (que ? ) d'une parenthèse d'un an. Les équipes sont en place (moins Jean-Baptiste Para, moins Bertrand Jérôme), la formule de ces deux émissions est restée inchangée pendant ce temps. Une fois que le successeur de la Dingue de la Maison de la Radio sera connu, et que sa ligne éditoriale sera annoncée, il va falloir être sur les starting-blocks pour écrire à la new Direction, et pas seulement ici. (Quelques signataires de plus sur la pétition pour les Décraqués, ![]() C. |
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Agnès 09/04/2005 22:22 |
Pour clore la semaine |
Un peu de poésie? dans la veine suggérée par le fil aéré quoique Nadellien: Marcher d'un grave pas, et d'un grave sourcil, Et d'un grave souris à chacun faire fête, Balancer tous ses mots, répondre de la tête, Avec un "Messer non", ou bien un "Messer si" : Entremêler souvent un petit "E cosi", Et d'un "Son Servitor" contrefaire l'honnête, Et comme si l'on eût sa part en la conquête, Discourir sur Florence, et sur Naples aussi : Seigneuriser chacun d'un baisement de main, Et suivant la façon du courtisan Romain, Cacher sa pauvreté d'une brave apparence : Voilà de cette cour la plus grande vertu, Dont souvent mal monté, mal sain, et mal vêtu, Sans barbe et sans argent on s'en retourne en France. *** Veux-tu savoir, Duthier, quelle chose c'est Rome ? Rome est de tout le monde un publique échafaud*, *scène Une scène, un théâtre, auquel rien ne défaut De ce qui peut tomber ès actions de l'homme. Ici se voit le jeu de la fortune, et comme Sa main nous fait tourner ores bas, ores haut Ici chacun se montre, et ne peut, tant soit caut*, *rusé Faire que tel qu'il est, le peuple ne le nomme. Ici du faux et vrai la messagère court, Ici les courtisans font l'amour et la cour, Ici l'ambition et la finesse abonde : Ici la liberté fait l'humble audacieux, Ici l'oisiveté rend le bon vicieux, Ici le vil faquin discourt des faits du monde. Joachim du Bellay (1522-1560) "Les regrets" ![]() ![]() ![]() ![]() |
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dom 09/04/2005 23:58 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
J'avoue Agnes que ce fil est particulierement sympa, je ne peux l'alimenter au sens ou la poesie et moi, ben, je ne peux que me contenter de la lire alors bon accepte cet encouragement; je ne peux pas faire plus. |
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A. 10/04/2005 16:51 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
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Louise 15/04/2005 23:35 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Vieille chanson du jeune temps Je ne songeais pas à Rose ; Rose au bois vint avec moi ; Nous parlions de quelque chose, Mais je ne sais plus de quoi. J'étais froid comme les marbres ; Je marchais à pas distraits ; Je parlais des fleurs, des arbres Son oeil semblait dire: " Après ? " La rosée offrait ses perles, Le taillis ses parasols ; J'allais ; j'écoutais les merles, Et Rose les rossignols. Moi, seize ans, et l'air morose ; Elle, vingt ; ses yeux brillaient. Les rossignols chantaient Rose Et les merles me sifflaient. Rose, droite sur ses hanches, Leva son beau bras tremblant Pour prendre une mûre aux branches Je ne vis pas son bras blanc. Une eau courait, fraîche et creuse, Sur les mousses de velours ; Et la nature amoureuse Dormait dans les grands bois sourds. Rose défit sa chaussure, Et mit, d'un air ingénu, Son petit pied dans l'eau pure Je ne vis pas son pied nu. Je ne savais que lui dire ; Je la suivais dans le bois, La voyant parfois sourire Et soupirer quelquefois. Je ne vis qu'elle était belle Qu'en sortant des grands bois sourds. " Soit ; n'y pensons plus ! " dit-elle. Depuis, j'y pense toujours. Victor Hugo http://poesie.webnet.fr/poemes/France/hugo/32.html |
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Agnès 16/04/2005 01:35 |
En chanson |
Il en existe une délicieuse version chantée par Julos Beaucarne. ![]() ![]() |
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A. 16/04/2005 01:47 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Eh bien voilà, Louise, j'ai répondu par anticipation à la question posée sur le fil "Clair de nuit". Julos Beaucarne, c'est rudement bien, et il a mis un très grand nombre de poètes français et wallons en musique avec le plus grand bonheur. Par exemple, "Vous aviez mon coeur" de Marceline Desbordes-Valmore. Chanté par une très pure voix de soprano, c'est magnifique: Vous aviez mon coeur, Moi, j'avais le vôtre : Un coeur pour un coeur, Bonheur pour bonheur ! Le vôtre est rendu, Je n'en ai plus d'autre : Le vôtre est rendu, Le mien est perdu ! La feuille et la fleur Et le fruit lui-même, La feuille et la fleur, L'encens, la couleur, Qu'en avez-vous fait, Mon maître suprême ? Qu'en avez-vous fait, De ce doux bienfait ? Comme un pauvre enfant Quitté par sa mère, Comme un pauvre enfant Que rien ne défend, Vous me laissez là, Dans ma vie amère ; Vous me laissez là, Et Dieu voit cela ! Savez-vous qu'un jour L'homme est seul au monde ? Savez-vous qu'un jour Il revoit l'Amour ? Vous appellerez, Sans qu'on vous réponde ; Vous appellerez, Et vous songerez !... Vous viendrez rêvant Sonner à ma porte ; Ami comme avant, Vous viendrez, rêvant, Et l'on vous dira : "Personne... elle est morte !" On vous le dira, Mais qui vous plaindra ? Marceline DESBORDES-VALMORE ( Pauvres Fleurs, 1839) ![]() |
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Agnès 17/04/2005 00:10 |
More about Julos |
Voilà un autre poème adorablement chanté par Julos Beaucarne, dans son disque "20 ans depuis 40 ans". Je suis allée l'écouter dans une petite salle de province: Ce type est une bête de scène, avec ses pulls arc-en-ciel en mohair tricoté à la main. Un autre de ses chefs-d'œuvre: le commentaire d'une strophe du "Lac" de Lamartine, avec l'accent belge. Et il a un site!!! http://www.julos.be/20ans/s10.html, où j'ai trouvé le poème, et les dates de ses tournées, plus un tas de fantaisies, et un nouveau disque de chansons d'amour, semble-t-il. LA SOLOGNE René de Obaldia Vivement mes dix ans (Ah! cogne mon coeur, cogne!) Vivement mes dix ans Pour aller en Sologne. En Sologne la neige Tombe jusqu'au mois d'août, On y chasse en cortège On y chasse le loup. Des loups qui sont tout blancs Mais avec des dents noires. Leurs pattes de devant Ecrivent des histoires. En Sologne il y a Princes et troïkas. C'est un peu la Pologne Mais en plus délicat. Loups et Princes sans cesse Font que fatalement Surgissent des Princesses Aux plus petits moments. Des Princesses de neige Avec des yeux de loup Qui vous passent en rêve Leur bras autour du cou. L'une, vers moi s'avance Et me dit en dormant : Petit homme de France Tu seras mon amant. " Ah ! Viennent mes dix ans Et bien plus davantage. Qu'un tel frémissement Fasse avancer mon âge ! Dans les forêts perdues Quelque part en Sologne Mon coeur déjà fendu Bat pour les autochtones. Mon corps sous les étoiles Grandit à pas de loup. Ma Princesse-Sans-Voiles Dormez ! Je suis à vous. Je serai fort et brave Et, vous prenant la main, Légers et pourtant graves Irons par les chemins, Les longs chemins d'automne Qui mènent aux ronds-points Où les loups de Sologne Viennent lécher nos mains. ![]() |
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A 17/04/2005 00:15 |
Marche pas |
http://www.julos.be/. Là, ça devrait coller. ![]() |
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Yann 17/04/2005 22:40 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
J'ai un peu honte de rompre le charme du poème d'Agnès par celui-ci, qui est un poème d'Henri Michaux. Disons que par les néologismes et les barbarismes employés, on peut à loisir décharger par l'image son agressivité au sujet de ce qu'on veut (...) et revenir rasséréné. Le grand combat Il l'emparouille et l'endosque contre terre ; Il le rague et le roupéte jusqu'à son drâle ; Il le pratéle et le libucque et lui baroufle les ouillais ; Il le tocarde et le marmine, Le manage rape à ri et ripe à ra. Enfin il l'écorcobalisse. L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine. C'en sera bientôt fini de lui ; Il se reprise et s'emmargine... mais en vain Le cerveau tombe qui a tant roulé. Abrah ! Abrah ! Abrah ! Le pied a failli ! Le bras a cassé ! Le sang a coulé ! Fouille, fouille, fouille, Dans la marmite de son ventre est un grand secret. Mégères alentours qui pleurez dans vos mouchoirs ; On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne Et on vous regarde, On cherche aussi, nous autres le Grand Secret. Henri Michaux Yann ![]() |
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Agnès 18/04/2005 14:23 |
re : Hommage à HM |
J'adore Michaux en général, et "le grand combat" ![]() Juste une petite correction de labableue ![]() V10: le cerCeau tombe qui a tant roulé... (ce qui n'exclut pas la traduction subliminale qu'en donne Yann...) Qui trouve le magnifique contrepet que dissimule ce poème? ![]() |
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CA 18/04/2005 16:02 |
Poésie sans parole |
Oh, "Le cerveau tombe qui a tant roulé" n'aurait peut-être pas été renié par Michaux... "Qui je fus" est publié dans le volume L'espace du dedans (Pages choisies, 1927-1929), en Poésie Gallimard. Allez, un autre poème bagarreur, dans le même volume, in : Mes propriétés, 1929. Mes occupations Je peux rarement voir quelqu'un sans le battre. D'autres préfèrent le monologue intérieur. Moi, non. J'aime mieux battre. Il y a des gens qui s'asseoient en face de moi au restaurant et ne disent rien, ils restent un certain temps, car ils ont décidé de manger. En voici un. Je te l'agrippe, toc. Je te le ragrippe, toc. Je le pends au porte-manteau. Je le décroche. Je le repends. Je le redécroche. Je le mets sur la table, je le tasse et l'étouffe. Je le salis, je l'inonde. Il revit. Je le rince, je l'étire (je commence à m'énerver, il faut en finir), je le masse, je le serre, je le résume et l'introduis dans mon verre, et jette ostensiblement le contenu par terre, et dis au garçon : "Mettez-moi don un verre plus propre". Mais je me sens mal, je règle promptement l'addition et je m'en vais. Pas trouvé le contrepet, car comme chacun sait depuis que François Caradec en a établi de façon infaillible la loi, le contrepet (et le cerveau contrapétique), comme la vision du stéréogramme ou la lecture de la carte routière, sont une spécialité toute masculine, hé, hé. En revanche, et pour revenir au titre de ce fil, s'il y a une émission qui va finir par sombrer dans un silence définitif, c'est bien Poésie sur (ou sans ? ) parole. Elle s'en passerait bien. Il y a eu d'abord les divers Carêmes et comme par hasard, c'est PSP, qui a dû céder la place, la poésie, comme l'humour étant les parties compressibles de la programmation, selon LA. Puis à présent la grève. Jugez-en vous-mêmes. 17/04/2005 Emission non diffusée pour cause de grève 10/04/2005 Emission non diffusée pour cause de grève 03/04/2005 Pierre Jean Jouve selon Franck Venaille 27/03/2005 Jean Malrieu ; Antoine Emaz 20/03/2005 Emission remplacée, VI 13/03/2005 Emission remplacée, V 06/03/2005 Emission remplacée, IV 27/02/2005 Emission remplacée, III 20/02/2005 Emission remplacée, II 13/02/2005 Emission remplacée, I Mauvais temps pour PSP et pour André Velter. Christine |
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baroème 18/04/2005 17:01 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
à partir de cause de grève pour barème protestant Poésie sur Parole diffusée en raison n'est plus |
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Yann 19/04/2005 01:39 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Héhé, il y a de la transmission de pensée, Christine m'a grillé avec le deuxième pouème de Michaux ![]() (et le contrepet, ben alors, trop faciiiile, vous ne voyez pas? ![]() Il y a de la catharsis dans la violence et son spectacle chez Michaux. Dans le Voyage en Grande Garabagne, je crois, elle est souvent ritualisée, donnée à voir comme liant social essentiel... L'énumération du poème de Christine m'a rappelé un poème étudié il y beau temps en Terminale, de Xavier Forneret (1809-1884), et qui avait soulevé des "gasp", "argl", "euah??" au fur et à mesure que tous finissaient de lire, à leur vitesses différentes: Le Pauvre Honteux Il l'a tiré De sa poche percée, L'a mise sous ses yeux ; Et l'a bien regardée En disant : « Malheureux ! » Il l'a soufflée De sa bouche humectée ; Il avait presque peur D'une horrible pensée Qui vint le prendre au cœur. Il l'a mouillée D'une larme gelée Qui fondit par hasard ; Sa chambre était trouée Encor plus qu'un bazar. Il l'a frottée, Ne l'a pas réchauffée, A peine il la sentait ; Car, par le froid pincée Elle se retirait. Il l'a pesée Comme on pèse une idée, En l'appuyant sur l'air. Puis il l'a mesurée Avec du fil de fer. Il l'a touchée De sa lèvre ridée. - D'un frénétique effroi Elle s'est écriée : Adieu, embrasse-moi ! Il l'a baissée, Et après l'a croisée Sur l'horloge du corps, Qui rendait, mal montée, De mats et lourds accords. Il l'a palpée D'une main décidée A la faire mourir. - - Oui, c'est une bouchée Dont on peut se nourrir. Il l'a pliée, Il l'a cassée, Il l'a placée, Il l'a coupée, Il l'a lavée, Il l'a portée, Il l'a grillée, Il l'a mangée. Quand il n'était pas grand, on lui avait dit : Si tu as faim, mange une de tes mains. Douloureux, non? J'espère qu'on n'aura pas comme dernier recours à manger Poésie sur Parole... Yann (qui compte ses dolipranes sur ses doigts) ![]() |
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Agnès 19/04/2005 05:13 |
Autre amoureux de la poésie |
J'ai découvert le poème de Forneret il y a .... dans le bouquin dont je crois qu'il m'a ouvert la porte de la poésie: "Le livre d'or de la poésie française" ![]() ![]() (Alors qu'on trouve toujours la détestable et académique anthologie de Pompidou en poche: poèmes tronqués en dépit du bon sens etc.., le contraire d'un lieu de découverte.) ![]() |
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w 19/04/2005 15:28 |
Baobabs, baobabs, Baobabs... |
J'entends le nom de Michaux, et je vois des baobabs partout. Le livre d'or de la poésie française est disponible (via Amazon) d'occasion, entre 10 et 15 neurones l'exemplaire, selon les tomes et le reste. Notamment chez Marabout poche. Dépêchez-vous tant qu'il en reste ! I. ![]() |
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Agnès 21/04/2005 18:00 |
Un peu de lyrisme humaniste |
Pour Josué, qui est saisi d'un accès de misanthropie, qui pour être justifiée, n'en est pas moins amère. Ça date un peu, mais j'aime bien. Credo Je crois en l'homme cette ordure, Je crois en l'homme ce fumier, Ce sable mouvant, cette eau morte. Je crois en l'homme ce tordu, Cette vessie de vanité. Je crois en l'homme cette pommade, Ce grelot, cette plume au vent, Ce boute-feu, ce fouille-merde, Je crois en l'homme, ce lèche-sang. Malgré tout ce qu'il a pu faire de mortel et d'irréparable, Je crois en lui, pour la sûreté de sa main, Pour son goût de la liberté Pour le jeu de sa fantaisie Pour son vertige devant l'étoile. Je crois en lui pour le sel de son amitié Pour l'eau de ses yeux Pour son rire Pour son élan et ses faiblesses Je crois en lui à tout jamais Pour une main qui s'est tendue Pour un regard qui s'est offert Et puis surtout et avant tout Pour le simple accueil d'un berger. Lucien Jacques (in Pierre Seghers, "Le livre d'or de la poésie française contemporaine") (1891-1961) Né en Lorraine en 1891, il vit sa jeunesse à Paris. Il se découvre une vocation artistique pour la peinture, la gravure et l'écriture. Il ouvre une boutique à Saint-Germain et créé les "Cahiers de l'artisan". En 1921, il s'installe dans le Sud-Est. Pendant la guerre, il est berger au Contadour et à Montlaux. Lorsqu'il tient une chronique dans la revue La Criée, il tombe sous le charme des poèmes de Jean Giono. Une correspondance s'engage entre les deux écrivains qui s'épaulent et se conseillent. Naît entre eux une longue et profonde amitié. Pacifiste, passionné par les arts, Lucien Jacques dit dans ses poèmes sa foi en l'homme. Tombeau d'un berger, l'artisan, 1953, réédition Mane, Alpes de lumière, 1999 ![]() |
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josué 24/04/2005 04:50 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Ah merci! de me remémorer ce poème je te rassure, ça va beaucoup mieux (d'ailleurs ces accès, heureusement, ne durent que quelques instants: le temps que ça sorte) j. |
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Agnès 03/05/2005 04:59 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
En 1913 paraissait un texte à tout jamais insolite et neuf, dans sa forme poétique comme dans sa forme matérielle. Publié aux éditions « Des hommes nouveaux » par l’auteur soi-même, génial, torturé, fauché, auteur, sujet et éditeur d’un ouvrage qui allait provoquer dans le petit milieu parisien un scandale dû avant tout à l’incompréhension, au préjugé et à l’ignorance : « le premier poème simultané », annonçait le prospectus, mince bande de papier peinte au pochoir par Sonia Delaunay, née Terck, russe d’origine et amie de Blaise Cendrars, car c’est de lui qu’il s’agit. « La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France », immense dépliant de 2m de long sur 36 cm de large, prévue pour être tirée à 150 exemplaires, l’édition originale atteignant ainsi la hauteur de la Tour Eiffel. A droite, le texte, imprimé en divers caractères colorés de tailles diverses, à gauche, un ruissellement de couleurs, une composition, transposition colorée inspirée à Sonia Delaunay par le récit d’un voyage initiatique. La traversée en Transsibérien de la Russie à feu et à sang pendant la guerre russo-japonaise de 1904/5 par un adolescent à feu et à sang, qui trouvera dans le poème son nom et son écriture. J’ai découvert ce texte adolescente dans l’anthologie de Seghers. Depuis, il ne m’a plus quittée. J’ai eu la chance de le voir « en vrai » : immense dépliant, poème tableau, « ruissellement de couleurs » « bariolé / comme ma vie », dit le poète. 449 vers, si j’ai bien compté cet accordéon rythmique hanté par le rythme du train, du monosyllabe au verset de plus de 50 syllabes, de Moscou à Kharbine, puis à Paris, de l’adolescence tourmentée à un âge d’homme plus apaisé. C’est en poésie-Gallimard, in « Du monde entier », il n’y reste rien de la magie du livre originel, mais la musique du poème y vibre avec toute sa force. Blaise CENDRARS PROSE DU TRANSSIBERIEN ET DE LA PETITE JEANNE DE FRANCE Dédiée aux musiciens En ce temps-là j’étais en mon adolescence J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance J’étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance J’étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours Car mon adolescence était alors si ardente et si folle Que mon cœur, tour à tour, brûlait comme le temple d’Éphèse ou comme la Place Rouge de Moscou Quand le soleil se couche. Et mes yeux éclairaient des voies anciennes. Et j’étais déjà si mauvais poète Que je ne savais pas aller jusqu’au bout. Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare Croustillé d’or, Avec les grandes amandes des cathédrales toutes blanches Et l’or mielleux des cloches... Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode J’avais soif Et je déchiffrais des caractères cunéiformes Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s’envolaient sur la place Et mes mains s’envolaient aussi, avec des bruissements d’albatros Et ceci, c’était les dernières réminiscences du dernier jour Du tout dernier voyage Et de la mer. Pourtant, j’étais fort mauvais poète. Je ne savais pas aller jusqu’au bout. J’avais faim Et tous les jours et toutes les femmes dans les cafés et tous les verres J’aurais voulu les boire et les casser Et toutes les vitrines et toutes les rues Et toutes les maisons et toutes les vies Et toutes les roues des fiacres qui tournaient en tourbillon sur les mauvais pavés J’aurais voulu les plonger dans une fournaise de glaives Et j’aurais voulu broyer tous les os Et arracher toutes les langues Et liquéfier tous ces grands corps étranges et nus sous les vêtements qui m’affolent... Je pressentais la venue du grand Christ rouge de la révolution russe... Et le soleil était une mauvaise plaie Qui s’ouvrait comme un brasier. ... ![]() |
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A 03/05/2005 05:01 |
Ouverture |
Il s'agit des trois 1ères strophes... ![]() |
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Agnès 09/05/2005 22:05 |
Suite du poème |
En ce temps-là j'étais en mon adolescence J'avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de ma naissance J'étais à Moscou où je voulais me nourrir de flammes Et je n'avais pas assez des tours et des gares que constellaient mes yeux En Sibérie tonnait le canon, c'était la guerre La faim le froid la peste le choléra Et les eaux limoneuses de l'Amour charriaient des millions de charognes Dans toutes les gares je voyais partir tous les derniers trains Personne ne pouvait plus partir car on ne délivrait plus de billets Et les soldats qui s'en allaient auraient bien voulu rester... Un vieux moine me chantait la légende de Novgorode. Moi, le mauvais poète, qui ne voulais aller nulle part, je pouvais aller partout Et aussi les marchands avaient encore assez d'argent Pour aller tenter faire fortune. Leur train partait tous les vendredis matin. On disait qu'il y avait beaucoup de morts. L'un emportait cent caisses de réveils et de coucous de la Forêt Noire Un autre, des boites à chapeaux, des cylindres et un assortiment de tire-bouchons de Sheffield Un autre, des cercueils de Malmoë remplis de boites de conserve et de sardines à l'huile Puis il y avait beaucoup de femmes Des femmes des entre-jambes à louer qui pouvaient aussi servir Des cercueils Elles étaient toutes patentées On disait qu'il y a avait beaucoup de morts là-bas Elles voyageaient à prix réduits Et avaient toutes un compte courant à la banque. ![]() |
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sam s. 09/05/2005 22:45 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
aveuglement complet... André Velter est un type assez ridicule et l'un des premiers soutiens de Laure Adler! Il s'en tape de la poésie (sauf si elle peut lui payer des voyages exotiques...) |
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CA 09/05/2005 23:03 |
sam suffit pas |
Eh bien, au moins, voilà des propos, à 22h45, qui ne reposent pas sur du jugement à l'emporte-pièce. Merci de vous être donné la peine d'argumenter vos affirmations, fallait pas vous donner tout ce mal. Un plaisir de vous lire, vraiment. Le genre de contribe qui fera date. Mais si ça vous suffit, vous, ça ne nous suffit guère, voyez-vous, car l'habitude ici, c'est que chacun à sa façon, se donne la peine de développer son avis (Je dis cela parce que vous avez l'air d'être un néo-connecté, il faut vous mettre au courant ). Ben dites-donc, quel scoop.Velter soutien de Laure Adler ? Poésie sur parole privée de quotidienne, Para dans les choux... Vous avez l'air si sûr de vous, que nous ne doutons pas un seul; instant que vous ayez des infos fondamentales à ce sujet, dont nous autres pauvres béotiens ne disposont pas. Merci de nous les faire partager et de nous dessiller les yeux. Une aveuglée. |
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pat 09/05/2005 23:35 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Ben avec une amie comme Laure, Velter n'a plus besoin d'ennemis ! Plaisanterie mise à part, ici c'est un forum d'auditeurs et donc on ne juge pas la cuisine interne (faute d'infos) mais le résultat à l'antenne : disparition des poèmes quotidiens et disparition de JBPara (à moins que FQ estime faire de la poésie sonore en repetant ad nauseum des jingles débiles?) La poésie est tellement déconsidérée que c'etait vraiment une signature forte de FQ d'avoir des poèmes dans la grille. |
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pg 10/05/2005 10:44 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
cher sam dîtes en un peu plus. "aveuglement complet" c'est un peu fort. Que savez vous d'André Velter qui justifierait que l'on ne respecte pas (même un peu) son travail sur FC. Vos allusions ont des airs de mesquineries de voisinage. L'argument d'un soutien à Laure Adler ne tient pas trop la route, car la beaucoup des actuels auditeurs mécontents pourraient être de ce lot. Et il peut bien "s'en taper de la poésie" que je m'en tape aussi, mais j'ai du mal à y croire. L'important c'est ce qu'il produit comme émission, et ce qu'on nous a sucré. Et le reproche des voyages, alors là, c'est vraiment digne d'un propos de commère. Vous avez le droit de ne pas aimer, mais il faudrait nous dire pourquoi calmement plutôt que d'allusionner. Et éventuellement, vous pouvez faire de belles suggestions pour le fil "livre d'or". |
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Agnès 15/05/2005 17:02 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Voici un dimanche où j'ai pu écouter, pour la 1ère fois depuis bien longtemps, l'émission du "type assez ridicule", sur la poésie marocaine contemporaine, avec Abdellatif Laabi, auteur d'une récente anthologie de ladite depuis l'indépendance, chez La Différence. D'où il ressort que *j'aime beaucoup le "type assez ridicule", et même sa voix si familière quoiqu'un peu voilée et sans doute un peu trop juvénile, * j'ai toujours plaisir à écouter son émission, mais elle a perdu beaucoup en perdant ses brèves quotidiennes, qui créaient une sorte de "bain" poétique dont l'émission du dimanche était la caisse de résonnance (ou l'inverse). Toute seule, elle a qqch d'un peu didactique qui atténue le plaisir. ![]() |
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Agnès 16/05/2005 23:19 |
un peu de lyrisme, envers et contre tout |
Or, un vendredi matin, ce fut enfin mon tour On était en décembre Et je partis moi aussi pour accompagner le voyageur en bijouterie qui se rendait à Kharbine Nous avions deux coupés dans l'express et 34 coffres de joailleries de Pforzheim De la camelote allemande "Made in Germany" Il m'avait habillé de neuf et en montant dans le train j'avais perdu un bouton - Je m'en souviens, je m'en souviens, j'y ai souvent pensé depuis - Je couchais sur les coffres et j'étais tout heureux de pouvoir jouer avec le browning nickelé qu'il m'avait aussi donné J'étais très heureux insouciant Je croyais jouer aux brigands Nous avions volé le trésor de Golconde Et nous allions, grâce au Transsibérien, le cacher de l'autre côté du monde Je devais le défendre contre les voleurs de l'Oural qui avaient attaqué les saltimbanques de Jules Verne Contre les khoungouzes, les boxers de la Chine Et les enragés petits mongols du Grand-Lama Alibaba et les quarante voleurs Et les fidèles du terrible Vieux de la montagne Et surtout contre les plus modernes Les rats d'hôtels Et les spécialistes des express internationaux. Et pourtant, et pourtant J'étais triste comme un enfant Les rythmes du train La "moëlle-chemin-de-fer" des psychiatres américains Le bruit des portes des voix des essieux grinçant sur les rails congelés Le ferlin d'or de mon avenir Mon browning le piano et les jurons des joueurs de cartes dans le compartiment d'à côté L'épatante présence de Jeanne L'homme aux lunettes bleues qui se promenait nerveusement dans le couloir et me regardait en passant Froissis de femmes Et le sifflement de la vapeur Et le bruit éternel des roues en folie dans les ornières du ciel Les vitres sont givrées Pas de nature! Et derrière, les plaines sibériennes le ciel bas et les grands ombres des Taciturnes qui montent et qui descendent Je suis couché dans un plaid Bariolé Comme ma vie Et ma vie ne me tient pas plus chaud que ce châle Écossais Et l'Europe toute entière aperçue au coupe-vent d'un express à toute vapeur N'est pas plus riche que ma vie Ma pauvre vie Ce châle Effiloché sur des coffres remplis d'or Avec lesquels je roule Que je rêve Que je fume Et la seule flamme de l'univers Est une pauvre pensée... Du fond de mon coeur des larmes me viennent Si je pense, Amour, à ma maîtresse; Elle n'est qu'une enfant que je trouvai ainsi Pâle, immaculée au fond d'un bordel. Ce n'est qu'une enfant, blonde rieuse et triste; Elle ne sourit pas et ne pleure jamais; Mais au fond de ses yeux, quand elle vous y laisse boire Tremble un doux Lys d'argent, la fleur du poète. Elle est douce et muette, sans aucun reproche, Avec un long tressaillement à votre approche; Mais quand moi je lui viens, de ci, de là, de fête, Elle fait un pas, puis ferme les yeux - et fait un pas. Car elle est mon amour et les autres femmes N'ont que des robes d'or sur de grands corps de flammes, Ma pauvre amie est si esseulée, Elle est toute nue, n'a pas de corps - elle est trop pauvre. Elle n'est qu'une fleur candide, fluette, La fleur du poète, un pauvre lys d'argent, Tout froid, tout seul, et déjà si fané‚ Que les larmes me viennent si je pense à son coeur. Et cette nuit est pareille à cent mille autres quand un train file dans la nuit - Les comètes tombent - Et que l'homme et la femme, même jeunes, s'amusent à faire l'amour. ![]() |
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AArgh!!! 06/07/2005 13:54 |
Quittons la gnangnantise... |
XIII Roses, Presque lèvres, Presque corps, Roses, Plus que fleurs, Presque porte à l'entrée Du corps qu'on touchera, Près de vous je sais mieux Ce que c'est que des lèvres Et ce qu'apporte un corps. Eugène Guillevic - "Terre à bonheur" |
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NB 06/07/2005 14:14 |
Cendrars - Guillevic |
Il va de soi que le qualificatif "gnangan" concerne les messages de "mamn", et pas la poésie de Cendrars! ![]() |
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Agnès 07/07/2005 01:36 |
Un autre, tiens, pour la route... |
J'ai vu le menuisier Tirer parti du bois. J'ai vu le menuisier Comparer plusieurs planches. J'ai vu le menuisier Caresser la plus belle. J'ai vu le menuisier Approcher le rabot. J'ai vu le menuisier Donner la juste forme. Tu chantais, menuisier, En assemblant l'armoire. Je garde ton image Avec l'odeur du bois. Moi, j'assemble des mots Et c'est un peu pareil. Eugène GUILLEVIC ![]() |
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LRDR 07/07/2005 01:39 |
Les rocs ... |
Ay qué dommage... je suis trop loin de chez moi. Je n'ai pas mon Guillevic par Tortel sous la main. Agnès par pitié : mettez nous les Rocs sivoplit... (après je serai sage. promis) "Il ne le sauront pas... Et toujours ils n'auront...." Allez un bon mouvement quoi... La reine des rocs |
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A. 07/07/2005 01:51 |
Rocs |
Sorry, la reine, je ne connais pas ce poème, et je ne sais pas où est mon Guillevic. Je cherche. ![]() |
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La reine des pierres 07/07/2005 01:56 |
Le club des planeurs |
Seigneur je ne suis même pas sur de savoir dans quel recueil. Terraqué peut-être. Une dizaine de strophes aussi ramassées que des haïkus. |
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LRDB 07/07/2005 03:03 |
Restons dans le minéral |
Impossible de trouver "Les rocs" sur le net, Damn it... En revanche j'ai trouvé "Icebergs". Très approprié en ces temps de gel radiophonique... ------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------ Icebergs Icebergs, sans garde-fou, sans ceinture, où de vieux cormorans abattus et les âmes des matelots morts récemment viennent s'accouder aux nuits enchanteresses de l`hyperboréal. Icebergs, Icebergs, cathédrales sans religion de l'hiver éternel, enrobés dans la calotte glaciaire de la planète Terre. Combien hauts, combien purs sont tes bords enfantés par le froid. Icebergs, Icebergs, dos du Nord-Atlantique, augustes Bouddhas gelés sur des mers incontemplées. Phares scintillants de la Mort sans issue, le cri éperdu du silence dure des siècles. Icebergs, Icebergs, Solitaires sans besoin, des pays bouchés, distants, et libres de vermine. Parents des îles, parents des sources, comme je vous vois, comme vous m'êtes familiers... HM (La Nuit remue) ------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------ La reine des glaces |
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Agnès 07/07/2005 09:34 |
Brisants |
Je n'ai trouvé que des fragments, des éclats de rocs, des récifs émergés... C'est bien dans "Terraqué", que je n'ai pas. "Ils ne le sauront pas les rocs qu'on parle d'eux, et toujours ils n'auront pour tenir que grandeur, et que l'oubli de la marée, des soleils rouges". [...] La danse est en eux, La flamme est en eux, Quand bon leur semble. Ce n’est pas un spectacle devant eux, C’est en eux. C’est la danse de leur intime Et lucide folie. (...) Mais le pire est toujours D’être en dehors de soi Quand la folie N’est plus lucide. D’être le spouvenir d’un roc et l’étendue Vers le dehors et vers le vague. " Et aussi: ..."Mais c'est bon pour les rocs D'être seuls et fermés Sur leur travail de nuit Et peut-être qu'ils savent Vaincre tout seuls leur fièvre Et résister tout seuls." ("Avec") ![]() |
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PC 07/07/2005 17:51 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Icebergs : splendide poème, dont j'avais oublié la beauté...Merci |
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Louise 07/07/2005 23:24 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Le forumeur invisible a encore frappé. Il a écrit un message à 22:36, Il n’aura existé que là : Sujet Expéditeur Réponses Date Arnaud Laporte Question 20 07/07/2005 - 22:53 Hommage à Poésie sur parole DDFC 100 07/07/2005 - 22:36 ou peut-être 22:34 , car vous l'aurez remarqué, il y a des sauts de minutes entre l'écriture et l'envoi, c'est comme pour les fautes d'orthographe, personne n'en fait (sauf les personnes qui se corrigent) elles se font malicieusement pendant l'envoi. |
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DDFC 08/07/2005 00:00 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Le forumeur invisible, c'était moi car en voyant ce fil réapparaître, j'ai eu envie de rajouter un PS dans mon message initial du 6 octobre. L'insertion du PS a fait remonter le fil à 22h36. Quant au décalage des horloges, c'est un mystère... ![]() |
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La reine des biblio 08/07/2005 00:44 |
-thèques municipales |
Les Rocs : - I - Ils ne le sauront pas les rocs, Qu'on parle d'eux Et toujours ils n'auront pour tenir, Que grandeur Et que l'oubli de la marée, Des soleils rouges. - II - Ils n'ont pas le besoin du rire Ou de l'ivresse. Ils ne font pas brûler Du souffre dans le noir Car jamais Ils n'ont craint la mort. De la peur Ils ont fait un hôte Et leur folie Est clairvoyante - III - Et puis la joie De savoir la menace Et de durer. Pendant que sur les bords De la pierre les quitte. Que la vague et le vent grattaient Pendant leur sieste. - IV - Ils n'ont pas à porter leur face Comme un supplice. Ils n'ont pas à porter de face Où tout se lit. - V - La danse est en eux, La flamme est en eux, Quand bon leur semble. Ce n'est pas un spectacle devant eux, C'est en eux. C'est la danse de leur intime Et lucide folie. C'est la flamme en eux Du noyau de braise. - VI - Ils n'ont pas voulu être le temple Où se complaire. Mais la menace est toujours là Dans le dehors. Et la joie Leur vient d'eux seuls. Que la mer soit grise Ou pourrie de bleu. - VII - Ils sentent le dedans, Ils savent le dehors. Peut-être parfois l'auront-ils béni De les limiter : La toute puissance N'est pas leur faible. - VIII - Parfois dans leur nuit C'est un grondement Qui longtemps résonne. Et leur grain se noie Dans un vaste effroi : Ils ne savaient plus Qu'ils avaient une voix. - IX - Il arrive qu'un bloc Se détache et tombe. Tombe à perdre haleine Dans la mer liquide. Ils n'étaient donc bien que des blocs de pierre. Un lieu de la danse Que la danse épuise. - X - Mais le pire est toujours D'être en dehors de soi Quand la folie N'est plus lucide. D'être le souvenir d'un roc et l'étendue Vers le dehors et vers le vague. (Eugène) Guillevic - Terraqué (1942) |
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Agnès 08/07/2005 02:04 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Thanks. Très beau poème. ![]() |
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P. 08/07/2005 09:05 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
D'accord, Agnès ! |
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Agnès 09/07/2005 08:35 |
"Chants d'en bas" |
En hommage aux nombreux morts dont ce forum a évoqué le souvenir ces derniers temps, ce poème de Philippe Jaccottet, le dernier du recueil "Leçons", inspiré par l'agonie et la mort de son beau-père et ami. Toi cependant, ou tout à fait effacé, et nous laissant moins de cendres que feu d'hiver au coin d'un foyer, Ou invisible habitant l'invisible, ou graine dans la loge de nos cœurs, quoi qu'il en soit, demeure en modèle de patience et de sourire tel le soleil dans notre dos encore qui éclaire la table, et la page, et les raisins. |
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Agnès 03/09/2005 09:15 |
Nos frères les animaux |
(..) - et le chien fauve et souple Qui avalait si bien le lait Quand il nous vint; Qui l'acceptait de nous, qui paraissait Jouer franc jeu avec nos mains. Et qui se révéla bête des grands chemins Et du hasard, bête à batailles, Bête à mettre en lambeaux Celui qui siffle gai et qui demande qu'on l'accompagne. Le chien qui nous narguait, Qui se savait plus fort, En vertu d'une loi Dont bleuissaient ses yeux. Qui aimait la volaille chaude Et tout détruire. La bête au souffle chaud, bête à dents et à muqueuses, Le compagnon peut-être ans les champs Des guêpes terrifiantes qu'il allait joindre Ou commander. Gardien d'on ne sait quoi De nocturne et du sang Contre l'humain. Guillevic – ("Terraqué") Poème dédié à Audiberti |
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Agnès 12/09/2005 00:00 |
Changement de ton |
Une petite épigramme de Martial, revue et corrigée par Marot: Pauline est riche et me veut bien Pour époux. Je n'en ferai rien, Car tant vieille elle est que j'en ai honte; S'elle était plus vieille d'un tiers, Je la prendrai plus volontiers Car la dépêche en serait prompte. ![]() ![]() |
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Agnès 11/10/2005 10:01 |
Obstinément |
Sans illusions, notre poète au nom si joliment évocateur... Sonnet des gestes des Dames S'habiller bravement, s'ombrer de fards menteurs, ![]() D'un mauvais mot nous feindre une éloquence, Apprendre à bégayer, n'aller qu'à révérence, ![]() Et n'être aucunement sans servants serviteurs, ![]() Recevoir le poulet ![]() ![]() Porter un éventail qui sert de contenance, ![]() Avoir plus d'appareil que de vraie contenance, ![]() Et hiéroglyphiquer en bizarres couleurs, ![]() Naviguer à tous vents ![]() Faire bien les yeux doux ![]() ![]() Babiller, brocarder, médire nuit et jour, ![]() Se mirer à toute heure haussant la chevelure, Mettre en parlant d'amour des pièces sans couture, Ce sont les actions des Dames de la Cour. ![]() Marc de PAPILLON DE LASPHRISE (1555-1599) ![]() |
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AArgh!!! 11/10/2005 10:02 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Oups! Le pingouin est arrivé là en fraude... Apprendre à bégayer! ![]() |
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Agnès 16/10/2005 18:27 |
Petite gourmandise dominicale |
Plat de poissons frits ![]() ![]() Goût, vue, ouïe, odorat... c'est instantané : Lorsque le poisson de mer cuit à l'huile s'entr'ouvre, un jour de soleil sur la nappe, et que les grandes épées qu'il comporte sont prêtes à joncher le sol, que la peau se détache comme la pellicule impressionnable parfois de la plaque exagérément révélée (mais tout ici est beaucoup plus savoureux), ou (comment pourrions-nous dire encore?)... Non, c'est trop bon! Ça fait comme une boulette élastique, un caramel de peau de poisson bien grillée au fond de la poêle... Goût, vue, ouïes, odaurades: cet instant safrané... C'est alors, au moment qu'on s'apprête à déguster les filets encore vierges, oui ! Sète alors que la haute fenêtre s'ouvre, que la voilure claque et que le pont du petit navire penche vertigineusement sur les flots, tandis qu'un petit phare de vin doré -qui se tient bien vertical sur la nappe- luit à notre portée. Francis Ponge,"Pièces". ![]() |
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Agnès 20/10/2005 02:12 |
Monomanie chronique |
L'homme insulté qui se retient Est, à coup sûr, doux et patient, Par contre l'homme à l'humeur aigre Gifle celui qui le dénigre. Moi, je n'agis qu'à bon escient: Mais gare aux fâcheux qui me scient! Qu'ils soient de Château-l'Abbaye Ou nés à Saint Germain-en-Laye, Je les rejoins d'où qu'ils émanent, Car mon courroux est permanent. Ces gens qui se croient des Shakespeares Ou rois des îles Baléares! Qui, tels des condors se soulèvent! Mieux vaut le moindre engoulevent, Par le diable, sans être un aigle, Je vois clair et ne suis pas bigle. Fi des idiots qui balbutient! Gloire au savant qui m'entretient! (Alphonse Allais, encore!) ![]() |
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Agnès 20/10/2005 17:59 |
Fragments d'Apollinaire |
Un peu de Chanson du Mal-Aimé, puisque Nazdeb parle d'Apo. C'est envoûtant, quoique sibyllin. [...] Mon beau navire ô ma mémoire Avons-nous assez navigué Dans une onde mauvaise à boire Avons-nous assez divagué De la belle aube au triste soir Adieu faux amour confondu Avec la femme qui s'éloigne Avec celle que j'ai perdue L'année dernière en Allemagne Et que je ne reverrai plus Voie lactée ô soeur lumineuse Des blancs ruisseaux de Chanaan Et des corps blancs des amoureuses Nageurs morts suivrons-nous d'ahan Ton cours vers d'autres nébuleuses Je me souviens d'une autre année C'était l'aube d'un jour d'avril J'ai chanté ma joie bien-aimée Chanté l'amour à voix virile Au moment d'amour de l'année AUBADE CHANTÉE A LAETARE, UN AN PASSÉ C'est le printemps viens-t'en Pâquette Te promener au bois joli Les poules dans la cour caquètent L'aube au ciel fait de roses plis L'amour chemine à ta conquête Mars et Vénus sont revenus Ils s'embrassent à bouches folles Devant des sites ingénus Où sous les roses qui feuillolent De beaux dieux roses dansent nus Viens ma tendresse est la régente De la floraison qui paraît La nature est belle et touchante Pan sifflote dans la forêt Les grenouilles humides chantent [...] ![]() |
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Agnès 23/10/2005 08:22 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Encore un peu de Chanson du Mal-Aimé, beaucoup moins lyrique! […] Devenez-mes-sujets-fidèles Leur avait écrit le Sultan Ils rirent à cette nouvelle Et répondirent à l'instant A la lueur d'une chandelle RÉPONSE DES COSAQUES ZAPOROGUES AU SULTAN DE CONSTANTINOPLE Plus criminel que Barrabas Cornu comme les mauvais anges Quel Belzébuth es-tu là-bas Nourri d'immondice et de fange Nous n'irons pas à tes sabbats Poisson pourri de Salonique Long collier des sommeils affreux D'yeux arrachés à coup de pique Ta mère fit un pet foireux Et tu naquis de sa colique Bourreau de Podolie Amant Des plaies des ulcères des croûtes Groin de cochon cul de jument Tes richesses garde-les toutes Pour payer tes médicaments […] ![]() |
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dom 23/10/2005 13:28 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
arf! lol! genial! ca me plait! a mettre en musique ce truc! Ta mère fit un pet foireux Et tu naquis de sa colique c'est joli et imagé!arf! ![]() |
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LN 23/10/2005 14:05 |
souvenir de mon âge néo-adulte |
Au mois de Juin ou Juillet de l'an de grâce 1980, dans l'émission Vagabondages produite pour Antenne2 par Marcel Jullian, ce dernier a raconté comment, avec son vieux copain Pierre Miquel, ils s'échangeaient ces mêmes vers des cosaques zaporogues chaque fois qu'ils se croisaient dans je ne sais plus quel ascenseur. Ensuite ils ont dit le texte à deux devant la caméra, en se balançant réciproquement les douceurs des cosaques, et en se payant le luxe d'expliquer ce que fut la Podolie. Outre l'effet comique et un trésor en VHS (pieusement conservé depuis), de cette petite heure de poésie certains ont pu gagner une addiction immédiate à la CHanson du mal-aimé. Comme quoi la loufoquerie et même la scatologie, pour peu qu'elles soit puissantes et inspirées, ouvrent parfois la porte qui donne sur la poésie. Il n'y eut que 2 ou 3 numéros de la série Vagabondages, sur les 6 prévus. La culture était -déjà- en recul sur la télé nationale (la seule qui existât alors). En juin 1980 il y avait des Marcel Jullian et de la télé culturelle. En octobre 2025, aurons-nous encore une radio culturelle ? Laurent. |
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Agnès 25/10/2005 22:17 |
Curiosa, en liaison avec le forum bleu |
Le séminariste à jean Chouquet Je fus au séminaire au temps de mon enfance On savait s'amuser en ce temps un peu vieux On disait des paters on faisait pénitence Le Dimanche on sortait pour aller voir les vieux Devant un crucifix on disait des prières Quand la tonsure est fraîche le cœur est tout joyeux On mangeait du bouillon, on buvait de l'eau fraîche Le Dimanche on sortait pour aller voir les vieux Le vicaire général nous invitait souvent A entendre sa mère chanter "Mamzelle Nitouche" Tout en l'accompagnant sur son piano à vent Il faisait le clairon, c'est dur, avec la bouche On était un peu diable au soir du réveillon Et l'on se permettait de parler dans les douches, On avait droit au vin - coupé d'eau - et au thon On faisait le clairon, c'est dur, avec la bouche. A.Frédérique, in Histoires Blanches ![]() |
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pascale 26/10/2005 17:39 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
![]() ![]() ![]() |
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Agnès 02/11/2005 08:35 |
Et un p'tit coup de Renée Vivien |
complètement jetée, la Pauline Tarn, et encore aujourd'hui objet d'un culte lesbien débridé. Mais ça traduction en vers impairs de Sappho, même si elle respire le symbolisme tardif, est fort belle. Voici le texte tel qu'elle le propose, d'abord en prose, puis en vers : [Il s'agit d'un poème célébrissime, quoiqu'inachevé, cité par Longin dans le "Traité du sublime", et imité tout au long de l'Antiquité, entre autres par mon cher Catulle. On le retrouve ensuite sans cesse dans la littérature, ce qui a suggéré à Philippe Brunet un joli petit ouvrage aux éditions Alia : "L'égal des dieux, cent versions d'un poème de Sappho". – "Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue / Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue / Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler / Je sentis tout mon corps et transir et brûler", dans "Phèdre", c'est encore ce poème de Sappho!] Ode à une Femme aimée Il me paraît l’égal des Dieux, l’homme qui est assis dans ta présence et qui entend de près ton doux langage et ton rire désirable, qui font battre mon cœur au fond de ma poitrine. Car lorsque je t’aperçois, ne fût-ce qu’un instant, je n’ai plus de paroles, ma langue est brisée, et soudain un feu subtil court sous ma peau, mes yeux ne voient plus, mes oreilles bourdonnent, la sueur m’inonde et un tremblement m’agite toute ; je suis plus pâle que l’herbe, et dans ma folie je semble presque une morte… Mais il faut tout oser… L'homme fortuné qu'enivre ta présence Me semble l'égal des Dieux, car il entend Ruisseler ton rire et rêver ton silence, Et moi, sanglotant, Je frissonne toute, et ma langue est brisée : Subtile, une flamme a traversé ma chair, Et ma sueur coule ainsi que la rosée Âpre de la mer ; Un bourdonnement remplit de bruits d'orage Mes oreilles, car je sombre sous l'effort, Plus pâle que l'herbe, et je vois ton visage A travers la mort... Je renouvelle ici à ceux qui ont envie de la découvrir le conseil de lire le chapitre qui lui est consacré dans "Le pur et l'impur" de Colette, un étrange essai consacré aux moeurs sexuelles. ![]() |
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Gloups! 02/11/2005 08:36 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
"SA traduction" !!! ![]() |
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Agnès 04/11/2005 17:28 |
Semaine Marcel Aymé |
Le forum de DDFC vous invite à participer à sa semaine Marcel Aymé…. (Sorry, Paddy! ![]() De mémoire, parce que je n'en ai trouvé nulle part les paroles, une très belle chanson, musique de Guy Béart, chantée par icelui et par Pia Colombo. La Chabraque Une blonde-malabar les yeux durs J'peux pas mieux dire la découpure En plus de son accent chabraque Qu'avait Maryka la polaque, Elle restait rue du Pont-aux-choux Sous les toits avec un chien-loup Qui lui avait léché les mains Un soir dans la rue Porte-foin Refrain La Chabraque, la Chabraque, Qu'avait d'la défense et d'l'attaque, La Chabraque, la Chabraque, Qu'avait un chien fou, Un chien-loup… Des années elle est restée sage, Elle supportait pas l'badinage Ni des paumés ni des richards: J'l'ai vue sonner à coups d' riflard Un grossium du Carreau du Temple Qu'en pinçait pour ses vingt printemples…. Et puis un soir, elle s'est toquée D'un minable qui l'a r'luquée Refrain La Chabraque, la Chabraque, Qu'avait d'la défense et d'l'attaque, La Chabraque, la Chabraque, Qu'avait un chien fou, Un chien-loup… Il est v'nu rue du Pont-aux-choux Ça pouvait pas plaire au chien-loup Tout d'suite il a montré les dents, Mais quand il a vu l'soupirant Serrer contre lui la Chabraque Il lui a sauté au colback Tellement la bête a mordu fort V'la le minable saigné à mort Refrain La Chabraque, la Chabraque, Qu'avait d'la défense et d'l'attaque, La Chabraque, la Chabraque, Qu'avait un chien fou, Un chien-loup… Les hirondelles qui pédalaient Le long du boulevard Beaumarchais Sur le coup d'trois heures du matin Ont croisé une fille et un chien, Une grande bringue qu'avait l'air pressé Le chien la suivait tête baissée Dans la brume ils se sont perdus Et la Chabraque, on l'a plus r'vue. Refrain La Chabraque, la Chabraque, Qu'avait d'la défense et d'l'attaque, La Chabraque, la Chabraque, Qu'avait un chien fou, Un chien-loup… ![]() |
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Chien Fou 05/11/2005 08:20 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
J'aime beaucoup cette chanson aussi... |
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Agnès 08/11/2005 08:51 |
Dans un autre genre |
beaucoup plus précieux et évanescent, mais c'est une si belle scène : La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs Vaporeuses, tiraient de mourantes violes De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles. C'était le jour béni de ton premier baiser. Ma songerie aimant à me martyriser S'enivrait savamment du parfum de tristesse Que même sans regret et sans déboire laisse La cueillaison d'un Rêve au coeur qui l'a cueilli. J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue Et dans le soir, tu m'es en riant apparue Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées. Stéphane Mallarmé. Poésies. ![]() |
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Agnès 08/11/2005 12:02 |
Du même, plus humoristique |
Pour le repas, avec un peu de fromage de chèvre? L'ennui d'aller en visite Avec l'ail nous l'éloignons. L'élégie au pleur hésite Peu si je fends un oignon. (De mémoire) ![]() |
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Laurent NAdot 08/11/2005 12:11 |
Ah le joli poeme de circonstance |
Délicieux indeed ... Et la nuit prochaine à 3h45 - Poésie sur parole : Benjamin Fondane, par André Velter (juin 2003) Et il y en aura d'autres dans le mois qui vient.) Il faut acheter un Timer, vous dis-je.. L. |
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Laurent Nadot 17/11/2005 09:50 |
nostalgia |
Il y a régulièrement des Poésie sur Parole dans les Nuits : - La nuit prochaine : Marie Huot (30/1/04) - Dimanche : Benjamin Fondane (12/2/04) - 6 décembre : Les sonnets de Pasolini et ceux de Boris Vian. 2 remarques : - Dans les Nuits, ce qui tombe fichtrement bien, ce sont les rediffs des anciens PSP de Velter & Parra. Des textes lus (et presque toujours bien lus, càd sans cabotinage) - Evidemment, le problème c'est qu'on aimerait encore mieux le retour de la pause de 15. Les 5mn de poésie sabrées par Ginette probablement que ça l'avait "presque faite pleurer" une fois de trop et zzzzou, li-qui-dée la polésie. On peut toujours rêver.. Laurent |
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Agnès 20/11/2005 15:34 |
re : Hommage à Benjamin Fondane |
Thanks again. http://www.fondane.org/ http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/fondanebenjami n.html PRÉFACE EN PROSE (1942) C'est à vous que je parle, hommes des antipodes, je parle d'homme à homme, avec le peu en moi qui demeure de l'homme, avec le peu de voix qui me reste au gosier, mon sang est sur les routes, puisse-t-il, puisse-t-il ne pas crier vengeance! L'hallali est donné, les bêtes sont traquées, laissez-moi vous parler avec ces mêmes mots que nous eûmes en partage – il reste peu d'intelligibles! Un jour viendra, c'est sûr, de la soif apaisée, nous serons au-delà du souvenir, la mort aura parachevé les travaux de la haine, je serai un bouquet d'orties sous vos pieds, -alors, eh bien, sachez que j'avais un visage comme vous. Une bouche qui priait, comme vous. Quand une poussière entrait, ou bien un songe, dans l'oeil, cet oeil pleurait un peu de sel. Et quand une épine mauvaise égratignait ma peau, il y coulait un sang aussi rouge que le vôtre! Certes, tout comme vous j'étais cruel, j'avais soif de tendresse, de puissance, d'or, de plaisir et de douleur. Tout comme vous j'étais méchant et angoissé solide dans la paix, ivre dans la victoire, et titubant, hagard, à l'heure de l'échec! Oui, j'ai été un homme comme les autres hommes, nourri de pain, de rêve, de désespoir. Eh oui, j'ai aimé, j'ai pleuré, j'ai haï, j'ai souffert, j'ai acheté des fleurs et je n'ai pas toujours payé mon terme. Le dimanche j'allais à la campagne pêcher, sous l'oeil de Dieu, des poissons irréels, je me baignais dans la rivière qui chantait dans les joncs et je mangeais des frites le soir. Après, après, je rentrais me coucher fatigué, le cour las et plein de solitude, plein de pitié pour moi, plein de pitié pour l'homme, cherchant, cherchant en vain sur un ventre de femme cette paix impossible que nous avions perdue naguère, dans un grand verger où fleurissait au centre, l'arbre de la vie... J'ai lu comme vous tous les journaux tous les bouquins, et je n'ai rien compris au monde et je n'ai rien compris à l'homme, bien qu'il me soit souvent arrivé d'affirmer le contraire. Et quand la mort, la mort est venue, peut-être ai-je prétendu savoir ce qu'elle était mais vrai, je puis vous le dire à cette heure, elle est entrée toute en mes yeux étonnés, étonnés de si peu comprendre -avez-vous mieux compris que moi? Et pourtant, non! je n'étais pas un homme comme vous. Vous n'êtes pas nés sur les routes, personne n'a jeté à l'égout vos petits comme des chats encor sans yeux, vous n'avez pas erré de cité en cité traqués par les polices, vous n'avez pas connu les désastres à l'aube, les wagons de bestiaux et le sanglot amer de l'humiliation, accusés d'un délit que vous n'avez pas fait, d'un meurtre dont il manque encore le cadavre, changeant de nom et de visage, pour ne pas emporter un nom qu'on a hué un visage qui avait servi à tout le monde de crachoir! Un jour viendra, sans doute, quand le poème lu se trouvera devant vos yeux. Il ne demande rien! Oubliez-le, oubliez-le! Ce n'est qu'un cri, qu'on ne peut pas mettre dans un poème parfait, avais-je donc le temps de le finir? Mais quand vous foulerez ce bouquet d'orties qui avait été moi, dans un autre siècle, en une histoire qui vous sera périmée, souvenez-vous seulement que j'étais innocent et que, tout comme vous, mortels de ce jour-là, j'avais eu, moi aussi, un visage marqué par la colère, par la pitié et la joie, un visage d'homme, tout simplement. |
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Pascale 20/11/2005 17:15 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Une découverte très, très intéressante - merci ! |
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w 21/11/2005 11:08 |
Chabraque |
La version de Pia Colombo en son est là : http://www.virginmega.fr/default.aspx?FicheTitre=100313917 A> |
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AArgh!!!! 21/11/2005 23:36 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Y 'en a qu'un tout petit bout!!! Voix ravissante, mais c'est hyper frustrant! (J'avais cette chanson sur une cassette audio depuis des lustres foutue). Merci quand même, Wanda! ![]() |
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Agnès 23/11/2005 23:58 |
Quel genre d'enfant etiez-vous? |
GENRE BIOGRAPHIQUE Déjà, à l'âge de trois ans, l'auteur de ces lignes était remarquable : il avait fait le portrait de sa concierge en passe-boule, couleur terre-cuite, au moment où celle-ci, les yeux pleins de larmes, plumait un poulet. Le poulet projetait un cou platonique. Or, ce n'était ce passe-boule, qu'un passe-temps. En somme, il est remarquable qu'il n'eut pas été remarqué: remarquable, mais non regret- table, car s'il avait été remarqué, il ne serait pas devenu remarquable; il aurait été arrêté dans sa carrière, ce qui eût été regrettable. Il est remarquable qu'il eût été regretté et regrettable qu'il eût été remarqué. Le poulet du passe-boule était une oie. Max Jacob - Le Cornet à dés ![]() |
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Agnès 27/11/2005 23:05 |
Puisque j'ai rate les Papous, |
Un p'tit Queneau, tiens! Ce soir, Si j'écrivais un poème pour la postérité? fichtre la belle idée je me sens sûr de moi j'y vas et à la postérité j'y dis merde et remerde et reremerde drôlement feintée la postérité qui attendait son poème ah mais (Art poétique) ![]() |
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Agnès 05/12/2005 22:22 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Allons, un peu de légèreté, ça nous changera. Un ravissant petit Verlaine, dans Les]i)]_[(i[fêtes galantes : Les coquillages Chaque coquillage incrusté Dans la grotte où nous nous aimâmes A sa particularité. L'un a la pourpre de nos âmes Dérobée au sang de nos coeurs Quand je brûle et que tu t'enflammes ; Cet autre affecte tes langueurs Et tes pâleurs alors que, lasse, Tu m'en veux de mes yeux moqueurs ; Celui-ci contrefait la grâce De ton oreille, et celui-là Ta nuque rose, courte et grasse ; Mais un, entre autres, me troubla. ![]() |
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LAurent Nadot 08/12/2005 22:20 |
redif d'un PSP hélas récent... |
Ah tiens j'ai justement sous les yeux le programme de la nuit à venir : De 2h à 2h35 : POESIE SUR PAROLE Spécial Sonnets - Pier Paolo Pasolini/ Boris Vian par André Velter Réalisation : Patrick Molinier 1ère diffusion : 11/9/05 |
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Agnès 09/12/2005 00:30 |
Hommage tardif |
Continuons dans le madrigal. D'ailleurs Hugo avait adoré les Coquillages, il l'a écrit à Verlaine. Ave dea, moriturus te salutat. La mort et la beauté sont deux choses profondes Qui contiennent tant d'ombre et d'azur qu'on dirait Deux soeurs également terribles et fécondes Ayant la même énigme et le même secret. Ô femmes, voix, regards, cheveux noirs, tresses blondes, Brillez, je meurs! Ayez l'éclat, l'amour, l'attrait, Ô perles que la mer mêle à ses grandes ondes, Ô lumineux oiseaux de la sombre forêt! Judith, nos deux destins sont plus près l'un de l'autre Qu'on ne le croirait, à voir mon visage et le vôtre ; Tout le divin abîme apparaît dans vos yeux, Et moi, je sens le gouffre étoilé dans mon âme ; Nous sommes tous les deux voisins du ciel, madame, Puisque vous êtes belle et puisque je suis vieux. Victor Hugo – Toute la lyre , V, 34 (1872) Poème adressé par Victor Hugo à Judith Gautier, fille de Théophile, avec laquelle il eut une liaison. ![]() |
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AArgh!!! 17/12/2005 06:49 |
Eloge des suidés |
Tiens, puisqu'on est dans le sujet : Pique, pique le porc ! et bafoue les bas-fonds, Au port, képi qui pue, tu piques et tu fonds En fou frou-frou fendant le flot philosophique ; Oh, le gentil cochon ! tu te fonds et tu piques. Morose et mal rasé, en rase-mottes rare, Tu hasardes ton groin dans les plis de la mare ! Tu bouges en grognant dans ton Gange de fange Et ton ventre se vautre au creux du grand Mélange. La pluie peuple, en palpant, ta boue de plats bacilles Tu remues en soufflant cette boue qui t'habille, Tout en t'y enfonçant comme dans du pâté... Ton lard est englouti, las d'avoir trop lutté ; Tu vois s'accumuler en tranches ton jambon, Digéré. - Et Dieu vit que cela était bon. 08.01.2002 http://www.eleves.ens.fr/home/meles/poesie/poemes4mains |
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Agnès 29/12/2005 21:21 |
Puisqu'on est dans le vin du rhin |
Nuit rhénane Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme Écoutez la chanson lente d'un batelier Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds Debout chantez plus haut en dansant une ronde Que je n'entende plus le chant du batelier Et mettez près de moi toutes les filles blondes Au regard immobile aux nattes repliées Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter La voix chante toujours à en râle-mourir Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire Guillaume Apollinaire - Alcools |
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Nazdeb 30/12/2005 11:44 |
re : Hommage à Poésie sur parole |
Aaaaaaaaahhh Agnès merci, c'est ma préférée, la meilleure, la plus ensorcelante ! J'en rabats les oreilles de mes amis, ils souffriront demain soir. Les cheveux verts de ces filles de l'eau, on les trouve aussi dans Clotilde mais je ne le rapporte pas car il n'est pas de circonstance. En revanche est de circonstance "A mon verre" d'Antoine DESAUGIERS (voir le site http://www.vignobletiquette.com/padv/poem/men_poem.htm)< br /> ... on y trouve à boire et à manger humf humf...) A MON VERRE de Antoine DESAUGIERS 1808 Quand je vois des gens ici-bas Sécher de chagrin et d'envie, Ces malheureux, dis je tout bas, N'ont donc jamais bu de leur vie ! On ne m'entendra pas crier Peine, famine, ni misère, Tant que j'aurai de quoi payer Le vin que peut tenir mon verre. Riche sans posséder un sou, Rien n'excite ma jalousie ; Je ris des mines du Pérou, Je ris des trésors de l'Asie, Car sans sortir de mon taudis, Grâce au seul Dieu que je révère, Je vois et topaze et rubis Scintiller au fond de mon verre. Tout nous atteste que le vin De tous les maux est le remède, Et les dieux n'ont pas fait en vain Un échanson de Ganymède, Je gage même que ces coups Que l'homme attribue au tonnerre Sont moins l'effet de leur courroux Que du choc bruyant de leur verre. Chaque jour l'humide fléau Des cieux ne rompt-il pas les digues ? Si les Immortels aimaient l'eau Ils n'en seraient pas si prodigues ; Et quand nous voyons par torrent La pluie inonder notre terre, C'est qu'ils rejettent en jurant L'eau que l'on verse dans leur verre. Le bon vin rend l'homme meilleur Car du monarque assis à table Vit-on jamais le bras vengeur Signer la perte d'un coupable ? De son coeur le courroux banni N'obscurcit plus son front sévère. Armé du sceptre, il l'eût puni ; Il lui pardonne, armé du verre, Je ne sais par quel vertigo Ou quelle substance extrême, Narcisse, en se mirant dans l'eau, Devint amoureux de lui-même : Moi, fort souvent je suis atteint De cette risible chimère Mais lorsque je vois mon teint Pourpré par le reflet du verre, Dieu du vin, dieu de l'univers, Toi qui me fis à ton image, Reçois ce tribut de mes vers : Et, pour couronner ton ouvrage, Fais jusqu'à mes instants derniers Que dans ma soif je persévère, Et qu'à ma mort mes héritiers Ne trouvent plus rien dans mon verre. ![]() |
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